Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1908-01-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 janvier 1908 11 janvier 1908
Description : 1908/01/11 (Numéro 16451). 1908/01/11 (Numéro 16451).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6181334
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/10/2008
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LePetit JàurnaJ agricole, S ce \ x » "
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SAMEDI ii JANVIER 490&V-
11—■— 1 SAI SI THÉODO SE &S3T ' * *
QUARANTE-SIXÎÈME ANNÉE (N uméro 16,451)
Les.manu6ci-îta ne sont pas rendus
• Dernière Edition
ENTRE NOCS
-**r
Bits et Gomiuilcatiois»
Un joiir — et ce jour n'est pas'loin,
c'était lundi dernier,^ le 6, janvier, la
chancellerie des affaires étrangères eut
besoin de. parler à deux Français. Je
n'en suis pas sûr, mais il . est" possible
que ce fût, par hasard, pour leur annon
cer une bonne nouvelle : tout arrive 1
Je suppose qu'alors le chef de bureau
de la chancellerie dit à un de ses subor
donnés : . ■
— Quelle est son adresse, a ce M.
Cothuit 1 .<■
■— Nous n'en savons rien, monsieur le
chef de bureau, dut répondre le subor
donné, car il n'habite .plus à, son an
cienne adresse.
— Et ce M. Guy de Villepion, vous sa
vez où 'il demeure ?
— Ma foi, non ! Nous l'avons perdu
de vue depuis trois ans.
Alors le chef de bureau de la chan
cellerie décida :
— Très bien.il ne nous reste plus qu'à
mettre une annonce dans le Journal of
ficiel.
— A la rubrique Avis et Communica
tions? • . -
■—A. la rubrique Avis et Communies-
lions.
Voilà pourquoiVon a lu, en effet,
le 6 janvier, dans le Journal officiel, la
note suivante :
M. Eugène Cothuit", ci-devant 22, rue de
Picpus, à Paris; est prié de faire connaître
son adresse, au département des affaires
étrangères .pour affaire le concernant.
M. Guy d,e Villepion, qui s'est, mis, fen
1904, en rapport avec le consulat général
de France; à Shanghaï et dont l'adresse
actuelle reste inconnue, est prié de se faire
connaître -au département des affaires
étrangères pour recevoir, une communica
tion'le concernant. l .
Maintenant-, je vais vous parier une
chose : c'est que MM. Eugène Cothuit,
ci-devant, 22, me de Picpus, et M. Guy
de ¥illepion, dont on.ignore le domicile,
n'ont eu le.moindre vent de l'avis'qu'on
a ainsi vouilu leur donner. Ce n'est pas
leur faute : ils ne lisent pas plus le
Journal officiel que la presque totalité
des Français des deux sexes, jouissant
de leurs "droits civils, majeurs, et vacci
nés. Seuls consultent cet austère truche
ment des décisions de notre gouverne
ment ceux qui ne peuvent pas faire au
trement. : les fonctionnaires des admi
nistrations, les magistrats, les députés,
les sénateurs, et lorsqu'ils en ont besoin,
pour ,écrire un article, les journalistes.
On a pourtant mis le Journal officiel à
cinq. centimes, et quelques personnes
l'achètent maintenant, pour lire les dis-
coulfe parlementaires in extenso, mais
ce sont des personnes qui ont le temps !
Il résulte de la situation que je viens
d'avoir l'honneur de vous exposer, , ainsi
qu'on s'exprime dans les rapports admi
nistratifs, que les deux compatriotes
dont j'ai cité les noms tout à l'heure ont
beaucoup" plus de chance de connaître
la convocation du quai d'Orsay, par l'in
termédiaire de mon humble plume et
du Petit Journal que par le majestueux
« avis », de la feuille gouvernementale.
Les Anglais, qui sont dès gens prati
ques — on l'a déjà dit, mais puisque
c'est vrai, je ne vois aucune raison de
ne pas le. répéter — sont arrivés à consta
ter un semblable phénomène depuis
bien longtemps. Ils ont, eux aussi, une
espèce de Journal officiel qui publie les
actes légaux, .et s'appelle I sl London Ga
zette, titre tout à fait modeste, et qui
prouve d'ailleurs que, dans l'origine, ce
journal était un organe privé, comme
tous les autres, et à qui seulement le
ministère anglais a pris l'habitude de
confier sa publicité. Mais la London Ga
zette, justement parce qu'elle n'a pas
un gros tirage,ne publie pas les commu
nications qui ne concernent que les in
dividus: Quand les Affaires étrangères
de Londres, ou le ministère de la justi
ce, ou n'importe quel autre ministère,
ont quelque chose à dire à un particu-
lièr, ils font comme vous feriez, vous et
moij: ils font une annonce dans un jour
nal. qiie- îë public a l'habitude de lire :
Times,- ou Daily Telegraph, ou Mor-
ningPost, ou à tous ces journaux à la
fois. Je ne sais pas assez informé pour
vous dire si ceux-ci publient l'informa
tion gratuitement, ou si au contrai
re le gouvernement de Sa Majesté
Edouard VII consent à payer 3 francs 50
centimes la ligne : mais ce que je puis
.vous affirmer, c'est qu'au prix où tra
vaillent généralement les mécaniques de
l'Etat, il fait, même à ce tarif, une éco
nomie sur ce que lui coûterait la publi
cation dans une gazette « à lui » 1
A
Nous'sommes encore bien loin, en
France, de cette simplicité raisonnable.
L 'Etat ne se fie qu'à l'Etat. D'autre part
le public laisse l'Etat fonctionner com
me il regarderait fonctionner un systè
me astronomique, de très loin. Pour
l'affaire dont je viens de parler,'elle
s'explique très bien/: alors que l'Angle
terre n'a jamais eu de Journal officiel —
Je viens de vous expliquer qu'elle avait
simplement « loué » un journal particu
lier, et pour le strict nécessaire seule
ment — la; plupart des gouvernements en
France n'ont jamais eu qu'un rêve :
c'est qu'il n'existât plus sur le sol sa
cré des Gaules aue le Journal officiel.
lequel devait tenir lieu de tous les au
tres. C'est pourquoi, sous le second Em
pire; celui-ci contint même une partie
« non officielle » extrêmement étendue,
avec des chroniques, des articles de cri
tique dramatique et littéraire. Il s'occu
pait enfin de tout ce qui ne le regardait
pas. Et, encore aujourd'hui, il en reste
quelque chose. Il y a des moments, ma
parole, ou je pense que la France vit
toujours sous un régime monarchique,
tempéré par-l'anarchie. Il nous, faudrait
faire encore quelques efforts pour vivre
en République.
Vous.me direz qu'en; attendant le
Petit Journal pourrait continuer à repro
duire les avis intéressants que contient
le Journal officiel ; qui vous dit qu'il ne
le fera pas ? C'est au contraire, sa très
ferme, intention, mais il faut que le pu
blic l'aide. Et comment ? Mon Dieu,
c'est une chose ■ bien simple : en lisant
les annonces. Vous êtes une foule —
avouez-le, je ne le répéterai pas — qui
toutes les fois que vous voyez une annon
ce, dites : « Ça, ce sont des lignes qu'on
peut passer ». Je vous assure que vous
avez tort I
Pierre MILLE.
line Bomiie tarai Palais fie Justice
, (Dépêche de notre correspondant)
Lyon, 10 Janvier.
