Titre : Dieu et patrie : l'héroïsme du clergé français devant l'ennemi
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1916-10-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757319t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2234 Nombre total de vues : 2234
Description : 15 octobre 1916 15 octobre 1916
Description : 1916/10/15 (N90). 1916/10/15 (N90).
Description : Collection numérique : Documents consacrés à la... Collection numérique : Documents consacrés à la Première Guerre mondiale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6264284z
Source : L'Argonnaute (La Contemporaine), 2012-112044
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/08/2012
604
Dieu et Patrie
Le 8 février 1915, le P. Gauthier écrivait à propos de
la mort de M. Augustin de Boisanger :
« De telles morts, on les pleure, en les enviant comme
celle des martyrs. Et vraiment, n'est-ce pas là un martyre,
le martyre de la charité ? Il n'y a pas de plus grande
marque d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on
aime. »
Donner sa vie pour Dieu, pour la France, pour les
âmes, voilà ce qu'a fait le P. Gauthier.
L. J. C.
Morts au champ d'honneur
Monseigneur a reçu les lettres suivantes :
Nos deuils se succèdent rapidement. A peine la tombe
du cher abbé Tassin s'est-elle refermée que M. Conseil,
vicaire à Saint-Mathieu de Morlaix, succombe à son tour.
Il était aussi universellement aimé au 219e que M. Tassin
à l'ancien 318e. Tous avaient, depuis longtemps, pu ap-
précier son froid courage. On l'admira particulièrement
aux combats du début de juillet dernier. Sa conduite pen-
dant ces journées valut à M. Conseil la belle citation que
je vous ai transmise l'autre jour.
Le lundi 4 septembre, notre division a de nouveau pris
part à une grande attaque. L'attaque eut lieu à deux
heures. Un quart d'heure avant, l'abbé Conseil me quit-
tait pour rejoindre son poste. Sachant que sa bravoure
allait quelquefois presque jusqu'à la témérité, je lui con-
gé i'1 ai la prudence. Il me répondit que, évidemment, « il
ne se jetterait pas volontairement au devant des balles
et des obus, mais qu'il entendait remplir pleinement son
devoir de caporal brancardier ».
il le fit, de fait, jusqu'au sacrifice de sa vie. Quelques
instants après, on nous le ramenait grièvement blessé.
Voyant un sergent de sa compagnie, le sergent Chevil-
lotte, tomber blessé en se portant à l'attaque, l'abbé
Conseil sortit de la tranchée pour le panser et le rame-
ner. Il fut atteint à ce moment par deux balles. Je ne
pouvais me résigner à croire que Dieu nous l'enlevait,
lui aussi. Et. pourtant, tout espoir était impossible. La
mort avait déjà marqué son visage de son empreinte.
Lui-même, d'ailleurs, se rendait parfaitement compte de
son état et offrait à Dieu le sacrifice de sa vie pour
l'Eglise et pour la France. J'appris, le lendemain, que
M. Conseil avait succombé, trais quarts d'heure après
son arrivée à l'ambulance. Il a été inhumé dans le cime-
tière de
La mort de l'abbé Conseil est un deuil pour tout le
régiment. Le médecin de son bataillon me disait hier
encore : « Croyez, Monsieur l'Aumônier, que c'est une
grande perte pour tous, et à tout point de vue ».
Hier a aussi été blessé un religieux Oblat, originaire
de notre diocèse, le P. Paul Péron, de Plouézoc'h. Ses
blessures ne sont, heureusement, pas graves.
Voilà donc, en deux mois, cinq prêtres et un sémi-
nariste (d'Arras) tués, trois prêtres blessés dans le même
régiment. Il serait difficile après cela de prétendre qu'il
n'y a pas de « curés » dans les tranchées.
A. B.
*
* *
Le caporal brancardier Tassin, instituteur à Concar-
neau, a été atteint, le 31 août, par un éclat d'obus à
l'abdomen et a succombé, le 2 septembre, à l'hôpital
d'évacuation de C. Et parce que mon ministère m'ap-
pelait en ligne, et parce que je craignais de fatiguer le
cher blessé, je n'ai vu l'abbé Tassin qu'un moment avant
de mourir. Il a, toutefois, eu le temps de me dire qu'il
acceptait pleinement la mort et qu'il offrait le sacrifice
de sa vie pour l'Eglise et pour la France.
