Presse et revues
34 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 février 1922 01 février 1922
Description : 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28. 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61202228
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
36
LA ROUTE DES ALPES DU MAROC
Figuig, la mer des palmiers
Le* thuyas entre Btrgnerel et Ôudjda
Figuig la nier clés palmiers
Les ksours de Midelt
La piste entre Bergueret et Oud'da
Changement de climat et d'aspect ; arrêt brusque de la forêt qui
se réduit soudain à quelques genévriers tordus puis disparaît totale-
ment pour faire place au tapis d'alfa qui couvre le poitrail du moyen
Atlas sur son versant oriental. Et c'est ensuite une étendue de rocaille,
d'herbe rase ou de plages dénudées tour à tour teintées d ocre et de
lilas, avant d'arriver à la petite tache blanche d'un blanc immaculé
qu'on distingue là-bas vers l'amont sur la nudité rose: le poste d'Itzer,
notre poste le plus avancé dans la Haute Moulouya.
C'est là que nous allons passer notre première nuit de voyage à
1.650 mètres d'altitude, entre les pentes sombres du moyen Atlas
que nous venons de quitter et celles plus dénudées du grand Atlas
qui se dressent au loin en face de nous de l'autre côté de la vallée.
21 juin. — Etape de 80 kilomètres pour gagner le poste de
Midelt sur la rive droite, dans le territoire de Bou-Denib: adieu Itzer,
avant-garde de la France, îlot perdu, où flottent les 3 couleurs au
milieu de la plaine désolée, que déjà la lumière du matin transfigure
et colore.
Lentement, par degrés, nous nous abaissons maintenant vers
l'oued Moulouya toujours invisible au fond d'un sillon étroit creusé
dans l'immense vallée morte. Chaque palier, chaque terrasse
marquent ainsi un ancien niveau du fleuve aux époques antérieures
et l'on retrouve ici, comme ailleurs, dans le reste de ce Maroc desséché
les traces des grands phénomènes météorologiques à la faveur
desquels s'était installée autrefois la puissante végétation forestière
dont il ne reste aujourd'hui que des lambeaux isolés. En face de
nous, les imposantes chaînes de l'Ari Aïachi, l'Ari Aberdouz et du
Djebel Ibertjene, derniers hauts sommets du grand Atlas conservent
encore quelques plaques de neige qui rayent cà et là leurs crêtes
allongées, tandis qu'au pied des versants nus, parmi les éboulis, d'où
la terre végétale a disparu, quelques bouquets de très vieux cèdres
s'entêtent à ne pas vouloir mourir. Et nous descendons toujours les
vastes paliers couverts de rocaille ou d'herbe rase.
Soudain, et très inattendue, malgré l'annonce de quelques
cultures grandes comme un mouchoir de poche dues à l'irrigation,
voici, dans la plaine, une coupure, sorte de crevasse dans les
granités roses et au fond de laquelle serpente sans bruit un très
modeste cours d'eau; c'est la Moulouya; nous allons tout à l'heure,
à table, en savourer les truites dans l'enceinte du poste d'Assaka-
N'Tebahirt établi au bord de l'eau, sous une tente secouée par les
éclats de rire de camarades charmants et joyeux: les officiers de
chasseurs du 3° bataillon d'Afrique qui ont poussé la sollicitude
jusqu'à nous entourer de caméléons apprivoisés, mangeurs de
mouches, et faire exécuter par la fanfare du bataillon, dans un
éloignement exquis, des airs de chasse de chez nous.
Traverser à gué la Moulouya puis son affluent de droite plus
important: l'oued Ansegmir, remonter les terrasses successives qui
font pendant à celles de la rive gauche et gagner Midelt. la perle
du Maroc sud occidental, sera l'affaire de l'après-midi. Dans cette
partie du trajet nous retrouvons l'alfa, minuscule roseau, dont les
touffes régulièrement distantes, vont moucheter à droite, à gauche,
la plaine à l'infini, et c'est avec ravissement que, dans un fond de
la vallée, nous découvrons les plages vertes et drues des moissons
irriguées, le poste militaire de Midelt qui les domine et le pittoresque
chapelet d'énormes casbahs qui les entoure.
Charme étrange de ces villages fortifiés couleur de terre grise,
flanqués de tours carrées, et enserrés par de hautes murailles énigma-
tiques; mystère des rues en tunnels, des populations sans origine ni
fin, comme isolées dans les âges et dans l'immense pays; sourires
lointains et incompréhensibles de ces juives aux nattes touffues de
poils de chèvre et aux turbans rouges terminés curieusement en pointe
à la mode tartare.
