Titre : Le Monde illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-09
Contributeur : Yriarte, Charles (1833-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818319d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 52729 Nombre total de vues : 52729
Description : 09 janvier 1864 09 janvier 1864
Description : 1864/01/09 (A8,T14,N352). 1864/01/09 (A8,T14,N352).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62259019
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
80 LE MONDE ILLUSTRÉ
la sœur Immaculée de Mignon et de Marguerite!..
— Je ne sais rien de tout cela, monsieur Jaeobus,
répondit Gottlieb, parce que je suis une fille bien igno-
rante; tout ce-que-je puis,vous dire, c'est que je vous
admire et que je vous aime bien, surtout depuis que je
sais que vous êtes malheureux ! ,.
Jacobus épousa Gottlieb, et longtemps le bonheur
habita son foyer.
,- Mais il ne peignait plus.
*
• *
- Un an après, Gottlieb lui donna un fils.
Le petit patrimoine de Jacobus s'en allait, s'en allait,
n'étant renouvelé par le produit d'aucun travail. La
jeune mère commençait à envisager l'avenir avec ter-
reur. -
Comme elle avait appris la cause des désespoirs pas-
sés de Jacobus, elle n'osait lui donner de conseils qui
eussent de nouveau éveillé l'essaim des sombres pen-
sées sommeillant en son cerveau. Cependant, le sort de
son enfant l'effrayant, elle puisa dans son amour mater-
nel le courage de rappeler le peintre à son devoir.
..,- Cher amour, lui dit-elle entre mille baisers, pour
quoi vous condamner à l'inaction? n'est-ce pas le sort du
génie d'être méconnu et persécuté? il est sanctifié par
ses douleurs mêmes. Mais cette flamme que vous avez
reçue du ciel, vous la devez à l'humanité, et l'éteindre
est un crime. Pour d'absurdes négations d'aveugles,
Dieu prive-t-il le monde de son soleil ?
» Et puis, ajouta-t-elle avec d'adorables câlineries,
voyez donc notre petit Karl! Ne faut-il pas un peu pen-
ser à lui?
*
* +
Jacobus se remit au chevalet. Sa pensée épurée par
la douleur se traduisit en des compositions d'un senti-
ment ineffable ; sa peinture s'idéalisa, il atteignit à la
perfection accessible à l'humanité.
Mais les papillons noirs voltigeaient toujours autour
de son cerveau. Aussi, envoyait-il ses toiles aux expo-
sitions pour faire constater officiellement leur existence,
mais refusait-il inexorablement les sommes fabuleuses
qJJUuLen. étaient offertes; tous ses tableaux rentraient
dans l'atelier.
Le duc régnant de Frauliebenstein vint chez lui le
supplier de lui céder, à quelque prix que ce fût, quel-
ques-unes de ses compositions :
— Oui, je sais, répondit Jacobus avec amertume, mes
tableaux doubleront de prix à ma mort !
Et, en de certains moments, le songe terrible lui appa-
raissait de nouveau, ou bien il en faisait un plus ef-
frayant encore dans lequel sa femme, sa Gottlieb bien-
aimée, n'attendait que son dernier coup de pinceau sur
la toile qu'il considérait comme son chef-d'œuvre, pour
lui verser du poison et entrer en jouissance de ses ri-
chesses.
Mais Gottlieb arrivait et, à force de caresses et de dé-
vouement, ramenait le calme dans ce pauvre cerveau
plein de tempêtes.
* »
Un matin pourtant, après un nuit douloureuse, pleine
devisions menaçantes, Jacobus était au travail.
-, Le petit Karl, qui prenait sa quatorzième année,
jouait dans l'atelier. Jacobus le mit sur ses genoux et
lui dit :
— Mon enfant, voici que tu te fais grand ; il va fal-
loir songer à choisir un métier.
