Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1893-05-24
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mai 1893 24 mai 1893
Description : 1893/05/24 (Numéro 11107). 1893/05/24 (Numéro 11107).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
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TKOIS MOIS ■: 6 TH.
SIXHOIS.12 TR.
UITAît.i 24 ÏR.
MERCREDI .24 MAI 1893
144 SAINT DONATIEN (QUATRE-TESIPS)™—221
TRENTE-UNIÈME ANNÉE. (N uméro 11107)
LES MANUSCRITS NE SONT PAS RENDUS
nages en émail, et un médailloîi en oi? émaillé
a été vendu 10,200 francs. ■;
Le congrès de l'Alliance française a ter
miné hier ses travaux.
L'assemblée s'est occupée de là réforme or-
DERfllERE EDITION
PRBFÂGS ÉLECTORALE
• Le président du conseil a ouvert en fait
par son discours dé Toulouse la .période élec
torale.
Le renouvellement de la Chambre actuelle,
qui est depuis longtemps une opération vi
tale, devient désormais la question la plus
urgente.
Le Parlement n'a pas grandi en considéra
tion depuis le début de cette année ; les se
maines que gagnent les députés peuvent
compter pour leur bourse, mais elles ne ra—'
chètent pas leurs défaillances ; aussi 1 le pu- '
blic, dont l'opinion est faite sur les scandales
du Panama, et qui montre pour les coupables
plus de dédain que de colère; s'est étonné, que
les gouvernants d'hier n'aient, pas • compris'
plus tôt l'intérêt supérieur4e la politique des
acteurs qui ont si mal jouéleur rôle n'avaient
qu'à partir, au plus vite ; nous aurions déjà,
une meilleure, pièce . avec de plus sérieux,
personnages.
La bonne occasion de 'lancer, au moment
opportun,- la dissolution a donc été manquée
n'y revenons plus; car il ne sert de rien .de
ressasser des vérités inutiles. :
Le seul moyen, non pas de . réparer une
faute irréparable, mais d'en prévenir certai
nes conséquences fâcheuses, c'est de hâter la
séparation fatale et de ne plus nous laisser
languir après dès changements universelle
ment désirés. ;
L'initiative prise par M. Dupuy de com
mencer le feu nous dispensera sans doute des
lenteurs .- il faut livrer la .bataille. au plus
vite et déblayer, lés morts. <
Tout le monde est d'accord sur ce point
qu'il est temps de faire face au - dedans, au
dehors, d'inaugurer une politique, de pacifica
tion, de stabilité, de clairvoyance et de. fer
meté qui donnera à notre pays toute sa pros
périté et toute sa grandeur.. Qu'attendons-
nous-pour nous mettre à l'œuvre"? ■
La Chambre, qui se raccroche à ses der
niers lambeaux de pouvoir légal, est discré
ditée, gâtée, sans ressort et sans vertu; tant
qu'elle est là; on sait que l'interrègne se pro
longe, toujours à la veille de dégénérer en
gâchis. Alors pourquoi chicaner sur de misé
rables délais qui servent à peine quelques
personnalités déconfites et qui nuisent à la
République?
: Personne ne perdra plus sa peine à se fâcher
contre la Chambre récalcitrante? qui est'
défunte sans oser disparaître. Mais, en vérité,
qu'on n'abuse pas de cette patience ou de
cette pitié! ;
Nous ne sommespas seuls dans le monde
et des événements . se préparent qui exigent
une complète présence d'esprit, la pleine
possession de nos ressources, notre énergie de
discussion «t d'action intacte. Ne nous. endor
mons pas sur la sécurité d'une heure d'accal
mie, pour nous réveillèr avec de fâcheuses
surprises, sans être'maîtres absolus de toutes
nos forces. •
'***
J'ai regretté que. le sentiment de cette né
cessité naît pas pénétré plus profondément,
dominé plus exclusivement le discours de,
M. Dupuy.
Il contient des parties excellentes ; il est vi-,
siblement en progrès sur les manifestations
de ses prédécesseurs ; il a eu le bon sens et
la bonne foi de reconnaître que la Républi
que n'était la propriété de personne ; il a
essayé courageusement de braver les préju
gés de secte et de coterie.
Mais sa pensée' aurait eu infiniment plus
de poids, -s'il avait mieux montré la gravité
et les responsabilités de la prochaine épreuve'
électorale.
S'il n'a tenu .qu'à en publier la préface,
c'est bien, mais le programme serait insuffi
sant: car le salut de la patrie dépend, de la'
route que le suffrage universel va suivre'et
les dangers les plus grands, comme les devoirs
les plus impérieux, se rattachent à notre atti
tude vis-à-vis de l'étranger ; les chefs d'Etats
amis commeles ennemis se réservent et nous
attendent; ils ajournent leurs élans sympathi
ques, comme leurs complots agressifs ; ils
tiennent à être fixés d'abord sur ce que la
France est capable de concentrer d'énergie
pour faire la figure qui lui convient, ou de
témoigner de faiblesse en s'abandonnant aux
solutions provisoires, en maintenant ' les
divisions qui la diminuent. , '
Il dépend de nous d'encourager les uns et
de déjouer les calculs malveillants des autres.
Je voudrais qu'il y eût enfin ici, comme en
Angleterre, assez de bon Sens et de,vigueur
pourl embrasser l'ensemble de nos intérêts
nationaux et obliger tous les partis, sans
distinction, à subir la trêve des conflits et
des crises, à renfermer leurs appétits et leurs
ambitions dans ce cercle patriotique.
II—y a des paroles qui n'ont pas : été pro
noncées par le président du conseil, qu'il a
certainement dans le cœur, mais qui ont
besoin d'être affirmées avec éclat : les riva
lités de personnes disparaissent trop devant
les résolutions viriles à prendre en ' commun,
pour nous dérober le souci généreux des des
tinées de la République française. Elles doi
vent briller comme le soleil : aveugle qui ne:
les verra pas, maladroit qui reculera devant
l'expression de ses plus chères aspirations.
Que personne ne se trompe sur . l'indiffé
rence apparente d'uni peuple qui. s'appli-
_que depuis vingt-deux ans avec une infa
tigable volonté à se reconstituer; son silence
ne prouve que sa défiance. & l'égard des
charlataneries, ' dos imprudences qui l'en
traîneraient aux luttes stériles ou aux aventu
res. Recueilli dans la protection de ses droits
et de son indépendance, ne voulant attaquer
personne, mais décidé' aussi à ne plus se lais
ser entamer ou humilier, adversaire passionné
do la révolution et de la guerre, il prend
conscience-de sa dignité, inséparable du res
pect qui lui est dû par l'Europe et qu'il en
tend imposer dans la mesure où il le mérite.
" C'est en s'inspirant de ces besoins, de ces
vœux qui vivent dans l'âme de tous les ci
toyens du Nord ou du Midi, de l'Est ou do
l'Ouest, que la Chambre, que le gouvernement
de demain, seront dignes de représenter et de
diriger la France. -
_.Tristan.
AUX HABITANTS
de la banlieue de Paris
Nous appelons par avance l'attention de
nos lecteurs de la .banlieue sur l'article que
publiera demain notre collaborateur Jean
sans Terre au sujet de la démolition des for
tifications de Paris.
Il semble que l'heure approche où ces ves
tiges glorieux mais inutiles du passé vont
enfin disparaître.
Eolios dé jpsL3?-to\it
Les obsèques de M. Régis Arthaud, ins
pecteur d'académie, chef du cabinet de la
Erésidéncë.du conseil,-ont été célébrées à Paris
1er. matin, à dix heures.
