Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1908-01-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1908 05 janvier 1908
Description : 1908/01/05 (Numéro 16445). 1908/01/05 (Numéro 16445).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6181279
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/10/2008
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E
Lcs suites d'ap duel
En 1815, à la fin d'une nuit de dé
cembre, vers cinq heures du matin, un
jeune officier des Gardes du Corps,'Me
marquis de Chamilly, au sortir du Pa
lais des Tuileries, où son service l'avait
retenu depuis la veille, remontait l'ave
nue des Champs-Elysées pour regagner
sa demeure dans le faubourg du Houle
Quoiqu'elle fût déjà la plus belle pro
menadè' de Paris, l'avenue n'était pas
«ncore ce qu'elle est aujourd'hui. Elle
offrait la physionomie d'un parc aban
donné. Son sol défoncé, ses arbres arra
chés ou brisés, attestaient le passage des
armées étrangères qui, quelques mois
avant, au lendemain de Waterloo, 3
avaient campé. Cette, dévastation s'ajou
lait en ce moment à la solitude de ces
lieux comme à l'obscurité de la nuit
.pour en rendre le parcours difficile et
dangereux. Mais, le chemin était fami
lier à Chamilly ; ' il le suivait sans
crainte, serré dans le manteau qui, de
son uniforme, ne laissait voir que le
shako.
Brusquement, sous les lueurs grisâ
tres qui commençaient à percer l'ombre
et annonçaient le jour, surgit de
vant lui un homme .de haute taille, que
sa tenue et ses allures lui firent recon
naître pour un de ces anciens officiers
des armées impériales, que le gouver
nement de Louis XVIII avait mis en
disponibilité en leur assignant un trai
tement de demi-solde et qui, mécon
tents, aigris, irrités, circulaient dans
Paris, toujours prêts à provoquer les
champions de la cocarde blanche.
Trop brave pour redouter une affai
re, Chamilly ne la cherchait pas. Il s'é
carta pour laisser passer le personnage
qui portait, sur l'épaule^ comme un fu
sil, un paquet mince et long.
—■ Vous avez donc peur, Monsieur le
foutriquet ? lui cria le passant d'un ton
goguenard.
■' — 1 Etes-vous fou ou êtes-vous ivre ?
demanda Chamilly qui tâchait de se,
contenir. Si c'est un duel que vous vou
lez, donnez-moi votre nom, votre adres
se ; je vous enverrai mes témoins.
Des. témoins ! En avons-nous be
soin pour vider' notre querelle ? Juste
ment, j'ai là des armes ; je suis second
dans une rencontre et j'allais au rendez-
vous, mais on ne se battra qu'au jour
et j'ai le temps de vous expédier dans
l'autre monde.
En même temps-, ce matamore défai
sait le paquet qu'il portait,, en tirait deux
épées et en jetait une aux pieds de Cha
milly.
Convaincu qu'il avait affaire à un
ivrogne, le jeune homme ne la ramas
sa pas.
Je vous ferai l'honneur de me bat
tre avec vous, quand vous aurez cuvé
votre vin, dit-il.
Parbleu I. ricana son agresseur, je
l'amenèrent à conclure qu'ayant tué le
père, il se devait à" la" fille. Cé
libataire, riche, libre de ses actes,
rien ne l'empêchait de l'adopter. Il
le pouvait d'autant mieux qu'elle ne
saurait jamais qu'il était le meurtrier du
père qu'elle pleurait.
Cette pensée s'était emparée de . lui
avec une violence singulière et sa géné
rosité naturelle le disposa promptement
à y céder. Il vit l'enfant, la trouva char
mante et n'eut aucune peine à la
convaincre qu'en acceptant ses soins et
qu'en se fiant à sa sollicitude, elle s'as
surait un avenir heureux. Quelques
jours plus tard, les. formalités légales^
remplies, elle s'installait chez son pro
tecteur et bientôt après, il la conduisait
dans un couvent où il avait résolu de la
faire élever.
Tant qu'elle y resta et encore qu'il al
lât l'y voir souvent, il ne comprit pas
qu'en la recueillant, afin de la préserver
des risques que court une orpheline
pauvre, il s'était exposé lui-même à un
danger qu'il n'avait pas soupçonné : ce
lui de l'aimer et d'être aimé d'elle. Mais,
lorsque, son éducation achevée, elle quit- j
ta le couvent et vint occuper au foyer de
Chamilly' la place qu'il lui réservait en
attendant qu'elle fût mariée, ce danger
éclata.
Solange avait alors dix-neuf ans. Ado-
rablement jolie, les plus précieuses qua
lités de l'esprit et du cœur s'ajoutaient à
sa beauté et en augmentaient le charme.
Vis-à-vis de son bienfaiteur, elle en dou
blait la puissance par les témoignages
incessants de sa gratitude. Elle n'igno
rait rien de ce qu'il avait fait pour elle.
Depuis qu'elle pouvait penser et raison
ner, elle se disait que ce ne serait pas
frnn rîû 1 1 '
DIMANCHE ï> JANVIER 1908
5 SAI NT SIMÉQ.V 361
QUARANTE-SIXIÈ ME ANN ÉE (N uméro 18,445)
Les manuscrits ne sont pas rendus
II JEU DO REVOLVER
Une jeune bonse blessée
par un gardien de la paix
. ' •' » —■ %<%*- ■i"". *■ .
Rue Callot, à Auteuil, en jouant avec un revolver,
l 'agent fait partir le ooup. La jeune _
domestique est grièvement atteinte '
Dans un hôtel garni, très paisible, de la
rue Callot,..à Paris, une détonation mettait
hier à midi tous les locataires en émoir
Un gardien de la paix, Jean-Baptiste
Roux, âgé'de quarante-quatre ans, venait
de blesser grièvement, d'un coup de re
volver tiré par inadvertance, une jeune
domestique, Mme Bihouis.
Marie Bihouis habitait l'hôtel, depuis
huit jours à peine. Agée de seize ans, elle
était venue du Morbihan pour se placer à
Paris et vivait, en attendant, des secours
que lui donnait le commissariat de police
du quartier.
La petite Bretonne, attirée du fin frud de
sa lande par le mirage qu'exerce Par's sur
les imaginations naïves, sachant qu'une
telle, partie du même village, gagnait jus
qu'à 30 francs par mois et d'autres inen
plus encore, dans la capitale,,était venue,
un beau jour, avec quelques sous noués
dans son-mouchoir, son beau tablier bre
ton qu'elle portait pour aller, là-bai, à la
messe, le dimanche, et était innocente et
naïve.
LES DÉSILLUSIONS
DE LA PETITE BRETONNE
Hélas ! que de déceptions l'attendaient,
ko t—i ■ de son arrivée
u uv> uu »3Ç1 dltl pdb __ « . -, A. ■ .
4twt* A* ^Bes te lendemain ue son arrivée, on un
«e toute une vie de dévouement et vola d , abord tout son avoir . ensu i tej eile
d amour pour le payer de ses bienfaits. ne rencontra pas la payse sur laquelle elle
Ue la, lardent désir, detre sa femme, comptait pour la guider dans la grande
qu'elle n'eût osé lui avouer, mais dans ville.
lequel elle s© complaisait et qui, peu à Passant devant l'église Notre-Dame de
peu, bien que Chamilly'eût quinze ans Passy, elle pria, cornue les naufragés, la
de plus qu'elle, l'avait préparée à l'ai- Vierge, pour laquelle, fille très pieuse, elle
mer d'une tendresse qui cherchait tou- a^&it u " e grande^dévotion, et un prêtre la
l SSLi «*
Ï1 était trop clan voyant pour ne pas s'échouer, aux frais du bureau de bienfai-
voir ce quelle cachait à peine. Comment ***»* ^
or» ' '
l'hôtel. Elle entra, toute tremblante, dans,
la chambre de l'agent et ; adressa à voix
basse sfi demande.
L'agent Roux, qui a dix-sept ans de.ser
vice, est un gros homme; tout d'une pièce ;
il mit aussitôt à son aise, par. sa rondeur,
la timide Bretonne. - = .
L'agent venait cîe poser son revolver
d'ordonnance sur la • table. La jeune Bre
tonne s'étonna des dimensions de l'arme, et
Roux, riant de sa candeur, prit le revolver,
qu'il ne croyait pas chargé,'et.la mettant
en; joue, lui dit : ; ■
— Voulez-vous que je vous tue ?
