Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 novembre 1922 01 novembre 1922
Description : 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30. 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120304p
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
L'ISLAM A PARIS
283
française. Le Maréchal Bugeaud, en Algérie, le Maréchal Galliéni,
qui pacifia Madagascar avant de devenir le défenseur et le sauveur
de Paris. Enfin le Maréchal Lyautey au Maroc.
Comme jadis Scipion, Monsieur le Maréchal, on vous a déjà
appelé, je crois que c'est Claude Farrère qui vous a donné ce
nom, Lyautey VAjricain. Voulez-vous me permettre de vous décer-
ner un autre titre et de saluer en vous : le Maréchal de l'Islam.
Mesdames, Messieurs, je souhaite que souvent encore nous puis-
sions nous réunir dans cette enceinte où, plus nombreux chaque
fois, nous travaillerons à fortifier les liens affectueux qui unissent
les deux Frances, la France métropolitaine et la France musulmane.
Enfin le Maréchal Lyautey se leva et, au
milieu du plus profond silence, il prononça les
paroles suivantes exprimant, avec tout son coeur,
la pensée de la France islamique.
Discours du Maréchal Lyautey
MESSIEURS,
Le • 1er mars dernier, M. Maurice Colrat, alors sous-secrétaire
d'Etat à la présidence du Conseil, aujourd'hui Ministre de la
Justice, présidant la cérémonie de l'orientation de cette mosquée,
disait: « Quand s'érigera le Minaret que vous allez construire, il
ne montera vers le beau ciel de l'Ile-de-France qu'une prière de
plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point
jalouses. »
On ne pouvait mieux penser ni mieux dire. Nulle parole ne
répond mieux au caractère de la cérémonie d'aujourd'hui.
Nous allons voir donner le premier coup de pioche de la fonda-
tion du Mihrab, vers lequel, dans la Mosquée, les fidèles se tour-
nent pour invoquer le Dieu unique. Ce coup de pioche, je ne le
donnerai pas moi-même, malgré l'invitation qui m'en a été faite,
car j estime que, ce geste, seuls les musulmans sont qualifiés pour
le faire. C'est donc aux représentants des nationalités musulmanes
— ici présentes — que je demanderai d'accomplir cet acte rituel.
Mais ce que je voudrais dégager de cette cérémonie, ce sont les
raisons profondes et de notre respect pour une religion qui n'est
pas la nôtre, et de notre incontestable sympathie pour l'Islam.
Ce que je voudrais,
c'est, qu'avant tout,
les musulmans ici
présents et, par eux,
tous leurs coreli-
gionnaires, sentent,
comme ils l'ont si
souvent constaté de
ma part au Maroc,
le sérieux et la gra-
vité avec lesquels
nous nous inclinons
devant les manifes-
tations de leur foi
religieuse, — sen-
tent qu'il ne s'agit
pas ici d'un de ces
accès de dilettan-
tisme qu'on a vu
parfois pousser la
curiosité du public
parisien vers des
cultes exotiques dans
un engouement mo-
mentané. Non, il
s agit d'une chose
profondément noble
et haute, comme
M. Maurice Colrat
1 a si bien exprimé,
quand il a évoqué
dans les paroles que
je citais tout à
1 heure, nos églises
en face de votre
mosquée.
Loin de nous sé-
parer, nos religions,
si 1 on veut s'élever
suffisamment haut
pour ne considérer que la communauté d'un sentiment dont elles
sont chacune une si noble expression, nous apprennent le respect
réciproque de nos convictions. Et si notre sympathie se manifeste
ici avec tant de sérieux et de sincérité, c'est qu'elle nous est dictée
par un sentiment né de quinze siècles d'hérédité religieuse.
Il en est de même pour les Musulmans.
Qu'on le sache bien, en effet, et ma longue pratique de l'Islam,
mes voyages à travers le Monde, me permettent d'en témoigner,
la France, quelles que soient les convictions philosophiques et les
croyances de chacun de nous, reste toujours, aux yeux de la plu-
part des peuples d'Outre-mer, cette « Nation des Francs », leur
apparaissant avec la structure traditionnelle que dix siècles d'his-
toire lui avaient donnée, celle dont les Consuls, naguère encore,
quels que fussent notre régime politique ou leurs convictions
propres, présidaient officiellement la célébration dominicale du
culte, identifié avec notre Drapeau dans toutes les « Echelles du
Levant ». Elle reste à leurs yeux la pépinière la plus féconde de
ces missionnaires qui vont porter de par le Monde l'amour et la
langue de notre pays : témoin le prestige de ce collège de Bey-
routh où, parce qu'aucune pression religieuse n'y était exercée,
accourait une jeunesse musulmane d'élite et où, avant notre venue
au Maroc, le Grand Vizir ici présent avait lui-même fait élever ses
fils pour leur donner une culture française.