Une bombe a éclaté dans le couloir dj
premier étage du Palais de Justice, devant
la porte du secrétariat du parquet.
Il n'y a eu que des dégâts matériels.
-^.'auteur de l'attentat â .été arrêté- sur-
le-champ.
C'est un nommé Pierre ; Roger, âgé de
cinquante-cinq ans, ferblantier, rue de Sè-
ze, 92. U a déclaré que, victime, il y a
trois ans, d'un accident du travail, il n'a
vait pu obtenir justice et qu'il avait voulu
attirer l'attention sur lui.
La bombe placée par Roger dans le Pa
lais. de Justice était inoffensive ; elle se
composait d'une forte charge de poudre
enfermée dans une boîte en carton.
. A part quelques vitres brisées, les dégâts
sont insignifiants. Il n'y a pas eu de bles
sés. . .
La détonation très vioiente a été enten
due dans tout le Palais. .
. L'auteur de l'attentat n'a pas cherché à
fuir. Il a été aussitôt interrogé par le iusë
d'instruction. . /
— Il y a trois ans, lui a-t-il dit,, j'étais em
ployé dans'un bazar et je fus victime d'un
accident de voiture qui' m'empêche de travail
ler. 'Après deux Tannées' de tribulations, j'ai
demandé une indemnité. J'ai perdu mon pro
cès, et depuis je ne cesse de demander dans
quelles conditions je puis intenter une nou
velle action judiciaire, car je ne peux plus
travailler !
Roger, qui a avoué avoir écrit des lettres
de menaces à ses juges, a été écroué.
le cfiauffear Jii vaseuo "Eclairsurpris nais si sommeil, est nop
Le remorqueur Eclair dont le port d'at
tache est Choisy-le-Roi fait presquê jour
nellement le trajet.entre oet» ville et Pa
ris, où il amène des chalands.'
Jeudi; après, avoir effectué un va-et-vient,
il rentrait, le soir, à Choisy et venait s'a»
talne, éveillé, était fort surpris .de ne pas
entendre le bruit des-amarres frottant sur
les pla.ta-Lor.ds du vapeur. Il-se'leva. Ar
rivé sur le pont, II constata que l'arrière dui
remorqueur s'enfonçait dans l'eau.
L'alarme aussitôt donnée, le capitaine et
Le remorqueur « Eclair » cculé
(On n'aperçoit plus que la cheminée et la cabine du pilote qui émergent)
(.4 gauche) le capitaine Raymond MILLOT et le mousse Gabriel LOZË
marrer, le long du quai Pompadour, à 300
mètres environ en aval du pont. L 'Eclair
fut amarré au remorqueur Actif, apparte
nant,, comme lui, à M. Grouselle.
L'équipage, qui se composait de quatre
hommes, alla dîner dans le voisinage. Le
capitaine Raymond Mil,lot, âgé de cinquan
te-trois, ans, était de retour, vêt s huit heu
res du soir, avec Je mousse Gabriel Lozé y
âgé de dix-sept ans, et le chauffeur. Auguste
Lhopiteau, âgé de vingt-neuf ans. Le qua
trième marinier, nommé Miehaud, était
resté chez lui, à Choisy.
M. Mil-lot et son aide se couchèrent dans
la cabine avant du remorqueur, tandis que
Lhopiteau allait à l'arrière occuper un des
lits de la cabine.
Hier matin, vers quatre heures, le capi-
son aide, n'ayanit pour tout, vêtement que
leur-chemise, gagnèrent le remorqueur Ac-
lif. Ijlis appelèrent le chauffeur, mais vaine
ment. C'est alors qu'ils coupèrent les amar
res .reliant les deux vapeurs, car il était à
craindre que le remorqueur Actif ne fût en
traîné par l'Eclair et qu'il ne sombrât éga
lement. Quelques minutes après, l 'Eclair
était,- en effet, "envahi par l'eau-et coulait.
Le commissaire de , police de Choisy-le-
Roi, M. -Bourgeat, venu avec son secrétaire,
M. Duranton, - a pris aussitôt les mesures
nécessaires, pour découvrir le corps de l'in
fortuné chauffeur, mais, à la nuit tom
bante, au moment où le travail a été inter
rompu, les recherches m'avaient donné au
cun résultat.
On les- continuera aujourd'hui.
PROPOS D'ACTUALITÉ
En principe, je ..me méfie un peu de là -sin
cérité, des gens qui vous disent : ; s
— Oui, on m'a ^décoré... Quelle surprise I..v
Je vous assure que je n'ai rien fait pour-ça.
C'est quelquefois vrai qu'ils n'ont rien fait
pour mériter le ruban qu'on leur donne, mais
il est rarement exact qu'ils n'aient rien fait
pour'l'obtenir... Vous pouvez être sûrs quîils
ont fait des démarches, ou-qu'ils en ont fait
faire, ou — ce qui est plus fréquent— que des
personnes autorisées ont sollicité pour eux, et
avec leur assentiment, la distinction qui leur
est accordée. -
En tous cas, on ne doit pas donner la croix,
ni même le mér.ite agricole; ni même les .pal
mes à qui ne les a pas demandés ou-tout au
moins fait ou laissé demander pour lui. C'est
le seul moyen . d'éviter le retour des petits
scandales qui furent causés souvent paT des
décorés récalcitrants dont on avait négligé: de
prendre l'avis,avant de leur offrir, un bout de
ruban.
SauTait-on-être trop prudent quand il s'agit
de la vanité humaine ?
Donc, voici l'histoire... Une femme de let
très, qui a d'ailleurs un. fort aimable talent,
fut infortnôe, ces jours derniers, que le mi
nistre de l'instruction publique avait décidé de
lui offrir le ruban rouge. Non contente .de dé
clarer que c'était là un hommage auquel elle
ne s'attendait en aucune façon, cette dame ac
cueillit la nouvelle avec force réflexions, très
spirituelles, à coup sûr, mais aussi très, irré
vérenpieuses, qu'elle eut l'imprudence d'en
voyer aux journaux.
Or, on peut refuser la Légion d'honneur..
Mais la blaguer, c'est autre chose. Le Fran
çais n'admet pas ça. La dame crue l'annonce
de sa décoration avait tant surprise fut plus
surprise encore par l'émotion qu'avaient fait
naître ses plaisanteries. Elle essaya de rat
traper sa « gaffe »... Trop tard !... Le Conseil
de l'Ordre pourrait bien prendre le parti de
ne pas ratifier le choix du ministre en ce qui
la concerne. Et cette mesure, imposée par le
bon sens, démontrerait à la dame qu'il est
parfois dangereux d'avoir trop d'esprit et de
s'en servir mal à propos.
Ce n'est point avoir le . fétichisme du ruban
rouge, que de vouloir qu'on le respecte. Il a
été, ce ruban, depuis plus de cent ans, en
France, la récompense des plus nobles ambi
tions. A notre époque, où la fièvre des vanités
sévit dans toutes les classes, l'obtention de la
Légion d'honneur est seule à être entourée de
garanties sévères. Certes, quelques attribu
tions malheureuses se sont produites parfois.
Mais elles ne sauraient déconsidérer une dé
coration que tant de. gens de coeur et tant de
gens de talent portent avec, honneur.
