Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1908-01-14
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1908 14 janvier 1908
Description : 1908/01/14 (Numéro 16454). 1908/01/14 (Numéro 16454).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/10/2008
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TROIS MOIS.
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L e S upplément illustré . ., - s ' ceîÏtTI ÏÂPètif.Jouraà.1 illustré da la Jeaoesss 10 cent.
Le Petit Journal agricole, 5 cest . « I-Mode
• Directeur j CHARLES PREVET
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-SIX MOIS—
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2iFV , UN AN.
Les Abonnements
- iparûxiiBsf'etîB de'dsçuemms
MARDI 14 JANVIER 1908
14 SAINT HILAIRE 352.
QUARANTE-SIXIÈME ANNÉE (N UMÉRO 18,454)
Les manuscrits 'ne sont pas-rendus V
Dernière Edition
AUX ÉTATS-UNIS
: - oit srovcgnô la erisa ■■
(LETTRE DE NOTRE ENVOYÉ SPECIAL)
New-York^ 28 Décembre 1907. .
M. Ridgeley, contrôleur de la circulation
Monétaire des Etats -Unis, m'a dit l'autre
jour, au sujet de la 1 " crise financière qu on
s'efforce -âv liquider peu .à' peu, qu'elle a
été beaucoup plus dans les banques elles-
mêmes que dans le public. Et .il a'ajou
té « Ç'a été beaucoup moins une crise
d'argent .qu'une crise de confiance, ». A,
première vue;' ces deux constatations pa
raissent contradictoires. Mais M. Ridgeley,
en les faisant, a fait abstraction des cau
ses profondes de la crise, de cette dépres
sion générale de la vie économique qui
subsiste encore à présent,, et qu'il sera in
finiment plus difficile de guérir que la
phtisie'monétaire dont a' souffert le mon
de purement financier. M. Ridgeley a vou
lu dire que-le trait caractéristique de cette
crise monétaire a été le manque de confian
ce mutuelle entre les différents établisse
ments de crédit du pays..
• A présent cette méfiance a pris à certains
endroits des aspects tels que M. Vanderlip,
un des premiers économistes de ce pays
et vice-président de là National City Bank,
banqup du groupe Rockefeller, a'pu me par
ler d'une" véritable « guerre civile . finan
cière ».
•*#
Rien n'est plus typique pour la vie des
affaires en Amérique que cette situation
étrange. ; Voici comment elle s'est formée et
comment elle-a abouti à une catastro
phe. La loi qui règle, la circulation des bil
lets de banque est absolument défectueuse.
Il' n'y., a pas, aux Etats-Unis, un établisse
ment uniqûe, comme nôtre Banque de
France, contrôlée par le gouvernement et
détenant ,d'énormes réserves métalliques,
qui Jt le privilège d'émettre de la monnaie-
papier; II y a plus - dé; trois mille de ces
banques d'émission. Sans entrer daps les
"détails, on peut dire qu'en se conformant
à certaines prescriptions .assez peu sévères,
n'importe quel groupe financier peut fon
der une « National Bank v, dont les billets
sont de la monnaie légale. Ces banques
n'ont qu'à se procurer des obligations de
l'Etàt. en les payant au moins au pair :
elles.-peuvent alors mettre dans la circu
lation des billets de banque jusqu'à concur
rence de neuf dixièmes de la valeur nomi-
male des .obligations détenues. . Voilà le prin
cipe. Je laisse de côté les règles accessoi
res pour ne pas embrouiller une question
déjà fort compliquée.;
On voit de suite qu'avec ce système, les
banques ne oeuvent pas, en cas de besoins
inattendus, créer des billets de banque, ga
rantis par leur actif total ou-autrement. II
leur faut des obligations de l'Etat. Si donc,
pour une raison, quelconque, de. grandes
quantités,de billets de banque disparais
sent- de-la circulation, soit que le public
les garde, , soit que des banques ou des cais
ses d'épargne, en prévision de gros rem
boursements .à faire aux. dépositaires, ne
les laissent pas sortir des coffres-forts, il
arrive facilement ce qu'on Deut appeler un?
«fainiiie de numéraire ». Non -crue le publ'. -1
•ou les établissements de crédit soient ap
pauvris à une telle époque. Ce peut être le
contraire, comme précisément cette fois-ci.'
Mais leur avoir consiste en crédits, en dé
pôts, remployés, en papier commercial, et
ce n'est que l'argent en espèces qui manque
pour les réaliser.
, V - ..... «V: . ' . .
'A une, époque pareille, la Banque d'Alle
magne, et dans une certaine mesure aussi
ta'Bahquë dé France, émettent simplement
une plus gTande quantité de monnaie-pa
pier, garantie par leurs vastes réserves —
métalliques chez nous, représentées par du
papier commercial de premier ordre pn Al
lemagne. Cette monnaie supplémentaire est
retirée de la circulation, quand le besoin
ne s'en fait plus sentir.. Il en va autreihent
aux Etats-Unis. .
Pas d'augmentation de billets, s'il n'y i
pas augmentation des obligations dépo
sées. Or, -il n'est nullement dans l'intérêt
des banques d'émission de se procurer, très
cher, >de ops. fonds qui rapportent fort peu
— deux pour cent généralement — alors
qu'elles, peuvent gagner des pourcentages
énormes, à notre point de vue français, en
employant leur argent dans d'autres opé
rations. En d'autres termes, les banques
d'émission font presque un sacrifice en
émettant de la monnaie-papier, ce qui es*,
absurde. - . .
Mais ce n'est pas tout; Aux époques où
l'on peut redouter un arrêt général dans
. les. transactions commerciales par suite du
défaut de numéraire, où> par conséquent,
les banques • d'émission achèteraient bien
des obligations, émettraient bien des bil
lets, pour ne pas souffrir par la stagnation
des affaires, que faut-il que le gouverne
ment fasse ? Il doit mettre à la disposi
tion des banques des obligations. Il doit en
créer. En d'autres.mots, il doit augmenter
la dette de l'Etat ! Et c'est tout ce qu'il y a
de plus absurde.
, Aussi M. Carnegie, le célèbre fondateur
du tru|t de l'acier, m'a-t-il dit que c'est"
vraiment extraordinaire de voir un systè
me monétaire basé-sur des dettes et non sur
un* actif réel, et la dette de l'Etat
condamnée à des augmentations: totale
ment inutiles dans le seul but de fournir
"une monnaie fiduciaire au public.-Et M.
Fowler, le président de la Commission
des finances de la Cha,mbre, me fait remar
quer. qu'un seul peuple civilisé en dehors
des Etats-Unis a eu l'idée biscornue- d'es
sayer de ce système, à savoir le Japon/ le
quel en a eu assez après une expérience
de quelques années. v-
' , Pratiquement, ce régime a pour, effet
qu'en cas de besoin il est impossible de
créer avec la rapidité voulue des valeurs
4'éebangê ayant cours légal, ■ Par consé
quent, dès. cru'une grande quantité de mon
naie est thésaurisée quelque part, il est
■impossible, d'en obtenir et un état criti
que.pèse sur toute la vie économique.,
1 Or, tous lès ans, même en temps normal,
l'Ouest agricole retire des banoues de dé
pôts plus d'un milliard de francs en espè
ces pour liquider les transactions consé
cutives aux moissons, s Aussi, tous les ans,
en automne, la situation monétaire de
vient critique aux Etats-Unis. Mais il y a
autre chose. . - *•.'
,Une funeste habitude, que nulle loi ne ré
prime jusqu'ici, veut que les banques, au
lieu, d'avoir leurs réserves légales, garan-:
tissant les dépôts, des clients, en valeurs
immédiatement disponibles, comptent com
me réserves .réalisables tout bonnement
leurs crédits dans d'autres banques. U ar
rive ainsi, en définitive, que chaque établis
sement compte sur son voisin pour le tirer
d'affaire en cas de retraits de fonces excé
dant la moyenne ! Dès que - des retraits
considérables sorçt en perspective, les ban
ques cherchent à convertir leurs réserves
en crédits, c'est-à-dire leurs réserves ficti
ves en réserves réelles, en tâchant de réa
liser leurs crédits dans d'autres établisse
ments. C'est alors qu'on constate qu'effec
tivement ces réserves sont réellement
inexistantes — comme d'ailleurs M- Rid
geley-lui-même me l'a confirmé ! Car au
mêrne moment, pour contre-balancer lé re
trait des crédits des autres, chaque banque
retire les siens. Ainsi, en définitive, la si
tuation , ne change 1 pas beaucoup, sauf
qu'aucun établissement ne peut plus comp
ter sur aucun autre. Chacun est l'ennemi
de l'autre pour ses maigres réserves. Et.
toujours inquiète de demandes inattendues
et considérables venant du dehors, chaque
banque fera l'impossible pour ne pas se dé
faire des espèces cru'elle a réussi à amasser.
