Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1902-08-25
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1902 25 août 1902
Description : 1902/08/25 (Numéro 14486). 1902/08/25 (Numéro 14486).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k616172k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/10/2008
«rivar'MriansBi
L& Petit J
S5 Août r 1902
LES GRANDES MANŒUVRES
. DE C ORPS D'A RMÉE
(Dépêche de notre correspondant}
i ' Toulouse, 24 août
î Le généralissime Brugère arrivera à
Toulouse le 29 août', pour les manœuvres
de corps d'armée ; il établira son quartier
fénéral, les 1 er , 2, 3 et A septembre, à
illefranche-de-Lauragais, les 5, 6 et
7 septembre, à Baziège.
VOL DE DIX MILLE FRANCS
(Dépêche de ■noire correspondant)
Saint-Etienne, 24 août.
Un' vol dont le montant s'élève à
<0,000 francs a été'commis, cette nuit,
au préjudice de M. Courtial, horloger,
jrue Gambetta.
Les auteurs du vol sont inconnus.
DANGEREUX CAMBRIOLEURS
(Dépêihè de notre correspondantJ
.. Marseille, 24 août.
JHier soir, au hameau, de Montolivet,
(Six agents cycliste§, sous la conduite du
brigadier Moulet, aperçurent plusieurs
malfaiteurs qui tentaient l'escalade de la
maison de M. Dubois, premièr adjoint,
qui remplace, actuellement le maire
absent.'
Au moment où les agents s'appro
chaient des 7 cambrioleurs, ceux-ci les re
çurent à coupe do fusil
Le brigadier Moulet fut atteint à
l'avaiit-bras droit. Les agents ripostèrent
à coups de revolver.
M. Dubois et ses domestiques, réveilles
par les coups de feu, s'empressèrent de
prêter main-forte aux agents pour arrê
ter les malfaiteurs, dont l'un Baptistin
Reboul, avait été atteint d'une balle au
côté gauche de la poitrine.
Six malandrins furent arrêtés ; ce sont
tous des mauvais sujets qui ont déjà eu
affaire à là "justice.
TRAGIQUE PARTIE DE PÊCHE
(Dépêche de notre correspondant)
Marseille, 24 août.
Deux séminaristes bordelais, Louis Du-
8os et Jean Tardieu, de passage à Mar
seille, se rendant en Corse pour pasSer
leurs vacances, projetaient, ce matin,
d'aller faire une partie de pêche ; ils
louèrent une bette et se rendirent du
côté de Mourepiane.
Ballottée par un vent assez violent,
l'embarcation ne tarda pas à chavirer.
Tardieu, âgé de dix-huit ans, qui ne
savait pas nager, coula à pic. Son cama
rade put se maintenir au bordage du
canot; il fut aperçu par dès pêcheurs de
Carry, qui se portèrent à son secours et
le ramenèrent sain et sauf à Niolon.
Le corps de Tardieun'apasété.retrouvé.
INAUGURATION D'UNE STATION
DE SAUVETAGE
(Dépêche de notre correspondant)
Ploudalmezeau (Finistère), 24 août.
Ce matin a eii lieu, sous la présidence
de Mgr Dubillard, évêque de Quimper,
l'inauguration de la station de sauvetage
de Portsall-Kersaint, récemment créée sur
ce point de la côte bretonne, où partout
on ne rencontre que des récifs. Tous, les
ans, de nombreux navires viennent s'y
perdre. Le dernier qui a sombré dans ces
parages est le vapeur Xeon, de Brest.
Une foule nombreuse, venue de Brest
et des environs, remplissait le petitbourg
de Portsall.
A huit heures et demie, Mgr Dubillard
a dit la messe à la chapelle de Portsall ;
le cortège s'est ensuite formé et s'est
rendu à l'abri du canot de sauvetage, où
a été donnée la bénédiction.
Mgr Dubillard a prononcé une al
locution où il a tracé la tâche du sau
veteur et a fait avec éloquence l'éloge du
marin breton.
La musique de la Brestoise s'est fait
ensuite entendre ; à dix heures et demie
le cortège s'est reformé et s'est rendu à
la pointe de Becallan, où l'évêque de
Quimper a bénit les flots.
A onze heures, un grand banquet a
réuni de nombreux invités.
AÉRONAUTE TOMBÉ A LA MER
/Dépêche de notre correspondant)
Dunkerque, 24 août.
Un ballon, YAlcor, monté par l'aéro-
naute Hervieux, est tombé dans la mer à
quelques milles des bancs.
Le remorqueur Dunkerquois, qui s'est
lancé à sa poursuite, a recueilli l'aéro-
naute et l'a ramené avec son ballon.
LES MINEURS DE LA LOIRE
{Dépêche de l'Agence Savas)
Saint-Etienne, 24 àoût.
La Fédération des mineurs de la Loire, réunie
ce soii$ a entendu M. Cotte, secrétaire de la
Fédération nationale, convoqué personnelle
ment à cette réunion.
M, Coite a représenté, qu'à son avis, tout mou
vement de grève partielle n'amènerait aucun ré
sultat; et qu'en tout cas, il était du devoir.des
mineurs de la Loire de ne prendre aucune ini
tiative, avant d'avoir consulté, le 24 septembre
prochain, le congrès, de Commentry, dont la
convocation anticipée fut refusée par la Fédé
ration du Sud, du Centre et du Pas-de-Calais.
,;La réunion a décidé de tenter auprès du
comité fédéral national une nouvelle démarche
afin de le décider à devancer la date du congrès
de Commentry, et une lettre dans ce sens a été
écrite à plusieurs membres du comité na
tional. ;
Incendia à bord d'un vapeur
(Dépêche de notre correspondant)
La Rochelle, 24 août.
Ce matin, à trois heures, un incendie s'est
déclaré à bord du vapeur Hirondelle, de
Rayonne, en réparation sur le gril de notre
port ; il a été éteint par les matelots de
l'équipage.
Les dégâts n'ont pu être encore évalués.
Une bougie laissée, dit-on, allumée par les
ouvriers chargés de la réparation aurait com
muniqué le feu aux boiseries d'une chambre.
- ■ . .1 ' i ■ i m
Explosion chez un artificier
(Dépêche de notre correspondant)
Rome , 24 août.
A Manfredonia, pendant qu'on préparait les
feux d'artifice pour la fête du patron du pays,
une terrible explosion s'est produite. L'artificier,
M. Gelsomino, et un de ses fils ont été tués.
Trois autres fils, qui travaillaient dans la fabri
que, ont été très grièvement blessés. Leur état
est désespéré.
LE BMP BR UXELLE S-OSTENDE
(Dépêche de notre correspondant)
, ,— ... Bruxelles, 24 août,. .
Le train spécial amenant de Cambrai les of
ficiers français ainsi que leurs chevaux, qui
doivent participer au raid d'Ostende, bien qu'at
tendu à midi, est entré à 11 heures 23 en gare
du Midi.
Un grand nombre d'officiers de la garnison
de Bruxelles étaient allés attendre sur le quai
de la gare leurs camarades français, à qui ils
ont fait une ovation chaleureuse.
On a fraternisé, puis les officiers français, qui
étaient en tenue bourgeoise, ont pris place dans
trois breaks conduits par des soldats des guides
et de l'artillerie, et se sont rendus à l'Hôtel
britannique.
Les chevaux ont été débarqués un peu plus
tard sous la direction du sous-chef de manège
Laurent, de l'Ecole de.Saumur. ■ i. . ■
Pendant ce temps, la foule s'était amassée
très nombreuse devant la gare'et c'est au mi
lieu d'une quintuple haie de curieux que les
chevaux, tenus en main par les soldats fran
çais, ont été conduits au Palais du Cinquante
naire, dans les écuries duquel ils ont été
placés. '
Les officiers dont les noms suivent, bien que
restés engagés, ne prendront pas part au raid.
Ce sont : MM. llaenljens, Perret, Duval,
Abrial.
En même temps que les chevaux des officiers
concurrents a été également amenée à Cam
brai la jument baie Omnipoiens, offerte par
l'Ecole de Saumur au nom du gouvernement
français à l'officier belge arrivé premier. C'est
une jument baie de trois ans par Broksiown et
Anna achetée à M. Ridgway par le comité de
remonte.
Après avoir déjeuné à leur hôtel, les officiers
français, à trois heures et demie de l'après-midi,
se sont rendus en corps à la légation de France
où ils ont été reçus par M. jérard, ministre de
la République française.
Les officiers français devaient également
faire leur visite officielle au général Cou-
' sebant d'Alkemade, ministre de la .guerre ;
au lieutenant-général Rouen, commandant
la 4 e circonscription militaire, et au lieute
nant-général Bricoux, écuyer d'honneur du
roi, président de la commission internationale
chargée de juger les cas discutables qui pour
ront sé produire au cours de l'épreuve.
Les officiers français ont fait leurs visites en
tenue du jour. Beaucoup sont venus avec leurs
bicycléttes'dont ils se serviront peur aller re?
connaître l'itinéraire du raid ; d'autres le feront
en automobile et quelques-uns à cheval.
Le prince russe Tchaotchawadze, capitaine
au 39» dragons de Narva, est arrivé hier à
Bruxelles pour prendre part au raid. Son
cheval, un magnifique pur sang blanc, était
installé _ dans un box spécial capitonné et
organisé en véritable écurie, où la bête, qui,a
voyagé en train express, trouvait toutes ses
aises. Des crèchesd'osier,pour éviterles heurts,
faisaient office do mangeoires. Debx hamacs,
suspendus au, plafond au wagon, servaient île
lits à deux grooms, qui ont pu, douner ainsi ata
cheval tous les soins nécessaires. ' •
Cuirassier, c'est le nom dft pur sang, ï dû
trouver le voyage agréable/ En sera-t-i? de
même mercredi ?
