Titre : La Culture physique : revue bi-mensuelle illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1933-05-01
Contributeur : Surier, Albert (1871-1944). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344303451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 15531 Nombre total de vues : 15531
Description : 01 mai 1933 01 mai 1933
Description : 1933/05/01 (A37,N517)-1933/05/31. 1933/05/01 (A37,N517)-1933/05/31.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61395832
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
LÀ RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES
; En l'an 1685, le roi Louis XIV, pressé dit-
on par la trop pieuse Mme de Maintenon, qui
ne concevait ; pas qu'on eût sur quelques points
des idogmes de l'Eglise des idées différentes des
siennes, révoquaTEdit de Nantes, que la sagesse
de. Henri IV avait accordé- aux protestants.
Le sage Colbert s'était toujours, de toutes ses
forces, : opposé à cette faute dont il avait mesuré
l'énormité. Quand il fut : mort, l'acte à la fois
stupide,: injuste et malfaisant, fut consommé.
Cent- mille protestants, dont beaucoup fai-
saient ::.partie de l'élite de notre • industrie; de
notre : commerce, de- notre marine, de notre
armée.; de. nos: sciences et de nosarts, s'en allè-
rent porter à l'étranger leur rancoeur contre la
patrie, qui les avait persécutés, et les secrets
de. nos manufactures qui étaient alors Tes pre-
mières du monde. On les accueillit d'ailleurs,
avec empressement ; en Hollande et surtout en
Prusse, dont ils constituèrent un des éléments
essentiels de sa future grandeur.
Des actes de, violence comme celui-là sont évi-
demment le fait des régimes d'absolutisme que
les démocraties modernes doivent ignorer.
Malheureusement, en politique aussi, en politi-
que surtout, peut-être, il y a loin du serein idéal
à la plate réa'.ité., Et notre .régime aux mille
têtes, pratique tout aussi bien, mieux même,
de façon anonyme et irresponsable, les révoca-
tions des Edits de Nantes que l'ancien. Ne: pas
penser comme les gens au pouvoir, c'est plus
que jamais s'exposer à leurs sévérités, voire à
leurs sévices. U y a toujours une façon officielle
et obligatoire de penser et d'agir. Et aujour-
d'hui, en France, hors de l'Eglise orthodoxe par-
lementaire, il n'y a pas non plus de salut.
Pourtant, si les officiels avaient pu étouffer le
génie de Pasteur, la médecine ne serait encore
que de l'empirisme, la microbiologie n'existerait
pas et la rage, le croupe, la peste, continueraient
à ravager la pauvre humanité impuissante contre
ces fléaux.
Mais, à chaque fois qu'on révoque un « Edit
de Nantes », soyez bien persuadé que c'est une
liberté qui disparaît. L'Etat, sous le Roi Soleil,
était symbolisé dans son auguste personne ;
aujourd'hui, il est parcellaire et polycéphale, mais
encore plus tyrannique.
Nos gouvernants « . démocrates » sont, tout
autant que nos anciens rois, en proie au prurit
de là persécution. Plus que les despotes dispa-
rus et tant honnis, ils tentent à l'unification et
au dogme, selon leurs concepts spirituels.
On n'aurait, nonobstant pu jamais toutefois
concevoir qu'un jour viendrait où ils s'aviseraient
d'étatiser jusqu'à la • culture physique. Eh bien,
ce jour est pourtant arrivé !
Un projet de loi présenté par M. A. de Mon-
zie, ministre de l'Education nationale, a été
déposé et voté par la Chambre des Députés. Il
interdit à quiconque d'enseigner la gymnastique
s'il n'est point pourvu d'un diplôme soi-disant
probatoire de-ses-capacités. (1).