En d'autres termes,- les établissements dj
crédit n'escompteront plus, de papier com
mercial ; puis ils conseilleront à leurs dépo
sitaires de ne pas retirer des fonds, ils re
fuseront absolument de financer n'importe
quelle entreprise, ils ne prolongeront au
cun crédit. En un mot, ils arrêteront leurs
■affaires, et, par conséquent, les affaires
des autres, de peur de ne pouvoir faire face
à des retraits de fonds considérables.
Dans ces conditions, chaque établisse
ment est abandonné à lui-même et lutte
contre tous les autres pour maintenir son
stock d'espèces. C'est ce que M. Ridgeley
appelle « la crise dans les banques ». Le
public s'en aperçoit parla stagnation subite
des affaires et ,1a restriction désastreuse
du crédit. Il prend peur, perd sa-confian
ce et; par prudence, de sôn côté cherche à
réaliser ses crédits en banque. Il se préci
pite aux guichets et parfois en- une foule
telle.que ni la totalité, des réserves légales,
ni le double, ne suffirait pour contenter
tout le monde à la fois. C'est alors la,
catastrophé financière, comme on l'a vue à
New-York du 23 au 26 octobre dernier.
Alexandre Darier.
AfiRESSIOH CONTRE M. BROUSSE
député des Pyrénées-Orientales
(Dépêche de l'Agence Havas)
Prades, 13 Janvier.
■ Un ancien surveillant d'une ligne de
transports, nommé Ange Laville, qui re
prochait à M. Emmanuel Brousse, député
des Pyrénées-Orientales, complètement à
tort, affirme ce dernier, de lui avoir fait
perdre son emploi, l'a attaqué au moment
ou il sortait d'une réunion, hier, à Prades,
et 1 a 1 frappé violemmentà la tête et dans le
dos.
VINCT BLESSÉS
. Un grave accident s'est produit hier ma
tin dans une commune de la banlieue pari-
Sienne. Deux tramways de l'Est Farisien
se sont, tamponnés aux Lilas, rue de Paris
vers 7 heuros. '
Le tamponnement a eu lieu à l'angle de
la rue Veymer, non loin du garage des
tramways. Une voiture vide qui venait de
quitter le dépôt a .heurté un autre tram
way, bonds de voyageurs. ■ 1
Dans le tramway tamponné, où se trou
vaient vingt-cinq voyageurs, vingt d'entre
eux furent blessés par les vitres brisées ou
projetés contre les parois.
Fort heureusement, il n'y a eu personne
de blessé grièvement et tous les voyageurs
ont pu rentrer chez eux après- avoir été
pansés dans des pharmacies.
Voici les noms des vingt blessés :
MM; Vix, Derivère, Boussard, Bachandit
Deroy, de Romainville ; Burt-el, Darderet Ver-
nier, Foin, des Lilas ; Jolly, de Montreuil • Es-
teclie,, du Pré-Saint-Gervais ; Duchâtel rue
de l'Ouest, à Pans ; Nollet père et fils, rue des
Cendriers ; Villemot, rue Saint-Denis ; Lar-
cheret, rue Letort ; Descliamps, rue Cou rat •
Durocharfd, rue de Belleville ; M. et Mme
Boussier, rue Saint-Maur, à Paris.
L'accident aurait été provoqué par l'er
reur du mécanicien du tramway tampon
neur qui se serait engagé sur une ligne fer
mée'.
fiPBÈS LES ÉIFE8TBTM.S
de IBerlin„
(Dépêche de VAgence Havas)
Berlin, 13 Janvier.
Durant les manifestations d'hier, 106 per
sonnes ont été arrêtées, dont 6 femmes.
.11 y a 30 personnes blessées sérieusement,
plus de nombreux contusionnés. De nom
breuses-femmes ont pris part aux manifes
tations.
On en a remarqué beaucoup qui collaient
sur les murs. des maisons et les palissades
des affiches rouges, portant les mots : « A
bas le suffrage des trois classes. Obtenons
le suffrage universel pour les hommes et
pour les femmes 1 »
Les anarchistes ont profité de l'occasion
pour distribuer , des brochures antimilita
ristes. ... .
Dans les.roiîieux gouvernementaux, on ne
paraît pas ému de ces manifestations. On
est d'avis que seuls les socialistes y ont
pris une part active,et que l'agitation qu'ils
se proposaient de créer au dehors ne dépas
sera. pas les rangs de leur parti.
L'AFFAIRE CES DlàHfflS ' '
Le Secret ieTEnveloppe
. .i
Ce ne serait pas un secret pour tout le mande.
. Ce ne serait niêrae pas du'tout un secret.
, Le juge d'instruction veut savoir.
Autres bailleurs 1 de fonds'
de Lemoir.e..
Le juge d'instruction; M.'-Le Poit,tevin,
qui conduit cette passionnante affaire des
diamants avec la maîtrise que. lui donnent,
une pratique de vingt années, passées au
parquet de la Seine et une,science juridique
considérable, n'éprouve, çgsure-t-ôn, au Pa
lais, aucune appréhensi^i dans le, droit qui
lui appartient de faire saisir, partout où dl
le trouvera, le , document nécessaire à la
manifestation de la vérité. ' ', '
Ainsi, il fera, saisir, à Lcndres, le ,pli dé
posé à l'Union Bankj et qui coutierft le se
cret de 1a-. fabrication du diamant artificiel
F "
T7 r^ T - W V y,
- i ^ j
„ Henri LEMOINE
que Henri Lemoine prétend avoir, non pas
imaginé, mais amélioré -d'après les travaux
du savant professeur Moissan. ;
M. Le ,,Pcittevin a-t-il transmis,- à" .Lon
dres, par la voie diplomatique, ou par une
procédure plus expéditive, l'ordre, de s'em-
parer du pli ? C'est c^ qu'oir ne sait encore,
le magistrat n'étant pas venu, hier, au Pa^
lais et les intéressés étant, tous, en ce mo
ment, à Londres. ' 1
. Une nouvelle version circule au Palais de
Justice, et que nous, croyons exacte : c'est
que le contenu du pli n'est plus un mystère,
depuis longtemps, pour celui qui avait un
intérêt à le connaître ; nous voulons parler
de M. Wernher. ••
Cette formule serait celle crue tous ceux
qui ont suivi les cours du professeur Mois
san connaissent, et'qui peut se résumer ea
ceci : un mélange de charbon de cornue et
de sucre placé dans tin creuset et porté à
une température suffisante peut donner du
diamant.
. On ajoute, que. la résistance qu'oppose
Henri Lemoine à l'ouverture du pli/ esi
la crainte d'une telle divulgation qui rui
nerait tous ses espoirs et entraînerait s à
condamnation, puisque sa formule serait
celle que tous les chimistes connaissent. •:
Avant d'entrer en pourparlers avec M.
Wérnher, Lemoine s'était adressé à d'au
tres bailleurs de fonds, notamment à M.
René Gravereaux, fils d'un administrateur
d'un grand magasin parisien.- Ce fut ce
dernier qui avança, à Henri Lemoine l'ar
gent qui lui\permit de monter l'atelier, de
-la- rue Lecoiirbe. M; Gravereaux, à l'heure
.actuelle, se montre, convaincu de la réalité
de là découverte de> l'ingénieur et est plein
:dej confiance dans'sonvaivenir.- * .
■ "Une autre personne,; M. Rehé Moine,'qui
•a également avancé'des fonds à Henri Le
moine et qui fut chargéipar lui de lui trou
ver des epramainditaires, déclare que ce
dernier fabrique bien des diamants,' seule
ment il se plaint que les engagements qu'a
vait pris Lemoine vis-à-vis- de lui. n'aient
pas reçu de solution. I. ' r.
M. Moine, afin d'engager des poursuites
civiles contre l'ingénieur,' a emprunté
50,000 ! francs à un Américain, M. Sieg-
man, et celui-ci n'ayant pu ravoir cette
somme, a déposé, il y a déjà longtemps,
une plainte contre M. Moine'.
C'est à M; Le Poittevin, également; que
fut. remise cette affaire pqur laquelle il n'y
a pas eu encore "de résultat.
PROPOS D'ACTUALITÉ
Il est d'usage, quana un peuple veut obtenir
quelque progrès politique ou quelque ëmélio-
ration soeiale; qu'il descende dans la rue,
chanté des- chansons révolutionnaires, ppusse
des. cris variés et se cogne avec la police.