- — Bah 1 répondit le cruel innocent, pourquoi choisir
un métier puisque je serai riche? On me répète tous les
jours à l'école qu'après ta mort tes tableaux vaudront
des trésors !
Jacobus se dressa terrible. Il saisit un couteau et,
poussant un grand cri, il se précipita sur ses toiles et
les lacéra toutes. Puis il tomba.
Quand Gottlieh accourut, elle le trouva en proie au
délire.
Il mourut dans la nuit. r.
*
» *
Ne craignez rien, monsieur; rassurez-vous, madame;
la terrible maladie qui emporta Jacobus Sturm n'est
dangereuse que pour les gens atteints de la folie sublime
qu'on appelle le Génie.
.--- ALPHONSE DE LAUNAY.
•• ~v • HN. -
"v' --=.L"
L'AUTOGRAPHE
Le 3me numéro contient entre autres fac-simile : une
lettre du marquis de Boissy sur son discours. une
page de Balzac, une pensée de Manin, président de là
République de Venise, qui est tout un plan d'affran-
chissement pour sa patrie, une lettre de Marie Amélie,
enfin des autographes de MM. A. de la Gueronnière,-
E. Pelletan, — Auber, — Saint-Georges, — A. Dumas,
— Blanqui aîné, — Rossini, — Félix Pyat, — Paul de
Kock,— Humbold,— Larochejaquelein,— A. Marrast,
— Paul de Musset, - Odilon-Barrot, — Viollet-Leduc,
— Goria, — Mme Anna Thillon, — Bazin, — Leon
Gozlan, — E. de Girardin, — Vatout, — Victor Hugo,
— Ozanam, — Daniel Stern, — Loménie, — Henri
Murger et Richard Cobden.
Pour recevoir ce numéro franco, adresser 60 centimes
en timbre-poste,. 14, rue Grange-Batelière, à M. G.
Bourdin.
BOUFFES-PARISIENS : La Tradition, prologue d'ouverture, en un
acte et en vers, par M. Henri Derville ; Lischen et Fritzchen, con-
versation alsacienn), paroles de M. Paul Dubois , musique de
M. Jacques Offenbach; L'Amour chanteur, opérette en un acte,
paroles de MM. Nuitter et Manuel, musique de M. Jacques Of-
fenbach.
Un deuil de famille privera cette semaine les lecteurs
du Monde illustré des appréciations autorisées de mon
cher confrère', M. Albert de Lasalle. Ce n'est qu'avec
toutes sortes de précautions et de restrictiohs que je
pose, pour une fois seulement, le pied sur son terrain.
Il ne faudra point avoir égard à mes jugements; je
m'ignore moi-même en matière musicale ; tel air qui
m'enchante aujourd'hui va me déplaire demain, et vice
versa. Heureusement que pour mon début, je n'ai point
affaire à de la grande musique et à un grand théâtre.
Qui reconnaîtrait la vieille salle fantasmagorique de
M. Comte, physicien du roi, et même la salle plus ré-
cente des Bouffes-Parisiens , dans ce vaste et élégant
vaisseau , or et blanc , aux quatre rangs de galeries ?
C'est à présent un théâtre tout semblable au Palais-
Royal, aux Variétés, voire au Gymnase. Pas de lustres,
pas de plafonds lumineux non plus; mais des bouquets
de lumière à chaque colonnette Le caractère intime de
l'ancienne salle a complétement disparu; j'en sais qui
le regrettent.