Au même instant, il pressait la détente.
Terrifié, il entendait une détonation et
voyait s'enfuir la jeune fille ensanglantée.
Une balle de 6 m / m l'avait-frappée en plein
front, pénétrant dans la boîte crânienne.
■ Marie ne tomba pas, cependant ; elle
alla, tout simplement, s'asseoir "sur les
marches de l'escalier, sans dire un mot,
sans proférer la moindre plainte.
M. Goulier la trouva ainsi, pâle, ensan
glantée, et ne put en tirer grands rensei
gnements. Il la fit transporter, en hâte, à
l'hôpital Boucicaut, où on a peu d'espoir
de la sauver. - • .
Le gardien de la paix Roux, qui est dé
solé de son ajcte-imprudent, a été laissé en
liberté..;..
PROPOS D'ACTUALITÉ
L sance du seizième arrondissement, à l'hôtel
fût-il préservé de-cette contagion de là rue Callot, où on lui loua une mo-
d'un amour si propre à le flatter et à le deste chambre, au deuxième étage, moyen-
satisfaire ? Il ne pouvait s'y dérober et n ant 20 francs par mois. . .
dans celle qu'il avait d'abord aimée L'aumône du prêtre lui avait permis de
commp son enfant il aima la fpmmR manger quelques jours, et les bons de pam
c f ™„,î? ® 1 3 1 » que lui. donnait,. .fort, souvent, .«•
._ Lorsqu il ea^ut acquis certitude,_il commissaire de police, lui permettaient
fut au désespoir. Sa conscience lui di- ri'attpnrfrA io *—* -i- - ~ • -
cai'f ' t-
_ ... . vw wv'AkJV'IV/llV'Ç 1U1 Ul-
sait qu'ayant tué le père, il ne pouvait
épouser la fille.-II dut faire appel à sa
raison pour lutter contre la passion
qu'attisait incessamment l'affection re
connaissante de Solange. Il reconnut
enfin que, pour mettre un terme à un
i- > »*" i-~'
d'attendre la place tant cherchée.
Enfin, la malchance semblait avoir aban
donné sa proie ; Marie Bihouis annonça à
sa voisine de chambre qu'elle entrait, aa
commencement de la semaine, dans une
maison, comme petite bonne.
Hier, Marie vint , frapper à la porte de sa
lîçinP r>rvmtv»A« A,- ■ iî - "
x y W AM J^Vll VÇl OC"
v ± - ~ . ... . . ~r; voisine, nommée Augustine Gaudirt; et lui
état de choses penlleux et irritant, il ^f.
fallait se hâter de la marier. Mais, lors- — .Prêtez-moi, je vous prie, un peu de
qu'il voulut lui parler de mariage, elle cirage pour nettoyer mes chaussures,
se récria, visiblement déçue. Sans tenir Ces. chaussures étaient d'anciennes bot-
compte de sa protestation, insensible au tinés luxueuses à très hauts talons, beau-
reproche qu'elle lui faisait, de vouloir ^ U P. t4'°>P grandes pour- ses petits pieds
l'éloigner de lui, il lui présenta.plu- »" Années par
sieurs jeunes gens qu il savait désireux
.vx-i—- - CHEZ LE VOISIN
Augustine Gaudin n'avait pas de cirage ;
elle lui'dit :
— Venez avec moi, en face ; le gardien
de la paix Houx doit sûrement
•%/r —j
H ... va AA jUVUlb UCdll b Ul A
de l'épouser.Tour à tour, elle les écarta.
Un jour, comme il lui laissait voir
qu'il s'en étonnait, elle répliqua.
— Je ne veux pas me marier, ami
chéri, je ne me marierai pas. Je ne puis
pff p fa û 7 T T»n 71 C« — X ~ - 1
en avoir.
M. Lépine a fait, mardi dernier, devant le
Conseil municipal, des reproches sévères à
MM.Jes magistrats et aussi à MM. les légis
lateurs. Et ces reproches sévères, il faut bien
reconnaître que ce sont de justes reproches.
Il a dit que, depuis vingt ans, chaque fois que
ie législateur avait touché au Code pénal, il
avait privé la société d'un droit de se ûéîen
dre. Il a dit encore qu'on abusait tellement
des commutations de peine et des "races qu'au
bout de trois mois, la police retrouvait régu
lièrement les gens dangereux dont elle se
croyait définitivement débarrassée. Et il
ajouté qu'il y avait, à Paris, 50 % de relégués
— de ces relégués qui, cependant, ne devraient
jamais revenir en France.
Tout cela, nous l'avons répété ici à satiété
mais nous nous garderions de ne pas y re
venir quand M. le préfet de police nous donne
l'exemple.
Oui, il y a trop de politiciens, dont la sen
siblerie ne s'exerce qu'au profit des coquins
oui, il y a trop de « bons juges » qui, pour
se faire une popularité facile dans le monde
des: humanitaires, n'hésitent pas à témoigner
d'une coupable indulgence pour les malfai
teurs les plus endurcis. '
Oui, on leur tresse trop volontiers des cou-
jtanes,"à ces « Bons ]uges él Tfiùnianitafîs
me socialiste a trop de prise sur eux/
On leur recommande de s'appliquer à rele
ver et non à punir et de se montrer des hom
mes, et non des magistrats... Eh bien, tout
cela est absurde. Un juge ne doit pas être
« bon- * ; il doit être « équitable ». Un magis
trat ne doit pas oublier qu'il «st un homme,
mais il doit se souvenir avant tout qu'il a
mission de protéger la société et qu'il man
querait à son premier devoir si, par une man
suétude imprudente, ilJa laissait au contraire
en butte aux assauts des criminels.
La police fait son œuvre ; il faut que le
parquet fasse la sienne. Il faut que les rôdeurs
arrêtés par les agents ne soient dus relâchés
sans-examen ; il faut que les tribunaux con
damnent qui mérite d'être condamné.
Et quand on aura obtenu tout cela, il res
tera-à obtenir encore que les condamnés su
bissent leur peine et qu'on mette un terme à
ce parti pris de commutations et de grâces
qui, pour venir de haut, n'en sont que plus
préjudiciables à la sécurité publique.
Jean Leooq.
Au Conseil des Ministres
^ /
M. BRIAND
est nommé Garde des Sceaux
-**-
M, DGtimUE devient ministre
de Tinstruciion pubiiqus.
M. CHUFFI est nommé ministre du commerce
Le conseil des ministres a ratifié, hier,
dans -le seins que le Petit Journal avait in
diqué) l'attribution nouvelle 1 des portefeuil
les, nécessitée par le décès de M. Gu-yot-
Dessaigne. *
C'est, comme nous l'avons dit, M. Briand
—- rainiBU i. xiuaim suu agicaiscui, .je i ' j- "*" munciai uaa. je iir nuis I Marip' TliVinnio ' ■■ , -•
Bavais bien que Messieurs les officiers etre heureuse qu'auprès de vous et je blable, était l'objet des"^^,.^^v-raisem-
- 1 ■ j--i i.-.-.... i ne vous quitterai jamais. ' J ■ rauienes de tout
— r _ r ç, ^ feignit de ne pas comprendre, bien
temps sa colère, Chamilly se courba, ( ï. u ®' .da-ns l'accent de Solange, il eût sai- /$&
prit l'épée et se rua sur son adversaire S1 , la Preuve qu'elle s'attristait et s'exas- I « Ï7! A -fflk T
m.criant: pérait de n'être pas devinée. Il fut Ss Vil 3 Drfllll^ Ïl1^>r ^ Kfttï^lA
— En garde, monsieur ; en garde ! héroïque, car l'effort qu'il s'imposait v LS+JL 1>JIJLJL1/lvl i C& |jUlluiV
Dans le silence, #on n'entendit que P° UI " résister aux emportements de son ' ■ - s
le cliquetis de l'acier. ■ a rn°uir, lui déchirait le cœur. Et ce fut Patin^A-t-r,*, m
Soudain, Chamilly sentit que son ar- P* re encore lorsqu'il s'aperçut que la jourd'hui ' C'est la mfestinn^nô 011 pas au :
; me s'enfonçait-dans le ventre de son ad- chère petite, après avoir perdu sa gaîté, "Q^reux Parisiens depiùs qu'ave^'ran
• versaire. Il le vit lâcher la sienne, tour- ne cessait de pleurer et se lassait de vi- n T nouvell , e il gèle,
iner sur lui-même et tomber lourdement. vr , e :,V espéra la guérir en lui avouant la „ o ;^ 0us a ^°" s posé cette question aux di-
onuabiuil en lauuwc il ocwit iiuo cil isc elle , °*®'
prêtant à ce combat sans témoins. Il tait plus que 1 ombre d elle-même et cet-
aurait beau dire qu'il avait été insulté, te transformation s était opérée en quel-
provoqué, contraint de se défendre, .ne £F es semaines. Il appela les médecins,
l'accuserait-on pas d'assassinat et, par- Leur diagnostic resta vague, leurs remè-
■ vînt-il à se justifier, ne porterait-il pas ^es ne produisirent aucun résultat. En-
éternellement le fardeau des soupçons fin ' le P Ius illustre d entre eux eut le
qu'auraient fait naître le mystère et le courage de confesser leur impuissance à
dénouement tragique de cette aventure ? t0U S- .