• C'est là ce que viennent de faire les Berli
nois qiiiiveulent avoir 3e suffrage universel...
Nous avons fait cela avant eux, et nous l 'a
vons obtenu; voici tout juste soixante ans, ce
suffrage universel qui leur tient au cœur au
point qujils se font écharper pour le conquérir.
Que feront-ils quand ils l'auront ?... Proba
blement ce que nous avons fait. Un grand
nombre d'entre eux négligeront d'user du
droit- pour lequel ils auront combattu.
Les peuples sont de grands enfants auxquels
il faut des jouets. Pour les avoir, ils crient, ils
pleurent, ils ragent tout comme font les mio
ches volontaires et têtus. Et puis, quand op les
leur a donnés, ils les délaissent, ils les rejet
tent et ne Jeur trouvent plus le moindre
charme. '
Chez nous, à chaque élection, 11 y a de 25 à
30 % d'abstentions. Les fils des révolutionnai
res de Quarante-Huit qui conquirent l'égalité
devant le bulletin de vote, dédaignent aujour
d'hui de se déranger pour user de ce droit que
leurs pères jugeaient le droit primordial du
citoyen. Un jour viendra, sans doute, où l'on
sera obligé de décréter des pénalités sévères
pour-ceux qui ne remplissent pas leur devoir
d'électeur. -
• Voilà où nous en sommes... Et voilà', bons
Berlinois qui versez aujourd'hui votre sang
pour obtenir ■ le suffrage universel, voilà où
vous en serez vous-mêmes le jour où vous l'au
rez-obtenu. .
• En résumé, voulez-vous que je vous dise 7...
- Dahs le suffrage universel, ce qui comptet ce
n'est pas l'électorat ouvert aux masses, c'est
l'éligibilité accessible à tout le monde. Si le
nombre des votants va sa,ns- cesse diminuant,
celui' des candidats, par contre, va s'augmen-
tant sans cesse. Aux élections législatives de
1902, deux mille cinq cent quinze citoyens dé
clarèrent vouloir briguer l'honneur de repré
senter leur pays à la Chambre des députés. En
190G, ils étaient plus de trois mille. Attendez
1910 : avec l'appat des quinze mille francs,:
vous verrez la cohue... ' ' ' '
Et bientôt, comme dans les républiques du
centre Amérique où il y a plus de généraux
qup de soldats, nous aurons, dans nos élec
tions législatives, moins d'électeurs que de
candidats.
4ean Lecoq.
LES IHCIBEHTS'aU f DRÂGDWS
Les. coupables ont été; mis en route pour
des garnisons de l'Est.
(Dépêche de notre correspondant)
Fontainebleau, 13 Janvier*
' Les cavaliers du 7? régiment de dragons,
punis, ainsi que nous l'avons dit, à la suite
des événements regrettables qui se sont
produits à l'occasion des permissions du
jour ,de l'an, ont été embarqués, hier, pour
les garnisons de Lunéville, Vienne, Saint-
Omer, Sedan et Dinan.
CINÉMA TOGRAPHE
Je suis monté en passant dans sa rue
chez M. Naquet, l'ancien député, l'ancien
sénateur, qui, avant.de se donner .à la déce
vante politique, fut professeur de chimie à
la Faculté de médecine de Paris, qui fut
sur le point de devenir un grand chimiste,
qui a fait, en collaboration avec Wurtz, un
ouvrage demeuré classique.
Chez M. Naquet, les visiteurs sont nom
breux qui se pressent près .du poêle à,gaz ;
il y a des réfugiés russes, des révolution-
naires espagnols et polonais, des socialistes
français, des libertaires enfin, dont le maî
tre de la* maison a, depuis quelques années,
adopté les idées.
On cause naturellement des" manœuvres
trop adroites et si lucratives dont sir Julius
Wernher se plaint d'avoir été ,1a victime.
Et M. Naquet raconte cette histoire :•
— Sans me flatter, je suis encore un assez
bon chimiste ; je n'ai pas oublié ce qui fut
l'objet de mes études et je me suis toujours
tenu au colirant des progrès de la science ;
que je délaissai. Je n'ai même jamais'ces-
sé d'avoir, un laboratoire chez moi. Or,,'voi
ci ce qui m'advint un jour, il y a quelques
années - : 1
Un monsieur se présenta, qui m'accabla
de compliments, -me traita de maître illus
tre et finit par me dire qu'il avait trouvé
le moyen d'extraire de l'acide tartrique de
la pomme de terre. Je devins attentif. .
L'acide tartrique est,-en effet, assez coû
teux., et ses utilisations industrielles sont,
nombreuses. Si on pouvait en trouver dans
les pommes de terre, son prix de revient
serait considérablement' diminué. J'invitai
donc l'inventeur,à venir dans mon labora
toire me démontrer par expérience la va
leur de sa trouvaille; Il vint. Nous travail
lâmes ensemble, toujours ensemble. Je le
surveillais, j'épiais les mouvements de ses
mains ; jamais je ne surpris rien de sus
pect, et toujours les. opérations se termi
naient par ia constatation de l'existence
d'acide tartrique dans le récipient.
' . Après avoir fait recommencer - dix fois,
vingt fois peut-être l'expérience, je rie dou
tai plus. Et, pour placer avantageusement
la découverte de. mon chimiste, devenue
par contrat ma propriété autant que la
sienne, je partis pour Londres où je m'a
bouchai avec-, les directeurs de la maison
Armstrong. Ils m'écoutèrent et ils m'offri
rent' aussitôt un traité superbe. Nous tou
cherions, mon associé: et moi, une remise
importante par livre d'acide tartrique ven
due. Le traité entrerait en vigueur aussitôt
que des expériences faites dans le labora
toire . d'Armstrong sous le contrôle de ses
ingénieurs auraient prouvé la réalité de
■ l'invention. ■'■■■■
Plein de confiance, J'appelai à Londres
mon chimiste ; il se mit à l'oeuvre. Mais,
par une fatalité qui me parut d'abord inex
plicable, jamais il ne put montrer une tra
ce d'acide tartrique. Toutes les espèces de
pommes de terre furent successivement sou
mises au traitement du laboratoire. Avec
toutes, même insuccès. A la fin, Armstrong
se fatigua et mit fin à nos opérations.
J'étais inquiet. Que signifiait ce démenti
que la pomme de terre se donnait à elle-
même ? Tartiùgène à Paris, comment ne
l'était-elle pas à Londres ? La nature a
bien des caprices; mais tout de même...
J'interrogeai mon « associé », je le pres
sai, je le bousculai (j'en avais le droit, car
il.m'avait fait de larges emprun'ts), et fina
lement 1 je-lui arrachai l'aveu qu'il s'était
-joué de mpi et qu'il avait bien espéré pou
voir se 'jouer aussi d'Armstrong.Seulement
les employés d'Armstrong étaient trop nom
breux à surveiller l'expérimentateur. Chez
moi, en dépit de mes deux yeux toujours
hraqués sur lui, il avait pu chaque fois
jeter subrepticement de l'acide tartrique
dans le, récipient des pommes de terre. Chez
Armstrong, il n'avait pas pu même essayer
ce tour de prestidigitation.
C'est ainsi qu'à Paris, il m'av^t paru
doué d'un génie merveilleux et qu'à Lon
dres il avait passé'd'abord pour un simple
godiche, puis pour un ifaiseur:
Après cette épreuve personnelle, dit en
conclusion M. Naquet, je suis disposé à
croire tout ce qu'on me. racontera des su
percheries scientifiques ... »
• Et la conversation, dans ce cénacle so
cialiste-libertaire, retourna à son sujet ha
bituel : la joie de vivre que les hommes
éprouveront dans la'future société commu
niste
Saint-Simonin,
LA CONQUÊTE DE L'AIR**
■ ' •• ' -- ■ • ; .
i"
IDE la'^Vl^TïOH
L'aéroplane de M. Farrpan a « boaclé », I?ier matiii, le
Wlorpètre, à Issy-les-Mbalineâax, et ce succès
lai vaut le prix de 50,000 francs
lie <23 octobre 1900, M. r Santos-Dumont,
dans une expérience à laquelle j?ai assisté
à Bagatelle, et dont. j'ai , rendu compte ici-
même, a réussi à s'élever et à faire un vol
avec un appareil plus lourd que l'air, mû
par un moteur. C'était la première fois que
pareil résultat était obtenu. •
Depuis,- c'est-à-dire pendant les quatorze
mois qui nous séparent -de cette , initiale et
sensationnelle démonstration, Santos-Du-
m'ont renouvela sa prouesse à plusieurs re
prises;
M$î. Vuia, Delagrange, Esnault-Pelterie
réussirent aussi à quitter le sol, avec des
aéroplanes, automobiles, et à faire de
courts envols ; enfin des hommes tels que
de 25,000 francs, et' tâcher aussi.de gagner le
prix offert à qui réussira,, en aéroplane; la,
tour de la piste de l'autodrome de Erookland.