"Les ministres des "affaires étrangères, de
l'instruction publique, de la guerre, des finan
ces, de l'agriculture, le général Borius, secré
taire général de la" présidence de la Républi-;
que, le colonel Dals tein, officier d'ordonnancé
du président de la République', l'amiral
Gervais, M. Cambon, gouverneur général de
l'Algérie, le préfet de la Seine, la préfet de
police, M. Manau, procureur général prés la
cour de cassation, un grand nombre de séna
teurs, de députés étaient venus assister à la
cérémonie.
Le deuil était conduit par M. Charles Dupuy,
président du conseil, beau-frère du défunt,
rentré à Paris de Toulouse le matin à quatre
heures..
Les cordons du poêle .étaient tenus par
MM. Sainsère, directeur du cabinet et duper-,
sonnel au ministère de l'intérieur, Monod,
directeur de l'Assistance et de l'hygiène pu
bliques, Liard, directeur de l'enseignement
supérieur, Payelle, chef du cabinet du minis
tre de l'instruction publique, et Boucard, chef
du cabinet du ministre de l'agriculture.
Après la cérémonie religieuse, le convoi
s'est rendu à la gare de Lyon.
L'inhumation se fera à Ambert (Puy-de-
Dôme).
■■■■ '•
A l'Institut :
Hier, l'Académie des sciences qui, en rai
son du lundi de la Pentecôte, ne s'est réunie
qu'hier, a nommé au premier tour de scrutin
et à une grande majorité, comme correspon
dant delà section de physique, M. Wiede-
mann", directeur des Annales d,e chimie et
de physique du Berlin.
M. Berthelot a déposé sur le' bureau trois
volumés sortant des presses de l'Imprimerie
nationale, dans lesquels il a développé l'his
toire de la chiigie au moyen âge.'Il résulte,
de cet immense travail que toutes les origi
nes de notre science chimique sont grecques
et que .l'on ne doit aux. Arabes aucune des"
découvertes à eux attribuées par la trop fertile
imagination des chroniqueurs. Ils n'ont été
que ; de simples traducteurs souvent peu
fidèles.
A l'Académie française, qui tenait sa séance
spéciale du mardi, , très peu d'absents. On
comptait trente immortels présents, ce qui
est chose rare. _ ;i ;.
Ils ont, décidé que pour le concours de poé
sie de 1895 le sujet serait tiré, de l'époque de
la Renaissance, puis se-«ont mis au travail
du dictionnaire.
M. Théophile-Armand Neveux, sénateur ré
publicain et président du ..conseil général des
Ardennes, est mort hier matin à dix heures à
Paris, 141, éboule yard Saint-Michel. Il était né
à Seraincourt le 13 mars 1824
Ses obsèques seront célébrées jeudi à Char-
leville. - ■
- , ' '
Le Salon des Champs-Elysées. i. - . '
- Le vote de la médaille d'honneur pour tou-'
tes les sections est fixé à demain jeudi : l'ar
chitecture,^ dixheurès du matin ;' la peinture,.
à deux heures ; là; sculpture et la gravure, à
trois heures. ' _ ;
..'•".lie Salon sera fjjrm&aprés-demàia-vendredi
par.suite du voté des récompenses et sera
rouvert samedi. ■:
Le retour de là mission Maistre a été fêté
hier soir à l'Hôtel-Continental par un grand
banquet auquel .assistaient tous les « colo
niaux » de Paris.
A droite du président, M. le prince d'Aren-
berg, était assis M. Maistre ; ses compa
gnons de voyage, MM. Clozel, de Béhagle,
Riollot, Bonnol de Maizières et • Chostrey,
étaient également à la table d'honneur.
Parmi les convives :. M. Etienne, vice-pré
sident de la- Chambre, président du groupe
parlementaire colonial ; le colonel Chamoin,
représentant Je président de la République ;
le lieutenant-colonel de dragons Tremeau,
rep'résèntantle ministre- de la guerre ; M. Beck,
chef de oabinet du sous-secrétaire d'Etat des
colonies, délégué par M. Delcassé,empêché; les
explorateurs Monteil, Binger, Dybowski, Du-
nod, Claine, -Métivier; M. Gauthiot, secré
taire général de la Société de géographie ;
M. Ballot, lieutenant-gouverneur du Bénin ;
M. Maistre père ; M.-Georges Viliain, conseil
ler municipal; le colonel Laussedat, M. Noël
Pardon, MM. Mager et Raoul, etc.
• AU dessert; M. le prince d'Arenberg a porté
la santé du chef de l'Etat, puis a retracé rapi
dement l'œuvre de la mission Maistre, en
voyée en Afrique pour seoonder M. Dybowsky,
parti lui-même pour venger Crampel. ■ ' -
^L'orateur a fait ressortir les-résultats géo
graphiques et-. ethnographiques dé cette
exploration accomplie dans des circonstances
fort difficiles. - • ; .......
On a chaleureusement applaudi une vigou-.
reuse réplique'du prince d Arenberg aux at
taques dont est, 'en ce -moment, • l'objet le
lieutenant de vaisseau Migon.
En quelques mots très sobres, M. Maistre a
remercié. Après un toast de M. Beck,
M. Etienne a encore une fois exalté, en ter
mes chaleureux, la politique d'expansion co
loniale. Il a félicité M. Maistre et les explora
teurs qui l'ont précédé d'avoir assuré l'in
fluence française du Congo au lac Tchad.
D'autres discours ont été prononcés par le
commandant Monteil, comme délégué de la
Société de géographie, par M. Gauthiot, au
nom de la Société de géographie commer
ciale, et par M. Tharel.
A la suite d'une chute qu'il a faite la se
maine' dernière, au palais du Luxembourg,
le comte de Tréveneuc, sénateur des Côtes-
du-Nord, avait dû s'aliter.
Avant-hier il a . subi une douloureuse opé
ration et son état de santé s'est aggravé au
point de adonner de : vives inquiétudes, en
raison surtout de son grand âge : le comte
de Tréveneuc a soixante-dix-huit ans. >-
La vente Spitzer a recommencé hier par
une journée de 353,130 francs.
Il.y a de beaux prix à citer dans cette va
cation qui compreâait des bijoux, des bagues,
des sculptures en buis et en pierre et des
pierres dures.
Un vase en forme de seau, en cristal .de
roche, monté en or émaillé, a été vendu
70,000.francs; un grand baiser de paix en
cristal de roche, orné d'or et émaillé de pier
reries, 40,000- francs; ; une coupe en jaspe'
fleuii montée en or émaillé, 45,000 francs ;
une grande coupe en cristal de roche montée
en or émaillé, 27,000 francs.
Parmi les bijoux, un amateur a payé:
46,000 francs un tableau d'or orné de person-
isolés, mais d'une façon méthodique. Plu
sieurs membres ont exprimé l'avis que l'Al
liance française n'a pas à intervenir dans
cette, question sur laquelle on est loin d'être
partout d'accord. ' .
En ce qui concerne lï participation de la
jeunesse des écoles à l'œuvre de l'Alliance, le
congrès a demandé la création du « sou de
l'Alliance française ».
LES VISITES ACADÉMIQUES
■ d.'Achil le L e Roy
Le poète révolutionnaire Achille Le Roy a
continué ■ ses visites ' académiques dans le
"même équipage carnavalesque que vendredi
dernier. La diligence à" caisse jaune du ci
toyen Maxime Lisbonne a fait son apparition
à midi sur la place Pigalie, où le candidat -
académique avait donné rendez-vous à ses
amis à onze-heures et demie. L'exactitude
étant la politesse des rois, n'en faut pas dans
le monde anarchiste.
En même temps que les invités, on empilait
dans le véhicule un" grand nombre de mar
mites vides qui devaient simuler des engins
explosibles et servir au besoin de carte de
visite au citoyen Le Roy.