: mi ». v ..,-— ,
Vignes dévastées par das tortues :
(Dépêche de notre correspondant)
Alger, 24 août.
Un colon-de. Jeramapes avait remarqué que
ses vignes étaient ravagées, surtout dans les
parties basses.
Il se rendit une nuit dans son. chariip pour
voir si on_ faisait bonne garde ; il entendit alors
un bruit étrange que-les gardiens attribuaient- à
des fantômes. .......
Ayant allumé un fanal, il aperçut, gravissant
un sentier qui conduit à la. rivière, une armée
de tortues au nombre de plus de deux cents qui
se dirigeaient vers la vigne et ne tardèrent pas
à S'y livrer à une vendange intempestive.
Le propriétaire a dû faire élever un murpour
protéger ses plants.
GARDE CHAMPÊTBE ÏHACOMIEB •
(Dépêche de notre correspondant)
1 , Rodez, 24 août.
• La gendarmerie du Pont-de-Salars vient de
prendre en flagrant délit de pêche, par empoi
sonnement de rivière, le garde champêtre de
cette commune. Ce peu scrupuleux agent avait
répandu dans le Viaur une quantité considé
rable de chlorure de chaux. L'eau de la rivière
en, était encore toute troublée et nombre de
poissons, morts ou mourants, gisaient dans une
grande corbeille à côté du garde champêtre et
de,deux de ses complices lorsque les gendar
mes ont apparu. Ils ont verbalisé contre les
trois délinquants. • '
Le garde champêtre a déjà reçu l'assignation
à comparaître devant le tribunal correctionnel
de Rodez.
Tué par un âne en furie
(Dépêche de notre correspondant)
. Moulins, 24 août.
Un épouvantable accident vient de se pro
duire au/village.de Fosse,.commune de Saint-
Priest-en-Murat. .
Un jeune garçon de treize ans, nommé Ri
deau, s'amusait avec un àne lorsque, devenu
subitement furieux, l'animal se précipita sur
lui et, après l'avoir terrassé, se mit à lui dévo
rer la figure et à le piétiner.
Lorsqu'on accourut, le malheureux enfant
était horriblement mutilé ; l'âne lui avait broyé
la figure avec ses mâchoires, arraché les yeux
et mis les jambes en lambeaux.
Bideau a succombé au bout de Quelques
heures.
ARMÉE ETMAEfflE
CADRE DE RESERVE
Le général de brigade Penel, inspecteur gé
néral de la télégraphie militaire, membre de là
commission mixte des travaux publics, est
placé, à dater d'hier 24 août, dans la réserve du
cadre de l'état-major général de l'armée.
L'ÉCOLE D'ADMINISTRATION MILITAIRE
Le Journal officiel a publié hier un décret
modifiant le décret du 31 juillet 1900, relatif à
l'organisation de l'école d'administration mi
litaire.
LA POSTE AUX MANŒUVRES
Le service de la trésorerie et des postes
fonctionnera cette année :
1° Du 30 août au 10 septembre, aux manœu
vres d'armée qui seront exécutées par les
16 e et 17° corps d'armée auxquels seront adjoin
tes la 4' brigade d'infanterie coloniale ainsi que
les 13° et 14° brigades de cavalerie ;
2° Du 7 au 15 septembre, aux manœuvres de
division du 13° corps d'armée.
En conséquence, du 29 août au 9 septembre,
pour les manœuvres d'armée, et du 6 au 14 sep-
terore pour les manœuvres de division du
13°:orps, les correspondances de toute nature
adrssées à des militaires prenant part à ces
mareuvres ne devront faire mention d'aucun
lieuJe destination.
Pr contre, il est indispensable que les adres
ses assent connaître, pour chacun des desti-
natares :
1 Le nom et le grade ;
2 La compagnie, ou l'escadron, ou la bat-
teri, ainsi que le bataillon et le régiment;
3 La brigade, la division ou le quartier
génral;
4-' La désignation des manœuvres.
Lt dernier jugement du Président ïïagnaud
. U vagabond- avait volé une bouteille de
« D bonnet » à la devanture d'un épicier de
Châeau-Thierry. 11 a été acquitté, le président
Maaiaud estimant, en bon juge qu'il est, que le
désïr d'absorber ce vin tonique rentre dans la
catégorie des «besoins irrésistibles», prévus par
le .fameux article sur la non responsabilité en
mtlière de vol. Les épiciers feront bien de
surveiller leurs devantures.
Le monument VHIebois-iareuil
(Dépêche de notre eivoyé spécial)
Montaigu (Vendée), 24 août.
Dans celte jolie petite vilh de Vendée, aux
maisons blanches, où vous ccnduit une magni
fique avenue bordée d'arbres séculaires, on ne
parle que du colonel de Villebois-Mareuil. Au
jourd'hui, on dit couramment : « Notre héros! »
Le vaillant officier français, qui versa son sang
en défendant la cause généreuse d'un peuple
luttant pour son indépendance, n'est pourtant,
pas né à Montaigu. C'est à Nartes qu'il naquit
en 1847. Sa famille n'est pas nca plus originaire
de ce coin de la Vendée ; elle rient d'une sei
gneurie de la Dordogne, mais 1 appartient à ce
pays, où son souvenir est précieusement gardé
par sa mère, une Vendéenne de grand cœur,
qui habite tout près d'ici, le château de Bois-
corbeau. Il était Vendéen, non seulement par
l'éducation, mais par le cœur, et c'est pourquoi
la population de Montaigu a le droit de dire,
no? sans fierté : « Notre héros !»
Aussi, à l'occasion de l'inauguration de la'
statue de bronze qui dresse vers le ciel son
épée et dont le Petit Journal a donné la repro
duction. la jolie cité vendéenne a-t-elle fait une
toilette pimpante. Partout frissonnent les trois
couleurs du drapeau français, de ce drapeau
jue le valeureux colonel aimait tant et qu'il
ivait bien su défendre, comme nous le rappe
lons hier, en 1871, près de Blois contre les
fcoupes allemandes.
• Le temps ne favorise pas cette fête patrio
tique.
lepuis le matin, tombe une pluie qui ne peut
pas cesser : cela nuira certainement à l'éclat
des cérémonies et des réjouissances populaires
qui doivent les suivre ; mais le mauvais temps
n'apas empêché l'arrivée ici, par les premiers
traiis, d'une loule considérable d'admirateurs
du îolonpi et de curieux.
A l'église
Towe cette foule n'a pu tenir dans l'église de
MonUigu où, à huit heures, une messe solen
nelle étaii célébrée.. Force était aux retarda-
tains de rester sur la place, c'est-à-dire sous la
plue qu'on bravait stoïquement.
fcgiise oiirait un spectacle impressionnant et
cuàeux.
. 'iout au fond, près du chœur, vêtue de deuil,
agtmouîllée et le front dans ses mains, pleurait
la «ère du colonel de Villebois-Mareuil, et près
d'elle, agenouillée aussi et comme abîmée dans
la douleur des souvenirs, la fille du vaillant
offiewr, mariée récemment au baron d'Yversin,
lieutenant de dragons, qui se tenait debout à
son côté- - ■
Las autres membres de la famille occupaient
les places autour d'eux. . / ... ■
Les différentes sociétés locales ou des envi
rons se groupaient autour de leurs bannières et
de leurs drapeaux, et derrière jusqu'au portail
c'étaient de rudes figures de Vendéens ou des
visages hâlés de Vendéennes portant gracieuse
ment le cayon, le bonnet bien blanc, pointu
comme un hennin, incliné en arrière, épinglé
dans les cheveux.
L'orgue et les roulements de tambour dé la
musique alternaient avec les chants liturgi
ques que des voix fraîches d'enfants accompa
gnaient, et le curé .doyen de la paroisse, M:Bur-
lureau, montant en chaire, a parlé de la foi
chez les soldats.
Une alerte
Le cortège s'est formé à l'hôtel de ville pour
se rendra,à la gare, où le préfet çt d'autres no
tabilités devaient arriver à dix heures. Un train
s'est arrêté ; la Marseillaise éclate et... le pré
fet, M. Plantié, n'était pas dans le train.
Le gouvernement l'aurait-il empêché de
venir? Non; Les-voyageurs pour Montaigu
étaient si nombreux qu'on avait dû faire dédou
bler le train à Nantes et le préfet était dans le
second. C'est égal, il y a eu quelques minutes
d'angoisse.
La réception des autorités terminée, on s'est
rendu au pied du monument recouvert d'une
toile verte, en face d'une estrade qui offrait aux
invités un abri vraiment utile. Y ont pris place:
les membres de la famille de Villebois-Mareuil,
le préfet, le maire de Montaigu ; M. Le
Cler, président du conseil général et président
du comité .du monument, le sculpteur Guéniot,
auteur de la statue dont nous avons donné la
•reproduction ; des conseillers généraux, d'ar-
rondissefnent et municipaux, etc. Tout autôîir,
les drapeaux des sociétés formaient le cercle.
Je ne parlerai pas de l'œuvre du sculpteur
Guéniot, qui est vraiment d'une belle allure
guerrière, puisque le Petit Journal l'a déjà
décrite, mais je dirai que c'est au conseil gé
néral, à l'ouverture de la session d'avril, en
1900, c'est-à-dire très peu de temps après la
mort du héros de Roshof, qu'il avait été spon
tanément décidé qu'un monument serait élevé
en-Vendée pour perpétuer le souvenir du colo- ;
nel de .Villebois-Mareuil.
