Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1894-02-12
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 février 1894 12 février 1894
Description : 1894/02/12 (Numéro 11371). 1894/02/12 (Numéro 11371).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6130657
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
ADMiWKlllATION, RÉDACTION ET. ANNONCES
61, rue Lafayette, 61
APAiUS
,■ taunces ree toi^BiteEw, 15
MjUNKfflrKTïï PAHIi)
mois «ois. S er .
sixmois.............. 9 va.
UN AN V».:. 18 in.
UN NUMERO : - 5 CENTIMES :j
rmmm
Tous-les dimanches
LE SUPPLÉMENT fLLUSTRÉ : S CENTIMES
SBfilB MOIS;•* 6 m
SBCHOIS.. 12 ÏB.
uitaw 24 m.
LUNDI 12,- FEVRltiH 1894
, ; 43-—SAINTE EULAXIE 322 V . 1
TRENTE-DEUXIÈME" ANNÉE (NUMÉRO 11391)
i.E3 MANUSQBIT3 /NE SONT PAS REMOUS *.
DERXlÈttÉ ÉDITION
Pêcfiears d'IsIÉide §: daTerre-Heuïe
. 1.69 pArts 3e .NojjmAmîie ei 3e Bretagne,
voués depuis des siècles au .commerce de la
morue et - da 'hareng, sonï* en ce moment
pleins de rumeurs à la fois joyeuses «t tristes-;
leurs 'marins vont^partir pour l'Islande. et
pour Terre-Neuve. Et si les engagés, que sou
tient contre l'émotion du départ l'espoir d'une
pêche fructueuse et d'un bon salaire, se pré
parent allègrement à lever l'ancré, leurs pa-;
rents, leurs femmes; leurs enfants, les chers
êtres qu'ils, vont quitter ne les voient pas
s'éloigner sans appréhension, sans angoisses.
Car il est encore bien tôt pour se mettre en
route, courir les océans, affronter les mornes
étendues septentrionales, emplies du froid
glacial do Pôle, qui gèle le <■ sang dans les
veines. Cette pâle saison, fin d'hiver, début
d'équinoxe, estsurtout inquiétante. Les vents
sont très/variables, les tempêtes probables,
les brumes certaines, et dans la blanche nuit
profonde et sourde que font ces brume»,- tout
navire peut se briser contre un autre navire,
iveugle comme lui, ou contre une énorme
banquise, et s'abîmer, à jamais ignoré, dans
: les flots i
Mais qu'importe aux pêcheur s? Us connais
sent de longtemps ces dangers; les ex-voto
des églises, les inscriptions sur les croix et
(es murs des r cim'étières, toutes les douleurs,
toutes les misères, tous les deuils épars autour
d'eux, quand ils sont. au pays,- les leurrap-:
pellent sans cesse. Leur insouciant courage
ne veut pas se souvenir. La prudence n'est
pas leur affaire, ni le calcul. En ces âmes de
droiture et d'énergieMe devoir, parle seul. Ne
faut-il pas gagner par le travail sa vie et la.
vie des siens? Oui, n'est-ce pas? Alors, ne
parlons pgs du reste. ■
Cette année, d'ailleurs, on s'en ira gaiement,;
plus gaiement qu'autrefois, le cœur enhardit
par la pêche abondante et les heureux retours;
de 1893, où.tous- les 'bateaux d'Islande ;.et i dal
Terro-Nèuyo, à l'exception d'un seul dont l'é-
quipagé fut sauvé, rentrèrent au port sans
retard, tous surchargés de poisson, d'avance
acheté et bien vendu. .
Gommé toujours," la clémence de la mer et
ses récentes largesses font oublier les gaufra
ges passé». -
; •
Cependant on songe à l'avenir de ces marins
fui n'y songent pas eux-mêmes. Leur sort, qui
épend - des terribles caprices de l'Océan,
émeut notre sensibilité. Et tandis qu'ils s'en
vont d'abord vers Bordeaux s'approvisionner
de vivres, et principalement d'appât, boette ou
rogue, pour-la morue, avant de, faire voile
vers le Nord, nous nous demandons si l'on
est juste envers eux. -
La patrie, dont ils sont les serviteurs nés,
inscrits dés leur premier engagement sur les
rôles de la marine militaire, devrait-elle au
toriser leur départ k cette époque périlleuse ?
Certes non. •. •
Or, non seulement elle les livre aux ha
sards d'une navigation redoutable, mais , elle
ne leur a pas encore accordé l'assurance lé
gale qui mettrait,: en'cas de malheur, leur
famille à l'abri du besoin.
Aujourd'hui comme hier, les risques du
voyage exposent leur famille à. la plus noire
détresse. Qu'ils viennent à périr, et tous les
leurs, dénués de ressources, vieux parents,
veuves, orphelins en enfance, périront à
leur tour, à moins qu'ils .pVîbtiennent' assez
d'humiliantes aumônes pour végéter dans les
chétives cabanes de la cà te.
Ils h*y pendent pas, les vaillants et désin
téressés pécheurs, mais c'est à nous tous d'y
penser pour eux. • . ..
afc
■■■ '
La France' ne saurait.trop conserver la race
de ces hommes de forte trempe, et l'un de
nos. confrères a parfaitement raison d'écrire à
ce sujet :
Il faudrait régler les départs des pêcheurs de
morue en les retardant jusqu'au 1 er avril.
■ Ce ne serait pas une innovation. En 1839, d'ef -i
froyables sinistres attireras? sur la pêche en Is
lande l'attention publique;
En 1840, une loiintervint et 'fixa le départ au
!«»• avril. • .
Jusqu'en 1870,.les-départs eurentlieu en,avril,
et les statistiques sont là pour dire que, sous le
régime de la loi de. 1810, la pêche en Islande,
aussi prospère que jamais, n'offrait pas plus de
péril que toute autre navigation. -
Pourquoi donc n'en est-il plus ainsi ? Cela
serait inexplicable si l'on ne savait qu'il faut
l'attribuer à l'esprit de lucra et de rivalité
des armateuïs. Oui, c'est pour arriver bon*
' —51— FEUILL ETON JU 12 FÉVIUKR, 189i (1)
LE DRAMEDE BICÊTRE
DEUXIÈME PART1B
La vengeance de lacomlesse LouIsq
XXV fSuilcJ
Cécile les. épiait. Aucunè de leurs conver
sations n'échappait & ses yeux pénétrants,
Elle constatait que leur intimité grandissait
de jour 6n jour.
Leurs moindres mouvements, leurs silen
ces, leur gêne devant elle, tout dénonçait un
amour qui ne lui laissait pas un instant de
repos.
Elle en faisait uû crime à Marcelle qui était
mariée. Elle ne comprenait pas sa conduite ;
elle se tenait à quatre pour ne pas la lui re
procher en termes véhéments.
Elle'passait par dés alternatives conti
nuelles d'agitation et d'abattement.
A.ussi sœur Angélique avait-elle beau jeu.
Elle agissait du reste avec une candeur par
faite, persuadée .qu'elle ne poursuivait qu'un
but, le bonheur de sa chère Cécî'le.
La comtesse Louise de Villegente, qu'elle
alla vojr à différents intervalles, ne lit que
l'encourager.ardemment dans son dessein;
La comtesse eut bientôt la certitude que son
ftfan réussirait. - _
.- UA; soir, à lof fin de la quatrième semaine,
Cécile dit à sa garde-malade :
— Tout bien réfléchi, ma sœur, vous avez
« 11') TraducUcE et reproduction îDlcrdites,
premier sur le marché des poissons, c'est
pour vaincre leurs concurrents que les pa
trons hâtent Je départ dès bateaux pendant
cette mauvaise-saison,'ét c'est à" leur soif du
gain Qu'ils sacrifient, pèut'êtroj des centaines
d'existences. ■ : . . , ;
.L'Etat n'ignore pas ces choses, le public non
plus. Celui-ci, depuis les toùchantès révélation»
de Pierre Loti, connaît bien 'les nombreux dé
sastres et les infortunes affreuses des « pê
cheurs d'Islande », et celui-là, depuis l'enquête
officiellement ordonnée en 1892 par M. Bur-
deau, alors ministre de la marine, sait bien
qu'il est urgent de rétablir et de faire obser
ver rigoureusement l'officielle réglementation
des départs, qui préservait de sinistres pres
que fatals la Yie de nos braves gens de mer.
