Titre : Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso
Éditeur : Impr. du Journal officiel (Paris)
Date d'édition : 1919-06-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328020951
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 208532 Nombre total de vues : 208532
Description : 10 juin 1919 10 juin 1919
Description : 1919/06/10. 1919/06/10.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Ministères des Affaires... Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères
Description : Collection numérique : Traités, accords et... Collection numérique : Traités, accords et conventions
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IVe République (1946-1958)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63055555
Source : Bibliothèque et Archives de l'Assemblée nationale, 2012-7516
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
: {
CHAMBRE DES DÉPUTÉS — 2« SÉANCE DU 10 JUIN 1919 2503
nistre des affaires étrangères ? « Pas le
moins du monde, ce n'est pas convenu. »
J'insiste: (c M. Abrami a dit qu'on retirait
les soldats et, vous, vous dites qu'on les
-maintient. Oui ou non, vont-ils rester en
Russie et combien en laisserez-vous ? »
M. Pichon ne répond pas. Je suis obligé de
renouveler ma question :
« Je vous demande : Va-t-il rester des
hommes en Russie ? Puisque vous n'enten-
dez pas, je vous répète : Va-t-il rester des
hommes en Russie ? » Et M. le ministre des
affaires étrangères de répondre : « Je vous
ai dit : oui. »
Nous parlions d'Odessa. Par conséquent,
il n'y avait pas l'ombre d'un doute.
M. Abrami, sous-secrétaire d'Etal de
Vadministration de la guerre. Vous avez bien
voulu faire allusion à la loyauté et à la
sincérité des déclarations que j'ai faites
dans la séance du 27 mars. C'est un sujet
qui m'est particulièrement sensible.
Depuis près de dix-neuf mois que j'ai
l'honneur d'assumer une charge qui tou-
jours a été difficile et qui, dans certains
mois, a été dramatique, j'ai pu commettre
des erreurs. Vous pouvez porter sur mon
œuvre personnelle une appréciation sévère;
je m'abandonne au jugement de la Cham-
bre. Mais il est une chose à laquelle je
tiens et que je place au-dessus de nos que-
relles : c'est l'estime de mes collègues,
membres de la Chambre et membres du
Gouvernement.
Je ne serais pas resté une minute à la
place que j'ai l'honneur d'occuper si, par
malheur, il était tombé de ma bouche une
seule parole qui ne fût pas conforme à mes
sentiments intimes et à la vérité des faits.
(Très bien ! très bien 1)
Vous m'avez fait l'honneur de rendre
hommage à mes sentiments intimes. Per-
mettez-moi de rétablir maintenant la vé-
rité.
L'ordre d'évacuation est du 28 mars. Il
est parti le 29 mars. Je l'ai vu, je l'ai tenu
entre mes mains. Je sais qu'il a été en-
vové.
- M. le président du conseil s'était ouvert
de cet ordre imminent, dans la matinée du
27 mars, à quelques collègues ; je m'étais
autorisé moi-même de la confidence qu'il
avait ainsi faite, pour en parler ici, dans les
couloirs, à quelques amis dont je tenais à
rassurer les alarmes.
En séance, M. le ministre des affaires
étrangères a eu, lui, des raisons de ne pas
faire connaître publiquement que l'évacua-
tion était décidée et préparée. Un intérêt
patriotique des plus élevés, et qui est évi-
dent à tous, s'attachait à ce que l'ennemi,
qui nous pressait à ce moment.
M. Marcel Cachin. et divers membres à
l'extrême gauche. Quel ennemi ? Le peuple
russe ?
M. le marquis de lEstourbeillon. Vos
amis 1
M. le sous-secrétaire d'Etat de l'admi-
nistration de la çuerre. Quel ennemi ? Les
troupes bolchevistes organisées et enca-
drées par des officiers allemands, qui, en
plus d'une rencontre, ont reçu les troupes
françaises à coups de mitrailleuses et de
canons. (Applaudissements.)