L'inauguration
A voir la foule accourue aujourd'hui autour
de la statue, on sent combien ce souvenir reste
profond dans tous les cûeurs ; c'est ce qu'a
exprimé M. Le Cler, en remettant au maire de
Montaigu le moflument, que la Marseillaise a
salué, et devant qui tout le monde s'est décou
vert, quand est tombé le voile qui le cachait
auxyeux.
Très éloquemment, avec une émotion que
partageaient tous les assistants, le maire a
répondu en disant qu'aucune cité n'avait plus
regretté le colonel de Villebois-Mareuil que la
ville de Montaigu, et il a ajouté aux applau
dissements de la foule :
Devant cette statue et en ce jour qui mar
quera dans les fastes de notre cité, ne devons-
nous pas oublier ce qui nous divise? N'est-ce
pas ainsi que nous honorerons dignement celui
qui unit dans une même pensée patriotique les
hommes île tous les partis.
Tour à tour,-le préfet, le comte de Bejarry,
sénateur; MM. Bourgeois, député; de Cornulier,
conseiller général,, et le comte de Villebois-
Mareuil, conseiller d'arrondissement, ont pris la
parole et glorifié la mémoire du brave soldat qui
continue la grande lignée des héros, français,
et une magnifique couronne a été déposée de
vant la statue de celui qui, en allant combattre
les Anglais au Transvaal, s'était souvenu sans
doute que deux de ses aïeux s'étaient distingués
contre le même ennemi à la bataille de Bou-
vines.
Le ministre de la guerre ne s'était même pas
fait représenter à la cérémonie, mais en revan
che M. Pierson, ancien consul du Transvaal,
était parmi les assistants, ainsi que le comte
de Bréda, ancien officier d'état-major du colo
nel de Villebois au Transvaal.
- —_ .
f 1A FOUîlOE A L'ÉMISER 1
ESPASHC
Madrid, 23 août.
Le roi est arrivé à Saint-Sébastien à six heu
res quarante.
Le conseil des ministres n'a pas décidé de ré
tablir les garanties constitutionnelles à Bar
celone.
M. Moret a«fait ressortir la nécessité d'une loi
de sécurité publique pour éviter de recourir à
la suspension des garanties constitutionnelles et
à. la déclaration de l'état de siège.
CHINE
Shanghaï, 23 août.
Une lettre d'un évangéliste indigène confirme
la nouvelle de l'assassinat de deux mission
naires anglais à Tcheng-Tchou-Fou, dans le
Ho-Nan. Ces meurtres causent de l'inquiétude,
bien que certaines'personnes n'y voient qu'un
incident local.
11 est difficile de se renseigner à cause de
l'éloignement de la scène des crimes.
Un navire de guerre allemand se rend au
Chan-Si.
USE COBSÉflOBEEB BE1A 6BBR BE MSW
(Dépêche -de notre correspondant)
Londres, 24 août.
La guerre du Transvaal a singulièrement
atténué l'ardeur belliqueuse du peuple anglais.
Jamais les enrôlements n'ont donné un résultat
aussi pitoyable que cette année. '
Un sergent enrôleur disait, tout triste,
qu'autrefois, à pareille époque, il y avait dix
ou douze recrues par jour. Maintenant, c'est
à peine si une ou deux se présentent et encore
les candidats sont-ils des êtres:chétifs et dégé
nérés .ou .des individus sortis de la lie du
peuple.
Effectifs faibles composés de soldats déplo
rables, voilà ce que serait l'armée anglaise au
lendemain de la guerre,, si l'on s'en rapporte
aux recruteurs.
DEUX EN FANT S NOYÉS
fDépêche de notre correspondant)
Redon, 24 août.
Deux enfants du village de la Roche, près
de Pancé, les frères Auguste Jamet, âgé de huit
ans et demi, et Moïse, ■cinq ans et demi, étant à
garder des vaches non loin de la rivière le
bemnon, eurent l'idée de prendre un bain. Mal
heureusement, l'endroit choisi atteignant une
profondeur de deux mètres cinquante, les deux
enfants ne tardèrent pas à disparaître sous le
regard impuissant du jeune Hubel, qui arrivait
à ce moment. Celui-ci prévint en hâte les habi
tants du village voisin qui, après une demi-
heure de recherches, retrouvèrent les cadavres
des deux imprudents.
UN. ACCI DENT DÉMENTI
Certains Journaux du soir annonçaient, hier,
qu'un accident de chemin de fer s'était produit
dans les gorges de Dassan, près de Béziers, et
que de nombreux voyageurs avaient été blessés.
Nous"avons télégraphié aussitôt à notre corres
pondant de Béziers, qui nous a adressé' la dé
pêche suivante :
■ Béziers, 24 août, 10 h. soir.
On ne sait rien ici de l'accident de chemin
de ter qui se serait produit dans les gorges de
Dassan. On ne sait même où se trouvent ces
gorges. .
Je me suis présenté, ce soir, chez M. Godard,
ingénieur de l'exploitation en résidence à Bé
ziers. Ce haut fonctionnaire a reçu une dépêche
de l'administration centrale lui demandant des
renseignements ; mais il ne sait rien que ce
qu'on lui apprend par ce télégramme.
Quelques journaux de Paris annoncent, ce
soir, un tamponnement sur la ligne de ]Neus-
sargues.On ignorait absolument en haut lieu cet •
accident et on demande d'urgence des détails et
des renseignements sur cette nouvelle.
M. Godard s'étonne fort de ce bruit, car s'il y
avait eu un accident quelconque, il en aurait
éié le premier avisé et il doute qu'il y ait bu un
accident.
Dépôt suspect de dynamite
(Dépêche de l'Agence Havas)
Arras, 24 août.
Le commissaire de police de Liévin a dëcou«
vert, hier soir, chez un cabaretier de la ville,
quatorze cartouches de dynamite apportées ;
clandestinement par un nommé Benoit Cbabaud
qui a été arrêté. .
Au cours de la perquisition, le commissaire a
découvert dans les vêlements de Chabaud trois
détonateurs. , -
L'enquête se poursuit.
L'ACCIDENT JE GAHARD
EXPLOSION L'UNE CHAUDIÈEE
Trois morts — Quinze blessés
(Dépêche de notre correspondant/
Saint-Aubin-d'Aubignè, 24 août.
Je me suis rendu à Gahard, canton de Saint-
Aubin-d'Aubigné, où s'est produit le terrible
accident de locomobile que ]e vous ai annoncé
hier soir.
Parti de Rennes en voiture vers cinq heures
du malin, j'arrive à Gahard à neuf heures.
Dans le bourg, les cloches sonnent le glas des
morts ; le drapeau de la mairie est en berne et,
sur le seuil des portes, les habitants apparais
sent consternés.
C'est une véritable catastrophe qui s'est pro
duite, en effet, dans ce bourg qui ne compte
que 400 habitants. Il y a trois morts et quinze
blessés. Voici les faits : .
On était gaiement occupé à battre la nioisson
chez M. Brierre, dont la ferme est située sur le
bord de la route qui conduit à Vieuxvy -sur-
Couesnon et on se servait d'une locomobile ap
partenant au propriétaire de la ferme, M. Morin,
maire de Gahard.
Cette machine à vapeur avait été achetée par
lui au Mans, il y a deux ans, et c'était la pre
mière fois qu'elle servait cette année;
La chaudière était timbrée à huit kilos et le
manomètre marquait six, paraît-il, au moment
où elle a fait explosion.
La détonation fut formidable et les débris de
la machine volèrent de tous côtés.
Des débris ont été retrouvés à plus de trois
cents mètres. • .
Affreux spectacle
Le spectacle de la cour de la ferme était
épouvantable.
Les travailleurs, qui tout à l'heure de
visaient gaiement, gisaient inanimés sur. le sol
au milieu de débris de toute nature. ,
Un cadavre décapité était accroché au bord
d'un toit, privé de "ses membres; l'une de- ses
jambes a été retrouvée dans le cimetière, à plus
de quatre-vingts mètres de distance.
Le prtmier moment d'effroi passé, les moins
blessés, aidés des voisins qui étaient accourus
au bruit de, l'explosion, organisèrent les pre
miers secours. . ,
tes -vieilines
Trois personnes avaient été tuées sur le coup.
Ce sont : Michel Gilbert, âgé de trente-six ans,
cantonnier ; Francis Mauge, vingt et un ans,
maçon, et Pierre Jouland, quarante-trois ans,
cultivateur. C'est le cadavre de ce dernier quia
été décapité et projeté sur la maison ; il n'a pu,
d'ailleurs, être entièrement reconstitué,il lui,
manqué, notamment, une main et l'âvarit-bras.
Quatre personnes sont grièvement blessées
et il est à craindre que l'une d'elles, un enfant
de six ans, nommé Francis Auvray, qui a été
grièvement brûlé par la vapeur et qui a, en
outre, le crâne fracturé, ne succombe dans la
journée. ,
Les trois autres ont été conduites à l'Hôtel-
Dieu, à Rennes. Ce sont : Marie Lemarchand,
âgée de dix-huit ans, qui a les jambes fracturées ;
Francis Leverrier, cinquante et un ans, bras
gauche brisé et fracture de la hanche ; Anne-
Marie Gâvard, veuve Dairiy, cinquante-six ans,
bras gauche cassé, blessures graves au poigne!
droitet à la tête. : ,
Les autres blessés sont soignés chez eux.
Parmi ces derniers, un nommé Anatole
Martin se plaint de douleurs internes ; Mme
Delahaye, cinquante-quatre ans, a des contu
sions multiples ; Victorine Gavard, quarante-
cinq ans, une blessure à la hanche et une autre
à l'aisselle. ;
Le fermier Brierre, qui engrenait les gerbes
dans le batteur, n'a eu que des blessures légè
res; ceux qui l'aidaient ont été tués.