Et tout en .écoutant le gagnant; du-Grand
Prix d'Aviation,j,je ne pouvais m'empêcher
de songer à sa carrière sportive,, dont,- j!ai
été le témoin. N'a-t-il pas débuté dans le
spoa*t comme cycliste ? Il cçurut à Buffalo ;
•il y remporta même, avec son frère Mauri
ce, des prix d'épreuves de tandem, et beau
coup de nos lecteurs ont sans doutp oonaer»
vé le souvenir de cette équipe _ exception
nelle de tandémietes, Véquipe vierge, com-<
me on l'appelait, parce qu'elle n'avait pas
connu la défaite^
Henry, Farman s'adonna ensuite ù. l'au-
L'aéroplane du vainqueur (Cliché Rot.)
Dans le médaillon de gauche, M. Henry Farman <-v: .(CL Branger.J,
MM. Bréguet ét Airoengaud entreprirent et
poursuivirent d'intéressantes études sur
l'aviation, études dont le Petit Journal a
parlé... Cependant.-le prix Deutsch-Arch-
deacon — 50,000 francs, s'il vous plaît —
restait toujours à conquérir !... C'est qu'il
fallait, pour le gagner, réussir à voler un
kilomètre, en circuit fermé, autrement dit :
faire cinq cents mètres, virer et ^revenir au
point de départ, • tout cela, naturellement,
sans toucher-le sol une seule seconde—
Eh bien ! M. Henry Farman, le sports-
man bien connu, y est parvenu hier.
Oui, par un' temps clair, superbe, magni
fique, sous un ciel qui: dorait ses^ ailes im
pressionnantes, Henry Farman, très calme,
très sûr de lui,-a conduit majestueusement
son bel aéroplane à la victoire. Et
quelle belle victoire que celle-là !... Les ex
périences de > Santos-Dumont sont confir
mées, corroborées, dépassées ; l'aviation
remporte un nouveau grand succès officiel
et Henry Farman empoche cinquante jolis
billets de mille francs !...
C 'est, sur le champ de manœuvres d'Issy-
les-Moulineaux que l'aéroplane d'Henry
Farman a bouclé la merveilleuse boucle
d'un kilomètre qu'il était nécessaire de
faire.
Il était dix heures du matin. Un froid sec
et pénétrant rendait l'attente plus anxieuse
et plus cruelle. Le prestigieux appareil
d'Henry Farman était là, comme un grand
oiseau blanc paresseux. L'aviateur y prit
place et il essaya son moteur.
Pas.de ratés !... Donc, en route, et voici
l'aéroplane parti, lancé sur ses roues,bien
dans la main de son flegmatique conduc
teur.
Il roule, ce gracieux appareil, plein de
légèreté ; il file, il file légèrement sur le
sol. Mais il quitte terre, il s'élève ; il est à
deux, à trois, à quatre, à six, à sept mè
tres... et c'est à cette altitude que l'énorme
oiseau blanc aux ailes immobiles et com
me figées, s'éloigne, s'éloigne toujours, vire
élégamment, en s'inclinant esthétique
ment, puis'revient vers nous, maître de son
vol rapide... et, triomphant, passe le but !...
Alors retentissent des cris, des acclama
tions, des hourrahs, des bravos, tout un
fracas d'enthousiasme, dominé par la voix
claironnante de M. Archdeacon, car le
vaillant sportsman ne peut maîtriser sa
joie de voir enfin gagné le prix qu'il a of
fert !...
M. Blêriot, qui a chronométré, déclare
qu'Henry Farman a mis exactement 1 mi
nute 28 secondes pour boucler le kilomètre.
Quant à l'aviateur lui-même, il a atterri
le plus simplement du monde, sans choc,
sans heurt, en roulant sur les roues fra
giles qui semblant être la quille de son
vaisseau aérien, mais qui, cela va sans
dire, ne remplissent aucunement cette fonc
tion stabilisatrice.
IMPRESSIONS ET PROJETS
Je félicite Henry Farman, qui est un
vieil ami à moi, ; il me répond très modes
tement « qu'il est très content que ça ait
marché comme il le désirait ».
Et comme je lui dis : — Etais-tu ému ?...
Il me répond :
—. Pas le moins du monde ; Je suis si habi
tué à mou appareiM... A propos, voudrais-tu
dire_que ce sont mes amis Gabriel et Charles
Voisin qui ont étudié et fabriqué mon aéro
plane ? On les.oublie trop souvent !... :
Farman ajoute :
— J'ai réussi le kilomètre avec une facilité
dérisoire ; cela prouve que, lorsque l'appareil
est iau point, il est capable de voler jusqu'à
épuisement complet de l'essence et de l'eau
contenues dans les réservoirs... Je compte
maintenant : m'attaquer à l'épreuve du mille
anglais (1,609 mètres), qui est dotée d'un prix
tomobiUsme, : et,..en-■ 1905,■ sur .le elrcuif!
d'Auvergne, il échappa miraculeusetnent à
la mort : sa voiture dévia, alla, dans_• un
ravin, tandis que lui : et son mécanicien,
projetés brutalement, conséquence de la vi
tesse acquise, évitèrent le dur-contact,avec
le sol en s'accrochant... aux branches d'un
arbre. Tel fut.- pour Henry Farman;.* le
baptême de l'air •!.. . f ■
L'APPAREIL DE FARMAN '
Voici, maintenant, une succincte descrip
tion de l'aéroplane de Farman. C'est un
biplan au .dessin simple et séduisant. Sa!
surface totale est de 52 mètres carrés ; l'en
vergure est de'10 mètres 20 et la longueur!
totale de 10 mètres. , .
Les deux plans sont superposés comme!
dans un cellulaire, mais sans qu'il y ait les
plans verticaux qui forment la cellule.
A l'avant, on remarque deux autres petits
plans supplémentaires, avec une pointe qui
n'a d'autre but que de fendre l'air, comme
on dit vulgairement. L'hélice est aussi à!
l'avant ; elle est donc tractive.
A l'arrière est placé le gouvernail, qui est
formé d'une cellule cubique assez volumi
neuse.
Enfin, au centre, se trouve le moteur ex
tra-léger Antoinette, qui est un vétitâMé
chef-d'œuvre de mécanique de précision : il
a Huit cylindres et fait cinquante chevaux.
On n'a pas oublié que le premier aéroplane
qui vola, celui de Santos, avait également
un Antoinette de cette force pour actionner
son hélice,qui, elle, était propulsive. .
Mais arrêtons ici' cette description tech"-
nique, les détails devant s'effacer forcément
devant le résultat sensationnel auquel ils
ont contribué, et constatons purement et
simplement que ce fut, pour l'aviation,
pour Henry Farman et pour YAéro-Club,
une grande journée que celle d'hier !...
Paul Manoury.
LES ÉVÉNEMENT^ DO MAROC
Pourquoi Moulay-Halid
Des nouvelles officielles sont parv< -
nues du Maroc et font allusion à la pre
clamation de Moulay-Hafid comme su!
tan dans la mosquée de Fez. M. de Saint-
Aulaire, chargé d'affaires de la légation
de France à Tanger, constate que « l'é
vénement de Fez n'a eu aucune réper
cussion dans les ports marocains ».
La dépêche officieuse suivante, trans
mise par l'Agence Havas, expose les mo
tifs et le caractère des récents événe
ments ;
Tanger, 13 Janvier.
La proclamation de Moulay-Hafid à Fez
ne semble pas avoir pour cause un motif
dynastique. Il parait certain que c'est Van
tagonisme entre le sultan, désireux d'in
troduire de/S réformes et d'assurer l'exé
cution de l'acte d'Algésiras, et le peuple, qui
est opposé à ces réformes.
■L'absence du sultan de Fez et le manque
d'énergie dw gouverneur de la capitale
ont hâté, les. événements. Abd-el-Aziz ne
veut, pas refuser l'exécution des réformes
contenues dans l'acte d'Algésiras, dont le-
peuple ne -veut pas et dont la mise en pra*
ADMESISTMtlON, REDACÏÏOÏÏ ET âMONCES =
81, rue Lafajrette, à Paris (F® 2 )
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TROIS MOIS.