Ce dont il faut bien être pénétré, si l'on veut bien servir la
France en pays d'Islam, c'est qu'il n'y suffit pas de respecter Zeur
religion, mais aussi les autres, à commencer par celle dans laquelle
est né et a grandi notre pays, sans que ce respect exige d'ailleurs
la moindre abdication de la liberté de pensée individuelle. De
pratiquer ce respect, de comprendre la profondeur et la grandeur
où on le rencontre, notre force et notre prestige ne peuvent que
bénéficier.
L été passé, lorsqu'un groupe de jeunes hommes sortis des col-
lèges franco-musulmans de Fès et de Rabat, vint visiter la France
et que je les interrogeai ici sur leurs impressions, je vis qu'une des
plus fortes était celle qu'ils avaient ressentie à Marseille, à Notre-
Dame de la Garde, en y voyant l'affluence ininterrompue et la fer-
veur des fidèles de toutes conditions sociales. Ils ne soupçonnaient
pas qu'une telle force religieuse subsistât encore en France et ils
en éprouvaient une grande et confiante sympathie.
Quand, il y a huit ans, je résolus de créer à Rabat un collège
franco-musulman destiné à l'élite de la jeunesse, j'en patLi
d'abord au Sultan Moulay Youssef, d'abord parce que c'est mon
devoir formel de ne
prendre aucune me-
sure sans lui en avoir
référé au préalable,
et aussi parce que je
trouve toujours chez
ce Souverain plein
de sagesse, défen-
seur éclairé de sa
foi, veillant avec
une clairvoyante sol-
licitude sur les be-
soins de son peuple,
les avis les plus ju-
dicieux. A ma
grande surprise, je
ne le trouvai pas
disposé à entrer dans
mes vues. Pensant
qu'il ne s'agissait
que d'une impres-
sion passagère, je
revins après quel-
ques temps à la
charge, rencontrant
encore la même ré-
pugnance : « — Mais
enfin, rne dit-il, à
qui contez-vous con-
fier la direction de
ce Collège, à un
Français? » — « Bien
entendu, répondis-
je, il n'y a pas en-
core ici de personna-
lités indigènes ma-
tériellement prépa-
rées pour assurer une
telle organisation. »
— « Je le comprends
La cérémonie sur le terrain de la Mosquée (p!l- Manuel)
283
française. Le Maréchal Bugeaud, en Algérie, le Maréchal Galliéni,
qui pacifia Madagascar avant de devenir le défenseur et le sauveur
de Paris. Enfin le Maréchal Lyautey au Maroc.
Comme jadis Scipion, Monsieur le Maréchal, on vous a déjà
appelé, je crois que c'est Claude Farrère qui vous a donné ce
nom, Lyautey VAjricain. Voulez-vous me permettre de vous décer-
ner un autre titre et de saluer en vous : le Maréchal de l'Islam.
Mesdames, Messieurs, je souhaite que souvent encore nous puis-
sions nous réunir dans cette enceinte où, plus nombreux chaque
fois, nous travaillerons à fortifier les liens affectueux qui unissent
les deux Frances, la France métropolitaine et la France musulmane.
Enfin le Maréchal Lyautey se leva et, au
milieu du plus profond silence, il prononça les
paroles suivantes exprimant, avec tout son coeur,
la pensée de la France islamique.
Discours du Maréchal Lyautey
MESSIEURS,
Le • 1er mars dernier, M. Maurice Colrat, alors sous-secrétaire
d'Etat à la présidence du Conseil, aujourd'hui Ministre de la
Justice, présidant la cérémonie de l'orientation de cette mosquée,
disait: « Quand s'érigera le Minaret que vous allez construire, il
ne montera vers le beau ciel de l'Ile-de-France qu'une prière de
plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point
jalouses. »
On ne pouvait mieux penser ni mieux dire. Nulle parole ne
répond mieux au caractère de la cérémonie d'aujourd'hui.
Nous allons voir donner le premier coup de pioche de la fonda-
tion du Mihrab, vers lequel, dans la Mosquée, les fidèles se tour-
nent pour invoquer le Dieu unique. Ce coup de pioche, je ne le
donnerai pas moi-même, malgré l'invitation qui m'en a été faite,
car j estime que, ce geste, seuls les musulmans sont qualifiés pour
le faire. C'est donc aux représentants des nationalités musulmanes
— ici présentes — que je demanderai d'accomplir cet acte rituel.