Les blessés ont été soignés par le docteur
Richard, de Sens, et par son frère, médecin au
Havre, en villégiature ici.
\ , . ,
L'enquête
Le parquet est, en ce moment, sur les lieux.
M. Gueydon, juge d'instruction, est accompa
gné de M. Mazeau, substitut; de M. Simonneau,
greffier, et de M. Chevreul, contrôleur des
mines.
Ces messieurs ont saisi le tube de niveau, le
tube d'alimentation et le manomètre.
Toutefois, le cadran dé ce manomètre n'a pu
être retrouvé, malgré les plus actives recher
ches.
On ignore les çauses de l'accident. Il y a lieu
d'attendre le rapport du contrôleur des mines
et les résultats de l'enquête.
F£UILLETÛN oc Petit Journal du 25 Aovt 1902
—9-
(i)
SEULE AU MORDE!
: t IV (Suite)
'Une noble infortune
♦
Le prêtre compatit à cette détresse im
méritée et mit tout en œuvre pour venir
le plus vite possible en aide à ces pauvres
femmes. Grâce à ses relations, à certaines
influences, il obtint assez rapidement la
{>lace d'orgapiste dans une église de ban-
ieue pour Mme Lev^sseur.
Quant à Marcelle, il la recommanda
chaudement dans une grande maison
d'articles religieux du quartier Saint-
Sulpice.
On donna quelques commandes à la
Jeune fille, des copies de vierges de Mu-
rillo, de saintes scène^, etc...
C'était un travail ingrat, mal rétribué,
mais enfin c'était de quoi ne pas mourir
de faim. >
Mme Levasseur et sa fille entrevoyaient
presque la. possibilité de vivre de leurs
travaux; quand une dernière épreuve, la
plus douloureuse de toutes celles qui les
Ui Traduction et reproduction interdites.
avaient frappées déjà, vint mettre le
comble à leur adversité : "
La pauvre mère,attemte d'une maladie
de consomption contre laquelle la science
se- déclara impuissante, fut obligée de
s'aliter.
Marcelle se montra alors admirable de
courage et de dévouement.
Travaillant nuit et jour, sans jamais se
plaindre ni montrer un moment de fai
blesse ou de lassitude, elle put en faisant
de véritables tours de force pourvoir à
tout.
Il fallait pour la malade des vins géné
reux, des aliments dé premier choix ; elle
les acheta en se privant sur sa propre
part de nourriture.
Elle savait, avec une habileté bien fé
minine, dissimuler à sa mère ses fatigues
et ses privations.
Ah ! qui saura jamais les trésors de
tendresse et les immolations sublimes ca
chés dans le cœur de certaines femmes,
comme dans un tabernacle inviolable !
Mystère ignoré des hommes, que les
anges seuls comprennent et admirent, en
s'inclinant !
. Hélas 1 malgré sa vaillance, Marcelle
devait fatalement être vaincue dans cette
lutte au-dessus de ses humaines forces.
Un jour, la maison pour laquelle elle
travaillait arrêta ses commandes, ayant
un stock considérable de tableaux reli
gieux en magasin.
La misère silencieuse et.digne, la pire
de toutes, était venue !
Il n'y avait plus rien à la maison, et
Marcelle était allée vainement chercher
du travail le soir où tout en flânant, le
marquis Raoul de Flerte l'avait ren
contrée.
N'ayant dans son porte-monnaie que
quelques sous, toute sa fortuné, la jeune
fille s'était trouvée dans l'obligation de
mettre au Mont-de-Piété un -des der
niers bibelots, le plus cher peut-être, qui
lui restait de son ancienne splendeur.
C'était une croix en argent, d'un travail
de ciselure 'admirable, qui lui avait été
donnée le jour de sa première commu
nion.
Mais comme le lui avait dit l'employé
préposé aux engagements, on ne prêtait
qu'au poids du métal et non sur la va
leur artistique ; on lui avait donné douze
francs!
Rentrée chez elle sans se douter qu'elle
avait été suivie, Marcelle, la mort dans
l'âme, joua devant sa mère la sinistre co
médie de la fausse espérance.
Ne fallait-il pas illusionner jusqu'au
bout, et quand même, sa chère malade?
La figure souriante, -elle lui dit, pieux
mensonge inscrit sur le grand livre de
là-haut en lettres d'or :
— Tout va bien, mère chérie, une im
portante maison qui a vu mes travaux,
m'a fait une commande, j'aimême touché
une petite avance et nous sommes sorties
d'embarras... tu peux être tranquille I
Mme Levasseur eut encore la force d'at
tirer vers elle sa fille bien-aimée et de lui
mettre un baiser sur le front.
— Pauvre chérie, murmura-t-elle fai
blement, quand je ne serai plus, qui
auras-tu pour t'aimer ?
— Quelle idée, inère ! dit la jeune fille
en refoulant ses sanglots ; nous ne nous
quitterons jamais... tu vas mieux, beau
coup mieux.. . le docteur me l'a affirmé
aujourd'hui même. .. bientôt tu seras
rétablie et nous pourrons vivre heureu
ses I....
La pauvre mère, qui ne se faisait aucune
illusion sur son état, ne voulut pas attris
ter davantage sa Marcelle bien-aimée.
t - Tu as raison, dit-elle, en s'efforçant.
elle aussi, de sourire ; ce soir je' me sens
mi'eux, beaucoup mieux... je vais me
lever pour dîner... et demain, puisque
c'est Noël, s'il ne fait pas trop mauvais
temps, nous irons ensemble à Ta messe...
— Oui, nous ferons nos fredaines, tu
achèteras des huîtres pour le déjeuner...
puisque tu as de l'argent...
La jeune fille eut sur son joli visage
ur.e expression navrée que Mme Lavas-
seur n'aperçut pas, heureusement
— La pauvre femme d'ailleurs avait
trop présumé de ses forces ; car, lorsque
Marcelle voulut l'aider à se lever, elle
manqua défaillir.
— Décidément, dit-elle, je crois qu'il
sera plus sage de ne pas trop me fatiguer
ce soir pour être vaillante demain... je
n'ii pas faim... je voudrais pouvoir
dormir... donne-moi ma potion?) ma
chérie.
La jeune fille fit prendre à sa mère une
potion soporative prescrite par le méde
cin, et qui ne tarda pas à produire son
effet.
Quand Marcelle vit sa mère reposer,
très calme, et si blanche sur ses oreillers
qu'on aurait dit une morte, elle ne put re
tenir plus longtemps ses sanglots.
— Pleurer enfin la soulageait, luifaisait
du bien ; les larmes qui ne coulent pas
sont les pjus douloureuses !
Mais plusieurs coups frappés discrète
ment à la porte d'entrée vinrent arracher,
pour un instant, la jeune fille à son
chagrin.
Elle s'essuya vivement les yeux et alla
ouvrir.
— C'est moi, ma chère demoiselle,
dit une voix compatissante qui n'était
autre que celle de Mme Anaïs Pépin, la
concierge.
Comment va notre pauvre malade
ce soir ?
— Elle dort, dit Marcelle en faisant
entrer la visiteuse dans la petite pièce
qui servait à la fois de salon et de salle à
manger.
— J'«ai mis aujourd'hui le pot-au-feu,
dit Mme Pépin, en posant sur la table une
boite au lait'd'où s'échappait cet arôme
exquis que le jeune marquis de Flerte
avait pu apprécier dans la loge, il n'y
avait qu'un moment...
— Que vous êtes bonne, dit la jeune
fille, et comment vousremercierdetoutes
vos attentions !
— Ne parlons pas de ça, ma chère de
moiselle, on n'est pas des païens pour ne
pas s'aider les uns les autres... Un bon
bouillon ça ne peut faire que du bien
à la maman et à vous aussi, car vous
avez perdu vos jolies couleurs depuis
quelque temps.
— Oh ! moi, je ne compte pas, dit Mar
celle en hochant tristement la tête, c'est
ma mère que je veux sauver, car sans elle
que m'importe d.e-vivre !
— Mais vous Vivrez toutes les deux et
vous serez heureuses, c'est moi qui vous
le dis... Ah ! l'on a bien vite fait d'oublier
les mauvais jours...
— Que Dieu vous entende I
Mme Pépin à ce moment était très
perplexe.
Elle n'aurait pas mérité le poste de
concierge, si elle n'avait été un tantinet
bavarde.
Elle brûlait d'envie de raconter à la
jeune fille la visite qu'elle venait d'avoir.
Quelle aubaine pour la brave femme
d'être mêlée à ce petitroman qui commen
çait d'une façon aussi mystérieuse 1
Mais Marcelle, sans être ftère, n'en
courageait pas la familiarité.
Elle en imposait, non seulement par
la dignité de sa vie, mais encore parle
grand air de noblesse qui émanait de
toute sa personne; et qui faisait dire
souvent à Mme Pépin, en son admiration
naïve :
— Mlle Levasseur doit être la fille d'un ,
prince, déguisée en bourgeoise. ■
La bonne grosse femme restait donc
très perplexe, entre son désir de commé
rages et la crainte qu'elle avait de blesser
la jeune fille, lorsqu'elle se souvint tout
à coup fort à. propos, qu'elle avait une
proposition à faire à sa jolie locataire. .
— Mon Dieu ! comme je suis distraite,
dit-elle, j'allais oublier le principal; je
savais bien que j'avais quelque chose à
vous demander, mais par moments, j'ai
comme ça des absences, c'est depuis la
mort de mon défunt mari, le chagrin nous
comprenez?
