Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-06-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 22 juin 1913 22 juin 1913
Description : 1913/06/22 (A4,T11,N87). 1913/06/22 (A4,T11,N87).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248072r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
3ê7
Les craintes du Patriarche se justifièrent bientôt.
La Pologne découvrait ses plans Sigismond III
n'avait plus besoin de faux-tsar de Touchino; il lui
enleva son appui militaire et sa royauté illusoire
croula. Sigismond entra en territoire russe pour
s'emparer de Smolensk et de toute la Russie et "y
répandre la foi catholique parmi les schismatiques".
Pour le désarmer, les boyards polonisants ne trouvè-
rent rien de mieux que de proposer le trône à son
fils Wladislas.
Le 17 Juillet, Hermogène fut à nouveau tiré sur
la place Rouge et sommé de légitimer la déposition
de Vassili Chouïsky. Il refusa résolument; et quand
,
deux jours plus tard, le tsar déposé fut tonsuré par
la force, il déclara: "Si Dieu me soutient, j'enlèverai
au tsar son froc, et je le délierai de sa profession".
L'interrègne commençait. Terrorisée par le fan-
tôme des faux Dimitry, influencée par la présence
significative du Général Jolkievski, la Douma des
Boyards appelait le candidat des polonisants, Wladis-
las. Mais Hermogène protestait contre ce choix dan-
gereux. Il indiquait qu'il fallait élire un Tsar ortho-
doxe, national et, le premier, il proposa Mikhaïl Féo-
dorovit.ch Romanoff. Et quand les boyards mainte-
naient la candidature de Wladislas, il entourait son
acceptation de conditions qui la rendaient de fait
inacceptable.
A. N. Kyriakolî.
(à s u i v r e).
Chroniques de la Semaine
Bibliographie
Gabriel Faure. Sur la Via Emilia. Paris, E. Sansot & C-ie
Editeurs.
Le livre de M. Gabriel Faure n'est point inédit. Ces feuil-
les de voyage, ces impressions de route ont été publiées dans
la Revue des Deux Mondes, qui en avait accepté la primeur.
Ceci ne diminue en rien l'accueil bienveillant qu'il sou-
haite rencontrer dans le monde des artistes et le grand pu-
blic. Son livre est aussi frais que l'été humide par lequel il se
mit en route pour revoir l'Emilie et suivre d'un bout à l'autre
la Via Emilia. Ce sont, parait-il, des feuilles volantes sur les-
quelles le voyageur a noté librement ses impressions, sans
les retoucher ensuite, les fignoler, ni les alourdir d'aucune
note ou référence. M. Gabriel Faure n'avait du reste pas be-
soin de nous mettre en garde contre toute fausse érudition de
sa part: nul ne saurait douter qu'il s'en est soigneusement
gardé. Il nous permettra, cependant, de croire à l'addition pos-
thume des données historiques qui viennent, ça et là, renfor-
cer ses sensations personnelles. Elles ont un caractère nette-
ment différent du thème primitif qui l'a inspiré, et nuisent trop
souvent à l'originalité pour qu'on puisse se méprendre sur
l'heure de leur introduction dans le texte.
De Plaisance, l'auteur ne nous dit rien. Son impression,
en ce mois d'Août, se résume à la soif qu'il éprouve et qui
absorbe ses pensées. Aussi, pour tenir lieu de sensations, fait-
il de l'érudition malgré sa promesse de n'en point faire: c'est
d'ici que partaient les trois grands chemins qui menaient
d'Italie en Gaule: l'une par Gènes et Turbie, l'autre pour Suse,
Briançon et Die, le troisième par Aostc et le Petit Saint-
Bernard. ;
Nous savons tous cela depuis la septième; de même, il ne
nous est point inconnu que Plaisance assurait le libre passage
du Pô aux légions et que de très bonne heure, colonie mili-
taire, la cité prospéra pendant la période romaine, au moyen
âge, pour décliner sous les Farnèse.
M. Faure, ayant la nausée des fresques du Guerchine et de
Carrache, renonce à une visite au Dôme qu'il veut bien en
passant qualifier de belle église romane, mais sans intérêt
pour lui. Il se sauve de Plaisance après avoir erré dans les
mes de la ville, au bord du fleuve et pleuré sur le vieux
pont disparu.