Jusqu'ici, la culture physique avait vécu sous
le régime de la liberté et s'en était fort bien
trouvée;. Des méthodes de développement harmo-
nieux du corps humain, dans un but unique de
santé, et dont la plus connue est certainement
celle du professeur Desbonnet, s'étaient déve-
loppées en France ; des écoles de celte firme
s'étaient fondées un peu partout sur notre terri- ,,-
toire. Des centaines de milliers de personnes des
deux sexes leur devaient un heureux équilibre
physique, et cette persistante jeunesse qui est
une inappréciable augmentation de notre capital-
vie. Les hommes qui, à leurs risques et périls
avaient fondé ces établissements ne demandaient
rien à l'Etat, que la paix et la possibilité de lui
payer de lourds impôts, ce qui ne doit pas le gê-
ner parle temps qui court.
Cela ne pouvait pas durer. Un beau jour, un
ministre ultra^démocrate et libéral, réfléchit
qu'it devait aussi y avoir une cultuie physique
républicaine, purement républicaine, de '■ même
qu'il y a une arithmétique républicaine, une chi-
mie républicaine et une' morale spécifiquement
républicaine.
Ce jour-là, il décida de révoquer I'Edit de
Nantes de la culture physique.,! Ce fut fait en
un tournemain, à l'une de- ces séances de la
Chambre des Députés, où le président fait sem-
blant de lire des textes que personne n'entend,
et auxquels il donne invariablement la même
terminaison : « Pas d'opposition. Adopté. »
U n'y eut pas d'opposition, pour la bonne rai-
son que nous venons d'indiquer. Une question
qui intéresse l'avenir même de notre race ne
saurait intéresser nos honorables.
Maintenant, c'est au Sénat de se prononcer.
S'il entérine purement et simplement le vote de
la Chambre, nos professeurs de culture physique
non pourvus du parchemin officiel qui confère
toutes les capacités, n'auront plus, eux aussi,
qu'à passer la frontière pour aller porter à
l'étranger (2) leur talent, leur expérience de ré-
générateurs de l'espèce humaine... et à jeter
au panier les papiers de leur percepteur. Si c'est
le but qu'on se propose, il sera facile à
atteindre et, parmi tant de ruines accumulées en
notre pauvre pays, ce n'en sera qu'une petite de
plus. Et c'est là ce qu'on appelle gouverner 1...
Nous espérons qu'il se trouvera au Sénat un
élu qui, conscient de l'importance de la question,
élèvera la voix contre cette révocation de l'Edit
de Nantes de la culture physique et fera
comprendre au gouvernement que ce n'est pas le
moment où, sur nos frontières, des millions
d'hommes sont dressés pour un but qui n'est
que trop visible, de réduire à l'impuissance et à
la misère ceux qui se sont donnés pour mission
■d'accroître chez nous un potentiel de vigueur
et de virilité qui est, pour la France, une ques-
tion de vie ou de mort. KOLBER.
(1) La méthode officielle n'ayant rien de
commun avec la culture physique, les inslruc-
leurs de cette science médicale n'ont que faire
de ce diplôme qui voudrait leur appr?ndre l'art
de se servir du fouet pour faire courir les
chevaux de poste, eux qui se servent- d'un avion
ultra-rapide.
c2) L'Italie, l'Allemagne et la Russie seront 1res
heureuses de recueillir les conloines d'instruc-
teurs qui ne veulent pas se servir de la vieille
dilig'T.ce officielle cl préféraiI voyager d:ms leur
avril rapide.
144
; En l'an 1685, le roi Louis XIV, pressé dit-
on par la trop pieuse Mme de Maintenon, qui
ne concevait ; pas qu'on eût sur quelques points
des idogmes de l'Eglise des idées différentes des
siennes, révoquaTEdit de Nantes, que la sagesse
de. Henri IV avait accordé- aux protestants.
Le sage Colbert s'était toujours, de toutes ses
forces, : opposé à cette faute dont il avait mesuré
l'énormité. Quand il fut : mort, l'acte à la fois
stupide,: injuste et malfaisant, fut consommé.
