Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1888-06-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2430 Nombre total de vues : 2430
Description : 24 juin 1888 24 juin 1888
Description : 1888/06/24 (A3,N189). 1888/06/24 (A3,N189).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6231934q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N* 189. - Troisième Annnée :',. CINQ Centimes le Numéro
Dimanche, 24 JtXtH MM
Le Patriote Alqg
Le Patriote Algérien
Rédaction : 10, rae des Consuls PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI Direction: 10, rue des Cousais
: - 1 -
o. : ABONNEMENTS
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE., Sir. « fr. 121.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
"011
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
o' doit être adressé à ,'. *
M. VIDAL-CHALOM, Directeur-Gérant
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
INSERTIONS ':'
Légales, 0,19 - Diverses, 0,35 — Réclames, 1 fr.
—M— - ':'
Le PATRIOTE l'a traité avM AUCUNE AGENCE
Service Télégraphique
(De notre Correspondant Particulier)
Paris, le 23 juin, 4 h. 20 m.
M. de Bismarck, a dit à son entourage
que, respectueux de la mémoire de l'em-
pereur défunt, sa politique ne s'éloigne-
rait pas de celle qu'avait entreprise
Frédéric.
*
» *
Une grande insurrection a éclaté dans
le Laos, au centre de lapresqu'ile Indo-
chinoise. :. :, ': ",
.;. '.: <
.;,
Le Comité royaliste dit de consultation
nationale ai établi son siège 3, rue de
Bourgogne.
- *
Les Indigènes de Son-La, ayant fait
appel auxiroupes françaises pour chasser
les Pavillonfr-Noirsqui dévastaient leurs
fermes, nos soldats ont repoussé les
pillards dans les montagnes après une
légère escarmouche.
■ * # ■
Des protestations, émanant du parti
socialiste/ contre l'avènement de l'em-
pereur Guillaume, ont été trouvées affi-
chées sur les églises de Berlin et de
Potsdam.
» *
Le duc de Ghartres s'est rendu auprès
du comte de Paris, à Ems, et l'a entretenu
des conséquences de la mort-de l'empe-
reur Frédéric d'Allemagne, au point de
vue de la politique française.
*
» *
Le général Davoust, reçu par le prési-
dent de la République, lui a soumis un
exposé sommaire de ses travaux sur la
question de défense.
- *
* #
Trois sous-officiers de uhlans allemands
déserteurs ont gagné la frontière russe.
*
* •
Les paysans de la Transylvanie se sont
révoltés contre les autorités autrichiennes,
réclamant les impôts.
,', *
< w
Les cercles catholiques de Paris orga-
nisent une grande fête pour célébrer le
seizième anniversaire de leur fondation.
Alger, le 23 Juin 1888
Trop de Brevets
•■3«0)>c~
Ces jours derniers, hier encore, detf
messieurs très graves, réunis dans
une salle de la rue Bruce, se consti-
tuaient en aréopage et interrogeaient
des petites demoiselles brunes, blon-
des ou rousses, sur les mystères de
l'arithmétique, ou les beautés de
l'histoire et de la géographie.
Ces demoiselles, dont on épluchait
ainsi le bagage scientifique, venaient
d'affronter, au nombre de centiept,
cent sept, entendez-vous ? les épreuves
de l'examen écrit.
Soixante avaient été proclamées
dignes de subir l'examen oral, et
c'étaient ces triomphatrices que les
messieurs très graves interrogeaient
avant de leur donner le diplôme,
objet de tant de convoitises. -
Le résultat proclamé, quarante-cinq
ou cinquante de ces demoiselles, je
ne sais plus au juste, ont décroché la
timbale.
L'autorité rectorale De fera pas pour
elles les frais d'un parchemin (la peau
d'âne est devenue si chère et les bre-
vets sont si nombreux !) mais elle
leur donnera un beau carré de papier
bulle sur lequel elle aura mis son
estampille. Et voilà cinquante brève-,
téesde plus!
Cinquante à ajouter au nombre pro-
digieux de celles qui attendent un
poste avec autant d'impatience que
les Israélites attendent le Messie, et
la ville d'Alger la suppression de ses
murailles.