SIX MOIS—
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partent des f 7, ci lu dg cfxsçue mais
cent».
ï=»A.Gï-3a:s
L e S upplément illustré . ., - s ' ceîÏtTI ÏÂPètif.Jouraà.1 illustré da la Jeaoesss 10 cent.
Le Petit Journal agricole, 5 cest . « I-Mode
• Directeur j CHARLES PREVET
Ci tent»
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IS FR-
.TROIS 3SI0IS-
-SIX MOIS—
_sfh.
_15FS.
.3.0 Fil*
2iFV , UN AN.
Les Abonnements
- iparûxiiBsf'etîB de'dsçuemms
MARDI 14 JANVIER 1908
14 SAINT HILAIRE 352.
QUARANTE-SIXIÈME ANNÉE (N UMÉRO 18,454)
Les manuscrits 'ne sont pas-rendus V
Dernière Edition
AUX ÉTATS-UNIS
: - oit srovcgnô la erisa ■■
(LETTRE DE NOTRE ENVOYÉ SPECIAL)
New-York^ 28 Décembre 1907. .
M. Ridgeley, contrôleur de la circulation
Monétaire des Etats -Unis, m'a dit l'autre
jour, au sujet de la 1 " crise financière qu on
s'efforce -âv liquider peu .à' peu, qu'elle a
été beaucoup plus dans les banques elles-
mêmes que dans le public. Et .il a'ajou
té « Ç'a été beaucoup moins une crise
d'argent .qu'une crise de confiance, ». A,
première vue;' ces deux constatations pa
raissent contradictoires. Mais M. Ridgeley,
en les faisant, a fait abstraction des cau
ses profondes de la crise, de cette dépres
sion générale de la vie économique qui
subsiste encore à présent,, et qu'il sera in
finiment plus difficile de guérir que la
phtisie'monétaire dont a' souffert le mon
de purement financier. M. Ridgeley a vou
lu dire que-le trait caractéristique de cette
crise monétaire a été le manque de confian
ce mutuelle entre les différents établisse
ments de crédit du pays..
• A présent cette méfiance a pris à certains
endroits des aspects tels que M. Vanderlip,
un des premiers économistes de ce pays
et vice-président de là National City Bank,
banqup du groupe Rockefeller, a'pu me par
ler d'une" véritable « guerre civile . finan
cière ».
•*#
Rien n'est plus typique pour la vie des
affaires en Amérique que cette situation
étrange. ; Voici comment elle s'est formée et
comment elle-a abouti à une catastro
phe. La loi qui règle, la circulation des bil
lets de banque est absolument défectueuse.
Il' n'y., a pas, aux Etats-Unis, un établisse
ment uniqûe, comme nôtre Banque de
France, contrôlée par le gouvernement et
détenant ,d'énormes réserves métalliques,
qui Jt le privilège d'émettre de la monnaie-
papier; II y a plus - dé; trois mille de ces
banques d'émission. Sans entrer daps les
"détails, on peut dire qu'en se conformant
à certaines prescriptions .assez peu sévères,
n'importe quel groupe financier peut fon
der une « National Bank v, dont les billets
sont de la monnaie légale. Ces banques
n'ont qu'à se procurer des obligations de
l'Etàt. en les payant au moins au pair :
elles.-peuvent alors mettre dans la circu
lation des billets de banque jusqu'à concur
rence de neuf dixièmes de la valeur nomi-
male des .obligations détenues. . Voilà le prin
cipe. Je laisse de côté les règles accessoi
res pour ne pas embrouiller une question
déjà fort compliquée.;
On voit de suite qu'avec ce système, les
banques ne oeuvent pas, en cas de besoins
inattendus, créer des billets de banque, ga
rantis par leur actif total ou-autrement. II
leur faut des obligations de l'Etat. Si donc,
pour une raison, quelconque, de. grandes
quantités,de billets de banque disparais
sent- de-la circulation, soit que le public
les garde, , soit que des banques ou des cais
ses d'épargne, en prévision de gros rem
boursements .à faire aux. dépositaires, ne
les laissent pas sortir des coffres-forts, il
arrive facilement ce qu'on Deut appeler un?
«fainiiie de numéraire ». Non -crue le publ'. -1
•ou les établissements de crédit soient ap
pauvris à une telle époque. Ce peut être le
contraire, comme précisément cette fois-ci.'
Mais leur avoir consiste en crédits, en dé
pôts, remployés, en papier commercial, et
ce n'est que l'argent en espèces qui manque
pour les réaliser.
, V - ..... «V: . ' . .
'A une, époque pareille, la Banque d'Alle
magne, et dans une certaine mesure aussi
ta'Bahquë dé France, émettent simplement
une plus gTande quantité de monnaie-pa
pier, garantie par leurs vastes réserves —
métalliques chez nous, représentées par du
papier commercial de premier ordre pn Al
lemagne. Cette monnaie supplémentaire est
retirée de la circulation, quand le besoin
ne s'en fait plus sentir.. Il en va autreihent
aux Etats-Unis. .
Pas d'augmentation de billets, s'il n'y i
pas augmentation des obligations dépo
sées. Or, -il n'est nullement dans l'intérêt
des banques d'émission de se procurer, très
cher, >de ops. fonds qui rapportent fort peu
— deux pour cent généralement — alors
qu'elles, peuvent gagner des pourcentages
énormes, à notre point de vue français, en
employant leur argent dans d'autres opé
rations. En d'autres termes, les banques
d'émission font presque un sacrifice en
émettant de la monnaie-papier, ce qui es*,
absurde. - . .
Mais ce n'est pas tout; Aux époques où
l'on peut redouter un arrêt général dans
. les. transactions commerciales par suite du
défaut de numéraire, où> par conséquent,
les banques • d'émission achèteraient bien
des obligations, émettraient bien des bil
lets, pour ne pas souffrir par la stagnation
des affaires, que faut-il que le gouverne
ment fasse ? Il doit mettre à la disposi
tion des banques des obligations. Il doit en
créer. En d'autres.mots, il doit augmenter
la dette de l'Etat ! Et c'est tout ce qu'il y a
de plus absurde.
, Aussi M. Carnegie, le célèbre fondateur
du tru|t de l'acier, m'a-t-il dit que c'est"
vraiment extraordinaire de voir un systè
me monétaire basé-sur des dettes et non sur
un* actif réel, et la dette de l'Etat
condamnée à des augmentations: totale
ment inutiles dans le seul but de fournir
"une monnaie fiduciaire au public.-Et M.
Fowler, le président de la Commission
des finances de la Cha,mbre, me fait remar
quer. qu'un seul peuple civilisé en dehors
des Etats-Unis a eu l'idée biscornue- d'es
sayer de ce système, à savoir le Japon/ le
quel en a eu assez après une expérience
de quelques années. v-
' , Pratiquement, ce régime a pour, effet
qu'en cas de besoin il est impossible de
créer avec la rapidité voulue des valeurs
4'éebangê ayant cours légal, ■ Par consé
quent, dès. cru'une grande quantité de mon
naie est thésaurisée quelque part, il est
■impossible, d'en obtenir et un état criti
que.pèse sur toute la vie économique.,
1 Or, tous lès ans, même en temps normal,
l'Ouest agricole retire des banoues de dé
pôts plus d'un milliard de francs en espè
ces pour liquider les transactions consé
cutives aux moissons, s Aussi, tous les ans,
en automne, la situation monétaire de
vient critique aux Etats-Unis. Mais il y a
autre chose. . - *•.'
,Une funeste habitude, que nulle loi ne ré
prime jusqu'ici, veut que les banques, au
lieu, d'avoir leurs réserves légales, garan-:
tissant les dépôts, des clients, en valeurs
immédiatement disponibles, comptent com
me réserves .réalisables tout bonnement
leurs crédits dans d'autres banques. U ar
rive ainsi, en définitive, que chaque établis
sement compte sur son voisin pour le tirer
d'affaire en cas de retraits de fonces excé
dant la moyenne ! Dès que - des retraits
considérables sorçt en perspective, les ban
ques cherchent à convertir leurs réserves
en crédits, c'est-à-dire leurs réserves ficti
ves en réserves réelles, en tâchant de réa
liser leurs crédits dans d'autres établisse
ments. C'est alors qu'on constate qu'effec
tivement ces réserves sont réellement
inexistantes — comme d'ailleurs M- Rid
geley-lui-même me l'a confirmé ! Car au
mêrne moment, pour contre-balancer lé re
trait des crédits des autres, chaque banque
retire les siens. Ainsi, en définitive, la si
tuation , ne change 1 pas beaucoup, sauf
qu'aucun établissement ne peut plus comp
ter sur aucun autre. Chacun est l'ennemi
de l'autre pour ses maigres réserves. Et.
toujours inquiète de demandes inattendues
et considérables venant du dehors, chaque
banque fera l'impossible pour ne pas se dé
faire des espèces cru'elle a réussi à amasser.
