Titre : Revue municipale : recueil hebdomadaire d'études édilitaires pour la France et l'étranger
Auteur : Association communale de France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-02-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32860840q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27309 Nombre total de vues : 27309
Description : 07 février 1903 07 février 1903
Description : 1903/02/07 (T6,N276). 1903/02/07 (T6,N276).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6155215h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-1062
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
REVUE MUNICIPALE
87
L'art de bâtir les Villes
Nous signalons à nos lecteurs l'apparition en
français d'un volume sur L'art de bâtir les
Villes (librairie Eggiman, Genève). Cet ouvrage,
dû à M. Sitte, directeur de l'Ecole des Arts
industriels de Vienne, avait paru, en allemand,
en 1889 ; c'est le digne compagnon de l'ouvrage
l'Esthétique des Villes, dont l'auteur et M. Buis,
ancien bourgmestre de Bruxelles.
Un des caractères déplaisants 'des villes
modernes ou des quartiers neufs dans les
villes anciennes est l'uniformité géométrique
de leur plan. Ce ne sont que lignes droites et
angles droits, places carrées, perspectives
interminables ; on se figure être dans un
casier à compartiments rectangulaires où
chaque maison apparaît être simplement le
pfime exemplaire d'une série de maisons à peu
près identiques. Les Etats-Unis d'Amérique ont
poussé jusqu'à l'horreur cette manie dé l'uni-
formité et du géométrisme, on ne rencontre à
New-York que peu de voies portant un nom
distinctif ; la plupart des rues de la Ville sont
simplement désignées par un numéro d'ordre.
De sorte qu'au lieu d'avoir pour adresse,
comme en France, disons le « n° 64 de la rue
Victor-Hugo », ou, comme en Angleterre, la
«Villa Margaret de l'avenue Shakespeare»,
oh donne ainsi la dénomination de sa demeure:
« 8° propriété de la 27e rue ». Ce qui étonne,
c'est que les habitants de la 8e propriété,
27° rue, ou de telle autre combinaison arithmé-
tique, au lieu de porter encore un nom propre
et de s'appeler John Cade ou Robert Crawford,
ne soient pas numérotés eux aussi ; John Cade
pourrait tout aussi bien être le « n° 1 de la
8° propriété de la 27° rue » et Robert Crawford,
le n° X de la propriété F dans la rue Z.
Sans doute le confort.etl'hygiène doivent être
les facteurs dominants de la construction d'une
ville ou d'un nouveau quartier ; mais le facteur
esthétique ue ■ saurait être négligé, sans que
son absence réagisse sur le tempérament, le
caractère, les dispositions morales des indi-
vidus.
C'est une erreur de croire que les voies recti-
lignes de longueur démesurée embellissent les
cités ; elles fatiguent la vue, donnent de la
lassitude au cerveau, attristent en un mot le
promeneur. Elles paraissent être un bienfait
au point de vue de l'hygiène et elles le sont, en
effet, en tant qu'elles suppriment et rempla-
cent des voies étroites et tortueuses où l'air et
le soleil avaient peine à pénétrer ; en revanche,
elles sont, l'été, une sorte de route torride du
Sahara, l'hiver, un couloir des sommets du
Mont-Blanc; la poussière et les rafales de pluie
ou de neige les balaient, apportant au passant
de faible constitution la pneumonie ou d'autres
maux.
Il faut donc éviter les grandes voies recti-
lignes, se préoccuper dans l'alignement des
rues, de leur orientation par rapport au climat
spécial de la région, enfin essayer de combiner
le souci primordial de la santé des habitants
avec la préoccupation d'égayer leurs regards et
d'apporter par la vue des édifices une sérénité
agréable dans leurs esprits.
Une des créations qui se prêtent le plus
à ce dernier objet est celle des places publi-
ques. Se basant sur les modèles en ce genre
que nous ont laissés les Cités antiques,
M. Sitte semble réserver son plus grand
enthousiasme pour les places [publiques
qu'il appelle « la gloire et la beauté de la
Cité » (1). Il pose en principe que « le centre de
la place doit être dégagé ». De fait, ni dans
l'antiquité, ni au moyen-âge, ni à la Renais-
sance, nos pères n'ont installé un monument
au centre d'une place, lequel centre était par
eux destiné soit aux jeux publics (Vitruve),
soit aux marchés et foires, soit au développe-
ment grandiose des processions et cortèges.
Fontaines et statues étaient toujbure érigées
sur un des côtés de la place (voyez Nuremberg),
laissant libres à la circulation et aux manifesta-
tions de la vie publique le centre de la place
et les axes des rues débouchant sur cette place.
Aujourd'hui l'on semble ne pas concevoir une
grande place sans un monument planté au
milieu comme un surtout sur une table de gala,
tel l'Obélisque de Luxor sur la place de la Con-
corde à Paris, tel l'Arc de Triomphe au rond-
point de-l'Etoile. Cette conception générale
pêche contre l'estéthique. Dans les cas qui
viennent d'être cités les deux monuments
(1) Un architecte de Strasbourg vient de relever la su-
perficie des plus grandes places publiques d'Europe, qu'il
établit ainsi : .
1° Champ de Mars à Paris 112.000 m. q.
