Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1917-04-06
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 avril 1917 06 avril 1917
Description : 1917/04/06 (Numéro 19824). 1917/04/06 (Numéro 19824).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k621505d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/11/2008
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Rédaction. ©ut. W.'JfrOl.Tî-Ol.'B
Stéphen PICHON
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VENDREDI ; t
Le Parlement français fait une émouvante manifestation
; en l'honneur des Etats-Unis .
HONNÈUR
aux Etats - Unis !
. Les manifestations qui se sont pro
duites, hier,, à la Chambre et au ..Sénat,
à l'occasion, de l'intervention américai
ne, sont les, plus belles' et les çlus ré
confortantes que nous ayons eu ï enre
gistrer depuis ■ les séances inoubliables
du 4 août 1914.
Les'discours du président du Conseil
et des présidents, des deux assemblées
— auxquels il faut ajouter le télégram
me de M. Poiiïcaré à M. Wilson —
ont traduit dans un langage qui retentira
profondément au cœur f de la France
les sentiments tiue provoque tlan$ toutes
les nations libres l'acte de délivrance et
!d' abnégation accompli par le gouver
nement et le. peuple des Etats-Unis.
A Paris comme à Washington, c'est
par des acclamations enthousiastes que
. .es représentants du pays oint accueilli
les déclarations où toute la portée du
concours de. la République américaine
/est mise en relief avec une vigueur
d'autant plus saisissante qu'èlle est plus
sobre et se tient simplement dans la vé
rité. Il n'est pas possible, à ce point de
vue, de trouver des mots plus forts et
plus justes que ceux. dont s'est servi le
chef du gouvernement.
Pendant que l'Allemagne, ' en- proie à
fe'a folie de grandeur et de tyrannie, de
massacres et de destruction, est tout en
tière acharnée à la mise en scène dé
moniaque de ses assassinats sur mer et
de ses ravages sur les terres livrées à
ses attentats -féroces, : les peuples qui
ont gardée suivant les expressions de,M.
Riboî, « ce besoin d'idéal «ans lequel il;
n'y a pas de grande nation » lui répon
dent par la revendication imprescripti
ble du droit, de la liberté, de l'indépen
dance, de la justice, et s'unlssènt pour
les arracher à sa! furie, dévastatrice.
Et ils voient venir à eux, pour l'ac
complissement de cette œuvre de salut
.universel, « la démocratie la plys paci
fique qu'il y ait au monde », et ils sen
tent , qu' ils représentent une puissance
invincible, à la. fois par le -nombre et
:lâ qualité, par. les ressources matériel
les et' l'autorité morale, par. ce qu'il y
a de supérieur et. d'immortel dans la
cause sacrée dont ils sont les défen
seurs! ■
,* L'ovation dont l'ambassadeur des
,'Etats-Unis, M.Sharp,a été l'objet au
Luxembourg et. au. Paiais-Bourbôn,
.symbolise la, reconnaissance qui nous
lie pour l'éternité à nos nouveaux, com
pagnons d'armes et qui fera l'efficacité
isouveraine de notre alliance, le jour où
le devoir s'imposera de châtier les cri
mes contre lesquels,elle s'est formée et
de conclure dans la victoire une paix
décisive pour conjurer lés retours de la
barbarie et garantir les droits de l'hu
manité.
- S. PICHON.
LE VOTE DU SENAT
AMÉRICAIN
Washington, 4 'Avril, r— Le Sénat des
Etats-Unis, par 82 voix contre 6,-fl voté
la résolution de .guerre.
' Washington, 5 Avril. — Il était un peu
plus de dix heures et, demie du sair envi
ron, lorsque le président du Sénat a, dé
claré que la discussion était closeet qu'il
'allait être procédé immédiatement au.-vote,
malgré les violentes protestations du petit
groupé d'obstructionnistes ^rangés autour
jdw sénateur La Follette.
La proclamation du résultat: a été faite
vers onze heures un quart. Lorsque le pré
sident se leva, tous les sénateurs l'imitè
rent et un silence -profond s'établit. Quand,
d'une voix forjte,"le président annonça que
le Sénat avait adopté, par 82 voix contre
C, une ovation formidable et sans précé-
dent dans l'histoire du Sénat américain
Accueillit ces" chiffres.
Les six voiXyqui se.sont'pronojicées con-
'tre là motion comprennent trois républi
cains ; les sénateurs La Follette,.Norris cl
Gronna, et trois démocrates : les sénateurs
Stonc, Vardaman, O'Gorman.
Les 82 voix qui se sont prononcées pour
la motion se décomposent en A3 démocra
tes et 39 républicains.
Voir en 3" page :
LES COMMUNIQUÉS FRANÇAIS-
ETBRITANNIQUE:
M. POINCARE
salue M. Wilson
Le Président .de ^République a fait par
venir le télégramme suivant à M. Wilson,
Président des Etats-Unis d'Amérique :
« Au moment où, sous la généreuse iiis-,
piration-de Votre Excellence, la grande Ré
publique américaine, fidèle , à son idéal et
à ses traditions, s'apprête & défendre par
les amies la cause de la justice et de la li
berté, le . peuple français tressaille d'une
émotion fraternelle. Laissez-moi vous re
nouveler, monsieur le Président, en cette
■heure grave et solennelle, l'assurance des
■sentiments dont je nous' ài récemment-
adressé le témoignage et qui trouvent dans:
les circonstances présentes .un- accroisse•
.ment de force et d'ardeur. ■■■■■■>
= n'J<Ms sûr la France tout entière en vous disant, ri
vous et à la nation américaine, la joie et
la fierté que noux éprouvons à sentir nos
cœurs battre, une fois encore, à l'unisson
avec les vôtres. Cetle guerre n'aurait pas eu
sa signification totale .si les Etats-Unis
n'avaient pas été-amené s par l'ennemi lui-
même d y prendre part. Dorénavant, il ap
paraît plus que jamais à tout esprit im
partial que Vimpértalisme allemand, qui a
voulu, préparé et déclaré la guerre, avait
conçu le lève insensé d'établir son hégémo
nie sur le monde. Il n'a réussi qu'à révolter
la .conscience de l'humanité,Vous vous êtes
fait, devant l'univers, en un langage inou
bliable, l'éloquent interprète du droit ou
tragé et de la civilisation menacée. Hon
neur à vous, monsieur le Président, et A
votre noble pays.
» Je vous prie de croire à mon amitié dé
vouée.
•» • -Signé ■: .Raymond P oikcaré. »
AU PALAIS-BOURBON
Le Parlement français n'a pas voulu
baisser'jpûçser, Jiier, .l'heure Jiistc^que Jiù.
la grande République américaine a déci
dé de se ranger aux côtés des Alliés pour
là cause de la Civilisation, et de.«l'Huma
nité, sans faire une grande et émouvante
manifestation de sympathie en faveur des
Etats-Unis. , * . . : .
A l'ouverture de la séance de la Cham
bre, les tribunes du public, et celles de
là presse sont bondées, les députés sont •
très : nombreux dans la salle : et presque
tous les ministres sont au banc > du gou
vernement aux côtés de M. A. Ribot, pré
sident du Conseil.
Dans la loge diplomatique, où se pres
sent' les représentants des pays amis et
neutres, on remarque, au premier rang,
M. Sharp, ambassadeur; des Etats-Unis ;
M. Iswolski; ambassadeur de Russie ; M.
"Matsui, ambassadeur du Japon.,
Premier salut
■ Dès le début 1 de la séance, sitôt le pro-
icès-v.erbal adopté, M. Paul Deschanel
donne la iiparole à M. Ribot, président du
•Conseil. : •<
Célui-ci monté à la ' tribune, au milieu
d'un silence impressionnant.
— Avant, dit-il, d'une voix assurée,- que
là Chambre 'se sépare, le gouvernement,
lui demande - d'adresser un salut cordial
à la ■grande République des Etats-Unis.