Les nouveaux Bouffes ont ouvert avec un prologue,
en vers, ma foi ! et intitulé : La Tradition. On y voit
un hobereau sortant d'une chaise à porteurs, habillé
des pieds à la tête en satin couleur de bouton d'or; il
s'annonce comme le chevalier de la Bonardière, arrivant
de La Châtre et désireux de connaître les merveilles
parisiennes. La Muse des Bouffes l'engage à ne pas
aller plus loin , en lui persuadant qu'il est au centre
des arts et des plaisirs; elle évoque tour à tour à ses
yeux une ballerine, un comédien et un ténor, qui s'em-
pressent de lui donner un échantillon de leurs petits
talents. Le chevalier de la Bonardière, qui représente la
Tradition, sent fléchir ses principes et s'accoutume à la
fusion des genres. Pour achever de l'ahurir et de le ga-
gner à la cause du passage Choiseul, un diable apparaît,
en maillot feu, cornes d'or au front, et récite, avec mille
trémoussements, les strophes suivantes, — trop jolies
pour être chantées.
je suis le Diable-Musique,
Enfermé, loin de t'appel,
Dans un violon phtysique,
Par l'humeur métaphysique
- Du vieux conseiller Krespel.
t
J'ai trouvé la boîte ouverte.
A moi l'horizon vermeil !
Le joyeux Puek, moins alerte,
Galopait dans l'herbe verte
Sur un rayon de soleil !
Ce soir, mā muse inégale
A des frissons indonnus
je sens comme une frjffil*
D'oripeaux et de Bengale.
Mes. »mjs jont.revenusl.
C'est le sabbat; l'heure sonne! -~~
Qu'avec un bruit de grelot, *'
L'orchestre que j'aiguillonne
Se démène et carillonne t
Comme une mule au galop !
En avant, filles de l'onde ! M
En avant, vieux Jupiter ! *
Je veux ce soir une ronde j v
A faire damner le monde .,A
Aux Porcherons de l'enfer iH
Vous allez me demander sans-doute de qui sont c~:
vers si fringants, d'un tour si ferme? L'auteur de 19
Tradition est M. Henri Derville, plus connu des 11
rateurs que du public,-un poëte,qui, passant du sê
au frivole, traduisait ces jours derniers, en beau-
sonores comme des fusils et brillants comme des
la Bataille de Grochow, de Louis Kaliscli.
Je ne dirai pas que ce prologue d'ouverture »
joué par MM. Léonce et Désiré comme il l'aurai1
par MM. Régnier et Samson. Ce serait aller contre
vérité et le bon sens. - -
Deux opérettes en un acte ont suivi la Tradition. V
Deux opé~~ttes en un acte ont suivi .la .-Tradttwlt. JI'
première, Lischen et Fritzchen, qualifiée par l'affic^^,
conversation alsacienne, est ein paragouinache. ton ;
paron te Nucingen aurait édé rafi, et gui ture^Wji
drende minudes. La scène se basse sur eine craP 1
', - cI1'
roude : ein tomesdigue gonchétié bar son maîdre Y |,. îf
gondre eine bedide marchante te palais. Tous les t'
se regonnaissent pur tes envants de l'Alsace ; ils,sc 1 i
bent tans la main, et bardachent leur técheuner ;
l'amour se met beu à beute la bardie. Mais doutàg(1ll|j
ô malheur ! Lischen et Fritzche^l•grolelït-tegOu-frir^l,,
sont vrère et sœur. Ils ne sont gue goussin et goUs-.';lilt.
Guiddes pur la peur, ils gondinuent ensemple-leur^
min, en gaussant te leur brochet te mariache. EOJ
tut.