Soudain,al s6 redressa. Sa conscience ,.77, f T 0)31 est au-dessus de la science,
ne . lui reprochant rien, il y puisait la Nous sommes desarmés devant la
résolution de se soustraire aux suites de SO pf. r .^ n ^ 3 2 0rale - , ,
v Cette souffrance morale que la scien
ce se déclarait impuissante à soulager,
Chamilly 1 ne s'en dissimulait pas
a. tftt ia meme : absofumem
négative. On ne patinera pas aujourd'hui.
Au bois de Boulogne, malgré la tempéra
ture rigoureuse des deux derniers jours, la
glace des lacs n'avait, hier soir, que qua-
des gardes pour empêcher les patineurs
de se .risquer sur la glace trop faible.
A Vincennes, et bien que la glace des
lacs du bois n'ait pas non plus, naturel
lement; atteint l'épaisseur réglementaire,
on a patiné dès hier, notamment sur les
lacs de la Porte Jaune et de Saint-Miandé.
Les amateurs de patinage en plein air
auront une ressource, celle d'aller au Vélo
drome Buffalo. On y a, en effet, aménagé
une patinoire artificielle sur la pelouse cen
trale, où un grand carré, délimité par un
bourrelet de terre, a été "rempli d'eau. On
a obtenu ainsi un beau champ dS glace,
l'événement. Quelques instants plus
tard, il rentrait chez lui, en cachant
sous son manteau l'une des deux épées,
Il avait laissé l'autre sur le terrain, rou
ge encore de sang.
Le surlendemain, il lut dans un jour
nal les lignes suivantes : « Hier matin,
on a relevé dans les Champs-Elysées le
J-.. -J._ • _ / •«
la
u ^UO Ici
cause. 11 tenait dans ses mains la vie de ,
Solange. D'un mot, il pouvait la guérir; |
elle. succomberait s'il ne le disait pas.
Alors, cette question se dressa sans son
esprit : Meurtrier du père, laisserait-il
_ _ J. _ jT _ ? . "» - ~
- — - ---'-jr - • - ■ —tr ~ ~- fc 7aw . , . . _ j:—-
cadavre aun individu qui portait au maintenant périr la fille ? Sur le regret
ventre une blessure profonde et à côté d e l'avoir faite orpheline, grefferait-il
duquel se trouvait une épée ensanglan- e remoi "ds de l'avoir tuée ?
tée. Des papiers que le mort portait sur J ?., n . e P eu ? P as ; je ne dois pas, se
lui ont permis d'établir son identité. r epondit-il à lui-même.
C'est un'officier à demi-solde, le chef "®: m ême soir, seul avec elle îa
dîescadron Chambeççt.. Mais la police v °y an t Plus dolente et plus accablée, il
n'a fcu reconstituer les circonstances en ne 36 con ti n t Plus et s'abandonna'au
lesquelles il a succombé. Il laisse une couran t lui l'emportait vers un bonheur
fille âgée de dix ans. Cette enfant, au cer ' ain -
Solange, fit-il, je t'aime de tout
mon cœur ; veux-tu être ma femme ?
Elle se leva, le regardant silencieuse,
et comme extasiée. Puis, elle s'abattit
dans ses bras, tel un oiseau qui s'est
cru perdu et retrouve son nid. Comme
;1 :t 1 *
milieu de son désespoir et de ses lar
mes, a déclaré ne pas se connaître de
parents. Des voisins charitables l'ont
provisoirement recueillie. Si personne ne
consent à se charger d'elle, elle devra
être conduite aux'Enfants-Trouvés. » - -, , • — ""«««
Cette lecture déchaîna dans le cœur 'l l a serrait contre lui, elle murmura :
de Chamilly rémotion la plus doulou- Que "vous avez été long à compre:
reuse. En répondant à une agression m 8 "? 11 ,. F U j . , T .
brutale, il avait fait une orpheline et . f i< en ? 1 n 4 r ® et de la voir, déjà
voué au malheur une innocente. Durant transformée, il fut convaincu quen le-
vingt-quatre heures, il fut hanté, comme P °usant, il accomplissait un© œuvre de
par un' remords, par la responsabilité ^ l'eparation.
gui pesait sur lui. Puis, ses réflexions frnest OAUDÈT.
Cl.E.Pmon.Bd Si-Germaio
M. OOUMEBCUE
(Cl. P aul B oyer.)
M. ORUPPI
qui prend le portefeuille de la-justice, en y
adjoignant les cultes, dont il avait déjà la
direction à l'instruction, publique. M. Dou-
mergu-e quitte le ministère du commerce
pour l'instruction .publique, et M. Cruppi,
président, du groupe de la gauche radicale
de la Chambre, devient ministre du. com
merce.'
Voici en quelé' termes le compte rendu
officiel du conseil d'hier a été communi
qué à l'issue de la réunion des ministres :
« M. Clemenceau, président du~conséîl; à*
soumis" à la signature du Président de la
République des décrets aux termes des
quels sont nommés :
» Ministre de la justice et des. cultes, . m
remplacement de M. Guyot-Dessaigne,
Aristide Briand, ministre de l'instructi-m
publique et des-beaux-arts.
» Ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts, fyl. Gaston Doumergu:;,
ministre du commerce. , .
» Ministre du commerce, M.Jean Cruppi,
député de la Haute-Garonne.
« M. Cruppi, ayant été avisé de sa no
mination au ministère du commerce, est
venu assister à la délibération du conseil.»
x
Après avoir réglé la succession de M.
puyot-Dessaigme, le conseil a traité les af
faires courantes. . _ .
Le gouvernement a décidé d'adresser au
général Lyautey ses félicitations pour les
opérations qu'il a conduites si habilement
et si rapidement dans le massif montai
gneux des Beni-Snassen.
M. Viviani, ministre du travail, a entre
tenu le conseil des difficultés.jjui existent
dans la Loire entre les Compagnies mi
nières et les ouvriers au sujet de l'appli
cation de la loi du 29. juin 1905 dont 10
second palier va entrer en vigueur. .
Le ministre du travail a rendu compta
des tentatives de conciliation faites pouf
apaiser le conflit.
Le prochain conseil des ministres a été
fixé au lundi 13 janvier prochain.
CK
M. Jean Cruppi, le nouveau ministre tttl
commerce, représente à la Chambre des
députés la troisième circonscription de Tou
louse. Né à Toulouse, le 22 mai 1855, il étaitl
avocat à {a cour d'appel de Paris et à lai
Cour de cassation lorsqu'il fut élu conseil*
1er général pour le canton de Cadours. Eri
1898, il fut envoyé à la Chambre par lai
circonscription qu'il représente encore au«
jourd'hui. Au derniêr renouvellement géné*
ral, en mai 1906, M. Cruppi fut élu, au
deuxième tour de scrutin, par 8,75G voix
contre 7,373 à M. Carcassès, conseiller ge<
né ral.
M. Cruppi a publié un certain nomfcr#
d'ouvrages juridiques, notamment des étù«
des sur le fonctionnement des cours d'assî»
ses et des justices de paix.