En d'autres termes,- les établissements dj
crédit n'escompteront plus, de papier com
mercial ; puis ils conseilleront à leurs dépo
sitaires de ne pas retirer des fonds, ils re
fuseront absolument de financer n'importe
quelle entreprise, ils ne prolongeront au
cun crédit. En un mot, ils arrêteront leurs
■affaires, et, par conséquent, les affaires
des autres, de peur de ne pouvoir faire face
à des retraits de fonds considérables.
Dans ces conditions, chaque établisse
ment est abandonné à lui-même et lutte
contre tous les autres pour maintenir son
stock d'espèces. C'est ce que M. Ridgeley
appelle « la crise dans les banques ». Le
public s'en aperçoit parla stagnation subite
des affaires et ,1a restriction désastreuse
du crédit. Il prend peur, perd sa-confian
ce et; par prudence, de sôn côté cherche à
réaliser ses crédits en banque. Il se préci
pite aux guichets et parfois en- une foule
telle.que ni la totalité, des réserves légales,
ni le double, ne suffirait pour contenter
tout le monde à la fois. C'est alors la,
catastrophé financière, comme on l'a vue à
New-York du 23 au 26 octobre dernier.
Alexandre Darier.
AfiRESSIOH CONTRE M. BROUSSE
député des Pyrénées-Orientales
(Dépêche de l'Agence Havas)
Prades, 13 Janvier.
■ Un ancien surveillant d'une ligne de
transports, nommé Ange Laville, qui re
prochait à M. Emmanuel Brousse, député
des Pyrénées-Orientales, complètement à
tort, affirme ce dernier, de lui avoir fait
perdre son emploi, l'a attaqué au moment
ou il sortait d'une réunion, hier, à Prades,
et 1 a 1 frappé violemmentà la tête et dans le
dos.
VINCT BLESSÉS
. Un grave accident s'est produit hier ma
tin dans une commune de la banlieue pari-
Sienne. Deux tramways de l'Est Farisien
se sont, tamponnés aux Lilas, rue de Paris
vers 7 heuros. '
Le tamponnement a eu lieu à l'angle de
la rue Veymer, non loin du garage des
tramways. Une voiture vide qui venait de
quitter le dépôt a .heurté un autre tram
way, bonds de voyageurs. ■ 1
Dans le tramway tamponné, où se trou
vaient vingt-cinq voyageurs, vingt d'entre
eux furent blessés par les vitres brisées ou
projetés contre les parois.
Fort heureusement, il n'y a eu personne
de blessé grièvement et tous les voyageurs
ont pu rentrer chez eux après- avoir été
pansés dans des pharmacies.
Voici les noms des vingt blessés :
MM; Vix, Derivère, Boussard, Bachandit
Deroy, de Romainville ; Burt-el, Darderet Ver-
nier, Foin, des Lilas ; Jolly, de Montreuil • Es-
teclie,, du Pré-Saint-Gervais ; Duchâtel rue
de l'Ouest, à Pans ; Nollet père et fils, rue des
Cendriers ; Villemot, rue Saint-Denis ; Lar-
cheret, rue Letort ; Descliamps, rue Cou rat •
Durocharfd, rue de Belleville ; M. et Mme
Boussier, rue Saint-Maur, à Paris.
L'accident aurait été provoqué par l'er
reur du mécanicien du tramway tampon
neur qui se serait engagé sur une ligne fer
mée'.
fiPBÈS LES ÉIFE8TBTM.S
de IBerlin„
(Dépêche de VAgence Havas)
Berlin, 13 Janvier.
Durant les manifestations d'hier, 106 per
sonnes ont été arrêtées, dont 6 femmes.
.11 y a 30 personnes blessées sérieusement,
plus de nombreux contusionnés. De nom
breuses-femmes ont pris part aux manifes
tations.
On en a remarqué beaucoup qui collaient
sur les murs. des maisons et les palissades
des affiches rouges, portant les mots : « A
bas le suffrage des trois classes. Obtenons
le suffrage universel pour les hommes et
pour les femmes 1 »
Les anarchistes ont profité de l'occasion
pour distribuer , des brochures antimilita
ristes. ... .
Dans les.roiîieux gouvernementaux, on ne
paraît pas ému de ces manifestations. On
est d'avis que seuls les socialistes y ont
pris une part active,et que l'agitation qu'ils
se proposaient de créer au dehors ne dépas
sera. pas les rangs de leur parti.
L'AFFAIRE CES DlàHfflS ' '
Le Secret ieTEnveloppe
. .i
Ce ne serait pas un secret pour tout le mande.
. Ce ne serait niêrae pas du'tout un secret.
, Le juge d'instruction veut savoir.
Autres bailleurs 1 de fonds'
de Lemoir.e..
Le juge d'instruction; M.'-Le Poit,tevin,
qui conduit cette passionnante affaire des
diamants avec la maîtrise que. lui donnent,
une pratique de vingt années, passées au
parquet de la Seine et une,science juridique
considérable, n'éprouve, çgsure-t-ôn, au Pa
lais, aucune appréhensi^i dans le, droit qui
lui appartient de faire saisir, partout où dl
le trouvera, le , document nécessaire à la
manifestation de la vérité. ' ', '
Ainsi, il fera, saisir, à Lcndres, le ,pli dé
posé à l'Union Bankj et qui coutierft le se
cret de 1a-. fabrication du diamant artificiel
F "
T7 r^ T - W V y,
- i ^ j
„ Henri LEMOINE
que Henri Lemoine prétend avoir, non pas
imaginé, mais amélioré -d'après les travaux
du savant professeur Moissan. ;
M. Le ,,Pcittevin a-t-il transmis,- à" .Lon
dres, par la voie diplomatique, ou par une
procédure plus expéditive, l'ordre, de s'em-
parer du pli ? C'est c^ qu'oir ne sait encore,
le magistrat n'étant pas venu, hier, au Pa^
lais et les intéressés étant, tous, en ce mo
ment, à Londres. ' 1
. Une nouvelle version circule au Palais de
Justice, et que nous, croyons exacte : c'est
que le contenu du pli n'est plus un mystère,
depuis longtemps, pour celui qui avait un
intérêt à le connaître ; nous voulons parler
de M. Wernher. ••
Cette formule serait celle crue tous ceux
qui ont suivi les cours du professeur Mois
san connaissent, et'qui peut se résumer ea
ceci : un mélange de charbon de cornue et
de sucre placé dans tin creuset et porté à
une température suffisante peut donner du
diamant.
. On ajoute, que. la résistance qu'oppose
Henri Lemoine à l'ouverture du pli/ esi
la crainte d'une telle divulgation qui rui
nerait tous ses espoirs et entraînerait s à
condamnation, puisque sa formule serait
celle que tous les chimistes connaissent. •:
Avant d'entrer en pourparlers avec M.
Wérnher, Lemoine s'était adressé à d'au
tres bailleurs de fonds, notamment à M.
René Gravereaux, fils d'un administrateur
d'un grand magasin parisien.- Ce fut ce
dernier qui avança, à Henri Lemoine l'ar
gent qui lui\permit de monter l'atelier, de
-la- rue Lecoiirbe. M; Gravereaux, à l'heure
.actuelle, se montre, convaincu de la réalité
de là découverte de> l'ingénieur et est plein
:dej confiance dans'sonvaivenir.- * .
■ "Une autre personne,; M. Rehé Moine,'qui
•a également avancé'des fonds à Henri Le
moine et qui fut chargéipar lui de lui trou
ver des epramainditaires, déclare que ce
dernier fabrique bien des diamants,' seule
ment il se plaint que les engagements qu'a
vait pris Lemoine vis-à-vis- de lui. n'aient
pas reçu de solution. I. ' r.
M. Moine, afin d'engager des poursuites
civiles contre l'ingénieur,' a emprunté
50,000 ! francs à un Américain, M. Sieg-
man, et celui-ci n'ayant pu ravoir cette
somme, a déposé, il y a déjà longtemps,
une plainte contre M. Moine'.
C'est à M; Le Poittevin, également; que
fut. remise cette affaire pqur laquelle il n'y
a pas eu encore "de résultat.
