Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 novembre 1922 01 novembre 1922
Description : 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30. 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120304p
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
CHENIER A SALE
289
Précédemment il s'était inquiété de l'arrivée d'un
vaisseau suédois de 60 canons, qui avait mouillé
devant Salé, portant au Sultan une importante
somme en piastres fortes et un présent en artillerie
et munitions de guerre.
Cette générosité suédoise excitait la défiance de
notre Consul, « dans une Cour où l'argent est
l'orateur le plus éloquent ».
Libre ou interdit selon le moment et — ajoute
Chénier — selon l'humeur du Souverain, le com-
merce marocain était alors dans la plus grande
incertitude.
Peut-être n'était-ce pas toujours la fantaisie qui
dictait les décisions du Sultan. Les brusques inter-
dictions d'exportation des céréales pouvaient bien
être destinées à préserver de la famine les fidèles
sujets de l'Empire fortuné. Le souci de faire la
soudure devait se manifester dès cette époque.
Mais notre consul est là pour défendre les intérêts
marseillais. Son point de vue est donc entièrement
favorable au commerce. C'est un libre-échangiste
avant la lettre — et vous pouvez, M. Yves Guyot et
cher Maître, le revendiquer comme un précurseur !
Il s'étonne de ce qui se passe à Fédhala, en mars
1773.
Le roi de Maroc a fait à Fédale un établissement et on y
bâtit même une petite ville, à laquelle les négociants européens
ne se sont pas prêtés d'aussi bonne grâce que ce prince l'eut
désiré.
Cette place devait jouir de l'extraction exclusive du blé.
L'Espagne et le Portugal en ont profité pendant 10 mois, malgré
que ce Souverain ait augmenté successivement les droits d'extrac-
tion à mesure qu'il a vu augmenter l'empressement.
Cependant comme le pays commençait à se ressentir de la liberté
de la sortie, il y a 5 jours qu'elle a été prohibée.
Deux mois après, c'est le retour à la liberté.
L'extraction du blé qui avait été prohibée à Fédale, à la fin
de mars, vient d'être rendue libre, sur les espérances que donne
la nouvelle récolte.
Mais, pour prévenir les inconvénients d'un trop grand empresse-
ment, le roi a accordé autant à Mogador qu'à Fédale de permissions
limitées à des conditions si onéreuses qu'il est à souhaiter, pour le
bien de l'Europe, qu'on ne soit pas dans le cas d'en profiter.
Chénier a le courage de faire des observations au
Sultan sur les inconvénients de décisions imprévues
et contradictoires qui ne permettent pas au commerce
d'avoir confiance et obligent les négociants à aban-
donner leurs affaires.
Il souffre de voir que ses représentations n ont
pas toujours les égards qu'elles méritent.
On trouve sous sa plume des réflexions que ne
désavouerait pas l'auteur du Contrat social : « Un
gouvernement despotique ne connaît pour principe
que les convenances du moment, il ordonne, tranche,
coupe et ne discute pas ».
On avait décidément l'esprit libéral chez les
Chénier ! Et en entendant le père, diplomate
pourtant, stigmatiser aussi énergiquement l'arbitraire
du gouvernement marocain, dont un dahir défait ce
qu'un précédent dahir a fait, on en vient tout
naturellement à murmurer les strophes immortelles
par lesquelles, avant de mourir, son fils le poète,
a voué à l'éternelle exécration de l'humanité les
démagogues de 1794 et leurs imitateurs de tous les
temps et de tous les pays, bourreaux barbouilleurs
de lois.
Le minaret de Si El Hadj Abdallah et la maison de Chénier
au fond du derb silencieux
Ce n'était pas assez que les caprices du prince
vinssent rendre difficile la tâche de notre consul.
Il fallait encore qu'il fût harcelé par des soucis
matériels. Nous savons qu'il connut la gêne. Elle ne
provenait nullement de son imprévoyance mais de
la lenteur du Trésor Royal à payer ses fonctionnaires.
En juillet 1 772 il lui était dû une année entière de
traitement.
Dans les dispositions qu'il prit pour mettre fin à
ses embarras financiers, Chénier se montra plein de
correction.
Si, à Paris, l'abbé Terray, contrôleur général des
Finances, n'arrive pas à équilibrer le budget, à
Marseille on doit être plus à l'aise. Et c'est à ses
correspondants marseillais qu'il écrit pour leur
confier qu'il ne peut, à Salé, recourir à la voie des
emprunts parce qu'elle serait « aussi indécente pour
le service qu'onéreuse pour lui ». Il préfère donc
solliciter, de la Chambre de Commerce, une avance
de 6 à 9.000 livres, contre une délégation de pareille
somme sur MM. Jaume et C°, les banquiers de la
rue Thérèse à Paris, qui ont sa procuration et un
blanc-seing, et qui rembourseront la somme sur ses
appointements de 1772, au fur et à mesure qu'ils les
recevront du Trésorier de la Marine.