J ean d 'ALËKIA.
(La suite à demain.)
L& Petit J
S5 Août r 1902
LES GRANDES MANŒUVRES
. DE C ORPS D'A RMÉE
(Dépêche de notre correspondant}
i ' Toulouse, 24 août
î Le généralissime Brugère arrivera à
Toulouse le 29 août', pour les manœuvres
de corps d'armée ; il établira son quartier
fénéral, les 1 er , 2, 3 et A septembre, à
illefranche-de-Lauragais, les 5, 6 et
7 septembre, à Baziège.
VOL DE DIX MILLE FRANCS
(Dépêche de ■noire correspondant)
Saint-Etienne, 24 août.
Un' vol dont le montant s'élève à
<0,000 francs a été'commis, cette nuit,
au préjudice de M. Courtial, horloger,
jrue Gambetta.
Les auteurs du vol sont inconnus.
DANGEREUX CAMBRIOLEURS
(Dépêihè de notre correspondantJ
.. Marseille, 24 août.
JHier soir, au hameau, de Montolivet,
(Six agents cycliste§, sous la conduite du
brigadier Moulet, aperçurent plusieurs
malfaiteurs qui tentaient l'escalade de la
maison de M. Dubois, premièr adjoint,
qui remplace, actuellement le maire
absent.'
Au moment où les agents s'appro
chaient des 7 cambrioleurs, ceux-ci les re
çurent à coupe do fusil
Le brigadier Moulet fut atteint à
l'avaiit-bras droit. Les agents ripostèrent
à coups de revolver.
M. Dubois et ses domestiques, réveilles
par les coups de feu, s'empressèrent de
prêter main-forte aux agents pour arrê
ter les malfaiteurs, dont l'un Baptistin
Reboul, avait été atteint d'une balle au
côté gauche de la poitrine.
Six malandrins furent arrêtés ; ce sont
tous des mauvais sujets qui ont déjà eu
affaire à là "justice.
TRAGIQUE PARTIE DE PÊCHE
(Dépêche de notre correspondant)
Marseille, 24 août.
Deux séminaristes bordelais, Louis Du-
8os et Jean Tardieu, de passage à Mar
seille, se rendant en Corse pour pasSer
leurs vacances, projetaient, ce matin,
d'aller faire une partie de pêche ; ils
louèrent une bette et se rendirent du
côté de Mourepiane.
Ballottée par un vent assez violent,
l'embarcation ne tarda pas à chavirer.
Tardieu, âgé de dix-huit ans, qui ne
savait pas nager, coula à pic. Son cama
rade put se maintenir au bordage du
canot; il fut aperçu par dès pêcheurs de
Carry, qui se portèrent à son secours et
le ramenèrent sain et sauf à Niolon.
Le corps de Tardieun'apasété.retrouvé.
INAUGURATION D'UNE STATION
DE SAUVETAGE
(Dépêche de notre correspondant)
Ploudalmezeau (Finistère), 24 août.
Ce matin a eii lieu, sous la présidence
de Mgr Dubillard, évêque de Quimper,
l'inauguration de la station de sauvetage
de Portsall-Kersaint, récemment créée sur
ce point de la côte bretonne, où partout
on ne rencontre que des récifs. Tous, les
ans, de nombreux navires viennent s'y
perdre. Le dernier qui a sombré dans ces
parages est le vapeur Xeon, de Brest.
Une foule nombreuse, venue de Brest
et des environs, remplissait le petitbourg
de Portsall.
A huit heures et demie, Mgr Dubillard
a dit la messe à la chapelle de Portsall ;
le cortège s'est ensuite formé et s'est
rendu à l'abri du canot de sauvetage, où
a été donnée la bénédiction.
Mgr Dubillard a prononcé une al
locution où il a tracé la tâche du sau
veteur et a fait avec éloquence l'éloge du
marin breton.
La musique de la Brestoise s'est fait
ensuite entendre ; à dix heures et demie
le cortège s'est reformé et s'est rendu à
la pointe de Becallan, où l'évêque de
Quimper a bénit les flots.
A onze heures, un grand banquet a
réuni de nombreux invités.
AÉRONAUTE TOMBÉ A LA MER
/Dépêche de notre correspondant)
Dunkerque, 24 août.
Un ballon, YAlcor, monté par l'aéro-
naute Hervieux, est tombé dans la mer à
quelques milles des bancs.
Le remorqueur Dunkerquois, qui s'est
lancé à sa poursuite, a recueilli l'aéro-
naute et l'a ramené avec son ballon.
LES MINEURS DE LA LOIRE
{Dépêche de l'Agence Savas)
Saint-Etienne, 24 àoût.
La Fédération des mineurs de la Loire, réunie
ce soii$ a entendu M. Cotte, secrétaire de la
Fédération nationale, convoqué personnelle
ment à cette réunion.
M, Coite a représenté, qu'à son avis, tout mou
vement de grève partielle n'amènerait aucun ré
sultat; et qu'en tout cas, il était du devoir.des
mineurs de la Loire de ne prendre aucune ini
tiative, avant d'avoir consulté, le 24 septembre
prochain, le congrès, de Commentry, dont la
convocation anticipée fut refusée par la Fédé
ration du Sud, du Centre et du Pas-de-Calais.
,;La réunion a décidé de tenter auprès du
comité fédéral national une nouvelle démarche
afin de le décider à devancer la date du congrès
de Commentry, et une lettre dans ce sens a été
écrite à plusieurs membres du comité na
tional. ;
Incendia à bord d'un vapeur
(Dépêche de notre correspondant)
La Rochelle, 24 août.
Ce matin, à trois heures, un incendie s'est
déclaré à bord du vapeur Hirondelle, de
Rayonne, en réparation sur le gril de notre
port ; il a été éteint par les matelots de
l'équipage.
Les dégâts n'ont pu être encore évalués.
Une bougie laissée, dit-on, allumée par les
ouvriers chargés de la réparation aurait com
muniqué le feu aux boiseries d'une chambre.
- ■ . .1 ' i ■ i m
Explosion chez un artificier
(Dépêche de notre correspondant)
Rome , 24 août.
A Manfredonia, pendant qu'on préparait les
feux d'artifice pour la fête du patron du pays,
une terrible explosion s'est produite. L'artificier,
M. Gelsomino, et un de ses fils ont été tués.
Trois autres fils, qui travaillaient dans la fabri
que, ont été très grièvement blessés. Leur état
est désespéré.
LE BMP BR UXELLE S-OSTENDE
(Dépêche de notre correspondant)
, ,— ... Bruxelles, 24 août,. .
Le train spécial amenant de Cambrai les of
ficiers français ainsi que leurs chevaux, qui
doivent participer au raid d'Ostende, bien qu'at
tendu à midi, est entré à 11 heures 23 en gare
du Midi.
Un grand nombre d'officiers de la garnison
de Bruxelles étaient allés attendre sur le quai
de la gare leurs camarades français, à qui ils
ont fait une ovation chaleureuse.
On a fraternisé, puis les officiers français, qui
étaient en tenue bourgeoise, ont pris place dans
trois breaks conduits par des soldats des guides
et de l'artillerie, et se sont rendus à l'Hôtel
britannique.
Les chevaux ont été débarqués un peu plus
tard sous la direction du sous-chef de manège
Laurent, de l'Ecole de.Saumur. ■ i. . ■
Pendant ce temps, la foule s'était amassée
très nombreuse devant la gare'et c'est au mi
lieu d'une quintuple haie de curieux que les
chevaux, tenus en main par les soldats fran
çais, ont été conduits au Palais du Cinquante
naire, dans les écuries duquel ils ont été
placés. '
Les officiers dont les noms suivent, bien que
restés engagés, ne prendront pas part au raid.
Ce sont : MM. llaenljens, Perret, Duval,
Abrial.
En même temps que les chevaux des officiers
concurrents a été également amenée à Cam
brai la jument baie Omnipoiens, offerte par
l'Ecole de Saumur au nom du gouvernement
français à l'officier belge arrivé premier. C'est
une jument baie de trois ans par Broksiown et
Anna achetée à M. Ridgway par le comité de
remonte.
Après avoir déjeuné à leur hôtel, les officiers
français, à trois heures et demie de l'après-midi,
se sont rendus en corps à la légation de France
où ils ont été reçus par M. jérard, ministre de
la République française.
Les officiers français devaient également
faire leur visite officielle au général Cou-
' sebant d'Alkemade, ministre de la .guerre ;
au lieutenant-général Rouen, commandant
la 4 e circonscription militaire, et au lieute
nant-général Bricoux, écuyer d'honneur du
roi, président de la commission internationale
chargée de juger les cas discutables qui pour
ront sé produire au cours de l'épreuve.
Les officiers français ont fait leurs visites en
tenue du jour. Beaucoup sont venus avec leurs
bicycléttes'dont ils se serviront peur aller re?
connaître l'itinéraire du raid ; d'autres le feront
en automobile et quelques-uns à cheval.
Le prince russe Tchaotchawadze, capitaine
au 39» dragons de Narva, est arrivé hier à
Bruxelles pour prendre part au raid. Son
cheval, un magnifique pur sang blanc, était
installé _ dans un box spécial capitonné et
organisé en véritable écurie, où la bête, qui,a
voyagé en train express, trouvait toutes ses
aises. Des crèchesd'osier,pour éviterles heurts,
faisaient office do mangeoires. Debx hamacs,
suspendus au, plafond au wagon, servaient île
lits à deux grooms, qui ont pu, douner ainsi ata
cheval tous les soins nécessaires. ' •
Cuirassier, c'est le nom dft pur sang, ï dû
trouver le voyage agréable/ En sera-t-i? de
même mercredi ?
