Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1862 01 février 1862
Description : 1862/02/01 (A7,N135). 1862/02/01 (A7,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 35
plus opposées; c'est là que les expressions de canalistes
et anticanalistes ont été créées. On ne doit point s'en
étonner : car c'est là que les intérêts particuliers
ont été le plus directement en jeu, qu'ils ont été le
plus excités, sans parler des personnes qui sont de-
venues malveillantes et hostiles, par la seule raison
que l'administration a dû se priver de leurs ser-
vices. C'est peut-être de ces intérêts mécontents que
sont parties les plus actives attaques contre le canal ;
il est naturel que ceux qui viennent de voir de leurs
propres yeux cherchent à donner au public une
idée exacte des choses.
Malgré toutes les divergences d'opinions, il est au-
jourd'hui un fait bien généralement reconnu, sur
lequel tout le monde est d'accord : c'est la facilité de
l'exécution sous le rapport des travaux proprement
dits ; le sol et le sous-sol s'y prêtent facilement ; la
nature des terrains ne laisse aucun doute sur la
possibilité de maintenir les berges ; il n'existe pas
non plus la moindre crainte d'ensablement ou d'at-
terrissement dont on ne puisse triompher, de quel-
que part qu'ils viennent.
Les sondages dans l'isthme donnent presque par-
tout les mêmes résultats. La première couche seu-
lement, dans la partie de la surface autrefois
submergée, de Suez aux lacs Amers, offre un peu
moins de facilité, en raison d'un durcissement occa-
sionné par l'influence des siècles sur des terrains
saturés de sels marins. Cette couche dure et cassante
ne dépasse pas 20 centimètres, et comme elle sera
attaquée à sec, elle offrira encore moins de résis-
tance; d'ailleurs une forte drague en viendrait ai-
sément à bout.
Il ne faut pour être édifié sur la facilité d'exécuter
le nouveau canal, que suivre attentivement le tracé,
et explorer comme nous l'avons fait les vestiges de
l'ancien, qu'on retrouve fort loin. Il est évident que
les hommes ont détruit cet ouvrage : en plusieurs
endroits une seule des deux berges a été coupée sur
une longueur de 1 ou 2 kilomètres. L'eau, n'étant
plus contenue et resserrée, s'est répandue à de gran-
des distances ; les marées ont agi. Aidée à différen-
tes époques lunaires ou de coups de vent, la nature
a repris ses droits et le chenal s'est comblé ! Des
solutions de continuité de cette espèce et de cette
régularité, en même temps qu'elles constatent le
travail des hommes, expliquent parfaitement l'état
actuel des lieux. Il est donc évident par la seule
inspection du terrain, et que le canal est matérielle-
ment possible, et qu'il a existé pendant des siècles
dans les mêmes conditions.
Quant aux moyens d'exécution, l'art des ingé-
nieurs est arrivé à un si haut degré de perfection,
qu'en Europe il n'entrerait dans la pensée de per-
sonne d'émettre un simple doute. Or, faisons remar-
quer que le canal doit traverser le pays où ont été
conçus et exécutés les plus gigantesques travaux de
ce genre dans les temps anciens et modernes, tels
que le lac Mœris, qui servait de régulateur aux eaux
du Nil, et de nos jours le magnifique barrage de ce
fleuve.
Faisons remarquer encore tout l'intérêt que le gou-
vernement égyptien doit attacher et attache sans
contredit à l'achèvement de notre grande entreprise :
achèvement qui fera la fortune de l'Kgypie, l'éter-
nelle gloire de son prince, et sur lequel repose peut-
être la régénération de l'empire ottoman. Cet intérêt,
le gouvernement égyptien nous l'a témoigné de plu-
sieurs manières. Je ne citerai que la cession des ma-
gasins de Damiette faite à la Compagnie à un prix
des plus avantageux et celle plus récente de la pro-
priété de l'Ouadée, véritable clef du canal d'eau douce
et par conséquent des travaux.
