Presse et revues
34 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 février 1922 01 février 1922
Description : 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28. 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61202228
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
Le Bombardement de Tanger et de Mogador en 1844
(d'après le Journal d'Auguste "Warnier, attaché à la personne du Prince de JoMille)
TANGER
Les reporters du temps jadis n'étaient pas toujours
des journalistes de profession, et les vieilles gazettes
qui ont relaté sous le premier Empire et pendant la
première moitié du XIX 13 siècle les événements, et les
faits de guerre, l'ont dû le plus souvent à la plume
de diplomates ou de militaires, mués en correspon-
dants bénévoles, plutôt qu'à leurs rédacteurs attitrés.
Aujourd'hui, les journalistes opèrent eux-mêmes;
ce n'est pas qu'ils y apportent toujours une compé-
tence parfaite, mais ceci est une autre histoire.
Quand en 1844, la France demandait en vain au
Sultan du Maroc de l'époque, Abd-er-Rahman, de
chasser Abd-el-Kader de ses Etats et que les négocia-
tions n'aboutissaient pas, en raison des atermoiements
du Sultan, le Gouvernement de Louis-Philippe
chargea une escadre d'aller en imposer par sa pré-
sence d'abord, par ses canons si besoin était, ensuite,
au Sidna récalcitrant.
Le Prince de Joinville prit le commandement des
bâtiments. Il allait se passer des choses sensation-
nelles, un de nos confrères de l'époque, le Père
Enfantin, qui dirigeait le journal l'Algérie, pensa
qu'il serait intéressant de renseigner exactement ses
lecteurs.
Il connaissait précisément quelqu'un qui partait
aux côtés du prince. C'était le chirurgien Auguste-
Hubert Warnier. Ce médecin cumulait. N'avait-il pas
été déjà adjoint en 1839 au commissaire royal près
d'Abd-el-Kader ? Même que ce commissaire s'étant
suicidé, Warnier l'avait remplacé et mieux encore,
Mascara s'étant soulevée contre l'émir, il s'était
installé gouverneur et y avait maintenu l'ordre. Pour
le moment il allait faire fonction d'interprète: il
accepta d'être le correspondant de Y Algérie.
Et voilà comment nous lui devons, sur des faits en
somme peu connus dans leurs détails, des récits
précis, documentés et vivants. On les a retrouvés
d'abord dans le journal qui en publia une partie, et
pour le reste dans les papiers d'Enfantin. Ce reste
est même ce qu'il y avait de plus intéressant, parce
que confidentiel. La Revue Rétrospective a publié le
tout en 1899, et c'est à elle que nous empruntons les
•grandes lignes de cet article.
A peine nommé, le Prince de Joinville mena son
escadre tambour-battant. S'il eut été seul, il aurait
probablement réglé rapidement le compte de la
France avec le Sultan. Mais bien qu'on n'eut pas
encore inventé l'obsédante T. S. F. il restait encore
en face du Prince le Gouvernement qui était indécis,
les diplomates qui prétendaient tout arranger tout
seuls, le maréchal Bugeaud qui considérait l'affaire
du point de vue algérien, et l'Angleterre qui montrait
de grandes dents.
Et^ du 22 juin date du départ de Toulon, jusqu'au
5 août veille de l'acte décisif, le journal de Warnier
relate tout au long les palabres, les interventions, les
luttes d'influence qui plus que la duplicité marocaine,
retardèrent l'intervention de la flotte française.
Ceci ressort davantage de la politique que du
pittoresque, et nous ne nous attarderons pas à conter
dans le détail les menées du général sir Robert Wilson
gouverneur de Gibraltar, avec les Marocains, les
mouvements louches des navires britanniques, ni
même les tergiversations de M. de Nion, le craintif
représentant de la France à Tanger, et ses démêlés
avec le Prince de Joinville.
L'escadre se composait du Jemmapes, vaisseau de
cent canons, Suffren, vaisseau de 90 canons ; Triton,
vaisseau de 80 canons ; la Belle-Poule, frégate de 60
canons ; celle qui quelques années
plus tôt et sous le commandement
du Prince avait ramené à Paris le
corps de Napoléon.
Puis venaient VArgus et le Cas-
sard, deux bricks, et neuf bateaux à
vapeur Asmodée, Pluton, Phare,
Veloce, qu'Alexandre Dumas a
rendu célèbre par le voyage qu'il
fit en 1846 à son bord, Gassendi,
Grégeois, Vedette, Rubis, Var.
Warnier part d'abord en mission
à El-Araïch (Larache) sur le Rubis
qui s'y échoue et manque d'y rester,
mais que la marée mentante tire
d'affaire. Là, le pacha envoie une
mouna, composée de bétail, de
volailles et de cucurbitacées, mais
aucune négociation pratique ne ter-
mine ce déplacement.
Dans le même temps, le Phare
allait reconnaître Mogador, et en
passant à Dar-Beïda s'échouait
aussi et faillit périr corps et biens.