Puisque les petites demoiselles brù-
nes, blondes ou rousses dont je parle
ci-dessus ont coupé des tas de lau-
riers, je ne veux pas, par quelques
réflexions amères, dessécher entre
leurs mains cette plante que les triom-
phateurs utilisent en se la plaçant
sur la tête, et les cuisinières en la
fourrant dans le pot-au-feu, mais,
quand elles auront savouré les joies
de leur triomphe, quand leur maman
(une future belle-mère, hélas!) les
aura pressées sur son sein, quand le
papa se sera exclamé avec un légitime
orgueil : « Mon enfant, tu es la digne
fille de ton père ! » alors je placerai
mon petit mot.
Je dirai que cette profusion de bre-
vets qui monte comme une mer est
une folie ; je déplorerai la manie qui
nous tient tous de faire éduquer nos
filles jusqu'au point où elles devien-
nent pédantes et insupportables ; je
blâmerai l'Université, cette vieille
édentée qui, au lieu de les décourager
et de leur dire: « Pas la peine de
chercher à devenir institutrice., nous
sommes pourvues pour 99 ans ! 1)
fait miroiter devant leurs yeux avides
la perspective de devenir budgétivores
et un brin fonctionnaires. J
Enfin, je regretterai la simple édu-
cation d'autrefois qui nous donnait,
j'en appelle à vos souvenances, de
bonnes ménagères, des femmes d'in-
térieur, peu aptes à disserter sur la
vie privée de Louis XV, mais passées
maîtresses dans' l'art de couler une
lessive, de raccomoder nos chausset-
tes, et de dresser sur une table bien
servie ces rôtis dorés dont le parfum
embaume encore mon souvenir.
CHARLES MINE.
——— ———— ♦
DOUZE MILLIARDS DE FUMÉE -
Le 1er juillet 1811, l'Etat s'assurait
le monopole de la fabrication et de la
vente exclusive du tabac.
, Or, depuis cette date jusqu'à ce
jour, l'Etat a encaissé la vénérable
somme de 12 milliards 800 millions
de francs pour la vente du tabac,som-
me sur laquelle il a réalisé un béné-
fice de 10 milliards de francs.
Si l'on attribue à MM. les priseurs
et goûteursl'appoint de 800 millions
— chiffre certainement supérieur à la
réalité — il reste pour une somme
de 12 milliards de tabac fumé pendant
le cours de ces 75 dernières années,
laps équivalant à peu près à une
existence humaine, bonne mesure.
Le bénéfice, parti du chiffre annuel
de 32 millions, s'est accru dans une
progression régulière jusqu'à 305 mil-
lions, chiffre actuel. Voilà un résultat
qui doit décourager les sociétés de
tempérance. - - -
Depuis le planteur jusqu au débitant
du chimiste sortant de l'école poly-
technique à l'humble cigarière, la
consommation (ou consuma tion) du
tabac fait vivre des légions d'individus
des deux sexes, car si le bénéfice an-
nuel est de 305 millions, les dépenses
s'élèvent à 75 millions par an. On ne
chôme pas dans les 15 manufactures
françaises et le va-et-vient des entre-
pôts et des magasins est incessant.
Si l'état achète annuellement pour
17 millions de francs de tabac cultivé
en France, ses achats à l'étranger,
effectués pour 30 millions, soit par
l'intermédiaire des consuls, soit par
des transactions directes avec 38
gros négociants, ces achats, disons-
nous, ne se ralentissent pas.
°. Le tabac le plus cher livré en feuilles
et de provenance étrangère est celui
de Rouméhe (961 fr. les 100 kilogr) ;
viennent ensuite ceux de Sumatra
«853 fr) ; de la Havane, (704 fr.) et
du Mexique (590 fr.)
Lés moins chers sont les tabacs de
l'Inde (38 fr. les 100 kilogr.) ; de
l'Ukraine (62 fr.) de l'Alsace-Lorraine
(80 fr.).
La majesté des chiffres qu'on a lus
plus haut nous dispense d'insister sur
l'importance de la question.
Chez les nations où l'on est fumeur
de naissance, telles que la Belgique et
l'Allemagne, il faut reconnaître l'im-
mense vertu des gouvernements qui,
en repoussant le monopole, privent
leurs budgets d'une recette formi-
dable.
Le peuple n'accueillerait peut-être
pas sans gronder l'avènement d'un
.- - - j
monopole officiel, mais on l'adoucirait
aussitôt en invoquant la question du
patriotisme. En effet, fumer beaucoup
sous l'empire d'un monopole de l'Etat,
c'est faire acte de patriotisme.
Le pauvre petit employé qui brûle
le petit bordeaux d'un sou, com-
me l'amateur riche qui savoure un
rotchschild (cinq francs pièce), tous
les fumeurs concourent à l'équilibre
du budget.