.je dis que l'intérêt patriotique le plus
profond et le plus évident s'attachait à ce
qu'une parole officielle, prononcée du haut
de cette tribune ou du banc du Gouverne-
ment, ne vînt pas donner à ceux contre les-
quels nous étions appelés à nous battre, des
indications sur les dispositions de nos
forces et sur les intentions du Gouverne-
ment. Voilà pourquoi ni M. le ministre des
affaires étrangères, ni moi, n'avons annoncé
publiquement l'évacuation.
Mais ce n'est pas tout ; ce que j'ai dit, ce
jour-là, est encore conforme à la vérité par
un autre point. J'ai dit aussi, le 27 mars,
qu'à partir de cette date aucun homme ne
serait envoyé en Russie.
M. Emile-Faure. Il en part tous les jours.
M. le sous-secrétaire d'Etat de l'admi-
nistration de la guerre. J'ai été pris, depuis
lors, à partie, dans des termes toujours vio-
lents et parfois grossiers, par certains
journaux de l'opposition. Je ne m'en plains
pas, c'est le fait des hommes politiques
d'être malmenés par une partie de la presse.
J'ai été-pris également à partie par des
collègues et dans des conditions qui m'ont
plus touché.
Des députés de l'extrême gauche, traves-
tissant de tout point ma pensée - et je ne
jurerais pas que certains n'aient pas aussi
travesti la leur — ont publié des articles
véhéments dans lesquels ils m'ont accusé
d'avoir trompé la Chambre : « M. Abrami,
tel jour, le 27 mars, au Journal officiel, telle
ligne, telle colonne, a déclaré que le Gou-
vernement français n'enverrait plus un seul
homme à l'armée d'Orient. Or, il en part
encore. »
Il en part tous les jours, disait il y a un
instant M. Emile Faure.
Eh bien! ce sont ces messieurs qui trom-
pent l'opinion. Je fais appel à la bonne foi
et au souvenir de toute l'Assemblée. Je n'ai
jamais déclaré que nous n'enverrions plus
un homme à l'armée d'Orient. A la tribune,
comme à la commission de l'armée, devant
laquelle je me suis rendu chaque fois que
j'ai eu l'honneur d'être convoqué par elle,
j'ai dit, au contraire,que nous avions là-bas
trois armistices, l'un avec l'Autriche, l'autre
avec la Bulgarie, le troisième avec la Tur-
quie, des armistices qu'il fallait protéger et
transformer en traité de paix dans le délai
le plus court. J'ai dit que cette situation
nous oblige à y maintenir des troupes. J'ai
dit, le 27, que ces troupes seraient mainte-
nues et entretenues en Orient mais que. en
ce qui concerne la Russie, pas un homme
ne serait envoyé à partir de cette date. Et,
de fait, pas un homme n'y a été envoyé.
Tour à tour, MM. Pressemane, Raffm-Du-
gens, Borrel, Dalbiez m'ont fait l'honneur
de
gens, m'interroger oralement, en commission,
par écrit, dans mon cabinet même. Ils
m'ont signalé des faits précis, montré des
lettres émues qui semblaient l'expression
de la vérité ; elles émanaient de soldats qui
disaient : « Le Gouvernement vous a menti !
On continue à envoyer des hommes en
Russie, non pas seulement par appel à des
volontaires, mais d'office, et contre notre
gré. » Tout cela paraissait sincère. Et on
citait tel régiment dans lequel l'état-major
constituait d'autorité un groupe Dénikine
ou une compagnie Gregorieff pour les en-
voyer en Sibérie ou en Crimée.
Eh bien ! je le déclare ici nettement : la
bonne foi de nos collègues a été surprise
ainsi que celle des hommes qui les ont
saisis de leurs réclamations. J'affirme sur
l'honneur que pas un homme n'a été en-
voyé en Russie depuis la date de ma décla-
ration, non seulement contre son gré, mais
même volontairement. (Applaudissements.)