Le député de la Haute-Garonne est vioe»
président de la Chambre et il remplaça
Sarrien comtne président de la Gauche ra»
dicale lorsque ce dernier eut donné sa déJ
mission.
»
D* WIDESIIIELIWï
A propos des obsèques
de E Gayot-Dessaipe
-♦*-
Le défunt ministre ayant été, dit-on, frappé
d'excommunication majeure, la messe solen
nelle a été interdite par l'évêque.
s >«\'V
- xr;, «t,.
« V*
L F/
Sur la pelouse glacée du vélodrome
l«-I. BftANGER.)
tré" centimètres d'épaisseur. Or, l'épaisseur
doit être de huit centimètres pour que
soient permis les ébats des patineurs. Les
amateurs de ce sport charmant doivent
donc patienter encore.
Cependant, il y a lieu de craindre des
imprudences, malgré les avis. Aussi, le
conservateur du bois de Boulogne, M. Fo-
restier, "a-t-il demandé à la préfecture de
police de mettre à sa disposition un cer
tain-nombre de gardiens, dp la paix qui
uniront -aujourd'hui leurs efforts à ceux
sur lequel on peut s'aventurer sans crainte
d'autres accidents, >si la glace venait à se
briser, qu'un simple bain, de pieds. C'est du
reste bien improbable. .
Déjà, hier après-midi, il y avait, sur la
patinoire de Buffalo, de nombreux pati
neurs et de jeunes patineuses enchantés
de pouvoir, les premiers, tracer des cercles,
des huit, faire des carrés, sur les lames
d'acier qu'oïi a en France si rarement la
possibilité de chausser pour patiner
plein air.
en
. (Dépêche de notre correspondant)
Clermont-Ferrand, 4 Janvier;
Comme le Petit Journal l'avait dit, Mme
Guyot-Dessaigne tenait à faire enterrer
son mari à l'église. Elle - avait demandé un
service à l'église Saint-Joseph et le ciré
avait consenti et avait fait commencer la
décoration du temple et la constrjction
d'un grand catafalque. ^
Mais hier, l'évêque est intervenu et, sous
prétexte que le ministre aurait été frappé
d'excommunication majeure, il a refusé
son autorisation à la meisse solennelle et a
ordonné, au curé de ne donner qu'une sim
ple absoute sans aucune pompe ecclésias
tique.
Et c'est de cette dernière façon qu'ont été
célébrées ce matin, à dix heures, dans notre
ville, les obsèques du garde des sceaux.
Le corps, arrivé par l'express de 6 heu
res, avait été déposé dans la cour de la ga
re, où était dressé un catafalque surmonté
d'un dais à grandes tentures noires, bro
dées d'argent avec écussons, portant les
initiales « G. D. ».
Tout autour étaient déposées des couron
nes, parmi lesquelles on remarquait celles
du Président de la République, du Conseil
d'Etat, du cabinet du ministre de la jus
tice, du conseil général du Puy-de-Dôme,
de la ville de Clermont et de plusieurs so
ciétés et comités républicains de la région.
Les troupes de la garnison de Clermont
rendaient les honneurs, sous le commande
ment du général Pelletier, et encadraient
la vaste place sur laquelle étaient massées
des délégations, avec drapeaux et banniè
res cravatés de crêpe.
La famille, représentée par M. Gre
nier, président de chambre, à Paris, M.
Grenier, avocat à Brioude, et M. Pacros,
propriétaire à Marsac, se tenait à droite du
catafalque, ainsi que les membres du cabi
net de l'ancien ministre.
La musique du 92» d'infanterie ouvrit la
cérémonie par une marche funèbre, puis
le préfet, M. Joly, fit l'éloge de M. Guyot-
Dessaigne ' comme président du conseil
général du Puy-de-Dôme. M. Chambige,
député, parla au- nom des représentants
du département au Parlement ; M. Cha-
merlat, au nom du conseil général ; le
procureur général Caron,au nom de là cour
d'appel de Riom ; M. Charles Fabre, maire
de Clermont, au nom de la ville ; M. Colo
nies, président du tribunal, au nom de ce
dernier, et le docteur Vigenaud au nom de
l'Unioii départementale, société de secours
mutuels, dont le défunt était, président.
La cérémonie officielle était terminée
h, dix heures et demie.- Le cortège se for
ma alors pour aller à l'église Saint-Joseph,
où fut-donnée l'absoute.
L'inhumation a eu lieu au cimetière des
Carmes, où M. Deshayes, directeur du 1 ca
binet du ministre de la justice, a dit un
suprême adieu au garde des sceaux, au
nom de tout le personnel.
On a beaucoup remarqué l'abstention du
barreau, clermontois dans la cérémonie de
la gare ; les avocats.n'ayant pas, en effet,
été'compris dans, l'ordre des préséances,
établi par la préfecture, n'étaient pas ve 1
nus.
LES PflUYBES 1)S
On acte de solidarité
des "biffias" de Gestilfy
■ **—-
Les malheureux sont pitoyables aux nrçiheursuL
Les chiffonniers de la banlieue parisienne
l'ont bien prouvé.
Ce n'est pas seulement dans le mÊlodra*
me d'Anicet Bourgeois et de Dugué qu'on
trouve des chiffonniers charitables ; et l'his»
toire qu'on nous a racontée, hier, montf^
que parmi ces pauvres gens il "y a tou-»
jours de braver cœurs, qui-ne cherchent
qu'à marcher sur les traces de la mèrâ
Moscou et de Bamboche, les deux légen*
daires personnages de la Eiïle des Chiffo7U
ni ers.
Vers les premiers jours de décembre, ut,
chiffonnier, Auguste Bonnet, qui habitait
avec sa femme dans une cabane, 46" ruel
de l'Hay, à Gentilly, était victime d'un ac-t
cident et se fracturait la jambe droite. L0
malheureux « biffin » souffrait horrible*
ment de sa blessure, et, bien qu'il lui en
coûtât de laisser sa femme toute seule au'
logis, il pria un de ses voisins, chiffonnier
comme lui, de le transporter à l'hôpital.
Les ambulances urbaines sont presque
inconnues à Gentilly, et il aurait fallu en
faire venir une de Paris, ce qui aurait de*
mandé bien des formalités et bien du
temps.
Aussi, le voisin d'Auguste Bonnet éten«
dit son malheureux camarade sur une voi
ture à bras et- il le traîna ainsi jusqu'à
l'hospice de Bicêtre.
Depuis cette époque, la femme du chif
fonnier était restée sans ressources. Elle
ne pouvait songer à continuer seule le ru
de métier» de son mari ; et même, si elle
avait eu le courage de prendre la hotte et
le crochet, elle n'aurait jamais pu faire,
chaque nuit, Je trajet de Gentilly à Parié..
Dès le départ du pauvre Bonnet, la misère
la plus épouvantable régria dans le taudis
qu'habitait la pauvre femme, qui n'avait
même pas de quoi" allumer du feu dans
son petit poêle de fonte.
Bien souvent, les autres chiffonniers, qui
habitent rue de l'Hay, apportaient à la
malheureuse du bouillon, du boeuf et aussi
quelques brins de -varech, pour faire du
feu.
Mais ce9 braves gens sont tous chargés
de famille, et, par cette température rigou
reuse, le métier n'est guère bon. Malgré
leurs désirs, ils ne pouvaient donc pas don
ner à leur voisine tout ce qu'il lui fallait.
Comme le mari ne se rétablissait pas,
ses amis firent des démarches pour que la
femme fût hospitalisée pendant quelque
temps. Malheureusement, les secours offi
ciels furent lents à venir, et pendant qu'on
prenait des renseignements sur elle, Marie
Bonnet mourait de faim et de froid.
Avant-hier, son voisin, celui qui avait
conduit son mari à l'hospice, frappa à la
porte de la cabane : ,.
— Tenez, m'ame Bonnet, cria-t-il joyeur
sement, je vous apporte du bon. bouillon
bien chaud ! Cela vous fera du bien par le
froid 1 qu'il fait !
Mais personne me iui répondit. Il eut le
pressentiment d'un malheur.
D'une poussée, il enfonça la porte et, en
pénétrant dans la chambre, il vit le cada
vre de la femme, étendu tout raide près du
poêle, froid depuis plusieurs heures.