En tout cas. ce petit incident comporte une
Icoon pour nos ministres ; il leur démontré
clairement qu'avant de décerner une croix,
ils ne sauraient être trop certains que cette
croix sera accueillie comme elle dojt l'être :
avec correction, avec gratitude, avec respect
Jean Leçon.
Voir à la 5° page la liste des numéros
gagnants de la Loterie d'Arles.
ON M ANIFESTE A BE RLIN
On chante la « Marseillaise » sur le passage du prince de Bùlow
. Berlin, 10 Janvier.
Depuis quelques jours, une.certaine effer
vescence, qui s'est traduite par de bruyan
tes manifestations, s'est révélée dans la
capitale de la Prusse. Ce mouvement était
provoqué par les partisans de l'établisse
ment du suffrage universel dans le royau
me. Gomme on. savait que la question de
vait être soulevée aujourd'hui devant^ le
Landtag, ou Chambre des députés de Prus
se, l'agitation a redoublé d'intensité.
Ce matin, un millier d'ouvriers, ont, fait
une manifestation, en défilant devant la
✓
Le prince de Biilow
Chambrendes députés et aux alentours du
Château royal.
L'ordre était assuré par un grand nom
bre d'agents de police.
Vers deux heures, les abords de la Cham
bre des députés ont été complètement dé
gagés et on a établi des cordons d'agents
sur un espace de deux cents mètres envi
ron, de chaque côté de l'entrée de la Cham
bre. La consigne était très sévère. Un pe
tit nombre de curieux ont stationné de
vant les barrages formés par les agents.
■ Sur le passage du prince de Bulow, des
manifestants ont amené des désordres par
leurs applaudissements ironiques à l'égard
du chancelier de l'empire. La police a alors
complètement déblayé la place de la Cham
bre et la rue du Prince-Albert. Les mani
festants sont partis en sifflant et en chan
tant la Marseillaise, dans les rues avoisi-
nantes. Il n'y a, pas eu d'arrestations.
•x
A LA CHAMBRE
Berlin, 10 Janvier.
La Chambre des députés de Prusse dis
cute la proposition des libéraux tendant-à
adopter le suffrage universel, égal, direct
et secret, pour l'élection des membres de
cette assemblée et à modifier la délimita
tion des circonscriptions électorales.
M. Traeger. démocrate libéral soutient
la proposition de son parti et. détaille assez
longuement les raisons qui l'ont amené- à
porter la question à la tribune du Landtag.
Après l'exposé de M. Traeger, le prince
de Bùlow fait la déclaration suivante :
« Le gouvernement royal s'est efforcé jus-,
qu'a présent d'améliorer celles des prescrip
tions concernant le droit du suffrage dont la
modification était la 'plus urgente. Il recon
naît que le système actuel présente euppre
des lacunes et il s'est occupé depuis long
temps, par une étude approfondie de la ques
tion, d'établir comment on pourrait remédier
a ces inconvénients ; il a cherché à savoir s'il
était possible de les faire cesser en restant
sur le terrain de la législation actuelle ou
s il fallait modifier radicalement la loi ; mais
on ne peut pas encore .résoudre cette ques
tion ; mais, aujourd'hui comme auparavant,
le gouvernement' considère comme certain
que l'application du droit du suffrage de
l'Empire iau: royaume de Prusse ne serait pas
conforme au bien de l'Etat (Vive approbation
à droite) et doit par conséquent être repous
sé. (Applaudissements.) Le gouvernement ne
peut 1 pas non plus faire espérer la substitution
du vote secret iau vote public. »
Le prince de Bùlow conclut en déclarant
qu'il présentera à la t Diète un projet de
réforme, basé non, seulement sur le cens,
mais sur l'âge, la propriété et la culture
intellectuelle.
M. Fischbeck, démocrate libéral, déclare
se réjouir de l'intention que le gouverne
ment a exprimée de s'efforcer de résoudre
le problème de la réforme ,de la loi élec
torale.
Répondant à des remarques de plusieurs
orateurs, le prince de Bulow a déclaré que
les manifestations de la rue "n'exerçaient
naturellement aucune influence sur le
gouvernement et ne • l'obliger^ent pas à
s'écarter d'un cheveu de la voie qu'il cbnsi-?
dère comme la plus convenahle. Il a ajouté
qu'il était non moins évident que le gou
vernement observerait une impartialité âb*
salue lors ides prochaines élections (mar
ques d'approbation).
On a clos ensuite la discussion.
STATUES El PROMENADE
L' « Industrie » va être définitivement installée sur son socle
Un, des points les plus dangereux de Pa-
ris; pour la circulation des. gros véhicules,
était, sans contredit,, le pont du Carrousel,
que:les Parisiens appellent couramment
pont, des Saints-Pères. Beaucoup- d'acci
dents s'y produisaient. Il y a quelques an
nées, un omnibus de la ligne Place Clichy-
Carrefour des Feuillantines versa en tour
nant, ;à l'angle du quai Voltaire, et plu
sieurs personnes furent blessées.
De plus, il y a deux ans, le jaont donna
de sérieuses inquiétudes au . point de vue
en résulte, firent passer bien des fois des
frissons dans le dos des malheureux voya
geurs de l'impériale. Sous peine de catas
trophes prochaines, il fallait élargir les
abords du pont, et comme on ne devait pas
enlever les statues, il ne restait plus qu'un
moyen : les déplacer.
Cette délicate opération est sur le point
de se terminer : une dizaine d'ouvriers y
sont employés ; ils construisirent d'abord
quatre beaux socles tout neufs, ils élevè
rent une "plate-forme de fortune reliant
Le maire (ejtareg révomiB
M. Clemenceau va soumettre à 1^ signa
ture du Président de là République un dé-,
cret. prononçant la révocation de M. Ra-
quillet de ses fonctions de maire de la com
mune de Mercurey.
M. Raquill-et est ce maire qui, poursuivi
devant la cour d'assises de Saône-et-
Loire pour provocation au meurtre et au
pillage et incitation des militaires à la
désobéissance, vient d'être acquitté par le
jury.
M. Raquillet avait été, conformément à
la jurisprudence administrative constante,
suspendu par Arrêté préfectoral du jour où
la chambre dré mises en accusation l'a ren
voyé devant les assises.
C'est celtî suspension qui va être trans
formée peu* décret en révocation.
Sur le pont du Carrousel, la statue de l'Industrie est en train de déménager
de sa solidité ; on le reconstruisit presque
entièrement, puis on en profita .pour l'élar
gir quelque peu. Et sur le pont reconstruit,
les trottoirs ' furent plus spacieux, mais
non pas la chaussée, car les quatre sta
tues qui ornent l'accès du .pont étaient un
fâcheux obstacle au projet d'élargissement.
L'administration décida tout simplement
de supprimer les œuvres sculpturales à ce
point gênantes.
Mais le monde des artistes prottsta, la
presse se firl'écho de ses doléances, ce fut
une émotion générale : bref, l'administra
tion céda;
Ces faits furent racontés tout au long
dans le Petit Journal, au mois de septem
bre dernier, et nous ne pouvions nous em
pêcher de constater, dès ce moment, que
l'administration avait encore mis deux ans,
malgré la rapidité de la main-d'œuvre,
à faire intervenir une solution définitive.
