Presse et revues
20 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 septembre 1922 01 septembre 1922
Description : 1922/09/01 (A6,N70)-1922/09/30. 1922/09/01 (A6,N70)-1922/09/30.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120273k
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
242
ETUDE SUR LES ORIGINES DES CITES DU BOU-REGREG
Salé. — Bab Sijma
occupait un espace beaucoup plus grand que celui
qu'elle occupe de nos jours. Elle comprenait toute
une agglomération qui couvrait les deux bords depuis
Koudis et Oued Ismir jusqu'à l'embouchure.
Nous conclurons en disant qu'il nous semble que la
ville commerçante, centre de la colonie romaine,
était située sur la rive nord du fleuve, en face de
Chella, et que celle-ci ne fut qu'un prolongement créé
dans un but purement défensif et militaire.
Salé après la conquête arabe.
Dans les premiers temps de l'Islamisme, toute la
région de Rabat s'appelait la région de Sala. La ville
que les Arabes avaient trouvée est appelée par les
historiens tantôt Sala, tantôt Chella qui n'est que la
déformation du même nom. Depuis la disparition de
Salacolonia, jusqu'à l'apparition dans l'histoire de
Sala musulmane, c'est-à-dire vers 768 de l'hégire,
lors de l'arrivée de Moulay Idriss I, nous ne savons
rien sur ce qui aurait pu se trouver sur l'emplacement
des trois cités actuelles : Salé, Chella, Rabat (1).
La question se pose de savoir la situation exacte
de la ville conquise par les Arabes à cette époque.
Ce que nous savons, c'est qu'après la chute de la
dynastie Idrissite, cette ville qui fut probablement
la ville antique, est devenue la capitale d'une petite
dynastie berbère de Zénata, Béni Ifren. Les chefs de
ces derniers en firent leur résidence et le centre d'un
royaume appelé Royaume de Sala (2). Le géographe
arabe (3), En Haouqal, signale la destruction de cette
ville. Mais il ne donne pas les raisons pour lesquelles,
elle fut détruite. Il nous dit simplement que les
habitants demeurent et tiennent garnison dans un
camp qui la couvre. Les armées postées dans ce
camp étaient dirigées contre les tribus hérétiques de
Berghouata (1).
Il est vraisemblable que la ville antique fut détruite
au cours des guerres civiles qui avaient marqué la
fin du règne des zénètes et l'avènement des premiers
almoravides. En effet, d'après El Befyri (2), plusieurs
villes du Maroc avaient subi le même sort. A cause
des troubles à la suite desquels Sala fut détruite, les
habitants furent condamnés à s'établir dans un camp
autour de la place de la ville et à se livrer à la guerre
sainte contre les hérétiques qui occupaient tout le
Haouz du Maroc.
Ce n était qu'après la disparition de Chella ou
Salé la vieille que la ville actuelle de Salé fut édifiée.
Salé Actuelle.
L'auteur anonyme du Kitab El Istiksar (3) rapporte
qu'un certain Achara, Caïd des Benou Ommiya, avait
reçu de Hicham El Mouayad, roi de Cordoue, le
territoire de Salé, en récompense des exploits dont
il avait fait preuve durant les guerres saintes contre
Berghouata. Ce personnage se fit construire une
superbe maison, à l'endroit où se trouve aujourd'hui
le quartier le plus ancien de Salé. Les hommes de
son entourage et ses soldats en garnison dans ces
lieux imitèrent l'exemple de leur chef et construisirent
leurs maisons. Les bâtiments encore clairsemés, ne
tardèrent pas à devenir plus nombreux et bientôt une
petite ville (Blida) s'éleva (4). La fondation de Salé
eut lieu vers le 1006 de l'ère chrétienne.
La Casba des Oudaya.
Avant d'aborder l'histoire de la fondation de Rabat
au Ribat El Fath, nous croyons utile de parler d'abord
de celle de la citadelle ou Casba des Oudaya.
D'après le chroniqueur andalou El Fézari, un
qçar ou château fort, dit des Béni Targa, s'élevait dès
le VIe siècle de l'hégire (douzième siècle de J.-C.) sur
la position actuelle de la Casba de Rabat. Une autre
forteresse a succédé ou plutôt est venue se superposer
au qçar précité. En face de Salé, de l'autre côté de
la rivière, sur les bords de l'Océan, dit Abou El
Fida (5), le Sultan Almohade Abd el Moumen
(1130-1163) fit bâtir un très grand château fort qui
prit le nom d'El Méhédia (6). Ce château est la casba
des Oudaya actuelle. Il ne faut pas confondre cette
Casba avec celle attenante, où se trouvent les jardins
et le café maure. Cette dernière est d'une date
relativement récente ; elle est l'oeuvre de Mouley
Rechid et de son frère et successeur Moulay Ismaïl
de la dynastie régnante.
(1) Ahmed Naciri. Histoire générale du Maroc, p. 61 et 71.
(2) Ibn Khaldoun. Histoire des berbères, t. III, p. 221.
(3) En Haouqal, Ritab El Masâlik ou al Mamaok (écrit en 367
de l'hégire, 978 de J.-C).
(1) Tribus très puissantes qui luttèrent pendant près de cinq
siècles pour sauvegarder leur indépendance en même temps que
leurs idées religieuses- Sur l'histoire de cette secte, voir Ibn fUial-
doun, t. I, page 319, et Naciri. « Histoire générale du Maroc »
(texte arabe), t. I, pages 98 et suivantes.
(2) Description de l'Afrique septentrionale (texte arabe).
(3) Pages 52 et 53.
(4) Ben Ali, chroniques inédites de Rabat-Salé.
(5) Abou El Fida, Taquouim El Bouldan, p. 131 (cet auteur est
mort en 744 de l'hégire (1343 J.-C).
