Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 février 1913 23 février 1913
Description : 1913/02/23 (A4,T11,N69)- (A4,T11,N70). 1913/02/23 (A4,T11,N69)- (A4,T11,N70).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480557
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
111
Les semences jetées au sillon des terres slaves
par la génération de l'Empereur Nicolas et de Kho-
miakoff ont donné une royale moisson à la généra-
tion suivante, guidée par le grand Souverain que les
peuples balkaniques appellent, avec une inimitable
tendresse, leur „Tzar-Libérateur".
Skobeleff a été, pendant ces journées historiques,
le porteur de l'étincelle divine, le favori de la nation.
C'est alors, sous nos yeux, que sont nés l'Etat bul-
gare et la Serbie, définitivement libre.
La prophétie de Khomiakoff s'est accomplie, elle
nous donne l'espoir et le droit d'attendre et d'appeler
de tous nos vœux de nouveaux triomphes de l'aigle
national qui plane, maintenant, dans le ciel slave,
suivi de tout un cortège de ses aiglons.
C'est de ces aiglons que notre aïeul spirituel,
Khomiakoff, a parlé dans des vers inspirés par un
éternel élan:
"Aiglons croissez, aux heures prochaines
Une serre terrible vous viendra,
D'un bec de fer brisez vos chaînes,
Et l'Aigle aux cieux vous appellera".
Alexandre Basehmakolf
- --- ---- - ._-_---
La conscience nationale russe, la force
russe et l'idée d'autocratie
L'idée d'autocratie heurte vivement toutes nos
conceptions occidentales. Comment pourrait-il en être
autrement quand elle apparaît comme une idée essen-
tiellement russe que seul un long et patient examen
de l'histoire russe dans ses périodes les plus recu-
lées peut éclairer de quelque lumière, que seule une
connaissance, plutôt même une certaine assimilation
de l'âme russe peut rendre sensible à notre intelli-
gence? Pour l'Europe, l'idée d'autocratie aura tou-
jours été et sera probablement toujours l'idée du des-
potisme brutal, de la puissance monarchique illimi-
tée, le règne du bon plaisir. Je ne prétends pas, en
quelques lignes fugitives, redresser cette erreur. Il
faudrait tout un ouvrage pour en démontrer pas à
pas, à travers l'évolution historique de la Russie,
l'inexactitude flagrante, absolue.
Je voudrais seulement ici, par quelques remar-
ques particulièrement frappantes, souligner l'incom-
patibilité radicale qui existe entre l'idée d'autocratie
telle qu'on la comprend en général en Europe et
l'idée nationale russe. Je voudrais seulement, sans
avoir aucunement la prétention d'esquisser un essai
de philosophie historique ou sociale, amener le lec-
teur français, non peut-être à comprendre, mais au
moins à sentir combien sa conception de l'idée
d'autocratie est mesquine en face de l'idée nationale
russe et à entrevoir au delà, même sous les con-
tours les plus imprécis, l'immense horizon russe qui
presque toujours se dérobe à ses yeux.
Nous avons le tort de vouloir nous obstiner à
faire rentrer coûte que coûte la Russie, l'histoire de
son peuple, le génie de sa race dans les cadres occi-
dentaux qui nous sont familiers. C'est à ce système
qu'ont été forgées presque toutes les idées — le plus
souvent aussi parfaitement inexactes que nettes et
tranchantes — que nous entendons exprimer sur le
compte du vaste Empire allié.
Nous sentons confusément la force colossale de
cet Empire, en regardant les cartes géographiques, en
examinant les statistiques qui nous disent le chiffre
énorme de sa population; mais nous ne comprenons
pas cette force et, à la moindre défaillance de surface, ;
à la moindre faiblesse qui apparaît, nous voyons
chanceler tout l'ensemble de l'édifice et quand, le
lendemain, nous le retrouvons debout, exactement
dans la même situation, nous en sommes réduits à
douter de sa réalité.
Quand la Russie traverse des difficultés finan-
cières, nous la voyons à la banqueroute, et le lende-
main nous ne pouvons pas croire à sa richesse
parce que nous avons ignoré ses ressources.
Quand ses armées subissent un échec, nous en-
registrons une déroute et nous sommes confondus
de voir à quelque temps de là la Russie vaincue à
la tête des mêmes armées qu'à la veille de la ba-
taille et son ennemi victorieux épuisé, vaincu dans
sa victoire.
Nous apprenons une émeute dans une région ou
même dans plusieurs à la fois. Nous notons aussi-
tôt une révolution: nous en attendons avec fièvre les
premiers résultats et nous n'en entendons plus ja-
mais parler.
On nous dit que la Russie possède une Douma,
mais qu'elle est gouvernée par un autocrate. Par-
tout, à quelque page que nous ouvrions le grand
livre de son histoire, la Russie nous déconcerte tou-
jours et, dans les pages où nous nous efforçons de
la saisir, elle prend comme un plaisir à se dérober
à nos efforts et à les rendre superflus.
La force russe échappe à nos investigations.
L'idée nationale russe demeure enveloppée de
mystère à nos yeux. L'autocratie est un mot qui ne
peut trouver place dans le dictionnaire de nos usages
politiques et sociaux.
Et pourtant, si nous remontons à l'origine de la
dynastie qui célèbre aujourd'hui son Tricentenaire,
nous trouverons la racine profonde de la force du
peuple russe et du pouvoir de son Tsar.
Il y a trois cents ans le jeune boïar Michel
Féodorovitch Romanoff, l'enfant élu tsar par Moscou,
était traqué par les Polonais dans la région de
Kostroma.