Sur ces entrefaites, les omiiibus automo
biles firent leur apparition, et leur ma
nière de prendre les virages donnant ac
cès au pont, l'inclinaison des voitures qui
l'ancien socle au nouveau, puis, au moyen
de crics, de pinces et: de rouleaux de bois,
glissèrent à grand'peine la statue, pour lui
faire prendre place sur son nouveau pié
destal.
Les quatre statues sont dues au ciseau
du sculpteur Louis Messidor Petitot ; elles
représentent : l'Abondance, l'Industrie, la
Seine et la Ville de Paris.
Notre photographie représente l'Indus
trie au cours de son déplacement ; aujour
d'hui, probablement, les travaux seront
terminés et les Parisiens pourront voir, à
leur grande satisfaction, les quatre œu
vres de Petitot continuer à présider au
mouvement du pont et.les autobus circu
ler plusfacilement, et sans causer la moin
dre frayeur..
Tout est bien qui finit bien. Et aujourd'hui,
que tout est en bonne voie, il faut oublier
tergiversations et retards ; il nous sera ce
pendant bien permis, au Petit Journal, de
nous féliciter d'une, solution à laquelle,
sans doute, nous sommes loin d'avoir été
étrangers.
B8H8 fiOTBE AFRIQUE DO HORS
'
IfSBWIME
de la loi de deux ans, —
les vides. — Le projet de M. Messinijf et la
commission Redier. — L'Algérie semnt.de
mine à soldats. — Objections allemandes. — -
Les indigènes forment des soldats admirables,
mais ne peuvent être recrutés que comme
mercenaires.
L'application de la loi de deux ans va
produire un déficit d'au moins 50,000 hom- ■
mes dans l'armée-active française. Ceci,,
c'est un fait qu'il serait puéril d'essayer de
nier. Et cette situation apparaît d'autant
plus grave que l'Allemagne, par suite de
sa natalité croissante, augmente de jour
en jour ses effectifs actifs.
1 Nous n'en sommes plus malheureuse-.
ment à l'idée de revanche ; mais j'espère
que nous en sommes encore à celle de gar
der jalousement notre indépendance.
Or, sommes-nous de force à la mainte
nir dans son sens le plus large,.c'est à-dire
complète et absolue? Sommes-nous.de-
taille tout au moins à repousser une agrès-,
sion ? Question angoissantes entre tou
tes ! Aussi est-il naturel de chercher un
moyen de combler les vides produits dans "
nos rangs.
M. Messimy, rapporteur du budget de ia
guerre, a songé à se servir dans ce but de.
nos indigènes de l'Afrique du Nord ; et il
a saisi le gouvernement de son projet;
M.. Clemenceau «st. le général Picquart
ont aussitôt "constitué une commission qui,
sous la direction du colonel Redier, par
court, depuis le mois d'octobre, l'Algérie et
1a, Tunisie pour se rendre compte dans
quelle mesure le projet de M. Messimy est
pratique et acceptable.. -
A vrai dire, la question-est très-complexe
et doit être étudiée à plusieurs points de
vue, français ou indigène, militaire ou ci-1
vil, métropolitain ou colonial.
U s'agit de trouver une solution satis^
faisante pour tout le monde ; et ce n'est
pas coiûitfbde, - > . -
Le principe est celui-ci : augmenter nos
troupes indigènes. Mais comment ? Et
dans quelle proportion ?
Voici la situation actuelle : En Tunisie
où nous n'avons eu qu'à ^ maintenir la
conscription organisée autrefois par les
beys, nous recrutons par voie d'appel en
viron 7,000 hommes et pourtant nous n'in
corporons qu'à peine un tiers des conscrits.
Les Tunisiens font trois ans et ser
vent dix ans dans la réserve. On pourrait,
si on le voulait, en faisant appel à cette
réserve, mobiliser une trentaine de mille
hommes.
En Algérie, au contraire, n'existent ni
conscription, ni réserves : bien qu'elle soit
beaucoup plus peuplée que la Tunisie,
nous ne pouvons compter que sur une
vingtaine de mille hommes, tous déjà pré
sents sous les drapeaux et recrutés unique
ment par l'engagement volontaire.
Or, si on appliquait le système du ser
vice obligatoire de deux ans pour tous les
indigènes d'Algérie, . on aurait toujours
sous les armes deux classes d'au moins
20,000 hommes, soit 40,000 pour l'armée
active ; et si on instituait les réserves, on
pourrait, le cas échéant, arriver à mobili
ser plus de 200,000 hommes ; c'est à dire
dix fois l'effectif actuel.
L'idée est séduisante, en tant qu'idée
mais peut-on la réaliser ?
Admettons provisoirement que oui, et
voyons les avantages qui en découleraient?'
ils seraient immenses : possibilité en cas '
de conflit européen de laisser un -corps -
d'armée suffisant dans la colonie, tout-en
permettant d'envoyer une centaine de mil
le hommes au secours de la Métropole.
L'on sait quels valeureux soldats se mun-<-
trèrent nos indigènes d'Algérie en 1870.
Leur héroïsme est resté légendaire. '■
Or, tous ceux qui ont pu comme moi ad
mirer l'entrain et -la bravoure de nos trou
pes indigènes dans les dernières affaires,
marocaines, aussi bien à Casablanca qu'à
Oudjda, sont unanimes à déclarer que nos
soldats d'aujourd'hui valent leurs aînés.
Leur fidélité notre égard dans un conflit
avec une puissance européenne ne saurait
faire aucun doute. Et la possibilité pour
ces croyants de pouvoir tuer « un chien
de chrétien » sans manquer à leur parola
soulèverait même probablement chez eux
un enthousiasme indescriptible. Ils se .bat
traient avec joie et fanatisme ; ce seraient
certainement les adversaires-les plus re
doutables et les plus tenaces qu'qn pour
rait opposer à nos ennemis. Et peut-être
seraient-ce eux qui feraient pencher le pla
teau de la fortune en notre faveur.
Ils aideraient puissamment nos trou
pes métropolitaines en. même temps- qu'ils
exciteraient une émulation très profitable.
Lorsqu'un bataillon de tirailleurs indi
gènes s'élancerait au feu, il n'y a pas,
j'en réponds, un autre bataillon composé
de blancs qui oserait le regarder sans en
faire autant. Cela, c'est instinctif chez le
français : supposons le plus craintif- de
nos troupiers, il n'admettra pas qu'un
« sale Bicquot » lui donne l'exemple du
courage; et, par amouç-propre, il l'imitera
s'il ne cherche à le surpasser.
Ce que je dis là, les Allemands le savent
bien ; ils ont déjà protesté contre l'emploi
par nous de troupes indigènes, disant que
ce procédé était indigne d'une nation civi
lisée. -
Eh bien ! Il faut que les Allemands le
sachent. C'est vrai, noua sommes prêts au
besoin à nous défendre comme des sau
vages, si, au mépris des lois de cette civili
sation qu'ils se plaisent tant à invoquer, Ï1I9
entrent chez nous pour "nous piller comme
des voleurs. Car quel autre prétexte ont-,
ils à invoquer que le désir de s'enrichir à!
nos dépens 1 . ,
Nous désiran* vivfé én paix ; tous nos
AMIMSTEfflON, EÉDACBM.EÏ MIONCES
61, rue Lafcrjfette, à Paris (EF* 1 )
,'ADMINISTRATION.. Téléphone iûU7 — 104-75
REDACTION.....,,. Téléphona m-77 — 401-78
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LePetit JàurnaJ agricole, S ce \ x » "
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24FK-
» TROIS MOTS-
.SIX MOIS—
.BNANJ
8ïS.