PROPOS D'ACTUALITÉ
Il est d'usage, quana un peuple veut obtenir
quelque progrès politique ou quelque ëmélio-
ration soeiale; qu'il descende dans la rue,
chanté des- chansons révolutionnaires, ppusse
des. cris variés et se cogne avec la police.
• C'est là ce que viennent de faire les Berli
nois qiiiiveulent avoir 3e suffrage universel...
Nous avons fait cela avant eux, et nous l 'a
vons obtenu; voici tout juste soixante ans, ce
suffrage universel qui leur tient au cœur au
point qujils se font écharper pour le conquérir.
Que feront-ils quand ils l'auront ?... Proba
blement ce que nous avons fait. Un grand
nombre d'entre eux négligeront d'user du
droit- pour lequel ils auront combattu.
Les peuples sont de grands enfants auxquels
il faut des jouets. Pour les avoir, ils crient, ils
pleurent, ils ragent tout comme font les mio
ches volontaires et têtus. Et puis, quand op les
leur a donnés, ils les délaissent, ils les rejet
tent et ne Jeur trouvent plus le moindre
charme. '
Chez nous, à chaque élection, 11 y a de 25 à
30 % d'abstentions. Les fils des révolutionnai
res de Quarante-Huit qui conquirent l'égalité
devant le bulletin de vote, dédaignent aujour
d'hui de se déranger pour user de ce droit que
leurs pères jugeaient le droit primordial du
citoyen. Un jour viendra, sans doute, où l'on
sera obligé de décréter des pénalités sévères
pour-ceux qui ne remplissent pas leur devoir
d'électeur. -
• Voilà où nous en sommes... Et voilà', bons
Berlinois qui versez aujourd'hui votre sang
pour obtenir ■ le suffrage universel, voilà où
vous en serez vous-mêmes le jour où vous l'au
rez-obtenu. .
• En résumé, voulez-vous que je vous dise 7...
- Dahs le suffrage universel, ce qui comptet ce
n'est pas l'électorat ouvert aux masses, c'est
l'éligibilité accessible à tout le monde. Si le
nombre des votants va sa,ns- cesse diminuant,
celui' des candidats, par contre, va s'augmen-
tant sans cesse. Aux élections législatives de
1902, deux mille cinq cent quinze citoyens dé
clarèrent vouloir briguer l'honneur de repré
senter leur pays à la Chambre des députés. En
190G, ils étaient plus de trois mille. Attendez
1910 : avec l'appat des quinze mille francs,:
vous verrez la cohue... ' ' ' '
Et bientôt, comme dans les républiques du
centre Amérique où il y a plus de généraux
qup de soldats, nous aurons, dans nos élec
tions législatives, moins d'électeurs que de
candidats.
4ean Lecoq.
LES IHCIBEHTS'aU f DRÂGDWS
Les. coupables ont été; mis en route pour
des garnisons de l'Est.
(Dépêche de notre correspondant)
Fontainebleau, 13 Janvier*
' Les cavaliers du 7? régiment de dragons,
punis, ainsi que nous l'avons dit, à la suite
des événements regrettables qui se sont
produits à l'occasion des permissions du
jour ,de l'an, ont été embarqués, hier, pour
les garnisons de Lunéville, Vienne, Saint-
Omer, Sedan et Dinan.
CINÉMA TOGRAPHE
Je suis monté en passant dans sa rue
chez M. Naquet, l'ancien député, l'ancien
sénateur, qui, avant.de se donner .à la déce
vante politique, fut professeur de chimie à
la Faculté de médecine de Paris, qui fut
sur le point de devenir un grand chimiste,
qui a fait, en collaboration avec Wurtz, un
ouvrage demeuré classique.
Chez M. Naquet, les visiteurs sont nom
breux qui se pressent près .du poêle à,gaz ;
il y a des réfugiés russes, des révolution-
naires espagnols et polonais, des socialistes
français, des libertaires enfin, dont le maî
tre de la* maison a, depuis quelques années,
adopté les idées.
On cause naturellement des" manœuvres
trop adroites et si lucratives dont sir Julius
Wernher se plaint d'avoir été ,1a victime.
Et M. Naquet raconte cette histoire :•
— Sans me flatter, je suis encore un assez
bon chimiste ; je n'ai pas oublié ce qui fut
l'objet de mes études et je me suis toujours
tenu au colirant des progrès de la science ;
que je délaissai. Je n'ai même jamais'ces-
sé d'avoir, un laboratoire chez moi. Or,,'voi
ci ce qui m'advint un jour, il y a quelques
années - : 1
Un monsieur se présenta, qui m'accabla
de compliments, -me traita de maître illus
tre et finit par me dire qu'il avait trouvé
le moyen d'extraire de l'acide tartrique de
la pomme de terre. Je devins attentif. .
L'acide tartrique est,-en effet, assez coû
teux., et ses utilisations industrielles sont,
nombreuses. Si on pouvait en trouver dans
les pommes de terre, son prix de revient
serait considérablement' diminué. J'invitai
donc l'inventeur,à venir dans mon labora
toire me démontrer par expérience la va
leur de sa trouvaille; Il vint. Nous travail
lâmes ensemble, toujours ensemble. Je le
surveillais, j'épiais les mouvements de ses
mains ; jamais je ne surpris rien de sus
pect, et toujours les. opérations se termi
naient par ia constatation de l'existence
d'acide tartrique dans le récipient.
' . Après avoir fait recommencer - dix fois,
vingt fois peut-être l'expérience, je rie dou
tai plus. Et, pour placer avantageusement
la découverte de. mon chimiste, devenue
par contrat ma propriété autant que la
sienne, je partis pour Londres où je m'a
bouchai avec-, les directeurs de la maison
Armstrong. Ils m'écoutèrent et ils m'offri
rent' aussitôt un traité superbe. Nous tou
cherions, mon associé: et moi, une remise
importante par livre d'acide tartrique ven
due. Le traité entrerait en vigueur aussitôt
que des expériences faites dans le labora
toire . d'Armstrong sous le contrôle de ses
ingénieurs auraient prouvé la réalité de
■ l'invention. ■'■■■■
Plein de confiance, J'appelai à Londres
mon chimiste ; il se mit à l'oeuvre. Mais,
par une fatalité qui me parut d'abord inex
plicable, jamais il ne put montrer une tra
ce d'acide tartrique. Toutes les espèces de
pommes de terre furent successivement sou
mises au traitement du laboratoire. Avec
toutes, même insuccès. A la fin, Armstrong
se fatigua et mit fin à nos opérations.
J'étais inquiet. Que signifiait ce démenti
que la pomme de terre se donnait à elle-
même ? Tartiùgène à Paris, comment ne
l'était-elle pas à Londres ? La nature a
bien des caprices; mais tout de même...
J'interrogeai mon « associé », je le pres
sai, je le bousculai (j'en avais le droit, car
il.m'avait fait de larges emprun'ts), et fina
lement 1 je-lui arrachai l'aveu qu'il s'était
-joué de mpi et qu'il avait bien espéré pou
voir se 'jouer aussi d'Armstrong.Seulement
les employés d'Armstrong étaient trop nom
breux à surveiller l'expérimentateur. Chez
moi, en dépit de mes deux yeux toujours
hraqués sur lui, il avait pu chaque fois
jeter subrepticement de l'acide tartrique
dans le, récipient des pommes de terre. Chez
Armstrong, il n'avait pas pu même essayer
ce tour de prestidigitation.
C'est ainsi qu'à Paris, il m'av^t paru
doué d'un génie merveilleux et qu'à Lon
dres il avait passé'd'abord pour un simple
godiche, puis pour un ifaiseur:
Après cette épreuve personnelle, dit en
conclusion M. Naquet, je suis disposé à
croire tout ce qu'on me. racontera des su
percheries scientifiques ... »
• Et la conversation, dans ce cénacle so
cialiste-libertaire, retourna à son sujet ha
bituel : la joie de vivre que les hommes
éprouveront dans la'future société commu
niste
Saint-Simonin,
LA CONQUÊTE DE L'AIR**
■ ' •• ' -- ■ • ; .
i"
IDE la'^Vl^TïOH
L'aéroplane de M. Farrpan a « boaclé », I?ier matiii, le
Wlorpètre, à Issy-les-Mbalineâax, et ce succès
lai vaut le prix de 50,000 francs
lie <23 octobre 1900, M. r Santos-Dumont,
dans une expérience à laquelle j?ai assisté
à Bagatelle, et dont. j'ai , rendu compte ici-
même, a réussi à s'élever et à faire un vol
avec un appareil plus lourd que l'air, mû
par un moteur. C'était la première fois que
pareil résultat était obtenu. •
Depuis,- c'est-à-dire pendant les quatorze
mois qui nous séparent -de cette , initiale et
sensationnelle démonstration, Santos-Du-
m'ont renouvela sa prouesse à plusieurs re
prises;
M$î. Vuia, Delagrange, Esnault-Pelterie
réussirent aussi à quitter le sol, avec des
aéroplanes, automobiles, et à faire de
courts envols ; enfin des hommes tels que
de 25,000 francs, et' tâcher aussi.de gagner le
prix offert à qui réussira,, en aéroplane; la,
tour de la piste de l'autodrome de Erookland.
