Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 février 1913 16 février 1913
Description : 1913/02/16 (A4,T11,N68). 1913/02/16 (A4,T11,N68).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248054t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI lU FÉVRIER 1913 ? 68
Editorial
16 Février igij
La tension qui se manifeste actuellement dans
les rapports roumano bulgares est certainement un
des événements les plus déplorables que l'on ait à
enregister.
Sans doute, les pourparlers entre le prince Ghika
et les plénipotentiaires bulgares Saravof et Danef
n'ont pas été rompus, comme on avait pu le craindre
un moment; mais ils se poursuivent sans donner
aucun résultat et il est à redouter que même une
médiation éventuelle des puissances ne puisse conj u-
rer un conflit, si le cabinet de Bucarest persiste dans
le point de vue intransigeant qui est actuellement le
sien.
Les concessions faites par les Bulgares attestent,
pourtant, de leur part, un réel et sincère désir d'é-
tablir pour l'avenir des relations de bon voisinage et
d'amitié avec la Roumanie et ils ont prouvé à l'Eu-
rope d'une façon indiscutable qu'ils étaient prêts à
payer ces relations d'un lourd sacrifice, témoignant
ainsi de la haute importance qu'ils leur donnaient.
Le gouvernement du Tsar Ferdinand a consenti
à céder aux Roumains la clef militaire de Silistrie,
Medjédétabia; il a consenti au profit de la Roumanie
à une rectification de frontière supprimant les deux
angles faits aujourd'hui par le territoire bulgare dans
la Dobroudja roumaine; cette rectification entraîne
une cession à la Roumanie de trente villages essen-
tiellement bulgares.
En troisième lieu, sur la mer Noire, le gouver-
nement bulgare a accepté de céder à la Roumanie
un triangle ayant pour base la mer Noire, de la fron-
tière roumaine au golfe Kartal. La Roumanie gagne-
rait ainsi dix kilomètres de côte et pourrait ainsi
faire de son port de Mangolia un port militaire de
premier ordre qui pourrait concourir avec n'importe
quel port actuel sur le mer Noire.
Enfin, le gouvernement bulgare autorise le gou-
vernement roumain à construire un second pont
sur le Danube là où il le voudra, même en face de
Silistrie s'il le désire. Ce n'est pas tout: le gouverne-
ment bulgare laisse le gouvernement roumain libre
de procéder tout le long de la frontière roumano-
bulgare à l'établissement de tous les ouvrages mili-
taires qu'il jugera à propos et prend l'engagement de
ne pas fortifier cette frontière du côté bulgare.
D'autre part, le gouvernement bulgare accorde
l'autonomie scolaire et ecclésiastique aux Koutsovala-
ques en Macédoine.
Ces concessions ne sont pas seulement impor-
tantes; elles sont considérables, aux yeux du moins
de tout observateur impartial. M. le professeur Né-
gulesco, de la faculté de droit de Bucarest, affirme
que "la Roumanie ne demande pas de compensations,
mais ne fait que réclamer une rectification de fron-
tière de la Dobroudja, à laquelle elle a droit d'après
le traité de Berlin (?), dans le but d'assurer la sécu-
rité de son propre territoire".
Il semble que si vraiment le point de vue du
gouvernement roumain était tel, les concessions bul-
gares lui donneraient une satisfaction complète, car,
dans le domaine stratégique, la Roumanie ne peut
espérer plus d'avantages ni de garanties que la
Bulgarie lui en offre.
Malheureusement les prétentions du prince Ghika
qui réclame la ville même de Silistrie et environ 45
kilomètres de côte bulgare sur la mer Noire (jusqu'au
petit port de Kaliakra) donnent un démenti formel
à l'exposé juridique du professeur Négulesco et appa-
raissent, dans la brutalité même de leur intransigeance
et de leur exagération, comme une demande directe
et non déguisée de compensations territoriales. Le
cabinet de Bucarest a mis évidemment un point
d'honneur à s'approprier les procédés qui caractéri-
sent depuis longtemps la diplomatie autrichienne et
il vient à son tour élever la voix au nom d'intérêts
qui ont fui les champs de bataille". Il est soutenu
dans ses exigences par une certaine partie de l'opi-
nion roumaine et il a même commis l'imprudence de
faire de ses revendications actuelles un tremplin de
la politique intérieure roumaine, ce qui est une lourde
erreur. L'opinion publique en Roumanie est loin
d'être inféodée tout entière à l'influence occulte de
VLnne et une grande partie de cette opinion se pro-
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI lU FÉVRIER 1913 ? 68
Editorial
16 Février igij
La tension qui se manifeste actuellement dans
les rapports roumano bulgares est certainement un
des événements les plus déplorables que l'on ait à
enregister.