Ce concours a eu une double influence en réagis-
sant directement sur l'embauchage des fellahs. A
mesure que ces hommes rentrent dans leurs foyers,
ils viennent y témoigner qu'ils sont bien payés, bien
nourris, bien traités. Les réengagements se font
beaucoup plus facilement. Dès à présent il faudrait
des circonstances tout à fait imprévues ou fort graves
pour nous empêcher d'obtenir les hommes nécessaires
à l'achèvement des travaux.
On a parlé de lenteur, et j'ai peut-être à me re-
procher d'en avoir parlé plus que les autres. Aujour-
d'hui que j'ai vu par moi-même, ces lenteurs ne m'é-
tonnent plus. Il faut savoir et l'on ignore généralement
quelles difficultés de tout genre ont été rencontrées ;
les ménagements qu'a imposés la question politique;
les obstacles de tout genre contre lesquels nous avons
eu à lutter pour nous établir solidement dans le dé-
sert. On a dû tout y apporter avec soi, jusqu'à l'eau,
la première de toutes les nécessités de la vie. Puis il
a fallu transporter un matériel immense, qui existe
aujourd'hui, et fait le plus grand honneur à ceux qui
l'ont amené sur les lieux. On ne saurait s'imaginer
tout ce qui a été dépensé de courage et d'énergie.
J'ai visité tous ces points du désert aujourd'hui ha-
bités et approvisionnés ; j'ai fait ce trajet dans les
conditions les plus commodes, en voiture, pouvant
passer partout. C'est précisément parce que nous ne
manquions de rien, que j'ai pu mieux me rendre
compte des privations de tout genre auxquelles ont
été exposés les premiers qui nous ont si bien préparé
la route. Je déclare qu'on ne peut se défendre à ce
spectacle d'une certaine admiration, et qu'il n'est
pas de travaux exécutés en Europe à la vue desquels
on éprouverait un sentiment semblable.
Croit-on que pour approvisionner ces premiers
campements, où tout manquait, jusqu'aux moyens de
conservation, il n'y ait pas eu souvent des pertes,
quelques inévitables désordres, et que les conditions
défavorables dans lesquelles on se trouvait forcément
plus opposées; c'est là que les expressions de canalistes
et anticanalistes ont été créées. On ne doit point s'en
étonner : car c'est là que les intérêts particuliers
ont été le plus directement en jeu, qu'ils ont été le
plus excités, sans parler des personnes qui sont de-
venues malveillantes et hostiles, par la seule raison
que l'administration a dû se priver de leurs ser-
vices. C'est peut-être de ces intérêts mécontents que
sont parties les plus actives attaques contre le canal ;
il est naturel que ceux qui viennent de voir de leurs
propres yeux cherchent à donner au public une
idée exacte des choses.
Malgré toutes les divergences d'opinions, il est au-
jourd'hui un fait bien généralement reconnu, sur
lequel tout le monde est d'accord : c'est la facilité de
l'exécution sous le rapport des travaux proprement
dits ; le sol et le sous-sol s'y prêtent facilement ; la
nature des terrains ne laisse aucun doute sur la
possibilité de maintenir les berges ; il n'existe pas
non plus la moindre crainte d'ensablement ou d'at-
terrissement dont on ne puisse triompher, de quel-
que part qu'ils viennent.
Les sondages dans l'isthme donnent presque par-
tout les mêmes résultats. La première couche seu-
lement, dans la partie de la surface autrefois
submergée, de Suez aux lacs Amers, offre un peu
moins de facilité, en raison d'un durcissement occa-
sionné par l'influence des siècles sur des terrains
saturés de sels marins. Cette couche dure et cassante
ne dépasse pas 20 centimètres, et comme elle sera
attaquée à sec, elle offrira encore moins de résis-
tance; d'ailleurs une forte drague en viendrait ai-
sément à bout.
Il ne faut pour être édifié sur la facilité d'exécuter
le nouveau canal, que suivre attentivement le tracé,
et explorer comme nous l'avons fait les vestiges de
l'ancien, qu'on retrouve fort loin. Il est évident que
les hommes ont détruit cet ouvrage : en plusieurs
endroits une seule des deux berges a été coupée sur
une longueur de 1 ou 2 kilomètres. L'eau, n'étant
plus contenue et resserrée, s'est répandue à de gran-
des distances ; les marées ont agi. Aidée à différen-
tes époques lunaires ou de coups de vent, la nature
a repris ses droits et le chenal s'est comblé ! Des
solutions de continuité de cette espèce et de cette
régularité, en même temps qu'elles constatent le
travail des hommes, expliquent parfaitement l'état
actuel des lieux. Il est donc évident par la seule
inspection du terrain, et que le canal est matérielle-
ment possible, et qu'il a existé pendant des siècles
dans les mêmes conditions.
Quant aux moyens d'exécution, l'art des ingé-
nieurs est arrivé à un si haut degré de perfection,
qu'en Europe il n'entrerait dans la pensée de per-
sonne d'émettre un simple doute. Or, faisons remar-
quer que le canal doit traverser le pays où ont été
conçus et exécutés les plus gigantesques travaux de
ce genre dans les temps anciens et modernes, tels
que le lac Mœris, qui servait de régulateur aux eaux
du Nil, et de nos jours le magnifique barrage de ce
fleuve.
Faisons remarquer encore tout l'intérêt que le gou-
vernement égyptien doit attacher et attache sans
contredit à l'achèvement de notre grande entreprise :
achèvement qui fera la fortune de l'Kgypie, l'éter-
nelle gloire de son prince, et sur lequel repose peut-
être la régénération de l'empire ottoman. Cet intérêt,
le gouvernement égyptien nous l'a témoigné de plu-
sieurs manières. Je ne citerai que la cession des ma-
gasins de Damiette faite à la Compagnie à un prix
des plus avantageux et celle plus récente de la pro-
priété de l'Ouadée, véritable clef du canal d'eau douce
et par conséquent des travaux.
Ce concours a eu une double influence en réagis-
sant directement sur l'embauchage des fellahs. A
mesure que ces hommes rentrent dans leurs foyers,
ils viennent y témoigner qu'ils sont bien payés, bien
nourris, bien traités. Les réengagements se font
beaucoup plus facilement. Dès à présent il faudrait
des circonstances tout à fait imprévues ou fort graves
pour nous empêcher d'obtenir les hommes nécessaires
à l'achèvement des travaux.
On a parlé de lenteur, et j'ai peut-être à me re-
procher d'en avoir parlé plus que les autres. Aujour-
d'hui que j'ai vu par moi-même, ces lenteurs ne m'é-
tonnent plus. Il faut savoir et l'on ignore généralement
quelles difficultés de tout genre ont été rencontrées ;
les ménagements qu'a imposés la question politique;
les obstacles de tout genre contre lesquels nous avons
eu à lutter pour nous établir solidement dans le dé-
sert. On a dû tout y apporter avec soi, jusqu'à l'eau,
la première de toutes les nécessités de la vie. Puis il
a fallu transporter un matériel immense, qui existe
aujourd'hui, et fait le plus grand honneur à ceux qui
l'ont amené sur les lieux. On ne saurait s'imaginer
tout ce qui a été dépensé de courage et d'énergie.
J'ai visité tous ces points du désert aujourd'hui ha-
bités et approvisionnés ; j'ai fait ce trajet dans les
conditions les plus commodes, en voiture, pouvant
passer partout. C'est précisément parce que nous ne
manquions de rien, que j'ai pu mieux me rendre
compte des privations de tout genre auxquelles ont
été exposés les premiers qui nous ont si bien préparé
la route. Je déclare qu'on ne peut se défendre à ce
spectacle d'une certaine admiration, et qu'il n'est
pas de travaux exécutés en Europe à la vue desquels
on éprouverait un sentiment semblable.
Croit-on que pour approvisionner ces premiers
campements, où tout manquait, jusqu'aux moyens de
conservation, il n'y ait pas eu souvent des pertes,
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