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-30FH.
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partent des i^etlS de chaquemois
SAMEDI ii JANVIER 490&V-
11—■— 1 SAI SI THÉODO SE &S3T ' * *
QUARANTE-SIXÎÈME ANNÉE (N uméro 16,451)
Les.manu6ci-îta ne sont pas rendus
• Dernière Edition
ENTRE NOCS
-**r
Bits et Gomiuilcatiois»
Un joiir — et ce jour n'est pas'loin,
c'était lundi dernier,^ le 6, janvier, la
chancellerie des affaires étrangères eut
besoin de. parler à deux Français. Je
n'en suis pas sûr, mais il . est" possible
que ce fût, par hasard, pour leur annon
cer une bonne nouvelle : tout arrive 1
Je suppose qu'alors le chef de bureau
de la chancellerie dit à un de ses subor
donnés : . ■
— Quelle est son adresse, a ce M.
Cothuit 1 .<■
■— Nous n'en savons rien, monsieur le
chef de bureau, dut répondre le subor
donné, car il n'habite .plus à, son an
cienne adresse.
— Et ce M. Guy de Villepion, vous sa
vez où 'il demeure ?
— Ma foi, non ! Nous l'avons perdu
de vue depuis trois ans.
Alors le chef de bureau de la chan
cellerie décida :
— Très bien.il ne nous reste plus qu'à
mettre une annonce dans le Journal of
ficiel.
— A la rubrique Avis et Communica
tions? • . -
■—A. la rubrique Avis et Communies-
lions.
Voilà pourquoiVon a lu, en effet,
le 6 janvier, dans le Journal officiel, la
note suivante :
M. Eugène Cothuit", ci-devant 22, rue de
Picpus, à Paris; est prié de faire connaître
son adresse, au département des affaires
étrangères .pour affaire le concernant.
M. Guy d,e Villepion, qui s'est, mis, fen
1904, en rapport avec le consulat général
de France; à Shanghaï et dont l'adresse
actuelle reste inconnue, est prié de se faire
connaître -au département des affaires
étrangères pour recevoir, une communica
tion'le concernant. l .
Maintenant-, je vais vous parier une
chose : c'est que MM. Eugène Cothuit,
ci-devant, 22, me de Picpus, et M. Guy
de ¥illepion, dont on.ignore le domicile,
n'ont eu le.moindre vent de l'avis'qu'on
a ainsi vouilu leur donner. Ce n'est pas
leur faute : ils ne lisent pas plus le
Journal officiel que la presque totalité
des Français des deux sexes, jouissant
de leurs "droits civils, majeurs, et vacci
nés. Seuls consultent cet austère truche
ment des décisions de notre gouverne
ment ceux qui ne peuvent pas faire au
trement. : les fonctionnaires des admi
nistrations, les magistrats, les députés,
les sénateurs, et lorsqu'ils en ont besoin,
pour ,écrire un article, les journalistes.
On a pourtant mis le Journal officiel à
cinq. centimes, et quelques personnes
l'achètent maintenant, pour lire les dis-
coulfe parlementaires in extenso, mais
ce sont des personnes qui ont le temps !
Il résulte de la situation que je viens
d'avoir l'honneur de vous exposer, , ainsi
qu'on s'exprime dans les rapports admi
nistratifs, que les deux compatriotes
dont j'ai cité les noms tout à l'heure ont
beaucoup" plus de chance de connaître
la convocation du quai d'Orsay, par l'in
termédiaire de mon humble plume et
du Petit Journal que par le majestueux
« avis », de la feuille gouvernementale.
Les Anglais, qui sont dès gens prati
ques — on l'a déjà dit, mais puisque
c'est vrai, je ne vois aucune raison de
ne pas le. répéter — sont arrivés à consta
ter un semblable phénomène depuis
bien longtemps. Ils ont, eux aussi, une
espèce de Journal officiel qui publie les
actes légaux, .et s'appelle I sl London Ga
zette, titre tout à fait modeste, et qui
prouve d'ailleurs que, dans l'origine, ce
journal était un organe privé, comme
tous les autres, et à qui seulement le
ministère anglais a pris l'habitude de
confier sa publicité. Mais la London Ga
zette, justement parce qu'elle n'a pas
un gros tirage,ne publie pas les commu
nications qui ne concernent que les in
dividus: Quand les Affaires étrangères
de Londres, ou le ministère de la justi
ce, ou n'importe quel autre ministère,
ont quelque chose à dire à un particu-
lièr, ils font comme vous feriez, vous et
moij: ils font une annonce dans un jour
nal. qiie- îë public a l'habitude de lire :
Times,- ou Daily Telegraph, ou Mor-
ningPost, ou à tous ces journaux à la
fois. Je ne sais pas assez informé pour
vous dire si ceux-ci publient l'informa
tion gratuitement, ou si au contrai
re le gouvernement de Sa Majesté
Edouard VII consent à payer 3 francs 50
centimes la ligne : mais ce que je puis
.vous affirmer, c'est qu'au prix où tra
vaillent généralement les mécaniques de
l'Etat, il fait, même à ce tarif, une éco
nomie sur ce que lui coûterait la publi
cation dans une gazette « à lui » 1
A
Nous'sommes encore bien loin, en
France, de cette simplicité raisonnable.
L 'Etat ne se fie qu'à l'Etat. D'autre part
le public laisse l'Etat fonctionner com
me il regarderait fonctionner un systè
me astronomique, de très loin. Pour
l'affaire dont je viens de parler,'elle
s'explique très bien/: alors que l'Angle
terre n'a jamais eu de Journal officiel —
Je viens de vous expliquer qu'elle avait
simplement « loué » un journal particu
lier, et pour le strict nécessaire seule
ment — la; plupart des gouvernements en
France n'ont jamais eu qu'un rêve :
c'est qu'il n'existât plus sur le sol sa
cré des Gaules aue le Journal officiel.
lequel devait tenir lieu de tous les au
tres. C'est pourquoi, sous le second Em
pire; celui-ci contint même une partie
« non officielle » extrêmement étendue,
avec des chroniques, des articles de cri
tique dramatique et littéraire. Il s'occu
pait enfin de tout ce qui ne le regardait
pas. Et, encore aujourd'hui, il en reste
quelque chose. Il y a des moments, ma
parole, ou je pense que la France vit
toujours sous un régime monarchique,
tempéré par-l'anarchie. Il nous, faudrait
faire encore quelques efforts pour vivre
en République.
Vous.me direz qu'en; attendant le
Petit Journal pourrait continuer à repro
duire les avis intéressants que contient
le Journal officiel ; qui vous dit qu'il ne
le fera pas ? C'est au contraire, sa très
ferme, intention, mais il faut que le pu
blic l'aide. Et comment ? Mon Dieu,
c'est une chose ■ bien simple : en lisant
les annonces. Vous êtes une foule —
avouez-le, je ne le répéterai pas — qui
toutes les fois que vous voyez une annon
ce, dites : « Ça, ce sont des lignes qu'on
peut passer ». Je vous assure que vous
avez tort I
Pierre MILLE.
line Bomiie tarai Palais fie Justice
, (Dépêche de notre correspondant)
Lyon, 10 Janvier.