2° Place devant le Reichstag à Berlin. . 100.000 —
3° Place de l'Hôtel de Ville à Vienne. . 90.000 —
4° Place de la Concorde à Paris. . . . 85.000 —
5° Place Waterloo à Hanovre .... 60.000 —
5° Place Auguste à Leipzig . . : . . 27,000 —
7° Place du Marché-Neuf à Cologne . . 25.000 —
8° Place de l'Hippodrome à Constanti-
nople 25.000 —
9° Place Saint-Pierre à Rome .... 21.000 —
10° Place de Trafalgar à Londres . . . 20.000 —
11° Place Saint-Marc à Venise 12.000 — '
12° Place Kléber à Strasbourg 11.800 —
(Express, de Mulhouse, du 20 Janvier 1903),
87
L'art de bâtir les Villes
Nous signalons à nos lecteurs l'apparition en
français d'un volume sur L'art de bâtir les
Villes (librairie Eggiman, Genève). Cet ouvrage,
dû à M. Sitte, directeur de l'Ecole des Arts
industriels de Vienne, avait paru, en allemand,
en 1889 ; c'est le digne compagnon de l'ouvrage
l'Esthétique des Villes, dont l'auteur et M. Buis,
ancien bourgmestre de Bruxelles.
Un des caractères déplaisants 'des villes
modernes ou des quartiers neufs dans les
villes anciennes est l'uniformité géométrique
de leur plan. Ce ne sont que lignes droites et
angles droits, places carrées, perspectives
interminables ; on se figure être dans un
casier à compartiments rectangulaires où
chaque maison apparaît être simplement le
pfime exemplaire d'une série de maisons à peu
près identiques. Les Etats-Unis d'Amérique ont
poussé jusqu'à l'horreur cette manie dé l'uni-
formité et du géométrisme, on ne rencontre à
New-York que peu de voies portant un nom
distinctif ; la plupart des rues de la Ville sont
simplement désignées par un numéro d'ordre.
De sorte qu'au lieu d'avoir pour adresse,
comme en France, disons le « n° 64 de la rue
Victor-Hugo », ou, comme en Angleterre, la
«Villa Margaret de l'avenue Shakespeare»,
oh donne ainsi la dénomination de sa demeure:
« 8° propriété de la 27e rue ». Ce qui étonne,
c'est que les habitants de la 8e propriété,
27° rue, ou de telle autre combinaison arithmé-
tique, au lieu de porter encore un nom propre
et de s'appeler John Cade ou Robert Crawford,
ne soient pas numérotés eux aussi ; John Cade
pourrait tout aussi bien être le « n° 1 de la
8° propriété de la 27° rue » et Robert Crawford,
le n° X de la propriété F dans la rue Z.
Sans doute le confort.etl'hygiène doivent être
les facteurs dominants de la construction d'une
ville ou d'un nouveau quartier ; mais le facteur
esthétique ue ■ saurait être négligé, sans que
son absence réagisse sur le tempérament, le
caractère, les dispositions morales des indi-
vidus.
C'est une erreur de croire que les voies recti-
lignes de longueur démesurée embellissent les
cités ; elles fatiguent la vue, donnent de la
lassitude au cerveau, attristent en un mot le
promeneur. Elles paraissent être un bienfait
au point de vue de l'hygiène et elles le sont, en
effet, en tant qu'elles suppriment et rempla-
cent des voies étroites et tortueuses où l'air et
le soleil avaient peine à pénétrer ; en revanche,
elles sont, l'été, une sorte de route torride du
Sahara, l'hiver, un couloir des sommets du
Mont-Blanc; la poussière et les rafales de pluie
ou de neige les balaient, apportant au passant
de faible constitution la pneumonie ou d'autres
maux.
Il faut donc éviter les grandes voies recti-
lignes, se préoccuper dans l'alignement des
rues, de leur orientation par rapport au climat
spécial de la région, enfin essayer de combiner
le souci primordial de la santé des habitants
avec la préoccupation d'égayer leurs regards et
d'apporter par la vue des édifices une sérénité
agréable dans leurs esprits.
Une des créations qui se prêtent le plus
à ce dernier objet est celle des places publi-
ques. Se basant sur les modèles en ce genre
que nous ont laissés les Cités antiques,
M. Sitte semble réserver son plus grand
enthousiasme pour les places [publiques
qu'il appelle « la gloire et la beauté de la
Cité » (1). Il pose en principe que « le centre de
la place doit être dégagé ». De fait, ni dans
l'antiquité, ni au moyen-âge, ni à la Renais-
sance, nos pères n'ont installé un monument
au centre d'une place, lequel centre était par
eux destiné soit aux jeux publics (Vitruve),
soit aux marchés et foires, soit au développe-
ment grandiose des processions et cortèges.
Fontaines et statues étaient toujbure érigées
sur un des côtés de la place (voyez Nuremberg),
laissant libres à la circulation et aux manifesta-
tions de la vie publique le centre de la place
et les axes des rues débouchant sur cette place.
Aujourd'hui l'on semble ne pas concevoir une
grande place sans un monument planté au
milieu comme un surtout sur une table de gala,
tel l'Obélisque de Luxor sur la place de la Con-
corde à Paris, tel l'Arc de Triomphe au rond-
point de-l'Etoile. Cette conception générale
pêche contre l'estéthique. Dans les cas qui
viennent d'être cités les deux monuments
(1) Un architecte de Strasbourg vient de relever la su-
perficie des plus grandes places publiques d'Europe, qu'il
établit ainsi : .
1° Champ de Mars à Paris 112.000 m. q.
2° Place devant le Reichstag à Berlin. . 100.000 —
3° Place de l'Hôtel de Ville à Vienne. . 90.000 —
4° Place de la Concorde à Paris. . . . 85.000 —
5° Place Waterloo à Hanovre .... 60.000 —
5° Place Auguste à Leipzig . . : . . 27,000 —
7° Place du Marché-Neuf à Cologne . . 25.000 —
8° Place de l'Hippodrome à Constanti-
nople 25.000 —
9° Place Saint-Pierre à Rome .... 21.000 —
10° Place de Trafalgar à Londres . . . 20.000 —
11° Place Saint-Marc à Venise 12.000 — '
12° Place Kléber à Strasbourg 11.800 —
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