(6) El Marrakechi. Histoire des Almohades (manuscrit arabe).
ETUDE SUR LES ORIGINES DES CITES DU BOU-REGREG
Salé. — Bab Sijma
occupait un espace beaucoup plus grand que celui
qu'elle occupe de nos jours. Elle comprenait toute
une agglomération qui couvrait les deux bords depuis
Koudis et Oued Ismir jusqu'à l'embouchure.
Nous conclurons en disant qu'il nous semble que la
ville commerçante, centre de la colonie romaine,
était située sur la rive nord du fleuve, en face de
Chella, et que celle-ci ne fut qu'un prolongement créé
dans un but purement défensif et militaire.
Salé après la conquête arabe.
Dans les premiers temps de l'Islamisme, toute la
région de Rabat s'appelait la région de Sala. La ville
que les Arabes avaient trouvée est appelée par les
historiens tantôt Sala, tantôt Chella qui n'est que la
déformation du même nom. Depuis la disparition de
Salacolonia, jusqu'à l'apparition dans l'histoire de
Sala musulmane, c'est-à-dire vers 768 de l'hégire,
lors de l'arrivée de Moulay Idriss I, nous ne savons
rien sur ce qui aurait pu se trouver sur l'emplacement
des trois cités actuelles : Salé, Chella, Rabat (1).
La question se pose de savoir la situation exacte
de la ville conquise par les Arabes à cette époque.
Ce que nous savons, c'est qu'après la chute de la
dynastie Idrissite, cette ville qui fut probablement
la ville antique, est devenue la capitale d'une petite
dynastie berbère de Zénata, Béni Ifren. Les chefs de
ces derniers en firent leur résidence et le centre d'un
royaume appelé Royaume de Sala (2). Le géographe
arabe (3), En Haouqal, signale la destruction de cette
ville. Mais il ne donne pas les raisons pour lesquelles,
elle fut détruite. Il nous dit simplement que les
habitants demeurent et tiennent garnison dans un
camp qui la couvre. Les armées postées dans ce
camp étaient dirigées contre les tribus hérétiques de
Berghouata (1).
Il est vraisemblable que la ville antique fut détruite
au cours des guerres civiles qui avaient marqué la
fin du règne des zénètes et l'avènement des premiers
almoravides. En effet, d'après El Befyri (2), plusieurs
villes du Maroc avaient subi le même sort. A cause
des troubles à la suite desquels Sala fut détruite, les
habitants furent condamnés à s'établir dans un camp
autour de la place de la ville et à se livrer à la guerre
sainte contre les hérétiques qui occupaient tout le
Haouz du Maroc.
Ce n était qu'après la disparition de Chella ou
Salé la vieille que la ville actuelle de Salé fut édifiée.
Salé Actuelle.
L'auteur anonyme du Kitab El Istiksar (3) rapporte
qu'un certain Achara, Caïd des Benou Ommiya, avait
reçu de Hicham El Mouayad, roi de Cordoue, le
territoire de Salé, en récompense des exploits dont
il avait fait preuve durant les guerres saintes contre
Berghouata. Ce personnage se fit construire une
superbe maison, à l'endroit où se trouve aujourd'hui
le quartier le plus ancien de Salé. Les hommes de
son entourage et ses soldats en garnison dans ces
lieux imitèrent l'exemple de leur chef et construisirent
leurs maisons. Les bâtiments encore clairsemés, ne
tardèrent pas à devenir plus nombreux et bientôt une
petite ville (Blida) s'éleva (4). La fondation de Salé
eut lieu vers le 1006 de l'ère chrétienne.
La Casba des Oudaya.
Avant d'aborder l'histoire de la fondation de Rabat
au Ribat El Fath, nous croyons utile de parler d'abord
de celle de la citadelle ou Casba des Oudaya.
D'après le chroniqueur andalou El Fézari, un
qçar ou château fort, dit des Béni Targa, s'élevait dès
le VIe siècle de l'hégire (douzième siècle de J.-C.) sur
la position actuelle de la Casba de Rabat. Une autre
forteresse a succédé ou plutôt est venue se superposer
au qçar précité. En face de Salé, de l'autre côté de
la rivière, sur les bords de l'Océan, dit Abou El
Fida (5), le Sultan Almohade Abd el Moumen
(1130-1163) fit bâtir un très grand château fort qui
prit le nom d'El Méhédia (6). Ce château est la casba
des Oudaya actuelle. Il ne faut pas confondre cette
Casba avec celle attenante, où se trouvent les jardins
et le café maure. Cette dernière est d'une date
relativement récente ; elle est l'oeuvre de Mouley
Rechid et de son frère et successeur Moulay Ismaïl
de la dynastie régnante.
(1) Ahmed Naciri. Histoire générale du Maroc, p. 61 et 71.
(2) Ibn Khaldoun. Histoire des berbères, t. III, p. 221.
(3) En Haouqal, Ritab El Masâlik ou al Mamaok (écrit en 367
de l'hégire, 978 de J.-C).
(1) Tribus très puissantes qui luttèrent pendant près de cinq
siècles pour sauvegarder leur indépendance en même temps que
leurs idées religieuses- Sur l'histoire de cette secte, voir Ibn fUial-
doun, t. I, page 319, et Naciri. « Histoire générale du Maroc »
(texte arabe), t. I, pages 98 et suivantes.
(2) Description de l'Afrique septentrionale (texte arabe).
(3) Pages 52 et 53.
(4) Ben Ali, chroniques inédites de Rabat-Salé.
(5) Abou El Fida, Taquouim El Bouldan, p. 131 (cet auteur est
mort en 744 de l'hégire (1343 J.-C).
(6) El Marrakechi. Histoire des Almohades (manuscrit arabe).
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