Marie Bonnet était morte -de privations;
et son agonie avait dû être horrible- ; avant
de mourir, elle s'était traînée sur les car-
rtnrt
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E
Lcs suites d'ap duel
En 1815, à la fin d'une nuit de dé
cembre, vers cinq heures du matin, un
jeune officier des Gardes du Corps,'Me
marquis de Chamilly, au sortir du Pa
lais des Tuileries, où son service l'avait
retenu depuis la veille, remontait l'ave
nue des Champs-Elysées pour regagner
sa demeure dans le faubourg du Houle
Quoiqu'elle fût déjà la plus belle pro
menadè' de Paris, l'avenue n'était pas
«ncore ce qu'elle est aujourd'hui. Elle
offrait la physionomie d'un parc aban
donné. Son sol défoncé, ses arbres arra
chés ou brisés, attestaient le passage des
armées étrangères qui, quelques mois
avant, au lendemain de Waterloo, 3
avaient campé. Cette, dévastation s'ajou
lait en ce moment à la solitude de ces
lieux comme à l'obscurité de la nuit
.pour en rendre le parcours difficile et
dangereux. Mais, le chemin était fami
lier à Chamilly ; ' il le suivait sans
crainte, serré dans le manteau qui, de
son uniforme, ne laissait voir que le
shako.
Brusquement, sous les lueurs grisâ
tres qui commençaient à percer l'ombre
et annonçaient le jour, surgit de
vant lui un homme .de haute taille, que
sa tenue et ses allures lui firent recon
naître pour un de ces anciens officiers
des armées impériales, que le gouver
nement de Louis XVIII avait mis en
disponibilité en leur assignant un trai
tement de demi-solde et qui, mécon
tents, aigris, irrités, circulaient dans
Paris, toujours prêts à provoquer les
champions de la cocarde blanche.
Trop brave pour redouter une affai
re, Chamilly ne la cherchait pas. Il s'é
carta pour laisser passer le personnage
qui portait, sur l'épaule^ comme un fu
sil, un paquet mince et long.
—■ Vous avez donc peur, Monsieur le
foutriquet ? lui cria le passant d'un ton
goguenard.
■' — 1 Etes-vous fou ou êtes-vous ivre ?
demanda Chamilly qui tâchait de se,
contenir. Si c'est un duel que vous vou
lez, donnez-moi votre nom, votre adres
se ; je vous enverrai mes témoins.
Des. témoins ! En avons-nous be
soin pour vider' notre querelle ? Juste
ment, j'ai là des armes ; je suis second
dans une rencontre et j'allais au rendez-
vous, mais on ne se battra qu'au jour
et j'ai le temps de vous expédier dans
l'autre monde.
En même temps-, ce matamore défai
sait le paquet qu'il portait,, en tirait deux
épées et en jetait une aux pieds de Cha
milly.
Convaincu qu'il avait affaire à un
ivrogne, le jeune homme ne la ramas
sa pas.
Je vous ferai l'honneur de me bat
tre avec vous, quand vous aurez cuvé
votre vin, dit-il.
Parbleu I. ricana son agresseur, je
l'amenèrent à conclure qu'ayant tué le
père, il se devait à" la" fille. Cé
libataire, riche, libre de ses actes,
rien ne l'empêchait de l'adopter. Il
le pouvait d'autant mieux qu'elle ne
saurait jamais qu'il était le meurtrier du
père qu'elle pleurait.
Cette pensée s'était emparée de . lui
avec une violence singulière et sa géné
rosité naturelle le disposa promptement
à y céder. Il vit l'enfant, la trouva char
mante et n'eut aucune peine à la
convaincre qu'en acceptant ses soins et
qu'en se fiant à sa sollicitude, elle s'as
surait un avenir heureux. Quelques
jours plus tard, les. formalités légales^
remplies, elle s'installait chez son pro
tecteur et bientôt après, il la conduisait
dans un couvent où il avait résolu de la
faire élever.
Tant qu'elle y resta et encore qu'il al
lât l'y voir souvent, il ne comprit pas
qu'en la recueillant, afin de la préserver
des risques que court une orpheline
pauvre, il s'était exposé lui-même à un
danger qu'il n'avait pas soupçonné : ce
lui de l'aimer et d'être aimé d'elle. Mais,
lorsque, son éducation achevée, elle quit- j
ta le couvent et vint occuper au foyer de
Chamilly' la place qu'il lui réservait en
attendant qu'elle fût mariée, ce danger
éclata.
Solange avait alors dix-neuf ans. Ado-
rablement jolie, les plus précieuses qua
lités de l'esprit et du cœur s'ajoutaient à
sa beauté et en augmentaient le charme.
Vis-à-vis de son bienfaiteur, elle en dou
blait la puissance par les témoignages
incessants de sa gratitude. Elle n'igno
rait rien de ce qu'il avait fait pour elle.
Depuis qu'elle pouvait penser et raison
ner, elle se disait que ce ne serait pas
frnn rîû 1 1 '
DIMANCHE ï> JANVIER 1908
5 SAI NT SIMÉQ.V 361
QUARANTE-SIXIÈ ME ANN ÉE (N uméro 18,445)
Les manuscrits ne sont pas rendus
II JEU DO REVOLVER
Une jeune bonse blessée
par un gardien de la paix
. ' •' » —■ %<%*- ■i"". *■ .
Rue Callot, à Auteuil, en jouant avec un revolver,
l 'agent fait partir le ooup. La jeune _
domestique est grièvement atteinte '
Dans un hôtel garni, très paisible, de la
rue Callot,..à Paris, une détonation mettait
hier à midi tous les locataires en émoir
Un gardien de la paix, Jean-Baptiste
Roux, âgé'de quarante-quatre ans, venait
de blesser grièvement, d'un coup de re
volver tiré par inadvertance, une jeune
domestique, Mme Bihouis.
Marie Bihouis habitait l'hôtel, depuis
huit jours à peine. Agée de seize ans, elle
était venue du Morbihan pour se placer à
Paris et vivait, en attendant, des secours
que lui donnait le commissariat de police
du quartier.
La petite Bretonne, attirée du fin frud de
sa lande par le mirage qu'exerce Par's sur
les imaginations naïves, sachant qu'une
telle, partie du même village, gagnait jus
qu'à 30 francs par mois et d'autres inen
plus encore, dans la capitale,,était venue,
un beau jour, avec quelques sous noués
dans son-mouchoir, son beau tablier bre
ton qu'elle portait pour aller, là-bai, à la
messe, le dimanche, et était innocente et
naïve.
LES DÉSILLUSIONS
DE LA PETITE BRETONNE
Hélas ! que de déceptions l'attendaient,
ko t—i ■ de son arrivée
u uv> uu »3Ç1 dltl pdb __ « . -, A. ■ .
4twt* A* ^Bes te lendemain ue son arrivée, on un
«e toute une vie de dévouement et vola d , abord tout son avoir . ensu i tej eile
d amour pour le payer de ses bienfaits. ne rencontra pas la payse sur laquelle elle
Ue la, lardent désir, detre sa femme, comptait pour la guider dans la grande
qu'elle n'eût osé lui avouer, mais dans ville.
lequel elle s© complaisait et qui, peu à Passant devant l'église Notre-Dame de
peu, bien que Chamilly'eût quinze ans Passy, elle pria, cornue les naufragés, la
de plus qu'elle, l'avait préparée à l'ai- Vierge, pour laquelle, fille très pieuse, elle
mer d'une tendresse qui cherchait tou- a^&it u " e grande^dévotion, et un prêtre la
l SSLi «*
Ï1 était trop clan voyant pour ne pas s'échouer, aux frais du bureau de bienfai-
voir ce quelle cachait à peine. Comment ***»* ^
or» ' '
l'hôtel. Elle entra, toute tremblante, dans,
la chambre de l'agent et ; adressa à voix
basse sfi demande.
L'agent Roux, qui a dix-sept ans de.ser
vice, est un gros homme; tout d'une pièce ;
il mit aussitôt à son aise, par. sa rondeur,
la timide Bretonne. - = .
L'agent venait cîe poser son revolver
d'ordonnance sur la • table. La jeune Bre
tonne s'étonna des dimensions de l'arme, et
Roux, riant de sa candeur, prit le revolver,
qu'il ne croyait pas chargé,'et.la mettant
en; joue, lui dit : ; ■
— Voulez-vous que je vous tue ?