Cent- mille protestants, dont beaucoup fai-
saient ::.partie de l'élite de notre • industrie; de
notre : commerce, de- notre marine, de notre
armée.; de. nos: sciences et de nosarts, s'en allè-
rent porter à l'étranger leur rancoeur contre la
patrie, qui les avait persécutés, et les secrets
de. nos manufactures qui étaient alors Tes pre-
mières du monde. On les accueillit d'ailleurs,
avec empressement ; en Hollande et surtout en
Prusse, dont ils constituèrent un des éléments
essentiels de sa future grandeur.
Des actes de, violence comme celui-là sont évi-
demment le fait des régimes d'absolutisme que
les démocraties modernes doivent ignorer.
Malheureusement, en politique aussi, en politi-
que surtout, peut-être, il y a loin du serein idéal
à la plate réa'.ité., Et notre .régime aux mille
têtes, pratique tout aussi bien, mieux même,
de façon anonyme et irresponsable, les révoca-
tions des Edits de Nantes que l'ancien. Ne: pas
penser comme les gens au pouvoir, c'est plus
que jamais s'exposer à leurs sévérités, voire à
leurs sévices. U y a toujours une façon officielle
et obligatoire de penser et d'agir. Et aujour-
d'hui, en France, hors de l'Eglise orthodoxe par-
lementaire, il n'y a pas non plus de salut.
Pourtant, si les officiels avaient pu étouffer le
génie de Pasteur, la médecine ne serait encore
que de l'empirisme, la microbiologie n'existerait
pas et la rage, le croupe, la peste, continueraient
à ravager la pauvre humanité impuissante contre
ces fléaux.
Mais, à chaque fois qu'on révoque un « Edit
de Nantes », soyez bien persuadé que c'est une
liberté qui disparaît. L'Etat, sous le Roi Soleil,
était symbolisé dans son auguste personne ;
aujourd'hui, il est parcellaire et polycéphale, mais
encore plus tyrannique.
Nos gouvernants « . démocrates » sont, tout
autant que nos anciens rois, en proie au prurit
de là persécution. Plus que les despotes dispa-
rus et tant honnis, ils tentent à l'unification et
au dogme, selon leurs concepts spirituels.
On n'aurait, nonobstant pu jamais toutefois
concevoir qu'un jour viendrait où ils s'aviseraient
d'étatiser jusqu'à la • culture physique. Eh bien,
ce jour est pourtant arrivé !
Un projet de loi présenté par M. A. de Mon-
zie, ministre de l'Education nationale, a été
déposé et voté par la Chambre des Députés. Il
interdit à quiconque d'enseigner la gymnastique
s'il n'est point pourvu d'un diplôme soi-disant
probatoire de-ses-capacités. (1).
Jusqu'ici, la culture physique avait vécu sous
le régime de la liberté et s'en était fort bien
trouvée;. Des méthodes de développement harmo-
nieux du corps humain, dans un but unique de
santé, et dont la plus connue est certainement
celle du professeur Desbonnet, s'étaient déve-
loppées en France ; des écoles de celte firme
s'étaient fondées un peu partout sur notre terri- ,,-
toire. Des centaines de milliers de personnes des
deux sexes leur devaient un heureux équilibre
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une inappréciable augmentation de notre capital-
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rien à l'Etat, que la paix et la possibilité de lui
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Cela ne pouvait pas durer. Un beau jour, un
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qu'it devait aussi y avoir une cultuie physique
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mie républicaine et une' morale spécifiquement
républicaine.
Ce jour-là, il décida de révoquer I'Edit de
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et auxquels il donne invariablement la même
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U n'y eut pas d'opposition, pour la bonne rai-
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Maintenant, c'est au Sénat de se prononcer.
S'il entérine purement et simplement le vote de
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qu'à passer la frontière pour aller porter à
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le but qu'on se propose, il sera facile à
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notre pauvre pays, ce n'en sera qu'une petite de
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Nous espérons qu'il se trouvera au Sénat un
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la misère ceux qui se sont donnés pour mission
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chevaux de poste, eux qui se servent- d'un avion
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c2) L'Italie, l'Allemagne et la Russie seront 1res
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