M. Viollette disait tout à l'heure : « Vous
n'avez pas trouvé de volontaires pour la
Russie. »
C'est une erreur. Au contraire, ils sont
venus à nous en si grand nombre que,
s'agissant d'une certaine opération de pure
sécurité, sur laquelle M. le président du
conseil s'est expliqué en face de collègues
socialistes, dont faisait partie M. Mayéras et
au sujet de laquelle la Chambre n'attend
pa&, j'imagine, que je donne ici des éclair-
cissements, nous avons eu besoin de vo-
lontaires et il s'en est présenté six ou sept
cents de plus que l'effectif nécessaire. Les
hommes en surnombre n'ont pas été rete-
nus; et, quant aux autres, ils ne sont pas
encore partis. Si paisible que doive être
leur voyage, je souhaite encore qu'ils
n'aient pas à l'entreprendre. (Très bien! très
bien !) +
Mais, je le répète en terminant, l'engage-
ment que j'ai pris a été tenu, et le sera.
Pas un homme n'a été envoyé et ne sera
envoyé contre son gré, à quelque classe
qu'il appartienne, soit dans la Russie sep-
tentrionale, soit dans la Russie du Sud.
(Applaudissements.)
M. le président. La parole est à. M. Viol-
lette.
M. Maurice Viollette. J'ai écouté avec
toute l'attention qu'elle méritait la réponse
de M. le sous-secrétaire d'Etat.
Je ne sais pas si je me trompe, il me
semble qu'elle rend encore bien plus
incompréhensible la politique du Gouver-
nement, car si je prends les dates, il ne
me semble possible de donner une expli-
cation de ce qui s'est passé que si, à côté
de cet ordre d'évacuation, il n'y a pas eu
un ordre contraire donné immédiatement.
Quoi ! c'est le 28 mars, dites-vous, que
part l'ordre d'évacuation ?
Je crois savoir, en effet, — vous me
direz, si je me trompe, — qu'un rapport
du général d'Anselme qui déclare, bien
avant cette date du 28 mars, que la situa-
tion est intenable, militairement parlant, à
Odessa ; vous avez, si je ne me trompe, et
vous me démentirez si le renseignement est
inexact, ce rapport du général d'Anselme
vous disant qu'il y a impossibilité absolue
à tenir plus longtemps et qu'il y a urgence
à organiser l'évacuation.
Le 28 mars, on pouvait encore l'organi-
ser. Ce n'était pas encore le maximum de
tension ; les troupes de Gregorief étaient
encore loin de la ville. A ce moment,
nous ne sommes pas encore serrés,
nous avons encore de l'air, nous avons le
moyen et le temps de faire notre repli et
nous allons sans doute en profiter.
Point, puisque, je viens de le montrer,
vous envoyez des renforts; c'est donc que
vous voulez vous maintenir.
M. le ministre des affaires étrangères a.
dites-vous, affirmé qu'il voulait maintenir
nos contingents français en Russie, à cause
de prétendues nécessités militaires et pour
ne pas donner l'éveil à l'ennemi. Mais, à ce
moment, vous n'étiez pas pressé par ceux
que vous considériez comme l'ennemi, vous
aviez le temps de faire votre mouvement
de retraite.
L'explication ne tient pas.
Quand M. le ministre des affaires étran-
gères disait, le 29 mars, au mépris de l'or-
dre d'évacuation donné, que les troupes res-
teraient en Russie, quand ce jour-là il en-
voyait une relève, c'est qu'il avait l'inten-
tion de s'y maintenir et je vais le montrer.
(ri'ès bien! très bien 1 à l extrême gauche.)
En effet, même postérieurement au
29 mars, il a été encore envoyé des troupes
de renfort. Il n'a pas été envoyé de troupes
de renfort françaises, c'est vrai — on joue
toujours sur les mots en la circonstance —
mais il a été envoyé des troupes de ren-
fort grecques.
Le 5 avril, quand les transports qui em-
menaient nos compatriotes partaient pour la
Russie, ils ont trouvé des transports chargés
de troupes grecques qui se dirgeaient sur
Odessa ; quand ils sont arrivés à Constanti-
nople, ils ont également trouvé des troupes
grecques qui se dirigeaient sur Odessa.