D'où vient donc que Tan tarde encore à
prendre une mesure si utile 1
#** . " ■-
H en va de même pour l'assurance - obliga
toire des marins. Tout" le monde parlemen
taire^ est d'avis qu'il y faudrait pourvoir.
On en a plus d'une fois discuté, reconnu et
avoué la.-nécessité, cette .nécessité qu'un
seul fait, criant "d'injustice. : « Les patedux
spnt assurés, mais ' les, matelots ne le sont
pas », met en incontestable évidence, dépen
dant, là encore, rien..
P'accord sur le principe et le but, on ne
s'entend pas- sur les. moyens d'exécution.
Durant la dernière législature, un groupe de
députés, réputés boulangistes, proposa d'obli
ger les armateurs à se charger d'assurer leur
cargaison humaine; ce projet ne fut pas
adopté. On le' jugea trop radical et ses au
teurs le rendaient suspect,-mais personne ne
s'avisa d'en formuler un autre, mieux conçu,
plus pratique. ■ .
La question, il est vrai, n'est pas toute
simple. D'après un représentant des régions
maritimes, l'assurance n'aurait pas seulement
pour adversaires les indifférents au progrès
social, mais les pêcheurs eux-mêmes, dont
elle offenserait les sentiments les plus inti-
mesl II parait qu'ils ne. pourraient se faire à
l'idée que leurs femmes, nanties par leur mort,
fuss-etn "tentées do se-remarier, comme il
arriverait sans doute. Voilà un bien naïf
aveu 'd'égoïsme et un étrange préjugé 1
L'Etat doit-il en tenir compte?.Nous ne.le
pensons .pas. Sa mission ici n'est que de pré
venir et de guérir les souffrances d'une classe
sociale affligée entre toutes, intéressante ajj
premier chef. Si les marins du grand cabo
tage supportent le mal sans se plaindre, ils
n'en seront pas moins sensibles au bien qu'on
leur fera,, malgré eux.. .
... Il S'agit de ; chercher la meillèure manière
de; lés garantir, eux et leur famille,;contre
l'extrême misère. Armâteurs, patrons, marins
et , l'Etat lui-même -pourraient "ensemble sa-
cotiser pour les assurer. Reste- à déterminer
dans quelles proportions chacun de ces parti
cipants s'engagerait. Mais c'est affaire au
Parlement, et. je.l'espère, son patriotisme n'y
faillira pas. •
■ Thomas Grimm.
Éclxos d.e p strto-uL-t
Les membres de l'Union amicale des an
ciens élèves de l'École supérieure de com
merce de Paria ont- donné hier, chez Mar-
guery, leur banquet annuel. Beaucoup plus
de convives que les années précédentes,' ce
qui prouve que l'Union, que préside très ha
bilement M. A. Grosjean, a su. renouer entre
les anciens élèves de l'Ecole les liens de ca
maraderie qui les unissaient'autrefois.
Au dessert,- M. Grosjean a prononcé un
discours fort applaudi dans lequel il a passa
blement malmené les protectionnistes. M. Re-
nouard,' vice-président, a prononcé ensuite
quelques paroles, puis M. Jacques Siegfried
a, dans une allocution pleine d'esprit, fait
ressortir les services rendus par les écoles
supérieures de commerce.
Après lui ont pris la parole : les délégués
des Ecoles supérieures du Havre, de.Mar
seille et de Bordeaux", et M. Paulet, chof de
bureau au ministère du commerce.
A la fin du banquet on a "distribué les mé
dailles de l'Union aux anciens élèves» de
l'Ecole les plus méritants. Les ont obte
nues: trois jeuneagens actuellement sous les
drapeaux, MM. Kavanagh; fils du. corres
pondant-rédacteur du Petit Journal à Laval,
Mouchotte et Perrain.
Pendant que les convives prenaient le café
on a procédé au renouvellement du bureau.
M. A. Grosjean a été réélu président, MM. Re-
nouttrd et Hochappes ont été nommés vice-
présidents et M. Ponnelle secrétaire.
L'Ecole polytechnique ' a pris l'initiative
d'une souscription pour offrir à M. Joseph
raison. Le monde est mauvais, plein de piè
ges. Vous m'emmènerez avec vous au cou
vent.
— Est-ce bien votre idée ? demanda la reli
gieuse à la fois craintive et charmée. Prenez
encore le temps d'y penser. line faut pasagir
aveé trop de précipitation.
— Oui, c'est fini, cette fois. Je suis trop
malheureuse, je vous suivrai. - .
— Quel est donc ce malheur qui vous frappe
et dont vous ne me parle? pas ?
— Ne me demandez rien à ce sujet. Je. ne
pourrais rien vous dire.
— Vous n'avez pas. encore parlé de votre
projet à votre père.
— Non.
. — Quand pensez-vous l'en entretenir?
— Demain, après-demain... Je verrai...
Il faut que je choisisse'le moment.
— D'ici là; réfléchissez encore;
Le lendemain, sœur Angélique fit part de
cette nouvelle à la comtesse de Villegente qui
en fut transportée de joie. Cécile au couvent,
c'était tout ce qu'elle demandait.
Sans doiitë la novice apporterait en dot à
là congrégation une somme très ronde; mais
ce serait peu de chose auprès des deux mil
lions de la dot matrimoniale.. La fortune de
M. Hauteclair resterait donc -entière,: elle ne
sérait point partagée. •- : ; ,
— Ln amenant Cécile à vos idées, ma
sœur, dit la comtesse, vous avez accompli
une bonne œuvre qui vous sera comptée
parmi les plus belles cle votre vie. Cette pau*
vra enfant s'égarerait* se perdrait dans lè
paonde. Voua lui; faites prendre l'unique voie
de. salut qui existe pour elle". Vous avez
constaté» n'est-ce pas? combien elle est d'hu-
Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Académie
des sciences, une: médaille, à l'occasion du
cinquantième anniversaire de son entrée à
l'Ecole comme professeur. La remise do co
souvenir' auraJiôii. vers le milieu du mois de
mars. \ . " ■
" . \ . t
Noua publions aujourd'hui le portrait de
la reine des.Peines de'lsprochàlne Mi^aréme.;
MUe .Marie Bonhomuie est ùn^ jolie personne
de vingt ansi
Qui a-été nom
mée par ses;
pairesses à la-
presque unani
mité. C'est la
fille^du patron
dulavoirdela
Tiïér Jduye-
RouVe^ et cette
qualité a même
fait nattre une
protestation
la reine des reines • contre son élec
tion. Le comité n'en a d'ailleurs tenu aucun
compte.
Hiei'j dans sa séance de l'apréB-midi, le co
mité a choisi deux demoiselles. d'honneur :
Mlle Marie Bouffé, du lavoir Pernetty, et
Mlle Félicie Pierre, de la maison Schwob.
Nous avons annoncé la nomination au grade
de chevalier de la Légion d'honneur de M.
Jolly, mécanicien à la Compagnie de l'Ouest.
. Hier à la mairie du quatrième arrondisse
ment les mécaniciens des chemins de fer,
réunis en assemblée générale sous-la prési
dence de leur dévoué défenseur, M. Le Barazer,
l'avocat parisien bien connu, ont remis à leur
collègue une croix en diamants.
- On annonce l'arrivéeSan-Francisco d'un
immigrant allemand, Gustave Kœgel, parti
le 18 juillet dernier do New-York, en même
temps que trois' -autres Allemands, pour tra
verser tout le continent à pied, pour un prix
de ,300 dollars (1,500 francs), à celui qui arri
verait le premier, v . . ' .
Kœgel est arrrté taer*redi à San-Fran-
cisco et s'est préBîntô' immédiatement aù di
recteur de la p.oste de cette villej Mi. Backus,
afin de faire constater qu'il avait" gagné le
prix. Il a fait le-voyage, qui est de 4,100
milles (environ 6,600 lcil.), par la routé qu'il
a dû; suivre; en.lG9 jours et 18 heures.
Le voyage à pied" le plus rapide qui avait
été fait jusqu'à présent de ; New-York à San-
Francisco avait duré .192 jours.