En quittant cette pauvre ville, l'auteur s'enfonce dans la
campagne grasse et riche, suite d'opulents vergers où les ar-
bres arrêtent le regard. Puis, s'échauffant, les cigales d'Ana-
créon jouant leur rôle, Dante le sien, Barrés ajoutant sa cita-
tion à l'improviste, le voilà faisant encore de l'histoire en ma-
nière de monologue. Nous sommes sur la route de Plaisance
à Parme, l'auteur évoque l'époque où les légions romaines
secouaient les mêmes pavés de leur pas lourd; puis reviennent
le moyen âge, les relations entre la France et l'Italie, la Re-
naissance: nouvelles citations. Cette fois-ci ce sont Montaigne,
Maynard et Chateaubriand qui sont les inspirateurs.
Nous apprenons de M. Faure que le style lombard n'est
qu'un dérivé, qu'une variante du style roman. Plus exactement
encore, que cette architecture n'est qu'un reste de l'art romain
transformé par le nouvel art roman. Il est permis d'accepter
ces opinions sous toutes réserves, naturellement, puis qu'elles
ne portent ni l'estampille de Violet Geduc, ni celle de Taine,
et autres critiques d'art très écoutés. Après une heure à Borgo
San Donnino, c'est Parme, enfin.
L'émotion que ressent l'auteur en face du Corrège, dont
le génie dépasse celui des plus grands artistes, est vraie et
louable. Il en parle comme Burckhardt "avec ivresse", et c'est
justice de le faire ainsi: "certains critiques sont sévères pour
le Corrège et insistent surtout sur ce qui lui manque: moi,
je suis ému par cette àme toujours prête aux effusions, où les
sensations arrivent ainsi que des ondes puissantes. Nulle
âme ne fut à la fois plus frémissante et plus candide, plus
vibrante et plus extatique. jamais la chair féminine ne fut
rendue avec plus d'émotion. Qu'on se rappelle la Danaé de la
galerie Borghèse, l'Antiope du Louvre, la provocante Léda de
Berlin et surtout l'Io extasiée de Vienne: nul n'osa davantage
sans sortir de la grâce, comme l'écrivait jadis Schuré; les toi-
les brûlent et frissonnent, mais la ferveur sauve l'audace".
Ces lignes rachètent la banalité des chapitres précédents
Les craintes du Patriarche se justifièrent bientôt.
La Pologne découvrait ses plans Sigismond III
n'avait plus besoin de faux-tsar de Touchino; il lui
enleva son appui militaire et sa royauté illusoire
croula. Sigismond entra en territoire russe pour
s'emparer de Smolensk et de toute la Russie et "y
répandre la foi catholique parmi les schismatiques".
Pour le désarmer, les boyards polonisants ne trouvè-
rent rien de mieux que de proposer le trône à son
fils Wladislas.
Le 17 Juillet, Hermogène fut à nouveau tiré sur
la place Rouge et sommé de légitimer la déposition
de Vassili Chouïsky. Il refusa résolument; et quand
,
deux jours plus tard, le tsar déposé fut tonsuré par
la force, il déclara: "Si Dieu me soutient, j'enlèverai
au tsar son froc, et je le délierai de sa profession".
L'interrègne commençait. Terrorisée par le fan-
tôme des faux Dimitry, influencée par la présence
significative du Général Jolkievski, la Douma des
Boyards appelait le candidat des polonisants, Wladis-
las. Mais Hermogène protestait contre ce choix dan-
gereux. Il indiquait qu'il fallait élire un Tsar ortho-
doxe, national et, le premier, il proposa Mikhaïl Féo-
dorovit.ch Romanoff. Et quand les boyards mainte-
naient la candidature de Wladislas, il entourait son
acceptation de conditions qui la rendaient de fait
inacceptable.
A. N. Kyriakolî.
(à s u i v r e).
Chroniques de la Semaine
Bibliographie
Gabriel Faure. Sur la Via Emilia. Paris, E. Sansot & C-ie
Editeurs.
Le livre de M. Gabriel Faure n'est point inédit. Ces feuil-
les de voyage, ces impressions de route ont été publiées dans
la Revue des Deux Mondes, qui en avait accepté la primeur.