Une bombe a éclaté dans le couloir dj
premier étage du Palais de Justice, devant
la porte du secrétariat du parquet.
Il n'y a eu que des dégâts matériels.
-^.'auteur de l'attentat â .été arrêté- sur-
le-champ.
C'est un nommé Pierre ; Roger, âgé de
cinquante-cinq ans, ferblantier, rue de Sè-
ze, 92. U a déclaré que, victime, il y a
trois ans, d'un accident du travail, il n'a
vait pu obtenir justice et qu'il avait voulu
attirer l'attention sur lui.
La bombe placée par Roger dans le Pa
lais. de Justice était inoffensive ; elle se
composait d'une forte charge de poudre
enfermée dans une boîte en carton.
. A part quelques vitres brisées, les dégâts
sont insignifiants. Il n'y a pas eu de bles
sés. . .
La détonation très vioiente a été enten
due dans tout le Palais. .
. L'auteur de l'attentat n'a pas cherché à
fuir. Il a été aussitôt interrogé par le iusë
d'instruction. . /
— Il y a trois ans, lui a-t-il dit,, j'étais em
ployé dans'un bazar et je fus victime d'un
accident de voiture qui' m'empêche de travail
ler. 'Après deux Tannées' de tribulations, j'ai
demandé une indemnité. J'ai perdu mon pro
cès, et depuis je ne cesse de demander dans
quelles conditions je puis intenter une nou
velle action judiciaire, car je ne peux plus
travailler !
Roger, qui a avoué avoir écrit des lettres
de menaces à ses juges, a été écroué.
le cfiauffear Jii vaseuo "Eclairsurpris nais si sommeil, est nop
Le remorqueur Eclair dont le port d'at
tache est Choisy-le-Roi fait presquê jour
nellement le trajet.entre oet» ville et Pa
ris, où il amène des chalands.'
Jeudi; après, avoir effectué un va-et-vient,
il rentrait, le soir, à Choisy et venait s'a»
talne, éveillé, était fort surpris .de ne pas
entendre le bruit des-amarres frottant sur
les pla.ta-Lor.ds du vapeur. Il-se'leva. Ar
rivé sur le pont, II constata que l'arrière dui
remorqueur s'enfonçait dans l'eau.
L'alarme aussitôt donnée, le capitaine et
Le remorqueur « Eclair » cculé
(On n'aperçoit plus que la cheminée et la cabine du pilote qui émergent)
(.4 gauche) le capitaine Raymond MILLOT et le mousse Gabriel LOZË
marrer, le long du quai Pompadour, à 300
mètres environ en aval du pont. L 'Eclair
fut amarré au remorqueur Actif, apparte
nant,, comme lui, à M. Grouselle.
L'équipage, qui se composait de quatre
hommes, alla dîner dans le voisinage. Le
capitaine Raymond Mil,lot, âgé de cinquan
te-trois, ans, était de retour, vêt s huit heu
res du soir, avec Je mousse Gabriel Lozé y
âgé de dix-sept ans, et le chauffeur. Auguste
Lhopiteau, âgé de vingt-neuf ans. Le qua
trième marinier, nommé Miehaud, était
resté chez lui, à Choisy.
M. Mil-lot et son aide se couchèrent dans
la cabine avant du remorqueur, tandis que
Lhopiteau allait à l'arrière occuper un des
lits de la cabine.
Hier matin, vers quatre heures, le capi-
son aide, n'ayanit pour tout, vêtement que
leur-chemise, gagnèrent le remorqueur Ac-
lif. Ijlis appelèrent le chauffeur, mais vaine
ment. C'est alors qu'ils coupèrent les amar
res .reliant les deux vapeurs, car il était à
craindre que le remorqueur Actif ne fût en
traîné par l'Eclair et qu'il ne sombrât éga
lement. Quelques minutes après, l 'Eclair
était,- en effet, "envahi par l'eau-et coulait.
Le commissaire de , police de Choisy-le-
Roi, M. -Bourgeat, venu avec son secrétaire,
M. Duranton, - a pris aussitôt les mesures
nécessaires, pour découvrir le corps de l'in
fortuné chauffeur, mais, à la nuit tom
bante, au moment où le travail a été inter
rompu, les recherches m'avaient donné au
cun résultat.
On les- continuera aujourd'hui.
PROPOS D'ACTUALITÉ
En principe, je ..me méfie un peu de là -sin
cérité, des gens qui vous disent : ; s
— Oui, on m'a ^décoré... Quelle surprise I..v
Je vous assure que je n'ai rien fait pour-ça.
C'est quelquefois vrai qu'ils n'ont rien fait
pour mériter le ruban qu'on leur donne, mais
il est rarement exact qu'ils n'aient rien fait
pour'l'obtenir... Vous pouvez être sûrs quîils
ont fait des démarches, ou-qu'ils en ont fait
faire, ou — ce qui est plus fréquent— que des
personnes autorisées ont sollicité pour eux, et
avec leur assentiment, la distinction qui leur
est accordée. -
En tous cas, on ne doit pas donner la croix,
ni même le mér.ite agricole; ni même les .pal
mes à qui ne les a pas demandés ou-tout au
moins fait ou laissé demander pour lui. C'est
le seul moyen . d'éviter le retour des petits
scandales qui furent causés souvent paT des
décorés récalcitrants dont on avait négligé: de
prendre l'avis,avant de leur offrir, un bout de
ruban.
SauTait-on-être trop prudent quand il s'agit
de la vanité humaine ?
Donc, voici l'histoire... Une femme de let
très, qui a d'ailleurs un. fort aimable talent,
fut infortnôe, ces jours derniers, que le mi
nistre de l'instruction publique avait décidé de
lui offrir le ruban rouge. Non contente .de dé
clarer que c'était là un hommage auquel elle
ne s'attendait en aucune façon, cette dame ac
cueillit la nouvelle avec force réflexions, très
spirituelles, à coup sûr, mais aussi très, irré
vérenpieuses, qu'elle eut l'imprudence d'en
voyer aux journaux.
Or, on peut refuser la Légion d'honneur..
Mais la blaguer, c'est autre chose. Le Fran
çais n'admet pas ça. La dame crue l'annonce
de sa décoration avait tant surprise fut plus
surprise encore par l'émotion qu'avaient fait
naître ses plaisanteries. Elle essaya de rat
traper sa « gaffe »... Trop tard !... Le Conseil
de l'Ordre pourrait bien prendre le parti de
ne pas ratifier le choix du ministre en ce qui
la concerne. Et cette mesure, imposée par le
bon sens, démontrerait à la dame qu'il est
parfois dangereux d'avoir trop d'esprit et de
s'en servir mal à propos.
Ce n'est point avoir le . fétichisme du ruban
rouge, que de vouloir qu'on le respecte. Il a
été, ce ruban, depuis plus de cent ans, en
France, la récompense des plus nobles ambi
tions. A notre époque, où la fièvre des vanités
sévit dans toutes les classes, l'obtention de la
Légion d'honneur est seule à être entourée de
garanties sévères. Certes, quelques attribu
tions malheureuses se sont produites parfois.