Le premier académicien chez lequelon s'est
présenté a été Alexandre Ôumas qui a consi
gné sa porte.
Une marmite a été déposée entre les mains
de son valet de chambré ahuri. Au moment
de s'en aller Achille Le Roy et se» compagnons,
rencontrent M. Mézières qu'ils abordent en
l'appelant-:« "citoyen immortel. »
M. Mézières prend la chose en riant, et on
se quitte en se serrant la main.
La caravane se rend ensuite chez M. Pail-
leron, quai d'Orsay, ôù la même scène-s'est
reproduite. 1
L'auteur du Monde où l'on s'ennuie. n'étant
pas chez lui; une nouvelle marmite est re
mise au domestique.
Enfin la tournéematinalese termina â l'Ins
titut où nos anarchistes font le. simulacre de
déposer des engins explosibles pendant qu'un
ph&to.çraphe éprend quelques instantanées;
Dans* Ja soirée, nouvelle « ballade » de la"
.diligence a .lrwrag&'I > itm..etvisites.chez. Mme
Adam, le duc d'Aumale, etc.: :
- . En rentrant chez lui le poète a reçu; congé
de son ; propriétaire. Sans , doute celui-ci
n'aime pas les académiciens présents et...
futurs..
NOS MARINS -A CHICAGO
Le lieutenant de vaisseau Testu de Balin-
court, qui commande le détaohement de ma
rins français à l'Exposition de Chicago,' vient
d'envoyer son rapport au ministre de la ma
rine. En voici le-résumé :
Le l« r mai,. jour de l'ouverture de l'Exposi
tion, le détachement de marins français a été
rangé en tenue de service devant la partie
du palais des. manufactures réservée à la
France et a. rendu au président de la Répu
blique des Etats-Unis les honneurs, réservés
aux chefs d'Etat. • .
M. Cleveland a chargé M. le sénateur
Krantz, commissaire général de l'Exposition
française, de leur exprimer ses remerciements
en même temps qu'il le félicitait sur la tenue
militaire du détachement.
A l'entrée comme à la sortie I qs exposants
français et étrangers, ainsi que la. foule, ont
longuement acclamé nos marins. -
Le 4 mai, le comité général français a of
fert, au nom du président de la République
française, un bapquet de deux cents couverts
au duc de la Veragua, descendant direct de
Christophe Colomb et représentant le roi
d'Espagne, aux directeurs de l'Exposition,
aux consuls et commissaires généraux 4es dif
férentes nations, au maire et à toutes leô per
sonnes notables de Chicago.
Nos matelots.formaient'la garde d'honneur
dans la salle de réception, qui était entière
ment'pavoisée de drapeaux français et améri
cains.
. A la suite de, cette réception, le comité
français à offert un dîner à nos marins, et, au
dessert, M. le commissaire général Krantz est
venu les remercier'du concours extraordinaire,
qu'ils lui ont prêté en, aidant 'les exposants à
reconnaître et à distribuer leurs produits
dans les diverses sections. Ils se sont d'ail
leurs acquittés de ce service péniblejà la sa
tisfaction générale, et M. Krantz, pour leur
en témoigner sa gratitude, leur avait fait
adresser, par M. le lieutenant, de-vaisseau de
Balincourt, l'ordre du jour suivant : V
Officiersmariniers, quartiers-maîtres et marins,
M. le commissaire général Krantz, sénateur.
me charge de vous témoigner sa satisfaction pour
l'entrain et le zèle dont vojis avez fait preuve jus
qu'ici dans l'installation de la section française ;
il vous donnera prochainement une. preuve du
bienveillant intérêt qu'il vous porte.
Je saisis avec empressement cette occasion de
joindre mes félicitations aux siennes.
A partir de demain, l'Exposition sera ouverte
et le rôle que vous aurez désormais à remplir
sera purement : militaire ; je ne doute pas que
vous ne méritiez;par votre conduiteet votre tenue
d'être cités comme .exemple, aux diverses na
tions réunies & Chicago; cela vous sera facile e n
vous rappelant que, vous représentez ici la ma
rine française à laquelle.nous sommes tous fiers
d'appartenir. ■
Le Supplément illustré publia cette
semaine un grand dessin d'actualité
en couleurs : .
Le retour du géhérai Dodds
: REMISE DE LA MEDAILLE DU DAHOMEY
et une superbe reproduction en couleurs
du magnifique tableau qui est cette
année le grand succès du Salon :
PROPOS GALANTS
(Tableau de Roybet. — Salon.de 1893)
^Lé numéro se vend 5 centimes
Le typhus à. Lillê
(Dépêches de .notre correspondant)
Lille, 23 mai.
L'épidémie de typhus qui règne à Lille de
puis trois mois avait amené déjà la mort
d'une victime du devoir, M. Dieudonné,
avocat, attaché au parquet, qui avait contracté
les germes - de la maladie pendant* l'interro
gatoire d'un détenu à la prison. '
M. Harber, commissaire de police ' à Fives,
est mort ce matin, à huit heures, aprè's dix
jours de maladie seulement, en pleine vi
gueur et à peine âgé de quarante ans. Ce ma
gistrat avait contracté les germes de la terri
ble maladie, soit au palais de justice, soit en
faisant désinfecter le logement d\m typhi-
que à Fives. ;. ; - . .
M-Devis, chroniqueur judiciaire du jour
nal la Dépêche, est également mort .samedi,
et on a des craintes au sujet, de MM. Baggio,
"adjoint au maire, et Ozenfant, président du
tribunal de commerce, atteiai3 _Dar le typhus,
dont ils ont contracté les gérmesT^seitlà la
prison, soit au palais de justice* contiguT^***—
dl heures soir.
M. Baggio, avocat, adjoint au maire de
Lille, vient de inourir du typhus qu'il avait
contracté, il'y a une dizaine aie jours, au pa
lais de justice.
L'inauguration
IPTJ POKT DE TXTZTIS
(Dépêches de notre envoyé spécial)
Tunis, 23 mai.
Les jours se suivent et ne se ressemblent
pas. Après la soirée de dimanohe, qui a été
superbe, et qui avait attiré tout le long des
allées de la Marine uûe foule considérabït.'
sur le passage d'une retraite aux flambeaux
des plus originales, exécutée par les musiques
des 4® zouaves et 4® chasseurs d'Afrique, es
cortées de Bédouins huchés sur leurs cha
meaux, nous nous sommes réveillés hier avec
le froid et la pluie.
Toute la matinée, il est tombé de véritables
ondées, accompaginées d'une petite brise gla
ciale. Vers midi cependant le ciel s'est éclairci,
lè soleil a bien voulu réapparaître, et les fa
natiques de sport - ont pu reprendre la route
de l'hippodrome de Mégrine pour assister au x
épreuves de la seconde et dernière journée de
courses.
. Malgré la>.pluie du matin qui avait détrempa
le terrain, tout s'est fort bieh passé ; les cour
ses terminées, nous avons eu une grande fan
tasia, exécutée par des Arabes aux costumes
éblouissants. Rien de plus joli et de plus élé
gant que ces hardis cavaliers, accomplissant
sur leurs montures de véritables tours de
force, derrière d'extravagants musiciens, les
joueurs do derbouk. Et .quelles recherches,
quel luxe dans le, harnachement de ces che
vaux! Plusieurs disparaissaient littéralement
sous leur selle monumentale au pommeau et
aux arçons en filigrane "d'argent, et sous la
-67— feuilleton du 24 mai 1393
CD
Le BRICK_D'ÊBÊNE
DEUXIÈME PAUTIH ,
i/QFJFIOIER BLSU .
n (Suite)
Un accident
— Commande I mon brave Jean ! Ordonne I
Et tu verras!... Jé ne te demande qu'une
those : mets-moi à l'épreuve et tu verras.