Mais ce que je voudrais dégager de cette cérémonie, ce sont les
raisons profondes et de notre respect pour une religion qui n'est
pas la nôtre, et de notre incontestable sympathie pour l'Islam.
Ce que je voudrais,
c'est, qu'avant tout,
les musulmans ici
présents et, par eux,
tous leurs coreli-
gionnaires, sentent,
comme ils l'ont si
souvent constaté de
ma part au Maroc,
le sérieux et la gra-
vité avec lesquels
nous nous inclinons
devant les manifes-
tations de leur foi
religieuse, — sen-
tent qu'il ne s'agit
pas ici d'un de ces
accès de dilettan-
tisme qu'on a vu
parfois pousser la
curiosité du public
parisien vers des
cultes exotiques dans
un engouement mo-
mentané. Non, il
s agit d'une chose
profondément noble
et haute, comme
M. Maurice Colrat
1 a si bien exprimé,
quand il a évoqué
dans les paroles que
je citais tout à
1 heure, nos églises
en face de votre
mosquée.
Loin de nous sé-
parer, nos religions,
si 1 on veut s'élever
suffisamment haut
pour ne considérer que la communauté d'un sentiment dont elles
sont chacune une si noble expression, nous apprennent le respect
réciproque de nos convictions. Et si notre sympathie se manifeste
ici avec tant de sérieux et de sincérité, c'est qu'elle nous est dictée
par un sentiment né de quinze siècles d'hérédité religieuse.
Il en est de même pour les Musulmans.
Qu'on le sache bien, en effet, et ma longue pratique de l'Islam,
mes voyages à travers le Monde, me permettent d'en témoigner,
la France, quelles que soient les convictions philosophiques et les
croyances de chacun de nous, reste toujours, aux yeux de la plu-
part des peuples d'Outre-mer, cette « Nation des Francs », leur
apparaissant avec la structure traditionnelle que dix siècles d'his-
toire lui avaient donnée, celle dont les Consuls, naguère encore,
quels que fussent notre régime politique ou leurs convictions
propres, présidaient officiellement la célébration dominicale du
culte, identifié avec notre Drapeau dans toutes les « Echelles du
Levant ». Elle reste à leurs yeux la pépinière la plus féconde de
ces missionnaires qui vont porter de par le Monde l'amour et la
langue de notre pays : témoin le prestige de ce collège de Bey-
routh où, parce qu'aucune pression religieuse n'y était exercée,
accourait une jeunesse musulmane d'élite et où, avant notre venue
au Maroc, le Grand Vizir ici présent avait lui-même fait élever ses
fils pour leur donner une culture française.
Ce dont il faut bien être pénétré, si l'on veut bien servir la
France en pays d'Islam, c'est qu'il n'y suffit pas de respecter Zeur
religion, mais aussi les autres, à commencer par celle dans laquelle
est né et a grandi notre pays, sans que ce respect exige d'ailleurs
la moindre abdication de la liberté de pensée individuelle. De
pratiquer ce respect, de comprendre la profondeur et la grandeur
où on le rencontre, notre force et notre prestige ne peuvent que
bénéficier.
L été passé, lorsqu'un groupe de jeunes hommes sortis des col-
lèges franco-musulmans de Fès et de Rabat, vint visiter la France
et que je les interrogeai ici sur leurs impressions, je vis qu'une des
plus fortes était celle qu'ils avaient ressentie à Marseille, à Notre-
Dame de la Garde, en y voyant l'affluence ininterrompue et la fer-
veur des fidèles de toutes conditions sociales. Ils ne soupçonnaient
pas qu'une telle force religieuse subsistât encore en France et ils
en éprouvaient une grande et confiante sympathie.
Quand, il y a huit ans, je résolus de créer à Rabat un collège
franco-musulman destiné à l'élite de la jeunesse, j'en patLi
d'abord au Sultan Moulay Youssef, d'abord parce que c'est mon
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prendre aucune me-
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et aussi parce que je
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ce Souverain plein
de sagesse, défen-
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foi, veillant avec
une clairvoyante sol-
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soins de son peuple,
les avis les plus ju-
dicieux. A ma
grande surprise, je
ne le trouvai pas
disposé à entrer dans
mes vues. Pensant
qu'il ne s'agissait
que d'une impres-
sion passagère, je
revins après quel-
ques temps à la
charge, rencontrant
encore la même ré-
pugnance : « — Mais
enfin, rne dit-il, à
qui contez-vous con-
fier la direction de
ce Collège, à un
Français? » — « Bien
entendu, répondis-
je, il n'y a pas en-
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