Titre : Revue d'histoire moderne et contemporaine / Société d'histoire moderne
Auteur : Société d'histoire moderne et contemporaine (France). Auteur du texte
Éditeur : Presses universitaires de France (Paris)
Éditeur : BelinBelin (Paris)
Date d'édition : 1999-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344172780
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25346 Nombre total de vues : 25346
Description : 01 avril 1999 01 avril 1999
Description : 1999/04/01 (T46,N2)-1999/06/30. 1999/04/01 (T46,N2)-1999/06/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61320494
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-117877
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/01/2011
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- REVUE D'HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE
- RECHERCHES ET DEBATS
- LECTURES
- COMPTES RENDUS
- .......... Page(s) .......... 371
- .......... Page(s) .......... 373
- .......... Page(s) .......... 381
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- .......... Page(s) .......... 417
- .......... Page(s) .......... 419
- .......... Page(s) .......... 421
LA FRANCE ET LA REVANCHE, 1871-1914 331
explique en partie leur réaction de colère face à « l'agression allemande » de
1914, et le ralliement général à l'Union sacrée.
Ce courant d'oubli a été constamment mesuré par la diplomatie alle-
mande, dont les rapports constituent une source de premier ordre 33. Bismarck
veut la paix et estime que « même victorieuse, une guerre de ce genre serait
une calamité » 34. De 1883 à 1885, Ferry lui donne de grands espoirs, mais
les Allemands réalisent parfaitement les limites de cette période de détente :
le gouvernement français peut aller jusqu'à un certain point de cordialité
mais pas plus loin et, si jamais l'Allemagne vient à connaître de graves
difficultés, la France l'attaquera aussitôt 35. A partir de 1886, les diplomates
allemands enregistrent un « renforcement du chauvinisme » en France et une
légère inquiétude devient perceptible dans leurs rapports 36. Bismarck déses-
père d'une réconciliation et note que les années de détente ont surtout
encouragé les « minorités turbulentes à la Déroulède » 37. Puis la tension
retombe et, jusqu'à la fin du siècle, l'ambassade d'Allemagne relève réguliè-
rement les signes de la décrue, sans toutefois se bercer d'illusions 38.
Boulangisme et Revanche
Associer boulangisme et Revanche paraît aller de soi. Boulanger ne doit-
il pas une partie de sa popularité à son sobriquet de « général Revanche »,
ne voulait-il pas « marcher » au moment de l'affaire Schnaebelé ? Le boulan-
gisme, né dans et par le regain patriotique des années 1885-1887, n'est-il pas
d'abord une protestation contre l'oubli de l'Alsace-Lorraine ? Le revanchard
Déroulède ne l'a-t-il pas soutenu dans l'espoir d'obtenir la Revanche ? A
l'examen, il reste très peu de choses de cette idée reçue. Incontestablement
Boulanger ministre de la Guerre se présente comme l'homme de la fermeté
à l'égard de l'Allemagne ; ce n'est pas tout à fait pareil qu'une volonté réfléchie
de Revanche et son attitude pendant l'affaire Schnaebelé tient probablement
plus du « bluff » que de visées réellement belliqueuses. Surtout Boulanger,
candidat au pouvoir à partir de 1888, s'empresse d'adopter un profil très bas
33. A.N., F7 12566, copie du rapport de l'ambassadeur de France, le baron de Courcel, 25 février
1883. Les incidents de frontière ont été fort nombreux, quoique insignifiants dans la plupart des cas
(A.N., I" 12566 à 12572, relations franco-allemandes).
34. Lettre à l'ambassadeur allemand à Rome, le 26 juin 1884, éditée dans La Politique extérieure
de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-1939, t. 4, p. 72-73 ; propos similaire le 15 août suivant (p. 95),
avec toutefois une méfiance perceptible à l'égard des « ci-devant gambettistes ». M est aujourd'hui
admis que Bismarck ne voulait pas la guerre en janvier 1887 (certains pensent le contraire ; voir
Auguste LALANCE, Mes Souvenirs, 1830-1914, Paris, 1914, p. 53-55).
35. Note du 27 janvier 1885, dans La Politique extérieure de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-
1939, t. 4, p. 153 et 194.
36. Ibidem, 28 février et 29 avril 1886, p. 239-243 et 249-251.
37. Robert H. WIENEFIELD, Franco-German Relations, 1878-1885, Baltimore, 1929, p. 167-168 ;
Allan MrrcHELL, Bismarck and the French Nation, 1848-1890, New York, 1971, p. 94-95.
