Titre : Feuilles libres de la quinzaine
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1939-09-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34432421s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2474 Nombre total de vues : 2474
Description : 10 septembre 1939 10 septembre 1939
Description : 1939/09/10 (A5,N85). 1939/09/10 (A5,N85).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6126453c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-3285
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Chacun de ces mots nous coûte à écrire, parce qu'il
a présentement une froideur cruelle. Peut-on se donner
des règles d'hygiène intellectuelle et de vie morale dans
une telle atmosphère, alors qu'on est. menacé à toute
minute par les défaillances de la sensibilité, alors qu'une
lettre, une rencontre, une conversation, sont autant
do blessures? Hélas! notre manière de tenir, c'est de
ne rien démentir de ce que nous avons dit el pensé.
Nous sommes convaincus que tout affolement collectif
va dans le seirs de la violence et ajoute quelque chose
au malheur qui nous accable. Si nous voulons tenter
de sauver quelques bribes de ce qui faisait notre raison
de vivre, nous ne saurions nous y appliquer avec trop
de soins, avec trop do farouche volonté.
Car tout n'est pas encore irrémédiablement décidé.
Si la guerre s'engageait vraiment à fond et pour une
durée indéfinie, nul doute qu'elle soit alors pleinement
ce que nous avons toujours d'il. Mais nous n'en sommes
pas encore là. Peut-être subsisto-t-il des chances de
limiter le lléau dans le temps cl dans la durée. Les
«Uf.'iiiirc, être .prêts à les accueillir, faire en sorte qu'on
les saisisse, qu'on rende les hommes à la vie et à la
lumière, telle est aujourd'hui la forme de nos derniers
espoirs. A partir d'un certain degré de fatalité, il n'y
a plus de prévision possible. On partait pour trois mois
en 1914. et ce fui ce qu'on sait — pour le résultat qu'on-
sait. 11 n'est pas impossible que le destin se joue do
nous celle fois en sens inverse, pour notre salut. Puis-
sions-nous alors, et si peu que ce soit, communier d'el-
forl et d'intention avec le destin !
L. EMi-ny.
LE CULTE DU CHEF
d'appès des documents tirés de la presse soviétique
N. D. L. R. — Certains nous reprochaient noire antisiulinisme. Nous avons combalLa, en effet, les Staliniens
Unit qu'on pouvait espérer mcllïe en garde contre leur duplicité el dénoncer utilement en eux des fauteurs de (pierre.
Aujourd'hui (pie la démonstration est faite, nous ne perdrons [dus notre temps à pi.elin.er des .caduures. Mais les
articles qu'on va lire, résumé d'une thèse de doctoral en prépui'alion, el qui. nous avaient d'uUlcurs été envoyés en
juillet dernier, restent une instructive analyse de ce que peuvent être à notre époque l'avciiglemeni. des foules
el l'idolâtrie des chefs.
Il nous a paru intéressant d'exposer certains traits
essentiels et peu connus de la déification du secrétaire
général du Parti communiste en TJ.R.S.S.
Uno élude quelque peu approfondie de ce culte, avec
exposé des faits, interprétations, genèse, conclusions,
exigerait l'ampleur d'un ouvrage. Les aperçus explica-
tifs que nous donnerons ne sauraient donc constituer
uno analyse complète du phénomène, de même que nos
deux chapitres : Staline adoré par les poètes, Staline
omniscient, ne sauraient englober les aspects multiples
de colle vénération. D'autres rubriques pourraient s'in-
tituler : « Staline adulé des prosateurs », « Staline omni-
potent », « Staline et ses affigies », etc., elc...
Avant d'aborder l'aspect lyrique du culte, il nous
semble nécessaire do rappeler que, selon les affirmations
de M. Staline, l'U.R.S.S. vil depuis plusieurs années
sous le régime socialiste (1) et ôvoluo vers le stade du
communisme.
M. Staline insiste de plus en plus, dans ses derniers
discours, sur la nécessité de distinguer soigneusement
les doux régimes, le socialisme rémunérant chacun selon
son travail, le communisme donnant à chacun selon
ses besoins. Ce leit-motiv est destiné A excuser, sinon à
justifier, la réapparition, dans la société soviétique, d'une
différenciation sociale très nette. Le culle du chef n'est
pas étranger à cette évolution : c'est à l'époque où les
nouveaux privilèges sont consacrés et. morne exaltés
dans un discours (2) do M. Staline que les flatteries des
privilégiés acquièrent lo caractère d'un sacre mystique.