M. de Kerguezec. Et des noirs aussi.
M. Maurice Viollette. Et des noirs, dit
M. de Kerguézec, qui en a été témoin.
Par conséquent, ce n'est pas vrai de dire
que, le 28 mars, vous avez résolu l'évacua-
CHAMlRg — IN EXTENSO 20..
CHAMBRE DES DÉPUTÉS — 2« SÉANCE DU 10 JUIN 1919 2503
nistre des affaires étrangères ? « Pas le
moins du monde, ce n'est pas convenu. »
J'insiste: (c M. Abrami a dit qu'on retirait
les soldats et, vous, vous dites qu'on les
-maintient. Oui ou non, vont-ils rester en
Russie et combien en laisserez-vous ? »
M. Pichon ne répond pas. Je suis obligé de
renouveler ma question :
« Je vous demande : Va-t-il rester des
hommes en Russie ? Puisque vous n'enten-
dez pas, je vous répète : Va-t-il rester des
hommes en Russie ? » Et M. le ministre des
affaires étrangères de répondre : « Je vous
ai dit : oui. »
Nous parlions d'Odessa. Par conséquent,
il n'y avait pas l'ombre d'un doute.
M. Abrami, sous-secrétaire d'Etal de
Vadministration de la guerre. Vous avez bien
voulu faire allusion à la loyauté et à la
sincérité des déclarations que j'ai faites
dans la séance du 27 mars. C'est un sujet
qui m'est particulièrement sensible.
Depuis près de dix-neuf mois que j'ai
l'honneur d'assumer une charge qui tou-
jours a été difficile et qui, dans certains
mois, a été dramatique, j'ai pu commettre
des erreurs. Vous pouvez porter sur mon
œuvre personnelle une appréciation sévère;
je m'abandonne au jugement de la Cham-
bre. Mais il est une chose à laquelle je
tiens et que je place au-dessus de nos que-
relles : c'est l'estime de mes collègues,
membres de la Chambre et membres du
Gouvernement.
Je ne serais pas resté une minute à la
place que j'ai l'honneur d'occuper si, par
malheur, il était tombé de ma bouche une
seule parole qui ne fût pas conforme à mes
sentiments intimes et à la vérité des faits.
(Très bien ! très bien 1)
Vous m'avez fait l'honneur de rendre
hommage à mes sentiments intimes. Per-
mettez-moi de rétablir maintenant la vé-
rité.
L'ordre d'évacuation est du 28 mars. Il
est parti le 29 mars. Je l'ai vu, je l'ai tenu
entre mes mains. Je sais qu'il a été en-
vové.
- M. le président du conseil s'était ouvert
de cet ordre imminent, dans la matinée du
27 mars, à quelques collègues ; je m'étais
autorisé moi-même de la confidence qu'il
avait ainsi faite, pour en parler ici, dans les
couloirs, à quelques amis dont je tenais à
rassurer les alarmes.
En séance, M. le ministre des affaires
étrangères a eu, lui, des raisons de ne pas
faire connaître publiquement que l'évacua-
tion était décidée et préparée. Un intérêt
patriotique des plus élevés, et qui est évi-
dent à tous, s'attachait à ce que l'ennemi,
qui nous pressait à ce moment.
M. Marcel Cachin. et divers membres à
l'extrême gauche. Quel ennemi ? Le peuple
russe ?
M. le marquis de lEstourbeillon. Vos
amis 1
M. le sous-secrétaire d'Etat de l'admi-
nistration de la çuerre. Quel ennemi ? Les
troupes bolchevistes organisées et enca-
drées par des officiers allemands, qui, en
plus d'une rencontre, ont reçu les troupes
françaises à coups de mitrailleuses et de
canons. (Applaudissements.)
.je dis que l'intérêt patriotique le plus
profond et le plus évident s'attachait à ce
qu'une parole officielle, prononcée du haut
de cette tribune ou du banc du Gouverne-
ment, ne vînt pas donner à ceux contre les-
quels nous étions appelés à nous battre, des
indications sur les dispositions de nos
forces et sur les intentions du Gouverne-
ment. Voilà pourquoi ni M. le ministre des
affaires étrangères, ni moi, n'avons annoncé
publiquement l'évacuation.
