Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-04-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 avril 1913 27 avril 1913
Description : 1913/04/27 (A4,T11,N79). 1913/04/27 (A4,T11,N79).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480646
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
258
obsède la diplomatie allemande. Le problème du
Maroc n'était pas plus urgent en 1904 qu'en 1895, et
cependant il n'a eu qu'à se poser d'une certaine ma-
nière pour risquer de mettre deux fois le feu à l'Eu-
rope, et pour amener en quelques années la li-
quidation de la souveraineté chérifienne. Il est inutile
de dire que personne ne s'avise de comparer l'Au-
triche-Hongrie avec l'Inde, l'Angola ou le Moghreb,
et je n'ai cité ces exemples que pour montrer la fas-
cination exercée par une question quelconque sur la
diplomatie européenne, dès qu'une grande catastrophe
ou une opération fructueuse apparaissent tout-à-coup,
à l'espit logique des théoriciens et à l'esprit
simpliste des foules, comme des possibilités de
demain. A tort ou à raison, la crise austro-hon-
groise exercerait une fascination pareille, et par le
fait seul que tous les appétits s'éveilleraient, que tou-
tes les combinaisons possibles seraient échafaudées,
il y aurait pour chaque groupe de Puissances une
position à prendre.
Telle est l'hypothèse où l'Autriche-Hongrie reste-
rait obstinément fidèle à cette direction du Drang
nach Osten qu'elle a reçue de Bismarck. On peut
supposer le contraire, et imaginer qu'elle se donnera
quelque autre mission. Quelle serait cette mission,
quelles chances le gouvernement de Vienne aurait-il
de la mener à bien? Ce sont là des questions qu'il
serait oiseux de discuter in abstracto. Le réveil poli-
tique d'un Etat ne dépend pas de forces mécaniques
sur lesquelles on puisse raisonner à la façon des
physiciens ou des économistes. Il dépend avant tout
des hommes qui exercent le pouvoir, et c'est pour-
quoi il échappe, comme tous les coups de génie, à
ces prévisions par lesquelles la médiocrité des intel-
ligences croit gouverner la médiocrité des événe-
ments.
Une seule chose est certaine: c'est que si l'Au-
triche, irrésistible sur les Alpes, redoutable quand
elle le voudra dans la Méditerranée, se lançait réso-
lument avec toutes ses forces à la poursuite d'un
idéal nouveau, toutes les Puissances européennes se-
raient obligées de changer leurs plans.
Ainsi la clef de l'avenir se trouve peut-être à
Vienne. Des observateurs avisés, des Allemands par
exemple, prétendent qu'elle y restera enfouie et que
tout se passera dans l'Europe centrale comme si rien
ne s'était passé dans les Balkans. Ils en concluent
qu'un jour ou l'autre la monarchie dualiste subira de
rudes épreuves. Cela m'a donné l'idée de relire, dans
l'Esprit des Lois de Montesquieu, le livre IX qui
est consacré à la force défensive des Etats. Il se ter-
mine par une réflexion qui inspirera peut-être aux
lecteurs de la Revue Contemporaine quelque indul-
gence pour ce trop long article. La voici:
"Lorsqu'on a pour voisin un Etat qui est dans
sa décadence, on doit bien se garder de hâter sa
ruine, parce qu'on est à cet égard dans la situation
la plus heureuse où l'on puisse être, n'y ayant rien
de si commode pour un prince que d'être auprès
d'un autre qui reçoit pour lui tous les coups et tous
les outrages de la fortune. Et il est rare que, par la
conquête d'un pareil Etat, on augmente autant en
puissance réelle qu'on a perdu en puissance rela-
tive"
Jean Herbette
---- ——� ———————
Le commerce extérieur
de la Perse
(Suite1)
X. Mouvement commercial sur notre Frontière.
Sur la frontière de terre, le trafic se fait par
toute une série de points de la frontière du Cau-
case, parmi lesquels les plus importants sont Djoulfa
et Astara, et de la frontière transcaspienne, parmi
lesquels sont les douanes de Gaoudansk, Ashabad et
Douchak. Puis, l'importation et l'exportation se font
par les ports de Perse. Enfin, nos ports de la Cas-
pienne: Lencoran, Bakou, Pétrovsk, Astrakhan et
Krasnovodsk facilitent le commerce avec la Perse. Le
trafic le plus important a lieu par les ports persans
de la Caspienne.