Dès ces premiers mots, la Chambre tout
entière se dresse en une aoclamation im
mense, • et, spontanément tous les députés
se tournent vers la loge diplomatique'en
applaudissant à tout rompre. M. Sharp,
ambassadeur des Etats-Unis, visiblement,
•ému, se lève: Aux cris répétés de « Vive
la République ! Vive. les Etats-Unis ! » il
refnue les .lèvres, coirçme pour répondre,
mais il s'arrête devant la manifestation
qui se prolonge durant plusieurs minutes,
dont-son noble pays est l'objet de la part
des représentants de la nation, et s'incli
ne, à plusieurs ' reprises, on un geste de
remerciement.
M: Ribot, quand ces applaudissements
auxquels se sont .associés tous ses colla
borateurs, à l'exception de l'amiral La-
caze qui, n'étant pas membre du Parle
ment, n 'e pouvait pas applaudir, ont cessé*
poursuit la lecture de son discours, fré
quemment ; interrompu par les bravos de
l'Assemblée, auxquels se joignent ceux des
représentants de la'presse et du public.
Nouvelle ovation
,. : ; i. ■ I .. . : , ■ ■ ' ■
Les députés, qui, à plusieurs reprises,
s'étaient levés pour acclamer, à- travers les
nobles paroles du président du -Conseil, la
grande. République américaine, soulignent
de bravos prolongés La péroraison. de M.
Ribot, et, de nouveau se tournent vers la
loge diplomatique où M. Sharp, debout,
s'incline taindis que de nouveaux cris de
« Vive l'Amérique ! » •« Vivent les Etats-
Unis ! » se font entendre dans la salle où
l'enthousiasme est extrême.
De toutes parts, spontanément, on de
mande l'affichage du discours de M, Ribot.
Il est voté par des acclamations unanimes,
auxquelles, seuls, un député socialiste reste
volontairement étranger, M. Raffin-Du-
gens. -
M. Paul Deschanel se leva alors et d'une
voix forte et vibrante lit le discours que les
députés interrompent à de nombreuses re-,
prises par des applaudissements enthou
siastes et des cris répétés de « Vive l'Amé
rique ,! Vivent les Etats-Unis ! »
Comme les paroles de M. Ribot, celles, de
M. Deschanel sont, à de multiples reprises,
soulignées par les bravos enthousiastes de
la-C.hambre, qui se lève plusieurs fois pour
applaudir son président et l'ambassadeur
des Etats-Unis. Le puiblic des tribunes, et
les journalistes mêlent de nouveau leurs
appl&wîi$sémeni8 * ceux de l'As§en,biê#.
DISCOURS
de M. Ribot
' — Vous avez lu, dit M. Ribot, l'admira
ble message du président Wilson. î
• Nous avons tous le sentiment que qtïel-
que chose de. grand et qui dépasse - tes
proportions d'un,événement politique vient
de s'accomplir. , • "i ,
C'est un fait historique'd'une importan
ce sans égale que l'entrée en guerre, avec
nous et nos alliés, de la démocratie la
plus pacifique qu'il y ait au monde. Après -
avoir tout fait pour affirmer son attache
ment à la paix, la grande natjon améri
caine déclare solennellement qu'elle ne
peut rester neutre dans cet immense
conflit entre le Droit et la violence, entre
la civilisation et la : barbarie. Elle consi
dère qu'M est de son -honneur dé relever-
les défis portés-à toutes les- règles du droit]
international si laborieusement édifiées
par l'effort commun des nations civili
sées.
Elle déclare en même .temps qu'elle ne
combattra pas pour des intérêts, qu'elle
ne veut ni conquête, ni compensation,
qu'elle entend seulement aider a la victoi
re de la cause du Droit et de la Liberté.
Ce quïïl y a de grandeur, de noblesse
dans- cette action est encore rehaussé par
la simplicité et la sérénité du langage du
chef illustre de cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où
nous sommes engagés, le message du Pré
sident des Etats-Unis dissiperait toute
obscurité. Il fait apparaître à tous que la <
lutte est véritablement une lutte entre
l'esprit de liberté des sociétés modernes et
l'esprit de domination des sociétés encore
asservies à un despotisme militaire. C'est
ce qui fait que ce message retentira jus
qu'au fond de tous les cœurs comme ■ un
message de délivrance apporté au monde.
Le peuple , qui a. fait au XVIII* siècle la
déclaration 'des droits sous l'inspiration
des écrits de nos philosophes, le peuple
qui* a mis au premier rang de ses héros
Washington Lincoln, le peuple, ■qui,-
siècle dernier, s'est déchiré lui-même pour
abolir l'esclavage, était bien digne de don-
ner au monde un tel exemple. Il reste ainsi
fidèle aux traditions des fondateurs de son
indépendance et il montre que le prodi
gieux essor de ses forces industrielles et de
sa puissance économique et financière n'a
pas affaibli en lui. ce besoin d'idéal sans
lequel il n'y a pas de grande nation.
t Ce qui nous touche particulièrement,
■c'est que les Etats-Unis nous aient gardé
l'amitié qui a été scellée autrefois de notre
sang. ,Nous constatons avec une joie recon
naissante que la fidélité des sympathies,
entre les peuples est une des vertus délica
tes qu'on peut cultiver au sein d'une démo
cratie.
Le drapeau étoile va flotter à-côté du
drapeau tricolore, nos mains vont se join
dre et nos. cœurs battre à l'unisson. Ce se
ra pour nous, après tant de souffrances
héroïquement .supportées, tàilt de deuils et
tant de ruines, un renouveau des . senti
ments qui nous ont animés et soutenus
pendant cette longue 'épreuve. L'aide-puis
sante, 'décisive, que nous apportent les
Etats-Unis ne sera pas seulement une aide
matérielle : elle sera surtout une aide mo
rale et un véritable réconfort.
. En voyant s'éveiller partout dans le.
monde'la conscience des peuples et s'éle
ver une immense protestation contre les
atrocités dont nous sommes victimes, nous
sentons plus vivement que nous ne combat
tons pas seulement pour nous -mêmes et
pour nos alliés, mais pour quelque chose
d'immorlei et que nous travaillons à fon
der un ordre nouveau. Ainsi nos sacrifices
n'auront pas été vains ; ainsi le sang géné
reux versé par les fils de la France aura
été la semence féconde des idées de Justice
et de Liberté, fondement nécessaire de la
concorde entre les nations.
Au nom du pays tout entier, le gouver
nement de la République française adresse
au gouvernement et au peuple ' des Etats-
Unis, avec l'expression de sa reconnais-
sance, Ses vœux les plus ardents. ■
DISCOURS
de 'M. Deschanel
-Messieurs, ...
« La Chambre française salue avec en
thousiasme le verdict du Président de la
République des Etats-Unis, qui est la voix
même de la justice, ét l'énergique décision
du Sénat fédéral acceptant la guerre im
posée par l'Adlèmàgne
: » Eschyle a dit dans les Perses: « Laissez
germer l'insolence : ce qui pousse, c'est
l'épi du. crime on. récolte une moisson
de douleurs. »
; » Et nous pouvons dire/nous :.« L'épi du.
crime porte la vengeance • : après la mois
son de douleurs, voici la moisson de ius-
tice 1.» ; . . .
. » Le ori des enfants et des femme?, -du
fpnd de l 'abîme où,les précipita un hideux
forfait, a retenti d'un bout à l'Autre 4ô la -
t^-re. Js»s cendres "dô "Washington èt"de
Lincoln ont tressailli ; leur grande âme
soulève l 'Amérique.
» Et s'agit-il''seulement de venger des
Américains ? S'agitril; seulement de punir
la violation des traités >au bas desquels
les Etats-Unis avaient mis leur signature ?