Au même instant, il pressait la détente.
Terrifié, il entendait une détonation et
voyait s'enfuir la jeune fille ensanglantée.
Une balle de 6 m / m l'avait-frappée en plein
front, pénétrant dans la boîte crânienne.
■ Marie ne tomba pas, cependant ; elle
alla, tout simplement, s'asseoir "sur les
marches de l'escalier, sans dire un mot,
sans proférer la moindre plainte.
M. Goulier la trouva ainsi, pâle, ensan
glantée, et ne put en tirer grands rensei
gnements. Il la fit transporter, en hâte, à
l'hôpital Boucicaut, où on a peu d'espoir
de la sauver. - • .
Le gardien de la paix Roux, qui est dé
solé de son ajcte-imprudent, a été laissé en
liberté..;..
PROPOS D'ACTUALITÉ
L sance du seizième arrondissement, à l'hôtel
fût-il préservé de-cette contagion de là rue Callot, où on lui loua une mo-
d'un amour si propre à le flatter et à le deste chambre, au deuxième étage, moyen-
satisfaire ? Il ne pouvait s'y dérober et n ant 20 francs par mois. . .
dans celle qu'il avait d'abord aimée L'aumône du prêtre lui avait permis de
commp son enfant il aima la fpmmR manger quelques jours, et les bons de pam
c f ™„,î? ® 1 3 1 » que lui. donnait,. .fort, souvent, .«•
._ Lorsqu il ea^ut acquis certitude,_il commissaire de police, lui permettaient
fut au désespoir. Sa conscience lui di- ri'attpnrfrA io *—* -i- - ~ • -
cai'f ' t-
_ ... . vw wv'AkJV'IV/llV'Ç 1U1 Ul-
sait qu'ayant tué le père, il ne pouvait
épouser la fille.-II dut faire appel à sa
raison pour lutter contre la passion
qu'attisait incessamment l'affection re
connaissante de Solange. Il reconnut
enfin que, pour mettre un terme à un
i- > »*" i-~'
d'attendre la place tant cherchée.
Enfin, la malchance semblait avoir aban
donné sa proie ; Marie Bihouis annonça à
sa voisine de chambre qu'elle entrait, aa
commencement de la semaine, dans une
maison, comme petite bonne.
Hier, Marie vint , frapper à la porte de sa
lîçinP r>rvmtv»A« A,- ■ iî - "
x y W AM J^Vll VÇl OC"
v ± - ~ . ... . . ~r; voisine, nommée Augustine Gaudirt; et lui
état de choses penlleux et irritant, il ^f.
fallait se hâter de la marier. Mais, lors- — .Prêtez-moi, je vous prie, un peu de
qu'il voulut lui parler de mariage, elle cirage pour nettoyer mes chaussures,
se récria, visiblement déçue. Sans tenir Ces. chaussures étaient d'anciennes bot-
compte de sa protestation, insensible au tinés luxueuses à très hauts talons, beau-
reproche qu'elle lui faisait, de vouloir ^ U P. t4'°>P grandes pour- ses petits pieds
l'éloigner de lui, il lui présenta.plu- »" Années par
sieurs jeunes gens qu il savait désireux
.vx-i—- - CHEZ LE VOISIN
Augustine Gaudin n'avait pas de cirage ;
elle lui'dit :
— Venez avec moi, en face ; le gardien
de la paix Houx doit sûrement
•%/r —j
H ... va AA jUVUlb UCdll b Ul A
de l'épouser.Tour à tour, elle les écarta.
Un jour, comme il lui laissait voir
qu'il s'en étonnait, elle répliqua.
— Je ne veux pas me marier, ami
chéri, je ne me marierai pas. Je ne puis
pff p fa û 7 T T»n 71 C« — X ~ - 1
en avoir.
M. Lépine a fait, mardi dernier, devant le
Conseil municipal, des reproches sévères à
MM.Jes magistrats et aussi à MM. les légis
lateurs. Et ces reproches sévères, il faut bien
reconnaître que ce sont de justes reproches.
Il a dit que, depuis vingt ans, chaque fois que
ie législateur avait touché au Code pénal, il
avait privé la société d'un droit de se ûéîen
dre. Il a dit encore qu'on abusait tellement
des commutations de peine et des "races qu'au
bout de trois mois, la police retrouvait régu
lièrement les gens dangereux dont elle se
croyait définitivement débarrassée. Et il
ajouté qu'il y avait, à Paris, 50 % de relégués
— de ces relégués qui, cependant, ne devraient
jamais revenir en France.
Tout cela, nous l'avons répété ici à satiété
mais nous nous garderions de ne pas y re
venir quand M. le préfet de police nous donne
l'exemple.
Oui, il y a trop de politiciens, dont la sen
siblerie ne s'exerce qu'au profit des coquins
oui, il y a trop de « bons juges » qui, pour
se faire une popularité facile dans le monde
des: humanitaires, n'hésitent pas à témoigner
d'une coupable indulgence pour les malfai
teurs les plus endurcis. '
Oui, on leur tresse trop volontiers des cou-
jtanes,"à ces « Bons ]uges él Tfiùnianitafîs
me socialiste a trop de prise sur eux/
On leur recommande de s'appliquer à rele
ver et non à punir et de se montrer des hom
mes, et non des magistrats... Eh bien, tout
cela est absurde. Un juge ne doit pas être
« bon- * ; il doit être « équitable ». Un magis
trat ne doit pas oublier qu'il «st un homme,
mais il doit se souvenir avant tout qu'il a
mission de protéger la société et qu'il man
querait à son premier devoir si, par une man
suétude imprudente, ilJa laissait au contraire
en butte aux assauts des criminels.
La police fait son œuvre ; il faut que le
parquet fasse la sienne. Il faut que les rôdeurs
arrêtés par les agents ne soient dus relâchés
sans-examen ; il faut que les tribunaux con
damnent qui mérite d'être condamné.
Et quand on aura obtenu tout cela, il res
tera-à obtenir encore que les condamnés su
bissent leur peine et qu'on mette un terme à
ce parti pris de commutations et de grâces
qui, pour venir de haut, n'en sont que plus
préjudiciables à la sécurité publique.
Jean Leooq.
Au Conseil des Ministres
^ /
M. BRIAND
est nommé Garde des Sceaux
-**-
M, DGtimUE devient ministre
de Tinstruciion pubiiqus.
M. CHUFFI est nommé ministre du commerce
Le conseil des ministres a ratifié, hier,
dans -le seins que le Petit Journal avait in
diqué) l'attribution nouvelle 1 des portefeuil
les, nécessitée par le décès de M. Gu-yot-
Dessaigne. *
C'est, comme nous l'avons dit, M. Briand
—- rainiBU i. xiuaim suu agicaiscui, .je i ' j- "*" munciai uaa. je iir nuis I Marip' TliVinnio ' ■■ , -•
Bavais bien que Messieurs les officiers etre heureuse qu'auprès de vous et je blable, était l'objet des"^^,.^^v-raisem-
- 1 ■ j--i i.-.-.... i ne vous quitterai jamais. ' J ■ rauienes de tout
— r _ r ç, ^ feignit de ne pas comprendre, bien
temps sa colère, Chamilly se courba, ( ï. u ®' .da-ns l'accent de Solange, il eût sai- /$&
prit l'épée et se rua sur son adversaire S1 , la Preuve qu'elle s'attristait et s'exas- I « Ï7! A -fflk T
m.criant: pérait de n'être pas devinée. Il fut Ss Vil 3 Drfllll^ Ïl1^>r ^ Kfttï^lA
— En garde, monsieur ; en garde ! héroïque, car l'effort qu'il s'imposait v LS+JL 1>JIJLJL1/lvl i C& |jUlluiV
Dans le silence, #on n'entendit que P° UI " résister aux emportements de son ' ■ - s
le cliquetis de l'acier. ■ a rn°uir, lui déchirait le cœur. Et ce fut Patin^A-t-r,*, m
Soudain, Chamilly sentit que son ar- P* re encore lorsqu'il s'aperçut que la jourd'hui ' C'est la mfestinn^nô 011 pas au :
; me s'enfonçait-dans le ventre de son ad- chère petite, après avoir perdu sa gaîté, "Q^reux Parisiens depiùs qu'ave^'ran
• versaire. Il le vit lâcher la sienne, tour- ne cessait de pleurer et se lassait de vi- n T nouvell , e il gèle,
iner sur lui-même et tomber lourdement. vr , e :,V espéra la guérir en lui avouant la „ o ;^ 0us a ^°" s posé cette question aux di-
onuabiuil en lauuwc il ocwit iiuo cil isc elle , °*®'
prêtant à ce combat sans témoins. Il tait plus que 1 ombre d elle-même et cet-
aurait beau dire qu'il avait été insulté, te transformation s était opérée en quel-
provoqué, contraint de se défendre, .ne £F es semaines. Il appela les médecins,
l'accuserait-on pas d'assassinat et, par- Leur diagnostic resta vague, leurs remè-
■ vînt-il à se justifier, ne porterait-il pas ^es ne produisirent aucun résultat. En-
éternellement le fardeau des soupçons fin ' le P Ius illustre d entre eux eut le
qu'auraient fait naître le mystère et le courage de confesser leur impuissance à
dénouement tragique de cette aventure ? t0U S- .