Je ne saurais vous dire ici le rôle admirable! rempli
par M. l'abbé Tassin au e. C'est lui qui, au début de
la guerre, organisa, et admirablement, le service religieux
dans ce régiment. Quel soldat ne l'a vu passer dans les
lignes, toujours souriant et toujours prêt à se porter, au
besoin, aux endroits les plus dangereux, ou occupé à pré-
parer les cérémonies religieuses et les inhumations. Il
était connu et aimé de tous. Quand on le transporta
blessé, tous les soldats se précipitaient sur son passage
pour prendre de ses nouvelles ; il fallut les éloigner pour
ne pas fatiguer le blessé. Il n'était pas moins ai.mé.
moins estimé de ses chefs, qui appréciaient aussi bleI!
son tact parfait que son esprit d'initiative et son zè1
infatigable. t
Sa mort a consterné tous ses confrères du régin1611,
et de la brigade.
L'abbé Tassin avait déjà été cité deux fois à l'or4ï!
du jour. La médaille militaire lui a été remise la veiP
de sa mort. Mais ce vrai prêtre se dévouait pour u®
récompense meilleure que Dieu lui aura, sans diouw
déjà donnée.
Le même jour que l'abbé Tassin, et par le même ob.:'
a été blessé l'abbé Arzel, sergent au .e. Il a été a
aux deux jambes. L'une de ses blessures est sérieuse
mais ne lui fait courir aucun danger. L'abbé Arzel 9 î
trouve actuellement à l'hôpital d'évacuation de C. §
A. B.
A l'ordre de la division
M. l'abbé François Floch, séminariste de Guipavas,
sergent au .e d'infanterie, a été l'objet de la citation
suivante à l'ordre de la division : 1
Excellent sous-officier, plein de zèle et de dévouement;
blessé grièvement dans la tranchée, le 5 octobre 191*'
en donnant un bel exemple de ténacité à ses hommes.
A l'ordre de l'armée t
M. l'abbé Jean-François Messager, séminariste de
Henvic, sergent au .e d'infanterie, a été cité dans les
termes suivants à l'ordre de l'armée : ;
A pris rapidement le commandement de sa sectioî' j
dans des circonstances difficiles, à la.. bataille de 1* ij
Sambre, et l'a parfaitement conduite. i
M. l'abbé Alain Le Bars, vicaire à Ploénis, sergent
au .e d'infanterie, au front depuis le début de la caifr
gne, a été cité à l'ordre de l'armée dans les termes sui-
.yanls :
Chef de section ; quoique blessé le 1er juillet, n'a cOD'
senti à se faire soigner que le jour suivant, donnant
ainsi l'exemple du plus grand courage. — (Ordre du
corps d'armée). n
M. l'abbé Corentin Tassin, caporal brancardier au
.e d'infanterie, a été à l'ordre de la division dans les
termes suivants : 'êÍ¡'
Venant d'apprendre que le corps d'un capitaine aP'
partenant à un autre régiment se trouvait sur le terrain,
en avant d'un barrage, est allé le chercher, de sa propre
initiative, accompagné d'un brancardier, et a, malgré
une vive fusillade, inhumé le corps, entouré et marqué
d'une croix la tombe.
A l'ordre du régiment ï
M. l'abbé Athanase Lhostis, professeur à Saint-Vin-
cent, adjudant à la G.M., vient d'être cité à l'ordre du
régiment dans les termes suivants :
A maintenu, sous un violent bombardement, sa sec-
tion éprouvée par la porte de son lieutenant.
M. l'abbé François Quéméner, vicaire à Plonéour-
Lanvern, caporal brancardier au .e, a été l'objet de la
citation suivante à l'ordre du régiment :
Parti, avec les vagues d'assaut, a pansé les blessés
sous un violent bombardement.
M. l'abbé Arzel, vicaire à Pouldergat, sergent au
.e d'infanterie, a été cité à l'ordre du régiment dans
les termes suivants :
De sa propre initiative, est allé chercher, en avant
des lignes et malgré une très vive fusillade, le corps de
son lieutenant qui venait d'être tué.