Non : ,les vérités éternelles proclamées dans
la Déclaration de 1776, les saintes causes
que défendirent La Fayette et Rocham-
beau, l'idéal des pures consciences d'où est
née la grande République, — honneur, mo
rale, liberté, — voilà 1-es biens suprêmes
qui brillent dans les plis du drapeau
étoilé ! ; '
» Descendants des Puritains de la Nou
velle Angleterre, -nourris des préceptes de
l'Evangile, et qui, sous le regard de Dieu,,
vont châtier les infernales créations du
génie du mal, mensonge, parjure, assas
sinats, ... profanations, rapts, esclavage, '
martyres et cataclysmes de toutes sortes ;
catholiques, frappés en plein cœur par les
anailhèmes contre leur religion, par' les
outrages à ses cathédrales et à leurs sta
tues, qui ont abouti aux destructions de
Louvain.et de Reims ; professeurs d'univer
sités, sûrs gardiens de.la pensée du droit :
industriels de l'Est et. du .Centre, fermiers
çt, éleveure de l'Ouest, ouvriers et artisans
menacés dans leur travail par le torpiJ- ;
la.ge des navires, par l'arrêt des Irarusac-
tian^' : t-iht)ltés'par les insultes au f'iviilon'
ïtallon&l lés VôilS tous dressé? '< leur
tour contre le fol orgueil qui vou it as
servir la terre, la mer, le ciel, le? unes !
< n .A l'heure où, comme aux temps héroï
ques de la guerre de l'Indépendance, les
Américains vont combattre avec nous, ré
pétons-le une fois encore : nous ne voulons
empêcher personne de vivre, de travailler,
de commercer librement ; mais la tyrannie
de la Prusse est devenue un péril pour le
Nouveau-Monde comme pour l'Ancien,
pour l'Angleterre comme pour la Russie,
pour l'Italie comme pour l'Autriche et pour
l'Allemagne elle-même. Soustraire le mon
de, par l'effort commun des peuples démo
cratiques, au joug de sa caste militaire et
fé,odale pour fonder la paix sur le droit,
est une oeuvre d'affranchissement humain
et de salut universel.
» En accomplissant sous une présidence
désormais immortelle, le plus grand acte
de ses annales depuis l'abolition dé. l'escla
vage, la glorieuse nation dont toute l'his
toire n'a été qu© le développement de l'idée
de liberté demeure fidèle à ses hautes ori
gines et'se crée un titre de plus à la re
connaissance dugenre humain. La Répu
blique française, à travers les ruines de ses
villes et de ses monuments dévastés, sans i
motif et sans excuse, par une sauvagerie'
honteuse, envoie à sa sœur aimée, à la R5-
ipublique américaine, les palmes de la
Marne, de TYser, de Verdun et de la'Som
me, auxquelles vont s'ajouter bientôt de
nouvelles victoires t ■ » ..
L'affichage des deux discours
est voté
M. Paul Deschanel a à' peine terminé
la lecture de son discours, que M. Colliard,
debout dans l'hémicycle en réclame l'affi
chage.
M. Ribot. — C'est entendu.
: — Oui, oui ! crie-t-on de toutes parts, l'af
fichage Il'afflchage !
M. Colliard. —Nous demandons en c. '.re
oue les deux magnifiques discours que nous
venons d'entendre soient lus dans toutes les
écoles publiques de France.
Par acclamations, et sitôt mise aux voix,
la Chambre.ratifie cette double proposition.
— Tarieifle!- vous ne prenez pas
— Mais si,, j'en ai mis..., pour- ne
de gants avec moi!
pas me salir!..*
COMMENT
les Etats-Unis
doivèntmeoer la guerre
Leufs hommes d'État nous le disant
(Du correspondant dw Petit Journal) ;
New-York, -'5 Avril.'" —J^i tenu à deman
der aux principaux hommes politiques et
aux personnages les plus notoires des
Etats-Unis' leur/avis'sur , la manière dont
leur pays 'devait mener la guerre cçntre
lîAllemagiie et sur' lâ coopération avec les
; puissances de l'Entent^. Voici les " répon
ses qui m'ont été'faites :
■ M. '.Roçsevelt, ancien président de la Ré
publique' ; •
-Une r;verre défensive serait inutile nous
•devons ; adopter une ^vigoureuse offensive- et
envoyer des soldais sut le front pour avoir
le dtoil ile 'pfiH'r'ver -.â la conclusiop..de la
paix." ^ V ■ i ■
• Mv~Taft,^anci(în'Président de la Répub'li-.
>que
Une -niliance pratique avec l'Entente est
mfcc'ssaine pour mener une guerre- effective.
J'ai l'espoir que dans un an le militarisme
prussim sera mort,
! M. Puterbridge, président dé la Chambre
de New-York :
Il est indispensable qu'un grand conseil de
guerre soit réuni immédiatement pour- fixer
l'entière coopération financière, économique et
militaire, avec les Alliés.
M. Hibben, président de l'Université de
Princeton ;: •
Les iute,..duels d'Amérique désirent l'union
avec leufs alliés naturels.
M. Gérard, ancien ambassadeur des
Etats-Unis'à Berlin :
M. Wilson, président de la paix, s'est en
core nrandi en devenant le président de la
guerre. ■■ . \
M. Myron Herrick, ancien ambassadeur :
J'aime trop la France pour ne pas désirer
un ? coopération complète. '
Le secrétaire de M. Ford, le'roi .de l'au-
tomobile, connu par ses manifestations pa
cifistes, a dit :
M, Ford a mis à la disposition du ministère
de la Guerre sa fortune de 600 millions de dol
lars et les '40.000 ouvriers de ses usines, du
Détroit, estimant qu'un pacifiste doit parfois,
vouloir la guerre.
\ M. Cornélius Vanderbilt :
Je 'Suis mobilisé et le colonel du ,22' régi-
pie&Lffî'i&çrdit. de faire des déclarations,
■mais ce'?que }e puis dire c'est que moi'et mes
trois fils sommes prêts à. faire notre devoir. '
L'amiral Fiske : > •■ ■■■■
.11 est urgent de procéder à la préparation
str-at -"ue de la guerre et à la coordination
des efforts.
M. Gompers, président .de. la Fédéra
tion du travail : • , !
Quatre millions d'ouvriers sont prêts au
travail, ^-wr l'exécution du programme amé
ricain wnur. trois ans' de guerre.
-. M, Thomas Edison, qui travaille jour et
nuit, dans son laboratoire, ne fera pas de
déclaration.
; Le fondé de pouvoir de la Banque Mor
gan, dit :
La richesse américaine s'apprête à écraser
l'A llemagne. ■ ■
Le Bureau de la Ligue germano-améri
caine dit : j .
: Nos trois millions de membres feront leur
devoir sous le président Wilson comme nous
luttâmes avec loyalisme sous le , Président
Lincoln, — Plsanl.
AU L UXEMB OURG
Depuis l'historique séance de la déclara
tion de guerre d'août 1914, une manifes
tation aussi imposante et aussi >âmotion-
nante n'avait eu lieu au Sénat.
Aussitôt'la lecture du procès-verbal, le
président, M. Antonin Dubost, donne la
parole à M. .Ribot, président du Conseil.
A peine ce dernier a-t-il pris la parole que
tous les sénateurs se , lèvent,. se tournent
vers la tribune diplomatique et. saluent
d'applaudissements, frénétiques l'ambassa
deur des Etais-Unis qui, semblant profon
dément ému, salue et s'incline à plusieurs
réprises.'
Discours de . M. Antonin Dubost
Voici le texte, du discours prononcé par
M. Antonin Dubost :.
« Messieurs, \ . ■
« Le' Sénat reçoit avec une intense - émo
tion; patriotique et réjfublicaine, la com
munication .par laquelle le gouvernement
lui annonce" que les Etats-Unis sont désor
mais en état de guerre et solidairement
avec nous., ■ ■ . ». . .......
» Ainsi le crime initial de l'Allemagne dé
roule .l'une après l'autre toutes ses fatali
tés. Il déchaîne la plus grande insurrec
tion des peuples libres qui se soit jamais
vue, contre la dernière tyrannie : le mili-,
tarisme prussien.
» Il les,associe successivement dans une
magnifique solidarité démocratique, et.
voici que l'épée de Washington, répondant
à l'épée de La Fayette, est à son tour jetée
dans la, balance I
» La grande République avait déjà spon
tanément assumé une mission sublime, cel
le d'empêcher la. Belgique et la France en
vahies de mourir de faim ! Au moment so
lennel où elle cède à un appel plus impé-,
rieux, celui de l'honneur outragé, le Sénat
français lui adresse en même temps sa re
connaissance et son salut fraternel I
» Honneur aux nouveaux soldats de la
Liberté qui,, connaissant toute l'affreuse
puissance de l'Allemagne pour le mal,- l'af
frontent résolurent !