Soudain,al s6 redressa. Sa conscience ,.77, f T 0)31 est au-dessus de la science,
ne . lui reprochant rien, il y puisait la Nous sommes desarmés devant la
résolution de se soustraire aux suites de SO pf. r .^ n ^ 3 2 0rale - , ,
v Cette souffrance morale que la scien
ce se déclarait impuissante à soulager,
Chamilly 1 ne s'en dissimulait pas
a. tftt ia meme : absofumem
négative. On ne patinera pas aujourd'hui.
Au bois de Boulogne, malgré la tempéra
ture rigoureuse des deux derniers jours, la
glace des lacs n'avait, hier soir, que qua-
des gardes pour empêcher les patineurs
de se .risquer sur la glace trop faible.
A Vincennes, et bien que la glace des
lacs du bois n'ait pas non plus, naturel
lement; atteint l'épaisseur réglementaire,
on a patiné dès hier, notamment sur les
lacs de la Porte Jaune et de Saint-Miandé.
Les amateurs de patinage en plein air
auront une ressource, celle d'aller au Vélo
drome Buffalo. On y a, en effet, aménagé
une patinoire artificielle sur la pelouse cen
trale, où un grand carré, délimité par un
bourrelet de terre, a été "rempli d'eau. On
a obtenu ainsi un beau champ dS glace,
l'événement. Quelques instants plus
tard, il rentrait chez lui, en cachant
sous son manteau l'une des deux épées,
Il avait laissé l'autre sur le terrain, rou
ge encore de sang.
Le surlendemain, il lut dans un jour
nal les lignes suivantes : « Hier matin,
on a relevé dans les Champs-Elysées le
J-.. -J._ • _ / •«
la
u ^UO Ici
cause. 11 tenait dans ses mains la vie de ,
Solange. D'un mot, il pouvait la guérir; |
elle. succomberait s'il ne le disait pas.
Alors, cette question se dressa sans son
esprit : Meurtrier du père, laisserait-il
_ _ J. _ jT _ ? . "» - ~
- — - ---'-jr - • - ■ —tr ~ ~- fc 7aw . , . . _ j:—-
cadavre aun individu qui portait au maintenant périr la fille ? Sur le regret
ventre une blessure profonde et à côté d e l'avoir faite orpheline, grefferait-il
duquel se trouvait une épée ensanglan- e remoi "ds de l'avoir tuée ?
tée. Des papiers que le mort portait sur J ?., n . e P eu ? P as ; je ne dois pas, se
lui ont permis d'établir son identité. r epondit-il à lui-même.
C'est un'officier à demi-solde, le chef "®: m ême soir, seul avec elle îa
dîescadron Chambeççt.. Mais la police v °y an t Plus dolente et plus accablée, il
n'a fcu reconstituer les circonstances en ne 36 con ti n t Plus et s'abandonna'au
lesquelles il a succombé. Il laisse une couran t lui l'emportait vers un bonheur
fille âgée de dix ans. Cette enfant, au cer ' ain -
Solange, fit-il, je t'aime de tout
mon cœur ; veux-tu être ma femme ?
Elle se leva, le regardant silencieuse,
et comme extasiée. Puis, elle s'abattit
dans ses bras, tel un oiseau qui s'est
cru perdu et retrouve son nid. Comme
;1 :t 1 *
milieu de son désespoir et de ses lar
mes, a déclaré ne pas se connaître de
parents. Des voisins charitables l'ont
provisoirement recueillie. Si personne ne
consent à se charger d'elle, elle devra
être conduite aux'Enfants-Trouvés. » - -, , • — ""«««
Cette lecture déchaîna dans le cœur 'l l a serrait contre lui, elle murmura :
de Chamilly rémotion la plus doulou- Que "vous avez été long à compre:
reuse. En répondant à une agression m 8 "? 11 ,. F U j . , T .
brutale, il avait fait une orpheline et . f i< en ? 1 n 4 r ® et de la voir, déjà
voué au malheur une innocente. Durant transformée, il fut convaincu quen le-
vingt-quatre heures, il fut hanté, comme P °usant, il accomplissait un© œuvre de
par un' remords, par la responsabilité ^ l'eparation.
gui pesait sur lui. Puis, ses réflexions frnest OAUDÈT.
Cl.E.Pmon.Bd Si-Germaio
M. OOUMEBCUE
(Cl. P aul B oyer.)
M. ORUPPI
qui prend le portefeuille de la-justice, en y
adjoignant les cultes, dont il avait déjà la
direction à l'instruction, publique. M. Dou-
mergu-e quitte le ministère du commerce
pour l'instruction .publique, et M. Cruppi,
président, du groupe de la gauche radicale
de la Chambre, devient ministre du. com
merce.'
Voici en quelé' termes le compte rendu
officiel du conseil d'hier a été communi
qué à l'issue de la réunion des ministres :
« M. Clemenceau, président du~conséîl; à*
soumis" à la signature du Président de la
République des décrets aux termes des
quels sont nommés :
» Ministre de la justice et des. cultes, . m
remplacement de M. Guyot-Dessaigne,
Aristide Briand, ministre de l'instructi-m
publique et des-beaux-arts.
» Ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts, fyl. Gaston Doumergu:;,
ministre du commerce. , .
» Ministre du commerce, M.Jean Cruppi,
député de la Haute-Garonne.
« M. Cruppi, ayant été avisé de sa no
mination au ministère du commerce, est
venu assister à la délibération du conseil.»
x
Après avoir réglé la succession de M.
puyot-Dessaigme, le conseil a traité les af
faires courantes. . _ .
Le gouvernement a décidé d'adresser au
général Lyautey ses félicitations pour les
opérations qu'il a conduites si habilement
et si rapidement dans le massif montai
gneux des Beni-Snassen.
M. Viviani, ministre du travail, a entre
tenu le conseil des difficultés.jjui existent
dans la Loire entre les Compagnies mi
nières et les ouvriers au sujet de l'appli
cation de la loi du 29. juin 1905 dont 10
second palier va entrer en vigueur. .
Le ministre du travail a rendu compta
des tentatives de conciliation faites pouf
apaiser le conflit.
Le prochain conseil des ministres a été
fixé au lundi 13 janvier prochain.
CK
M. Jean Cruppi, le nouveau ministre tttl
commerce, représente à la Chambre des
députés la troisième circonscription de Tou
louse. Né à Toulouse, le 22 mai 1855, il étaitl
avocat à {a cour d'appel de Paris et à lai
Cour de cassation lorsqu'il fut élu conseil*
1er général pour le canton de Cadours. Eri
1898, il fut envoyé à la Chambre par lai
circonscription qu'il représente encore au«
jourd'hui. Au derniêr renouvellement géné*
ral, en mai 1906, M. Cruppi fut élu, au
deuxième tour de scrutin, par 8,75G voix
contre 7,373 à M. Carcassès, conseiller ge<
né ral.
M. Cruppi a publié un certain nomfcr#
d'ouvrages juridiques, notamment des étù«
des sur le fonctionnement des cours d'assî»
ses et des justices de paix.
Le député de la Haute-Garonne est vioe»
président de la Chambre et il remplaça
Sarrien comtne président de la Gauche ra»
dicale lorsque ce dernier eut donné sa déJ
mission.