Les tableaux à deux personnages réussissent asso^^
Bou ffes-Pari siens; celui-ci se sauve* à force
et de naïveté. Un duettino deseienir 1
et de naïveté. Un duettino destiné à devenir popd',l
(une phrase à l'usage du répertoire Offenbach) en f ^.i<
presque tous les frais. Je ne sais pas trop, par é..({:jIII lHL'
pourquoi on s'est avisé aussi d'y fourrer la fable du
de ville et du R~t des champs, mise en rimes nouvclk'
et ajustée en rondeau. Lischen et Fritzchen a pour in* 1
prètes M. Désiré, très-amusant, — et une enfant de s(>1
ans, qui porte héroïquement le nom jusqu'alors i.ncOI1Il,ll
de Zulma Bouffar. M. Albert de Lasalle ne manq1^
pas, un jour ou l'autre, de vous dire ce qu'il pense,
cette débutante ; moi, j'ai trop envie de la louer pour 1,
pas m'abstenir prudemment. r *
L Amour chanteur avait été annoncé comme le 01"
ceau capital de la soirée; on est demeùré un peu fr01
devant ce pastiche de Molière et de Lulli, — tant il c'
vrai qu'un peu d'invention est indispensable, mê lue,
un pastiche. Un riche bourgeoisie Paris, M. GuillauîllC
a résolu de marier sa fille Araminte à un procureur, ri:;
nom de Théophraste Vilbrequin ;.. mais Araminte c'
éprise de son maître à chanter. Elle feint le délire, COUIIIIC
l'Agathe des Folies amoureuses. Le père est aux centcout
il convoque le ban et l'arrière-ban des médecins en ebel
peau pointu, — et il finit par se jeter dans les bras dei
gens de l'Opéra, qui viennent donner chez lui la rel),
sentation d'une pastorale intitulée. les Éléments, àlasll!
de laquelle Araminte recouvre la raison et la santé. S*1'(
vient un ordre du roi qui la marie à Ergaste. , t
C'est bien peu,— et c'est long à mourir. Je n'y ai pOli1 |
distingué de morceaux destinés. à devenir populairfS,
M'" Marié, sœur de Mlle Galli-Marié , paraissait p°l!
la première fois dans l'Amour chanteur ; c'est uiici et, le
personne, qui a une physionomie d'un attrait particul'1*
et une voix dont. une voix que. Enfin on l'abc111'
coup encouragée. - Vous ne tirerez pas autre ChoSe
, „
coup encouragee. — vous ne tirerez pas autre ch, ose, il(
moi. t.
Par suite d'une perte douloureuse que notre côllàl11^
CHARLES MONSELET-
rateur M. Albert de Lasalle, vient d'éprouver -dafl* •'
famille, la Chronique musicale est renvoyée à notrli:
prochain numéro. — A samedi le compte rendt,
Moïse, de Un ballo m Maschera et de l'ouverture
Boujlfi. s-Paris:ens.
■ 1
la sœur Immaculée de Mignon et de Marguerite!..
— Je ne sais rien de tout cela, monsieur Jaeobus,
répondit Gottlieb, parce que je suis une fille bien igno-
rante; tout ce-que-je puis,vous dire, c'est que je vous
admire et que je vous aime bien, surtout depuis que je
sais que vous êtes malheureux ! ,.
Jacobus épousa Gottlieb, et longtemps le bonheur
habita son foyer.
,- Mais il ne peignait plus.
*
• *
- Un an après, Gottlieb lui donna un fils.
Le petit patrimoine de Jacobus s'en allait, s'en allait,
n'étant renouvelé par le produit d'aucun travail. La
jeune mère commençait à envisager l'avenir avec ter-
reur. -
Comme elle avait appris la cause des désespoirs pas-
sés de Jacobus, elle n'osait lui donner de conseils qui
eussent de nouveau éveillé l'essaim des sombres pen-
sées sommeillant en son cerveau. Cependant, le sort de
son enfant l'effrayant, elle puisa dans son amour mater-
nel le courage de rappeler le peintre à son devoir.
..,- Cher amour, lui dit-elle entre mille baisers, pour
quoi vous condamner à l'inaction? n'est-ce pas le sort du
génie d'être méconnu et persécuté? il est sanctifié par
ses douleurs mêmes. Mais cette flamme que vous avez
reçue du ciel, vous la devez à l'humanité, et l'éteindre
est un crime. Pour d'absurdes négations d'aveugles,
Dieu prive-t-il le monde de son soleil ?
» Et puis, ajouta-t-elle avec d'adorables câlineries,
voyez donc notre petit Karl! Ne faut-il pas un peu pen-
ser à lui?