Sans doute, les pourparlers entre le prince Ghika
et les plénipotentiaires bulgares Saravof et Danef
n'ont pas été rompus, comme on avait pu le craindre
un moment; mais ils se poursuivent sans donner
aucun résultat et il est à redouter que même une
médiation éventuelle des puissances ne puisse conj u-
rer un conflit, si le cabinet de Bucarest persiste dans
le point de vue intransigeant qui est actuellement le
sien.
Les concessions faites par les Bulgares attestent,
pourtant, de leur part, un réel et sincère désir d'é-
tablir pour l'avenir des relations de bon voisinage et
d'amitié avec la Roumanie et ils ont prouvé à l'Eu-
rope d'une façon indiscutable qu'ils étaient prêts à
payer ces relations d'un lourd sacrifice, témoignant
ainsi de la haute importance qu'ils leur donnaient.
Le gouvernement du Tsar Ferdinand a consenti
à céder aux Roumains la clef militaire de Silistrie,
Medjédétabia; il a consenti au profit de la Roumanie
à une rectification de frontière supprimant les deux
angles faits aujourd'hui par le territoire bulgare dans
la Dobroudja roumaine; cette rectification entraîne
une cession à la Roumanie de trente villages essen-
tiellement bulgares.
En troisième lieu, sur la mer Noire, le gouver-
nement bulgare a accepté de céder à la Roumanie
un triangle ayant pour base la mer Noire, de la fron-
tière roumaine au golfe Kartal. La Roumanie gagne-
rait ainsi dix kilomètres de côte et pourrait ainsi
faire de son port de Mangolia un port militaire de
premier ordre qui pourrait concourir avec n'importe
quel port actuel sur le mer Noire.
Enfin, le gouvernement bulgare autorise le gou-
vernement roumain à construire un second pont
sur le Danube là où il le voudra, même en face de
Silistrie s'il le désire. Ce n'est pas tout: le gouverne-
ment bulgare laisse le gouvernement roumain libre
de procéder tout le long de la frontière roumano-
bulgare à l'établissement de tous les ouvrages mili-
taires qu'il jugera à propos et prend l'engagement de
ne pas fortifier cette frontière du côté bulgare.
D'autre part, le gouvernement bulgare accorde
l'autonomie scolaire et ecclésiastique aux Koutsovala-
ques en Macédoine.
Ces concessions ne sont pas seulement impor-
tantes; elles sont considérables, aux yeux du moins
de tout observateur impartial. M. le professeur Né-
gulesco, de la faculté de droit de Bucarest, affirme
que "la Roumanie ne demande pas de compensations,
mais ne fait que réclamer une rectification de fron-
tière de la Dobroudja, à laquelle elle a droit d'après
le traité de Berlin (?), dans le but d'assurer la sécu-
rité de son propre territoire".
Il semble que si vraiment le point de vue du
gouvernement roumain était tel, les concessions bul-
gares lui donneraient une satisfaction complète, car,
dans le domaine stratégique, la Roumanie ne peut
espérer plus d'avantages ni de garanties que la
Bulgarie lui en offre.
Malheureusement les prétentions du prince Ghika
qui réclame la ville même de Silistrie et environ 45
kilomètres de côte bulgare sur la mer Noire (jusqu'au
petit port de Kaliakra) donnent un démenti formel
à l'exposé juridique du professeur Négulesco et appa-
raissent, dans la brutalité même de leur intransigeance
et de leur exagération, comme une demande directe
et non déguisée de compensations territoriales. Le
cabinet de Bucarest a mis évidemment un point
d'honneur à s'approprier les procédés qui caractéri-
sent depuis longtemps la diplomatie autrichienne et
il vient à son tour élever la voix au nom d'intérêts
qui ont fui les champs de bataille". Il est soutenu
dans ses exigences par une certaine partie de l'opi-
nion roumaine et il a même commis l'imprudence de
faire de ses revendications actuelles un tremplin de
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