Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-04-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 avril 1913 27 avril 1913
Description : 1913/04/27 (A4,T11,N79). 1913/04/27 (A4,T11,N79).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480646
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
252
elle, a à se défendre contre cette exploitation de son
travail et elle ne peut le faire que collectivement, par
ses syndicats, ou individuellement en rendant son
tablier. Dans les familles qui n'ont pas un grand
personnel, la maîtresse fatiguée de se buter toujours
aux mêmes obstacles, cherche une gouvernante étran-
gère, Allemande surtout. Elle est plus décorative, ac-
cepte de faire tout, n'importe comment, n'importe
quand, et on la paie peu ou pas du tout.
Pour obvier en partie, à cette difficulté du ravi-
taillement des serviteurs femmes, les maîtresses de
maison, à New-York, ont fondé elles-mêmes un bu-
reau de placement où les domestiques trouvent des
gages inférieurs pour des exigences plus grandes. Les
intéressées se mettent ainsi hors du contrôle et des
exigences des syndicats de la profession.
Certes les syndicats ne sont pas tendres pour
les maîtres. Mais aux Etats-Unis aucun syndicat
n'est tendre pour les patrons, ceux-ci ne faisant ja-
mais preuve de tendresse à l'égard de leurs em-
ployés des deux sexes. C'est une question de lutte.
Le droit de sortie régulière, celui de recevoir les
amis à certaines heures, la limitation des heures de
travail en semaine, le repos pendant une partie des
Dimanches, etc., sont autant d'exigences que l'absence
de justice à l'égard de ces travailleurs de famille a
fait établir en règles immuables. Cependant les syn-
dicats vont quelquefois un peu loin. Je vais en citer
un curieux exemple qui englobe, dans sa morale,
non seulement les agissements d'un bureau corpor-
tatif, mais encore l'arbitraire d'une justice trop sou-
vent aux ordres des plus forts.
En l'état, il s'agit d'un tribunal, Central Sta-
tion, de Pittsburg, qui est une grande ville puis-
qu'elle compte dans les environs de 400.000 habi-
tants, où un policeman vient d'amener un grand
diable qu'il a arrêté sans raison, sans mandat, sans
plainte chez une demoiselle Hall qui l'employait
comme domestique à tous les travaux de la maison.
C'était, en quelque sorte, la "bonne à tout faire". Et
la scène suivante se déroula.
— Qu'est-ce que c'est que celui-là, interrogea
le juge.
— Une personne suspecte, répondit gravement
le policeman.
-- Qu'est-ce que vous avez à répondre? Fit sé-
vèrement le magistrat au prévenu qui avait nom
Chester.
Celui-ci aurait pu demander d'abord, pour pou-
voir y répondre, de quoi il était accusé, et en vertu
de quel mandat ou de quel article du code il avait
été appréhendé devant ses fourneaux, arrêté comme
un cambrioleur. Mais Chester manquait peut-être
d'intelligence ou de courage, ou, peut-être, sachant
la puissance d'un juge et d'un policeman qu'on n'a
pas payé, se montra-t-il simplement prudent. Quoiqu'il
en soit, il dit de suite ce qu'il pensait:
- Votre honneur, c'est un outrage gratuit que
d'avoir été arrêté à cause de 1',,Union des Filles
Servantes" qui pense que les hommes n'ont aucun
droit au travail des domestiques. Depuis qu'elle
(l'Union) me sait en place, elle me traque comme
une bête. J'ai été arrêté sans raison, à mon travail
chez ma maîtresse, par ce policeman qui ne m'a dit
qu'une chose, de laisser mon tablier et de le suivre.
Et c'est pour cela que je suis ici".
Dans cette république de liberté et d'indépen-
dance il est ainsi possible à un policeman quelcon-
que, sans mandat d'aucun supérieur, d'aucun ma-
gistrat, de se rendre chez un citoyen, en l'état une
citoyenne, d'y pénétrer en violant de domicile privé,
de mettre la main au collet du domestique simple-
ment parce qu'il est domestique, et de lui dire:
,,Venez avec moi au poste de police et au tri-
bunal"
Le juge répondit en plaisantant, ce qui est
souvent la façon de répondre des juges améri-
cains:
- - Bien, je crois que je vais vous donner une
autre" place"; vous serez très bien au Work-house,
pendant quatre-vingt dix jours, et on vous y ap-
prendra à faire un autre travail que celui de la
cuisine"
On mena en prison le pauvre domestique, avec
trois mois de travaux forcés et un casier judiciaire,
pour avoir fait honnêtement son travail à une place
généralement—mais pas absolument tenue par des
femmes, parce que peut-être l'amie du policeman en
question, membre de ,,1'Union des Filles Servantes",
étant sans travail, était mécontente de voir, à une
bonne place qu'elle aurait pu avoir elle-même, un
homme qui n'avait rien à faire avec son union.
Ah! l'étrange liberté dont jouissent parfois les
citoyens au pays d'Oncle Sam!
Emile Deschamps
FIN.
La question polonaise
Elle est, sans aucun doute, infiniment complexe,
mais il ne s'en suit pas qu'elle doive être considérée,
du point de vue russe comme une sorte d'obstacle
insurmontable à l'œuvre slave générale.
Ce qui en rend la solution très difficile, ce n'est
pas l'opposition de la race russe et de la race polo-
naise. Cette opposition là existe, mais elle est aisé-
ment surmontable. Si elle constituait l'unique facteur
du problème, il y a longtemps déjà que les Polonais
auraient pris dans le monde slave la place impor-
tante qui leur revient et que, dans le grand
conflit qui se dessine avec le Germanisme, ils
seraient résolument à l'avant-garde de leurs frères
de race.