*
* +
Jacobus se remit au chevalet. Sa pensée épurée par
la douleur se traduisit en des compositions d'un senti-
ment ineffable ; sa peinture s'idéalisa, il atteignit à la
perfection accessible à l'humanité.
Mais les papillons noirs voltigeaient toujours autour
de son cerveau. Aussi, envoyait-il ses toiles aux expo-
sitions pour faire constater officiellement leur existence,
mais refusait-il inexorablement les sommes fabuleuses
qJJUuLen. étaient offertes; tous ses tableaux rentraient
dans l'atelier.
Le duc régnant de Frauliebenstein vint chez lui le
supplier de lui céder, à quelque prix que ce fût, quel-
ques-unes de ses compositions :
— Oui, je sais, répondit Jacobus avec amertume, mes
tableaux doubleront de prix à ma mort !
Et, en de certains moments, le songe terrible lui appa-
raissait de nouveau, ou bien il en faisait un plus ef-
frayant encore dans lequel sa femme, sa Gottlieb bien-
aimée, n'attendait que son dernier coup de pinceau sur
la toile qu'il considérait comme son chef-d'œuvre, pour
lui verser du poison et entrer en jouissance de ses ri-
chesses.
Mais Gottlieb arrivait et, à force de caresses et de dé-
vouement, ramenait le calme dans ce pauvre cerveau
plein de tempêtes.
* »
Un matin pourtant, après un nuit douloureuse, pleine
devisions menaçantes, Jacobus était au travail.
-, Le petit Karl, qui prenait sa quatorzième année,
jouait dans l'atelier. Jacobus le mit sur ses genoux et
lui dit :
— Mon enfant, voici que tu te fais grand ; il va fal-
loir songer à choisir un métier.
- — Bah 1 répondit le cruel innocent, pourquoi choisir
un métier puisque je serai riche? On me répète tous les
jours à l'école qu'après ta mort tes tableaux vaudront
des trésors !
Jacobus se dressa terrible. Il saisit un couteau et,
poussant un grand cri, il se précipita sur ses toiles et
les lacéra toutes. Puis il tomba.
Quand Gottlieh accourut, elle le trouva en proie au
délire.
Il mourut dans la nuit. r.
*
» *
Ne craignez rien, monsieur; rassurez-vous, madame;
la terrible maladie qui emporta Jacobus Sturm n'est
dangereuse que pour les gens atteints de la folie sublime
qu'on appelle le Génie.
.--- ALPHONSE DE LAUNAY.
•• ~v • HN. -
"v' --=.L"
L'AUTOGRAPHE
Le 3me numéro contient entre autres fac-simile : une
lettre du marquis de Boissy sur son discours. une
page de Balzac, une pensée de Manin, président de là
République de Venise, qui est tout un plan d'affran-
chissement pour sa patrie, une lettre de Marie Amélie,
enfin des autographes de MM. A. de la Gueronnière,-
E. Pelletan, — Auber, — Saint-Georges, — A. Dumas,
— Blanqui aîné, — Rossini, — Félix Pyat, — Paul de
Kock,— Humbold,— Larochejaquelein,— A. Marrast,
— Paul de Musset, - Odilon-Barrot, — Viollet-Leduc,
— Goria, — Mme Anna Thillon, — Bazin, — Leon
Gozlan, — E. de Girardin, — Vatout, — Victor Hugo,
— Ozanam, — Daniel Stern, — Loménie, — Henri
Murger et Richard Cobden.
Pour recevoir ce numéro franco, adresser 60 centimes
en timbre-poste,. 14, rue Grange-Batelière, à M. G.
Bourdin.
BOUFFES-PARISIENS : La Tradition, prologue d'ouverture, en un
acte et en vers, par M. Henri Derville ; Lischen et Fritzchen, con-
versation alsacienn), paroles de M. Paul Dubois , musique de
M. Jacques Offenbach; L'Amour chanteur, opérette en un acte,
paroles de MM. Nuitter et Manuel, musique de M. Jacques Of-
fenbach.
