Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-04-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 13 avril 1913 13 avril 1913
Description : 1913/04/13 (A4,T11,N77). 1913/04/13 (A4,T11,N77).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248062c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 13 AVRIL 1913 N2 77
Editorial
i) Avril igij
A travers tous les pays slaves et grecs, les clo-
ches égrènent leurs carillons d'allégresse. Depuis les
mers encore carapaçonnées de glace jusqu'au bleu
divin de la Mer Egée et de l'Adriatique, les cloches
sonnent et bourdonnent pour annoncer la grande
Fête de la Résurrection.
Il est des pays pour lesquels, cette année, le mot
tout mystique et céleste de "Résurrection" descend
des hauteurs où il resplendit: il revêt une significa-
tion palpable; il devient une réalité terrestre. Car il
y a des pays qui ressuscitent, qui, pour la première
fois depuis des siècles, entendent librement, dans un
ciel enfin libre, résonner les cloches de Pâques. La
Macédoine est rendue à la vie. Elle a lentement
gravi son calvaire historique, les pieds ensanglantés,
le front endolori de séculaires épines. Elle est restée
la nation crucifiée, clouée aux Balkans, tandis que
des soldats inconscients se partageaient ses dépouil-
les et que des politiciens s'en lavaient les mains,
dans de lointaines Chancelleries. L'histoire avait
réservé à la Macédoine le terrifiant honneur d'une
„ Passion" nationale.
Encore tout lacéré, hanté de tragiques souvenirs,
le pays martyr surgit du sépulcre turc. De fraternel-
les armées ont repoussé les lourdes dalles qui op-
pressaient sa poitrine. Elles rassurent de leurs glai-
ves victorieux les pas timides d'une nation épuisée
par la souffrance. Les horizons balayés sont divine-
ment purs. L'air est léger. La lumière reconquise
s'éploie comme une bénédiction. Et les cloches de
Pâques chantent la victoire de la vie sur la mort, la
résurrection du Christ, la résurrection nationale.
Dans les hameaux labourés de schrapnels, dans
les villages ravagés par la lutte, des paysans, des
paysannes, écoutent, les yeux dilatés par l'extase,
chanter les chœurs victorieux. Depuis des siècles ils
n'ont pas cessé de frémir de confuse espérance, de
foi inextinguible, aux carillons de Pâques qui rap-
pelaient leur lien avec des pays jadis esclaves, escla-
1
ves comme eux, et devenus libres. Depuis des siècles
ils ont attendu l'heure de la revanche, l'heure du sa-
lut. Et aux vieux paysans, dont pas un n'échappe à
d'odieuses hallucinations, qui, tous ont eu un gars
trop fier massacré et une fille trop belle immonde-
ment violée, il semble vraiment qu'avec le Christ la
Macédoine ressuscite.
Jamais, dans l'histoire slave, les cloches des vil-
lages n'ont résonné avec plus d'allégresse; et, pour
ceux qui savent démêler, dans la voix d'un cuivre de-
puis trop longtemps condamné au silence, les pro-
messes augustes de la race, il y a, dans les caril-
lons de ces cloches, les premiers murmures d'une
émancipation intégrale.
Pâques dans l'Ancienne Russie
et les traditions populaires
Le "Grand jour de la Claire Résurrection du
Christ" est arrivé, et toute la Sainte Russie s'apprête
à le fêter joyeusement. Dans la pensée du vieux
monde pravoslave, ce jour-là, la nature inanimée,
sympathise, elle aussi, à la joie des Croyants. A
l'Orient l'horizon, l'endroit "où les cieux s'inclinent"
pour traduire littéralement le joli mot russe, est plus
rose, plus rouge et le soleil même frémit joyeuse-
ment. C'est le "Grand jour", que le monde russe,
depuis le littoral du Pacifique et de l'Océan Glacial
jusqu'à la Mer Noire et au versant hongrois des Car-
pathes, appelle tout simplement Pâques; et la tradi-
tion ajoute, pour affirmer la grandeur et la sain-
teté de la fête, que, pendant les huits jours qui sui-
vent la Résurrection du Christ, le soleil ne se couche
pas. C'est pourquoi le "Grand jour" est égal à huit
jours ordinaires.
*
* *
"Moscout.,--a dit Pouchkine,—combien de cho-
ses se sont fondues dans ce son pour le cœur russe;
combien ont eu ici leur écho!. Pour pénétrer le
sens de Pâques dans l'âme russe, tournons-nous
donc vers l'antique Moscou, vers les Pâques mosco-
vites du XVIIe siècle.
