Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 mars 1922 01 mars 1922
Description : 1922/03/01 (A6,N64)-1922/03/31. 1922/03/01 (A6,N64)-1922/03/31.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61202317
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
MARCHANDS D'ORANGES A FES
au Mohgreb
il n'y a point
de passage
entre l'ado-
lescence et
la vieillesse:
1 a femme
n'existe pas,
la fleur se
fane à peine
éclose...
Quand
nous par-
tons , après
un instant d'arrêt, elles lèvent au ciel leurs bras nus
et battent des mains en souriant et secouant leur
visage d'enfants mutins aux belles boucles noires.
Et une fois de plus la solitude un instant troublée
par ces chants, s'étend sur la mer d'alfa que la brise
agite à peine et caresse.
La plaine mollement ondulée s'immensifie de
nouveau.
L'Atlas que nous quittons va mourir vers l'Est,
tandis que les dernières monta-
gnes roses qui vont en s'émiet-
tant vers le Nord restent en vue
jusqu'à hauteur d'Aïn-Tendrera,
petit poste isolé et sans garnison
en lisière du plateau, simple gîte
d'étapes sur la piste de Berguent.
A partir de là, nous plongeons
brusquement de près de 300 m.
pour retomber sur un autre pla-
teau immense lui aussi et uni
comme un lac; nous n'en des-
cendrons que pour arriver à
Berguent en suivant la vallée de
l'oued Charef où coule encore
çà et là un
mince filet
d'eau.
28 juin. —
Nous avons
hâte mainte-
nant d'arri-
ver à Oudj-
da, terme du
voyage, i1
nous suffira
d'une ma-
tinée pour
couvrir les
80 kilomètres qui nous en séparent ; après quoi ce ne
sera plus qu'un jeu pour nous de regagner Meknès
par Taza et la vallée de l'Innaouen.
Toutefois, avant de réintégrer ce Maroc où nous
forgeons à plein bras, ce nous est un devoir cher
d'aller saluer l'oued Isli, puis ce point blanc qu'est
là-bas le marabout de Sidi Brahim, illustré par de
glorieux aînés et où, blessé et prisonnier des Arabes,
un clairon sublime sommé de sonner la retraite, sonna
la charge pour ses camarades.
La voie ferrée d'Oran passe
auprès ; des routes sillonnent le
pays; des villes prospères ont
surgi ; rien décidément, plus rien
n'indique que de durs combats
se sont livrés sur ce plateau où
mûrissent les moissons et nous
songeons que notre Maroc plus
fraîchement arrosé d'un sang
plus nouveau, connaîtra bientôt
lui aussi une prospérité plus
grande.
Juillet 1918.
CH. WATIER.
Casbah de Loulal entre Gourama et Bou-Den.b
Vallée de l'Innaouen entre Fès et Meknès
Le doigt de Dieu entre Rifb et Gourama
MARCHANDS D'ORANGES A FÈS
Ils semblent compléter obligatoirement le décor des
vieilles portes crénelées et on les retrouve partout
si semblables qu'on croit toujours voir les mêmes,
comme en une obsession. Pour moi, c'est à chaque
fois un émerveillement nouveau de me heurter à leurs
humbles éventaires au sortir de Bab Guissa ou au
pied de Bab Jiaf.
De loin, ils ne font qu'une tache de couleur au
bas de la muraille d'un gris sinistre si le ciel est;
orageux ou éblouissante de blancheur si la lumière
est ardente. Ce n'est qu'un paquet de haillons sales
couronné d'un capuchon pointu, vaguement ogival,
aussi près de la grande ogive de la porte mauresque.
De plus près, on voit leurs yeux brillants et leurs
caftans de couleur très vive, mais ils perdent tout éclat
auprès des beaux fruits dont sont remplis les couffins.
Plus qu'au merveilleux jardin de Barbicaïa dont
tous ceux qui ont vécu en Corse ont conservé, comme
Alphonse Daudet, un souvenir enchanté, les oranges
sont ici dans toute leur beauté. Le plaisir de les
admirer par les jours de grand soleil est plus intense
encore que d'en étancher la soif qui vous colle la
langue au palais. Et le pittoresque de ceux qui les
vendent ajoute à leur saveur un charme si spécifique
qu'on en oublie la légende même des pommes d'or
des Hespérides.
Souvent ils sont solitaires, si chétifs au pied des
lourdes voûtes du rempart crénelé, couronné d'azur
maintenant après avoir été si souvent blason' é de
têtes fraîches coupées. Si la route est très fréquentée,
ils sont toujours plusieurs se faisant face. Parfois
même, aux jours de fête, ils sont alignés par dizaines
coude à coude, au bord du chemin. Ils fraternisent.
Ils n'ont aucunement la haine de leurs concurrents,
se reposant de toute chose en la volonté d'Allah.
Mais comme leur fatalisme ne les empêche pas d'être
âpres au gain, il arrive que l'amour du lucre l'emporte
sur la résignation et il en résulte des querelles.
Il y en a, près de Bab Fetouh, deux qui semblent
se détester particulièrement, car ils sont en guerre
toute la journée. Et pourtant ils sont toujours l'un
près de l'autre, sans doute pour se pouvoir mieux
injurier, peut-être auss parce que la haine recherche
' son objet aussi assidûment que l'amour.