Un deuil de famille privera cette semaine les lecteurs
du Monde illustré des appréciations autorisées de mon
cher confrère', M. Albert de Lasalle. Ce n'est qu'avec
toutes sortes de précautions et de restrictiohs que je
pose, pour une fois seulement, le pied sur son terrain.
Il ne faudra point avoir égard à mes jugements; je
m'ignore moi-même en matière musicale ; tel air qui
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versa. Heureusement que pour mon début, je n'ai point
affaire à de la grande musique et à un grand théâtre.
Qui reconnaîtrait la vieille salle fantasmagorique de
M. Comte, physicien du roi, et même la salle plus ré-
cente des Bouffes-Parisiens , dans ce vaste et élégant
vaisseau , or et blanc , aux quatre rangs de galeries ?
C'est à présent un théâtre tout semblable au Palais-
Royal, aux Variétés, voire au Gymnase. Pas de lustres,
pas de plafonds lumineux non plus; mais des bouquets
de lumière à chaque colonnette Le caractère intime de
l'ancienne salle a complétement disparu; j'en sais qui
le regrettent.
Les nouveaux Bouffes ont ouvert avec un prologue,
en vers, ma foi ! et intitulé : La Tradition. On y voit
un hobereau sortant d'une chaise à porteurs, habillé
des pieds à la tête en satin couleur de bouton d'or; il
s'annonce comme le chevalier de la Bonardière, arrivant
de La Châtre et désireux de connaître les merveilles
parisiennes. La Muse des Bouffes l'engage à ne pas
aller plus loin , en lui persuadant qu'il est au centre
des arts et des plaisirs; elle évoque tour à tour à ses
yeux une ballerine, un comédien et un ténor, qui s'em-
pressent de lui donner un échantillon de leurs petits
talents. Le chevalier de la Bonardière, qui représente la
Tradition, sent fléchir ses principes et s'accoutume à la
fusion des genres. Pour achever de l'ahurir et de le ga-
gner à la cause du passage Choiseul, un diable apparaît,
en maillot feu, cornes d'or au front, et récite, avec mille
trémoussements, les strophes suivantes, — trop jolies
pour être chantées.
je suis le Diable-Musique,
Enfermé, loin de t'appel,
Dans un violon phtysique,
Par l'humeur métaphysique
- Du vieux conseiller Krespel.
t
J'ai trouvé la boîte ouverte.
A moi l'horizon vermeil !
Le joyeux Puek, moins alerte,
Galopait dans l'herbe verte
Sur un rayon de soleil !
Ce soir, mā muse inégale
A des frissons indonnus
je sens comme une frjffil*
D'oripeaux et de Bengale.
Mes. »mjs jont.revenusl.
C'est le sabbat; l'heure sonne! -~~
Qu'avec un bruit de grelot, *'
L'orchestre que j'aiguillonne
Se démène et carillonne t
Comme une mule au galop !
En avant, filles de l'onde ! M
En avant, vieux Jupiter ! *
Je veux ce soir une ronde j v
A faire damner le monde .,A
Aux Porcherons de l'enfer iH
Vous allez me demander sans-doute de qui sont c~:
vers si fringants, d'un tour si ferme? L'auteur de 19
Tradition est M. Henri Derville, plus connu des 11
rateurs que du public,-un poëte,qui, passant du sê
au frivole, traduisait ces jours derniers, en beau-
sonores comme des fusils et brillants comme des
la Bataille de Grochow, de Louis Kaliscli.
