238 HISTOIRE DE LA SYPHILIS
je ne m'arrêterai pas à réfuter les idées de ceux qui croient que
le Virus Vénérien n'est autre chose qu'un essaim nombreux
d'animaux très-petits, très-agiles, très-vifs, très-féconds, qui,
étant une fois reçus, se multiplient vite, se transportent fré-
quemment dans les différens endroits du corps, qui piquent,
percent, mordent les parties où ils s'attachent, qui, par-là, l'es
enflamment, les rongent, les ulcèrent, et qui enfin, sans aucune
altération dans les humeurs, produisent tous les symptômes de
la Vérole. Comme cette prétention n'est qu'une pure fable, dé-
nuée de toute preuve, il n'est point besoin de raisonnement
pour la rejetter : il suffit de nier ce qu'on avance sans aucun
fondement. Si l'on admettoit une fois que la Vérole fût pro-
duite par de petits animaux nageans dans le sang, on auroit
autant de raison de penser de même, non seulement de la peste,
comme l'a cru autrefois le R. P. KIRCHER, Jésuite, et depuis peu
le R. P. SAGUENS, Minime, mais encore de la petite Vérole, de
rilydrophobie, de la Galle, des Dartres et des autres Maladies
Contagieuses et, en un mot, de toutes les Maladies, en renver-
sant toute la théorie de la Médecine, car on ne sauroit rien
alléguer pour prouver que la Vérole dépend de petits animaux,
qui ne serve à prouver de même que les autres maladies dépen-
dent aussi de pareils animaux, mais d'une autre espèce : ce qui
seroit, à mon avis, de la dernière absurdité. » DE LA MET-
TRIE (432) prononce un verdict non moins catégorique : « Les
animalcules de Deidier, les vers imperceptibles que DUSSACL T
(sic) vient de faire éclore, toutes les chimères enfin qui ont paru
sur la nature du venin vénérien, disparoissent aux démonstra-
tions de cet illustre auteur (BOEHTlAA YE). »
La tentative de ces audacieux précurseurs était vouée à un
échec certain. Au surplus, ils se bornaient à lancer une affir-
mation, sans essayer d'en fournir la preuve, car la tech-
nique dont ils disposaient était encore trop rudimentaire pour
qu'ils fussent en état de démontrer la présence des infiniment
petits dans les tissus morbides. Il n'est pas moins vrai que ces
vues hypothétiques offrent un certain intérêt, puisqu'elles sont
l'amorce d'une doctrine fondamentale aujourd'hui vérifiée,
à savoir la nature animée des virus.
(432) DE LA METTRIE, Système de Monsieur Herman Boerhaave, Discours
préliminaire, p. 3, Paris, 1739.
je ne m'arrêterai pas à réfuter les idées de ceux qui croient que
le Virus Vénérien n'est autre chose qu'un essaim nombreux
d'animaux très-petits, très-agiles, très-vifs, très-féconds, qui,
étant une fois reçus, se multiplient vite, se transportent fré-
quemment dans les différens endroits du corps, qui piquent,
percent, mordent les parties où ils s'attachent, qui, par-là, l'es
enflamment, les rongent, les ulcèrent, et qui enfin, sans aucune
altération dans les humeurs, produisent tous les symptômes de
la Vérole. Comme cette prétention n'est qu'une pure fable, dé-
nuée de toute preuve, il n'est point besoin de raisonnement
pour la rejetter : il suffit de nier ce qu'on avance sans aucun
fondement. Si l'on admettoit une fois que la Vérole fût pro-
duite par de petits animaux nageans dans le sang, on auroit
autant de raison de penser de même, non seulement de la peste,
comme l'a cru autrefois le R. P. KIRCHER, Jésuite, et depuis peu
le R. P. SAGUENS, Minime, mais encore de la petite Vérole, de
rilydrophobie, de la Galle, des Dartres et des autres Maladies
Contagieuses et, en un mot, de toutes les Maladies, en renver-
sant toute la théorie de la Médecine, car on ne sauroit rien
alléguer pour prouver que la Vérole dépend de petits animaux,
qui ne serve à prouver de même que les autres maladies dépen-
dent aussi de pareils animaux, mais d'une autre espèce : ce qui
seroit, à mon avis, de la dernière absurdité. » DE LA MET-
TRIE (432) prononce un verdict non moins catégorique : « Les
animalcules de Deidier, les vers imperceptibles que DUSSACL T
(sic) vient de faire éclore, toutes les chimères enfin qui ont paru
sur la nature du venin vénérien, disparoissent aux démonstra-
tions de cet illustre auteur (BOEHTlAA YE). »
La tentative de ces audacieux précurseurs était vouée à un
échec certain. Au surplus, ils se bornaient à lancer une affir-
mation, sans essayer d'en fournir la preuve, car la tech-
nique dont ils disposaient était encore trop rudimentaire pour
qu'ils fussent en état de démontrer la présence des infiniment
petits dans les tissus morbides. Il n'est pas moins vrai que ces
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