Titre : La Silhouette : album lithographique, beaux-arts, dessins, moeurs, théâtres, caricatures
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1830-06-24
Contributeur : Ratier, Victor (1807-18..). Directeur de publication. Lithographe
Contributeur : Bellet, Benjamin-Louis (1805-1882). Directeur de publication
Contributeur : Audibert, Auguste (18..?-1832). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328682582
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 330 Nombre total de vues : 330
Description : 24 juin 1830 24 juin 1830
Description : 1830/06/24 (VOL3). 1830/06/24 (VOL3).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6219803r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5142
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
-10 —
M. le président qui ( si j'en dois croire les bruits du
lieu ) n'avait pas plus reconnu que vous le portrait du
Roi dans ce portrait de jésuite , m'interrogea avec bon-
té. Il semblait goûter mes explications et les trouver
suffisantes pour éclaircir le point de fait ; mais il n'en
était pas ainsi du juge placé à sa gauche ; c'était à cha-
que instant question nouvelle , objection imprévue,
argument contradictoire. Ou m'a depuis expliqué la
cause de cette insistance. La couvictiou de ce juge était
pleine et entière. Il a été vingt ans Procureur du Roi à
Reims.
Je me bornai à répondre que j'avais dessiné un por-
trait de jésuite, que je n'avais voulu faire qu'un jésuite,
que je n'avais pas fait le jésuite beau parce que je ne
trouve rien de plus laid qu'un jésuite, que je n'avais
pas mis de nom au jésuite , que le ministère public seul
mettait un nom au jésuite. Je fis ensuite de fort beaux
raisonnemens pour prouver que rien n'établissait que
j'eusse vu autre chose qu'un jésuite, que la saisie
du numéro n'avait été faite que long-temps après
son apparition, que l'illustre M. de Monlbel, qui,
en sa qualité de ministre, approche chaque jour
Sa Majesté, avait gardé quatre jours le portrait
chez lui sans y voir autre chose qu'un jésuite. J'ajou-
tai encore bien d'autres raisons qui me semblaient tou-
tes meilleures les unes que les autres, et je repris ma
place, fort contente de moi et persuadée que j'avais
convaincu mes juges et même M. le procureur du Roi.
Il n'en était malheureusement rien. Celui-ci parla dix
minutes- Son réquisitoire peut se traduire en peu de
mots. « Je suis convaincu de la culpabilité, voyez MM.
et jugez. Il est impossible de dire que ce n'est pas le
portrait du Roi qu'on a voulu faire. C'est frappant. Ce
qui prouve encore qu'on a voulu représenter le monar-
que d'une manière grotesque et insultante, c'est qu'on
a mis dessous Un Jésuite. Le Roi a été outragé et la
loi punit l'outrage au Roi de six mois à cinq ans de
prison, de 500 f 10,000 fr. d'amende.»
Je frissonnai et je fis un saut sur un banc. Cinq ans!..
Dix mille francs ! ! !' je jetai un dernier regard d'espoir
vers le banc des avocats où se trouvaient Me Chaix
d'Estange et Wollis, qui s'étaient chargés de ma dé-
fense. C'était sans doute trop d'un pour détruire la
prévention. Me Wollis suffit seul à cette tâche , au dire
de tous les auditeurs , au dire même de M. l'avocat du
Roi, qui le paya par un compliment du zèle qu'il avait
mis à me défendre. J'étais toute tranquillisée , toute
contentej l'un de mes représentans, M. Bellet com-
pletta ma défense, et je n'avais plus aucune crainte.
Voyez cependant mon malheur.1 Après i heure 1/2
de délibération. Le tribunal rendit le jugement suivant
qu'il m'a condamné à insérer dans ma feuille.
«En ce qui touche le défaut d'autorisation :
Attendu que la gravure incriminée fait partie d'un
ouvrage qui n'est assujetti, par la loi du 21 octobre
1814 , à d'autres formalités de la part de l'imprimeur
qu'à celle d'une déclaration préalable ;
En ce qui touche l'offense au Roi :
Attendu que la gravure incriminée est offensante
pour la personne du Roi ;
Attendu que Ratier n'a pas concouru à la publica-
tion ;
Le Tribunal renvoie Ratier de la plainte, et con-
damne Bellet, par application des art. 1 et 9 de la loi
du 17 mai 1819 , à six mois de prison et 1000 fr. d'a-
mende. »
LES ANES.
Arrectis auribus. intentique ora tenebani.
Le lecteur va peut-être, à l'aspect de notre litho-
graphie , crier au scandale, à la personnalité, appeler
sur notre tête les foudres vengeresses de MM, du par-
quet; mais n'allons pas. si vite , et ne faisons pas de
nos aimables salons le repaire d'une sainte Hermandad.