. On affirme quë les , quatre individus. qui
viennent de prendre part' à "cette course ex
traordinaire n'avaient absolument chacun
qu'un dollar et gu'ils étaient incapables de
dire un seul mot d'anglais.. v
TIRAGE
DU
Petit Journal
U N IV! 1 L_ L. I O N
CENT TRENTE-CINQ MILLE
Cinq cent cinquante exemplaire*
Q, \3S,5 50>~
CONTRE LA MENDICITÉ CES EHFAHTS
Est-il, à Paris, un spectacle plus doulou
reux et plus humiliant que celui de ces pau
vres petits enfants dressés, sous les yeux du
public, et grâce k la maladroite aumône des
passants, k la paresse et au vagabondage?
Il y a bien longtemps que cette question de
la mendicité dés enfants préoccupe tous ceux
qui ont souci de l'hygiène morale de l'enfance.
A diverses reprises, des tentatives ont été
jusqu'ici les - résultats avaient été de peu
d'importance.. Les efforts tentés manquaient
de cohésion.
Voici, cette fois, que se produit une-initia
tive ~qûi. ' semble devoir être féconde ; elle
émane d'un groupe de jeunes universitaires,
les uns professeurs, les autres étudiants. Il
s'agit de la création d'une Société contre
la mendicité des enfants.
' La première assemblée générale a 'été te*
nue hier après-midi, dans l'amphithéâtre pro
visoire de la vieille Sorbonne, sous la prési
dence de M. Bardoux, ancien ministre.
Les fondateurs de l^uvre nouvelle se sont
dit : « Que fâut-il pour combattre efficacement
» la mendicité des enfants?.Il faut que nous
» puissions dire à tout le monde : Ne donnez
» jamais vos deux .sous à l'enfant qui mendie.
» Donnezrlui deux minutes, de votre temps.
» Prenez son nom, son adresse (vraie ou
SftBia
meur changeante, nerveuse, fantasque, avec
des moments dè tristesse'inexplicable ?
— Oui, madame, elle est tout cela. Elle m'a
causé plus d'une fois de vives inquiétudes.
— Cbmme je vous l'ai dit, elle a besoin
d'un médecin de l'âme, et c'est" vous qui lui
en avez servi. J'admire la sollicitude que
voub lui avez témoignéo. Seulement, il ' faut
achever votre œuvre; il faut affermir Cécile
dans sa résolution, et l'aider à lutter contre
les résistances de sa famille, si elle en
éprouve.
—• Je seconderai vos pieux desseins, ma
dame la comtesse, autant qu'il sera en mon
pouvoir.
-- Surtout du tact etde la discrétion.
Louise de Villegente se croyait sûre du
succès.
Elle prévoyait bien l'opposition de M. Hau
teclair, mais elle comptait aussi sur la téna
cité do la jeune fille et sur les exhortations
incessantes de la religieuse. -
' D'après ce qu'elle avait pu tirer de sœur
Angélique dans leurs divers entretiens, elle
avait deviné que Cécile- traversait une crise
mystérieusè, et qu'elle était souvent en proie
à une mélancolie indéfinissable. •
, Pourquoi? Il ne lui était guère possi
ble d'élucider cette question à distance, ni
de traiter de certains sujets avec sœur Angé
lique..
-Mais, pour' une femme. perspicace comme
elle, la vérité sortait presque de l'ombre. Il
lui paraissait évident' que Cécile devait-éprou
ver un cruel chagrin, et que l'indifférence du
.docteur Dùelosen était la principale ou plutôt
l'ânique*cause. ' -, ~ "
Mais alors si le docteur ne faisait pas atten-
n fausse: les pauvres petits vous la donneront
» presque toujours fausse ; c'est la première
.» chose qu'on leur apprend, souvent à force
'» de coups): Envoyez-nous le renseignement
» tel quel et nous nous chargeons du reste. Si
» l'enfant peut être sauvé, il,le sera. »
C'est en ces termes que M, Buisson, -l'émi-;
nent directeur de l'enseignement primaire'au
ministère de l'instruction publique, a exposé!
le but de l'œuvre;
Voici maintenant . comment elle fonction
nera :
Quand un membre de la Société rencontrera;
un'enfant mendiant, il l'interrogera d'abord
et s'efforcera d'obtenir des renseignements |
sur son âge, son nom, sa famiile;son adresse, i
son école et les causes qui le font mendier. '
S'il en a ie temps, il reconduira l'enfant à
■l'école et en informera le représentant de la
Société dans le quartier. S'il n'en a pas le
temps ou que l'he ure ne le permette pas, il en
verra au « directeur du quartier » une carte
postale signalant l'enfant; ]
En cas de mauvaise volonté ou de grossiè-
reté, le sociétaire avertira l'enfant que la So-i
ciété le fera arrêter si on le retrouve encore
mendiant. ■ ; -
On agira'de même-à . l'égard des adultes
exploitant des enfants en bas âgé.
Au nombre des premiers adhérents de la"
Société contre la mendicité des en fants figu
rent des personnalités de toute opinion poli-,
tique et religieuse. Un seul but les anime
arracher le plus d'enfants possible àl'écolç de
dépravation qu'est la mendicité.
Lorsque cette police bénévole aura été faite
pendant quelque temps, le public comprendra
que la vraie compassion à l'égard des enfants :
consiste à leur refuser l'aumône pour leur
accorder un secours effectif.
L'AFFAIRE DE_TOMBOUCTOU
Le gouvernement n'a pas reçu de nouvelle
dépêche au sujet du massacre de la colonne
Bônnièr dans "les parages dé Tombouctou,
maïs il faittsonnaîtwmjoni'ii'hii' '«f des
officiers et soldats tués ou disparus; nous
a vous'déjà dit qu'au nombre des victimes de
cette fatale rencontre entre Français et Toua
reg se trouvaient le colonel Bonnier et le com
mandant Hugueny. Voici la liste complète
des disparus : j
1.—Lieutenant-colonel Bonnier.
2.— Commandant Hugueny (François-Joseph-
Edme-Paul^, chef- de bataillon au 2« régiment
d'infanterie de marine, né iè 4 octobre 1847. En-
gàgé à l'âge de dix-huit ans, nommé sous-lieute
nant pendant là guerre franco-allemande.
3.'— Capitaine Itegad (Félicien),- du 129 e régi
ment d'infanterie de ligne ; aide de camp du lieu-
tenant-côlonei Bonnier.
4. — Capitaine Livrelli (Jean), attaché à l'état-
major du commandant supérieur du Soudan, né le
25 février 1865. Sorti de l'Ecole polytechnique,
artillerie de marine.
5. — Capitaine Tassard (Marie-Jean-Baptiste-
Arthur), ancien porte-drapeau au 3 e rég-iment
d'infanterie de marine, né le 25 janvier 1857. Il
sortait du rang - , promu en 1883j . .
6.—Capitaine Senssaric (Jean-Guilhem), du 5«
régiment-ù^îMiteïla .da, marine, né le 13 janvier
1852. Egalement sorti du rang -, "a tavA. • plusieurs
campagnes au Soudan.
.7. —■ Lieutenant Garnier (Stéphane-Valentin-
Marie-Joseph)-, détaché au Soudan, hors cadre,, né
le 3 mars 1868. Sorti de Saint-Cyr, promu lieute
nant dans l'infanterie de marine l'an dernier.
8. — Lieutenant Bouverot (Jules-Marcelin), dé
taché, au Soudan, hors cadre, né le 3 février 1865.
Appartenait & l'infanterie de marine. '
9. — Docteur Grall, médecin de 2 e classe du ser
vice colonial; a servi longtemps au Soudan où il
s'est distingué par son courage lors de la révolte
deBaninko.-
• 10. — Vétérinaire Lenoir, détaché au Séné
gal; puis au Soudan, né le 8 octobre 1864.
11.—Interprète Acklouck, ayant rang- d'officier.
'12! — Sergent Etesse, de l'infanterie de marine.
13. — Sergent Gabrié,de l'infanterie de marine.
Les officiers envoyés au Soudan
Le gouvernement a donné l'ordre de -for
mer un quatrième bataillon de tirailleurs
soudanais.. En vue de l'application de cette
mesure et pour combler les vides résultant
dé l'affaire de-Tombouctou, le ministre de la
marine vient de désigner de. nombreux offi
ciers de l'infanterie de marine pour aller ser
vir dans ce corps. ' .
Ce sont : les. chefs de bataillon Dargelos
(état-major hors cadres) et Ebener (7 e régi
ment), les capitaines Gubian (bataillon du
Sénégal), Réjou (6« régiment), Baisse (2« ré
giment), Ddlmotte (8® régiment), Desercy
(3° régiment) et Ilasselot (l ev régiment).