Bombardement de Tanger (D'api es une gravure du temps)
(d'après le Journal d'Auguste "Warnier, attaché à la personne du Prince de JoMille)
TANGER
Les reporters du temps jadis n'étaient pas toujours
des journalistes de profession, et les vieilles gazettes
qui ont relaté sous le premier Empire et pendant la
première moitié du XIX 13 siècle les événements, et les
faits de guerre, l'ont dû le plus souvent à la plume
de diplomates ou de militaires, mués en correspon-
dants bénévoles, plutôt qu'à leurs rédacteurs attitrés.
Aujourd'hui, les journalistes opèrent eux-mêmes;
ce n'est pas qu'ils y apportent toujours une compé-
tence parfaite, mais ceci est une autre histoire.
Quand en 1844, la France demandait en vain au
Sultan du Maroc de l'époque, Abd-er-Rahman, de
chasser Abd-el-Kader de ses Etats et que les négocia-
tions n'aboutissaient pas, en raison des atermoiements
du Sultan, le Gouvernement de Louis-Philippe
chargea une escadre d'aller en imposer par sa pré-
sence d'abord, par ses canons si besoin était, ensuite,
au Sidna récalcitrant.
Le Prince de Joinville prit le commandement des
bâtiments. Il allait se passer des choses sensation-
nelles, un de nos confrères de l'époque, le Père
Enfantin, qui dirigeait le journal l'Algérie, pensa
qu'il serait intéressant de renseigner exactement ses
lecteurs.
Il connaissait précisément quelqu'un qui partait
aux côtés du prince. C'était le chirurgien Auguste-
Hubert Warnier. Ce médecin cumulait. N'avait-il pas
été déjà adjoint en 1839 au commissaire royal près
d'Abd-el-Kader ? Même que ce commissaire s'étant
suicidé, Warnier l'avait remplacé et mieux encore,
Mascara s'étant soulevée contre l'émir, il s'était
installé gouverneur et y avait maintenu l'ordre. Pour
le moment il allait faire fonction d'interprète: il
accepta d'être le correspondant de Y Algérie.
Et voilà comment nous lui devons, sur des faits en
somme peu connus dans leurs détails, des récits
précis, documentés et vivants. On les a retrouvés
d'abord dans le journal qui en publia une partie, et
pour le reste dans les papiers d'Enfantin. Ce reste
est même ce qu'il y avait de plus intéressant, parce
que confidentiel. La Revue Rétrospective a publié le
tout en 1899, et c'est à elle que nous empruntons les
•grandes lignes de cet article.
A peine nommé, le Prince de Joinville mena son
escadre tambour-battant. S'il eut été seul, il aurait
probablement réglé rapidement le compte de la
France avec le Sultan. Mais bien qu'on n'eut pas
encore inventé l'obsédante T. S. F. il restait encore
en face du Prince le Gouvernement qui était indécis,
les diplomates qui prétendaient tout arranger tout
seuls, le maréchal Bugeaud qui considérait l'affaire
du point de vue algérien, et l'Angleterre qui montrait
de grandes dents.
Et^ du 22 juin date du départ de Toulon, jusqu'au
5 août veille de l'acte décisif, le journal de Warnier
relate tout au long les palabres, les interventions, les
luttes d'influence qui plus que la duplicité marocaine,
retardèrent l'intervention de la flotte française.
Ceci ressort davantage de la politique que du
pittoresque, et nous ne nous attarderons pas à conter
dans le détail les menées du général sir Robert Wilson
gouverneur de Gibraltar, avec les Marocains, les
mouvements louches des navires britanniques, ni
même les tergiversations de M. de Nion, le craintif
représentant de la France à Tanger, et ses démêlés
avec le Prince de Joinville.
L'escadre se composait du Jemmapes, vaisseau de
cent canons, Suffren, vaisseau de 90 canons ; Triton,
vaisseau de 80 canons ; la Belle-Poule, frégate de 60
canons ; celle qui quelques années
plus tôt et sous le commandement
du Prince avait ramené à Paris le
corps de Napoléon.
Puis venaient VArgus et le Cas-
sard, deux bricks, et neuf bateaux à
vapeur Asmodée, Pluton, Phare,
Veloce, qu'Alexandre Dumas a
rendu célèbre par le voyage qu'il
fit en 1846 à son bord, Gassendi,
Grégeois, Vedette, Rubis, Var.
Warnier part d'abord en mission
à El-Araïch (Larache) sur le Rubis
qui s'y échoue et manque d'y rester,
mais que la marée mentante tire
d'affaire. Là, le pacha envoie une
mouna, composée de bétail, de
volailles et de cucurbitacées, mais
aucune négociation pratique ne ter-
mine ce déplacement.
Dans le même temps, le Phare
allait reconnaître Mogador, et en
passant à Dar-Beïda s'échouait
aussi et faillit périr corps et biens.
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