Nous déclarons professer la plus haute estime pourM.Ja-
cotot, nous lui tenons compte de ses effort pour les pro-
grès de l'enseignement, nous approuvons les bases de sa
méthode, et si nous avons ici croqué un âne, c'est moins
pour lui faire injure. que pour ipdiquçr, qu'il donnerait
du talent à l'âne le plus renforcé.. Voilà notre profes07
M. le président qui ( si j'en dois croire les bruits du
lieu ) n'avait pas plus reconnu que vous le portrait du
Roi dans ce portrait de jésuite , m'interrogea avec bon-
té. Il semblait goûter mes explications et les trouver
suffisantes pour éclaircir le point de fait ; mais il n'en
était pas ainsi du juge placé à sa gauche ; c'était à cha-
que instant question nouvelle , objection imprévue,
argument contradictoire. Ou m'a depuis expliqué la
cause de cette insistance. La couvictiou de ce juge était
pleine et entière. Il a été vingt ans Procureur du Roi à
Reims.
Je me bornai à répondre que j'avais dessiné un por-
trait de jésuite, que je n'avais voulu faire qu'un jésuite,
que je n'avais pas fait le jésuite beau parce que je ne
trouve rien de plus laid qu'un jésuite, que je n'avais
pas mis de nom au jésuite , que le ministère public seul
mettait un nom au jésuite. Je fis ensuite de fort beaux
raisonnemens pour prouver que rien n'établissait que
j'eusse vu autre chose qu'un jésuite, que la saisie
du numéro n'avait été faite que long-temps après
son apparition, que l'illustre M. de Monlbel, qui,
en sa qualité de ministre, approche chaque jour
Sa Majesté, avait gardé quatre jours le portrait
chez lui sans y voir autre chose qu'un jésuite. J'ajou-
tai encore bien d'autres raisons qui me semblaient tou-
tes meilleures les unes que les autres, et je repris ma
place, fort contente de moi et persuadée que j'avais
convaincu mes juges et même M. le procureur du Roi.
Il n'en était malheureusement rien. Celui-ci parla dix
minutes- Son réquisitoire peut se traduire en peu de
mots. « Je suis convaincu de la culpabilité, voyez MM.
et jugez. Il est impossible de dire que ce n'est pas le
portrait du Roi qu'on a voulu faire. C'est frappant. Ce
qui prouve encore qu'on a voulu représenter le monar-
que d'une manière grotesque et insultante, c'est qu'on
a mis dessous Un Jésuite. Le Roi a été outragé et la
loi punit l'outrage au Roi de six mois à cinq ans de
prison, de 500 f 10,000 fr. d'amende.»
Je frissonnai et je fis un saut sur un banc. Cinq ans!..
Dix mille francs ! ! !' je jetai un dernier regard d'espoir
vers le banc des avocats où se trouvaient Me Chaix
d'Estange et Wollis, qui s'étaient chargés de ma dé-
fense. C'était sans doute trop d'un pour détruire la
prévention. Me Wollis suffit seul à cette tâche , au dire
de tous les auditeurs , au dire même de M. l'avocat du
Roi, qui le paya par un compliment du zèle qu'il avait
mis à me défendre. J'étais toute tranquillisée , toute
contentej l'un de mes représentans, M. Bellet com-
pletta ma défense, et je n'avais plus aucune crainte.
Voyez cependant mon malheur.1 Après i heure 1/2
de délibération. Le tribunal rendit le jugement suivant
qu'il m'a condamné à insérer dans ma feuille.
«En ce qui touche le défaut d'autorisation :
Attendu que la gravure incriminée fait partie d'un
ouvrage qui n'est assujetti, par la loi du 21 octobre
1814 , à d'autres formalités de la part de l'imprimeur
qu'à celle d'une déclaration préalable ;
En ce qui touche l'offense au Roi :
Attendu que la gravure incriminée est offensante
pour la personne du Roi ;
Attendu que Ratier n'a pas concouru à la publica-
tion ;
Le Tribunal renvoie Ratier de la plainte, et con-
damne Bellet, par application des art. 1 et 9 de la loi
du 17 mai 1819 , à six mois de prison et 1000 fr. d'a-
mende. »
LES ANES.
Arrectis auribus. intentique ora tenebani.
Le lecteur va peut-être, à l'aspect de notre litho-
graphie , crier au scandale, à la personnalité, appeler
sur notre tête les foudres vengeresses de MM, du par-
quet; mais n'allons pas. si vite , et ne faisons pas de
nos aimables salons le repaire d'une sainte Hermandad.
Nous déclarons professer la plus haute estime pourM.Ja-
cotot, nous lui tenons compte de ses effort pour les pro-
grès de l'enseignement, nous approuvons les bases de sa
méthode, et si nous avons ici croqué un âne, c'est moins
pour lui faire injure. que pour ipdiquçr, qu'il donnerait
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