38. La Politique extérieure de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-1939, t. 14 et 15 (ces deux
volumes couvrent la période de l'affaire Dreyfus). Voir notamment le 1.14, p. 20 (Munster à
Hohenlohe, 31 décembre 1897). La lecture de ces documents passionnants montre que le gouverne-
ment allemand n'a aucune illusion sur les sentiments des annexés. Voir aussi Maurice BAUMONT, AUX
sources de l'affaire Dreyfus, Paris, 1959, p. 102. — « Je n'attache aucune importance à tout cela tant
qu'on ne renonce pas absolument à rAlsace-Lorraine », écrit Munster à Hohenlohe le 4 février 1899,
et Guillaume II écrit exact en apostille (ibidem, t. 15, p. 231).
explique en partie leur réaction de colère face à « l'agression allemande » de
1914, et le ralliement général à l'Union sacrée.
Ce courant d'oubli a été constamment mesuré par la diplomatie alle-
mande, dont les rapports constituent une source de premier ordre 33. Bismarck
veut la paix et estime que « même victorieuse, une guerre de ce genre serait
une calamité » 34. De 1883 à 1885, Ferry lui donne de grands espoirs, mais
les Allemands réalisent parfaitement les limites de cette période de détente :
le gouvernement français peut aller jusqu'à un certain point de cordialité
mais pas plus loin et, si jamais l'Allemagne vient à connaître de graves
difficultés, la France l'attaquera aussitôt 35. A partir de 1886, les diplomates
allemands enregistrent un « renforcement du chauvinisme » en France et une
légère inquiétude devient perceptible dans leurs rapports 36. Bismarck déses-
père d'une réconciliation et note que les années de détente ont surtout
encouragé les « minorités turbulentes à la Déroulède » 37. Puis la tension
retombe et, jusqu'à la fin du siècle, l'ambassade d'Allemagne relève réguliè-
rement les signes de la décrue, sans toutefois se bercer d'illusions 38.
Boulangisme et Revanche
Associer boulangisme et Revanche paraît aller de soi. Boulanger ne doit-
il pas une partie de sa popularité à son sobriquet de « général Revanche »,
ne voulait-il pas « marcher » au moment de l'affaire Schnaebelé ? Le boulan-
gisme, né dans et par le regain patriotique des années 1885-1887, n'est-il pas
d'abord une protestation contre l'oubli de l'Alsace-Lorraine ? Le revanchard
Déroulède ne l'a-t-il pas soutenu dans l'espoir d'obtenir la Revanche ? A
l'examen, il reste très peu de choses de cette idée reçue. Incontestablement
Boulanger ministre de la Guerre se présente comme l'homme de la fermeté
à l'égard de l'Allemagne ; ce n'est pas tout à fait pareil qu'une volonté réfléchie
de Revanche et son attitude pendant l'affaire Schnaebelé tient probablement
plus du « bluff » que de visées réellement belliqueuses. Surtout Boulanger,
candidat au pouvoir à partir de 1888, s'empresse d'adopter un profil très bas
33. A.N., F7 12566, copie du rapport de l'ambassadeur de France, le baron de Courcel, 25 février
1883. Les incidents de frontière ont été fort nombreux, quoique insignifiants dans la plupart des cas
(A.N., I" 12566 à 12572, relations franco-allemandes).
34. Lettre à l'ambassadeur allemand à Rome, le 26 juin 1884, éditée dans La Politique extérieure
de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-1939, t. 4, p. 72-73 ; propos similaire le 15 août suivant (p. 95),
avec toutefois une méfiance perceptible à l'égard des « ci-devant gambettistes ». M est aujourd'hui
admis que Bismarck ne voulait pas la guerre en janvier 1887 (certains pensent le contraire ; voir
Auguste LALANCE, Mes Souvenirs, 1830-1914, Paris, 1914, p. 53-55).
35. Note du 27 janvier 1885, dans La Politique extérieure de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-
1939, t. 4, p. 153 et 194.
36. Ibidem, 28 février et 29 avril 1886, p. 239-243 et 249-251.
37. Robert H. WIENEFIELD, Franco-German Relations, 1878-1885, Baltimore, 1929, p. 167-168 ;
Allan MrrcHELL, Bismarck and the French Nation, 1848-1890, New York, 1971, p. 94-95.
38. La Politique extérieure de l'Allemagne, 1870-1914, Paris, 1927-1939, t. 14 et 15 (ces deux
volumes couvrent la période de l'affaire Dreyfus). Voir notamment le 1.14, p. 20 (Munster à
Hohenlohe, 31 décembre 1897). La lecture de ces documents passionnants montre que le gouverne-
ment allemand n'a aucune illusion sur les sentiments des annexés. Voir aussi Maurice BAUMONT, AUX
sources de l'affaire Dreyfus, Paris, 1959, p. 102. — « Je n'attache aucune importance à tout cela tant
qu'on ne renonce pas absolument à rAlsace-Lorraine », écrit Munster à Hohenlohe le 4 février 1899,
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