Les lieutenants Bergé (bataillon du Séné
gal), Dupeuble (bataillon - du Sénégal), Thi
baut et Peton (3e régiment), Morizé (2e régi
ment), Nazareth (1" régiment).
Les sous-lieutenants Darré (3e régiment),
Castex (2e régiment), Magnificat et Dussaulx
(5 e régiment).- J
En outre, le capitaine Lelardeux, du 4e ré
giment, et les lieutenants Dubreuil, du 6 e , et
Ruillier, du 8e, passent au bataillon du
Séhégal. . .
Tous ceux de ces officiers qui appaftiea-
pent ■ aux régiments - métropolitains rejoin
dront leur destination par lé paquebot qu ;
-partira do -Bordeaux-pour- le Sénégal •.
5 marsi - .
Terrible explosion rue de Reuill)
. UN RIOBT."— tflSGT-CIKfl BLESSÉS .
Uùe terrihlô' explosion s'est produite hier
matin à Paris'rue'de Reuilly; elle a fait vingt-
six victimes. Un sergent de pompiers a été
tué, cinq autres .de 'ces braves soldats "ont été
plus ou moins grièvement blessés; vingt
autres personnes ont été brûlées par l'incen
die," cause première de la catastrophe..
Voici-comment cet "épouvantable accjden*
s'est produit ;. \
LA MAISON VILMORIX
Rue de.Reuilly, n° 115, se trouvent les ate-
liérs très .vastes de la maison Vilmorin-
Aùdrieux, jardiniers-pépiniéristes, dont les
magasins de; vente sont sitiîSs quai de là Mé
gisserie,. ... ; /
Deux cents ouvriers , sont occupés dans
ces ateliers ; : on compte, plusieurs corps
de bâtiment'à plusieurs étages construits
légèrement. A droite," en entrant dans l'u
sine, se trouve. la pièce réservée aux ex
péditions de marchandises. Une cinquan
taine d'ouvriers sont occupés à peser les
graines et à les empaqueter.
Hier matin, bien que ce fût dimanche, une
vingtaine d'hommes travaillaient dans ce
bâtiment au rez-de-chaussée. Les commandes
sont pressées en ce moment et la maison
Vilmorin fait veiller et travailler -tous les
jours son personnel. On. se sert* du gaz pour
éclairer les ateliers.
«wân 4 tn>asctiler
au gaz d'éclairage ordinaire une certaine
quantité de carbures d'hydrogène afin, dit-on,
4 donner plus d'intensité k la lumière. Ce mé
lange se fait dans la cave située sous l'atelier
des expéditions. Le gaz est amené dans une
grande cuve où se trouvent les carbures. •
^EXPLOSION
Hier matin un contremaître, Nicolas Haag,
procédait à cette opération.
Il était onze heures moins le quart environ.
Tout k coup la lumière que tenait M. Haag
communiqua le feu au récipient plein de gaz.
La flamme s'éleva très vive. L'ouvrier ne per
dit pas la tête ; il saisit un sac plein de terre
et le jeta sur le fojrer de l'incendie qui s'é
teignit presque aussitôt. 1
M. Haag remonta l'escalier et prévint les
ouvriers. On ne voyait plus de flammes, mais
Î>ar contre une forte odeur de gaz sortait de
a cave, v
On avisa immédiatement les pompiers de
la caserne voisine, rue de Chaligny. Un dé
part complet se rendit sur les 'lieux. Ils ins
tallèrent leurs tuyaux et se mirent en devoir
de ventiler le3 sous-sols. *
Pendant .prés d'une demi-heure les pom
piers à l'aide d'un appareil spécial lancèrent
de l'air dans les caves. On crut qu'il était
enfin possible, d'y descendre*
Le sergent Bauchat. et six de ses hommes
descendirent. Le sous-officier tenait une
lampe électrique à la main. Un certain nom
bre d'ouvriers .étaient groupés en haut de
l'escalier, prêts à se porter au secours des
pompiers s'ils découvraient quelque danger.
Le sergent Bauchat avait -descendu déjà
six marches de la cave, quand soudain une
explosion très forte se produisit. L'air mé
langé de gaz s'enflamma et une lueur intense
enveloppa les pompiers et lesouvriers massés
à l'entrée des sous-sols.
- Les soldats et ceux qui se. trouvaient der
rière eux s'enfuirent en poussant des cris de
terreur. Tous étaient brûlés au visage et aux
mains; ils avaient les cils et les cheveux
roussis. ■ " ■ - ■ .. .
Le sergent Bauchat, plus gravement at
teint, fit quelques pas et s'affaissa. On le
transporta dans la loge du concierge où il ne
tarda- pas à rendre le dernier soupir. Le
malheureux avait le.visage carbonisé; c'est
cependant à l'asphyxie qu'il a dû succom
ber aussi rapidement. t
Les blessés étaient en grand nombre." Les
plus gravement atteins étaient : le capo
ral de pompiers Martiuat et le contremaître
M. Haag. On les transporta à l'hôpital Saint-
Antoine. Les autres victimes, sanglantes,
se soutenant à peine, se rendirent, les'unes à
tionà'Cécile, c'est qu'il n'avait d'yeux que
pour \^ne autre, et cette autre c'était Marcelle,
fa femme de Fabien.
La" comtesse ne voulait i>as s'arrêter à cette
idée, apercevoir ce péril.
Elle ne Voyait qu'une chose dans tout cela,
le désespoir de Cécile et sa retraite dans un
couvent;
Si Marcelle courait un danger, on* y obvie
rait en temps et heure. La jeune femme serait
rappelée au château, et le roman ébauché
avec ce docteur, qui faisait tant de conquêtes
dans la, maison de M. Hauteclair, n'aurait
pas de suites.
Cet infâme docteur ! ce Duclos I La com
tesse grinçait des dents en songeant à lui. Se
pouvait-il qu'elle fût sous sa domination,
qu'elle se trouvât obligée de feindre une ma
ladie, de se faire excuser de temps en temps
par son fils, pour ne pas rendre visite à la
jeune malade, pour ne pas mettre le pied dans
cette habitation qui lui était interdite 1
.* '■ : ' XXVI . . i »
Une telle situation ne pouvait pas durer l
Lorsque Cécile se-sentit, forte, tout à fait
guéris de corps, elle se décida à parler à son
père." Elle avait l'âmo trop angoissée par le
spectacle du bonheurdes autre». Elle en éprou
vait une souffrânee. intolérable* presque un
dégoût 4e l'existence.-Elle résolut d'en finir.
• M. Hauteclair se rendit à son désir et der-
meura. seul avec elle.
— Mon père, lui dit-elle, j'ai une grâce à tè
demander, une faveur ifasigne à te prier de
m'aocordér. Ge.sera-pour moi le'complément
de ma guérison. J'v attache un pris im
mense; là tranquillité, la bonheur de toute
ma vie.
-=- De quel ton me dis-tu cela, ma chère
Cécile ? Tu sais bien que ton bonheur, c'çst
le mien. Parle. De quoi s'agit-il? y,
— Auparavant, jure-moi que tu m'aecôr-
deras ce que je vais te demander.
— Pourquoi cette précaution avec moi, mon
enfant? Si la chose ne dépend que de moi, si
elle est en mon pouvoir et qu'elle doive te
rendre heureuse, tu sais bien que-je ne te la
refuserai pas.
— Oui, tu es le meilleur des pères. Seule
ment ma demande va peut-être te chagriner
et tu hésiteras à me satisfaire. J'aimerais
mieux une petite promesse avant ma çpnfi-
dence. Donne-la-moi, je t'en prie.
— Ton insistance m'inquiète. Enfin jè le
donne ma parole de faire ce que tu voudras-»
si c'est possible. - î «" ,
— Merci. Il n'y a rien de plus facile. Jè ta
demanderai l'autorisation d'embrasser la Vie
religieuse. Ne te récrie pas. J'ai mûrement -
médité la décision que je te soumets. Je sens
que je ne suis pas faite...