» Honneur au nouveau juge qui demain
prendra place à la Haute Cour de Justice
de l'Humanité et qui prononcera avec nous
les peines collectives et individuelles que
méritent la coalition germanique, ses chefs
et. ses complices 1 »
Le discours de Mi Antonin Dubost ëit
très applaudi et, à l'unanimité, le Sénat
en vote l'affichage." ..•
i A deux reprises, M. Bonnelat, sénateur
du Cher, a déployé et agité le drapeau
étoilé des Etats-Unis.
t * Lw ' •
i y ---,* f
LES ORIGINES
et les conséquences ,
de l'alliance américaine
Interview de M. Gabriel Hanotàux
Le comité France-Amérique de Pa^
ris,, dont M. Hanotaux, .de l'Académie
française, est' le f président, a errvoyé hier
au .comité, .France-Amérique' de ; Nfew-York
le télégramide "suivant : ' \ '
y-oulons vous:.exprimer joie profov,de de la
France de ■ se retrouver après un siècle dans
les:mèmes sentiments de fraternitétd'armei et
a.idéal avec noble peuple américain. ' lie -co.
mité France-Aï érique va célébrer dqfas ûnf-
cérémonie .réunissant les représentants des
deux pays la date inoubliable, du ,4 avril 1914
Vœux ardents-pour notre commune victoire,
— Hanotaux. '
A propos de ce télégramme, M.Hahotaùx -
a bien voulu nous recevoiivet nous donner "
ses imjjrfssions sur les origines et l'impor-
,taw;p de la nouvelle'alliance aàiftricarne :
— On ne peut pas .nier;, nous a-t-il.dit,.que
tôute"l'Aipériqucf est-restée fidèle aux-origines '
eut ont assuré la naissance et l'indépendance -
de la République. Cela ne remonte pas seule-'
ment au temps de La Fayette et de Washing
ton et personne n'ignore, en Amérique, la part
que, notre illustre compatriote Champlain ' a : '■>
prise à la colonisation européenne du conti
nent américain. Il y a quelques années, quand
le comité France-Amérique envoya une délé
gation pour porter la belle » France » de Ro-
din, destinée à faire partie du monument éle
vé â Champlain sur les bords du lac du même '
nom, les Etats-Unis nous ont fait un accueil <■
inoubliable. Un charmant écrivain américain,
bien connu à Paris, M. Finlay, vient d'autre
part de publier un livre du plus haut intérêt
intitulé : « La France au cœur de l'Amépi- >
oue ». Il y établit les origines françaises de la
démocratie américaine fit il ne faut 'pas ou
blier, en effet, que l'empire colonial français
d'Amérjque s'étendait du Canada à la Louisia-'
ne et au golfe du Mexique en suivant toute la
vallée des grands lacs et le cours entier du :
Mississipi. Les souvenirs que nous avions ici
un peu oubliés sont restés présents à la mé-
moire du peuple américain "et le Président'
Roosevelt me disait un jour : t Toutes les fois
qu'en Amérique on trouve une ferme ou un
établissement agricole situé dans - une région
particulièrement isolée et rude et que cet éta
blissement s'arrelle • Bel-Air », « Bêlle-Vue » •
oii.i l'Aventure ». soyez tranquille,: c'est un
Français qui l'a fondé s.
Les ouvriers de la première heure
Fondée sur ces bases, l'alliance .a. pu .
s'édifieT peu à peu, grâce à de nombreux,
initiateurs, . . .. , '
Comment"ôubl 1er, dît M. ■ HunÔtatix. les
ouvriers de la première heure 1 Faisons sur-
tout une part très large à. notre diplomatie ;
elle a su préparer, par la cordialité des rela
tions journalières, les grandes décisions d'au
jourd'hui. Souvenons-nous de M- Robert Bea- • 1
con, qui, dès la déclaration de guerre, ■ vint en
France et. débarqua au Havre en disant,: « La ■
France se bat, j'accours 1 ». Son successeur a
l'ambassade dos Etats-Unis,' M. Herrich, fit,
lui aussi, une bien noble acclamation : a Les
Allemands, s'écria-t-il au moment de l'inva
sion, ne pourront démolir Paris qu'eirpassant
sur le - L -ps de l'ambassadeur des Etats-Unis ;
t'aris "'-"ipartient pas seulement à la France,
il appartient au mondé. Enfin, l'ambassadeur
actuel,■ M. Sharp, esprit si prudent et si avisé,'
a témoigné pour la France, en toutes circons
tances, la sympathie la plus active et la plus
éclairée. De notre côté, il faut remercier les
ambassadeurs de la : France aux Etats-Unis,'
MM. Jules Cambon et Jusserand, ce dernier
vent...,; d'être acclamé à la séance désormais
hi torique du Sénat américain. Et puis nous
devons également saluer tôus .les autres pion,
niers de l'alliance, les. membres des si nom
breux- comités américains qui ont organisé,
en France, en Belgique, les secours ai":'bles
sés, aux prisonniers, • aux populations en
vahies. Tous ont participé à rendre plus in.
timos les relations entre les deux pays. ®
L'œuvre de M. Wilson " '
Mais il faut aussi parier de l'œuvre de.
M. Wilson. et M. Hanotaux rend un écla
tant témoignage au r président des Etats-
Unis :
— Le Président Wilson a eu, en cette cir
constance unique t un double rôle qu'il a rem.
pli admirablement.. En premier lieu,, il a eu
a faire en quelque sorte l'éducation interna
tionale du grand peuple qui s'était abrité Jus
qu'ici derrière la doctrine da Monroe. Si cette ...
entreprise n'avait pas été conduite avec la pa
tience, la logique et le sang.jtroid extraordi
naire qu'y a mis le Président Wilson. l'opi
nion américaine eût été en quelque sorte
ctupée en deux et nous n'aurions pas la belle
unanimité de sentiments et de< voeux qui ac
compagne la volonté et les actes du gouverne
ment américain., L'autre partie du rôle qui in.
combait au Président était d'être, devant le
peuple américain, devant l'opinion universelle
et devant l'Histoire la voix de l'Amérique. Son
message est un morceau incomparable d'élo-
Quenc'e profonde et de vision prophétique : le ' •
monde de demain se conformera, dans ses
gr-.nu.^ lignes, aux directions .données par
le Président Wilson, La vague de la démocra
tie sort.i à son appel, des .-profondeurs où elle •.
sommeillait encore, elle balaiera les despotis-
mes militaires et les castes guerrières : tout
esi clair, maintenant ; le combat est engagé- •
entre' la liberté .et. la servitude..» ,
La démence de l'Allemagne
Avant de prendre congé de l'ancien mi
nistre des Affaires étrangères, nous lui de
mandons ce'qu'il - pense des conséquences
de l'entrée en ligne de l 'Amérique. Il nous
répond : ' ...... ï
— Les Etats-Unis, à eux seuls, eussent été un
adversaire redoutable pour l'Allemagne en cas
de guerre entre les deux pays. On peut juger .
par là. quelle est la démence du gouvernement
allemand quand il brave 1,'Amérique et la pro-
\ oque après deux ans et demi d'hostilités épui- ,
snntflsi ••-. ■ . ," '
Paquebot brésilien coulé
par un sous-marin allemand ,
On annonce gtie, dans la nuit du 3 .
au 4, le paquebot brésilien Parana a étè
coulé 'dfOns la Manche -par un sous-marin
allemand ; trois hommes manquent.
Il .n'est pas inutile de. rappeler à ce
propos que, dans, sa protestation contre ,
le blocus allemand, le gouvernement
brésilien a rendu le'gàuverhebiént iifipé-
rial responsable de toutes pertes de mar
chandises, de. bateaux et de viejt hu?
mainett . v ;
iUftfiTMi iHiiifraiTWrtil'iw
ABONNEMENT® 4 "
Smote 6moto tan
Seine, S^eVO.fi b. 9tf.i» h.