Je ne dirai pas que ce prologue d'ouverture »
joué par MM. Léonce et Désiré comme il l'aurai1
par MM. Régnier et Samson. Ce serait aller contre
vérité et le bon sens. - -
Deux opérettes en un acte ont suivi la Tradition. V
Deux opé~~ttes en un acte ont suivi .la .-Tradttwlt. JI'
première, Lischen et Fritzchen, qualifiée par l'affic^^,
conversation alsacienne, est ein paragouinache. ton ;
paron te Nucingen aurait édé rafi, et gui ture^Wji
drende minudes. La scène se basse sur eine craP 1
', - cI1'
roude : ein tomesdigue gonchétié bar son maîdre Y |,. îf
gondre eine bedide marchante te palais. Tous les t'
se regonnaissent pur tes envants de l'Alsace ; ils,sc 1 i
bent tans la main, et bardachent leur técheuner ;
l'amour se met beu à beute la bardie. Mais doutàg(1ll|j
ô malheur ! Lischen et Fritzche^l•grolelït-tegOu-frir^l,,
sont vrère et sœur. Ils ne sont gue goussin et goUs-.';lilt.
Guiddes pur la peur, ils gondinuent ensemple-leur^
min, en gaussant te leur brochet te mariache. EOJ
tut.
Les tableaux à deux personnages réussissent asso^^
Bou ffes-Pari siens; celui-ci se sauve* à force
et de naïveté. Un duettino deseienir 1
et de naïveté. Un duettino destiné à devenir popd',l
(une phrase à l'usage du répertoire Offenbach) en f ^.i<
presque tous les frais. Je ne sais pas trop, par é..({:jIII lHL'
pourquoi on s'est avisé aussi d'y fourrer la fable du
de ville et du R~t des champs, mise en rimes nouvclk'
et ajustée en rondeau. Lischen et Fritzchen a pour in* 1
prètes M. Désiré, très-amusant, — et une enfant de s(>1
ans, qui porte héroïquement le nom jusqu'alors i.ncOI1Il,ll
de Zulma Bouffar. M. Albert de Lasalle ne manq1^
pas, un jour ou l'autre, de vous dire ce qu'il pense,
cette débutante ; moi, j'ai trop envie de la louer pour 1,
pas m'abstenir prudemment. r *
L Amour chanteur avait été annoncé comme le 01"
ceau capital de la soirée; on est demeùré un peu fr01
devant ce pastiche de Molière et de Lulli, — tant il c'
vrai qu'un peu d'invention est indispensable, mê lue,
un pastiche. Un riche bourgeoisie Paris, M. GuillauîllC
a résolu de marier sa fille Araminte à un procureur, ri:;
nom de Théophraste Vilbrequin ;.. mais Araminte c'
éprise de son maître à chanter. Elle feint le délire, COUIIIIC
l'Agathe des Folies amoureuses. Le père est aux centcout
il convoque le ban et l'arrière-ban des médecins en ebel
peau pointu, — et il finit par se jeter dans les bras dei
gens de l'Opéra, qui viennent donner chez lui la rel),
sentation d'une pastorale intitulée. les Éléments, àlasll!
de laquelle Araminte recouvre la raison et la santé. S*1'(
vient un ordre du roi qui la marie à Ergaste. , t
C'est bien peu,— et c'est long à mourir. Je n'y ai pOli1 |
distingué de morceaux destinés. à devenir populairfS,
M'" Marié, sœur de Mlle Galli-Marié , paraissait p°l!
la première fois dans l'Amour chanteur ; c'est uiici et, le
personne, qui a une physionomie d'un attrait particul'1*
et une voix dont. une voix que. Enfin on l'abc111'
coup encouragée. - Vous ne tirerez pas autre ChoSe
, „
coup encouragee. — vous ne tirerez pas autre ch, ose, il(
moi. t.
Par suite d'une perte douloureuse que notre côllàl11^
CHARLES MONSELET-
rateur M. Albert de Lasalle, vient d'éprouver -dafl* •'
famille, la Chronique musicale est renvoyée à notrli:
prochain numéro. — A samedi le compte rendt,
Moïse, de Un ballo m Maschera et de l'ouverture
Boujlfi. s-Paris:ens.
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