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 13 AVRIL 1913 N2 77
Editorial
i) Avril igij
A travers tous les pays slaves et grecs, les clo-
ches égrènent leurs carillons d'allégresse. Depuis les
mers encore carapaçonnées de glace jusqu'au bleu
divin de la Mer Egée et de l'Adriatique, les cloches
sonnent et bourdonnent pour annoncer la grande
Fête de la Résurrection.
Il est des pays pour lesquels, cette année, le mot
tout mystique et céleste de "Résurrection" descend
des hauteurs où il resplendit: il revêt une significa-
tion palpable; il devient une réalité terrestre. Car il
y a des pays qui ressuscitent, qui, pour la première
fois depuis des siècles, entendent librement, dans un
ciel enfin libre, résonner les cloches de Pâques. La
Macédoine est rendue à la vie. Elle a lentement
gravi son calvaire historique, les pieds ensanglantés,
le front endolori de séculaires épines. Elle est restée
la nation crucifiée, clouée aux Balkans, tandis que
des soldats inconscients se partageaient ses dépouil-
les et que des politiciens s'en lavaient les mains,
dans de lointaines Chancelleries. L'histoire avait
réservé à la Macédoine le terrifiant honneur d'une
„ Passion" nationale.
Encore tout lacéré, hanté de tragiques souvenirs,
le pays martyr surgit du sépulcre turc. De fraternel-
les armées ont repoussé les lourdes dalles qui op-
pressaient sa poitrine. Elles rassurent de leurs glai-
ves victorieux les pas timides d'une nation épuisée
par la souffrance. Les horizons balayés sont divine-
ment purs. L'air est léger. La lumière reconquise
s'éploie comme une bénédiction. Et les cloches de
Pâques chantent la victoire de la vie sur la mort, la
résurrection du Christ, la résurrection nationale.
Dans les hameaux labourés de schrapnels, dans
les villages ravagés par la lutte, des paysans, des
paysannes, écoutent, les yeux dilatés par l'extase,
chanter les chœurs victorieux. Depuis des siècles ils
n'ont pas cessé de frémir de confuse espérance, de
foi inextinguible, aux carillons de Pâques qui rap-
pelaient leur lien avec des pays jadis esclaves, escla-
1
ves comme eux, et devenus libres. Depuis des siècles
ils ont attendu l'heure de la revanche, l'heure du sa-
lut. Et aux vieux paysans, dont pas un n'échappe à
d'odieuses hallucinations, qui, tous ont eu un gars
trop fier massacré et une fille trop belle immonde-
ment violée, il semble vraiment qu'avec le Christ la
Macédoine ressuscite.
Jamais, dans l'histoire slave, les cloches des vil-
lages n'ont résonné avec plus d'allégresse; et, pour
ceux qui savent démêler, dans la voix d'un cuivre de-
puis trop longtemps condamné au silence, les pro-
messes augustes de la race, il y a, dans les caril-
lons de ces cloches, les premiers murmures d'une
émancipation intégrale.
Pâques dans l'Ancienne Russie
et les traditions populaires
Le "Grand jour de la Claire Résurrection du
Christ" est arrivé, et toute la Sainte Russie s'apprête
à le fêter joyeusement. Dans la pensée du vieux
monde pravoslave, ce jour-là, la nature inanimée,
sympathise, elle aussi, à la joie des Croyants. A
l'Orient l'horizon, l'endroit "où les cieux s'inclinent"
pour traduire littéralement le joli mot russe, est plus
rose, plus rouge et le soleil même frémit joyeuse-
ment. C'est le "Grand jour", que le monde russe,
depuis le littoral du Pacifique et de l'Océan Glacial
jusqu'à la Mer Noire et au versant hongrois des Car-
pathes, appelle tout simplement Pâques; et la tradi-
tion ajoute, pour affirmer la grandeur et la sain-
teté de la fête, que, pendant les huits jours qui sui-
vent la Résurrection du Christ, le soleil ne se couche
pas. C'est pourquoi le "Grand jour" est égal à huit
jours ordinaires.
*
* *
"Moscout.,--a dit Pouchkine,—combien de cho-
ses se sont fondues dans ce son pour le cœur russe;
combien ont eu ici leur écho!. Pour pénétrer le
sens de Pâques dans l'âme russe, tournons-nous
donc vers l'antique Moscou, vers les Pâques mosco-
vites du XVIIe siècle.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6248062c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6248062c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6248062c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6248062c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6248062c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6248062c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6248062c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest