Presse et revues
12 pages
Titre : La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts
Éditeur : Gazette des beaux-arts (Paris)
Date d'édition : 1912-06-15
Contributeur : Houssaye, Edouard (1829-18..?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34421972m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 20550 Nombre total de vues : 20550
Description : 15 juin 1912 15 juin 1912
Description : 1912/06/15 (N23). 1912/06/15 (N23).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202806j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-11793
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
- ET DE LA CURIOSITE 181
c'est dans le charme physique, profon(l,
s Incttf, que Renoir triomphe.
APr®s quatre ans d'attente, Claude Monet
expose la série des Venise (1908), qui fait suite aux
euet 0ll Nymphéas. On connaît le principe : trois ou
,ql'8,tre vues prises d'un même point (le Grand
Canal, Samt Georges-Majeur, le Palais ducal, le
JPa~ au Dario le Mo de la Salule); seule l'heure
rie> L'artiste fait avec la nature une sorte de
e „ geure; il fixe rinSaibissable, reconstitue lespro-
gressions imperceptibles de la lumière. Souvent il
,boisit des heures, des minutes voisines, afin de
bien Montrer qu'il sait en discerner les qualités
impondérables; la réalité se renouvelle,
Et ce n'est chaque fois ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre.
ç, l'cun impressionniste n'eut tant de subtilité.
Sorf presque de la musique. L'espace se mêle à
Son TUVre ses touches sont des rythmes, il éthé-
rise le soiià(, même. C'est le peintre de la transpa-
r Ce Mobile. Il se fond dans l'objet qu'il con-
temple et le traduit à la façon d'un rêve intérieur ;
fie , en plus son art se volatilise, la substance
%'efrace, les apparitions terrestres ne sont plus
da S "e8Pace qu'une sorte de vapeur un peu plus
épaisse. Entrevue à travers les brumes de l'été,
cette Venise a' surpris plus d'un. Pourtant, qu'on
ne voie pas dans ces pâleurs le signe d'un affadis-
s«rn 0Qt ou d'une -décadenu. C'est seulement la
decadence d'une fleur malade des lagunes, douce
floraison qui, semblable aux nymphéas, participe
des lagueurs du eieletdeseaux,
EXPOTITION DES PEINTURES ET SCULPTEURS RUSSES
DE. PARIS. ,
,. (Galerie Devambez)
L'intérêt de semblables groupements réside dans
Ul"tC' de tempérament et de race. Cette unité se
manifeste-t-elle cette fois très viTement' et la recon-
naîtrait-on siron n'était averti à l'avance Il est
évident que les. artistes de Russie ne sont pas sans
participer au mouvement de l'école moderne et
même sans influer sur lui. C'est pourquoi, au
sortir de cette axposition, on pense que les salons
d'Automne et les Indépendants promettaient peut-
être davantage. M.Altmann a le sentiment de la
lumière; M. Edelmann connaît J enn Vébe.r,
et Marquet n'est pas sans plaire. à M. Bilite.
Naoum Aronson est l'ingénieux, habile et roman-
C p sculpteur que l'on sait. Les études de
M. Foder ont une sombre violen e celles de
M. Tarkhoff. une exaltation de couleur souvent
Pittoresque; Heconnaissons quelque mysticisme
dans les pâles effigies de M. de Serrec de Kervily
dans les vitraux de Tcharkolï. Les bustes de
les r 2 Sont assez puissants d'archaïsme. Enfin,
les œuvres f,Uvres de M. Pann, de M. IvanotT et surtout
de M. Shulman-Gaspar amusent par la couleur
locale - qui fait un peu défaut ici - et de même
les Yigllttcs de M. Lichtenstein, ingénieusement
stylisées.
EXPOSITION ANDRÉ SILICE
M (Galerie Allard)
r" ^dré Silice semble encore à uno période
de Cherche et d incertitude ; cependant plusieurs
de se^j paysages sont déjà pleins de promesses.
Sans petites toiles surtout, il montre de jolies
«ÏUsilu0. 8 de composition, d'émotion et de finesse ;
sa touche est précise: elle excelle à traduire les
horizons voilés, illimités, les plaines d'eau plutôt
que la montagne, la Bretagne plutôt que le Midi,
les gris de la solitude plutôt que les rouges et les
verts brutaux.
EXPOSITION ADRIEN DEMONT
(Galerie G. Petit)
Pour juger équitablement cet artiste, il semble
qu'il faille établir un départ entre les toiles faites
d'après nature et les œuvres d'imagination. Les
unes et les autres sont sincères. Mais peut être cet
observateur fidèle, souvent très délicat, recherche-
t-il des qualités qui lui sont refusées — la puis-
sance et l'imagination par exemple. Sensible aux
aspects de la terre et du ciel, curieux des effets
de lumière (Premier Printemps d'un potager,
les Marguerites) et de la poésie champêtre, il
aime la nature, mais vient-il à la quitter, il com-
promet le bénéfice de l'observation vraie par de
redoutables éclairages et par des fictions où l'in-
terprète ne se hausse pas toujours à la noblessé
de la conception.
EXFOSITION C. REYMOND
(Galerie Druet)
N'est-il pas dangereux pour un jeune peintre,
qui n'est pas sans talent, de présenter pour la pre-
mière fois sous la forme d'un ensemble, des déco-
rations rapidement achevées dans un but tempo-
raire ? Ni l'arrangement, ni la couleur n'appe-
laient cet honneur. Les costumes rappellent ceux
de M. Bakst ; les petits paysages sont d'un.bon
disciple de Signac.
EXPOSITION DE LA « VFÉ » ,:'-'. :;",
(68, rue MaZarine) V*. ,
Quelques toiles d'indépendants : de M. Bouche,.
de M. de Sojjsa-rCardoso qui se plaît ,#ux sujets,
mythiques, aux chevauchées .imaginaires, angu-
leuses. et fait songer à l'art persan. MM. Dunoyer,
de Segonzac et Luc-Albert Moreau progressent
parallèlement. Leurs paysages sont austères et
sensibles, concentrés ; ils attei-nent à la grandeuï:
en méprisant la facilité des valeurs claires (1). , .v-:
;' EXPOSITION M. KLEE-
': ■ : (Galerie Blot)'
Dé jolies qualités féminines: tables chargées
de fruits, de fleurs, de goûters, d'objets de toilette ;
l'arrangement est délicat, les tons choisis, un
peu fanés ; de la force sans violence ; de la sim-
plicité sans sécheresse.
•' INTÉRIM.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 1er mai
PRIX. — L'Académie accorde les récompenses
suivantes :
Prix Jean-Reynaud (de la valeur de 10.000 francs,
décerné à tour de rôle par les cinq Académies et
(1) Il faut voir aussi d'ingénieux costumes de
M. A. Moreau, et des esquisses de M. Segonzac,
dont la Belle Edition a fait paraître l'an passé
deux petits livres de dessins, présentés avec déli-
catesse : Schekérazade et Isadora Duncan.
c'est dans le charme physique, profon(l,
s Incttf, que Renoir triomphe.
APr®s quatre ans d'attente, Claude Monet
expose la série des Venise (1908), qui fait suite aux
eu
,ql'8,tre vues prises d'un même point (le Grand
Canal, Samt Georges-Majeur, le Palais ducal, le
JPa~ au Dario le Mo de la Salule); seule l'heure
rie> L'artiste fait avec la nature une sorte de
e „ geure; il fixe rinSaibissable, reconstitue lespro-
gressions imperceptibles de la lumière. Souvent il
,boisit des heures, des minutes voisines, afin de
bien Montrer qu'il sait en discerner les qualités
impondérables; la réalité se renouvelle,
Et ce n'est chaque fois ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre.
ç, l'cun impressionniste n'eut tant de subtilité.
Sorf presque de la musique. L'espace se mêle à
Son TUVre ses touches sont des rythmes, il éthé-
rise le soiià(, même. C'est le peintre de la transpa-
r Ce Mobile. Il se fond dans l'objet qu'il con-
temple et le traduit à la façon d'un rêve intérieur ;
fie , en plus son art se volatilise, la substance
%'efrace, les apparitions terrestres ne sont plus
da S "e8Pace qu'une sorte de vapeur un peu plus
épaisse. Entrevue à travers les brumes de l'été,
cette Venise a' surpris plus d'un. Pourtant, qu'on
ne voie pas dans ces pâleurs le signe d'un affadis-
s«rn 0Qt ou d'une -décadenu. C'est seulement la
decadence d'une fleur malade des lagunes, douce
floraison qui, semblable aux nymphéas, participe
des lagueurs du eieletdeseaux,
EXPOTITION DES PEINTURES ET SCULPTEURS RUSSES
DE. PARIS. ,
,. (Galerie Devambez)
L'intérêt de semblables groupements réside dans
Ul"tC' de tempérament et de race. Cette unité se
manifeste-t-elle cette fois très viTement' et la recon-
naîtrait-on siron n'était averti à l'avance Il est
évident que les. artistes de Russie ne sont pas sans
participer au mouvement de l'école moderne et
même sans influer sur lui. C'est pourquoi, au
sortir de cette axposition, on pense que les salons
d'Automne et les Indépendants promettaient peut-
être davantage. M.Altmann a le sentiment de la
lumière; M. Edelmann connaît J enn Vébe.r,
et Marquet n'est pas sans plaire. à M. Bilite.