C'est un antagonisme religieux qui vient fausser
elle, a à se défendre contre cette exploitation de son
travail et elle ne peut le faire que collectivement, par
ses syndicats, ou individuellement en rendant son
tablier. Dans les familles qui n'ont pas un grand
personnel, la maîtresse fatiguée de se buter toujours
aux mêmes obstacles, cherche une gouvernante étran-
gère, Allemande surtout. Elle est plus décorative, ac-
cepte de faire tout, n'importe comment, n'importe
quand, et on la paie peu ou pas du tout.
Pour obvier en partie, à cette difficulté du ravi-
taillement des serviteurs femmes, les maîtresses de
maison, à New-York, ont fondé elles-mêmes un bu-
reau de placement où les domestiques trouvent des
gages inférieurs pour des exigences plus grandes. Les
intéressées se mettent ainsi hors du contrôle et des
exigences des syndicats de la profession.
Certes les syndicats ne sont pas tendres pour
les maîtres. Mais aux Etats-Unis aucun syndicat
n'est tendre pour les patrons, ceux-ci ne faisant ja-
mais preuve de tendresse à l'égard de leurs em-
ployés des deux sexes. C'est une question de lutte.
Le droit de sortie régulière, celui de recevoir les
amis à certaines heures, la limitation des heures de
travail en semaine, le repos pendant une partie des
Dimanches, etc., sont autant d'exigences que l'absence
de justice à l'égard de ces travailleurs de famille a
fait établir en règles immuables. Cependant les syn-
dicats vont quelquefois un peu loin. Je vais en citer
un curieux exemple qui englobe, dans sa morale,
non seulement les agissements d'un bureau corpor-
tatif, mais encore l'arbitraire d'une justice trop sou-
vent aux ordres des plus forts.
En l'état, il s'agit d'un tribunal, Central Sta-
tion, de Pittsburg, qui est une grande ville puis-
qu'elle compte dans les environs de 400.000 habi-
tants, où un policeman vient d'amener un grand
diable qu'il a arrêté sans raison, sans mandat, sans
plainte chez une demoiselle Hall qui l'employait
comme domestique à tous les travaux de la maison.
C'était, en quelque sorte, la "bonne à tout faire". Et
la scène suivante se déroula.
— Qu'est-ce que c'est que celui-là, interrogea
le juge.
— Une personne suspecte, répondit gravement
le policeman.
-- Qu'est-ce que vous avez à répondre? Fit sé-
vèrement le magistrat au prévenu qui avait nom
Chester.
Celui-ci aurait pu demander d'abord, pour pou-
voir y répondre, de quoi il était accusé, et en vertu
de quel mandat ou de quel article du code il avait
été appréhendé devant ses fourneaux, arrêté comme
un cambrioleur. Mais Chester manquait peut-être
d'intelligence ou de courage, ou, peut-être, sachant
la puissance d'un juge et d'un policeman qu'on n'a
pas payé, se montra-t-il simplement prudent. Quoiqu'il
en soit, il dit de suite ce qu'il pensait:
- Votre honneur, c'est un outrage gratuit que
d'avoir été arrêté à cause de 1',,Union des Filles
Servantes" qui pense que les hommes n'ont aucun
droit au travail des domestiques. Depuis qu'elle
(l'Union) me sait en place, elle me traque comme
une bête. J'ai été arrêté sans raison, à mon travail
chez ma maîtresse, par ce policeman qui ne m'a dit
qu'une chose, de laisser mon tablier et de le suivre.
Et c'est pour cela que je suis ici".
Dans cette république de liberté et d'indépen-
dance il est ainsi possible à un policeman quelcon-
que, sans mandat d'aucun supérieur, d'aucun ma-
gistrat, de se rendre chez un citoyen, en l'état une
citoyenne, d'y pénétrer en violant de domicile privé,
de mettre la main au collet du domestique simple-
ment parce qu'il est domestique, et de lui dire:
,,Venez avec moi au poste de police et au tri-
bunal"
Le juge répondit en plaisantant, ce qui est
souvent la façon de répondre des juges améri-
cains:
- - Bien, je crois que je vais vous donner une
autre" place"; vous serez très bien au Work-house,
pendant quatre-vingt dix jours, et on vous y ap-
prendra à faire un autre travail que celui de la
cuisine"
On mena en prison le pauvre domestique, avec
trois mois de travaux forcés et un casier judiciaire,
pour avoir fait honnêtement son travail à une place
généralement—mais pas absolument tenue par des
femmes, parce que peut-être l'amie du policeman en
question, membre de ,,1'Union des Filles Servantes",
étant sans travail, était mécontente de voir, à une
bonne place qu'elle aurait pu avoir elle-même, un
homme qui n'avait rien à faire avec son union.
Ah! l'étrange liberté dont jouissent parfois les
citoyens au pays d'Oncle Sam!
Emile Deschamps
FIN.
La question polonaise
Elle est, sans aucun doute, infiniment complexe,
mais il ne s'en suit pas qu'elle doive être considérée,
du point de vue russe comme une sorte d'obstacle
insurmontable à l'œuvre slave générale.
Ce qui en rend la solution très difficile, ce n'est
pas l'opposition de la race russe et de la race polo-
naise. Cette opposition là existe, mais elle est aisé-
ment surmontable. Si elle constituait l'unique facteur
du problème, il y a longtemps déjà que les Polonais
auraient pris dans le monde slave la place impor-
tante qui leur revient et que, dans le grand
conflit qui se dessine avec le Germanisme, ils
seraient résolument à l'avant-garde de leurs frères
de race.
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