France, GoJ** 4 » tî- • M » <
Etranger 8 >15 » 39»
TÉLÉPMONK ■
Admlnfctr. GeU«l£7-tt.7*-M.'&-
Rédaction. ©ut. W.'JfrOl.Tî-Ol.'B
Stéphen PICHON
tumn huntn '
■®' tas '
VENDREDI ; t
Le Parlement français fait une émouvante manifestation
; en l'honneur des Etats-Unis .
HONNÈUR
aux Etats - Unis !
. Les manifestations qui se sont pro
duites, hier,, à la Chambre et au ..Sénat,
à l'occasion, de l'intervention américai
ne, sont les, plus belles' et les çlus ré
confortantes que nous ayons eu ï enre
gistrer depuis ■ les séances inoubliables
du 4 août 1914.
Les'discours du président du Conseil
et des présidents, des deux assemblées
— auxquels il faut ajouter le télégram
me de M. Poiiïcaré à M. Wilson —
ont traduit dans un langage qui retentira
profondément au cœur f de la France
les sentiments tiue provoque tlan$ toutes
les nations libres l'acte de délivrance et
!d' abnégation accompli par le gouver
nement et le. peuple des Etats-Unis.
A Paris comme à Washington, c'est
par des acclamations enthousiastes que
. .es représentants du pays oint accueilli
les déclarations où toute la portée du
concours de. la République américaine
/est mise en relief avec une vigueur
d'autant plus saisissante qu'èlle est plus
sobre et se tient simplement dans la vé
rité. Il n'est pas possible, à ce point de
vue, de trouver des mots plus forts et
plus justes que ceux. dont s'est servi le
chef du gouvernement.
Pendant que l'Allemagne, ' en- proie à
fe'a folie de grandeur et de tyrannie, de
massacres et de destruction, est tout en
tière acharnée à la mise en scène dé
moniaque de ses assassinats sur mer et
de ses ravages sur les terres livrées à
ses attentats -féroces, : les peuples qui
ont gardée suivant les expressions de,M.
Riboî, « ce besoin d'idéal «ans lequel il;
n'y a pas de grande nation » lui répon
dent par la revendication imprescripti
ble du droit, de la liberté, de l'indépen
dance, de la justice, et s'unlssènt pour
les arracher à sa! furie, dévastatrice.
Et ils voient venir à eux, pour l'ac
complissement de cette œuvre de salut
.universel, « la démocratie la plys paci
fique qu'il y ait au monde », et ils sen
tent , qu' ils représentent une puissance
invincible, à la. fois par le -nombre et
:lâ qualité, par. les ressources matériel
les et' l'autorité morale, par. ce qu'il y
a de supérieur et. d'immortel dans la
cause sacrée dont ils sont les défen
seurs! ■
,* L'ovation dont l'ambassadeur des
,'Etats-Unis, M.Sharp,a été l'objet au
Luxembourg et. au. Paiais-Bourbôn,
.symbolise la, reconnaissance qui nous
lie pour l'éternité à nos nouveaux, com
pagnons d'armes et qui fera l'efficacité
isouveraine de notre alliance, le jour où
le devoir s'imposera de châtier les cri
mes contre lesquels,elle s'est formée et
de conclure dans la victoire une paix
décisive pour conjurer lés retours de la
barbarie et garantir les droits de l'hu
manité.
- S. PICHON.
LE VOTE DU SENAT
AMÉRICAIN
Washington, 4 'Avril, r— Le Sénat des
Etats-Unis, par 82 voix contre 6,-fl voté
la résolution de .guerre.
' Washington, 5 Avril. — Il était un peu
plus de dix heures et, demie du sair envi
ron, lorsque le président du Sénat a, dé
claré que la discussion était closeet qu'il
'allait être procédé immédiatement au.-vote,
malgré les violentes protestations du petit
groupé d'obstructionnistes ^rangés autour
jdw sénateur La Follette.
La proclamation du résultat: a été faite
vers onze heures un quart. Lorsque le pré
sident se leva, tous les sénateurs l'imitè
rent et un silence -profond s'établit. Quand,
d'une voix forjte,"le président annonça que
le Sénat avait adopté, par 82 voix contre
C, une ovation formidable et sans précé-
dent dans l'histoire du Sénat américain
Accueillit ces" chiffres.
Les six voiXyqui se.sont'pronojicées con-
'tre là motion comprennent trois républi
cains ; les sénateurs La Follette,.Norris cl
Gronna, et trois démocrates : les sénateurs
Stonc, Vardaman, O'Gorman.
Les 82 voix qui se sont prononcées pour
la motion se décomposent en A3 démocra
tes et 39 républicains.
Voir en 3" page :
LES COMMUNIQUÉS FRANÇAIS-
ETBRITANNIQUE:
M. POINCARE
salue M. Wilson
Le Président .de ^République a fait par
venir le télégramme suivant à M. Wilson,
Président des Etats-Unis d'Amérique :
« Au moment où, sous la généreuse iiis-,
piration-de Votre Excellence, la grande Ré
publique américaine, fidèle , à son idéal et
à ses traditions, s'apprête & défendre par
les amies la cause de la justice et de la li
berté, le . peuple français tressaille d'une
émotion fraternelle. Laissez-moi vous re
nouveler, monsieur le Président, en cette
■heure grave et solennelle, l'assurance des
■sentiments dont je nous' ài récemment-
adressé le témoignage et qui trouvent dans:
les circonstances présentes .un- accroisse•
.ment de force et d'ardeur. ■■■■■■>
= n'J<Ms sûr
vous et à la nation américaine, la joie et
la fierté que noux éprouvons à sentir nos
cœurs battre, une fois encore, à l'unisson
avec les vôtres. Cetle guerre n'aurait pas eu
sa signification totale .si les Etats-Unis
n'avaient pas été-amené s par l'ennemi lui-
même d y prendre part. Dorénavant, il ap
paraît plus que jamais à tout esprit im
partial que Vimpértalisme allemand, qui a
voulu, préparé et déclaré la guerre, avait
conçu le lève insensé d'établir son hégémo
nie sur le monde. Il n'a réussi qu'à révolter
la .conscience de l'humanité,Vous vous êtes
fait, devant l'univers, en un langage inou
bliable, l'éloquent interprète du droit ou
tragé et de la civilisation menacée. Hon
neur à vous, monsieur le Président, et A
votre noble pays.
» Je vous prie de croire à mon amitié dé
vouée.
•» • -Signé ■: .Raymond P oikcaré. »
AU PALAIS-BOURBON
Le Parlement français n'a pas voulu
baisser'jpûçser, Jiier, .l'heure Jiistc^que Jiù.
la grande République américaine a déci
dé de se ranger aux côtés des Alliés pour
là cause de la Civilisation, et de.«l'Huma
nité, sans faire une grande et émouvante
manifestation de sympathie en faveur des
Etats-Unis. , * . . : .
A l'ouverture de la séance de la Cham
bre, les tribunes du public, et celles de
là presse sont bondées, les députés sont •
très : nombreux dans la salle : et presque
tous les ministres sont au banc > du gou
vernement aux côtés de M. A. Ribot, pré
sident du Conseil.
Dans la loge diplomatique, où se pres
sent' les représentants des pays amis et
neutres, on remarque, au premier rang,
M. Sharp, ambassadeur; des Etats-Unis ;
M. Iswolski; ambassadeur de Russie ; M.
"Matsui, ambassadeur du Japon.,
Premier salut
■ Dès le début 1 de la séance, sitôt le pro-
icès-v.erbal adopté, M. Paul Deschanel
donne la iiparole à M. Ribot, président du
•Conseil. : •<
Célui-ci monté à la ' tribune, au milieu
d'un silence impressionnant.
— Avant, dit-il, d'une voix assurée,- que
là Chambre 'se sépare, le gouvernement,
lui demande - d'adresser un salut cordial
à la ■grande République des Etats-Unis.