: mi ». v ..,-— ,
Vignes dévastées par das tortues :
(Dépêche de notre correspondant)
Alger, 24 août.
Un colon-de. Jeramapes avait remarqué que
ses vignes étaient ravagées, surtout dans les
parties basses.
Il se rendit une nuit dans son. chariip pour
voir si on_ faisait bonne garde ; il entendit alors
un bruit étrange que-les gardiens attribuaient- à
des fantômes. .......
Ayant allumé un fanal, il aperçut, gravissant
un sentier qui conduit à la. rivière, une armée
de tortues au nombre de plus de deux cents qui
se dirigeaient vers la vigne et ne tardèrent pas
à S'y livrer à une vendange intempestive.
Le propriétaire a dû faire élever un murpour
protéger ses plants.
GARDE CHAMPÊTBE ÏHACOMIEB •
(Dépêche de notre correspondant)
1 , Rodez, 24 août.
• La gendarmerie du Pont-de-Salars vient de
prendre en flagrant délit de pêche, par empoi
sonnement de rivière, le garde champêtre de
cette commune. Ce peu scrupuleux agent avait
répandu dans le Viaur une quantité considé
rable de chlorure de chaux. L'eau de la rivière
en, était encore toute troublée et nombre de
poissons, morts ou mourants, gisaient dans une
grande corbeille à côté du garde champêtre et
de,deux de ses complices lorsque les gendar
mes ont apparu. Ils ont verbalisé contre les
trois délinquants. • '
Le garde champêtre a déjà reçu l'assignation
à comparaître devant le tribunal correctionnel
de Rodez.
Tué par un âne en furie
(Dépêche de notre correspondant)
. Moulins, 24 août.
Un épouvantable accident vient de se pro
duire au/village.de Fosse,.commune de Saint-
Priest-en-Murat. .
Un jeune garçon de treize ans, nommé Ri
deau, s'amusait avec un àne lorsque, devenu
subitement furieux, l'animal se précipita sur
lui et, après l'avoir terrassé, se mit à lui dévo
rer la figure et à le piétiner.
Lorsqu'on accourut, le malheureux enfant
était horriblement mutilé ; l'âne lui avait broyé
la figure avec ses mâchoires, arraché les yeux
et mis les jambes en lambeaux.
Bideau a succombé au bout de Quelques
heures.
ARMÉE ETMAEfflE
CADRE DE RESERVE
Le général de brigade Penel, inspecteur gé
néral de la télégraphie militaire, membre de là
commission mixte des travaux publics, est
placé, à dater d'hier 24 août, dans la réserve du
cadre de l'état-major général de l'armée.
L'ÉCOLE D'ADMINISTRATION MILITAIRE
Le Journal officiel a publié hier un décret
modifiant le décret du 31 juillet 1900, relatif à
l'organisation de l'école d'administration mi
litaire.
LA POSTE AUX MANŒUVRES
Le service de la trésorerie et des postes
fonctionnera cette année :
1° Du 30 août au 10 septembre, aux manœu
vres d'armée qui seront exécutées par les
16 e et 17° corps d'armée auxquels seront adjoin
tes la 4' brigade d'infanterie coloniale ainsi que
les 13° et 14° brigades de cavalerie ;
2° Du 7 au 15 septembre, aux manœuvres de
division du 13° corps d'armée.
En conséquence, du 29 août au 9 septembre,
pour les manœuvres d'armée, et du 6 au 14 sep-
terore pour les manœuvres de division du
13°:orps, les correspondances de toute nature
adrssées à des militaires prenant part à ces
mareuvres ne devront faire mention d'aucun
lieuJe destination.
Pr contre, il est indispensable que les adres
ses assent connaître, pour chacun des desti-
natares :
1 Le nom et le grade ;
2 La compagnie, ou l'escadron, ou la bat-
teri, ainsi que le bataillon et le régiment;
3 La brigade, la division ou le quartier
génral;
4-' La désignation des manœuvres.
Lt dernier jugement du Président ïïagnaud
. U vagabond- avait volé une bouteille de
« D bonnet » à la devanture d'un épicier de
Châeau-Thierry. 11 a été acquitté, le président
Maaiaud estimant, en bon juge qu'il est, que le
désïr d'absorber ce vin tonique rentre dans la
catégorie des «besoins irrésistibles», prévus par
le .fameux article sur la non responsabilité en
mtlière de vol. Les épiciers feront bien de
surveiller leurs devantures.
Le monument VHIebois-iareuil
(Dépêche de notre eivoyé spécial)
Montaigu (Vendée), 24 août.
Dans celte jolie petite vilh de Vendée, aux
maisons blanches, où vous ccnduit une magni
fique avenue bordée d'arbres séculaires, on ne
parle que du colonel de Villebois-Mareuil. Au
jourd'hui, on dit couramment : « Notre héros! »
Le vaillant officier français, qui versa son sang
en défendant la cause généreuse d'un peuple
luttant pour son indépendance, n'est pourtant,
pas né à Montaigu. C'est à Nartes qu'il naquit
en 1847. Sa famille n'est pas nca plus originaire
de ce coin de la Vendée ; elle rient d'une sei
gneurie de la Dordogne, mais 1 appartient à ce
pays, où son souvenir est précieusement gardé
par sa mère, une Vendéenne de grand cœur,
qui habite tout près d'ici, le château de Bois-
corbeau. Il était Vendéen, non seulement par
l'éducation, mais par le cœur, et c'est pourquoi
la population de Montaigu a le droit de dire,
no? sans fierté : « Notre héros !»
Aussi, à l'occasion de l'inauguration de la'
statue de bronze qui dresse vers le ciel son
épée et dont le Petit Journal a donné la repro
duction. la jolie cité vendéenne a-t-elle fait une
toilette pimpante. Partout frissonnent les trois
couleurs du drapeau français, de ce drapeau
jue le valeureux colonel aimait tant et qu'il
ivait bien su défendre, comme nous le rappe
lons hier, en 1871, près de Blois contre les
fcoupes allemandes.
• Le temps ne favorise pas cette fête patrio
tique.
lepuis le matin, tombe une pluie qui ne peut
pas cesser : cela nuira certainement à l'éclat
des cérémonies et des réjouissances populaires
qui doivent les suivre ; mais le mauvais temps
n'apas empêché l'arrivée ici, par les premiers
traiis, d'une loule considérable d'admirateurs
du îolonpi et de curieux.
A l'église
Towe cette foule n'a pu tenir dans l'église de
MonUigu où, à huit heures, une messe solen
nelle étaii célébrée.. Force était aux retarda-
tains de rester sur la place, c'est-à-dire sous la
plue qu'on bravait stoïquement.
fcgiise oiirait un spectacle impressionnant et
cuàeux.
. 'iout au fond, près du chœur, vêtue de deuil,
agtmouîllée et le front dans ses mains, pleurait
la «ère du colonel de Villebois-Mareuil, et près
d'elle, agenouillée aussi et comme abîmée dans
la douleur des souvenirs, la fille du vaillant
offiewr, mariée récemment au baron d'Yversin,
lieutenant de dragons, qui se tenait debout à
son côté- - ■
Las autres membres de la famille occupaient
les places autour d'eux. . / ... ■
Les différentes sociétés locales ou des envi
rons se groupaient autour de leurs bannières et
de leurs drapeaux, et derrière jusqu'au portail
c'étaient de rudes figures de Vendéens ou des
visages hâlés de Vendéennes portant gracieuse
ment le cayon, le bonnet bien blanc, pointu
comme un hennin, incliné en arrière, épinglé
dans les cheveux.
L'orgue et les roulements de tambour dé la
musique alternaient avec les chants liturgi
ques que des voix fraîches d'enfants accompa
gnaient, et le curé .doyen de la paroisse, M:Bur-
lureau, montant en chaire, a parlé de la foi
chez les soldats.
Une alerte
Le cortège s'est formé à l'hôtel de ville pour
se rendra,à la gare, où le préfet çt d'autres no
tabilités devaient arriver à dix heures. Un train
s'est arrêté ; la Marseillaise éclate et... le pré
fet, M. Plantié, n'était pas dans le train.
Le gouvernement l'aurait-il empêché de
venir? Non; Les-voyageurs pour Montaigu
étaient si nombreux qu'on avait dû faire dédou
bler le train à Nantes et le préfet était dans le
second. C'est égal, il y a eu quelques minutes
d'angoisse.
La réception des autorités terminée, on s'est
rendu au pied du monument recouvert d'une
toile verte, en face d'une estrade qui offrait aux
invités un abri vraiment utile. Y ont pris place:
les membres de la famille de Villebois-Mareuil,
le préfet, le maire de Montaigu ; M. Le
Cler, président du conseil général et président
du comité .du monument, le sculpteur Guéniot,
auteur de la statue dont nous avons donné la
•reproduction ; des conseillers généraux, d'ar-
rondissefnent et municipaux, etc. Tout autôîir,
les drapeaux des sociétés formaient le cercle.
Je ne parlerai pas de l'œuvre du sculpteur
Guéniot, qui est vraiment d'une belle allure
guerrière, puisque le Petit Journal l'a déjà
décrite, mais je dirai que c'est au conseil gé
néral, à l'ouverture de la session d'avril, en
1900, c'est-à-dire très peu de temps après la
mort du héros de Roshof, qu'il avait été spon
tanément décidé qu'un monument serait élevé
en-Vendée pour perpétuer le souvenir du colo- ;
nel de .Villebois-Mareuil.