M. Hauteclair était stupéfait de ce qu'il ve
nait d'entendre. La voix lui manqua d'abord
pour interrompre sa fille. Il la-'regardait avec
effroi ; il finit par balbutier sans en écoutes
davantage : - • - = - . ' ,
, —Ai-je bien entendu? Tu em
brasser la vie religieuse ? . ■ '
■ — Oui, mon père, ^ ■
"ïvEUNâ RwiSiso et S." Pifte*
(La suite à demain,}--
61, rue Lafayette, 61
APAiUS
,■ taunces ree toi^BiteEw, 15
MjUNKfflrKTïï PAHIi)
mois «ois. S er .
sixmois.............. 9 va.
UN AN V».:. 18 in.
UN NUMERO : - 5 CENTIMES :j
rmmm
Tous-les dimanches
LE SUPPLÉMENT fLLUSTRÉ : S CENTIMES
SBfilB MOIS;•* 6 m
SBCHOIS.. 12 ÏB.
uitaw 24 m.
LUNDI 12,- FEVRltiH 1894
, ; 43-—SAINTE EULAXIE 322 V . 1
TRENTE-DEUXIÈME" ANNÉE (NUMÉRO 11391)
i.E3 MANUSQBIT3 /NE SONT PAS REMOUS *.
DERXlÈttÉ ÉDITION
Pêcfiears d'IsIÉide §: daTerre-Heuïe
. 1.69 pArts 3e .NojjmAmîie ei 3e Bretagne,
voués depuis des siècles au .commerce de la
morue et - da 'hareng, sonï* en ce moment
pleins de rumeurs à la fois joyeuses «t tristes-;
leurs 'marins vont^partir pour l'Islande. et
pour Terre-Neuve. Et si les engagés, que sou
tient contre l'émotion du départ l'espoir d'une
pêche fructueuse et d'un bon salaire, se pré
parent allègrement à lever l'ancré, leurs pa-;
rents, leurs femmes; leurs enfants, les chers
êtres qu'ils, vont quitter ne les voient pas
s'éloigner sans appréhension, sans angoisses.
Car il est encore bien tôt pour se mettre en
route, courir les océans, affronter les mornes
étendues septentrionales, emplies du froid
glacial do Pôle, qui gèle le <■ sang dans les
veines. Cette pâle saison, fin d'hiver, début
d'équinoxe, estsurtout inquiétante. Les vents
sont très/variables, les tempêtes probables,
les brumes certaines, et dans la blanche nuit
profonde et sourde que font ces brume»,- tout
navire peut se briser contre un autre navire,
iveugle comme lui, ou contre une énorme
banquise, et s'abîmer, à jamais ignoré, dans
: les flots i
Mais qu'importe aux pêcheur s? Us connais
sent de longtemps ces dangers; les ex-voto
des églises, les inscriptions sur les croix et
(es murs des r cim'étières, toutes les douleurs,
toutes les misères, tous les deuils épars autour
d'eux, quand ils sont. au pays,- les leurrap-:
pellent sans cesse. Leur insouciant courage
ne veut pas se souvenir. La prudence n'est
pas leur affaire, ni le calcul. En ces âmes de
droiture et d'énergieMe devoir, parle seul. Ne
faut-il pas gagner par le travail sa vie et la.
vie des siens? Oui, n'est-ce pas? Alors, ne
parlons pgs du reste. ■
Cette année, d'ailleurs, on s'en ira gaiement,;
plus gaiement qu'autrefois, le cœur enhardit
par la pêche abondante et les heureux retours;
de 1893, où.tous- les 'bateaux d'Islande ;.et i dal
Terro-Nèuyo, à l'exception d'un seul dont l'é-
quipagé fut sauvé, rentrèrent au port sans
retard, tous surchargés de poisson, d'avance
acheté et bien vendu. .
Gommé toujours," la clémence de la mer et
ses récentes largesses font oublier les gaufra
ges passé». -
; •
Cependant on songe à l'avenir de ces marins
fui n'y songent pas eux-mêmes. Leur sort, qui
épend - des terribles caprices de l'Océan,
émeut notre sensibilité. Et tandis qu'ils s'en
vont d'abord vers Bordeaux s'approvisionner
de vivres, et principalement d'appât, boette ou
rogue, pour-la morue, avant de, faire voile
vers le Nord, nous nous demandons si l'on
est juste envers eux. -
La patrie, dont ils sont les serviteurs nés,
inscrits dés leur premier engagement sur les
rôles de la marine militaire, devrait-elle au
toriser leur départ k cette époque périlleuse ?
Certes non. •. •
Or, non seulement elle les livre aux ha
sards d'une navigation redoutable, mais , elle
ne leur a pas encore accordé l'assurance lé
gale qui mettrait,: en'cas de malheur, leur
famille à l'abri du besoin.
Aujourd'hui comme hier, les risques du
voyage exposent leur famille à. la plus noire
détresse. Qu'ils viennent à périr, et tous les
leurs, dénués de ressources, vieux parents,
veuves, orphelins en enfance, périront à
leur tour, à moins qu'ils .pVîbtiennent' assez
d'humiliantes aumônes pour végéter dans les
chétives cabanes de la cà te.
Ils h*y pendent pas, les vaillants et désin
téressés pécheurs, mais c'est à nous tous d'y
penser pour eux. • . ..
afc
■■■ '
La France' ne saurait.trop conserver la race
de ces hommes de forte trempe, et l'un de
nos. confrères a parfaitement raison d'écrire à
ce sujet :
Il faudrait régler les départs des pêcheurs de
morue en les retardant jusqu'au 1 er avril.
■ Ce ne serait pas une innovation. En 1839, d'ef -i
froyables sinistres attireras? sur la pêche en Is
lande l'attention publique;
En 1840, une loiintervint et 'fixa le départ au
!«»• avril. • .
Jusqu'en 1870,.les-départs eurentlieu en,avril,
et les statistiques sont là pour dire que, sous le
régime de la loi de. 1810, la pêche en Islande,
aussi prospère que jamais, n'offrait pas plus de
péril que toute autre navigation. -
Pourquoi donc n'en est-il plus ainsi ? Cela
serait inexplicable si l'on ne savait qu'il faut
l'attribuer à l'esprit de lucra et de rivalité
des armateuïs. Oui, c'est pour arriver bon*
' —51— FEUILL ETON JU 12 FÉVIUKR, 189i (1)
LE DRAMEDE BICÊTRE
DEUXIÈME PART1B
La vengeance de lacomlesse LouIsq
XXV fSuilcJ
Cécile les. épiait. Aucunè de leurs conver
sations n'échappait & ses yeux pénétrants,
Elle constatait que leur intimité grandissait
de jour 6n jour.
Leurs moindres mouvements, leurs silen
ces, leur gêne devant elle, tout dénonçait un
amour qui ne lui laissait pas un instant de
repos.
Elle en faisait uû crime à Marcelle qui était
mariée. Elle ne comprenait pas sa conduite ;
elle se tenait à quatre pour ne pas la lui re
procher en termes véhéments.
Elle'passait par dés alternatives conti
nuelles d'agitation et d'abattement.
A.ussi sœur Angélique avait-elle beau jeu.
Elle agissait du reste avec une candeur par
faite, persuadée .qu'elle ne poursuivait qu'un
but, le bonheur de sa chère Cécî'le.
La comtesse Louise de Villegente, qu'elle
alla vojr à différents intervalles, ne lit que
l'encourager.ardemment dans son dessein;
La comtesse eut bientôt la certitude que son
ftfan réussirait. - _
.- UA; soir, à lof fin de la quatrième semaine,
Cécile dit à sa garde-malade :
— Tout bien réfléchi, ma sœur, vous avez
« 11') TraducUcE et reproduction îDlcrdites,
premier sur le marché des poissons, c'est
pour vaincre leurs concurrents que les pa
trons hâtent Je départ dès bateaux pendant
cette mauvaise-saison,'ét c'est à" leur soif du
gain Qu'ils sacrifient, pèut'êtroj des centaines
d'existences. ■ : . . , ;
.L'Etat n'ignore pas ces choses, le public non
plus. Celui-ci, depuis les toùchantès révélation»
de Pierre Loti, connaît bien 'les nombreux dé
sastres et les infortunes affreuses des « pê
cheurs d'Islande », et celui-là, depuis l'enquête
officiellement ordonnée en 1892 par M. Bur-
deau, alors ministre de la marine, sait bien
qu'il est urgent de rétablir et de faire obser
ver rigoureusement l'officielle réglementation
des départs, qui préservait de sinistres pres
que fatals la Yie de nos braves gens de mer.