Entre Astara et Atrek nos navires fréquentent
plus de 60 localités, parmi lesquelles l'Astara persane,
Enzéli, Langhéroud, Roudécer, Chahsouvar, Méché-
décer, Bender Ghiaz sont régulièrement visités; quant
aux autres localités, nos bateaux s'y rendent en cas
de besoin. Nos navires font non seulement le trafic
entre la Perse et la Russie, mais aussi entre les ports
de la Caspienne.
Bien que, d'après le traité de Tourkmentchaï, les
sujets persans aient le droit de faire le commerce
avec leurs navires par la Caspienne, ils ont si peu
le goût des grandes entreprises de navigation que la
communication par bateaux le long de la côte persane
est presque entièrement entre nos mains.
Les Persans se contentent de naviguer sur de
petits bateaux à voiles, dont le type varie depuis les
kirjimes d'Astara, à fond tout à fait plat, jusqu'aux
bateaux turkmènes de la baie d'Astérabad. Mais ils
ne s'aventurent pas sur ces bateaux au delà de la
rade ou des points les plus proches, et ils ne se ris-
queraient même pas à faire le trajet de la baie
d'Astérabad à Tchéléken. Dans chacun des ports où
s'effectue le déchargement des vapeurs il y a de dix
à vingt barques.
Le total de nos navires entrés dans les ports de
Perse s'est élevé à 2.542 en 1909-1910; il était de
2.209 en 1908--1909 et de 1.991 en 1907-1908. On
voit que la navigation se développe progressivement
sur la côte persane. La plupart des vapeurs appar-
tiennent à la Société Orientale, à la société ,Caucase
') Voir le Ns 78 de la "Revue Contemporaine".
obsède la diplomatie allemande. Le problème du
Maroc n'était pas plus urgent en 1904 qu'en 1895, et
cependant il n'a eu qu'à se poser d'une certaine ma-
nière pour risquer de mettre deux fois le feu à l'Eu-
rope, et pour amener en quelques années la li-
quidation de la souveraineté chérifienne. Il est inutile
de dire que personne ne s'avise de comparer l'Au-
triche-Hongrie avec l'Inde, l'Angola ou le Moghreb,
et je n'ai cité ces exemples que pour montrer la fas-
cination exercée par une question quelconque sur la
diplomatie européenne, dès qu'une grande catastrophe
ou une opération fructueuse apparaissent tout-à-coup,
à l'espit logique des théoriciens et à l'esprit
simpliste des foules, comme des possibilités de
demain. A tort ou à raison, la crise austro-hon-
groise exercerait une fascination pareille, et par le
fait seul que tous les appétits s'éveilleraient, que tou-
tes les combinaisons possibles seraient échafaudées,
il y aurait pour chaque groupe de Puissances une
position à prendre.
Telle est l'hypothèse où l'Autriche-Hongrie reste-
rait obstinément fidèle à cette direction du Drang
nach Osten qu'elle a reçue de Bismarck. On peut
supposer le contraire, et imaginer qu'elle se donnera
quelque autre mission. Quelle serait cette mission,
quelles chances le gouvernement de Vienne aurait-il
de la mener à bien? Ce sont là des questions qu'il
serait oiseux de discuter in abstracto. Le réveil poli-
tique d'un Etat ne dépend pas de forces mécaniques
sur lesquelles on puisse raisonner à la façon des
physiciens ou des économistes. Il dépend avant tout
des hommes qui exercent le pouvoir, et c'est pour-
quoi il échappe, comme tous les coups de génie, à
ces prévisions par lesquelles la médiocrité des intel-
ligences croit gouverner la médiocrité des événe-
ments.