Dès ces premiers mots, la Chambre tout
entière se dresse en une aoclamation im
mense, • et, spontanément tous les députés
se tournent vers la loge diplomatique'en
applaudissant à tout rompre. M. Sharp,
ambassadeur des Etats-Unis, visiblement,
•ému, se lève: Aux cris répétés de « Vive
la République ! Vive. les Etats-Unis ! » il
refnue les .lèvres, coirçme pour répondre,
mais il s'arrête devant la manifestation
qui se prolonge durant plusieurs minutes,
dont-son noble pays est l'objet de la part
des représentants de la nation, et s'incli
ne, à plusieurs ' reprises, on un geste de
remerciement.
M: Ribot, quand ces applaudissements
auxquels se sont .associés tous ses colla
borateurs, à l'exception de l'amiral La-
caze qui, n'étant pas membre du Parle
ment, n 'e pouvait pas applaudir, ont cessé*
poursuit la lecture de son discours, fré
quemment ; interrompu par les bravos de
l'Assemblée, auxquels se joignent ceux des
représentants de la'presse et du public.
Nouvelle ovation
,. : ; i. ■ I .. . : , ■ ■ ' ■
Les députés, qui, à plusieurs reprises,
s'étaient levés pour acclamer, à- travers les
nobles paroles du président du -Conseil, la
grande. République américaine, soulignent
de bravos prolongés La péroraison. de M.
Ribot, et, de nouveau se tournent vers la
loge diplomatique où M. Sharp, debout,
s'incline taindis que de nouveaux cris de
« Vive l'Amérique ! » •« Vivent les Etats-
Unis ! » se font entendre dans la salle où
l'enthousiasme est extrême.
De toutes parts, spontanément, on de
mande l'affichage du discours de M, Ribot.
Il est voté par des acclamations unanimes,
auxquelles, seuls, un député socialiste reste
volontairement étranger, M. Raffin-Du-
gens. -
M. Paul Deschanel se leva alors et d'une
voix forte et vibrante lit le discours que les
députés interrompent à de nombreuses re-,
prises par des applaudissements enthou
siastes et des cris répétés de « Vive l'Amé
rique ,! Vivent les Etats-Unis ! »
Comme les paroles de M. Ribot, celles, de
M. Deschanel sont, à de multiples reprises,
soulignées par les bravos enthousiastes de
la-C.hambre, qui se lève plusieurs fois pour
applaudir son président et l'ambassadeur
des Etats-Unis. Le puiblic des tribunes, et
les journalistes mêlent de nouveau leurs
appl&wîi$sémeni8 * ceux de l'As§en,biê#.
DISCOURS
de M. Ribot
' — Vous avez lu, dit M. Ribot, l'admira
ble message du président Wilson. î
• Nous avons tous le sentiment que qtïel-
que chose de. grand et qui dépasse - tes
proportions d'un,événement politique vient
de s'accomplir. , • "i ,
C'est un fait historique'd'une importan
ce sans égale que l'entrée en guerre, avec
nous et nos alliés, de la démocratie la
plus pacifique qu'il y ait au monde. Après -
avoir tout fait pour affirmer son attache
ment à la paix, la grande natjon améri
caine déclare solennellement qu'elle ne
peut rester neutre dans cet immense
conflit entre le Droit et la violence, entre
la civilisation et la : barbarie. Elle consi
dère qu'M est de son -honneur dé relever-
les défis portés-à toutes les- règles du droit]
international si laborieusement édifiées
par l'effort commun des nations civili
sées.
Elle déclare en même .temps qu'elle ne
combattra pas pour des intérêts, qu'elle
ne veut ni conquête, ni compensation,
qu'elle entend seulement aider a la victoi
re de la cause du Droit et de la Liberté.
Ce quïïl y a de grandeur, de noblesse
dans- cette action est encore rehaussé par
la simplicité et la sérénité du langage du
chef illustre de cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où
nous sommes engagés, le message du Pré
sident des Etats-Unis dissiperait toute
obscurité. Il fait apparaître à tous que la <
lutte est véritablement une lutte entre
l'esprit de liberté des sociétés modernes et
l'esprit de domination des sociétés encore
asservies à un despotisme militaire. C'est
ce qui fait que ce message retentira jus
qu'au fond de tous les cœurs comme ■ un
message de délivrance apporté au monde.
Le peuple , qui a. fait au XVIII* siècle la
déclaration 'des droits sous l'inspiration
des écrits de nos philosophes, le peuple
qui* a mis au premier rang de ses héros
Washington Lincoln, le peuple, ■qui,-
siècle dernier, s'est déchiré lui-même pour
abolir l'esclavage, était bien digne de don-
ner au monde un tel exemple. Il reste ainsi
fidèle aux traditions des fondateurs de son
indépendance et il montre que le prodi
gieux essor de ses forces industrielles et de
sa puissance économique et financière n'a
pas affaibli en lui. ce besoin d'idéal sans
lequel il n'y a pas de grande nation.
t Ce qui nous touche particulièrement,
■c'est que les Etats-Unis nous aient gardé
l'amitié qui a été scellée autrefois de notre
sang. ,Nous constatons avec une joie recon
naissante que la fidélité des sympathies,
entre les peuples est une des vertus délica
tes qu'on peut cultiver au sein d'une démo
cratie.
Le drapeau étoile va flotter à-côté du
drapeau tricolore, nos mains vont se join
dre et nos. cœurs battre à l'unisson. Ce se
ra pour nous, après tant de souffrances
héroïquement .supportées, tàilt de deuils et
tant de ruines, un renouveau des . senti
ments qui nous ont animés et soutenus
pendant cette longue 'épreuve. L'aide-puis
sante, 'décisive, que nous apportent les
Etats-Unis ne sera pas seulement une aide
matérielle : elle sera surtout une aide mo
rale et un véritable réconfort.
. En voyant s'éveiller partout dans le.
monde'la conscience des peuples et s'éle
ver une immense protestation contre les
atrocités dont nous sommes victimes, nous
sentons plus vivement que nous ne combat
tons pas seulement pour nous -mêmes et
pour nos alliés, mais pour quelque chose
d'immorlei et que nous travaillons à fon
der un ordre nouveau. Ainsi nos sacrifices
n'auront pas été vains ; ainsi le sang géné
reux versé par les fils de la France aura
été la semence féconde des idées de Justice
et de Liberté, fondement nécessaire de la
concorde entre les nations.
Au nom du pays tout entier, le gouver
nement de la République française adresse
au gouvernement et au peuple ' des Etats-
Unis, avec l'expression de sa reconnais-
sance, Ses vœux les plus ardents. ■
DISCOURS
de 'M. Deschanel
-Messieurs, ...
« La Chambre française salue avec en
thousiasme le verdict du Président de la
République des Etats-Unis, qui est la voix
même de la justice, ét l'énergique décision
du Sénat fédéral acceptant la guerre im
posée par l'Adlèmàgne
: » Eschyle a dit dans les Perses: « Laissez
germer l'insolence : ce qui pousse, c'est
l'épi du. crime on. récolte une moisson
de douleurs. »
; » Et nous pouvons dire/nous :.« L'épi du.
crime porte la vengeance • : après la mois
son de douleurs, voici la moisson de ius-
tice 1.» ; . . .
. » Le ori des enfants et des femme?, -du
fpnd de l 'abîme où,les précipita un hideux
forfait, a retenti d'un bout à l'Autre 4ô la -
t^-re. Js»s cendres "dô "Washington èt"de
Lincoln ont tressailli ; leur grande âme
soulève l 'Amérique.
» Et s'agit-il''seulement de venger des
Américains ? S'agitril; seulement de punir
la violation des traités >au bas desquels
les Etats-Unis avaient mis leur signature ?
