Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1892-03-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 25 mars 1892 25 mars 1892
Description : 1892/03/25 (Numéro 10682). 1892/03/25 (Numéro 10682).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6111773
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
le costume, plus souvent encore de physio
nomie.
Tantôt, en effet, il sortait en veston fit
chapeau mou, tantôt en redingote et chapeau
haut de forme. Un jour il portait la batfbe,
un autre jour la moustache seulement, le .len
demain les favoris ; enfin mardi, au moment
de son départ, il était complètement rasé.
Si Ravachol, comme on Je croit, n'a pas
quitté les environs de Paris, sa retraite ne
peut tarder beaucoup à être découverte.
Quant à sa capture, il se peut qu'elle soit très
mouvementée, car cet individu est, à juste
titre, considéré comme uohomme décidé à tout.
AUTRES PISTES
La police a des soupçons sur un autre in
dividu désigné comme l'auteur de l'attentat
de la caserne Lobau. Ce n'est pas, en effet,
le même « travail » que boulevard Saint-
Qermain.
Cet individu est activement recherché.
M. Clément a reçu hier matin des mandats
à l'effet de perquisitionner aux domiciles de
plusieurs individus. Deux arrestations^ ont
été opérées par lui, celles des anarchistes
Simon etBastard.
Ajoutons qu'il y a actuellement sous les
verrous, tant pour l'affaire des attentats à la
dynamite que pour le vol de- Soisy-sous-
Etiolles, dix-sept inculpés. — ,
PU SUICIDE MILITAIRE AU TOBÔK
lia question soulevée-par M. Chiché ausu-
|et d'un ordre du jour du colonel Laurent re
latif au suicide d'un jeune soldat au Tonkin
a provoqué quelque émotion' à" la Chamhre.
On a fait remarquer avec raison qu'il n'y a
pas ep. ce moment de colonelLaurent au Ton-
Irinet que le seul-colonel-de ce nom apparte
nant à l'infanterie de marine est mort.à Bor
deaux fl y a plusieurs années.
Un de nos lecteurs nous donne l'explication
de ce fait en apparence inexplicable.
lie rapport dont il s'agit et qui vient d'être
si inopinément porté à la publicité a bien été
lait, mais ce n'est pas au Tonkin et ce n'est
pas d'hier.
C'est à Saigon, en juillet i'881, que le fait
s'estpïoduit.
Le suicide a eu lieu à la caserne n® 3 à
Saigon et les termes du rapport lu à la tri
bune et qui ont été transcrits sur le livre
d'ordm de la compagnie à laquelle apparte
nait-le suicidé sont exacts.
Le fait ne date donc pas d'hier; lés obser
vations de ftf. Dérouléde qui ont justifié le
colonel Laurent, qui était d'ailleurs un offi
cier remarquable, n'en gardent pas moins
leur parfaite justesse.. H est de toute néces-
■ sité, en effet, surtout dans un pays où l'action
du climat peut énerver et affaiblir momenta
nément la résistance morale, de résister par
tous les moyens à la contagion du suicide.
INFORMATIONS POLITIQUES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier en conseil,
au ministère.de-l'intérieur, sous la présidence
fle M. Loubet.
La séance a été consacrée à l'expédition des
affaires courantes. ,
les «retraites proportionnelles
M- de Freycinet, ministre de la guerre, a
entretenu le conseil des ministres du projet
de loi relatif aux retraitas proportionnelles
des officiers de l'armée de terra..
LCiministre .de la guerre est aujourd'hui
d'accord avec la commission da l'armée, et
voilà-quelle est,,-dans.sesgrandes lignes,l'éco
nomie du projet.
i La rctraite proportionnelle serait acquise à
•^ingt ans de service; Toutefois, en vue de
ménageries intérêts de l'Etat, et pour s©ren
dre compte du fonctionnement du système, 4e
nombre des officiers appelés à bénéficier delà
législation nouvelle sera, au début, limité à
deux cents par année. Quand l'expérience
aura prononcé, on pourra élever ce nombre.