L'inauguration
A voir la foule accourue aujourd'hui autour
de la statue, on sent combien ce souvenir reste
profond dans tous les cûeurs ; c'est ce qu'a
exprimé M. Le Cler, en remettant au maire de
Montaigu le moflument, que la Marseillaise a
salué, et devant qui tout le monde s'est décou
vert, quand est tombé le voile qui le cachait
auxyeux.
Très éloquemment, avec une émotion que
partageaient tous les assistants, le maire a
répondu en disant qu'aucune cité n'avait plus
regretté le colonel de Villebois-Mareuil que la
ville de Montaigu, et il a ajouté aux applau
dissements de la foule :
Devant cette statue et en ce jour qui mar
quera dans les fastes de notre cité, ne devons-
nous pas oublier ce qui nous divise? N'est-ce
pas ainsi que nous honorerons dignement celui
qui unit dans une même pensée patriotique les
hommes île tous les partis.
Tour à tour,-le préfet, le comte de Bejarry,
sénateur; MM. Bourgeois, député; de Cornulier,
conseiller général,, et le comte de Villebois-
Mareuil, conseiller d'arrondissement, ont pris la
parole et glorifié la mémoire du brave soldat qui
continue la grande lignée des héros, français,
et une magnifique couronne a été déposée de
vant la statue de celui qui, en allant combattre
les Anglais au Transvaal, s'était souvenu sans
doute que deux de ses aïeux s'étaient distingués
contre le même ennemi à la bataille de Bou-
vines.
Le ministre de la guerre ne s'était même pas
fait représenter à la cérémonie, mais en revan
che M. Pierson, ancien consul du Transvaal,
était parmi les assistants, ainsi que le comte
de Bréda, ancien officier d'état-major du colo
nel de Villebois au Transvaal.
- —_ .
f 1A FOUîlOE A L'ÉMISER 1
ESPASHC
Madrid, 23 août.
Le roi est arrivé à Saint-Sébastien à six heu
res quarante.
Le conseil des ministres n'a pas décidé de ré
tablir les garanties constitutionnelles à Bar
celone.
M. Moret a«fait ressortir la nécessité d'une loi
de sécurité publique pour éviter de recourir à
la suspension des garanties constitutionnelles et
à. la déclaration de l'état de siège.
CHINE
Shanghaï, 23 août.
Une lettre d'un évangéliste indigène confirme
la nouvelle de l'assassinat de deux mission
naires anglais à Tcheng-Tchou-Fou, dans le
Ho-Nan. Ces meurtres causent de l'inquiétude,
bien que certaines'personnes n'y voient qu'un
incident local.
11 est difficile de se renseigner à cause de
l'éloignement de la scène des crimes.
Un navire de guerre allemand se rend au
Chan-Si.
USE COBSÉflOBEEB BE1A 6BBR BE MSW
(Dépêche -de notre correspondant)
Londres, 24 août.
La guerre du Transvaal a singulièrement
atténué l'ardeur belliqueuse du peuple anglais.
Jamais les enrôlements n'ont donné un résultat
aussi pitoyable que cette année. '
Un sergent enrôleur disait, tout triste,
qu'autrefois, à pareille époque, il y avait dix
ou douze recrues par jour. Maintenant, c'est
à peine si une ou deux se présentent et encore
les candidats sont-ils des êtres:chétifs et dégé
nérés .ou .des individus sortis de la lie du
peuple.
Effectifs faibles composés de soldats déplo
rables, voilà ce que serait l'armée anglaise au
lendemain de la guerre,, si l'on s'en rapporte
aux recruteurs.
DEUX EN FANT S NOYÉS
fDépêche de notre correspondant)
Redon, 24 août.
Deux enfants du village de la Roche, près
de Pancé, les frères Auguste Jamet, âgé de huit
ans et demi, et Moïse, ■cinq ans et demi, étant à
garder des vaches non loin de la rivière le
bemnon, eurent l'idée de prendre un bain. Mal
heureusement, l'endroit choisi atteignant une
profondeur de deux mètres cinquante, les deux
enfants ne tardèrent pas à disparaître sous le
regard impuissant du jeune Hubel, qui arrivait
à ce moment. Celui-ci prévint en hâte les habi
tants du village voisin qui, après une demi-
heure de recherches, retrouvèrent les cadavres
des deux imprudents.
UN. ACCI DENT DÉMENTI
Certains Journaux du soir annonçaient, hier,
qu'un accident de chemin de fer s'était produit
dans les gorges de Dassan, près de Béziers, et
que de nombreux voyageurs avaient été blessés.
Nous"avons télégraphié aussitôt à notre corres
pondant de Béziers, qui nous a adressé' la dé
pêche suivante :
■ Béziers, 24 août, 10 h. soir.
On ne sait rien ici de l'accident de chemin
de ter qui se serait produit dans les gorges de
Dassan. On ne sait même où se trouvent ces
gorges. .
Je me suis présenté, ce soir, chez M. Godard,
ingénieur de l'exploitation en résidence à Bé
ziers. Ce haut fonctionnaire a reçu une dépêche
de l'administration centrale lui demandant des
renseignements ; mais il ne sait rien que ce
qu'on lui apprend par ce télégramme.
Quelques journaux de Paris annoncent, ce
soir, un tamponnement sur la ligne de ]Neus-
sargues.On ignorait absolument en haut lieu cet •
accident et on demande d'urgence des détails et
des renseignements sur cette nouvelle.
M. Godard s'étonne fort de ce bruit, car s'il y
avait eu un accident quelconque, il en aurait
éié le premier avisé et il doute qu'il y ait bu un
accident.
Dépôt suspect de dynamite
(Dépêche de l'Agence Havas)
Arras, 24 août.
Le commissaire de police de Liévin a dëcou«
vert, hier soir, chez un cabaretier de la ville,
quatorze cartouches de dynamite apportées ;
clandestinement par un nommé Benoit Cbabaud
qui a été arrêté. .
Au cours de la perquisition, le commissaire a
découvert dans les vêlements de Chabaud trois
détonateurs. , -
L'enquête se poursuit.
L'ACCIDENT JE GAHARD
EXPLOSION L'UNE CHAUDIÈEE
Trois morts — Quinze blessés
(Dépêche de notre correspondant/
Saint-Aubin-d'Aubignè, 24 août.
Je me suis rendu à Gahard, canton de Saint-
Aubin-d'Aubigné, où s'est produit le terrible
accident de locomobile que ]e vous ai annoncé
hier soir.
Parti de Rennes en voiture vers cinq heures
du malin, j'arrive à Gahard à neuf heures.
Dans le bourg, les cloches sonnent le glas des
morts ; le drapeau de la mairie est en berne et,
sur le seuil des portes, les habitants apparais
sent consternés.
C'est une véritable catastrophe qui s'est pro
duite, en effet, dans ce bourg qui ne compte
que 400 habitants. Il y a trois morts et quinze
blessés. Voici les faits : .
On était gaiement occupé à battre la nioisson
chez M. Brierre, dont la ferme est située sur le
bord de la route qui conduit à Vieuxvy -sur-
Couesnon et on se servait d'une locomobile ap
partenant au propriétaire de la ferme, M. Morin,
maire de Gahard.
Cette machine à vapeur avait été achetée par
lui au Mans, il y a deux ans, et c'était la pre
mière fois qu'elle servait cette année;
La chaudière était timbrée à huit kilos et le
manomètre marquait six, paraît-il, au moment
où elle a fait explosion.
La détonation fut formidable et les débris de
la machine volèrent de tous côtés.
Des débris ont été retrouvés à plus de trois
cents mètres. • .
Affreux spectacle
Le spectacle de la cour de la ferme était
épouvantable.
Les travailleurs, qui tout à l'heure de
visaient gaiement, gisaient inanimés sur. le sol
au milieu de débris de toute nature. ,
Un cadavre décapité était accroché au bord
d'un toit, privé de "ses membres; l'une de- ses
jambes a été retrouvée dans le cimetière, à plus
de quatre-vingts mètres de distance.
Le prtmier moment d'effroi passé, les moins
blessés, aidés des voisins qui étaient accourus
au bruit de, l'explosion, organisèrent les pre
miers secours. . ,
tes -vieilines
Trois personnes avaient été tuées sur le coup.
Ce sont : Michel Gilbert, âgé de trente-six ans,
cantonnier ; Francis Mauge, vingt et un ans,
maçon, et Pierre Jouland, quarante-trois ans,
cultivateur. C'est le cadavre de ce dernier quia
été décapité et projeté sur la maison ; il n'a pu,
d'ailleurs, être entièrement reconstitué,il lui,
manqué, notamment, une main et l'âvarit-bras.
Quatre personnes sont grièvement blessées
et il est à craindre que l'une d'elles, un enfant
de six ans, nommé Francis Auvray, qui a été
grièvement brûlé par la vapeur et qui a, en
outre, le crâne fracturé, ne succombe dans la
journée. ,
Les trois autres ont été conduites à l'Hôtel-
Dieu, à Rennes. Ce sont : Marie Lemarchand,
âgée de dix-huit ans, qui a les jambes fracturées ;
Francis Leverrier, cinquante et un ans, bras
gauche brisé et fracture de la hanche ; Anne-
Marie Gâvard, veuve Dairiy, cinquante-six ans,
bras gauche cassé, blessures graves au poigne!
droitet à la tête. : ,
Les autres blessés sont soignés chez eux.
Parmi ces derniers, un nommé Anatole
Martin se plaint de douleurs internes ; Mme
Delahaye, cinquante-quatre ans, a des contu
sions multiples ; Victorine Gavard, quarante-
cinq ans, une blessure à la hanche et une autre
à l'aisselle. ;
Le fermier Brierre, qui engrenait les gerbes
dans le batteur, n'a eu que des blessures légè
res; ceux qui l'aidaient ont été tués.