Non : ,les vérités éternelles proclamées dans
la Déclaration de 1776, les saintes causes
que défendirent La Fayette et Rocham-
beau, l'idéal des pures consciences d'où est
née la grande République, — honneur, mo
rale, liberté, — voilà 1-es biens suprêmes
qui brillent dans les plis du drapeau
étoilé ! ; '
» Descendants des Puritains de la Nou
velle Angleterre, -nourris des préceptes de
l'Evangile, et qui, sous le regard de Dieu,,
vont châtier les infernales créations du
génie du mal, mensonge, parjure, assas
sinats, ... profanations, rapts, esclavage, '
martyres et cataclysmes de toutes sortes ;
catholiques, frappés en plein cœur par les
anailhèmes contre leur religion, par' les
outrages à ses cathédrales et à leurs sta
tues, qui ont abouti aux destructions de
Louvain.et de Reims ; professeurs d'univer
sités, sûrs gardiens de.la pensée du droit :
industriels de l'Est et. du .Centre, fermiers
çt, éleveure de l'Ouest, ouvriers et artisans
menacés dans leur travail par le torpiJ- ;
la.ge des navires, par l'arrêt des Irarusac-
tian^' : t-iht)ltés'par les insultes au f'iviilon'
ïtallon&l lés VôilS tous dressé? '< leur
tour contre le fol orgueil qui vou it as
servir la terre, la mer, le ciel, le? unes !
< n .A l'heure où, comme aux temps héroï
ques de la guerre de l'Indépendance, les
Américains vont combattre avec nous, ré
pétons-le une fois encore : nous ne voulons
empêcher personne de vivre, de travailler,
de commercer librement ; mais la tyrannie
de la Prusse est devenue un péril pour le
Nouveau-Monde comme pour l'Ancien,
pour l'Angleterre comme pour la Russie,
pour l'Italie comme pour l'Autriche et pour
l'Allemagne elle-même. Soustraire le mon
de, par l'effort commun des peuples démo
cratiques, au joug de sa caste militaire et
fé,odale pour fonder la paix sur le droit,
est une oeuvre d'affranchissement humain
et de salut universel.
» En accomplissant sous une présidence
désormais immortelle, le plus grand acte
de ses annales depuis l'abolition dé. l'escla
vage, la glorieuse nation dont toute l'his
toire n'a été qu© le développement de l'idée
de liberté demeure fidèle à ses hautes ori
gines et'se crée un titre de plus à la re
connaissance dugenre humain. La Répu
blique française, à travers les ruines de ses
villes et de ses monuments dévastés, sans i
motif et sans excuse, par une sauvagerie'
honteuse, envoie à sa sœur aimée, à la R5-
ipublique américaine, les palmes de la
Marne, de TYser, de Verdun et de la'Som
me, auxquelles vont s'ajouter bientôt de
nouvelles victoires t ■ » ..
L'affichage des deux discours
est voté
M. Paul Deschanel a à' peine terminé
la lecture de son discours, que M. Colliard,
debout dans l'hémicycle en réclame l'affi
chage.
M. Ribot. — C'est entendu.
: — Oui, oui ! crie-t-on de toutes parts, l'af
fichage Il'afflchage !
M. Colliard. —Nous demandons en c. '.re
oue les deux magnifiques discours que nous
venons d'entendre soient lus dans toutes les
écoles publiques de France.
Par acclamations, et sitôt mise aux voix,
la Chambre.ratifie cette double proposition.
— Tarieifle!- vous ne prenez pas
— Mais si,, j'en ai mis..., pour- ne
de gants avec moi!
pas me salir!..*
COMMENT
les Etats-Unis
doivèntmeoer la guerre
Leufs hommes d'État nous le disant
(Du correspondant dw Petit Journal) ;
New-York, -'5 Avril.'" —J^i tenu à deman
der aux principaux hommes politiques et
aux personnages les plus notoires des
Etats-Unis' leur/avis'sur , la manière dont
leur pays 'devait mener la guerre cçntre
lîAllemagiie et sur' lâ coopération avec les
; puissances de l'Entent^. Voici les " répon
ses qui m'ont été'faites :
■ M. '.Roçsevelt, ancien président de la Ré
publique' ; •
-Une r;verre défensive serait inutile nous
•devons ; adopter une ^vigoureuse offensive- et
envoyer des soldais sut le front pour avoir
le dtoil ile 'pfiH'r'ver -.â la conclusiop..de la
paix." ^ V ■ i ■
• Mv~Taft,^anci(în'Président de la Répub'li-.
>que
Une -niliance pratique avec l'Entente est
mfcc'ssaine pour mener une guerre- effective.
J'ai l'espoir que dans un an le militarisme
prussim sera mort,
! M. Puterbridge, président dé la Chambre
de New-York :
Il est indispensable qu'un grand conseil de
guerre soit réuni immédiatement pour- fixer
l'entière coopération financière, économique et
militaire, avec les Alliés.
M. Hibben, président de l'Université de
Princeton ;: •
Les iute,..duels d'Amérique désirent l'union
avec leufs alliés naturels.
M. Gérard, ancien ambassadeur des
Etats-Unis'à Berlin :
M. Wilson, président de la paix, s'est en
core nrandi en devenant le président de la
guerre. ■■ . \
M. Myron Herrick, ancien ambassadeur :
J'aime trop la France pour ne pas désirer
un ? coopération complète. '
Le secrétaire de M. Ford, le'roi .de l'au-
tomobile, connu par ses manifestations pa
cifistes, a dit :
M, Ford a mis à la disposition du ministère
de la Guerre sa fortune de 600 millions de dol
lars et les '40.000 ouvriers de ses usines, du
Détroit, estimant qu'un pacifiste doit parfois,
vouloir la guerre.
\ M. Cornélius Vanderbilt :
Je 'Suis mobilisé et le colonel du ,22' régi-
pie&Lffî'i&çrdit. de faire des déclarations,
■mais ce'?que }e puis dire c'est que moi'et mes
trois fils sommes prêts à. faire notre devoir. '
L'amiral Fiske : > •■ ■■■■
.11 est urgent de procéder à la préparation
str-at -"ue de la guerre et à la coordination
des efforts.
M. Gompers, président .de. la Fédéra
tion du travail : • , !
Quatre millions d'ouvriers sont prêts au
travail, ^-wr l'exécution du programme amé
ricain wnur. trois ans' de guerre.
-. M, Thomas Edison, qui travaille jour et
nuit, dans son laboratoire, ne fera pas de
déclaration.
; Le fondé de pouvoir de la Banque Mor
gan, dit :
La richesse américaine s'apprête à écraser
l'A llemagne. ■ ■
Le Bureau de la Ligue germano-améri
caine dit : j .
: Nos trois millions de membres feront leur
devoir sous le président Wilson comme nous
luttâmes avec loyalisme sous le , Président
Lincoln, — Plsanl.
AU L UXEMB OURG
Depuis l'historique séance de la déclara
tion de guerre d'août 1914, une manifes
tation aussi imposante et aussi >âmotion-
nante n'avait eu lieu au Sénat.
Aussitôt'la lecture du procès-verbal, le
président, M. Antonin Dubost, donne la
parole à M. .Ribot, président du Conseil.
A peine ce dernier a-t-il pris la parole que
tous les sénateurs se , lèvent,. se tournent
vers la tribune diplomatique et. saluent
d'applaudissements, frénétiques l'ambassa
deur des Etais-Unis qui, semblant profon
dément ému, salue et s'incline à plusieurs
réprises.'
Discours de . M. Antonin Dubost
Voici le texte, du discours prononcé par
M. Antonin Dubost :.
« Messieurs, \ . ■
« Le' Sénat reçoit avec une intense - émo
tion; patriotique et réjfublicaine, la com
munication .par laquelle le gouvernement
lui annonce" que les Etats-Unis sont désor
mais en état de guerre et solidairement
avec nous., ■ ■ . ». . .......
» Ainsi le crime initial de l'Allemagne dé
roule .l'une après l'autre toutes ses fatali
tés. Il déchaîne la plus grande insurrec
tion des peuples libres qui se soit jamais
vue, contre la dernière tyrannie : le mili-,
tarisme prussien.