11 est à peine besoin de souligner quo ce culte est
en contradiction flagrante avec la philosophie du socia-
lisme ; les fonda leurs de la doctrine aussi bien que les
disciples les plus indépendants s'accordent, sur un prin-
cipe fondamental, repris dans leur chant de ralliement...
« 11 n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni
tribun... »
Alors quo certains marxistes affirment la nécessité de
la dictature de l'Etat prolétarien dans la première phase
de la révolution, tous s'élèvent violemment contre la
prééminence d'un «chef», d'un «autocrate».
En opposition avec ce principe, la société soviéliqiic a
élé, dès l'origine, gouvernée par un chef. Cependant,
tout en maniant les armes de la dictature qu'il jugeait
nécessaire pendant la guerre civile, Lénine se refusait à
jouer les dictateurs et par conséquent à se laisser adorer,
statufier, flatter, introniser de son vivant. Tandis qu'en
1920 le cinquantième anniversaire de Lénine avait été
fêté dans la plus stricto intimité, le cinquantième anni-
versaire de M. Staline fui, en 1929 déjà, célébré avec une
pompe inouïe...
Ce n'était qu'un début.
M. Slaline est devenu, depuis, l'objet d'une publicité
sans pareille qui exploite la vue et l'ouïe, le conscient
et l'inconscient de millions d'hommes, le savoir-faire,
l'imagination, la ruse de milliers do propagandistes, el
la force do conviction du G.P.U.
I. — STALINE ADORE PAR LES POETES
Pris parmi des milliers, les quelques spécimens qui
vont suivre illustreront mieux que tout récit le culle
consacré au dirigeant « du pays le plus démocralique du
monde » (1).
(1) L'avènement du socialisme daterait, des premières
années du plan quinquennal.
(2) Voir entre autres le discours prononcé par M. Sta-
line le 17 novembre 1935 à la première conférence dos
Slakhanovislcs. Moscou, 1937. Edition du Parti Commu-
niste Russe.
(1) Préambule de la nouvelle Constitution soviétique.
a présentement une froideur cruelle. Peut-on se donner
des règles d'hygiène intellectuelle et de vie morale dans
une telle atmosphère, alors qu'on est. menacé à toute
minute par les défaillances de la sensibilité, alors qu'une
lettre, une rencontre, une conversation, sont autant
do blessures? Hélas! notre manière de tenir, c'est de
ne rien démentir de ce que nous avons dit el pensé.
Nous sommes convaincus que tout affolement collectif
va dans le seirs de la violence et ajoute quelque chose
au malheur qui nous accable. Si nous voulons tenter
de sauver quelques bribes de ce qui faisait notre raison
de vivre, nous ne saurions nous y appliquer avec trop
de soins, avec trop do farouche volonté.
Car tout n'est pas encore irrémédiablement décidé.
Si la guerre s'engageait vraiment à fond et pour une
durée indéfinie, nul doute qu'elle soit alors pleinement
ce que nous avons toujours d'il. Mais nous n'en sommes
pas encore là. Peut-être subsisto-t-il des chances de
limiter le lléau dans le temps cl dans la durée. Les
«Uf.'iiiirc, être .prêts à les accueillir, faire en sorte qu'on
les saisisse, qu'on rende les hommes à la vie et à la
lumière, telle est aujourd'hui la forme de nos derniers
espoirs. A partir d'un certain degré de fatalité, il n'y
a plus de prévision possible. On partait pour trois mois
en 1914. et ce fui ce qu'on sait — pour le résultat qu'on-
sait. 11 n'est pas impossible que le destin se joue do
nous celle fois en sens inverse, pour notre salut. Puis-
sions-nous alors, et si peu que ce soit, communier d'el-
forl et d'intention avec le destin !