Une seule chose est certaine: c'est que si l'Au-
triche, irrésistible sur les Alpes, redoutable quand
elle le voudra dans la Méditerranée, se lançait réso-
lument avec toutes ses forces à la poursuite d'un
idéal nouveau, toutes les Puissances européennes se-
raient obligées de changer leurs plans.
Ainsi la clef de l'avenir se trouve peut-être à
Vienne. Des observateurs avisés, des Allemands par
exemple, prétendent qu'elle y restera enfouie et que
tout se passera dans l'Europe centrale comme si rien
ne s'était passé dans les Balkans. Ils en concluent
qu'un jour ou l'autre la monarchie dualiste subira de
rudes épreuves. Cela m'a donné l'idée de relire, dans
l'Esprit des Lois de Montesquieu, le livre IX qui
est consacré à la force défensive des Etats. Il se ter-
mine par une réflexion qui inspirera peut-être aux
lecteurs de la Revue Contemporaine quelque indul-
gence pour ce trop long article. La voici:
"Lorsqu'on a pour voisin un Etat qui est dans
sa décadence, on doit bien se garder de hâter sa
ruine, parce qu'on est à cet égard dans la situation
la plus heureuse où l'on puisse être, n'y ayant rien
de si commode pour un prince que d'être auprès
d'un autre qui reçoit pour lui tous les coups et tous
les outrages de la fortune. Et il est rare que, par la
conquête d'un pareil Etat, on augmente autant en
puissance réelle qu'on a perdu en puissance rela-
tive"
Jean Herbette
---- ——� ———————
Le commerce extérieur
de la Perse
(Suite1)
X. Mouvement commercial sur notre Frontière.
Sur la frontière de terre, le trafic se fait par
toute une série de points de la frontière du Cau-
case, parmi lesquels les plus importants sont Djoulfa
et Astara, et de la frontière transcaspienne, parmi
lesquels sont les douanes de Gaoudansk, Ashabad et
Douchak. Puis, l'importation et l'exportation se font
par les ports de Perse. Enfin, nos ports de la Cas-
pienne: Lencoran, Bakou, Pétrovsk, Astrakhan et
Krasnovodsk facilitent le commerce avec la Perse. Le
trafic le plus important a lieu par les ports persans
de la Caspienne.
Entre Astara et Atrek nos navires fréquentent
plus de 60 localités, parmi lesquelles l'Astara persane,
Enzéli, Langhéroud, Roudécer, Chahsouvar, Méché-
décer, Bender Ghiaz sont régulièrement visités; quant
aux autres localités, nos bateaux s'y rendent en cas
de besoin. Nos navires font non seulement le trafic
entre la Perse et la Russie, mais aussi entre les ports
de la Caspienne.
Bien que, d'après le traité de Tourkmentchaï, les
sujets persans aient le droit de faire le commerce
avec leurs navires par la Caspienne, ils ont si peu
le goût des grandes entreprises de navigation que la
communication par bateaux le long de la côte persane
est presque entièrement entre nos mains.
Les Persans se contentent de naviguer sur de
petits bateaux à voiles, dont le type varie depuis les
kirjimes d'Astara, à fond tout à fait plat, jusqu'aux
bateaux turkmènes de la baie d'Astérabad. Mais ils
ne s'aventurent pas sur ces bateaux au delà de la
rade ou des points les plus proches, et ils ne se ris-
queraient même pas à faire le trajet de la baie
d'Astérabad à Tchéléken. Dans chacun des ports où
s'effectue le déchargement des vapeurs il y a de dix
à vingt barques.
Le total de nos navires entrés dans les ports de
Perse s'est élevé à 2.542 en 1909-1910; il était de
2.209 en 1908--1909 et de 1.991 en 1907-1908. On
voit que la navigation se développe progressivement
sur la côte persane. La plupart des vapeurs appar-
tiennent à la Société Orientale, à la société ,Caucase
') Voir le Ns 78 de la "Revue Contemporaine".
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