Mais ce n'est pas tout ; ce que j'ai dit, ce
jour-là, est encore conforme à la vérité par
un autre point. J'ai dit aussi, le 27 mars,
qu'à partir de cette date aucun homme ne
serait envoyé en Russie.
M. Emile-Faure. Il en part tous les jours.
M. le sous-secrétaire d'Etat de l'admi-
nistration de la guerre. J'ai été pris, depuis
lors, à partie, dans des termes toujours vio-
lents et parfois grossiers, par certains
journaux de l'opposition. Je ne m'en plains
pas, c'est le fait des hommes politiques
d'être malmenés par une partie de la presse.
J'ai été-pris également à partie par des
collègues et dans des conditions qui m'ont
plus touché.
Des députés de l'extrême gauche, traves-
tissant de tout point ma pensée - et je ne
jurerais pas que certains n'aient pas aussi
travesti la leur — ont publié des articles
véhéments dans lesquels ils m'ont accusé
d'avoir trompé la Chambre : « M. Abrami,
tel jour, le 27 mars, au Journal officiel, telle
ligne, telle colonne, a déclaré que le Gou-
vernement français n'enverrait plus un seul
homme à l'armée d'Orient. Or, il en part
encore. »
Il en part tous les jours, disait il y a un
instant M. Emile Faure.
Eh bien! ce sont ces messieurs qui trom-
pent l'opinion. Je fais appel à la bonne foi
et au souvenir de toute l'Assemblée. Je n'ai
jamais déclaré que nous n'enverrions plus
un homme à l'armée d'Orient. A la tribune,
comme à la commission de l'armée, devant
laquelle je me suis rendu chaque fois que
j'ai eu l'honneur d'être convoqué par elle,
j'ai dit, au contraire,que nous avions là-bas
trois armistices, l'un avec l'Autriche, l'autre
avec la Bulgarie, le troisième avec la Tur-
quie, des armistices qu'il fallait protéger et
transformer en traité de paix dans le délai
le plus court. J'ai dit que cette situation
nous oblige à y maintenir des troupes. J'ai
dit, le 27, que ces troupes seraient mainte-
nues et entretenues en Orient mais que. en
ce qui concerne la Russie, pas un homme
ne serait envoyé à partir de cette date. Et,
de fait, pas un homme n'y a été envoyé.
Tour à tour, MM. Pressemane, Raffm-Du-
gens, Borrel, Dalbiez m'ont fait l'honneur
de
gens, m'interroger oralement, en commission,
par écrit, dans mon cabinet même. Ils
m'ont signalé des faits précis, montré des
lettres émues qui semblaient l'expression
de la vérité ; elles émanaient de soldats qui
disaient : « Le Gouvernement vous a menti !
On continue à envoyer des hommes en
Russie, non pas seulement par appel à des
volontaires, mais d'office, et contre notre
gré. » Tout cela paraissait sincère. Et on
citait tel régiment dans lequel l'état-major
constituait d'autorité un groupe Dénikine
ou une compagnie Gregorieff pour les en-
voyer en Sibérie ou en Crimée.
Eh bien ! je le déclare ici nettement : la
bonne foi de nos collègues a été surprise
ainsi que celle des hommes qui les ont
saisis de leurs réclamations. J'affirme sur
l'honneur que pas un homme n'a été en-
voyé en Russie depuis la date de ma décla-
ration, non seulement contre son gré, mais
même volontairement. (Applaudissements.)
M. Viollette disait tout à l'heure : « Vous
n'avez pas trouvé de volontaires pour la
Russie. »
C'est une erreur. Au contraire, ils sont
venus à nous en si grand nombre que,
s'agissant d'une certaine opération de pure
sécurité, sur laquelle M. le président du
conseil s'est expliqué en face de collègues
socialistes, dont faisait partie M. Mayéras et
au sujet de laquelle la Chambre n'attend
pa&, j'imagine, que je donne ici des éclair-
cissements, nous avons eu besoin de vo-
lontaires et il s'en est présenté six ou sept
cents de plus que l'effectif nécessaire. Les
hommes en surnombre n'ont pas été rete-
nus; et, quant aux autres, ils ne sont pas
encore partis. Si paisible que doive être
leur voyage, je souhaite encore qu'ils
n'aient pas à l'entreprendre. (Très bien! très
bien !) +
Mais, je le répète en terminant, l'engage-
ment que j'ai pris a été tenu, et le sera.