D'où vient donc que Tan tarde encore à
prendre une mesure si utile 1
#** . " ■-
H en va de même pour l'assurance - obliga
toire des marins. Tout" le monde parlemen
taire^ est d'avis qu'il y faudrait pourvoir.
On en a plus d'une fois discuté, reconnu et
avoué la.-nécessité, cette .nécessité qu'un
seul fait, criant "d'injustice. : « Les patedux
spnt assurés, mais ' les, matelots ne le sont
pas », met en incontestable évidence, dépen
dant, là encore, rien..
P'accord sur le principe et le but, on ne
s'entend pas- sur les. moyens d'exécution.
Durant la dernière législature, un groupe de
députés, réputés boulangistes, proposa d'obli
ger les armateurs à se charger d'assurer leur
cargaison humaine; ce projet ne fut pas
adopté. On le' jugea trop radical et ses au
teurs le rendaient suspect,-mais personne ne
s'avisa d'en formuler un autre, mieux conçu,
plus pratique. ■ .
La question, il est vrai, n'est pas toute
simple. D'après un représentant des régions
maritimes, l'assurance n'aurait pas seulement
pour adversaires les indifférents au progrès
social, mais les pêcheurs eux-mêmes, dont
elle offenserait les sentiments les plus inti-
mesl II parait qu'ils ne. pourraient se faire à
l'idée que leurs femmes, nanties par leur mort,
fuss-etn "tentées do se-remarier, comme il
arriverait sans doute. Voilà un bien naïf
aveu 'd'égoïsme et un étrange préjugé 1
L'Etat doit-il en tenir compte?.Nous ne.le
pensons .pas. Sa mission ici n'est que de pré
venir et de guérir les souffrances d'une classe
sociale affligée entre toutes, intéressante ajj
premier chef. Si les marins du grand cabo
tage supportent le mal sans se plaindre, ils
n'en seront pas moins sensibles au bien qu'on
leur fera,, malgré eux.. .
... Il S'agit de ; chercher la meillèure manière
de; lés garantir, eux et leur famille,;contre
l'extrême misère. Armâteurs, patrons, marins
et , l'Etat lui-même -pourraient "ensemble sa-
cotiser pour les assurer. Reste- à déterminer
dans quelles proportions chacun de ces parti
cipants s'engagerait. Mais c'est affaire au
Parlement, et. je.l'espère, son patriotisme n'y
faillira pas. •
■ Thomas Grimm.
Éclxos d.e p strto-uL-t
Les membres de l'Union amicale des an
ciens élèves de l'École supérieure de com
merce de Paria ont- donné hier, chez Mar-
guery, leur banquet annuel. Beaucoup plus
de convives que les années précédentes,' ce
qui prouve que l'Union, que préside très ha
bilement M. A. Grosjean, a su. renouer entre
les anciens élèves de l'Ecole les liens de ca
maraderie qui les unissaient'autrefois.
Au dessert,- M. Grosjean a prononcé un
discours fort applaudi dans lequel il a passa
blement malmené les protectionnistes. M. Re-
nouard,' vice-président, a prononcé ensuite
quelques paroles, puis M. Jacques Siegfried
a, dans une allocution pleine d'esprit, fait
ressortir les services rendus par les écoles
supérieures de commerce.
Après lui ont pris la parole : les délégués
des Ecoles supérieures du Havre, de.Mar
seille et de Bordeaux", et M. Paulet, chof de
bureau au ministère du commerce.
A la fin du banquet on a "distribué les mé
dailles de l'Union aux anciens élèves» de
l'Ecole les plus méritants. Les ont obte
nues: trois jeuneagens actuellement sous les
drapeaux, MM. Kavanagh; fils du. corres
pondant-rédacteur du Petit Journal à Laval,
Mouchotte et Perrain.
Pendant que les convives prenaient le café
on a procédé au renouvellement du bureau.
M. A. Grosjean a été réélu président, MM. Re-
nouttrd et Hochappes ont été nommés vice-
présidents et M. Ponnelle secrétaire.
L'Ecole polytechnique ' a pris l'initiative
d'une souscription pour offrir à M. Joseph
raison. Le monde est mauvais, plein de piè
ges. Vous m'emmènerez avec vous au cou
vent.
— Est-ce bien votre idée ? demanda la reli
gieuse à la fois craintive et charmée. Prenez
encore le temps d'y penser. line faut pasagir
aveé trop de précipitation.
— Oui, c'est fini, cette fois. Je suis trop
malheureuse, je vous suivrai. - .
— Quel est donc ce malheur qui vous frappe
et dont vous ne me parle? pas ?
— Ne me demandez rien à ce sujet. Je. ne
pourrais rien vous dire.
— Vous n'avez pas. encore parlé de votre
projet à votre père.
— Non.
. — Quand pensez-vous l'en entretenir?
— Demain, après-demain... Je verrai...
Il faut que je choisisse'le moment.
— D'ici là; réfléchissez encore;
Le lendemain, sœur Angélique fit part de
cette nouvelle à la comtesse de Villegente qui
en fut transportée de joie. Cécile au couvent,
c'était tout ce qu'elle demandait.
Sans doiitë la novice apporterait en dot à
là congrégation une somme très ronde; mais
ce serait peu de chose auprès des deux mil
lions de la dot matrimoniale.. La fortune de
M. Hauteclair resterait donc -entière,: elle ne
sérait point partagée. •- : ; ,
— Ln amenant Cécile à vos idées, ma
sœur, dit la comtesse, vous avez accompli
une bonne œuvre qui vous sera comptée
parmi les plus belles cle votre vie. Cette pau*
vra enfant s'égarerait* se perdrait dans lè
paonde. Voua lui; faites prendre l'unique voie
de. salut qui existe pour elle". Vous avez
constaté» n'est-ce pas? combien elle est d'hu-
Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Académie
des sciences, une: médaille, à l'occasion du
cinquantième anniversaire de son entrée à
l'Ecole comme professeur. La remise do co
souvenir' auraJiôii. vers le milieu du mois de
mars. \ . " ■
" . \ . t
Noua publions aujourd'hui le portrait de
la reine des.Peines de'lsprochàlne Mi^aréme.;
MUe .Marie Bonhomuie est ùn^ jolie personne
de vingt ansi
Qui a-été nom
mée par ses;
pairesses à la-
presque unani
mité. C'est la
fille^du patron
dulavoirdela
Tiïér Jduye-
RouVe^ et cette
qualité a même
fait nattre une
protestation
la reine des reines • contre son élec
tion. Le comité n'en a d'ailleurs tenu aucun
compte.
Hiei'j dans sa séance de l'apréB-midi, le co
mité a choisi deux demoiselles. d'honneur :
Mlle Marie Bouffé, du lavoir Pernetty, et
Mlle Félicie Pierre, de la maison Schwob.
Nous avons annoncé la nomination au grade
de chevalier de la Légion d'honneur de M.
Jolly, mécanicien à la Compagnie de l'Ouest.
. Hier à la mairie du quatrième arrondisse
ment les mécaniciens des chemins de fer,
réunis en assemblée générale sous-la prési
dence de leur dévoué défenseur, M. Le Barazer,
l'avocat parisien bien connu, ont remis à leur
collègue une croix en diamants.
- On annonce l'arrivéeSan-Francisco d'un
immigrant allemand, Gustave Kœgel, parti
le 18 juillet dernier do New-York, en même
temps que trois' -autres Allemands, pour tra
verser tout le continent à pied, pour un prix
de ,300 dollars (1,500 francs), à celui qui arri
verait le premier, v . . ' .
Kœgel est arrrté taer*redi à San-Fran-
cisco et s'est préBîntô' immédiatement aù di
recteur de la p.oste de cette villej Mi. Backus,
afin de faire constater qu'il avait" gagné le
prix. Il a fait le-voyage, qui est de 4,100
milles (environ 6,600 lcil.), par la routé qu'il
a dû; suivre; en.lG9 jours et 18 heures.
Le voyage à pied" le plus rapide qui avait
été fait jusqu'à présent de ; New-York à San-
Francisco avait duré .192 jours.
. On affirme quë les , quatre individus. qui
viennent de prendre part' à "cette course ex
traordinaire n'avaient absolument chacun
qu'un dollar et gu'ils étaient incapables de
dire un seul mot d'anglais.. v
TIRAGE
DU
Petit Journal
U N IV! 1 L_ L. I O N
CENT TRENTE-CINQ MILLE
Cinq cent cinquante exemplaire*
Q, \3S,5 50>~
CONTRE LA MENDICITÉ CES EHFAHTS
Est-il, à Paris, un spectacle plus doulou
reux et plus humiliant que celui de ces pau
vres petits enfants dressés, sous les yeux du
public, et grâce k la maladroite aumône des
passants, k la paresse et au vagabondage?