Les blessés ont été soignés par le docteur
Richard, de Sens, et par son frère, médecin au
Havre, en villégiature ici.
\ , . ,
L'enquête
Le parquet est, en ce moment, sur les lieux.
M. Gueydon, juge d'instruction, est accompa
gné de M. Mazeau, substitut; de M. Simonneau,
greffier, et de M. Chevreul, contrôleur des
mines.
Ces messieurs ont saisi le tube de niveau, le
tube d'alimentation et le manomètre.
Toutefois, le cadran dé ce manomètre n'a pu
être retrouvé, malgré les plus actives recher
ches.
On ignore les çauses de l'accident. Il y a lieu
d'attendre le rapport du contrôleur des mines
et les résultats de l'enquête.
F£UILLETÛN oc Petit Journal du 25 Aovt 1902
—9-
(i)
SEULE AU MORDE!
: t IV (Suite)
'Une noble infortune
♦
Le prêtre compatit à cette détresse im
méritée et mit tout en œuvre pour venir
le plus vite possible en aide à ces pauvres
femmes. Grâce à ses relations, à certaines
influences, il obtint assez rapidement la
{>lace d'orgapiste dans une église de ban-
ieue pour Mme Lev^sseur.
Quant à Marcelle, il la recommanda
chaudement dans une grande maison
d'articles religieux du quartier Saint-
Sulpice.
On donna quelques commandes à la
Jeune fille, des copies de vierges de Mu-
rillo, de saintes scène^, etc...
C'était un travail ingrat, mal rétribué,
mais enfin c'était de quoi ne pas mourir
de faim. >
Mme Levasseur et sa fille entrevoyaient
presque la. possibilité de vivre de leurs
travaux; quand une dernière épreuve, la
plus douloureuse de toutes celles qui les
Ui Traduction et reproduction interdites.
avaient frappées déjà, vint mettre le
comble à leur adversité : "
La pauvre mère,attemte d'une maladie
de consomption contre laquelle la science
se- déclara impuissante, fut obligée de
s'aliter.
Marcelle se montra alors admirable de
courage et de dévouement.
Travaillant nuit et jour, sans jamais se
plaindre ni montrer un moment de fai
blesse ou de lassitude, elle put en faisant
de véritables tours de force pourvoir à
tout.
Il fallait pour la malade des vins géné
reux, des aliments dé premier choix ; elle
les acheta en se privant sur sa propre
part de nourriture.
Elle savait, avec une habileté bien fé
minine, dissimuler à sa mère ses fatigues
et ses privations.
Ah ! qui saura jamais les trésors de
tendresse et les immolations sublimes ca
chés dans le cœur de certaines femmes,
comme dans un tabernacle inviolable !
Mystère ignoré des hommes, que les
anges seuls comprennent et admirent, en
s'inclinant !
. Hélas 1 malgré sa vaillance, Marcelle
devait fatalement être vaincue dans cette
lutte au-dessus de ses humaines forces.
Un jour, la maison pour laquelle elle
travaillait arrêta ses commandes, ayant
un stock considérable de tableaux reli
gieux en magasin.
La misère silencieuse et.digne, la pire
de toutes, était venue !
Il n'y avait plus rien à la maison, et
Marcelle était allée vainement chercher
du travail le soir où tout en flânant, le
marquis Raoul de Flerte l'avait ren
contrée.
N'ayant dans son porte-monnaie que
quelques sous, toute sa fortuné, la jeune
fille s'était trouvée dans l'obligation de
mettre au Mont-de-Piété un -des der
niers bibelots, le plus cher peut-être, qui
lui restait de son ancienne splendeur.
C'était une croix en argent, d'un travail
de ciselure 'admirable, qui lui avait été
donnée le jour de sa première commu
nion.
Mais comme le lui avait dit l'employé
préposé aux engagements, on ne prêtait
qu'au poids du métal et non sur la va
leur artistique ; on lui avait donné douze
francs!
Rentrée chez elle sans se douter qu'elle
avait été suivie, Marcelle, la mort dans
l'âme, joua devant sa mère la sinistre co
médie de la fausse espérance.
Ne fallait-il pas illusionner jusqu'au
bout, et quand même, sa chère malade?
La figure souriante, -elle lui dit, pieux
mensonge inscrit sur le grand livre de
là-haut en lettres d'or :
— Tout va bien, mère chérie, une im
portante maison qui a vu mes travaux,
m'a fait une commande, j'aimême touché
une petite avance et nous sommes sorties
d'embarras... tu peux être tranquille I
Mme Levasseur eut encore la force d'at
tirer vers elle sa fille bien-aimée et de lui
mettre un baiser sur le front.
— Pauvre chérie, murmura-t-elle fai
blement, quand je ne serai plus, qui
auras-tu pour t'aimer ?
— Quelle idée, inère ! dit la jeune fille
en refoulant ses sanglots ; nous ne nous
quitterons jamais... tu vas mieux, beau
coup mieux.. . le docteur me l'a affirmé
aujourd'hui même. .. bientôt tu seras
rétablie et nous pourrons vivre heureu
ses I....
La pauvre mère, qui ne se faisait aucune
illusion sur son état, ne voulut pas attris
ter davantage sa Marcelle bien-aimée.
t - Tu as raison, dit-elle, en s'efforçant.
elle aussi, de sourire ; ce soir je' me sens
mi'eux, beaucoup mieux... je vais me
lever pour dîner... et demain, puisque
c'est Noël, s'il ne fait pas trop mauvais
temps, nous irons ensemble à Ta messe...
— Oui, nous ferons nos fredaines, tu
achèteras des huîtres pour le déjeuner...
puisque tu as de l'argent...
La jeune fille eut sur son joli visage
ur.e expression navrée que Mme Lavas-
seur n'aperçut pas, heureusement
— La pauvre femme d'ailleurs avait
trop présumé de ses forces ; car, lorsque
Marcelle voulut l'aider à se lever, elle
manqua défaillir.
— Décidément, dit-elle, je crois qu'il
sera plus sage de ne pas trop me fatiguer
ce soir pour être vaillante demain... je
n'ii pas faim... je voudrais pouvoir
dormir... donne-moi ma potion?) ma
chérie.
La jeune fille fit prendre à sa mère une
potion soporative prescrite par le méde
cin, et qui ne tarda pas à produire son
effet.
Quand Marcelle vit sa mère reposer,
très calme, et si blanche sur ses oreillers
qu'on aurait dit une morte, elle ne put re
tenir plus longtemps ses sanglots.
— Pleurer enfin la soulageait, luifaisait
du bien ; les larmes qui ne coulent pas
sont les pjus douloureuses !
Mais plusieurs coups frappés discrète
ment à la porte d'entrée vinrent arracher,
pour un instant, la jeune fille à son
chagrin.
Elle s'essuya vivement les yeux et alla
ouvrir.
— C'est moi, ma chère demoiselle,
dit une voix compatissante qui n'était
autre que celle de Mme Anaïs Pépin, la
concierge.
Comment va notre pauvre malade
ce soir ?
— Elle dort, dit Marcelle en faisant
entrer la visiteuse dans la petite pièce
qui servait à la fois de salon et de salle à
manger.
— J'«ai mis aujourd'hui le pot-au-feu,
dit Mme Pépin, en posant sur la table une
boite au lait'd'où s'échappait cet arôme
exquis que le jeune marquis de Flerte
avait pu apprécier dans la loge, il n'y
avait qu'un moment...
— Que vous êtes bonne, dit la jeune
fille, et comment vousremercierdetoutes
vos attentions !
— Ne parlons pas de ça, ma chère de
moiselle, on n'est pas des païens pour ne
pas s'aider les uns les autres... Un bon
bouillon ça ne peut faire que du bien
à la maman et à vous aussi, car vous
avez perdu vos jolies couleurs depuis
quelque temps.
— Oh ! moi, je ne compte pas, dit Mar
celle en hochant tristement la tête, c'est
ma mère que je veux sauver, car sans elle
que m'importe d.e-vivre !
— Mais vous Vivrez toutes les deux et
vous serez heureuses, c'est moi qui vous
le dis... Ah ! l'on a bien vite fait d'oublier
les mauvais jours...
— Que Dieu vous entende I
Mme Pépin à ce moment était très
perplexe.
Elle n'aurait pas mérité le poste de
concierge, si elle n'avait été un tantinet
bavarde.
Elle brûlait d'envie de raconter à la
jeune fille la visite qu'elle venait d'avoir.
Quelle aubaine pour la brave femme
d'être mêlée à ce petitroman qui commen
çait d'une façon aussi mystérieuse 1
Mais Marcelle, sans être ftère, n'en
courageait pas la familiarité.
Elle en imposait, non seulement par
la dignité de sa vie, mais encore parle
grand air de noblesse qui émanait de
toute sa personne; et qui faisait dire
souvent à Mme Pépin, en son admiration
naïve :
— Mlle Levasseur doit être la fille d'un ,
prince, déguisée en bourgeoise. ■
La bonne grosse femme restait donc
très perplexe, entre son désir de commé
rages et la crainte qu'elle avait de blesser
la jeune fille, lorsqu'elle se souvint tout
à coup fort à. propos, qu'elle avait une
proposition à faire à sa jolie locataire. .
— Mon Dieu ! comme je suis distraite,
dit-elle, j'allais oublier le principal; je
savais bien que j'avais quelque chose à
vous demander, mais par moments, j'ai
comme ça des absences, c'est depuis la
mort de mon défunt mari, le chagrin nous
comprenez?
J ean d 'ALËKIA.
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