Naoum Aronson est l'ingénieux, habile et roman-
C p sculpteur que l'on sait. Les études de
M. Foder ont une sombre violen e celles de
M. Tarkhoff. une exaltation de couleur souvent
Pittoresque; Heconnaissons quelque mysticisme
dans les pâles effigies de M. de Serrec de Kervily
dans les vitraux de Tcharkolï. Les bustes de
les r 2 Sont assez puissants d'archaïsme. Enfin,
les œuvres f,Uvres de M. Pann, de M. IvanotT et surtout
de M. Shulman-Gaspar amusent par la couleur
locale - qui fait un peu défaut ici - et de même
les Yigllttcs de M. Lichtenstein, ingénieusement
stylisées.
EXPOSITION ANDRÉ SILICE
M (Galerie Allard)
r" ^dré Silice semble encore à uno période
de Cherche et d incertitude ; cependant plusieurs
de se^j paysages sont déjà pleins de promesses.
Sans petites toiles surtout, il montre de jolies
«ÏUsilu0. 8 de composition, d'émotion et de finesse ;
sa touche est précise: elle excelle à traduire les
horizons voilés, illimités, les plaines d'eau plutôt
que la montagne, la Bretagne plutôt que le Midi,
les gris de la solitude plutôt que les rouges et les
verts brutaux.
EXPOSITION ADRIEN DEMONT
(Galerie G. Petit)
Pour juger équitablement cet artiste, il semble
qu'il faille établir un départ entre les toiles faites
d'après nature et les œuvres d'imagination. Les
unes et les autres sont sincères. Mais peut être cet
observateur fidèle, souvent très délicat, recherche-
t-il des qualités qui lui sont refusées — la puis-
sance et l'imagination par exemple. Sensible aux
aspects de la terre et du ciel, curieux des effets
de lumière (Premier Printemps d'un potager,
les Marguerites) et de la poésie champêtre, il
aime la nature, mais vient-il à la quitter, il com-
promet le bénéfice de l'observation vraie par de
redoutables éclairages et par des fictions où l'in-
terprète ne se hausse pas toujours à la noblessé
de la conception.
EXFOSITION C. REYMOND
(Galerie Druet)
N'est-il pas dangereux pour un jeune peintre,
qui n'est pas sans talent, de présenter pour la pre-
mière fois sous la forme d'un ensemble, des déco-
rations rapidement achevées dans un but tempo-
raire ? Ni l'arrangement, ni la couleur n'appe-
laient cet honneur. Les costumes rappellent ceux
de M. Bakst ; les petits paysages sont d'un.bon
disciple de Signac.
EXPOSITION DE LA « VFÉ » ,:'-'. :;",
(68, rue MaZarine) V*. ,
Quelques toiles d'indépendants : de M. Bouche,.
de M. de Sojjsa-rCardoso qui se plaît ,#ux sujets,
mythiques, aux chevauchées .imaginaires, angu-
leuses. et fait songer à l'art persan. MM. Dunoyer,
de Segonzac et Luc-Albert Moreau progressent
parallèlement. Leurs paysages sont austères et
sensibles, concentrés ; ils attei-nent à la grandeuï:
en méprisant la facilité des valeurs claires (1). , .v-:
;' EXPOSITION M. KLEE-
': ■ : (Galerie Blot)'
Dé jolies qualités féminines: tables chargées
de fruits, de fleurs, de goûters, d'objets de toilette ;
l'arrangement est délicat, les tons choisis, un
peu fanés ; de la force sans violence ; de la sim-
plicité sans sécheresse.
•' INTÉRIM.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 1er mai
PRIX. — L'Académie accorde les récompenses
suivantes :
Prix Jean-Reynaud (de la valeur de 10.000 francs,
décerné à tour de rôle par les cinq Académies et
(1) Il faut voir aussi d'ingénieux costumes de
M. A. Moreau, et des esquisses de M. Segonzac,
dont la Belle Edition a fait paraître l'an passé
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