Il y a bien longtemps que cette question de
la mendicité dés enfants préoccupe tous ceux
qui ont souci de l'hygiène morale de l'enfance.
A diverses reprises, des tentatives ont été
d'importance.. Les efforts tentés manquaient
de cohésion.
Voici, cette fois, que se produit une-initia
tive ~qûi. ' semble devoir être féconde ; elle
émane d'un groupe de jeunes universitaires,
les uns professeurs, les autres étudiants. Il
s'agit de la création d'une Société contre
la mendicité des enfants.
' La première assemblée générale a 'été te*
nue hier après-midi, dans l'amphithéâtre pro
visoire de la vieille Sorbonne, sous la prési
dence de M. Bardoux, ancien ministre.
Les fondateurs de l^uvre nouvelle se sont
dit : « Que fâut-il pour combattre efficacement
» la mendicité des enfants?.Il faut que nous
» puissions dire à tout le monde : Ne donnez
» jamais vos deux .sous à l'enfant qui mendie.
» Donnezrlui deux minutes, de votre temps.
» Prenez son nom, son adresse (vraie ou
SftBia
meur changeante, nerveuse, fantasque, avec
des moments dè tristesse'inexplicable ?
— Oui, madame, elle est tout cela. Elle m'a
causé plus d'une fois de vives inquiétudes.
— Cbmme je vous l'ai dit, elle a besoin
d'un médecin de l'âme, et c'est" vous qui lui
en avez servi. J'admire la sollicitude que
voub lui avez témoignéo. Seulement, il ' faut
achever votre œuvre; il faut affermir Cécile
dans sa résolution, et l'aider à lutter contre
les résistances de sa famille, si elle en
éprouve.
—• Je seconderai vos pieux desseins, ma
dame la comtesse, autant qu'il sera en mon
pouvoir.
-- Surtout du tact etde la discrétion.
Louise de Villegente se croyait sûre du
succès.
Elle prévoyait bien l'opposition de M. Hau
teclair, mais elle comptait aussi sur la téna
cité do la jeune fille et sur les exhortations
incessantes de la religieuse. -
' D'après ce qu'elle avait pu tirer de sœur
Angélique dans leurs divers entretiens, elle
avait deviné que Cécile- traversait une crise
mystérieusè, et qu'elle était souvent en proie
à une mélancolie indéfinissable. •
, Pourquoi? Il ne lui était guère possi
ble d'élucider cette question à distance, ni
de traiter de certains sujets avec sœur Angé
lique..
-Mais, pour' une femme. perspicace comme
elle, la vérité sortait presque de l'ombre. Il
lui paraissait évident' que Cécile devait-éprou
ver un cruel chagrin, et que l'indifférence du
.docteur Dùelosen était la principale ou plutôt
l'ânique*cause. ' -, ~ "
Mais alors si le docteur ne faisait pas atten-
n fausse: les pauvres petits vous la donneront
» presque toujours fausse ; c'est la première
.» chose qu'on leur apprend, souvent à force
'» de coups): Envoyez-nous le renseignement
» tel quel et nous nous chargeons du reste. Si
» l'enfant peut être sauvé, il,le sera. »
C'est en ces termes que M, Buisson, -l'émi-;
nent directeur de l'enseignement primaire'au
ministère de l'instruction publique, a exposé!
le but de l'œuvre;
Voici maintenant . comment elle fonction
nera :
Quand un membre de la Société rencontrera;
un'enfant mendiant, il l'interrogera d'abord
et s'efforcera d'obtenir des renseignements |
sur son âge, son nom, sa famiile;son adresse, i
son école et les causes qui le font mendier. '
S'il en a ie temps, il reconduira l'enfant à
■l'école et en informera le représentant de la
Société dans le quartier. S'il n'en a pas le
temps ou que l'he ure ne le permette pas, il en
verra au « directeur du quartier » une carte
postale signalant l'enfant; ]
En cas de mauvaise volonté ou de grossiè-
reté, le sociétaire avertira l'enfant que la So-i
ciété le fera arrêter si on le retrouve encore
mendiant. ■ ; -
On agira'de même-à . l'égard des adultes
exploitant des enfants en bas âgé.
Au nombre des premiers adhérents de la"
Société contre la mendicité des en fants figu
rent des personnalités de toute opinion poli-,
tique et religieuse. Un seul but les anime
arracher le plus d'enfants possible àl'écolç de
dépravation qu'est la mendicité.
Lorsque cette police bénévole aura été faite
pendant quelque temps, le public comprendra
que la vraie compassion à l'égard des enfants :
consiste à leur refuser l'aumône pour leur
accorder un secours effectif.
L'AFFAIRE DE_TOMBOUCTOU
Le gouvernement n'a pas reçu de nouvelle
dépêche au sujet du massacre de la colonne
Bônnièr dans "les parages dé Tombouctou,
maïs il faittsonnaîtwmjoni'ii'hii' '«f des
officiers et soldats tués ou disparus; nous
a vous'déjà dit qu'au nombre des victimes de
cette fatale rencontre entre Français et Toua
reg se trouvaient le colonel Bonnier et le com
mandant Hugueny. Voici la liste complète
des disparus : j
1.—Lieutenant-colonel Bonnier.
2.— Commandant Hugueny (François-Joseph-
Edme-Paul^, chef- de bataillon au 2« régiment
d'infanterie de marine, né iè 4 octobre 1847. En-
gàgé à l'âge de dix-huit ans, nommé sous-lieute
nant pendant là guerre franco-allemande.
3.'— Capitaine Itegad (Félicien),- du 129 e régi
ment d'infanterie de ligne ; aide de camp du lieu-
tenant-côlonei Bonnier.
4. — Capitaine Livrelli (Jean), attaché à l'état-
major du commandant supérieur du Soudan, né le
25 février 1865. Sorti de l'Ecole polytechnique,
artillerie de marine.
5. — Capitaine Tassard (Marie-Jean-Baptiste-
Arthur), ancien porte-drapeau au 3 e rég-iment
d'infanterie de marine, né le 25 janvier 1857. Il
sortait du rang - , promu en 1883j . .
6.—Capitaine Senssaric (Jean-Guilhem), du 5«
régiment-ù^îMiteïla .da, marine, né le 13 janvier
1852. Egalement sorti du rang -, "a tavA. • plusieurs
campagnes au Soudan.
.7. —■ Lieutenant Garnier (Stéphane-Valentin-
Marie-Joseph)-, détaché au Soudan, hors cadre,, né
le 3 mars 1868. Sorti de Saint-Cyr, promu lieute
nant dans l'infanterie de marine l'an dernier.
8. — Lieutenant Bouverot (Jules-Marcelin), dé
taché, au Soudan, hors cadre, né le 3 février 1865.
Appartenait & l'infanterie de marine. '
9. — Docteur Grall, médecin de 2 e classe du ser
vice colonial; a servi longtemps au Soudan où il
s'est distingué par son courage lors de la révolte
deBaninko.-
• 10. — Vétérinaire Lenoir, détaché au Séné
gal; puis au Soudan, né le 8 octobre 1864.
11.—Interprète Acklouck, ayant rang- d'officier.
'12! — Sergent Etesse, de l'infanterie de marine.
13. — Sergent Gabrié,de l'infanterie de marine.
Les officiers envoyés au Soudan
Le gouvernement a donné l'ordre de -for
mer un quatrième bataillon de tirailleurs
soudanais.. En vue de l'application de cette
mesure et pour combler les vides résultant
dé l'affaire de-Tombouctou, le ministre de la
marine vient de désigner de. nombreux offi
ciers de l'infanterie de marine pour aller ser
vir dans ce corps. ' .
Ce sont : les. chefs de bataillon Dargelos
(état-major hors cadres) et Ebener (7 e régi
ment), les capitaines Gubian (bataillon du
Sénégal), Réjou (6« régiment), Baisse (2« ré
giment), Ddlmotte (8® régiment), Desercy
(3° régiment) et Ilasselot (l ev régiment).