. — Oui, je verrai.. .
— Tu peux avoir confiance en moi...
— J'ai peut-être tort, mais enfin j'essaie...
Mais, sois^ certain, c'est comme pour ton
filage, toutes nos précautions seront bien
prises.
— Ah ! tu peux croire que l'idée ne me vien
dra même pas.. .
Cette fois encore Jean Steinberg coupa
court à toutes ces protestations :
— Ne blague donc point... Si tu gavais
comme je t'écoule!... Si tu pouvais le faire...
tu irais me vendre en sortant d'ici.
— Oh ! si l'on peut dire I
— Ne prends pas l'air indigné... J'en suis
sûr, -
— Je te le jure...
— Allons I Tais-toi... J'ai dit : — « Si tu
pouvais. »• Or, cela. te sera matériellement
impossible... Une supposition... Tu ira3
raconter au générâl de. Thaï que * je.suis ici,
& Paris même... Il me fera rechéroher, mais
- (1) Tradnclicn cl reprcduclion interdites.
quant à ma trouver c'est une autre histoire,
j'ai une bonne cache..
Ici, la froide figure de Jean Steinberg s'é
claira du plus narquois des sourires, mais ce
fut pour reprendre aussitôt sa glaciale im
passibilité.
—i Oui, ma cache est bonne, et jamais tu
ne pourras la soupçonner... Mais avant
même que l'un des agents du général se soit
mis en mouvement, tu recevrais là, sens-le
bien, entre les deux épaules, le coup de cou
teau qui saurait bien saigner ton cœur de
lâché et de traître.
Le baron se reprit à frissonner.
. t Mais puisque je te jure de ne pas te tra
hir!...
— J'y oompte bien, je te dis !... Mainte
nant, écoute et n'interromps plus... Je vais
t'apprendre ce qu'il y a à faire... Je te pré
viens que ça sera dur... Mais avec de l'œil et
du sang-froid... tu t'en tireras certainement
les grégues nettes, et tu pourras continuer
ta charmante existence.
— Tout ce que tu m'ordonneras, je le
ferai.
— Voici : tu te rends une ou deux fois par
semaine chez le général de Thaï.
La réponse affirmative se fit attendre.
— Mais puisque je le saisj imbécile.. . Tu
mouchardes pour son compte... Quand dois-
tU y aller?.
— Après-demain. ,
~ Bien, c'est parfait. Dois-tu y aller seul?
—f Non... avec le comte Paloutine.
—- Ah ! diable, ceci rend la. chose plus diffi-
cile... Mais dame, ça te regarde.. ; Tu t 'ar
rangeras. .. Tâche que ton ami* 'Wlàdimir
ne se doute point do la chose... autrement...
il te vendrait.. ." tu'peux en être certain,
quand bien même cela ne serait que pour se
débarrasser de toi... car vous avez com
mis bien des infamies ensemble... Donc,
prends tes précautions pour qu'il ne se
doute pas du coup... autrement tu serais
flambé.
— Que faut-il faire? — demanda résolu
ment Andréa.
— Il existe une petite entrée' particulière,
au bout de l'hôtel du-général de Thaï. Cette
entrée conduit par un rapide escalier dérobé,
un escalier de quelques'marches, à l'entresol
où se trouve le cabinet de travail du général.
Le baron leva sur Jean Steinbeg des yeux
où se lisait la plus profonde surprise.
— Nous en savons bien d'autres, — fit en
haussant les'épaules. Jean Steinberg, — mais
je n'ai pas fini.. Tout ce que je t'ai dit jus
qu'ici est très exact.
— Parfaitement exact.
— Vous avez, chacun des agents, une ma
nière particulière de sonner... Tu vois que je
sais encore cèla. ... A votre coup de sonnette
la porte s'ouvre.'.. L'escalier est éclairé par
une torchère à gaz, qui se trouve placée dans
un petit renfoncement.
-t- C'est tout à fait cela.
— Eh bien ! Après-demain soir, en accom- ,
pagnant ton ami Wlàdimir, tu. auras soin, tu
m'entends bien, tu auras soin de dépçser to.ut
doucement l'objet que je vais te donner der
rière le piédestal de la torchère..
Et Jean Steinberg sortit de la poche inté
rieure de son pardessus une sorte de boîte'
oblongue, e'n métal blanc, qui avait l'air, au
premier abord, d'un inoffensif étui à cigares.
Le baron Andréa Cazérès ne se dépêchait
nullement de se saisir de la boîte.
Bien au contraire, il avançait, reculait la
main, tour à tour, comme si la boîte eût été
un fer rouge.
— Veux-tu la prendre! — ordonna Jean.
Steinberg en fronçant le sourcil.
— Là, — reprit-il, quand la boîte fut dans
les doigts du baron, — comprends bien. .. au
bas de la boîte tu vois une vis.. Tu la tour
nes jusqu'à ce que tu sentes une résistance...
Cette vis, ce remontoir, met en marche un
mouvement d'horlogerie... Le reste ne te re
garde pas.. . Tu déposes ta boîte toute mon
tée derrière le pied dé la torchère, et tu te re
tires les mains dans les poches... C'est tout
ce que je te demande pour te faire grâce de
la vie... Tu vois que cela n'est pas bien
difficile.
Andréa était devenu couleur d'absinthe
claire.
Il tournait et retournait l'engin entre ses
doigts.
— Allons ! cache ça. Enferme-le dans la
poche de ton paletot et bonne chance. !.
Jean Steinberg s'était levé, et se disposait
à partir.
-Et menaçant le baron du doigt:
— Et pas de tricherie, pas de double jeu...
Tu es bien prévenu... Tu vois qjie tu es percé
à jour... Fais ce qui est ordonné... Ne cher-,
che pas à biaiser; autrement, je te jure bien
qu'il n'y a pas de cuirasse, pas de police qui
fourraient te faire éviter le coup de couteau
ans le dos... là. * -r- II. désignait la place
entre les deux épaules.
Et, d'un pas assuré, il s'éloigna, laissant
Andréa atterré sur son banc-
. Pendant longtemps, celui-ci demeura cloué
à la même place. ■
Oh ! dans, sa cervelle gangrenée, il eut
beau mille fois tourner et retourner un plan
de traîtrise, il ne put réussir à en mettre un
sur pied.
Il fallait, coûte que coûte,' obéir ! Il sentait
bien qu'il était au plus près serré, et que cette
fois ; on l'égorgerait comme un poulet et sans
1^ moindre scrupule.
. Se confier,... à qui?... Demander aide et
assistance... à qui?...
. A Wlàdimir?...
Celui-ci lui jouerait un vilain tour, trop
heureux de trouver une occasion pour se dé
barrasser d'un ennuyeux et gênant complice.
.Jean lui avait fort bien fait toucher la
chose du doigt.
Et puis Jean le saurait... Et alors..,
Et l'éclair de la lame du couteau flamboyait
devant les yeux affolés du lâche gredin.
La boîte oblongue qu'il sentait à travers
l'étoffe, de son paletot lui semblait brûlante.
Et si elle allait éclater!...
En moins d'une seconde il serait réduit en
bouillie !...
— Il faut obéir !... N'y a pas ! n'y a pas!
— répétait-il inconlfcieîament. '
Et alors, doucement, très doucement, il se
leva et 'se < mit en marche, d'un pas posé,
réfléchi, mesuré qui ne lui était pas habituel.
Un mouvement trop brusque,. un heurt, un
choc, et l 'infernale «;Cûose y pouvait éclater et
le mettre en miettes.
Il sortit du parc Monceau, se dirigeant
vers l'hôtel du comte Êaloutine.
