Population et sociétés (23, avenue Franklin-Roosevelt, Paris-8e) souligne dans son numéro 22 l'importance des mutations sociales en France au cours des dernières années : le nombre des paysans diminue chaque année de 3 à 4 %, celui des petits commerçants de 1,5 En revanche, les cadres supé- rieurs ont presque doublé entre 1954 et 1968 et les cadres moyens ont pro- gressé de 77 dans la même période. Dans les années à venir, de nouvelles mutations vont se produire, même dans des secteurs ou des professions qui paraissent, à première vue, avoir atteint à la stabilité.
L'amélioration de la productivité et l'élévation consécutive du niveau de vie entraînent le déplacement de la demande des consommateurs de cer- tains secteurs de l'économie vers d'autres, provoquant des mouvements de main-d'œuvre importants. Les secteurs en déclin sont l'agriculture, les bran- ches traditionnelles de l'industrie (mines, bois, cuirs, textiles). Les secteurs en expansion sont les branches nouvelles, de l'industrie (l'électronique par exemple) et la plupart des services, dont la santé et l'enseignement sont les principaux éléments moteurs. Or, dans les branches en déclin, les besoins en main-d'œuvre hautement qualifiée sont peu importants, même s'ils ont progressé au cours des dernières années. Par contre, dans les industries nou- velles, le nombre nécessaire des ingénieurs, des cadres et des techniciens, bien que déjà très élevé, ne cesse de croître.
L'augmentation des besoins en main-d'œuvre de haut niveau est donc un phénomène permanent des sociétés en rapide développement, qui se manifeste dès qu'il y a une croissance économique quelque peu importante.
Ces besoins seront de plus en plus élevés et dépendront du taux de crois- sance de l'économie.
- Les transformations économiques ne sont pas la seule cause des mutations sociales. L'évolution de la scolarité joue un rôle non moins important.
L'afflux des élèves dans l'enseignement secondaire long et dans les ensei- gnements supérieurs en est la caractéristique principale : le nombre des jeunes gens se trouvant dans une classe terminale du second cycle long de l'enseignement secondaire, préparant donc un baccalauréat ou un brevet de technicien, a été multiplié par 3,5 de 1958 à 1969 (1). Le nombre des étu- diants français inscrits en faculté est passé de 165 116 en 1958-1959 à 447 645 en 1967-1968, dernière année pour laquelle des données statistiques com- plètes sont disponibles.
(1) Toutefois, compte tenu des effectifs des générations en cause, le multi- plicateur n'est que de 2,3.
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