Dieu et Patrie
Le 8 février 1915, le P. Gauthier écrivait à propos de
la mort de M. Augustin de Boisanger :
« De telles morts, on les pleure, en les enviant comme
celle des martyrs. Et vraiment, n'est-ce pas là un martyre,
le martyre de la charité ? Il n'y a pas de plus grande
marque d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on
aime. »
Donner sa vie pour Dieu, pour la France, pour les
âmes, voilà ce qu'a fait le P. Gauthier.
L. J. C.
Morts au champ d'honneur
Monseigneur a reçu les lettres suivantes :
Nos deuils se succèdent rapidement. A peine la tombe
du cher abbé Tassin s'est-elle refermée que M. Conseil,
vicaire à Saint-Mathieu de Morlaix, succombe à son tour.
Il était aussi universellement aimé au 219e que M. Tassin
à l'ancien 318e. Tous avaient, depuis longtemps, pu ap-
précier son froid courage. On l'admira particulièrement
aux combats du début de juillet dernier. Sa conduite pen-
dant ces journées valut à M. Conseil la belle citation que
je vous ai transmise l'autre jour.
Le lundi 4 septembre, notre division a de nouveau pris
part à une grande attaque. L'attaque eut lieu à deux
heures. Un quart d'heure avant, l'abbé Conseil me quit-
tait pour rejoindre son poste. Sachant que sa bravoure
allait quelquefois presque jusqu'à la témérité, je lui con-
gé i'1 ai la prudence. Il me répondit que, évidemment, « il
ne se jetterait pas volontairement au devant des balles
et des obus, mais qu'il entendait remplir pleinement son
devoir de caporal brancardier ».
il le fit, de fait, jusqu'au sacrifice de sa vie. Quelques
instants après, on nous le ramenait grièvement blessé.
Voyant un sergent de sa compagnie, le sergent Chevil-
lotte, tomber blessé en se portant à l'attaque, l'abbé
Conseil sortit de la tranchée pour le panser et le rame-
ner. Il fut atteint à ce moment par deux balles. Je ne
pouvais me résigner à croire que Dieu nous l'enlevait,
lui aussi. Et. pourtant, tout espoir était impossible. La
mort avait déjà marqué son visage de son empreinte.
Lui-même, d'ailleurs, se rendait parfaitement compte de
son état et offrait à Dieu le sacrifice de sa vie pour
l'Eglise et pour la France. J'appris, le lendemain, que
M. Conseil avait succombé, trais quarts d'heure après
son arrivée à l'ambulance. Il a été inhumé dans le cime-
tière de
La mort de l'abbé Conseil est un deuil pour tout le
régiment. Le médecin de son bataillon me disait hier
encore : « Croyez, Monsieur l'Aumônier, que c'est une
grande perte pour tous, et à tout point de vue ».
Hier a aussi été blessé un religieux Oblat, originaire
de notre diocèse, le P. Paul Péron, de Plouézoc'h. Ses
blessures ne sont, heureusement, pas graves.
Voilà donc, en deux mois, cinq prêtres et un sémi-
nariste (d'Arras) tués, trois prêtres blessés dans le même
régiment. Il serait difficile après cela de prétendre qu'il
n'y a pas de « curés » dans les tranchées.
A. B.
*
* *
Le caporal brancardier Tassin, instituteur à Concar-
neau, a été atteint, le 31 août, par un éclat d'obus à
l'abdomen et a succombé, le 2 septembre, à l'hôpital
d'évacuation de C. Et parce que mon ministère m'ap-
pelait en ligne, et parce que je craignais de fatiguer le
cher blessé, je n'ai vu l'abbé Tassin qu'un moment avant
de mourir. Il a, toutefois, eu le temps de me dire qu'il
acceptait pleinement la mort et qu'il offrait le sacrifice
de sa vie pour l'Eglise et pour la France.