La Russie épuisée, rongée par l'épidémie et l'en-
vahisseur, était à l'agonie.
Au petit village de Dérévienki l'enfant tsar est
Les semences jetées au sillon des terres slaves
par la génération de l'Empereur Nicolas et de Kho-
miakoff ont donné une royale moisson à la généra-
tion suivante, guidée par le grand Souverain que les
peuples balkaniques appellent, avec une inimitable
tendresse, leur „Tzar-Libérateur".
Skobeleff a été, pendant ces journées historiques,
le porteur de l'étincelle divine, le favori de la nation.
C'est alors, sous nos yeux, que sont nés l'Etat bul-
gare et la Serbie, définitivement libre.
La prophétie de Khomiakoff s'est accomplie, elle
nous donne l'espoir et le droit d'attendre et d'appeler
de tous nos vœux de nouveaux triomphes de l'aigle
national qui plane, maintenant, dans le ciel slave,
suivi de tout un cortège de ses aiglons.
C'est de ces aiglons que notre aïeul spirituel,
Khomiakoff, a parlé dans des vers inspirés par un
éternel élan:
"Aiglons croissez, aux heures prochaines
Une serre terrible vous viendra,
D'un bec de fer brisez vos chaînes,
Et l'Aigle aux cieux vous appellera".
Alexandre Basehmakolf
- --- ---- - ._-_---
La conscience nationale russe, la force
russe et l'idée d'autocratie
L'idée d'autocratie heurte vivement toutes nos
conceptions occidentales. Comment pourrait-il en être
autrement quand elle apparaît comme une idée essen-
tiellement russe que seul un long et patient examen
de l'histoire russe dans ses périodes les plus recu-
lées peut éclairer de quelque lumière, que seule une
connaissance, plutôt même une certaine assimilation
de l'âme russe peut rendre sensible à notre intelli-
gence? Pour l'Europe, l'idée d'autocratie aura tou-
jours été et sera probablement toujours l'idée du des-
potisme brutal, de la puissance monarchique illimi-
tée, le règne du bon plaisir. Je ne prétends pas, en
quelques lignes fugitives, redresser cette erreur. Il
faudrait tout un ouvrage pour en démontrer pas à
pas, à travers l'évolution historique de la Russie,
l'inexactitude flagrante, absolue.
Je voudrais seulement ici, par quelques remar-
ques particulièrement frappantes, souligner l'incom-
patibilité radicale qui existe entre l'idée d'autocratie
telle qu'on la comprend en général en Europe et
l'idée nationale russe. Je voudrais seulement, sans
avoir aucunement la prétention d'esquisser un essai
de philosophie historique ou sociale, amener le lec-
teur français, non peut-être à comprendre, mais au
moins à sentir combien sa conception de l'idée
d'autocratie est mesquine en face de l'idée nationale
russe et à entrevoir au delà, même sous les con-
tours les plus imprécis, l'immense horizon russe qui
presque toujours se dérobe à ses yeux.
Nous avons le tort de vouloir nous obstiner à
faire rentrer coûte que coûte la Russie, l'histoire de
son peuple, le génie de sa race dans les cadres occi-
dentaux qui nous sont familiers. C'est à ce système
qu'ont été forgées presque toutes les idées — le plus
souvent aussi parfaitement inexactes que nettes et
tranchantes — que nous entendons exprimer sur le
compte du vaste Empire allié.
Nous sentons confusément la force colossale de
cet Empire, en regardant les cartes géographiques, en
examinant les statistiques qui nous disent le chiffre
énorme de sa population; mais nous ne comprenons
pas cette force et, à la moindre défaillance de surface, ;
à la moindre faiblesse qui apparaît, nous voyons
chanceler tout l'ensemble de l'édifice et quand, le
lendemain, nous le retrouvons debout, exactement
dans la même situation, nous en sommes réduits à
douter de sa réalité.
Quand la Russie traverse des difficultés finan-
cières, nous la voyons à la banqueroute, et le lende-
main nous ne pouvons pas croire à sa richesse
parce que nous avons ignoré ses ressources.
Quand ses armées subissent un échec, nous en-
registrons une déroute et nous sommes confondus
de voir à quelque temps de là la Russie vaincue à
la tête des mêmes armées qu'à la veille de la ba-
taille et son ennemi victorieux épuisé, vaincu dans
sa victoire.
Nous apprenons une émeute dans une région ou
même dans plusieurs à la fois. Nous notons aussi-
tôt une révolution: nous en attendons avec fièvre les
premiers résultats et nous n'en entendons plus ja-
mais parler.
On nous dit que la Russie possède une Douma,
mais qu'elle est gouvernée par un autocrate. Par-
tout, à quelque page que nous ouvrions le grand
livre de son histoire, la Russie nous déconcerte tou-
jours et, dans les pages où nous nous efforçons de
la saisir, elle prend comme un plaisir à se dérober
à nos efforts et à les rendre superflus.
La force russe échappe à nos investigations.
L'idée nationale russe demeure enveloppée de
mystère à nos yeux. L'autocratie est un mot qui ne
peut trouver place dans le dictionnaire de nos usages
politiques et sociaux.
Et pourtant, si nous remontons à l'origine de la
dynastie qui célèbre aujourd'hui son Tricentenaire,
nous trouverons la racine profonde de la force du
peuple russe et du pouvoir de son Tsar.
Il y a trois cents ans le jeune boïar Michel
Féodorovitch Romanoff, l'enfant élu tsar par Moscou,
était traqué par les Polonais dans la région de
Kostroma.
La Russie épuisée, rongée par l'épidémie et l'en-
vahisseur, était à l'agonie.
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