Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-05-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 25 mai 1913 25 mai 1913
Description : 1913/05/25 (A4,T11,N83). 1913/05/25 (A4,T11,N83).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248068v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
318
connu le Christ, ou même tout çe qui, étant indiffé-
rent en soi, constituait le trésor esthétique du peuple.
Agissant ainsi, elle a été sage et seuls des philistins
pourraient s'en scandaliser. Tout n'était pas impur
dans le paganisme; il y avait dans ces religions des
éléments vécus qui peuvent nous être plus chers, à
nous aryens, que certaines conceptions sémitiques de
la Bible. L'Eglise pravoslave n'a pas défendu aux
vieux peintres d'images de décorer les murs du Sobor
de l'Annonciation de Moscou, avec les figures des
poètes de l'Antiquité païenne en face de celles des
prophètes de l'Ancien Testament. Les vestiges du
paganisme dans le folklore russe témoignent simple-
ment que nos ancêtres firent cette haute expérience
religieuse décrite dans cette sourra du Coran que
Gœthe voulait développer en un drame: "Quand sur-
vint la nuit obscure, Abraham sortit dans les téne-
bres et vit qu'au-dessus de lui brillait une étoile. Il
s'exclama avec joie: "C'est mon Dieu!" Mais quand
l'étoile pâlit, il dit: "Je n'aime pas ceux qui pâlissent".
Bientôt le croissant clair se montra à l'horizon.
„ C'est mon Dieu", s'écria avec plus de joie encore
Abraham. Le croissant disparut et Abraham dut dire:
"Non, je me suis trompé". Au matin le soleil, brilla:
"C'est mon Dieu! Comme il est grand!" dit le Pa-
triarche. Mais le soleil, lui aussi, se coucha. Alors
Abraham conclut: ,,0 mon peuple! il ne te faut pas
de dieux divers; j'adore Celui qui a créé le ciel et la
terre".
Cyrille Landychett,
FIN.
Le Peuple Kirghize
(Suite1)
M. Roumiantzeff, dans sa remarquable étude
sur le peuple kirghize, est arrivé à force de calculs
fondés sur des données authentiques, à établir que la
richesse d'un Kirghize, à l'heure actuelle, est pro-
portionnelle au nombre de chevaux possédés par
celui-ci.
Et, partant de ce principe, il a réparti d'une
façon fort ingénieuse, au point de vue social, les
Kirghizes en trois groupes:
Ceux possédant de 1 à 10 chevaux; ceux possé-
dant de Il à. 25 chevaux; et ceux possédant plus
de 26 chevaux.
Il est parvenu à calculer que ceux du premier
groupe n'arrivaient pas à boucler leur budget an-
nuel et que celui-ci aboutissait chaque année à un
déficit moyen de 4 roubles. Pour ceux du second
groupe, ils arriveraient à un léger bénéfice annuel
que M. Roumiantzeff évalue de 7 à 25 roubles envi-
ron. Enfin, ceux du troisième groupe seuls seraient
dans une situation aisée, réellement à l'abri des sur-
prises des années défavorables.
) Voir le ? sa de la "Revue Contemporaine",
M. Roumiantzeff, d'autre part, affirme que chez
les Kirghizes il n'y a pas à proprement parler d'in-
digents, ceux-ci se rencontrant dans des proportions
tout à fait insignifiantes, sauf dans le district d'Oust-
kaménogorsk où leur nombre atteindrait environ
10°/o de la population du district.
Continuant ses très curieuses et fort scientifiques
déductions, M. Roumiantzeff a eu l'idée d'établir le
suggestif tableau que voici:
Districts.
Atba- Akmo. Kous- Pavlo-
Omsk sarslc linsk tanaï dar
I. Kirghizes possédant
de 1 à 10 che-
vaux 00,5 70,S 72,3 74,0 7(5,0
Il. de 11 à 25 chevaux 21,5 19,5 18,3 1(5,7 15,1;
III. Au-dessus de 25
chevaux 12,0 Si,7 S),4 Si,3 8,4
Total.. 100 loo 100 Ion loo
Koktclic- Karka- Pétro- Aktiou- Oustka-
tar ralinslt pavlovsk binsk micnogorsk
1. Kirghizes possédant
de 1 à 10 che-
vaux 74,5 83,2 N2,5 Sti,1 HS 1,0
Il. De 11 à 25 chevaux 17,7 11,3 12,7 S),8 7,9
III. Au-dessus de 25
chevaux 7,8 (5,5 4,8 4,1 3,1
Total 100 100 100 Ion 100
Soit donc:
1er groupe 78,2
2e groupe 14,6
3e groupe 7,2
100
Comme on peut s'en rendre compte, le tableau
ci-dessus observe une progression ascendante pour la
proportion de la classe pauvre et une progression
décroissante pour la proportion de la classe riche.
Il est remarquable que, sauf une légère exception
dans les districts de Koktchétar, de Pavlodar et de
Pétropavlovsk, ces deux progressions sont régoureuse-
ment parallèles et simultanées. On peut ainsi se con-
vaincre que les conditions économiques de la vie
moderne n'influent pas sur telle ou telle classe isolée
du peuple kirghize, mais bien sur tout ce peuple
d'une façon égale.
Les chiffres du curieux tableau de M. Roumiant-
zeff montrent clairement, sauf, je le répète, de très légè-
res exceptions, qu'à un accroissement de la classe
pauvre correspond par région une diminution de la
classe riche et de la classe moyenne (dont la pro-
gression apparaît liée à celle de la classe riche).
Cet état de choses démontre que l'adaptation des
Kirghizes à la vie moderne n'appelle pas la disloca-
tion de la classe moyenne et son absorption, suivant
les cas, par la classe pauvre ou par la classe riche,
mais qu'au contraire elle agit sur toute la masse du
peuple kirghize, sans distinction de classes, et qu'elle
a pour résultat d'en augmenter ou d'en diminuer en
connu le Christ, ou même tout çe qui, étant indiffé-
rent en soi, constituait le trésor esthétique du peuple.
Agissant ainsi, elle a été sage et seuls des philistins
pourraient s'en scandaliser. Tout n'était pas impur
dans le paganisme; il y avait dans ces religions des
éléments vécus qui peuvent nous être plus chers, à
nous aryens, que certaines conceptions sémitiques de
la Bible. L'Eglise pravoslave n'a pas défendu aux
vieux peintres d'images de décorer les murs du Sobor
de l'Annonciation de Moscou, avec les figures des
poètes de l'Antiquité païenne en face de celles des
prophètes de l'Ancien Testament. Les vestiges du
paganisme dans le folklore russe témoignent simple-
ment que nos ancêtres firent cette haute expérience
religieuse décrite dans cette sourra du Coran que
Gœthe voulait développer en un drame: "Quand sur-
vint la nuit obscure, Abraham sortit dans les téne-
bres et vit qu'au-dessus de lui brillait une étoile. Il
s'exclama avec joie: "C'est mon Dieu!" Mais quand
l'étoile pâlit, il dit: "Je n'aime pas ceux qui pâlissent".
Bientôt le croissant clair se montra à l'horizon.
„ C'est mon Dieu", s'écria avec plus de joie encore
Abraham. Le croissant disparut et Abraham dut dire:
"Non, je me suis trompé". Au matin le soleil, brilla:
"C'est mon Dieu! Comme il est grand!" dit le Pa-
triarche. Mais le soleil, lui aussi, se coucha. Alors
Abraham conclut: ,,0 mon peuple! il ne te faut pas
de dieux divers; j'adore Celui qui a créé le ciel et la
terre".
Cyrille Landychett,
FIN.
Le Peuple Kirghize
(Suite1)
M. Roumiantzeff, dans sa remarquable étude
sur le peuple kirghize, est arrivé à force de calculs
fondés sur des données authentiques, à établir que la
richesse d'un Kirghize, à l'heure actuelle, est pro-
portionnelle au nombre de chevaux possédés par
celui-ci.
Et, partant de ce principe, il a réparti d'une
façon fort ingénieuse, au point de vue social, les
Kirghizes en trois groupes:
Ceux possédant de 1 à 10 chevaux; ceux possé-
dant de Il à. 25 chevaux; et ceux possédant plus
de 26 chevaux.
Il est parvenu à calculer que ceux du premier
groupe n'arrivaient pas à boucler leur budget an-
nuel et que celui-ci aboutissait chaque année à un
déficit moyen de 4 roubles. Pour ceux du second
groupe, ils arriveraient à un léger bénéfice annuel
que M. Roumiantzeff évalue de 7 à 25 roubles envi-
ron. Enfin, ceux du troisième groupe seuls seraient
dans une situation aisée, réellement à l'abri des sur-
prises des années défavorables.
) Voir le ? sa de la "Revue Contemporaine",
M. Roumiantzeff, d'autre part, affirme que chez
les Kirghizes il n'y a pas à proprement parler d'in-
digents, ceux-ci se rencontrant dans des proportions
tout à fait insignifiantes, sauf dans le district d'Oust-
kaménogorsk où leur nombre atteindrait environ
10°/o de la population du district.
Continuant ses très curieuses et fort scientifiques
déductions, M. Roumiantzeff a eu l'idée d'établir le
suggestif tableau que voici:
Districts.
Atba- Akmo. Kous- Pavlo-
Omsk sarslc linsk tanaï dar
I. Kirghizes possédant
de 1 à 10 che-
vaux 00,5 70,S 72,3 74,0 7(5,0
Il. de 11 à 25 chevaux 21,5 19,5 18,3 1(5,7 15,1;
III. Au-dessus de 25
chevaux 12,0 Si,7 S),4 Si,3 8,4
Total.. 100 loo 100 Ion loo
Koktclic- Karka- Pétro- Aktiou- Oustka-
tar ralinslt pavlovsk binsk micnogorsk
1. Kirghizes possédant
de 1 à 10 che-
vaux 74,5 83,2 N2,5 Sti,1 HS 1,0
Il. De 11 à 25 chevaux 17,7 11,3 12,7 S),8 7,9
III. Au-dessus de 25
chevaux 7,8 (5,5 4,8 4,1 3,1
Total 100 100 100 Ion 100
Soit donc:
1er groupe 78,2
2e groupe 14,6
3e groupe 7,2
100
Comme on peut s'en rendre compte, le tableau
ci-dessus observe une progression ascendante pour la
proportion de la classe pauvre et une progression
décroissante pour la proportion de la classe riche.
Il est remarquable que, sauf une légère exception
dans les districts de Koktchétar, de Pavlodar et de
Pétropavlovsk, ces deux progressions sont régoureuse-
ment parallèles et simultanées. On peut ainsi se con-
vaincre que les conditions économiques de la vie
moderne n'influent pas sur telle ou telle classe isolée
du peuple kirghize, mais bien sur tout ce peuple
d'une façon égale.
Les chiffres du curieux tableau de M. Roumiant-
zeff montrent clairement, sauf, je le répète, de très légè-
res exceptions, qu'à un accroissement de la classe
pauvre correspond par région une diminution de la
classe riche et de la classe moyenne (dont la pro-
gression apparaît liée à celle de la classe riche).
Cet état de choses démontre que l'adaptation des
Kirghizes à la vie moderne n'appelle pas la disloca-
tion de la classe moyenne et son absorption, suivant
les cas, par la classe pauvre ou par la classe riche,
mais qu'au contraire elle agit sur toute la masse du
peuple kirghize, sans distinction de classes, et qu'elle
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