Je ne saurais vous dire ici le rôle admirable! rempli
par M. l'abbé Tassin au e. C'est lui qui, au début de
la guerre, organisa, et admirablement, le service religieux
dans ce régiment. Quel soldat ne l'a vu passer dans les
lignes, toujours souriant et toujours prêt à se porter, au
besoin, aux endroits les plus dangereux, ou occupé à pré-
parer les cérémonies religieuses et les inhumations. Il
était connu et aimé de tous. Quand on le transporta
blessé, tous les soldats se précipitaient sur son passage
pour prendre de ses nouvelles ; il fallut les éloigner pour
ne pas fatiguer le blessé. Il n'était pas moins ai.mé.
moins estimé de ses chefs, qui appréciaient aussi bleI!
son tact parfait que son esprit d'initiative et son zè1
infatigable. t
Sa mort a consterné tous ses confrères du régin1611,
et de la brigade.
L'abbé Tassin avait déjà été cité deux fois à l'or4ï!
du jour. La médaille militaire lui a été remise la veiP
de sa mort. Mais ce vrai prêtre se dévouait pour u®
récompense meilleure que Dieu lui aura, sans diouw
déjà donnée.
Le même jour que l'abbé Tassin, et par le même ob.:'
a été blessé l'abbé Arzel, sergent au .e. Il a été a
aux deux jambes. L'une de ses blessures est sérieuse
mais ne lui fait courir aucun danger. L'abbé Arzel 9 î
trouve actuellement à l'hôpital d'évacuation de C. §
A. B.
A l'ordre de la division
M. l'abbé François Floch, séminariste de Guipavas,
sergent au .e d'infanterie, a été l'objet de la citation
suivante à l'ordre de la division : 1
Excellent sous-officier, plein de zèle et de dévouement;
blessé grièvement dans la tranchée, le 5 octobre 191*'
en donnant un bel exemple de ténacité à ses hommes.
A l'ordre de l'armée t
M. l'abbé Jean-François Messager, séminariste de
Henvic, sergent au .e d'infanterie, a été cité dans les
termes suivants à l'ordre de l'armée : ;
A pris rapidement le commandement de sa sectioî' j
dans des circonstances difficiles, à la.. bataille de 1* ij
Sambre, et l'a parfaitement conduite. i
M. l'abbé Alain Le Bars, vicaire à Ploénis, sergent
au .e d'infanterie, au front depuis le début de la caifr
gne, a été cité à l'ordre de l'armée dans les termes sui-
.yanls :
Chef de section ; quoique blessé le 1er juillet, n'a cOD'
senti à se faire soigner que le jour suivant, donnant
ainsi l'exemple du plus grand courage. — (Ordre du
corps d'armée). n
M. l'abbé Corentin Tassin, caporal brancardier au
.e d'infanterie, a été à l'ordre de la division dans les
termes suivants : 'êÍ¡'
Venant d'apprendre que le corps d'un capitaine aP'
partenant à un autre régiment se trouvait sur le terrain,
en avant d'un barrage, est allé le chercher, de sa propre
initiative, accompagné d'un brancardier, et a, malgré
une vive fusillade, inhumé le corps, entouré et marqué
d'une croix la tombe.
A l'ordre du régiment ï
M. l'abbé Athanase Lhostis, professeur à Saint-Vin-
cent, adjudant à la G.M., vient d'être cité à l'ordre du
régiment dans les termes suivants :
A maintenu, sous un violent bombardement, sa sec-
tion éprouvée par la porte de son lieutenant.
M. l'abbé François Quéméner, vicaire à Plonéour-
Lanvern, caporal brancardier au .e, a été l'objet de la
citation suivante à l'ordre du régiment :
Parti, avec les vagues d'assaut, a pansé les blessés
sous un violent bombardement.
M. l'abbé Arzel, vicaire à Pouldergat, sergent au
.e d'infanterie, a été cité à l'ordre du régiment dans
les termes suivants :
De sa propre initiative, est allé chercher, en avant
des lignes et malgré une très vive fusillade, le corps de
son lieutenant qui venait d'être tué.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.9%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.9%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Centre-Val de Loire Fonds régional : Centre-Val de Loire /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Centre1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6264284z/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6264284z/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6264284z/f12.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6264284z/f12.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6264284z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6264284z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6264284z/f12.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest