Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1921-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 mars 1921 01 mars 1921
Description : 1921/03/01 (A5,N52)-1921/03/31. 1921/03/01 (A5,N52)-1921/03/31.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6213084k
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
COMMENT NAISSENT LES V 11,1,ES AU MAROC : OUED-ZEM, POINT D'EAU 43
du gain les a groupés, retenus, Leurs caïds
ont également construit : il existe une rue des
Caïds — c'est le quartier chic.
Telle est l'œuvre d'un officier intelligent,
chef du Bureau des Renseignements de la
région. Il ne faut pas croire que cet officier
est une exception. La pratique quotidienne
des difficultés de toutes sortes, la nécessité
d'aboutir, la mise en présence d'un obstacle à
franchir, la volonté et la joie de le franchir
forment les chefs. Dans son ensemble, le
corps des officiers des Renseignements est une
élite. Aussi les colons d'Oued-Zem demandent-
ils à conserver le plus longtemps possible les
militaires. (C'est un hommage qu'on, ne leur
rend pas tous les jours). Ils redoutent par
dessus tout la centralisation chère à l'Adminis-
tration civile. Dont acte.
*
* *
Oued-Zem en était là de sa croissance,
c'est-à-dire vivante quoique encore informe,
mais très désireuse de vivre et de s'étendre.
Moyens de fortune ai-je dit. Ces moyens ont
suffi jusqu'à ce jour. Maintenant il va falloir
régulariser la situation, car on a beau souffrir
des complexités et des embarras de la loi,
vient un moment où elle est un mal après
quoi l'on soupire, un mal nécessaire. La loi
c'est l'ordre et la sagesse non pas l'ordre et
la sagesse absolus, mais l'ordre et la sagesse
dans la loi. La population a des besoins que le
Bureau des Renseignements ne peut plus
satisfaire. Il lui faut des rues, des égouts, des
fonctionnaires, des ressources, un budget.
C'est alors que, comme dans le conte, le
Résident général vint à passer. — Il ne doit
que passer, en route, vers le front Zaïan-
Chleuh qu'il va inspecter. La pluie tombe,
une pluie torrentielle qui rend les pistes im-
praticables. Force est de s'arrêter.
Sans tarder, un Comité d'initiative se cons-
titue, se réunit, prépare un papier. Puis, en
bon ordre, il se fait annoncer chez le Rési-
dent général. Celui-ci, tout occupé à ses
projets militaires ne reçoit pas. Puis il se
ravise : « Colonel H., dit-il, recevez les colons,
voyez ce qu'ils veulent ».
Le Colonel H. reçoit les colons. Les braves
gens ! Ils sont modestes, aimables, intelli-
gents, mesurés, polis, de vrais colons d'expo-
sition. Toutes leurs revendications sont rai-
sonnables. On les embrasserait. Le Colonel ne
va pas si loin. Mais il raconte son entrevue au
Résident général qui décide de les recevoir le
lendemain.
Le lendemain matin, visite de la ville. Le
Général, suivi de sa Maison militaire et d'un
civil, parcourt la jeune cité. Il voit tout,
s'intéresse à tout. Puis il demande qu'on lui
apporte le plan. Il l'étudié un moment. En-
suite, il parle :
« Ce plan est une bonne, une excellente
intention. Mais il est déjà bien en retard sur
la vie. Depuis qu'on l'a dessiné, la route s'est
faite. C'est elle la grande artère de cet orga-
nisme naissant ; elle qui doit distribuer et
ordonner toute la ville ),.
Le Résident général demande ses crayons.
On met un moment à les apporter. En quelques
traits énergiques il redresse tout le plan :
voici le village indigène ; le long de la route :
les fondouks et les magasins ; ici le centre
avec le Commissariat de police et l'Office
Commercial ; la grande place administrative
avec la Mairie, l'église, les écoles, la Justice
de paix, voilà son emplacement tout indiqué ;
au milieu de la place un grand square avec de
beaux arbres.
Tout le monde écoute. La leçon est claire,
comprise.
« Cela vous convient-il, messieurs? » de-
mande le Général aux colons. Approbation
unanime comme on en voit rarement au Palais
Bourbon.
« C'est très bien, ajoute-t-il. Colonel H.,
vous allez prendre l'affaire en mains. S.
vous me ferez une note. J'espère qu'avant
peu vous aurez votre autonomie administra-
tive et que vous pourrez commencer les grands
travaux indispensables. Vous êtes des gens
d'énergie. Ce qui existe, c'est vous qui l'avez
fait. Aujourd'hui, que vous êtes aux prises
avec des difficultés trop lourdes, c'est bien
le moins qu'on vous vienne en aide. Comptez
sur moi. »
*
* *
Là s'arrête pour aujourd'hui l'histoire
d'Oued-Zem. Demain ajoutera de nouvelles
et intéressantes pages. Oued-Zem centre d'une
région riche et d'un gisement de phosphates,
point terminus du chemin de fer à voie nor-
male sera incessamment une ville confortable
sinon une grande ville. Et j'évoque le cri
joyeux du cavalier d'avant-garde tourné vers
son chef de détachement : « C'est ici la halte,
mon lieutenant : voilà le point d'eau »
RENÉ SEGUY.
du gain les a groupés, retenus, Leurs caïds
ont également construit : il existe une rue des
Caïds — c'est le quartier chic.
Telle est l'œuvre d'un officier intelligent,
chef du Bureau des Renseignements de la
région. Il ne faut pas croire que cet officier
est une exception. La pratique quotidienne
des difficultés de toutes sortes, la nécessité
d'aboutir, la mise en présence d'un obstacle à
franchir, la volonté et la joie de le franchir
forment les chefs. Dans son ensemble, le
corps des officiers des Renseignements est une
élite. Aussi les colons d'Oued-Zem demandent-
ils à conserver le plus longtemps possible les
militaires. (C'est un hommage qu'on, ne leur
rend pas tous les jours). Ils redoutent par
dessus tout la centralisation chère à l'Adminis-
tration civile. Dont acte.
*
* *
Oued-Zem en était là de sa croissance,
c'est-à-dire vivante quoique encore informe,
mais très désireuse de vivre et de s'étendre.
Moyens de fortune ai-je dit. Ces moyens ont
suffi jusqu'à ce jour. Maintenant il va falloir
régulariser la situation, car on a beau souffrir
des complexités et des embarras de la loi,
vient un moment où elle est un mal après
quoi l'on soupire, un mal nécessaire. La loi
c'est l'ordre et la sagesse non pas l'ordre et
la sagesse absolus, mais l'ordre et la sagesse
dans la loi. La population a des besoins que le
Bureau des Renseignements ne peut plus
satisfaire. Il lui faut des rues, des égouts, des
fonctionnaires, des ressources, un budget.
C'est alors que, comme dans le conte, le
Résident général vint à passer. — Il ne doit
que passer, en route, vers le front Zaïan-
Chleuh qu'il va inspecter. La pluie tombe,
une pluie torrentielle qui rend les pistes im-
praticables. Force est de s'arrêter.
Sans tarder, un Comité d'initiative se cons-
titue, se réunit, prépare un papier. Puis, en
bon ordre, il se fait annoncer chez le Rési-
dent général. Celui-ci, tout occupé à ses
projets militaires ne reçoit pas. Puis il se
ravise : « Colonel H., dit-il, recevez les colons,
voyez ce qu'ils veulent ».
Le Colonel H. reçoit les colons. Les braves
gens ! Ils sont modestes, aimables, intelli-
gents, mesurés, polis, de vrais colons d'expo-
sition. Toutes leurs revendications sont rai-
sonnables. On les embrasserait. Le Colonel ne
va pas si loin. Mais il raconte son entrevue au
Résident général qui décide de les recevoir le
lendemain.
Le lendemain matin, visite de la ville. Le
Général, suivi de sa Maison militaire et d'un
civil, parcourt la jeune cité. Il voit tout,
s'intéresse à tout. Puis il demande qu'on lui
apporte le plan. Il l'étudié un moment. En-
suite, il parle :
« Ce plan est une bonne, une excellente
intention. Mais il est déjà bien en retard sur
la vie. Depuis qu'on l'a dessiné, la route s'est
faite. C'est elle la grande artère de cet orga-
nisme naissant ; elle qui doit distribuer et
ordonner toute la ville ),.
Le Résident général demande ses crayons.
On met un moment à les apporter. En quelques
traits énergiques il redresse tout le plan :
voici le village indigène ; le long de la route :
les fondouks et les magasins ; ici le centre
avec le Commissariat de police et l'Office
Commercial ; la grande place administrative
avec la Mairie, l'église, les écoles, la Justice
de paix, voilà son emplacement tout indiqué ;
au milieu de la place un grand square avec de
beaux arbres.
Tout le monde écoute. La leçon est claire,
comprise.
« Cela vous convient-il, messieurs? » de-
mande le Général aux colons. Approbation
unanime comme on en voit rarement au Palais
Bourbon.
« C'est très bien, ajoute-t-il. Colonel H.,
vous allez prendre l'affaire en mains. S.
vous me ferez une note. J'espère qu'avant
peu vous aurez votre autonomie administra-
tive et que vous pourrez commencer les grands
travaux indispensables. Vous êtes des gens
d'énergie. Ce qui existe, c'est vous qui l'avez
fait. Aujourd'hui, que vous êtes aux prises
avec des difficultés trop lourdes, c'est bien
le moins qu'on vous vienne en aide. Comptez
sur moi. »
*
* *
Là s'arrête pour aujourd'hui l'histoire
d'Oued-Zem. Demain ajoutera de nouvelles
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région riche et d'un gisement de phosphates,
point terminus du chemin de fer à voie nor-
male sera incessamment une ville confortable
sinon une grande ville. Et j'évoque le cri
joyeux du cavalier d'avant-garde tourné vers
son chef de détachement : « C'est ici la halte,
mon lieutenant : voilà le point d'eau »
RENÉ SEGUY.
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