Les lieutenants Bergé (bataillon du Séné
gal), Dupeuble (bataillon - du Sénégal), Thi
baut et Peton (3e régiment), Morizé (2e régi
ment), Nazareth (1" régiment).
Les sous-lieutenants Darré (3e régiment),
Castex (2e régiment), Magnificat et Dussaulx
(5 e régiment).- J
En outre, le capitaine Lelardeux, du 4e ré
giment, et les lieutenants Dubreuil, du 6 e , et
Ruillier, du 8e, passent au bataillon du
Séhégal. . .
Tous ceux de ces officiers qui appaftiea-
pent ■ aux régiments - métropolitains rejoin
dront leur destination par lé paquebot qu ;
-partira do -Bordeaux-pour- le Sénégal •.
5 marsi - .
Terrible explosion rue de Reuill)
. UN RIOBT."— tflSGT-CIKfl BLESSÉS .
Uùe terrihlô' explosion s'est produite hier
matin à Paris'rue'de Reuilly; elle a fait vingt-
six victimes. Un sergent de pompiers a été
tué, cinq autres .de 'ces braves soldats "ont été
plus ou moins grièvement blessés; vingt
autres personnes ont été brûlées par l'incen
die," cause première de la catastrophe..
Voici-comment cet "épouvantable accjden*
s'est produit ;. \
LA MAISON VILMORIX
Rue de.Reuilly, n° 115, se trouvent les ate-
liérs très .vastes de la maison Vilmorin-
Aùdrieux, jardiniers-pépiniéristes, dont les
magasins de; vente sont sitiîSs quai de là Mé
gisserie,. ... ; /
Deux cents ouvriers , sont occupés dans
ces ateliers ; : on compte, plusieurs corps
de bâtiment'à plusieurs étages construits
légèrement. A droite," en entrant dans l'u
sine, se trouve. la pièce réservée aux ex
péditions de marchandises. Une cinquan
taine d'ouvriers sont occupés à peser les
graines et à les empaqueter.
Hier matin, bien que ce fût dimanche, une
vingtaine d'hommes travaillaient dans ce
bâtiment au rez-de-chaussée. Les commandes
sont pressées en ce moment et la maison
Vilmorin fait veiller et travailler -tous les
jours son personnel. On. se sert* du gaz pour
éclairer les ateliers.
«wân 4 tn>asctiler
au gaz d'éclairage ordinaire une certaine
quantité de carbures d'hydrogène afin, dit-on,
4 donner plus d'intensité k la lumière. Ce mé
lange se fait dans la cave située sous l'atelier
des expéditions. Le gaz est amené dans une
grande cuve où se trouvent les carbures. •
^EXPLOSION
Hier matin un contremaître, Nicolas Haag,
procédait à cette opération.
Il était onze heures moins le quart environ.
Tout k coup la lumière que tenait M. Haag
communiqua le feu au récipient plein de gaz.
La flamme s'éleva très vive. L'ouvrier ne per
dit pas la tête ; il saisit un sac plein de terre
et le jeta sur le fojrer de l'incendie qui s'é
teignit presque aussitôt. 1
M. Haag remonta l'escalier et prévint les
ouvriers. On ne voyait plus de flammes, mais
Î>ar contre une forte odeur de gaz sortait de
a cave, v
On avisa immédiatement les pompiers de
la caserne voisine, rue de Chaligny. Un dé
part complet se rendit sur les 'lieux. Ils ins
tallèrent leurs tuyaux et se mirent en devoir
de ventiler le3 sous-sols. *
Pendant .prés d'une demi-heure les pom
piers à l'aide d'un appareil spécial lancèrent
de l'air dans les caves. On crut qu'il était
enfin possible, d'y descendre*
Le sergent Bauchat. et six de ses hommes
descendirent. Le sous-officier tenait une
lampe électrique à la main. Un certain nom
bre d'ouvriers .étaient groupés en haut de
l'escalier, prêts à se porter au secours des
pompiers s'ils découvraient quelque danger.
Le sergent Bauchat avait -descendu déjà
six marches de la cave, quand soudain une
explosion très forte se produisit. L'air mé
langé de gaz s'enflamma et une lueur intense
enveloppa les pompiers et lesouvriers massés
à l'entrée des sous-sols.
- Les soldats et ceux qui se. trouvaient der
rière eux s'enfuirent en poussant des cris de
terreur. Tous étaient brûlés au visage et aux
mains; ils avaient les cils et les cheveux
roussis. ■ " ■ - ■ .. .
Le sergent Bauchat, plus gravement at
teint, fit quelques pas et s'affaissa. On le
transporta dans la loge du concierge où il ne
tarda- pas à rendre le dernier soupir. Le
malheureux avait le.visage carbonisé; c'est
cependant à l'asphyxie qu'il a dû succom
ber aussi rapidement. t
Les blessés étaient en grand nombre." Les
plus gravement atteins étaient : le capo
ral de pompiers Martiuat et le contremaître
M. Haag. On les transporta à l'hôpital Saint-
Antoine. Les autres victimes, sanglantes,
se soutenant à peine, se rendirent, les'unes à
tionà'Cécile, c'est qu'il n'avait d'yeux que
pour \^ne autre, et cette autre c'était Marcelle,
fa femme de Fabien.
La" comtesse ne voulait i>as s'arrêter à cette
idée, apercevoir ce péril.
Elle ne Voyait qu'une chose dans tout cela,
le désespoir de Cécile et sa retraite dans un
couvent;
Si Marcelle courait un danger, on* y obvie
rait en temps et heure. La jeune femme serait
rappelée au château, et le roman ébauché
avec ce docteur, qui faisait tant de conquêtes
dans la, maison de M. Hauteclair, n'aurait
pas de suites.
Cet infâme docteur ! ce Duclos I La com
tesse grinçait des dents en songeant à lui. Se
pouvait-il qu'elle fût sous sa domination,
qu'elle se trouvât obligée de feindre une ma
ladie, de se faire excuser de temps en temps
par son fils, pour ne pas rendre visite à la
jeune malade, pour ne pas mettre le pied dans
cette habitation qui lui était interdite 1
.* '■ : ' XXVI . . i »
Une telle situation ne pouvait pas durer l
Lorsque Cécile se-sentit, forte, tout à fait
guéris de corps, elle se décida à parler à son
père." Elle avait l'âmo trop angoissée par le
spectacle du bonheurdes autre». Elle en éprou
vait une souffrânee. intolérable* presque un
dégoût 4e l'existence.-Elle résolut d'en finir.
• M. Hauteclair se rendit à son désir et der-
meura. seul avec elle.
— Mon père, lui dit-elle, j'ai une grâce à tè
demander, une faveur ifasigne à te prier de
m'aocordér. Ge.sera-pour moi le'complément
de ma guérison. J'v attache un pris im
mense; là tranquillité, la bonheur de toute
ma vie.
-=- De quel ton me dis-tu cela, ma chère
Cécile ? Tu sais bien que ton bonheur, c'çst
le mien. Parle. De quoi s'agit-il? y,
— Auparavant, jure-moi que tu m'aecôr-
deras ce que je vais te demander.
— Pourquoi cette précaution avec moi, mon
enfant? Si la chose ne dépend que de moi, si
elle est en mon pouvoir et qu'elle doive te
rendre heureuse, tu sais bien que-je ne te la
refuserai pas.
— Oui, tu es le meilleur des pères. Seule
ment ma demande va peut-être te chagriner
et tu hésiteras à me satisfaire. J'aimerais
mieux une petite promesse avant ma çpnfi-
dence. Donne-la-moi, je t'en prie.
— Ton insistance m'inquiète. Enfin jè le
donne ma parole de faire ce que tu voudras-»
si c'est possible. - î «" ,
— Merci. Il n'y a rien de plus facile. Jè ta
demanderai l'autorisation d'embrasser la Vie
religieuse. Ne te récrie pas. J'ai mûrement -
médité la décision que je te soumets. Je sens
que je ne suis pas faite...
M. Hauteclair était stupéfait de ce qu'il ve
nait d'entendre. La voix lui manqua d'abord
pour interrompre sa fille. Il la-'regardait avec
effroi ; il finit par balbutier sans en écoutes
davantage : - • - = - . ' ,
, —Ai-je bien entendu? Tu em
brasser la vie religieuse ? . ■ '
■ — Oui, mon père, ^ ■
"ïvEUNâ RwiSiso et S." Pifte*
(La suite à demain,}--
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