Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1862 01 mars 1862
Description : 1862/03/01 (A7,N137). 1862/03/01 (A7,N137).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032914
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 67
S. A. le vice-roi d'Egypte a donné à cette voie nou-
velle, qui avant peu doit être continuée jusqu'à Suez,
le nom de canal Azizié, en l'honneur du sultan
Abdul-Aziz.
» Du Caire à Timsah, il y a quarante heures de
route ; la navigation est ouverte jusqu'au centre de
l'isthme; non-seulement l'eau douce, mais encore
les approvisionnements de toute nature ne peuvent
plus manquer. Des milliers de travailleurs peuvent
être agglomérés et nourris. Le seul obstacle maté-
riel qui pouvait encore s'opposer aux travaux du
percement de l'isthme n'existe plus. Le seuil d'El-
Guisr, le point le plus élevé que doit traverser le
canal maritime, devient facile à enlever. D'un côté
le canal d'eau douce arrive au pied du seuil, de
l'autre il est baigné par la rigole maritime, et tan-
dis que le premier apporte du Caire les produits de
toute l'Egypte, la rigole maritime, creusée jusqu'à
El - Ferdane, à soixante - dix kilomètres de Port-
Saïd, tête du grand canal, amène avec les eaux de
la Méditerranée, les matériaux, les marchandises et
les produits de toutes sortes arrivant de l'Europe.
Entre le canal Azizié et la rigole il n'y a plus que
dix kilomètres.
» L'eau douce au désert, c'est la vie ; l'eau douce
dans l'isthme, c'est plus encore : c'est la certitude de
pouvoir réunir la mer Rouge et la Méditerranée. Un
tel fait ne pouvait passer inaperçu, et M. le prési-
dent a cru devoir le consacrer en réunissant dans un
banquet les principaux employés et ouvriers qui ont
pris part à ce travail. Une salle construite avec des
nattes et des madriers, ornée de banderoles et de
drapeaux égyptiens, une table de deux cents cou-
verts, tout avait été organisé en une seule nuit.
L'emplacement choisi pour la fête était sur les bords
du lac Timsah, près d'un large bassin alimenté par
un conduit dérivé du canal d'eau douce et au dé-
bouché du canal maritime dans le lac. Le kiosque
de S. A. le vice-roi, en construction sur l'emplace-
ment qu'il a lui-même choisi lorsqu'il est venu en
décembre dernier visiter les travaux, semblait, en
l'absence du souverain, son maître, présider à la
fête. Toutes les nations de l'Europe, de l'Egypte, de
l'Arabie et de la Syrie étaient représentées, assises à
la même table, célébrant la fête de l'arrivée de l'eau
douce dans le désert. Bédouins et fellahs, chame-
liers et ouvriers entouraient la salle, tout joyeux
d'assister à cette réunion improvisée, car la veille
on ne savait si elle aurait lieu. Le kamsin soufflait
comme pour saluer l'arrivée de sa sœur féconde ; le
soleil, hier voilé, se montrait radieux.
« Messieurs, dit M. de Lesseps en s'adressant à
» l'assemblée, nous célébrons l'arrivée de l'eau douce
» dans le désert sur les travaux de notre canal ma-
» ritime: c'est un événement. Il y a sept ans, en
» décembre 1854, je devais faire la première explo-
» ration du désert de l'isthme de Suez; il m'a fallu
» quinze jours de préparatifs, quarante chameaux,
» dont vingt pour l'eau, des tentes, des provisions de
» toute espèce, des gens d'escorte, de service, le tout
» pour quatre personnes! Avant d'arriver au lieu
» où nous nous trouvons réunis en ce moment, nous
» avions employé quinze jours et dépensé une
» dizaine de mille francs. En janvier 1862. il y a
» trois jours, je suis parti du Caire dans une barque
» louée la veille, et qui venait d'être amenée aux
» quai des vastes magasins de la Compagnie; après
» quarante heures de trajet, ayant traversé dans
» ma route et sur une étendue de 30 kilomètres
» notre beau domaine de l'Ouadée, j'ai débarqué à
» quelques pas d'ici n'ayant dépensé que 20 francs.
» Ces deux exemples vous donnent la mesure du
» résultat obtenu par vos efforts énergiques èt intel-
» ligents ; je vous en félicite et vous en remercie au
» nom de notre Compagnie, au nom de la civilisa-
» tion. Je bois à la santé de mes braves compagnons
»' de travail, de tous ceux qui ont participé aux
» opérations du canal d'eau douce, de cette voie
» nouvelle qui apporte la vie et la fécondité dans
» des solitudes séculaires et qui va rendre désormais
» faciles nos travaux du grand canal des deux
» mers ! »
» Les applaudissements couvrirent la voix de M. de
Lesseps, qui, ayant demandé le silence, ajouta :
« Messieurs, dans une réunion des travailleurs de
» l'isthme, il est un toast qui ne doit jamais être ou-
» blié : c'est celui de S. A. Mohamed-Saïd, vice-roi
» d'Egypte. Sa protection et son concours sont notre
» principale force, le principal élément du succès qui
» doit couronner vos dures épreuves et vos efforts
» persévérants. S. A. le vice-roi aime son peuple ; ces
» hommes patients et laborieux que vous guidez dans
» leurs travaux, aimez-les aussi, traitez-les avec
» affection, conduisez-vous envers eux comme envers
» des frères : de serfs qu'ils étaient naguère, Moha-
» med-Saïd s'efforce de les élever à la dignité d'hom-
» mes. Apprenez l'arabe, afin que dans vos rapports
» avec eux vous ne soyez pas comme des sourds et des
» muets; je ne cesserai de vous recommander de les
» traiter comme vous voudriez être traités vous-mê-
» mes, et de leur donner de bons exemples. A la
» santé de Mohamed-Saïd! »
» Des bravos énergiques et dans toutes les langues
acclamèrent ce toast ; les Arabes eux-mêmes, fellahs
et Bédouins, saluèrent leur Effendina : c'est le titre
qu'ils donnent au vice-roi.
» Divers autres toasts furent ensuite portés. M. de
Lesseps prit de nouveau la parole :
« Messieurs, si vous avez travaillé matériellement
» aux résultats qui ont été obtenus jusqu'ici, il y a
» des hommes de cœur, que nous appellerons de
» vrais chevaliers, sans lesquels vous ne seriez pas
S. A. le vice-roi d'Egypte a donné à cette voie nou-
velle, qui avant peu doit être continuée jusqu'à Suez,
le nom de canal Azizié, en l'honneur du sultan
Abdul-Aziz.
» Du Caire à Timsah, il y a quarante heures de
route ; la navigation est ouverte jusqu'au centre de
l'isthme; non-seulement l'eau douce, mais encore
les approvisionnements de toute nature ne peuvent
plus manquer. Des milliers de travailleurs peuvent
être agglomérés et nourris. Le seul obstacle maté-
riel qui pouvait encore s'opposer aux travaux du
percement de l'isthme n'existe plus. Le seuil d'El-
Guisr, le point le plus élevé que doit traverser le
canal maritime, devient facile à enlever. D'un côté
le canal d'eau douce arrive au pied du seuil, de
l'autre il est baigné par la rigole maritime, et tan-
dis que le premier apporte du Caire les produits de
toute l'Egypte, la rigole maritime, creusée jusqu'à
El - Ferdane, à soixante - dix kilomètres de Port-
Saïd, tête du grand canal, amène avec les eaux de
la Méditerranée, les matériaux, les marchandises et
les produits de toutes sortes arrivant de l'Europe.
Entre le canal Azizié et la rigole il n'y a plus que
dix kilomètres.
» L'eau douce au désert, c'est la vie ; l'eau douce
dans l'isthme, c'est plus encore : c'est la certitude de
pouvoir réunir la mer Rouge et la Méditerranée. Un
tel fait ne pouvait passer inaperçu, et M. le prési-
dent a cru devoir le consacrer en réunissant dans un
banquet les principaux employés et ouvriers qui ont
pris part à ce travail. Une salle construite avec des
nattes et des madriers, ornée de banderoles et de
drapeaux égyptiens, une table de deux cents cou-
verts, tout avait été organisé en une seule nuit.
L'emplacement choisi pour la fête était sur les bords
du lac Timsah, près d'un large bassin alimenté par
un conduit dérivé du canal d'eau douce et au dé-
bouché du canal maritime dans le lac. Le kiosque
de S. A. le vice-roi, en construction sur l'emplace-
ment qu'il a lui-même choisi lorsqu'il est venu en
décembre dernier visiter les travaux, semblait, en
l'absence du souverain, son maître, présider à la
fête. Toutes les nations de l'Europe, de l'Egypte, de
l'Arabie et de la Syrie étaient représentées, assises à
la même table, célébrant la fête de l'arrivée de l'eau
douce dans le désert. Bédouins et fellahs, chame-
liers et ouvriers entouraient la salle, tout joyeux
d'assister à cette réunion improvisée, car la veille
on ne savait si elle aurait lieu. Le kamsin soufflait
comme pour saluer l'arrivée de sa sœur féconde ; le
soleil, hier voilé, se montrait radieux.
« Messieurs, dit M. de Lesseps en s'adressant à
» l'assemblée, nous célébrons l'arrivée de l'eau douce
» dans le désert sur les travaux de notre canal ma-
» ritime: c'est un événement. Il y a sept ans, en
» décembre 1854, je devais faire la première explo-
» ration du désert de l'isthme de Suez; il m'a fallu
» quinze jours de préparatifs, quarante chameaux,
» dont vingt pour l'eau, des tentes, des provisions de
» toute espèce, des gens d'escorte, de service, le tout
» pour quatre personnes! Avant d'arriver au lieu
» où nous nous trouvons réunis en ce moment, nous
» avions employé quinze jours et dépensé une
» dizaine de mille francs. En janvier 1862. il y a
» trois jours, je suis parti du Caire dans une barque
» louée la veille, et qui venait d'être amenée aux
» quai des vastes magasins de la Compagnie; après
» quarante heures de trajet, ayant traversé dans
» ma route et sur une étendue de 30 kilomètres
» notre beau domaine de l'Ouadée, j'ai débarqué à
» quelques pas d'ici n'ayant dépensé que 20 francs.
» Ces deux exemples vous donnent la mesure du
» résultat obtenu par vos efforts énergiques èt intel-
» ligents ; je vous en félicite et vous en remercie au
» nom de notre Compagnie, au nom de la civilisa-
» tion. Je bois à la santé de mes braves compagnons
»' de travail, de tous ceux qui ont participé aux
» opérations du canal d'eau douce, de cette voie
» nouvelle qui apporte la vie et la fécondité dans
» des solitudes séculaires et qui va rendre désormais
» faciles nos travaux du grand canal des deux
» mers ! »
» Les applaudissements couvrirent la voix de M. de
Lesseps, qui, ayant demandé le silence, ajouta :
« Messieurs, dans une réunion des travailleurs de
» l'isthme, il est un toast qui ne doit jamais être ou-
» blié : c'est celui de S. A. Mohamed-Saïd, vice-roi
» d'Egypte. Sa protection et son concours sont notre
» principale force, le principal élément du succès qui
» doit couronner vos dures épreuves et vos efforts
» persévérants. S. A. le vice-roi aime son peuple ; ces
» hommes patients et laborieux que vous guidez dans
» leurs travaux, aimez-les aussi, traitez-les avec
» affection, conduisez-vous envers eux comme envers
» des frères : de serfs qu'ils étaient naguère, Moha-
» med-Saïd s'efforce de les élever à la dignité d'hom-
» mes. Apprenez l'arabe, afin que dans vos rapports
» avec eux vous ne soyez pas comme des sourds et des
» muets; je ne cesserai de vous recommander de les
» traiter comme vous voudriez être traités vous-mê-
» mes, et de leur donner de bons exemples. A la
» santé de Mohamed-Saïd! »
» Des bravos énergiques et dans toutes les langues
acclamèrent ce toast ; les Arabes eux-mêmes, fellahs
et Bédouins, saluèrent leur Effendina : c'est le titre
qu'ils donnent au vice-roi.
» Divers autres toasts furent ensuite portés. M. de
Lesseps prit de nouveau la parole :
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