Pas un homme n'a été envoyé et ne sera
envoyé contre son gré, à quelque classe
qu'il appartienne, soit dans la Russie sep-
tentrionale, soit dans la Russie du Sud.
(Applaudissements.)
M. le président. La parole est à. M. Viol-
lette.
M. Maurice Viollette. J'ai écouté avec
toute l'attention qu'elle méritait la réponse
de M. le sous-secrétaire d'Etat.
Je ne sais pas si je me trompe, il me
semble qu'elle rend encore bien plus
incompréhensible la politique du Gouver-
nement, car si je prends les dates, il ne
me semble possible de donner une expli-
cation de ce qui s'est passé que si, à côté
de cet ordre d'évacuation, il n'y a pas eu
un ordre contraire donné immédiatement.
Quoi ! c'est le 28 mars, dites-vous, que
part l'ordre d'évacuation ?
Je crois savoir, en effet, — vous me
direz, si je me trompe, — qu'un rapport
du général d'Anselme qui déclare, bien
avant cette date du 28 mars, que la situa-
tion est intenable, militairement parlant, à
Odessa ; vous avez, si je ne me trompe, et
vous me démentirez si le renseignement est
inexact, ce rapport du général d'Anselme
vous disant qu'il y a impossibilité absolue
à tenir plus longtemps et qu'il y a urgence
à organiser l'évacuation.
Le 28 mars, on pouvait encore l'organi-
ser. Ce n'était pas encore le maximum de
tension ; les troupes de Gregorief étaient
encore loin de la ville. A ce moment,
nous ne sommes pas encore serrés,
nous avons encore de l'air, nous avons le
moyen et le temps de faire notre repli et
nous allons sans doute en profiter.
Point, puisque, je viens de le montrer,
vous envoyez des renforts; c'est donc que
vous voulez vous maintenir.
M. le ministre des affaires étrangères a.
dites-vous, affirmé qu'il voulait maintenir
nos contingents français en Russie, à cause
de prétendues nécessités militaires et pour
ne pas donner l'éveil à l'ennemi. Mais, à ce
moment, vous n'étiez pas pressé par ceux
que vous considériez comme l'ennemi, vous
aviez le temps de faire votre mouvement
de retraite.
L'explication ne tient pas.
Quand M. le ministre des affaires étran-
gères disait, le 29 mars, au mépris de l'or-
dre d'évacuation donné, que les troupes res-
teraient en Russie, quand ce jour-là il en-
voyait une relève, c'est qu'il avait l'inten-
tion de s'y maintenir et je vais le montrer.
(ri'ès bien! très bien 1 à l extrême gauche.)
En effet, même postérieurement au
29 mars, il a été encore envoyé des troupes
de renfort. Il n'a pas été envoyé de troupes
de renfort françaises, c'est vrai — on joue
toujours sur les mots en la circonstance —
mais il a été envoyé des troupes de ren-
fort grecques.
Le 5 avril, quand les transports qui em-
menaient nos compatriotes partaient pour la
Russie, ils ont trouvé des transports chargés
de troupes grecques qui se dirgeaient sur
Odessa ; quand ils sont arrivés à Constanti-
nople, ils ont également trouvé des troupes
grecques qui se dirigeaient sur Odessa.
M. de Kerguezec. Et des noirs aussi.
M. Maurice Viollette. Et des noirs, dit
M. de Kerguézec, qui en a été témoin.
Par conséquent, ce n'est pas vrai de dire
que, le 28 mars, vous avez résolu l'évacua-
CHAMlRg — IN EXTENSO 20..
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