Si les millions de Français qui fu-
ment renonçaient tout à coup au tabac,
on se demande avec terreur dans
quelles poches l'Etat serait obligé de
ressaisir les 305 millions de francs qui
lui échapperaient.
JEAN ALESSON.
Correspondance Oranaise
(De nôtre correspondant spécialJ V
Oran, le Si juin 4888.
J'apprends — non sans une vive satis-
faction — que notre honorable maire,
M. Fouques, vient d'ordonner une en-
quête sur les faits reprochés au réaction-
naire Bougier et d'en confier la direction
à un conseiller municipal, M. Rouire,
dont l'impartialité ne peut faire l'objet
d'aucun doute. -
M. Bougier ne doit pas être sur un lit
de roses et cela se comprend facilement,
notre commissaire central doit mieux
savoir que qui que ce soit qu'il n'a pas
d'illusions à se faire sur le résultat de
cette enquête. Son incapacité en matière
de police est notoire et c'est par centai-
nes que M. Rouire recueillera les preuves
de son intempérance. Il serait, en effet,
excessivement difficile pour ne pas dire
impossible, de trouver un Oranais, un
seul, qui puisse affirmer n'avoir pas vu
— au moins une fois — M. Bougier en
état d'ivresse manifeste ?
Des deux points établis, reste l'histoire
des dossiers.
Je donnerai de grand cœur un cent de
cacaouètes pour voir le nez que fera M.
Bougier en apprenant que l'on est an
courant du honteux métier qu'il a fait
depuis son arrivée dans notre ville.
Qu'on sait, par exemple, qu'à une certai-
ne époque, il avait chargé l'agent Davet
de surveiller la maison garnie ancienne-
ment tenue par Madame Martinez, et de
lui rapporter fidèlement les noms de tous
les fonctionnaires qui se permettaient
d'entrer dans la dite maison.
Qu'on n'ignore pas non plus, qu'à une
autre époque, il faisait étroitement
espionner un juge d'instruction et que
pour être plus au courant des faits et
gestes de ce magistrat, il avait placé chez
ce dernier en qualité de bonne, MUe X.,
une de ses créatures, laquelle venait tous
les soirs taire son rapport à notre mou-
chard en chef.
N'allons pas oublier cet agent placé
en permanence, rue de Gênes, près des
Bains Français, avec ordre de surveiller
un Procureur de la République, etc., etc.
Etonnez-vous après de tous les vols
Dimanche, 24 JtXtH MM
Le Patriote Alqg
Le Patriote Algérien
Rédaction : 10, rae des Consuls PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI Direction: 10, rue des Cousais
: - 1 -
o. : ABONNEMENTS
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE., Sir. « fr. 121.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
"011
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
o' doit être adressé à ,'. *
M. VIDAL-CHALOM, Directeur-Gérant
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
INSERTIONS ':'
Légales, 0,19 - Diverses, 0,35 — Réclames, 1 fr.
—M— - ':'
Le PATRIOTE l'a traité avM AUCUNE AGENCE
Service Télégraphique
(De notre Correspondant Particulier)
Paris, le 23 juin, 4 h. 20 m.
M. de Bismarck, a dit à son entourage
que, respectueux de la mémoire de l'em-
pereur défunt, sa politique ne s'éloigne-
rait pas de celle qu'avait entreprise
Frédéric.
*
» *
Une grande insurrection a éclaté dans
le Laos, au centre de lapresqu'ile Indo-
chinoise. :. :, ': ",
.;. '.: <
.;,
Le Comité royaliste dit de consultation
nationale ai établi son siège 3, rue de
Bourgogne.
- *
Les Indigènes de Son-La, ayant fait
appel auxiroupes françaises pour chasser
les Pavillonfr-Noirsqui dévastaient leurs
fermes, nos soldats ont repoussé les
pillards dans les montagnes après une
légère escarmouche.
■ * # ■
Des protestations, émanant du parti
socialiste/ contre l'avènement de l'em-
pereur Guillaume, ont été trouvées affi-
chées sur les églises de Berlin et de
Potsdam.
» *
Le duc de Ghartres s'est rendu auprès
du comte de Paris, à Ems, et l'a entretenu
des conséquences de la mort-de l'empe-
reur Frédéric d'Allemagne, au point de
vue de la politique française.
*
» *
Le général Davoust, reçu par le prési-
dent de la République, lui a soumis un
exposé sommaire de ses travaux sur la
question de défense.
- *
* #
Trois sous-officiers de uhlans allemands
déserteurs ont gagné la frontière russe.
*
* •
Les paysans de la Transylvanie se sont
révoltés contre les autorités autrichiennes,
réclamant les impôts.
,', *
< w
Les cercles catholiques de Paris orga-
nisent une grande fête pour célébrer le
seizième anniversaire de leur fondation.
Alger, le 23 Juin 1888
Trop de Brevets
•■3«0)>c~
Ces jours derniers, hier encore, detf
messieurs très graves, réunis dans
une salle de la rue Bruce, se consti-
tuaient en aréopage et interrogeaient
des petites demoiselles brunes, blon-
des ou rousses, sur les mystères de
l'arithmétique, ou les beautés de
l'histoire et de la géographie.
Ces demoiselles, dont on épluchait
ainsi le bagage scientifique, venaient
d'affronter, au nombre de centiept,
cent sept, entendez-vous ? les épreuves
de l'examen écrit.
Soixante avaient été proclamées
dignes de subir l'examen oral, et
c'étaient ces triomphatrices que les
messieurs très graves interrogeaient
avant de leur donner le diplôme,
objet de tant de convoitises. -
Le résultat proclamé, quarante-cinq
ou cinquante de ces demoiselles, je
ne sais plus au juste, ont décroché la
timbale.
L'autorité rectorale De fera pas pour
elles les frais d'un parchemin (la peau
d'âne est devenue si chère et les bre-
vets sont si nombreux !) mais elle
leur donnera un beau carré de papier
bulle sur lequel elle aura mis son
estampille. Et voilà cinquante brève-,
téesde plus!
Cinquante à ajouter au nombre pro-
digieux de celles qui attendent un
poste avec autant d'impatience que
les Israélites attendent le Messie, et
la ville d'Alger la suppression de ses
murailles.
Puisque les petites demoiselles brù-
nes, blondes ou rousses dont je parle
ci-dessus ont coupé des tas de lau-
riers, je ne veux pas, par quelques
réflexions amères, dessécher entre
leurs mains cette plante que les triom-
phateurs utilisent en se la plaçant
sur la tête, et les cuisinières en la
fourrant dans le pot-au-feu, mais,
quand elles auront savouré les joies
de leur triomphe, quand leur maman
(une future belle-mère, hélas!) les
aura pressées sur son sein, quand le
papa se sera exclamé avec un légitime
orgueil : « Mon enfant, tu es la digne
fille de ton père ! » alors je placerai
mon petit mot.
Je dirai que cette profusion de bre-
vets qui monte comme une mer est
une folie ; je déplorerai la manie qui
nous tient tous de faire éduquer nos
filles jusqu'au point où elles devien-
nent pédantes et insupportables ; je
blâmerai l'Université, cette vieille
édentée qui, au lieu de les décourager
et de leur dire: « Pas la peine de
chercher à devenir institutrice., nous
sommes pourvues pour 99 ans ! 1)
fait miroiter devant leurs yeux avides
la perspective de devenir budgétivores
et un brin fonctionnaires. J
Enfin, je regretterai la simple édu-
cation d'autrefois qui nous donnait,
j'en appelle à vos souvenances, de
bonnes ménagères, des femmes d'in-
térieur, peu aptes à disserter sur la
vie privée de Louis XV, mais passées
maîtresses dans' l'art de couler une
lessive, de raccomoder nos chausset-
tes, et de dresser sur une table bien
servie ces rôtis dorés dont le parfum
embaume encore mon souvenir.
CHARLES MINE.
——— ———— ♦
DOUZE MILLIARDS DE FUMÉE -
Le 1er juillet 1811, l'Etat s'assurait
le monopole de la fabrication et de la
vente exclusive du tabac.
, Or, depuis cette date jusqu'à ce
jour, l'Etat a encaissé la vénérable
somme de 12 milliards 800 millions
de francs pour la vente du tabac,som-
me sur laquelle il a réalisé un béné-
fice de 10 milliards de francs.
Si l'on attribue à MM. les priseurs
et goûteursl'appoint de 800 millions
— chiffre certainement supérieur à la
réalité — il reste pour une somme
de 12 milliards de tabac fumé pendant
le cours de ces 75 dernières années,
laps équivalant à peu près à une
existence humaine, bonne mesure.
Le bénéfice, parti du chiffre annuel
de 32 millions, s'est accru dans une
progression régulière jusqu'à 305 mil-
lions, chiffre actuel. Voilà un résultat
qui doit décourager les sociétés de
tempérance. - - -
Depuis le planteur jusqu au débitant
du chimiste sortant de l'école poly-
technique à l'humble cigarière, la
consommation (ou consuma tion) du
tabac fait vivre des légions d'individus
des deux sexes, car si le bénéfice an-
nuel est de 305 millions, les dépenses
s'élèvent à 75 millions par an. On ne
chôme pas dans les 15 manufactures
françaises et le va-et-vient des entre-
pôts et des magasins est incessant.
Si l'état achète annuellement pour
17 millions de francs de tabac cultivé
en France, ses achats à l'étranger,
effectués pour 30 millions, soit par
l'intermédiaire des consuls, soit par
des transactions directes avec 38
gros négociants, ces achats, disons-
nous, ne se ralentissent pas.
°. Le tabac le plus cher livré en feuilles
et de provenance étrangère est celui
de Rouméhe (961 fr. les 100 kilogr) ;
viennent ensuite ceux de Sumatra
«853 fr) ; de la Havane, (704 fr.) et
du Mexique (590 fr.)
Lés moins chers sont les tabacs de
l'Inde (38 fr. les 100 kilogr.) ; de
l'Ukraine (62 fr.) de l'Alsace-Lorraine
(80 fr.).
La majesté des chiffres qu'on a lus
plus haut nous dispense d'insister sur
l'importance de la question.
Chez les nations où l'on est fumeur
de naissance, telles que la Belgique et
l'Allemagne, il faut reconnaître l'im-
mense vertu des gouvernements qui,
en repoussant le monopole, privent
leurs budgets d'une recette formi-
dable.
Le peuple n'accueillerait peut-être
pas sans gronder l'avènement d'un
.- - - j
monopole officiel, mais on l'adoucirait
aussitôt en invoquant la question du
patriotisme. En effet, fumer beaucoup
sous l'empire d'un monopole de l'Etat,
c'est faire acte de patriotisme.
Le pauvre petit employé qui brûle
le petit bordeaux d'un sou, com-
me l'amateur riche qui savoure un
rotchschild (cinq francs pièce), tous
les fumeurs concourent à l'équilibre
du budget.
Si les millions de Français qui fu-
ment renonçaient tout à coup au tabac,
on se demande avec terreur dans
quelles poches l'Etat serait obligé de
ressaisir les 305 millions de francs qui
lui échapperaient.
JEAN ALESSON.
Correspondance Oranaise
(De nôtre correspondant spécialJ V
Oran, le Si juin 4888.
J'apprends — non sans une vive satis-
faction — que notre honorable maire,
M. Fouques, vient d'ordonner une en-
quête sur les faits reprochés au réaction-
naire Bougier et d'en confier la direction
à un conseiller municipal, M. Rouire,
dont l'impartialité ne peut faire l'objet
d'aucun doute. -
M. Bougier ne doit pas être sur un lit
de roses et cela se comprend facilement,
notre commissaire central doit mieux
savoir que qui que ce soit qu'il n'a pas
d'illusions à se faire sur le résultat de
cette enquête. Son incapacité en matière
de police est notoire et c'est par centai-
nes que M. Rouire recueillera les preuves
de son intempérance. Il serait, en effet,
excessivement difficile pour ne pas dire
impossible, de trouver un Oranais, un
seul, qui puisse affirmer n'avoir pas vu
— au moins une fois — M. Bougier en
état d'ivresse manifeste ?
Des deux points établis, reste l'histoire
des dossiers.
Je donnerai de grand cœur un cent de
cacaouètes pour voir le nez que fera M.
Bougier en apprenant que l'on est an
courant du honteux métier qu'il a fait
depuis son arrivée dans notre ville.
Qu'on sait, par exemple, qu'à une certai-
ne époque, il avait chargé l'agent Davet
de surveiller la maison garnie ancienne-
ment tenue par Madame Martinez, et de
lui rapporter fidèlement les noms de tous
les fonctionnaires qui se permettaient
d'entrer dans la dite maison.
Qu'on n'ignore pas non plus, qu'à une
autre époque, il faisait étroitement
espionner un juge d'instruction et que
pour être plus au courant des faits et
gestes de ce magistrat, il avait placé chez
ce dernier en qualité de bonne, MUe X.,
une de ses créatures, laquelle venait tous
les soirs taire son rapport à notre mou-
chard en chef.
N'allons pas oublier cet agent placé
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