A son arrivée, devait le» écuries, il ren
contra Wlàdimir.
61, rue Lafayette, 61
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UITAît.i 24 ÏR.
MERCREDI .24 MAI 1893
144 SAINT DONATIEN (QUATRE-TESIPS)™—221
TRENTE-UNIÈME ANNÉE. (N uméro 11107)
LES MANUSCRITS NE SONT PAS RENDUS
nages en émail, et un médailloîi en oi? émaillé
a été vendu 10,200 francs. ■;
Le congrès de l'Alliance française a ter
miné hier ses travaux.
L'assemblée s'est occupée de là réforme or-
DERfllERE EDITION
PRBFÂGS ÉLECTORALE
• Le président du conseil a ouvert en fait
par son discours dé Toulouse la .période élec
torale.
Le renouvellement de la Chambre actuelle,
qui est depuis longtemps une opération vi
tale, devient désormais la question la plus
urgente.
Le Parlement n'a pas grandi en considéra
tion depuis le début de cette année ; les se
maines que gagnent les députés peuvent
compter pour leur bourse, mais elles ne ra—'
chètent pas leurs défaillances ; aussi 1 le pu- '
blic, dont l'opinion est faite sur les scandales
du Panama, et qui montre pour les coupables
plus de dédain que de colère; s'est étonné, que
les gouvernants d'hier n'aient, pas • compris'
plus tôt l'intérêt supérieur4e la politique des
acteurs qui ont si mal jouéleur rôle n'avaient
qu'à partir, au plus vite ; nous aurions déjà,
une meilleure, pièce . avec de plus sérieux,
personnages.
La bonne occasion de 'lancer, au moment
opportun,- la dissolution a donc été manquée
n'y revenons plus; car il ne sert de rien .de
ressasser des vérités inutiles. :
Le seul moyen, non pas de . réparer une
faute irréparable, mais d'en prévenir certai
nes conséquences fâcheuses, c'est de hâter la
séparation fatale et de ne plus nous laisser
languir après dès changements universelle
ment désirés. ;
L'initiative prise par M. Dupuy de com
mencer le feu nous dispensera sans doute des
lenteurs .- il faut livrer la .bataille. au plus
vite et déblayer, lés morts. <
Tout le monde est d'accord sur ce point
qu'il est temps de faire face au - dedans, au
dehors, d'inaugurer une politique, de pacifica
tion, de stabilité, de clairvoyance et de. fer
meté qui donnera à notre pays toute sa pros
périté et toute sa grandeur.. Qu'attendons-
nous-pour nous mettre à l'œuvre"? ■
La Chambre, qui se raccroche à ses der
niers lambeaux de pouvoir légal, est discré
ditée, gâtée, sans ressort et sans vertu; tant
qu'elle est là; on sait que l'interrègne se pro
longe, toujours à la veille de dégénérer en
gâchis. Alors pourquoi chicaner sur de misé
rables délais qui servent à peine quelques
personnalités déconfites et qui nuisent à la
République?
: Personne ne perdra plus sa peine à se fâcher
contre la Chambre récalcitrante? qui est'
défunte sans oser disparaître. Mais, en vérité,
qu'on n'abuse pas de cette patience ou de
cette pitié! ;
Nous ne sommespas seuls dans le monde
et des événements . se préparent qui exigent
une complète présence d'esprit, la pleine
possession de nos ressources, notre énergie de
discussion «t d'action intacte. Ne nous. endor
mons pas sur la sécurité d'une heure d'accal
mie, pour nous réveillèr avec de fâcheuses
surprises, sans être'maîtres absolus de toutes
nos forces. •
'***
J'ai regretté que. le sentiment de cette né
cessité naît pas pénétré plus profondément,
dominé plus exclusivement le discours de,
M. Dupuy.
Il contient des parties excellentes ; il est vi-,
siblement en progrès sur les manifestations
de ses prédécesseurs ; il a eu le bon sens et
la bonne foi de reconnaître que la Républi
que n'était la propriété de personne ; il a
essayé courageusement de braver les préju
gés de secte et de coterie.
Mais sa pensée' aurait eu infiniment plus
de poids, -s'il avait mieux montré la gravité
et les responsabilités de la prochaine épreuve'
électorale.
S'il n'a tenu .qu'à en publier la préface,
c'est bien, mais le programme serait insuffi
sant: car le salut de la patrie dépend, de la'
route que le suffrage universel va suivre'et
les dangers les plus grands, comme les devoirs
les plus impérieux, se rattachent à notre atti
tude vis-à-vis de l'étranger ; les chefs d'Etats
amis commeles ennemis se réservent et nous
attendent; ils ajournent leurs élans sympathi
ques, comme leurs complots agressifs ; ils
tiennent à être fixés d'abord sur ce que la
France est capable de concentrer d'énergie
pour faire la figure qui lui convient, ou de
témoigner de faiblesse en s'abandonnant aux
solutions provisoires, en maintenant ' les
divisions qui la diminuent. , '
Il dépend de nous d'encourager les uns et
de déjouer les calculs malveillants des autres.
Je voudrais qu'il y eût enfin ici, comme en
Angleterre, assez de bon Sens et de,vigueur
pourl embrasser l'ensemble de nos intérêts
nationaux et obliger tous les partis, sans
distinction, à subir la trêve des conflits et
des crises, à renfermer leurs appétits et leurs
ambitions dans ce cercle patriotique.
II—y a des paroles qui n'ont pas : été pro
noncées par le président du conseil, qu'il a
certainement dans le cœur, mais qui ont
besoin d'être affirmées avec éclat : les riva
lités de personnes disparaissent trop devant
les résolutions viriles à prendre en ' commun,
pour nous dérober le souci généreux des des
tinées de la République française. Elles doi
vent briller comme le soleil : aveugle qui ne:
les verra pas, maladroit qui reculera devant
l'expression de ses plus chères aspirations.
Que personne ne se trompe sur . l'indiffé
rence apparente d'uni peuple qui. s'appli-
_que depuis vingt-deux ans avec une infa
tigable volonté à se reconstituer; son silence
ne prouve que sa défiance. & l'égard des
charlataneries, ' dos imprudences qui l'en
traîneraient aux luttes stériles ou aux aventu
res. Recueilli dans la protection de ses droits
et de son indépendance, ne voulant attaquer
personne, mais décidé' aussi à ne plus se lais
ser entamer ou humilier, adversaire passionné
do la révolution et de la guerre, il prend
conscience-de sa dignité, inséparable du res
pect qui lui est dû par l'Europe et qu'il en
tend imposer dans la mesure où il le mérite.
" C'est en s'inspirant de ces besoins, de ces
vœux qui vivent dans l'âme de tous les ci
toyens du Nord ou du Midi, de l'Est ou do
l'Ouest, que la Chambre, que le gouvernement
de demain, seront dignes de représenter et de
diriger la France. -
_.Tristan.
AUX HABITANTS
de la banlieue de Paris
Nous appelons par avance l'attention de
nos lecteurs de la .banlieue sur l'article que
publiera demain notre collaborateur Jean
sans Terre au sujet de la démolition des for
tifications de Paris.
Il semble que l'heure approche où ces ves
tiges glorieux mais inutiles du passé vont
enfin disparaître.
Eolios dé jpsL3?-to\it
Les obsèques de M. Régis Arthaud, ins
pecteur d'académie, chef du cabinet de la
Erésidéncë.du conseil,-ont été célébrées à Paris
1er. matin, à dix heures.
"Les ministres des "affaires étrangères, de
l'instruction publique, de la guerre, des finan
ces, de l'agriculture, le général Borius, secré
taire général de la" présidence de la Républi-;
que, le colonel Dals tein, officier d'ordonnancé
du président de la République', l'amiral
Gervais, M. Cambon, gouverneur général de
l'Algérie, le préfet de la Seine, la préfet de
police, M. Manau, procureur général prés la
cour de cassation, un grand nombre de séna
teurs, de députés étaient venus assister à la
cérémonie.
Le deuil était conduit par M. Charles Dupuy,
président du conseil, beau-frère du défunt,
rentré à Paris de Toulouse le matin à quatre
heures..
Les cordons du poêle .étaient tenus par
MM. Sainsère, directeur du cabinet et duper-,
sonnel au ministère de l'intérieur, Monod,
directeur de l'Assistance et de l'hygiène pu
bliques, Liard, directeur de l'enseignement
supérieur, Payelle, chef du cabinet du minis
tre de l'instruction publique, et Boucard, chef
du cabinet du ministre de l'agriculture.
Après la cérémonie religieuse, le convoi
s'est rendu à la gare de Lyon.
L'inhumation se fera à Ambert (Puy-de-
Dôme).
■■■■ '•
A l'Institut :
Hier, l'Académie des sciences qui, en rai
son du lundi de la Pentecôte, ne s'est réunie
qu'hier, a nommé au premier tour de scrutin
et à une grande majorité, comme correspon
dant delà section de physique, M. Wiede-
mann", directeur des Annales d,e chimie et
de physique du Berlin.
M. Berthelot a déposé sur le' bureau trois
volumés sortant des presses de l'Imprimerie
nationale, dans lesquels il a développé l'his
toire de la chiigie au moyen âge.'Il résulte,
de cet immense travail que toutes les origi
nes de notre science chimique sont grecques
et que .l'on ne doit aux. Arabes aucune des"
découvertes à eux attribuées par la trop fertile
imagination des chroniqueurs. Ils n'ont été
que ; de simples traducteurs souvent peu
fidèles.
A l'Académie française, qui tenait sa séance
spéciale du mardi, , très peu d'absents. On
comptait trente immortels présents, ce qui
est chose rare. _ ;i ;.
Ils ont, décidé que pour le concours de poé
sie de 1895 le sujet serait tiré, de l'époque de
la Renaissance, puis se-«ont mis au travail
du dictionnaire.
M. Théophile-Armand Neveux, sénateur ré
publicain et président du ..conseil général des
Ardennes, est mort hier matin à dix heures à
Paris, 141, éboule yard Saint-Michel. Il était né
à Seraincourt le 13 mars 1824
Ses obsèques seront célébrées jeudi à Char-
leville. - ■
- , ' '
Le Salon des Champs-Elysées. i. - . '
- Le vote de la médaille d'honneur pour tou-'
tes les sections est fixé à demain jeudi : l'ar
chitecture,^ dixheurès du matin ;' la peinture,.
à deux heures ; là; sculpture et la gravure, à
trois heures. ' _ ;
..'•".lie Salon sera fjjrm&aprés-demàia-vendredi
par.suite du voté des récompenses et sera
rouvert samedi. ■:
Le retour de là mission Maistre a été fêté
hier soir à l'Hôtel-Continental par un grand
banquet auquel .assistaient tous les « colo
niaux » de Paris.
A droite du président, M. le prince d'Aren-
berg, était assis M. Maistre ; ses compa
gnons de voyage, MM. Clozel, de Béhagle,
Riollot, Bonnol de Maizières et • Chostrey,
étaient également à la table d'honneur.
Parmi les convives :. M. Etienne, vice-pré
sident de la- Chambre, président du groupe
parlementaire colonial ; le colonel Chamoin,
représentant Je président de la République ;
le lieutenant-colonel de dragons Tremeau,
rep'résèntantle ministre- de la guerre ; M. Beck,
chef de oabinet du sous-secrétaire d'Etat des
colonies, délégué par M. Delcassé,empêché; les
explorateurs Monteil, Binger, Dybowski, Du-
nod, Claine, -Métivier; M. Gauthiot, secré
taire général de la Société de géographie ;
M. Ballot, lieutenant-gouverneur du Bénin ;
M. Maistre père ; M.-Georges Viliain, conseil
ler municipal; le colonel Laussedat, M. Noël
Pardon, MM. Mager et Raoul, etc.
• AU dessert; M. le prince d'Arenberg a porté
la santé du chef de l'Etat, puis a retracé rapi
dement l'œuvre de la mission Maistre, en
voyée en Afrique pour seoonder M. Dybowsky,
parti lui-même pour venger Crampel. ■ ' -
^L'orateur a fait ressortir les-résultats géo
graphiques et-. ethnographiques dé cette
exploration accomplie dans des circonstances
fort difficiles. - • ; .......
On a chaleureusement applaudi une vigou-.
reuse réplique'du prince d Arenberg aux at
taques dont est, 'en ce -moment, • l'objet le
lieutenant de vaisseau Migon.
En quelques mots très sobres, M. Maistre a
remercié. Après un toast de M. Beck,
M. Etienne a encore une fois exalté, en ter
mes chaleureux, la politique d'expansion co
loniale. Il a félicité M. Maistre et les explora
teurs qui l'ont précédé d'avoir assuré l'in
fluence française du Congo au lac Tchad.
D'autres discours ont été prononcés par le
commandant Monteil, comme délégué de la
Société de géographie, par M. Gauthiot, au
nom de la Société de géographie commer
ciale, et par M. Tharel.
A la suite d'une chute qu'il a faite la se
maine' dernière, au palais du Luxembourg,
le comte de Tréveneuc, sénateur des Côtes-
du-Nord, avait dû s'aliter.
Avant-hier il a . subi une douloureuse opé
ration et son état de santé s'est aggravé au
point de adonner de : vives inquiétudes, en
raison surtout de son grand âge : le comte
de Tréveneuc a soixante-dix-huit ans. >-
La vente Spitzer a recommencé hier par
une journée de 353,130 francs.
Il.y a de beaux prix à citer dans cette va
cation qui compreâait des bijoux, des bagues,
des sculptures en buis et en pierre et des
pierres dures.
Un vase en forme de seau, en cristal .de
roche, monté en or émaillé, a été vendu
70,000.francs; un grand baiser de paix en
cristal de roche, orné d'or et émaillé de pier
reries, 40,000- francs; ; une coupe en jaspe'
fleuii montée en or émaillé, 45,000 francs ;
une grande coupe en cristal de roche montée
en or émaillé, 27,000 francs.
Parmi les bijoux, un amateur a payé:
46,000 francs un tableau d'or orné de person-
isolés, mais d'une façon méthodique. Plu
sieurs membres ont exprimé l'avis que l'Al
liance française n'a pas à intervenir dans
cette, question sur laquelle on est loin d'être
partout d'accord. ' .
En ce qui concerne lï participation de la
jeunesse des écoles à l'œuvre de l'Alliance, le
congrès a demandé la création du « sou de
l'Alliance française ».
LES VISITES ACADÉMIQUES
■ d.'Achil le L e Roy
Le poète révolutionnaire Achille Le Roy a
continué ■ ses visites ' académiques dans le
"même équipage carnavalesque que vendredi
dernier. La diligence à" caisse jaune du ci
toyen Maxime Lisbonne a fait son apparition
à midi sur la place Pigalie, où le candidat -
académique avait donné rendez-vous à ses
amis à onze-heures et demie. L'exactitude
étant la politesse des rois, n'en faut pas dans
le monde anarchiste.
En même temps que les invités, on empilait
dans le véhicule un" grand nombre de mar
mites vides qui devaient simuler des engins
explosibles et servir au besoin de carte de
visite au citoyen Le Roy.
Le premier académicien chez lequelon s'est
présenté a été Alexandre Ôumas qui a consi
gné sa porte.
Une marmite a été déposée entre les mains
de son valet de chambré ahuri. Au moment
de s'en aller Achille Le Roy et se» compagnons,
rencontrent M. Mézières qu'ils abordent en
l'appelant-:« "citoyen immortel. »
M. Mézières prend la chose en riant, et on
se quitte en se serrant la main.
La caravane se rend ensuite chez M. Pail-
leron, quai d'Orsay, ôù la même scène-s'est
reproduite. 1
L'auteur du Monde où l'on s'ennuie. n'étant
pas chez lui; une nouvelle marmite est re
mise au domestique.
Enfin la tournéematinalese termina â l'Ins
titut où nos anarchistes font le. simulacre de
déposer des engins explosibles pendant qu'un
ph&to.çraphe éprend quelques instantanées;
Dans* Ja soirée, nouvelle « ballade » de la"
.diligence a .lrwrag&'I > itm..etvisites.chez. Mme
Adam, le duc d'Aumale, etc.: :
- . En rentrant chez lui le poète a reçu; congé
de son ; propriétaire. Sans , doute celui-ci
n'aime pas les académiciens présents et...
futurs..
NOS MARINS -A CHICAGO
Le lieutenant de vaisseau Testu de Balin-
court, qui commande le détaohement de ma
rins français à l'Exposition de Chicago,' vient
d'envoyer son rapport au ministre de la ma
rine. En voici le-résumé :
Le l« r mai,. jour de l'ouverture de l'Exposi
tion, le détachement de marins français a été
rangé en tenue de service devant la partie
du palais des. manufactures réservée à la
France et a. rendu au président de la Répu
blique des Etats-Unis les honneurs, réservés
aux chefs d'Etat. • .
M. Cleveland a chargé M. le sénateur
Krantz, commissaire général de l'Exposition
française, de leur exprimer ses remerciements
en même temps qu'il le félicitait sur la tenue
militaire du détachement.
A l'entrée comme à la sortie I qs exposants
français et étrangers, ainsi que la. foule, ont
longuement acclamé nos marins. -
Le 4 mai, le comité général français a of
fert, au nom du président de la République
française, un bapquet de deux cents couverts
au duc de la Veragua, descendant direct de
Christophe Colomb et représentant le roi
d'Espagne, aux directeurs de l'Exposition,
aux consuls et commissaires généraux 4es dif
férentes nations, au maire et à toutes leô per
sonnes notables de Chicago.
Nos matelots.formaient'la garde d'honneur
dans la salle de réception, qui était entière
ment'pavoisée de drapeaux français et améri
cains.
. A la suite de, cette réception, le comité
français à offert un dîner à nos marins, et, au
dessert, M. le commissaire général Krantz est
venu les remercier'du concours extraordinaire,
qu'ils lui ont prêté en, aidant 'les exposants à
reconnaître et à distribuer leurs produits
dans les diverses sections. Ils se sont d'ail
leurs acquittés de ce service péniblejà la sa
tisfaction générale, et M. Krantz, pour leur
en témoigner sa gratitude, leur avait fait
adresser, par M. le lieutenant, de-vaisseau de
Balincourt, l'ordre du jour suivant : V
Officiersmariniers, quartiers-maîtres et marins,
M. le commissaire général Krantz, sénateur.
me charge de vous témoigner sa satisfaction pour
l'entrain et le zèle dont vojis avez fait preuve jus
qu'ici dans l'installation de la section française ;
il vous donnera prochainement une. preuve du
bienveillant intérêt qu'il vous porte.
Je saisis avec empressement cette occasion de
joindre mes félicitations aux siennes.
A partir de demain, l'Exposition sera ouverte
et le rôle que vous aurez désormais à remplir
sera purement : militaire ; je ne doute pas que
vous ne méritiez;par votre conduiteet votre tenue
d'être cités comme .exemple, aux diverses na
tions réunies & Chicago; cela vous sera facile e n
vous rappelant que, vous représentez ici la ma
rine française à laquelle.nous sommes tous fiers
d'appartenir. ■
Le Supplément illustré publia cette
semaine un grand dessin d'actualité
en couleurs : .
Le retour du géhérai Dodds
: REMISE DE LA MEDAILLE DU DAHOMEY
et une superbe reproduction en couleurs
du magnifique tableau qui est cette
année le grand succès du Salon :
PROPOS GALANTS
(Tableau de Roybet. — Salon.de 1893)
^Lé numéro se vend 5 centimes
Le typhus à. Lillê
(Dépêches de .notre correspondant)
Lille, 23 mai.
L'épidémie de typhus qui règne à Lille de
puis trois mois avait amené déjà la mort
d'une victime du devoir, M. Dieudonné,
avocat, attaché au parquet, qui avait contracté
les germes - de la maladie pendant* l'interro
gatoire d'un détenu à la prison. '
M. Harber, commissaire de police ' à Fives,
est mort ce matin, à huit heures, aprè's dix
jours de maladie seulement, en pleine vi
gueur et à peine âgé de quarante ans. Ce ma
gistrat avait contracté les germes de la terri
ble maladie, soit au palais de justice, soit en
faisant désinfecter le logement d\m typhi-
que à Fives. ;. ; - . .
M-Devis, chroniqueur judiciaire du jour
nal la Dépêche, est également mort .samedi,
et on a des craintes au sujet, de MM. Baggio,
"adjoint au maire, et Ozenfant, président du
tribunal de commerce, atteiai3 _Dar le typhus,
dont ils ont contracté les gérmesT^seitlà la
prison, soit au palais de justice* contiguT^***—
dl heures soir.
M. Baggio, avocat, adjoint au maire de
Lille, vient de inourir du typhus qu'il avait
contracté, il'y a une dizaine aie jours, au pa
lais de justice.
L'inauguration
IPTJ POKT DE TXTZTIS
(Dépêches de notre envoyé spécial)
Tunis, 23 mai.
Les jours se suivent et ne se ressemblent
pas. Après la soirée de dimanohe, qui a été
superbe, et qui avait attiré tout le long des
allées de la Marine uûe foule considérabït.'
sur le passage d'une retraite aux flambeaux
des plus originales, exécutée par les musiques
des 4® zouaves et 4® chasseurs d'Afrique, es
cortées de Bédouins huchés sur leurs cha
meaux, nous nous sommes réveillés hier avec
le froid et la pluie.
Toute la matinée, il est tombé de véritables
ondées, accompaginées d'une petite brise gla
ciale. Vers midi cependant le ciel s'est éclairci,
lè soleil a bien voulu réapparaître, et les fa
natiques de sport - ont pu reprendre la route
de l'hippodrome de Mégrine pour assister au x
épreuves de la seconde et dernière journée de
courses.
. Malgré la>.pluie du matin qui avait détrempa
le terrain, tout s'est fort bieh passé ; les cour
ses terminées, nous avons eu une grande fan
tasia, exécutée par des Arabes aux costumes
éblouissants. Rien de plus joli et de plus élé
gant que ces hardis cavaliers, accomplissant
sur leurs montures de véritables tours de
force, derrière d'extravagants musiciens, les
joueurs do derbouk. Et .quelles recherches,
quel luxe dans le, harnachement de ces che
vaux! Plusieurs disparaissaient littéralement
sous leur selle monumentale au pommeau et
aux arçons en filigrane "d'argent, et sous la
-67— feuilleton du 24 mai 1393
CD
Le BRICK_D'ÊBÊNE
DEUXIÈME PAUTIH ,
i/QFJFIOIER BLSU .
n (Suite)
Un accident
— Commande I mon brave Jean ! Ordonne I
Et tu verras!... Jé ne te demande qu'une
those : mets-moi à l'épreuve et tu verras.
