Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1915-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juin 1915 01 juin 1915
Description : 1915/06/01 (A6,N130)-1915/06/30. 1915/06/01 (A6,N130)-1915/06/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62373600
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
----..----- ------------- ._--"------_ ---------------------
SIXIÈME ANNÉE JUIN 1915 M 130.
La seconde EDITORIAL.
victoire.
La première victoire, la grande victoire de l'Europe f,
sur le militarisme prussien est affaire de patience et de 1
courage. L'intérêt des alliés est trop considérable dans j
la partie qui se joue, la bravoure des soldats qui lut-
tent pour la liberté est trop supérieure, pour qu'elle
fasse aucun doute. L'Allemagne qui a déclaré la guerre
et qui en fait une arme de conquête, peut s'attendre à
des fléchissements, à des fatigues, à des défaillances:
ceux qui ont été attaqués ne redoutent rien et la victoire
pour eux, est purement et simplement-disons le mot-
l'affirmation solennelle du Droit et de la Justice.
A côté de cette victoire, victoire des armes, qui
coûtera tant de sang, il y en a une autre: la victoire
économique. Elle n'est point le plus rude, son héroïsme
en quelque sorte est nul, mais sa portée est incal-
culable.
Quelle sera la situation respective de la Russie et
de l'Allemagne au lendemain de cette guerre? Elle a
son intérêt d'actualité et on aurait tort de ne s'en préoc-
cuper que trop tardivement.
Actuellement, l'Allemagne se rend compte qu'elle
n'asservira ni la Russie, ni la France, ni l'Angleterre;
aussi accepterait-elle une «paix honorable». Elle ne s'en
cache nullement, elle le fait entendre dans les pays
neutres, par l'entremise des comités suspects. Ce qu'elle
veut, c'est son territoire indemne et par dessus tout,
déverser sa marchandise comme par le passé chez ses
voisins en continuant de profiter de tarifs douaniers qui
lui permettent de sortir bénéficiaire, de la sanglante et
monstrueuse aventure dans laquelle elle s'est engagée.
Son but évident, est d'amener les neutres-et l'Amé-
rique doit en savoir quelque chose, à faire pression sur
ses ennemis avant que sa puissance militaire ne soit
totalement détruite. Alors, sa brutale tyrannie s'exerce-
rait sur toute l'Europe, sous forme économique. Elle
aurait, en la circonstance, un immense avantage: elle a
détruit ou pillé tout l'outillage industriel des villes manu-
facturières de la Pologne où elle a passé, ou bien où ;
elle réside encore. Elle a détruit complètement et ravagé
de fond en comble l'outillage industriel de la Belgique
et de la France du nord, tandis que son sol est indemne
et que sa réserve de jeunes gens est immense. Son but
est donc de traiter à temps, afin de pouvoir dominer
économiquement sur ceux qui ruinés, devraient passer
par elle.
La seconde victoire consiste à déjouer ces préten-
tions. En Russie, on sent déjà combien l'Allemagne fait
d'efforts pour se rendre indispensable. Cela peut pa-
raître singulier au premier abord en raison de l'inter-
diction de se livrer à un trafic quelconque avec nos
ennemis-mais il est aisé de comprendre ce que nous
avançons quand on y regarde de plus près. Certains
neutres complaisants, ne sont-ils point là pour démontrer
le bien fondé de nos craintes? Nour sommes sans arme,
en Russie, pour dépister les flibustiers qui se chargent
de nous inonder de produits allemands, sous des éti-
quettes d'emprunt! Certes, nous avons cru, un instant,
que certains milieux autorisés, avaient l'intention bien
arrêtée de fermer la frontière aux marchandises recon-
nues tacitement de provenance allemande et d'étudier,
sans délai, les industries exploitées par l'Allemagne afin
de se substituer immédiatement à elle en ouvrant ainsi,
à l'énergie nationale, un champ d'activité dans les régions
1 les mieux appropriées.
Nous avions trop présumé, puisque jusqu'à présent,
rien n'a été fait pour mettre un terme à l'importation
des étoffes, des produits pharmaceutiques et chimiques,
des plaques photographiques, des papiers sensibles à
base de nitrate d'argent, des lampes électriques et de
mille autres produits manufacturés qui, revêtus de la
bande d'expédition d'un neutre complaisant et intéres-
sé, continuent d'enrichir l'ennemi. Nous ne parlerons
point, ici du moins, des intermédiaires qui sont dans
notre pays même, de nationalité russe, qui n'ont point
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
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SIXIÈME ANNÉE JUIN 1915 M 130.
La seconde EDITORIAL.
victoire.
La première victoire, la grande victoire de l'Europe f,
sur le militarisme prussien est affaire de patience et de 1
courage. L'intérêt des alliés est trop considérable dans j
la partie qui se joue, la bravoure des soldats qui lut-
tent pour la liberté est trop supérieure, pour qu'elle
fasse aucun doute. L'Allemagne qui a déclaré la guerre
et qui en fait une arme de conquête, peut s'attendre à
des fléchissements, à des fatigues, à des défaillances:
ceux qui ont été attaqués ne redoutent rien et la victoire
pour eux, est purement et simplement-disons le mot-
l'affirmation solennelle du Droit et de la Justice.
A côté de cette victoire, victoire des armes, qui
coûtera tant de sang, il y en a une autre: la victoire
économique. Elle n'est point le plus rude, son héroïsme
en quelque sorte est nul, mais sa portée est incal-
culable.
Quelle sera la situation respective de la Russie et
de l'Allemagne au lendemain de cette guerre? Elle a
son intérêt d'actualité et on aurait tort de ne s'en préoc-
cuper que trop tardivement.
Actuellement, l'Allemagne se rend compte qu'elle
n'asservira ni la Russie, ni la France, ni l'Angleterre;
aussi accepterait-elle une «paix honorable». Elle ne s'en
cache nullement, elle le fait entendre dans les pays
neutres, par l'entremise des comités suspects. Ce qu'elle
veut, c'est son territoire indemne et par dessus tout,
déverser sa marchandise comme par le passé chez ses
voisins en continuant de profiter de tarifs douaniers qui
lui permettent de sortir bénéficiaire, de la sanglante et
monstrueuse aventure dans laquelle elle s'est engagée.
Son but évident, est d'amener les neutres-et l'Amé-
rique doit en savoir quelque chose, à faire pression sur
ses ennemis avant que sa puissance militaire ne soit
totalement détruite. Alors, sa brutale tyrannie s'exerce-
rait sur toute l'Europe, sous forme économique. Elle
aurait, en la circonstance, un immense avantage: elle a
détruit ou pillé tout l'outillage industriel des villes manu-
facturières de la Pologne où elle a passé, ou bien où ;
elle réside encore. Elle a détruit complètement et ravagé
de fond en comble l'outillage industriel de la Belgique
et de la France du nord, tandis que son sol est indemne
et que sa réserve de jeunes gens est immense. Son but
est donc de traiter à temps, afin de pouvoir dominer
économiquement sur ceux qui ruinés, devraient passer
par elle.
La seconde victoire consiste à déjouer ces préten-
tions. En Russie, on sent déjà combien l'Allemagne fait
d'efforts pour se rendre indispensable. Cela peut pa-
raître singulier au premier abord en raison de l'inter-
diction de se livrer à un trafic quelconque avec nos
ennemis-mais il est aisé de comprendre ce que nous
avançons quand on y regarde de plus près. Certains
neutres complaisants, ne sont-ils point là pour démontrer
le bien fondé de nos craintes? Nour sommes sans arme,
en Russie, pour dépister les flibustiers qui se chargent
de nous inonder de produits allemands, sous des éti-
quettes d'emprunt! Certes, nous avons cru, un instant,
que certains milieux autorisés, avaient l'intention bien
arrêtée de fermer la frontière aux marchandises recon-
nues tacitement de provenance allemande et d'étudier,
sans délai, les industries exploitées par l'Allemagne afin
de se substituer immédiatement à elle en ouvrant ainsi,
à l'énergie nationale, un champ d'activité dans les régions
1 les mieux appropriées.
Nous avions trop présumé, puisque jusqu'à présent,
rien n'a été fait pour mettre un terme à l'importation
des étoffes, des produits pharmaceutiques et chimiques,
des plaques photographiques, des papiers sensibles à
base de nitrate d'argent, des lampes électriques et de
mille autres produits manufacturés qui, revêtus de la
bande d'expédition d'un neutre complaisant et intéres-
sé, continuent d'enrichir l'ennemi. Nous ne parlerons
point, ici du moins, des intermédiaires qui sont dans
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