» Il les,associe successivement dans une
magnifique solidarité démocratique, et.
voici que l'épée de Washington, répondant
à l'épée de La Fayette, est à son tour jetée
dans la, balance I
» La grande République avait déjà spon
tanément assumé une mission sublime, cel
le d'empêcher la. Belgique et la France en
vahies de mourir de faim ! Au moment so
lennel où elle cède à un appel plus impé-,
rieux, celui de l'honneur outragé, le Sénat
français lui adresse en même temps sa re
connaissance et son salut fraternel I
» Honneur aux nouveaux soldats de la
Liberté qui,, connaissant toute l'affreuse
puissance de l'Allemagne pour le mal,- l'af
frontent résolurent !
» Honneur au nouveau juge qui demain
prendra place à la Haute Cour de Justice
de l'Humanité et qui prononcera avec nous
les peines collectives et individuelles que
méritent la coalition germanique, ses chefs
et. ses complices 1 »
Le discours de Mi Antonin Dubost ëit
très applaudi et, à l'unanimité, le Sénat
en vote l'affichage." ..•
i A deux reprises, M. Bonnelat, sénateur
du Cher, a déployé et agité le drapeau
étoilé des Etats-Unis.
t * Lw ' •
i y ---,* f
LES ORIGINES
et les conséquences ,
de l'alliance américaine
Interview de M. Gabriel Hanotàux
Le comité France-Amérique de Pa^
ris,, dont M. Hanotaux, .de l'Académie
française, est' le f président, a errvoyé hier
au .comité, .France-Amérique' de ; Nfew-York
le télégramide "suivant : ' \ '
y-oulons vous:.exprimer joie profov,de de la
France de ■ se retrouver après un siècle dans
les:mèmes sentiments de fraternitétd'armei et
a.idéal avec noble peuple américain. ' lie -co.
mité France-Aï érique va célébrer dqfas ûnf-
cérémonie .réunissant les représentants des
deux pays la date inoubliable, du ,4 avril 1914
Vœux ardents-pour notre commune victoire,
— Hanotaux. '
A propos de ce télégramme, M.Hahotaùx -
a bien voulu nous recevoiivet nous donner "
ses imjjrfssions sur les origines et l'impor-
,taw;p de la nouvelle'alliance aàiftricarne :
— On ne peut pas .nier;, nous a-t-il.dit,.que
tôute"l'Aipériqucf est-restée fidèle aux-origines '
eut ont assuré la naissance et l'indépendance -
de la République. Cela ne remonte pas seule-'
ment au temps de La Fayette et de Washing
ton et personne n'ignore, en Amérique, la part
que, notre illustre compatriote Champlain ' a : '■>
prise à la colonisation européenne du conti
nent américain. Il y a quelques années, quand
le comité France-Amérique envoya une délé
gation pour porter la belle » France » de Ro-
din, destinée à faire partie du monument éle
vé â Champlain sur les bords du lac du même '
nom, les Etats-Unis nous ont fait un accueil <■
inoubliable. Un charmant écrivain américain,
bien connu à Paris, M. Finlay, vient d'autre
part de publier un livre du plus haut intérêt
intitulé : « La France au cœur de l'Amépi- >
oue ». Il y établit les origines françaises de la
démocratie américaine fit il ne faut 'pas ou
blier, en effet, que l'empire colonial français
d'Amérjque s'étendait du Canada à la Louisia-'
ne et au golfe du Mexique en suivant toute la
vallée des grands lacs et le cours entier du :
Mississipi. Les souvenirs que nous avions ici
un peu oubliés sont restés présents à la mé-
moire du peuple américain "et le Président'
Roosevelt me disait un jour : t Toutes les fois
qu'en Amérique on trouve une ferme ou un
établissement agricole situé dans - une région
particulièrement isolée et rude et que cet éta
blissement s'arrelle • Bel-Air », « Bêlle-Vue » •
oii.i l'Aventure ». soyez tranquille,: c'est un
Français qui l'a fondé s.
Les ouvriers de la première heure
Fondée sur ces bases, l'alliance .a. pu .
s'édifieT peu à peu, grâce à de nombreux,
initiateurs, . . .. , '
Comment"ôubl 1er, dît M. ■ HunÔtatix. les
ouvriers de la première heure 1 Faisons sur-
tout une part très large à. notre diplomatie ;
elle a su préparer, par la cordialité des rela
tions journalières, les grandes décisions d'au
jourd'hui. Souvenons-nous de M- Robert Bea- • 1
con, qui, dès la déclaration de guerre, ■ vint en
France et. débarqua au Havre en disant,: « La ■
France se bat, j'accours 1 ». Son successeur a
l'ambassade dos Etats-Unis,' M. Herrich, fit,
lui aussi, une bien noble acclamation : a Les
Allemands, s'écria-t-il au moment de l'inva
sion, ne pourront démolir Paris qu'eirpassant
sur le - L -ps de l'ambassadeur des Etats-Unis ;
t'aris "'-"ipartient pas seulement à la France,
il appartient au mondé. Enfin, l'ambassadeur
actuel,■ M. Sharp, esprit si prudent et si avisé,'
a témoigné pour la France, en toutes circons
tances, la sympathie la plus active et la plus
éclairée. De notre côté, il faut remercier les
ambassadeurs de la : France aux Etats-Unis,'
MM. Jules Cambon et Jusserand, ce dernier
vent...,; d'être acclamé à la séance désormais
hi torique du Sénat américain. Et puis nous
devons également saluer tôus .les autres pion,
niers de l'alliance, les. membres des si nom
breux- comités américains qui ont organisé,
en France, en Belgique, les secours ai":'bles
sés, aux prisonniers, • aux populations en
vahies. Tous ont participé à rendre plus in.
timos les relations entre les deux pays. ®
L'œuvre de M. Wilson " '
Mais il faut aussi parier de l'œuvre de.
M. Wilson. et M. Hanotaux rend un écla
tant témoignage au r président des Etats-
Unis :
— Le Président Wilson a eu, en cette cir
constance unique t un double rôle qu'il a rem.
pli admirablement.. En premier lieu,, il a eu
a faire en quelque sorte l'éducation interna
tionale du grand peuple qui s'était abrité Jus
qu'ici derrière la doctrine da Monroe. Si cette ...
entreprise n'avait pas été conduite avec la pa
tience, la logique et le sang.jtroid extraordi
naire qu'y a mis le Président Wilson. l'opi
nion américaine eût été en quelque sorte
ctupée en deux et nous n'aurions pas la belle
unanimité de sentiments et de< voeux qui ac
compagne la volonté et les actes du gouverne
ment américain., L'autre partie du rôle qui in.
combait au Président était d'être, devant le
peuple américain, devant l'opinion universelle
et devant l'Histoire la voix de l'Amérique. Son
message est un morceau incomparable d'élo-
Quenc'e profonde et de vision prophétique : le ' •
monde de demain se conformera, dans ses
gr-.nu.^ lignes, aux directions .données par
le Président Wilson, La vague de la démocra
tie sort.i à son appel, des .-profondeurs où elle •.
sommeillait encore, elle balaiera les despotis-
mes militaires et les castes guerrières : tout
esi clair, maintenant ; le combat est engagé- •
entre' la liberté .et. la servitude..» ,
La démence de l'Allemagne
Avant de prendre congé de l'ancien mi
nistre des Affaires étrangères, nous lui de
mandons ce'qu'il - pense des conséquences
de l'entrée en ligne de l 'Amérique. Il nous
répond : ' ...... ï
— Les Etats-Unis, à eux seuls, eussent été un
adversaire redoutable pour l'Allemagne en cas
de guerre entre les deux pays. On peut juger .
par là. quelle est la démence du gouvernement
allemand quand il brave 1,'Amérique et la pro-
\ oque après deux ans et demi d'hostilités épui- ,
snntflsi ••-. ■ . ," '
Paquebot brésilien coulé
par un sous-marin allemand ,
On annonce gtie, dans la nuit du 3 .
au 4, le paquebot brésilien Parana a étè
coulé 'dfOns la Manche -par un sous-marin
allemand ; trois hommes manquent.
Il .n'est pas inutile de. rappeler à ce
propos que, dans, sa protestation contre ,
le blocus allemand, le gouvernement
brésilien a rendu le'gàuverhebiént iifipé-
rial responsable de toutes pertes de mar
chandises, de. bateaux et de viejt hu?
mainett . v ;
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