Cà et là, au long des seguias d'eau vive, des églantines roses
et blanches embaument l'air calme du soir.
Demain, nous traverserons le grand Atlas.
LA ROUTE DES ALPES DU MAROC
Figuig, la mer des palmiers
Le* thuyas entre Btrgnerel et Ôudjda
Figuig la nier clés palmiers
Les ksours de Midelt
La piste entre Bergueret et Oud'da
Changement de climat et d'aspect ; arrêt brusque de la forêt qui
se réduit soudain à quelques genévriers tordus puis disparaît totale-
ment pour faire place au tapis d'alfa qui couvre le poitrail du moyen
Atlas sur son versant oriental. Et c'est ensuite une étendue de rocaille,
d'herbe rase ou de plages dénudées tour à tour teintées d ocre et de
lilas, avant d'arriver à la petite tache blanche d'un blanc immaculé
qu'on distingue là-bas vers l'amont sur la nudité rose: le poste d'Itzer,
notre poste le plus avancé dans la Haute Moulouya.
C'est là que nous allons passer notre première nuit de voyage à
1.650 mètres d'altitude, entre les pentes sombres du moyen Atlas
que nous venons de quitter et celles plus dénudées du grand Atlas
qui se dressent au loin en face de nous de l'autre côté de la vallée.
21 juin. — Etape de 80 kilomètres pour gagner le poste de
Midelt sur la rive droite, dans le territoire de Bou-Denib: adieu Itzer,
avant-garde de la France, îlot perdu, où flottent les 3 couleurs au
milieu de la plaine désolée, que déjà la lumière du matin transfigure
et colore.
Lentement, par degrés, nous nous abaissons maintenant vers
l'oued Moulouya toujours invisible au fond d'un sillon étroit creusé
dans l'immense vallée morte. Chaque palier, chaque terrasse
marquent ainsi un ancien niveau du fleuve aux époques antérieures
et l'on retrouve ici, comme ailleurs, dans le reste de ce Maroc desséché
les traces des grands phénomènes météorologiques à la faveur
desquels s'était installée autrefois la puissante végétation forestière
dont il ne reste aujourd'hui que des lambeaux isolés. En face de
nous, les imposantes chaînes de l'Ari Aïachi, l'Ari Aberdouz et du
Djebel Ibertjene, derniers hauts sommets du grand Atlas conservent
encore quelques plaques de neige qui rayent cà et là leurs crêtes
allongées, tandis qu'au pied des versants nus, parmi les éboulis, d'où
la terre végétale a disparu, quelques bouquets de très vieux cèdres
s'entêtent à ne pas vouloir mourir. Et nous descendons toujours les
vastes paliers couverts de rocaille ou d'herbe rase.
Soudain, et très inattendue, malgré l'annonce de quelques
cultures grandes comme un mouchoir de poche dues à l'irrigation,
voici, dans la plaine, une coupure, sorte de crevasse dans les
granités roses et au fond de laquelle serpente sans bruit un très
modeste cours d'eau; c'est la Moulouya; nous allons tout à l'heure,
à table, en savourer les truites dans l'enceinte du poste d'Assaka-
N'Tebahirt établi au bord de l'eau, sous une tente secouée par les
éclats de rire de camarades charmants et joyeux: les officiers de
chasseurs du 3° bataillon d'Afrique qui ont poussé la sollicitude
jusqu'à nous entourer de caméléons apprivoisés, mangeurs de
mouches, et faire exécuter par la fanfare du bataillon, dans un
éloignement exquis, des airs de chasse de chez nous.
Traverser à gué la Moulouya puis son affluent de droite plus
important: l'oued Ansegmir, remonter les terrasses successives qui
font pendant à celles de la rive gauche et gagner Midelt. la perle
du Maroc sud occidental, sera l'affaire de l'après-midi. Dans cette
partie du trajet nous retrouvons l'alfa, minuscule roseau, dont les
touffes régulièrement distantes, vont moucheter à droite, à gauche,
la plaine à l'infini, et c'est avec ravissement que, dans un fond de
la vallée, nous découvrons les plages vertes et drues des moissons
irriguées, le poste militaire de Midelt qui les domine et le pittoresque
chapelet d'énormes casbahs qui les entoure.
Charme étrange de ces villages fortifiés couleur de terre grise,
flanqués de tours carrées, et enserrés par de hautes murailles énigma-
tiques; mystère des rues en tunnels, des populations sans origine ni
fin, comme isolées dans les âges et dans l'immense pays; sourires
lointains et incompréhensibles de ces juives aux nattes touffues de
poils de chèvre et aux turbans rouges terminés curieusement en pointe
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