Mais elles ne sauraient déconsidérer une dé
coration que tant de. gens de coeur et tant de
gens de talent portent avec, honneur.
En tout cas. ce petit incident comporte une
Icoon pour nos ministres ; il leur démontré
clairement qu'avant de décerner une croix,
ils ne sauraient être trop certains que cette
croix sera accueillie comme elle dojt l'être :
avec correction, avec gratitude, avec respect
Jean Leçon.
Voir à la 5° page la liste des numéros
gagnants de la Loterie d'Arles.
ON M ANIFESTE A BE RLIN
On chante la « Marseillaise » sur le passage du prince de Bùlow
. Berlin, 10 Janvier.
Depuis quelques jours, une.certaine effer
vescence, qui s'est traduite par de bruyan
tes manifestations, s'est révélée dans la
capitale de la Prusse. Ce mouvement était
provoqué par les partisans de l'établisse
ment du suffrage universel dans le royau
me. Gomme on. savait que la question de
vait être soulevée aujourd'hui devant^ le
Landtag, ou Chambre des députés de Prus
se, l'agitation a redoublé d'intensité.
Ce matin, un millier d'ouvriers, ont, fait
une manifestation, en défilant devant la
✓
Le prince de Biilow
Chambrendes députés et aux alentours du
Château royal.
L'ordre était assuré par un grand nom
bre d'agents de police.
Vers deux heures, les abords de la Cham
bre des députés ont été complètement dé
gagés et on a établi des cordons d'agents
sur un espace de deux cents mètres envi
ron, de chaque côté de l'entrée de la Cham
bre. La consigne était très sévère. Un pe
tit nombre de curieux ont stationné de
vant les barrages formés par les agents.
■ Sur le passage du prince de Bulow, des
manifestants ont amené des désordres par
leurs applaudissements ironiques à l'égard
du chancelier de l'empire. La police a alors
complètement déblayé la place de la Cham
bre et la rue du Prince-Albert. Les mani
festants sont partis en sifflant et en chan
tant la Marseillaise, dans les rues avoisi-
nantes. Il n'y a, pas eu d'arrestations.
•x
A LA CHAMBRE
Berlin, 10 Janvier.
La Chambre des députés de Prusse dis
cute la proposition des libéraux tendant-à
adopter le suffrage universel, égal, direct
et secret, pour l'élection des membres de
cette assemblée et à modifier la délimita
tion des circonscriptions électorales.
M. Traeger. démocrate libéral soutient
la proposition de son parti et. détaille assez
longuement les raisons qui l'ont amené- à
porter la question à la tribune du Landtag.
Après l'exposé de M. Traeger, le prince
de Bùlow fait la déclaration suivante :
« Le gouvernement royal s'est efforcé jus-,
qu'a présent d'améliorer celles des prescrip
tions concernant le droit du suffrage dont la
modification était la 'plus urgente. Il recon
naît que le système actuel présente euppre
des lacunes et il s'est occupé depuis long
temps, par une étude approfondie de la ques
tion, d'établir comment on pourrait remédier
a ces inconvénients ; il a cherché à savoir s'il
était possible de les faire cesser en restant
sur le terrain de la législation actuelle ou
s il fallait modifier radicalement la loi ; mais
on ne peut pas encore .résoudre cette ques
tion ; mais, aujourd'hui comme auparavant,
le gouvernement' considère comme certain
que l'application du droit du suffrage de
l'Empire iau: royaume de Prusse ne serait pas
conforme au bien de l'Etat (Vive approbation
à droite) et doit par conséquent être repous
sé. (Applaudissements.) Le gouvernement ne
peut 1 pas non plus faire espérer la substitution
du vote secret iau vote public. »
Le prince de Bùlow conclut en déclarant
qu'il présentera à la t Diète un projet de
réforme, basé non, seulement sur le cens,
mais sur l'âge, la propriété et la culture
intellectuelle.
M. Fischbeck, démocrate libéral, déclare
se réjouir de l'intention que le gouverne
ment a exprimée de s'efforcer de résoudre
le problème de la réforme ,de la loi élec
torale.
Répondant à des remarques de plusieurs
orateurs, le prince de Bulow a déclaré que
les manifestations de la rue "n'exerçaient
naturellement aucune influence sur le
gouvernement et ne • l'obliger^ent pas à
s'écarter d'un cheveu de la voie qu'il cbnsi-?
dère comme la plus convenahle. Il a ajouté
qu'il était non moins évident que le gou
vernement observerait une impartialité âb*
salue lors ides prochaines élections (mar
ques d'approbation).
On a clos ensuite la discussion.
STATUES El PROMENADE
L' « Industrie » va être définitivement installée sur son socle
Un, des points les plus dangereux de Pa-
ris; pour la circulation des. gros véhicules,
était, sans contredit,, le pont du Carrousel,
que:les Parisiens appellent couramment
pont, des Saints-Pères. Beaucoup- d'acci
dents s'y produisaient. Il y a quelques an
nées, un omnibus de la ligne Place Clichy-
Carrefour des Feuillantines versa en tour
nant, ;à l'angle du quai Voltaire, et plu
sieurs personnes furent blessées.
De plus, il y a deux ans, le jaont donna
de sérieuses inquiétudes au . point de vue
en résulte, firent passer bien des fois des
frissons dans le dos des malheureux voya
geurs de l'impériale. Sous peine de catas
trophes prochaines, il fallait élargir les
abords du pont, et comme on ne devait pas
enlever les statues, il ne restait plus qu'un
moyen : les déplacer.
Cette délicate opération est sur le point
de se terminer : une dizaine d'ouvriers y
sont employés ; ils construisirent d'abord
quatre beaux socles tout neufs, ils élevè
rent une "plate-forme de fortune reliant
Le maire (ejtareg révomiB
M. Clemenceau va soumettre à 1^ signa
ture du Président de là République un dé-,
cret. prononçant la révocation de M. Ra-
quillet de ses fonctions de maire de la com
mune de Mercurey.
M. Raquill-et est ce maire qui, poursuivi
devant la cour d'assises de Saône-et-
Loire pour provocation au meurtre et au
pillage et incitation des militaires à la
désobéissance, vient d'être acquitté par le
jury.
M. Raquillet avait été, conformément à
la jurisprudence administrative constante,
suspendu par Arrêté préfectoral du jour où
la chambre dré mises en accusation l'a ren
voyé devant les assises.
C'est celtî suspension qui va être trans
formée peu* décret en révocation.
Sur le pont du Carrousel, la statue de l'Industrie est en train de déménager
de sa solidité ; on le reconstruisit presque
entièrement, puis on en profita .pour l'élar
gir quelque peu. Et sur le pont reconstruit,
les trottoirs ' furent plus spacieux, mais
non pas la chaussée, car les quatre sta
tues qui ornent l'accès du .pont étaient un
fâcheux obstacle au projet d'élargissement.
L'administration décida tout simplement
de supprimer les œuvres sculpturales à ce
point gênantes.
Mais le monde des artistes prottsta, la
presse se firl'écho de ses doléances, ce fut
une émotion générale : bref, l'administra
tion céda;
Ces faits furent racontés tout au long
dans le Petit Journal, au mois de septem
bre dernier, et nous ne pouvions nous em
pêcher de constater, dès ce moment, que
l'administration avait encore mis deux ans,
malgré la rapidité de la main-d'œuvre,
à faire intervenir une solution définitive.