L. EMi-ny.
LE CULTE DU CHEF
d'appès des documents tirés de la presse soviétique
N. D. L. R. — Certains nous reprochaient noire antisiulinisme. Nous avons combalLa, en effet, les Staliniens
Unit qu'on pouvait espérer mcllïe en garde contre leur duplicité el dénoncer utilement en eux des fauteurs de (pierre.
Aujourd'hui (pie la démonstration est faite, nous ne perdrons [dus notre temps à pi.elin.er des .caduures. Mais les
articles qu'on va lire, résumé d'une thèse de doctoral en prépui'alion, el qui. nous avaient d'uUlcurs été envoyés en
juillet dernier, restent une instructive analyse de ce que peuvent être à notre époque l'avciiglemeni. des foules
el l'idolâtrie des chefs.
Il nous a paru intéressant d'exposer certains traits
essentiels et peu connus de la déification du secrétaire
général du Parti communiste en TJ.R.S.S.
Uno élude quelque peu approfondie de ce culte, avec
exposé des faits, interprétations, genèse, conclusions,
exigerait l'ampleur d'un ouvrage. Les aperçus explica-
tifs que nous donnerons ne sauraient donc constituer
uno analyse complète du phénomène, de même que nos
deux chapitres : Staline adoré par les poètes, Staline
omniscient, ne sauraient englober les aspects multiples
de colle vénération. D'autres rubriques pourraient s'in-
tituler : « Staline adulé des prosateurs », « Staline omni-
potent », « Staline et ses affigies », etc., elc...
Avant d'aborder l'aspect lyrique du culte, il nous
semble nécessaire do rappeler que, selon les affirmations
de M. Staline, l'U.R.S.S. vil depuis plusieurs années
sous le régime socialiste (1) et ôvoluo vers le stade du
communisme.
M. Staline insiste de plus en plus, dans ses derniers
discours, sur la nécessité de distinguer soigneusement
les doux régimes, le socialisme rémunérant chacun selon
son travail, le communisme donnant à chacun selon
ses besoins. Ce leit-motiv est destiné A excuser, sinon à
justifier, la réapparition, dans la société soviétique, d'une
différenciation sociale très nette. Le culle du chef n'est
pas étranger à cette évolution : c'est à l'époque où les
nouveaux privilèges sont consacrés et. morne exaltés
dans un discours (2) do M. Staline que les flatteries des
privilégiés acquièrent lo caractère d'un sacre mystique.
11 est à peine besoin de souligner quo ce culte est
en contradiction flagrante avec la philosophie du socia-
lisme ; les fonda leurs de la doctrine aussi bien que les
disciples les plus indépendants s'accordent, sur un prin-
cipe fondamental, repris dans leur chant de ralliement...
« 11 n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni
tribun... »
Alors quo certains marxistes affirment la nécessité de
la dictature de l'Etat prolétarien dans la première phase
de la révolution, tous s'élèvent violemment contre la
prééminence d'un «chef», d'un «autocrate».
En opposition avec ce principe, la société soviéliqiic a
élé, dès l'origine, gouvernée par un chef. Cependant,
tout en maniant les armes de la dictature qu'il jugeait
nécessaire pendant la guerre civile, Lénine se refusait à
jouer les dictateurs et par conséquent à se laisser adorer,
statufier, flatter, introniser de son vivant. Tandis qu'en
1920 le cinquantième anniversaire de Lénine avait été
fêté dans la plus stricto intimité, le cinquantième anni-
versaire de M. Staline fui, en 1929 déjà, célébré avec une
pompe inouïe...
Ce n'était qu'un début.
M. Slaline est devenu, depuis, l'objet d'une publicité
sans pareille qui exploite la vue et l'ouïe, le conscient
et l'inconscient de millions d'hommes, le savoir-faire,
l'imagination, la ruse de milliers do propagandistes, el
la force do conviction du G.P.U.
I. — STALINE ADORE PAR LES POETES
Pris parmi des milliers, les quelques spécimens qui
vont suivre illustreront mieux que tout récit le culle
consacré au dirigeant « du pays le plus démocralique du
monde » (1).
(1) L'avènement du socialisme daterait, des premières
années du plan quinquennal.
(2) Voir entre autres le discours prononcé par M. Sta-
line le 17 novembre 1935 à la première conférence dos
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