»
D* WIDESIIIELIWï
A propos des obsèques
de E Gayot-Dessaipe
-♦*-
Le défunt ministre ayant été, dit-on, frappé
d'excommunication majeure, la messe solen
nelle a été interdite par l'évêque.
s >«\'V
- xr;, «t,.
« V*
L F/
Sur la pelouse glacée du vélodrome
l«-I. BftANGER.)
tré" centimètres d'épaisseur. Or, l'épaisseur
doit être de huit centimètres pour que
soient permis les ébats des patineurs. Les
amateurs de ce sport charmant doivent
donc patienter encore.
Cependant, il y a lieu de craindre des
imprudences, malgré les avis. Aussi, le
conservateur du bois de Boulogne, M. Fo-
restier, "a-t-il demandé à la préfecture de
police de mettre à sa disposition un cer
tain-nombre de gardiens, dp la paix qui
uniront -aujourd'hui leurs efforts à ceux
sur lequel on peut s'aventurer sans crainte
d'autres accidents, >si la glace venait à se
briser, qu'un simple bain, de pieds. C'est du
reste bien improbable. .
Déjà, hier après-midi, il y avait, sur la
patinoire de Buffalo, de nombreux pati
neurs et de jeunes patineuses enchantés
de pouvoir, les premiers, tracer des cercles,
des huit, faire des carrés, sur les lames
d'acier qu'oïi a en France si rarement la
possibilité de chausser pour patiner
plein air.
en
. (Dépêche de notre correspondant)
Clermont-Ferrand, 4 Janvier;
Comme le Petit Journal l'avait dit, Mme
Guyot-Dessaigne tenait à faire enterrer
son mari à l'église. Elle - avait demandé un
service à l'église Saint-Joseph et le ciré
avait consenti et avait fait commencer la
décoration du temple et la constrjction
d'un grand catafalque. ^
Mais hier, l'évêque est intervenu et, sous
prétexte que le ministre aurait été frappé
d'excommunication majeure, il a refusé
son autorisation à la meisse solennelle et a
ordonné, au curé de ne donner qu'une sim
ple absoute sans aucune pompe ecclésias
tique.
Et c'est de cette dernière façon qu'ont été
célébrées ce matin, à dix heures, dans notre
ville, les obsèques du garde des sceaux.
Le corps, arrivé par l'express de 6 heu
res, avait été déposé dans la cour de la ga
re, où était dressé un catafalque surmonté
d'un dais à grandes tentures noires, bro
dées d'argent avec écussons, portant les
initiales « G. D. ».
Tout autour étaient déposées des couron
nes, parmi lesquelles on remarquait celles
du Président de la République, du Conseil
d'Etat, du cabinet du ministre de la jus
tice, du conseil général du Puy-de-Dôme,
de la ville de Clermont et de plusieurs so
ciétés et comités républicains de la région.
Les troupes de la garnison de Clermont
rendaient les honneurs, sous le commande
ment du général Pelletier, et encadraient
la vaste place sur laquelle étaient massées
des délégations, avec drapeaux et banniè
res cravatés de crêpe.
La famille, représentée par M. Gre
nier, président de chambre, à Paris, M.
Grenier, avocat à Brioude, et M. Pacros,
propriétaire à Marsac, se tenait à droite du
catafalque, ainsi que les membres du cabi
net de l'ancien ministre.
La musique du 92» d'infanterie ouvrit la
cérémonie par une marche funèbre, puis
le préfet, M. Joly, fit l'éloge de M. Guyot-
Dessaigne ' comme président du conseil
général du Puy-de-Dôme. M. Chambige,
député, parla au- nom des représentants
du département au Parlement ; M. Cha-
merlat, au nom du conseil général ; le
procureur général Caron,au nom de là cour
d'appel de Riom ; M. Charles Fabre, maire
de Clermont, au nom de la ville ; M. Colo
nies, président du tribunal, au nom de ce
dernier, et le docteur Vigenaud au nom de
l'Unioii départementale, société de secours
mutuels, dont le défunt était, président.
La cérémonie officielle était terminée
h, dix heures et demie.- Le cortège se for
ma alors pour aller à l'église Saint-Joseph,
où fut-donnée l'absoute.
L'inhumation a eu lieu au cimetière des
Carmes, où M. Deshayes, directeur du 1 ca
binet du ministre de la justice, a dit un
suprême adieu au garde des sceaux, au
nom de tout le personnel.
On a beaucoup remarqué l'abstention du
barreau, clermontois dans la cérémonie de
la gare ; les avocats.n'ayant pas, en effet,
été'compris dans, l'ordre des préséances,
établi par la préfecture, n'étaient pas ve 1
nus.
LES PflUYBES 1)S
On acte de solidarité
des "biffias" de Gestilfy
■ **—-
Les malheureux sont pitoyables aux nrçiheursuL
Les chiffonniers de la banlieue parisienne
l'ont bien prouvé.
Ce n'est pas seulement dans le mÊlodra*
me d'Anicet Bourgeois et de Dugué qu'on
trouve des chiffonniers charitables ; et l'his»
toire qu'on nous a racontée, hier, montf^
que parmi ces pauvres gens il "y a tou-»
jours de braver cœurs, qui-ne cherchent
qu'à marcher sur les traces de la mèrâ
Moscou et de Bamboche, les deux légen*
daires personnages de la Eiïle des Chiffo7U
ni ers.
Vers les premiers jours de décembre, ut,
chiffonnier, Auguste Bonnet, qui habitait
avec sa femme dans une cabane, 46" ruel
de l'Hay, à Gentilly, était victime d'un ac-t
cident et se fracturait la jambe droite. L0
malheureux « biffin » souffrait horrible*
ment de sa blessure, et, bien qu'il lui en
coûtât de laisser sa femme toute seule au'
logis, il pria un de ses voisins, chiffonnier
comme lui, de le transporter à l'hôpital.
Les ambulances urbaines sont presque
inconnues à Gentilly, et il aurait fallu en
faire venir une de Paris, ce qui aurait de*
mandé bien des formalités et bien du
temps.
Aussi, le voisin d'Auguste Bonnet éten«
dit son malheureux camarade sur une voi
ture à bras et- il le traîna ainsi jusqu'à
l'hospice de Bicêtre.
Depuis cette époque, la femme du chif
fonnier était restée sans ressources. Elle
ne pouvait songer à continuer seule le ru
de métier» de son mari ; et même, si elle
avait eu le courage de prendre la hotte et
le crochet, elle n'aurait jamais pu faire,
chaque nuit, Je trajet de Gentilly à Parié..
Dès le départ du pauvre Bonnet, la misère
la plus épouvantable régria dans le taudis
qu'habitait la pauvre femme, qui n'avait
même pas de quoi" allumer du feu dans
son petit poêle de fonte.
Bien souvent, les autres chiffonniers, qui
habitent rue de l'Hay, apportaient à la
malheureuse du bouillon, du boeuf et aussi
quelques brins de -varech, pour faire du
feu.
Mais ce9 braves gens sont tous chargés
de famille, et, par cette température rigou
reuse, le métier n'est guère bon. Malgré
leurs désirs, ils ne pouvaient donc pas don
ner à leur voisine tout ce qu'il lui fallait.
Comme le mari ne se rétablissait pas,
ses amis firent des démarches pour que la
femme fût hospitalisée pendant quelque
temps. Malheureusement, les secours offi
ciels furent lents à venir, et pendant qu'on
prenait des renseignements sur elle, Marie
Bonnet mourait de faim et de froid.
Avant-hier, son voisin, celui qui avait
conduit son mari à l'hospice, frappa à la
porte de la cabane : ,.
— Tenez, m'ame Bonnet, cria-t-il joyeur
sement, je vous apporte du bon. bouillon
bien chaud ! Cela vous fera du bien par le
froid 1 qu'il fait !
Mais personne me iui répondit. Il eut le
pressentiment d'un malheur.
D'une poussée, il enfonça la porte et, en
pénétrant dans la chambre, il vit le cada
vre de la femme, étendu tout raide près du
poêle, froid depuis plusieurs heures.
Marie Bonnet était morte -de privations;
et son agonie avait dû être horrible- ; avant
de mourir, elle s'était traînée sur les car-
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