Sur ces entrefaites, les omiiibus automo
biles firent leur apparition, et leur ma
nière de prendre les virages donnant ac
cès au pont, l'inclinaison des voitures qui
l'ancien socle au nouveau, puis, au moyen
de crics, de pinces et: de rouleaux de bois,
glissèrent à grand'peine la statue, pour lui
faire prendre place sur son nouveau pié
destal.
Les quatre statues sont dues au ciseau
du sculpteur Louis Messidor Petitot ; elles
représentent : l'Abondance, l'Industrie, la
Seine et la Ville de Paris.
Notre photographie représente l'Indus
trie au cours de son déplacement ; aujour
d'hui, probablement, les travaux seront
terminés et les Parisiens pourront voir, à
leur grande satisfaction, les quatre œu
vres de Petitot continuer à présider au
mouvement du pont et.les autobus circu
ler plusfacilement, et sans causer la moin
dre frayeur..
Tout est bien qui finit bien. Et aujourd'hui,
que tout est en bonne voie, il faut oublier
tergiversations et retards ; il nous sera ce
pendant bien permis, au Petit Journal, de
nous féliciter d'une, solution à laquelle,
sans doute, nous sommes loin d'avoir été
étrangers.
B8H8 fiOTBE AFRIQUE DO HORS
'
IfSBWIME
de la loi de deux ans, —
les vides. — Le projet de M. Messinijf et la
commission Redier. — L'Algérie semnt.de
mine à soldats. — Objections allemandes. — -
Les indigènes forment des soldats admirables,
mais ne peuvent être recrutés que comme
mercenaires.
L'application de la loi de deux ans va
produire un déficit d'au moins 50,000 hom- ■
mes dans l'armée-active française. Ceci,,
c'est un fait qu'il serait puéril d'essayer de
nier. Et cette situation apparaît d'autant
plus grave que l'Allemagne, par suite de
sa natalité croissante, augmente de jour
en jour ses effectifs actifs.
1 Nous n'en sommes plus malheureuse-.
ment à l'idée de revanche ; mais j'espère
que nous en sommes encore à celle de gar
der jalousement notre indépendance.
Or, sommes-nous de force à la mainte
nir dans son sens le plus large,.c'est à-dire
complète et absolue? Sommes-nous.de-
taille tout au moins à repousser une agrès-,
sion ? Question angoissantes entre tou
tes ! Aussi est-il naturel de chercher un
moyen de combler les vides produits dans "
nos rangs.
M. Messimy, rapporteur du budget de ia
guerre, a songé à se servir dans ce but de.
nos indigènes de l'Afrique du Nord ; et il
a saisi le gouvernement de son projet;
M.. Clemenceau «st. le général Picquart
ont aussitôt "constitué une commission qui,
sous la direction du colonel Redier, par
court, depuis le mois d'octobre, l'Algérie et
1a, Tunisie pour se rendre compte dans
quelle mesure le projet de M. Messimy est
pratique et acceptable.. -
A vrai dire, la question-est très-complexe
et doit être étudiée à plusieurs points de
vue, français ou indigène, militaire ou ci-1
vil, métropolitain ou colonial.
U s'agit de trouver une solution satis^
faisante pour tout le monde ; et ce n'est
pas coiûitfbde, - > . -
Le principe est celui-ci : augmenter nos
troupes indigènes. Mais comment ? Et
dans quelle proportion ?
Voici la situation actuelle : En Tunisie
où nous n'avons eu qu'à ^ maintenir la
conscription organisée autrefois par les
beys, nous recrutons par voie d'appel en
viron 7,000 hommes et pourtant nous n'in
corporons qu'à peine un tiers des conscrits.
Les Tunisiens font trois ans et ser
vent dix ans dans la réserve. On pourrait,
si on le voulait, en faisant appel à cette
réserve, mobiliser une trentaine de mille
hommes.
En Algérie, au contraire, n'existent ni
conscription, ni réserves : bien qu'elle soit
beaucoup plus peuplée que la Tunisie,
nous ne pouvons compter que sur une
vingtaine de mille hommes, tous déjà pré
sents sous les drapeaux et recrutés unique
ment par l'engagement volontaire.
Or, si on appliquait le système du ser
vice obligatoire de deux ans pour tous les
indigènes d'Algérie, . on aurait toujours
sous les armes deux classes d'au moins
20,000 hommes, soit 40,000 pour l'armée
active ; et si on instituait les réserves, on
pourrait, le cas échéant, arriver à mobili
ser plus de 200,000 hommes ; c'est à dire
dix fois l'effectif actuel.
L'idée est séduisante, en tant qu'idée
mais peut-on la réaliser ?
Admettons provisoirement que oui, et
voyons les avantages qui en découleraient?'
ils seraient immenses : possibilité en cas '
de conflit européen de laisser un -corps -
d'armée suffisant dans la colonie, tout-en
permettant d'envoyer une centaine de mil
le hommes au secours de la Métropole.
L'on sait quels valeureux soldats se mun-<-
trèrent nos indigènes d'Algérie en 1870.
Leur héroïsme est resté légendaire. '■
Or, tous ceux qui ont pu comme moi ad
mirer l'entrain et -la bravoure de nos trou
pes indigènes dans les dernières affaires,
marocaines, aussi bien à Casablanca qu'à
Oudjda, sont unanimes à déclarer que nos
soldats d'aujourd'hui valent leurs aînés.
Leur fidélité notre égard dans un conflit
avec une puissance européenne ne saurait
faire aucun doute. Et la possibilité pour
ces croyants de pouvoir tuer « un chien
de chrétien » sans manquer à leur parola
soulèverait même probablement chez eux
un enthousiasme indescriptible. Ils se .bat
traient avec joie et fanatisme ; ce seraient
certainement les adversaires-les plus re
doutables et les plus tenaces qu'qn pour
rait opposer à nos ennemis. Et peut-être
seraient-ce eux qui feraient pencher le pla
teau de la fortune en notre faveur.
Ils aideraient puissamment nos trou
pes métropolitaines en. même temps- qu'ils
exciteraient une émulation très profitable.
Lorsqu'un bataillon de tirailleurs indi
gènes s'élancerait au feu, il n'y a pas,
j'en réponds, un autre bataillon composé
de blancs qui oserait le regarder sans en
faire autant. Cela, c'est instinctif chez le
français : supposons le plus craintif- de
nos troupiers, il n'admettra pas qu'un
« sale Bicquot » lui donne l'exemple du
courage; et, par amouç-propre, il l'imitera
s'il ne cherche à le surpasser.
Ce que je dis là, les Allemands le savent
bien ; ils ont déjà protesté contre l'emploi
par nous de troupes indigènes, disant que
ce procédé était indigne d'une nation civi
lisée. -
Eh bien ! Il faut que les Allemands le
sachent. C'est vrai, noua sommes prêts au
besoin à nous défendre comme des sau
vages, si, au mépris des lois de cette civili
sation qu'ils se plaisent tant à invoquer, Ï1I9
entrent chez nous pour "nous piller comme
des voleurs. Car quel autre prétexte ont-,
ils à invoquer que le désir de s'enrichir à!
nos dépens 1 . ,
Nous désiran* vivfé én paix ; tous nos
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