- Accroupi dans la poussière devant son couffin plein
des magnifiques fruits dorés, le plus jeune est maigre
au Mohgreb
il n'y a point
de passage
entre l'ado-
lescence et
la vieillesse:
1 a femme
n'existe pas,
la fleur se
fane à peine
éclose...
Quand
nous par-
tons , après
un instant d'arrêt, elles lèvent au ciel leurs bras nus
et battent des mains en souriant et secouant leur
visage d'enfants mutins aux belles boucles noires.
Et une fois de plus la solitude un instant troublée
par ces chants, s'étend sur la mer d'alfa que la brise
agite à peine et caresse.
La plaine mollement ondulée s'immensifie de
nouveau.
L'Atlas que nous quittons va mourir vers l'Est,
tandis que les dernières monta-
gnes roses qui vont en s'émiet-
tant vers le Nord restent en vue
jusqu'à hauteur d'Aïn-Tendrera,
petit poste isolé et sans garnison
en lisière du plateau, simple gîte
d'étapes sur la piste de Berguent.
A partir de là, nous plongeons
brusquement de près de 300 m.
pour retomber sur un autre pla-
teau immense lui aussi et uni
comme un lac; nous n'en des-
cendrons que pour arriver à
Berguent en suivant la vallée de
l'oued Charef où coule encore
çà et là un
mince filet
d'eau.
28 juin. —
Nous avons
hâte mainte-
nant d'arri-
ver à Oudj-
da, terme du
voyage, i1
nous suffira
d'une ma-
tinée pour
couvrir les
80 kilomètres qui nous en séparent ; après quoi ce ne
sera plus qu'un jeu pour nous de regagner Meknès
par Taza et la vallée de l'Innaouen.
Toutefois, avant de réintégrer ce Maroc où nous
forgeons à plein bras, ce nous est un devoir cher
d'aller saluer l'oued Isli, puis ce point blanc qu'est
là-bas le marabout de Sidi Brahim, illustré par de
glorieux aînés et où, blessé et prisonnier des Arabes,
un clairon sublime sommé de sonner la retraite, sonna
la charge pour ses camarades.
La voie ferrée d'Oran passe
auprès ; des routes sillonnent le
pays; des villes prospères ont
surgi ; rien décidément, plus rien
n'indique que de durs combats
se sont livrés sur ce plateau où
mûrissent les moissons et nous
songeons que notre Maroc plus
fraîchement arrosé d'un sang
plus nouveau, connaîtra bientôt
lui aussi une prospérité plus
grande.
Juillet 1918.
CH. WATIER.
Casbah de Loulal entre Gourama et Bou-Den.b
Vallée de l'Innaouen entre Fès et Meknès
Le doigt de Dieu entre Rifb et Gourama
MARCHANDS D'ORANGES A FÈS
Ils semblent compléter obligatoirement le décor des
vieilles portes crénelées et on les retrouve partout
si semblables qu'on croit toujours voir les mêmes,
comme en une obsession. Pour moi, c'est à chaque
fois un émerveillement nouveau de me heurter à leurs
humbles éventaires au sortir de Bab Guissa ou au
pied de Bab Jiaf.
De loin, ils ne font qu'une tache de couleur au
bas de la muraille d'un gris sinistre si le ciel est;
orageux ou éblouissante de blancheur si la lumière
est ardente. Ce n'est qu'un paquet de haillons sales
couronné d'un capuchon pointu, vaguement ogival,
aussi près de la grande ogive de la porte mauresque.
De plus près, on voit leurs yeux brillants et leurs
caftans de couleur très vive, mais ils perdent tout éclat
auprès des beaux fruits dont sont remplis les couffins.
Plus qu'au merveilleux jardin de Barbicaïa dont
tous ceux qui ont vécu en Corse ont conservé, comme
Alphonse Daudet, un souvenir enchanté, les oranges
sont ici dans toute leur beauté. Le plaisir de les
admirer par les jours de grand soleil est plus intense
encore que d'en étancher la soif qui vous colle la
langue au palais. Et le pittoresque de ceux qui les
vendent ajoute à leur saveur un charme si spécifique
qu'on en oublie la légende même des pommes d'or
des Hespérides.
Souvent ils sont solitaires, si chétifs au pied des
lourdes voûtes du rempart crénelé, couronné d'azur
maintenant après avoir été si souvent blason' é de
têtes fraîches coupées. Si la route est très fréquentée,
ils sont toujours plusieurs se faisant face. Parfois
même, aux jours de fête, ils sont alignés par dizaines
coude à coude, au bord du chemin. Ils fraternisent.
Ils n'ont aucunement la haine de leurs concurrents,
se reposant de toute chose en la volonté d'Allah.
Mais comme leur fatalisme ne les empêche pas d'être
âpres au gain, il arrive que l'amour du lucre l'emporte
sur la résignation et il en résulte des querelles.
Il y en a, près de Bab Fetouh, deux qui semblent
se détester particulièrement, car ils sont en guerre
toute la journée. Et pourtant ils sont toujours l'un
près de l'autre, sans doute pour se pouvoir mieux
injurier, peut-être auss parce que la haine recherche
' son objet aussi assidûment que l'amour.
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