. — Oui, je verrai.. .
— Tu peux avoir confiance en moi...
— J'ai peut-être tort, mais enfin j'essaie...
Mais, sois^ certain, c'est comme pour ton
filage, toutes nos précautions seront bien
prises.
— Ah ! tu peux croire que l'idée ne me vien
dra même pas.. .
Cette fois encore Jean Steinberg coupa
court à toutes ces protestations :
— Ne blague donc point... Si tu gavais
comme je t'écoule!... Si tu pouvais le faire...
tu irais me vendre en sortant d'ici.
— Oh ! si l'on peut dire I
— Ne prends pas l'air indigné... J'en suis
sûr, -
— Je te le jure...
— Allons I Tais-toi... J'ai dit : — « Si tu
pouvais. »• Or, cela. te sera matériellement
impossible... Une supposition... Tu ira3
raconter au générâl de. Thaï que * je.suis ici,
& Paris même... Il me fera rechéroher, mais
- (1) Tradnclicn cl reprcduclion interdites.
quant à ma trouver c'est une autre histoire,
j'ai une bonne cache..
Ici, la froide figure de Jean Steinberg s'é
claira du plus narquois des sourires, mais ce
fut pour reprendre aussitôt sa glaciale im
passibilité.
—i Oui, ma cache est bonne, et jamais tu
ne pourras la soupçonner... Mais avant
même que l'un des agents du général se soit
mis en mouvement, tu recevrais là, sens-le
bien, entre les deux épaules, le coup de cou
teau qui saurait bien saigner ton cœur de
lâché et de traître.
Le baron se reprit à frissonner.
. t Mais puisque je te jure de ne pas te tra
hir!...
— J'y oompte bien, je te dis !... Mainte
nant, écoute et n'interromps plus... Je vais
t'apprendre ce qu'il y a à faire... Je te pré
viens que ça sera dur... Mais avec de l'œil et
du sang-froid... tu t'en tireras certainement
les grégues nettes, et tu pourras continuer
ta charmante existence.
— Tout ce que tu m'ordonneras, je le
ferai.
— Voici : tu te rends une ou deux fois par
semaine chez le général de Thaï.
La réponse affirmative se fit attendre.
— Mais puisque je le saisj imbécile.. . Tu
mouchardes pour son compte... Quand dois-
tU y aller?.
— Après-demain. ,
~ Bien, c'est parfait. Dois-tu y aller seul?
—f Non... avec le comte Paloutine.
—- Ah ! diable, ceci rend la. chose plus diffi-
cile... Mais dame, ça te regarde.. ; Tu t 'ar
rangeras. .. Tâche que ton ami* 'Wlàdimir
ne se doute point do la chose... autrement...
il te vendrait.. ." tu'peux en être certain,
quand bien même cela ne serait que pour se
débarrasser de toi... car vous avez com
mis bien des infamies ensemble... Donc,
prends tes précautions pour qu'il ne se
doute pas du coup... autrement tu serais
flambé.
— Que faut-il faire? — demanda résolu
ment Andréa.
— Il existe une petite entrée' particulière,
au bout de l'hôtel du-général de Thaï. Cette
entrée conduit par un rapide escalier dérobé,
un escalier de quelques'marches, à l'entresol
où se trouve le cabinet de travail du général.
Le baron leva sur Jean Steinbeg des yeux
où se lisait la plus profonde surprise.
— Nous en savons bien d'autres, — fit en
haussant les'épaules. Jean Steinberg, — mais
je n'ai pas fini.. Tout ce que je t'ai dit jus
qu'ici est très exact.
— Parfaitement exact.
— Vous avez, chacun des agents, une ma
nière particulière de sonner... Tu vois que je
sais encore cèla. ... A votre coup de sonnette
la porte s'ouvre.'.. L'escalier est éclairé par
une torchère à gaz, qui se trouve placée dans
un petit renfoncement.
-t- C'est tout à fait cela.
— Eh bien ! Après-demain soir, en accom- ,
pagnant ton ami Wlàdimir, tu. auras soin, tu
m'entends bien, tu auras soin de dépçser to.ut
doucement l'objet que je vais te donner der
rière le piédestal de la torchère..
Et Jean Steinberg sortit de la poche inté
rieure de son pardessus une sorte de boîte'
oblongue, e'n métal blanc, qui avait l'air, au
premier abord, d'un inoffensif étui à cigares.
Le baron Andréa Cazérès ne se dépêchait
nullement de se saisir de la boîte.
Bien au contraire, il avançait, reculait la
main, tour à tour, comme si la boîte eût été
un fer rouge.
— Veux-tu la prendre! — ordonna Jean.
Steinberg en fronçant le sourcil.
— Là, — reprit-il, quand la boîte fut dans
les doigts du baron, — comprends bien. .. au
bas de la boîte tu vois une vis.. Tu la tour
nes jusqu'à ce que tu sentes une résistance...
Cette vis, ce remontoir, met en marche un
mouvement d'horlogerie... Le reste ne te re
garde pas.. . Tu déposes ta boîte toute mon
tée derrière le pied dé la torchère, et tu te re
tires les mains dans les poches... C'est tout
ce que je te demande pour te faire grâce de
la vie... Tu vois que cela n'est pas bien
difficile.
Andréa était devenu couleur d'absinthe
claire.
Il tournait et retournait l'engin entre ses
doigts.
— Allons ! cache ça. Enferme-le dans la
poche de ton paletot et bonne chance. !.
Jean Steinberg s'était levé, et se disposait
à partir.
-Et menaçant le baron du doigt:
— Et pas de tricherie, pas de double jeu...
Tu es bien prévenu... Tu vois qjie tu es percé
à jour... Fais ce qui est ordonné... Ne cher-,
che pas à biaiser; autrement, je te jure bien
qu'il n'y a pas de cuirasse, pas de police qui
fourraient te faire éviter le coup de couteau
ans le dos... là. * -r- II. désignait la place
entre les deux épaules.
Et, d'un pas assuré, il s'éloigna, laissant
Andréa atterré sur son banc-
. Pendant longtemps, celui-ci demeura cloué
à la même place. ■
Oh ! dans, sa cervelle gangrenée, il eut
beau mille fois tourner et retourner un plan
de traîtrise, il ne put réussir à en mettre un
sur pied.
Il fallait, coûte que coûte,' obéir ! Il sentait
bien qu'il était au plus près serré, et que cette
fois ; on l'égorgerait comme un poulet et sans
1^ moindre scrupule.
. Se confier,... à qui?... Demander aide et
assistance... à qui?...
. A Wlàdimir?...
Celui-ci lui jouerait un vilain tour, trop
heureux de trouver une occasion pour se dé
barrasser d'un ennuyeux et gênant complice.
.Jean lui avait fort bien fait toucher la
chose du doigt.
Et puis Jean le saurait... Et alors..,
Et l'éclair de la lame du couteau flamboyait
devant les yeux affolés du lâche gredin.
La boîte oblongue qu'il sentait à travers
l'étoffe, de son paletot lui semblait brûlante.
Et si elle allait éclater!...
En moins d'une seconde il serait réduit en
bouillie !...
— Il faut obéir !... N'y a pas ! n'y a pas!
— répétait-il inconlfcieîament. '
Et alors, doucement, très doucement, il se
leva et 'se < mit en marche, d'un pas posé,
réfléchi, mesuré qui ne lui était pas habituel.
Un mouvement trop brusque,. un heurt, un
choc, et l 'infernale «;Cûose y pouvait éclater et
le mettre en miettes.
Il sortit du parc Monceau, se dirigeant
vers l'hôtel du comte Êaloutine.
A son arrivée, devait le» écuries, il ren
contra Wlàdimir.
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