Quand il partit en congé après 6 années de séjour,
pleinement édifié « sur la nature des affaires et le
peu d'agréments locaux », il pensait bien ne plus
revenir au Maroc. Vain serment de fonctionnaire
las de sa résidence !
289
Précédemment il s'était inquiété de l'arrivée d'un
vaisseau suédois de 60 canons, qui avait mouillé
devant Salé, portant au Sultan une importante
somme en piastres fortes et un présent en artillerie
et munitions de guerre.
Cette générosité suédoise excitait la défiance de
notre Consul, « dans une Cour où l'argent est
l'orateur le plus éloquent ».
Libre ou interdit selon le moment et — ajoute
Chénier — selon l'humeur du Souverain, le com-
merce marocain était alors dans la plus grande
incertitude.
Peut-être n'était-ce pas toujours la fantaisie qui
dictait les décisions du Sultan. Les brusques inter-
dictions d'exportation des céréales pouvaient bien
être destinées à préserver de la famine les fidèles
sujets de l'Empire fortuné. Le souci de faire la
soudure devait se manifester dès cette époque.
Mais notre consul est là pour défendre les intérêts
marseillais. Son point de vue est donc entièrement
favorable au commerce. C'est un libre-échangiste
avant la lettre — et vous pouvez, M. Yves Guyot et
cher Maître, le revendiquer comme un précurseur !
Il s'étonne de ce qui se passe à Fédhala, en mars
1773.
Le roi de Maroc a fait à Fédale un établissement et on y
bâtit même une petite ville, à laquelle les négociants européens
ne se sont pas prêtés d'aussi bonne grâce que ce prince l'eut
désiré.
Cette place devait jouir de l'extraction exclusive du blé.
L'Espagne et le Portugal en ont profité pendant 10 mois, malgré
que ce Souverain ait augmenté successivement les droits d'extrac-
tion à mesure qu'il a vu augmenter l'empressement.
Cependant comme le pays commençait à se ressentir de la liberté
de la sortie, il y a 5 jours qu'elle a été prohibée.
Deux mois après, c'est le retour à la liberté.
L'extraction du blé qui avait été prohibée à Fédale, à la fin
de mars, vient d'être rendue libre, sur les espérances que donne
la nouvelle récolte.
Mais, pour prévenir les inconvénients d'un trop grand empresse-
ment, le roi a accordé autant à Mogador qu'à Fédale de permissions
limitées à des conditions si onéreuses qu'il est à souhaiter, pour le
bien de l'Europe, qu'on ne soit pas dans le cas d'en profiter.
Chénier a le courage de faire des observations au
Sultan sur les inconvénients de décisions imprévues
et contradictoires qui ne permettent pas au commerce
d'avoir confiance et obligent les négociants à aban-
donner leurs affaires.
Il souffre de voir que ses représentations n ont
pas toujours les égards qu'elles méritent.
On trouve sous sa plume des réflexions que ne
désavouerait pas l'auteur du Contrat social : « Un
gouvernement despotique ne connaît pour principe
que les convenances du moment, il ordonne, tranche,
coupe et ne discute pas ».
On avait décidément l'esprit libéral chez les
Chénier ! Et en entendant le père, diplomate
pourtant, stigmatiser aussi énergiquement l'arbitraire
du gouvernement marocain, dont un dahir défait ce
qu'un précédent dahir a fait, on en vient tout
naturellement à murmurer les strophes immortelles
par lesquelles, avant de mourir, son fils le poète,
a voué à l'éternelle exécration de l'humanité les
démagogues de 1794 et leurs imitateurs de tous les
temps et de tous les pays, bourreaux barbouilleurs
de lois.
Le minaret de Si El Hadj Abdallah et la maison de Chénier
au fond du derb silencieux
Ce n'était pas assez que les caprices du prince
vinssent rendre difficile la tâche de notre consul.
Il fallait encore qu'il fût harcelé par des soucis
matériels. Nous savons qu'il connut la gêne. Elle ne
provenait nullement de son imprévoyance mais de
la lenteur du Trésor Royal à payer ses fonctionnaires.
En juillet 1 772 il lui était dû une année entière de
traitement.
Dans les dispositions qu'il prit pour mettre fin à
ses embarras financiers, Chénier se montra plein de
correction.
Si, à Paris, l'abbé Terray, contrôleur général des
Finances, n'arrive pas à équilibrer le budget, à
Marseille on doit être plus à l'aise. Et c'est à ses
correspondants marseillais qu'il écrit pour leur
confier qu'il ne peut, à Salé, recourir à la voie des
emprunts parce qu'elle serait « aussi indécente pour
le service qu'onéreuse pour lui ». Il préfère donc
solliciter, de la Chambre de Commerce, une avance
de 6 à 9.000 livres, contre une délégation de pareille
somme sur MM. Jaume et C°, les banquiers de la
rue Thérèse à Paris, qui ont sa procuration et un
blanc-seing, et qui rembourseront la somme sur ses
appointements de 1772, au fur et à mesure qu'ils les
recevront du Trésorier de la Marine.
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