Et tout en .écoutant le gagnant; du-Grand
Prix d'Aviation,j,je ne pouvais m'empêcher
de songer à sa carrière sportive,, dont,- j!ai
été le témoin. N'a-t-il pas débuté dans le
spoa*t comme cycliste ? Il cçurut à Buffalo ;
•il y remporta même, avec son frère Mauri
ce, des prix d'épreuves de tandem, et beau
coup de nos lecteurs ont sans doutp oonaer»
vé le souvenir de cette équipe _ exception
nelle de tandémietes, Véquipe vierge, com-<
me on l'appelait, parce qu'elle n'avait pas
connu la défaite^
Henry, Farman s'adonna ensuite ù. l'au-
L'aéroplane du vainqueur (Cliché Rot.)
Dans le médaillon de gauche, M. Henry Farman <-v: .(CL Branger.J,
MM. Bréguet ét Airoengaud entreprirent et
poursuivirent d'intéressantes études sur
l'aviation, études dont le Petit Journal a
parlé... Cependant.-le prix Deutsch-Arch-
deacon — 50,000 francs, s'il vous plaît —
restait toujours à conquérir !... C'est qu'il
fallait, pour le gagner, réussir à voler un
kilomètre, en circuit fermé, autrement dit :
faire cinq cents mètres, virer et ^revenir au
point de départ, • tout cela, naturellement,
sans toucher-le sol une seule seconde—
Eh bien ! M. Henry Farman, le sports-
man bien connu, y est parvenu hier.
Oui, par un' temps clair, superbe, magni
fique, sous un ciel qui: dorait ses^ ailes im
pressionnantes, Henry Farman, très calme,
très sûr de lui,-a conduit majestueusement
son bel aéroplane à la victoire. Et
quelle belle victoire que celle-là !... Les ex
périences de > Santos-Dumont sont confir
mées, corroborées, dépassées ; l'aviation
remporte un nouveau grand succès officiel
et Henry Farman empoche cinquante jolis
billets de mille francs !...
C 'est, sur le champ de manœuvres d'Issy-
les-Moulineaux que l'aéroplane d'Henry
Farman a bouclé la merveilleuse boucle
d'un kilomètre qu'il était nécessaire de
faire.
Il était dix heures du matin. Un froid sec
et pénétrant rendait l'attente plus anxieuse
et plus cruelle. Le prestigieux appareil
d'Henry Farman était là, comme un grand
oiseau blanc paresseux. L'aviateur y prit
place et il essaya son moteur.
Pas.de ratés !... Donc, en route, et voici
l'aéroplane parti, lancé sur ses roues,bien
dans la main de son flegmatique conduc
teur.
Il roule, ce gracieux appareil, plein de
légèreté ; il file, il file légèrement sur le
sol. Mais il quitte terre, il s'élève ; il est à
deux, à trois, à quatre, à six, à sept mè
tres... et c'est à cette altitude que l'énorme
oiseau blanc aux ailes immobiles et com
me figées, s'éloigne, s'éloigne toujours, vire
élégamment, en s'inclinant esthétique
ment, puis'revient vers nous, maître de son
vol rapide... et, triomphant, passe le but !...
Alors retentissent des cris, des acclama
tions, des hourrahs, des bravos, tout un
fracas d'enthousiasme, dominé par la voix
claironnante de M. Archdeacon, car le
vaillant sportsman ne peut maîtriser sa
joie de voir enfin gagné le prix qu'il a of
fert !...
M. Blêriot, qui a chronométré, déclare
qu'Henry Farman a mis exactement 1 mi
nute 28 secondes pour boucler le kilomètre.
Quant à l'aviateur lui-même, il a atterri
le plus simplement du monde, sans choc,
sans heurt, en roulant sur les roues fra
giles qui semblant être la quille de son
vaisseau aérien, mais qui, cela va sans
dire, ne remplissent aucunement cette fonc
tion stabilisatrice.
IMPRESSIONS ET PROJETS
Je félicite Henry Farman, qui est un
vieil ami à moi, ; il me répond très modes
tement « qu'il est très content que ça ait
marché comme il le désirait ».
Et comme je lui dis : — Etais-tu ému ?...
Il me répond :
—. Pas le moins du monde ; Je suis si habi
tué à mou appareiM... A propos, voudrais-tu
dire_que ce sont mes amis Gabriel et Charles
Voisin qui ont étudié et fabriqué mon aéro
plane ? On les.oublie trop souvent !... :
Farman ajoute :
— J'ai réussi le kilomètre avec une facilité
dérisoire ; cela prouve que, lorsque l'appareil
est iau point, il est capable de voler jusqu'à
épuisement complet de l'essence et de l'eau
contenues dans les réservoirs... Je compte
maintenant : m'attaquer à l'épreuve du mille
anglais (1,609 mètres), qui est dotée d'un prix
tomobiUsme, : et,..en-■ 1905,■ sur .le elrcuif!
d'Auvergne, il échappa miraculeusetnent à
la mort : sa voiture dévia, alla, dans_• un
ravin, tandis que lui : et son mécanicien,
projetés brutalement, conséquence de la vi
tesse acquise, évitèrent le dur-contact,avec
le sol en s'accrochant... aux branches d'un
arbre. Tel fut.- pour Henry Farman;.* le
baptême de l'air •!.. . f ■
L'APPAREIL DE FARMAN '
Voici, maintenant, une succincte descrip
tion de l'aéroplane de Farman. C'est un
biplan au .dessin simple et séduisant. Sa!
surface totale est de 52 mètres carrés ; l'en
vergure est de'10 mètres 20 et la longueur!
totale de 10 mètres. , .
Les deux plans sont superposés comme!
dans un cellulaire, mais sans qu'il y ait les
plans verticaux qui forment la cellule.
A l'avant, on remarque deux autres petits
plans supplémentaires, avec une pointe qui
n'a d'autre but que de fendre l'air, comme
on dit vulgairement. L'hélice est aussi à!
l'avant ; elle est donc tractive.
A l'arrière est placé le gouvernail, qui est
formé d'une cellule cubique assez volumi
neuse.
Enfin, au centre, se trouve le moteur ex
tra-léger Antoinette, qui est un vétitâMé
chef-d'œuvre de mécanique de précision : il
a Huit cylindres et fait cinquante chevaux.
On n'a pas oublié que le premier aéroplane
qui vola, celui de Santos, avait également
un Antoinette de cette force pour actionner
son hélice,qui, elle, était propulsive. .
Mais arrêtons ici' cette description tech"-
nique, les détails devant s'effacer forcément
devant le résultat sensationnel auquel ils
ont contribué, et constatons purement et
simplement que ce fut, pour l'aviation,
pour Henry Farman et pour YAéro-Club,
une grande journée que celle d'hier !...
Paul Manoury.
LES ÉVÉNEMENT^ DO MAROC
Pourquoi Moulay-Halid
Des nouvelles officielles sont parv< -
nues du Maroc et font allusion à la pre
clamation de Moulay-Hafid comme su!
tan dans la mosquée de Fez. M. de Saint-
Aulaire, chargé d'affaires de la légation
de France à Tanger, constate que « l'é
vénement de Fez n'a eu aucune réper
cussion dans les ports marocains ».
La dépêche officieuse suivante, trans
mise par l'Agence Havas, expose les mo
tifs et le caractère des récents événe
ments ;
Tanger, 13 Janvier.
La proclamation de Moulay-Hafid à Fez
ne semble pas avoir pour cause un motif
dynastique. Il parait certain que c'est Van
tagonisme entre le sultan, désireux d'in
troduire de/S réformes et d'assurer l'exé
cution de l'acte d'Algésiras, et le peuple, qui
est opposé à ces réformes.
■L'absence du sultan de Fez et le manque
d'énergie dw gouverneur de la capitale
ont hâté, les. événements. Abd-el-Aziz ne
veut, pas refuser l'exécution des réformes
contenues dans l'acte d'Algésiras, dont le-
peuple ne -veut pas et dont la mise en pra*
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