Ceci ne diminue en rien l'accueil bienveillant qu'il sou-
haite rencontrer dans le monde des artistes et le grand pu-
blic. Son livre est aussi frais que l'été humide par lequel il se
mit en route pour revoir l'Emilie et suivre d'un bout à l'autre
la Via Emilia. Ce sont, parait-il, des feuilles volantes sur les-
quelles le voyageur a noté librement ses impressions, sans
les retoucher ensuite, les fignoler, ni les alourdir d'aucune
note ou référence. M. Gabriel Faure n'avait du reste pas be-
soin de nous mettre en garde contre toute fausse érudition de
sa part: nul ne saurait douter qu'il s'en est soigneusement
gardé. Il nous permettra, cependant, de croire à l'addition pos-
thume des données historiques qui viennent, ça et là, renfor-
cer ses sensations personnelles. Elles ont un caractère nette-
ment différent du thème primitif qui l'a inspiré, et nuisent trop
souvent à l'originalité pour qu'on puisse se méprendre sur
l'heure de leur introduction dans le texte.
De Plaisance, l'auteur ne nous dit rien. Son impression,
en ce mois d'Août, se résume à la soif qu'il éprouve et qui
absorbe ses pensées. Aussi, pour tenir lieu de sensations, fait-
il de l'érudition malgré sa promesse de n'en point faire: c'est
d'ici que partaient les trois grands chemins qui menaient
d'Italie en Gaule: l'une par Gènes et Turbie, l'autre pour Suse,
Briançon et Die, le troisième par Aostc et le Petit Saint-
Bernard. ;
Nous savons tous cela depuis la septième; de même, il ne
nous est point inconnu que Plaisance assurait le libre passage
du Pô aux légions et que de très bonne heure, colonie mili-
taire, la cité prospéra pendant la période romaine, au moyen
âge, pour décliner sous les Farnèse.
M. Faure, ayant la nausée des fresques du Guerchine et de
Carrache, renonce à une visite au Dôme qu'il veut bien en
passant qualifier de belle église romane, mais sans intérêt
pour lui. Il se sauve de Plaisance après avoir erré dans les
mes de la ville, au bord du fleuve et pleuré sur le vieux
pont disparu.
En quittant cette pauvre ville, l'auteur s'enfonce dans la
campagne grasse et riche, suite d'opulents vergers où les ar-
bres arrêtent le regard. Puis, s'échauffant, les cigales d'Ana-
créon jouant leur rôle, Dante le sien, Barrés ajoutant sa cita-
tion à l'improviste, le voilà faisant encore de l'histoire en ma-
nière de monologue. Nous sommes sur la route de Plaisance
à Parme, l'auteur évoque l'époque où les légions romaines
secouaient les mêmes pavés de leur pas lourd; puis reviennent
le moyen âge, les relations entre la France et l'Italie, la Re-
naissance: nouvelles citations. Cette fois-ci ce sont Montaigne,
Maynard et Chateaubriand qui sont les inspirateurs.
Nous apprenons de M. Faure que le style lombard n'est
qu'un dérivé, qu'une variante du style roman. Plus exactement
encore, que cette architecture n'est qu'un reste de l'art romain
transformé par le nouvel art roman. Il est permis d'accepter
ces opinions sous toutes réserves, naturellement, puis qu'elles
ne portent ni l'estampille de Violet Geduc, ni celle de Taine,
et autres critiques d'art très écoutés. Après une heure à Borgo
San Donnino, c'est Parme, enfin.
L'émotion que ressent l'auteur en face du Corrège, dont
le génie dépasse celui des plus grands artistes, est vraie et
louable. Il en parle comme Burckhardt "avec ivresse", et c'est
justice de le faire ainsi: "certains critiques sont sévères pour
le Corrège et insistent surtout sur ce qui lui manque: moi,
je suis ému par cette àme toujours prête aux effusions, où les
sensations arrivent ainsi que des ondes puissantes. Nulle
âme ne fut à la fois plus frémissante et plus candide, plus
vibrante et plus extatique. jamais la chair féminine ne fut
rendue avec plus d'émotion. Qu'on se rappelle la Danaé de la
galerie Borghèse, l'Antiope du Louvre, la provocante Léda de
Berlin et surtout l'Io extasiée de Vienne: nul n'osa davantage
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