Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 01 juin 1913 01 juin 1913
Description : 1913/06/01 (A4,T11,N84). 1913/06/01 (A4,T11,N84).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480698
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
339
et étatiques. Ce principe, si passionnément battu en
brèche par les éléments anarchiques, a su grouper la
grande majorité de la 3e Douma. Il apparaît comme
la pierre d'achoppement de tout le travail du gouver-
nement dans la question scolaire. Involontairement,
nous nous rappellerons à ce sujet la remarque fa-
meuse que lors de la guerre franco-allemande qui se
termina par la victoire de l'Allemagne, le vain-
queur ne fut pas seulement l'armée, mais surtout
le maître d'écoles, c'est-à-dire l'organisation ration-
nelle de l'école populaire allemande. Cette remarque
est profondément juste. Il suffit d'ajouter que si
effectivement le maître d'école allemande a vaincu,
c'est seulement parce que l'école allemande, dès le
début de l'instruction générale en Prusse, a été reli-
gieuse, patriotique et étatique.
Notre maître d'école est trop pauvre et peu ins-
truit d'une part et d'autre part trop indépendant pour
qu'on puisse compter sur lui, sans s'être auparavant
préoccupé de l'examen fondamental de la question de
la situation de notre école primaire.
Il faut petit à petit former de nouveaux maîtres;
il faut établir sur de nouvelles bases le programme
de l'école primaire. Il faut se préoccuper de rédiger
de nouveaux manuels et en même temps il faut
établir sur de nouvelles bases la surveillance de l'école.
L'autonomie publique, en matière scolaire, est
une chose excellente mais il ne faut pas entendre par
là une situation qui permettra à chacun de faire ce
qui lui plaira et ce à quoi il se sent disposé. Il est
nécessaire de prendre en considération le souci des
forces publiques et très important de les tenir en
haleine par la perspective d'exercer leur influence sur
l'école; mais le travail scolaire doit s'effectuer dans
des limites étatiques déterminées, de façon à ce que
toute la question scolaire forme un tout harmonique.
Si l'on compare ce qui s'est produit chez nous en
1906 avec ce qui se passe maintenant, on voit une
différence et une différence très sensible dans le sens
d'une amélioration considérable. Avant l'émeute, nous
étions déjà arrivés à ce résultat que dans.les limites
d'une bonne moitié des gouvernements terriens, l'école
était tombée tout entière entre les mains de, comités
usurpateurs de maîtres, et ces comités, agissant sur
l'initiative des meneurs anarchistes, qui siégeaient
dans les capitales, faisaient dégénérer simplement et
provisoirement l'école 'en meeting révolutionnaire non
dissimulé. Leurs occupations consistaient, en effet, en
l'enseignement de l'athéisme, de la nécessité du sou-
lèvement armé, de l'excitation des élèves contre les
autorités, les propriétaires, le clergé, en la propa-
gande du socialisme et de l'anarchie. On en arriva
à ce point que l'on offrit de payer le double de leurs
appointements aux prêtres, chargés d'enseigner le
catéchisme, s'ils ne se présentaient pas à l'école. On
leur payait en effet 20 copecks pour chaque leçon de
catéchisme qu'ils donnaient et 10 pour chaque leçon
qu'ils sautaient.
Tout maître qui s'avisait de protester contre les
décisions des comités de ce genre était ou bien chassé
de son emploi, ou discrédité devant ses chefs et même
parfois il lui arrivait d'être obligé de. fuir du hameau
ou du village s'il ne voulait pas se voir exposé à être
brûlé ou tué. Dans les bibliothèques scolaires, on
donnait asile aux ouvrages et publications révolution-
naires; les icônes étaient suspendues à l'envers, et, au
lieu d'enseigner les chants d'église, on se mit à en-
seigner des marches composées par des forçats et
déportés politiques. Les inspecteurs d'écoles qui ten- ï
taient de réagir contre un aussi lamentable état de
choses étaient en butte à des attaques systématiques ;
et initerrompues. En outre, il convient d'ajouter que
tous ces maîtres révolutionnaires ou, au moins, leur
immense majorité étaient des gens au passé le plus
humble et sans la moindre préparation à l'enseigne-
ment.
C'étaient souvent d'anciens séminaristes qui
avaient été chassés, presque toujours des dégénérés
et des alcooliques achevés. Aussi bien est-il inutile
de dessiner davantage ce type. Qu'il me suffise de
rappeler que la bonne moitié de ces personnages les
plus odieux qui étaient venus s'asseoir sur les bancs
de nos deux premières doumas appartenaient préci-
sément à cette caste des maîtres populaires. C'était
des brigands achevés; quelques-uns même finirent
réellement de la sorte.
A l'heure actuelle, il n'y a plus rien de sem-
blable. D'une part, le zemstvo dont les membres
d'alors furent obligés de partir, et qui avait aidé
dans un but politique à la dégradation de l'école,
eut tôt fait de chasser les maîtres révolutionnaires et
d'autre part le gouvernement apporta à la solution
de cette question une énergie toute particulière. On
apporta une attention toute spéciale au recrutement
du personnel de l'inspection scolaire; on organisa
dans le plus bref délai possible des cours prépara-
toires spéciaux pour les maîtres; on se préoccupa
très sérieusement des manuels et enfin on se mit à
rechercher des mesures pour l'augmentation et l'a-
mélioration des instituts de maîtres, tandis que pa-
rallèlement on améliorait la situation matérielle des
maîtres populaires, que l'on s'occupait d'améliorer
de toutes les manières les méthodes d'enseignement
et que l'on procédait à la revision des programmes.
Mais bien entendu il reste encore beaucoup à faire.
La Russie est si étendue, ses besoins sont si
grands et si divers que de toute évidence, il s'écou-
lera encore des dizaines d'années avant que nous
puissions avoir le droit de dire que nous avons en-
fin une école populaire qui ne provoque plus dans
la société de problèmes complexes si alarmants.
Beaucoup a été fait aussi pour cette école intermé-
diaire entre l'école primaire et l'école secondaire:
nous voulons parler des écoles municipales, de
toutes les écoles primaires d'un type renouvelé, les
écoles professionnelles, etc..
r
et étatiques. Ce principe, si passionnément battu en
brèche par les éléments anarchiques, a su grouper la
grande majorité de la 3e Douma. Il apparaît comme
la pierre d'achoppement de tout le travail du gouver-
nement dans la question scolaire. Involontairement,
nous nous rappellerons à ce sujet la remarque fa-
meuse que lors de la guerre franco-allemande qui se
termina par la victoire de l'Allemagne, le vain-
queur ne fut pas seulement l'armée, mais surtout
le maître d'écoles, c'est-à-dire l'organisation ration-
nelle de l'école populaire allemande. Cette remarque
est profondément juste. Il suffit d'ajouter que si
effectivement le maître d'école allemande a vaincu,
c'est seulement parce que l'école allemande, dès le
début de l'instruction générale en Prusse, a été reli-
gieuse, patriotique et étatique.
Notre maître d'école est trop pauvre et peu ins-
truit d'une part et d'autre part trop indépendant pour
qu'on puisse compter sur lui, sans s'être auparavant
préoccupé de l'examen fondamental de la question de
la situation de notre école primaire.
Il faut petit à petit former de nouveaux maîtres;
il faut établir sur de nouvelles bases le programme
de l'école primaire. Il faut se préoccuper de rédiger
de nouveaux manuels et en même temps il faut
établir sur de nouvelles bases la surveillance de l'école.
L'autonomie publique, en matière scolaire, est
une chose excellente mais il ne faut pas entendre par
là une situation qui permettra à chacun de faire ce
qui lui plaira et ce à quoi il se sent disposé. Il est
nécessaire de prendre en considération le souci des
forces publiques et très important de les tenir en
haleine par la perspective d'exercer leur influence sur
l'école; mais le travail scolaire doit s'effectuer dans
des limites étatiques déterminées, de façon à ce que
toute la question scolaire forme un tout harmonique.
Si l'on compare ce qui s'est produit chez nous en
1906 avec ce qui se passe maintenant, on voit une
différence et une différence très sensible dans le sens
d'une amélioration considérable. Avant l'émeute, nous
étions déjà arrivés à ce résultat que dans.les limites
d'une bonne moitié des gouvernements terriens, l'école
était tombée tout entière entre les mains de, comités
usurpateurs de maîtres, et ces comités, agissant sur
l'initiative des meneurs anarchistes, qui siégeaient
dans les capitales, faisaient dégénérer simplement et
provisoirement l'école 'en meeting révolutionnaire non
dissimulé. Leurs occupations consistaient, en effet, en
l'enseignement de l'athéisme, de la nécessité du sou-
lèvement armé, de l'excitation des élèves contre les
autorités, les propriétaires, le clergé, en la propa-
gande du socialisme et de l'anarchie. On en arriva
à ce point que l'on offrit de payer le double de leurs
appointements aux prêtres, chargés d'enseigner le
catéchisme, s'ils ne se présentaient pas à l'école. On
leur payait en effet 20 copecks pour chaque leçon de
catéchisme qu'ils donnaient et 10 pour chaque leçon
qu'ils sautaient.
Tout maître qui s'avisait de protester contre les
décisions des comités de ce genre était ou bien chassé
de son emploi, ou discrédité devant ses chefs et même
parfois il lui arrivait d'être obligé de. fuir du hameau
ou du village s'il ne voulait pas se voir exposé à être
brûlé ou tué. Dans les bibliothèques scolaires, on
donnait asile aux ouvrages et publications révolution-
naires; les icônes étaient suspendues à l'envers, et, au
lieu d'enseigner les chants d'église, on se mit à en-
seigner des marches composées par des forçats et
déportés politiques. Les inspecteurs d'écoles qui ten- ï
taient de réagir contre un aussi lamentable état de
choses étaient en butte à des attaques systématiques ;
et initerrompues. En outre, il convient d'ajouter que
tous ces maîtres révolutionnaires ou, au moins, leur
immense majorité étaient des gens au passé le plus
humble et sans la moindre préparation à l'enseigne-
ment.
C'étaient souvent d'anciens séminaristes qui
avaient été chassés, presque toujours des dégénérés
et des alcooliques achevés. Aussi bien est-il inutile
de dessiner davantage ce type. Qu'il me suffise de
rappeler que la bonne moitié de ces personnages les
plus odieux qui étaient venus s'asseoir sur les bancs
de nos deux premières doumas appartenaient préci-
sément à cette caste des maîtres populaires. C'était
des brigands achevés; quelques-uns même finirent
réellement de la sorte.
A l'heure actuelle, il n'y a plus rien de sem-
blable. D'une part, le zemstvo dont les membres
d'alors furent obligés de partir, et qui avait aidé
dans un but politique à la dégradation de l'école,
eut tôt fait de chasser les maîtres révolutionnaires et
d'autre part le gouvernement apporta à la solution
de cette question une énergie toute particulière. On
apporta une attention toute spéciale au recrutement
du personnel de l'inspection scolaire; on organisa
dans le plus bref délai possible des cours prépara-
toires spéciaux pour les maîtres; on se préoccupa
très sérieusement des manuels et enfin on se mit à
rechercher des mesures pour l'augmentation et l'a-
mélioration des instituts de maîtres, tandis que pa-
rallèlement on améliorait la situation matérielle des
maîtres populaires, que l'on s'occupait d'améliorer
de toutes les manières les méthodes d'enseignement
et que l'on procédait à la revision des programmes.
Mais bien entendu il reste encore beaucoup à faire.
La Russie est si étendue, ses besoins sont si
grands et si divers que de toute évidence, il s'écou-
lera encore des dizaines d'années avant que nous
puissions avoir le droit de dire que nous avons en-
fin une école populaire qui ne provoque plus dans
la société de problèmes complexes si alarmants.
Beaucoup a été fait aussi pour cette école intermé-
diaire entre l'école primaire et l'école secondaire:
nous voulons parler des écoles municipales, de
toutes les écoles primaires d'un type renouvelé, les
écoles professionnelles, etc..
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