Les retraites seraient -accordées pour les
deux cents demandes <à l'ancienneté de la
demande. ;
Les officiers retraités dans ces conditions
resteraient à la disposition du ministre de la
guerre jusqu'à trente ans de service. .
Les étudiants et le service, militaire
• M,de Freycinet a également entretenu hier
le conseil des ministres do la lettre que le
président et le secrétaire de la commission de
l'armée lui ont adressée au sujet de Tinter-'
{»rétation à donner aux articles 23 et 59 de la
oi de 1889 sur le recrutement,
i Nous avons publié la lettre et exposé la
question.
i ; Il s'agit de savoir-si les articles 23 et 59
gui visent la catégorie des jeunes gens se
Sestinant aux écoles spéciales peuvent être
Interprétés dans un sens plus large.
Le ministre a fait connaître que le conseil
{l'Etat, dans un avis formulé en 1889, a dé
claré que les termes de l'article 59 ne lui per-
giettaient pas de donner l'interprétation sol-
citée par la commission.
M. de Freycinet fera savoir à la commis-
pion de l'armée qu'il se croit lié par cet avis.
Dans ces conditions, les articles visés de
la loi de 1889 ne peuvent plus être modifiés
que par une loi nouvelle. Le gouvernement
be prenant pas l'initiative d'un projet de loi,
la modification sera sans doute proposée par
l 'initiative parlementaire..
MiaMMammaa Lq Petit JOUTHS] g™"
A l'Elysée
Le président de la République a reçu hier
matin en audience de congé M. Whitelayr-
Reidj ancien ministre des Etats-Unis à Paris.
LA POLITIQUE A L'ETRANGER
IDe nos correspondants et des agencet)
Aiïemogno
*» Berlin, 24 mars, soir.
Le Reichsanzeiger, journal officiel, confir
me les nominations que nous avons déjà an
noncées. M. de Caprivi reste chancelier de
l'empire et ministre des affaires étrangères
de Prusse. Le comte d'Eulenbourg reçoit la
présidence du ministère prussien et le secré
taire d'Etat Bosse devient ministre des cul
tes en remplacement de M. de Zedlitz.
LA. 3MT-CARÊMÈ
à Paris
■Avant toute chose, il faut constater le
temps merveilleux dont a été favorisée la
journée de la Mi-Carême à Paris, c'était le
plus précieux des collaborateurs pour cette
fête populaire. Le soleil n'a pas marchandé
hier son concours; et grâce à lui chars, caval
cades, spectateurs ont po se promener gaie
ment.
Cette année, la Mi-Carême avait perdu
en grande partis son caraetôre spécial de fête
des lavoirs et des blanchisseuses; c'était une
journée de réjouissance générale, une occa
sion de s'amuser à peu de frais; les Pari
siens n'ont.eu garde ae laisser échapper cette
-aubaine.
Dans la soirée . surtout, la ville avait pris
un aspect remarquablement joyeux et animé,
ta reine des reines
Comme le comportait le programme, Mlle
Henriette Delabarre, là reine des reines, a
commencé la série de ses visites officielles par
le Petit Journal.
Elle est arrivée à midi et demi, escortée ■ de
deux pages, un bleu, un rose, qui portaient
les pans de son long manteau de cour en ve
lours bleu semé de fleurs de lys. Sur sa toi
lette blanche Mlle Delabarre portait le grand
cordon bleu du Saint-Esprit, excusez- du
peu; un diadème d'impératrice en perles et
or ; un collier et une parure de grenats com
plétaient l'ajustement de la reine des reines.
L'heureux roi qui accompagnait Mlle Dela
barre était M. Borrini, le maître du lavoir
Moderne, auquel appartient la reine des reines.
M. Borrini était vêtu d'un costume régence
coupé par le grand-cordon ronge de la royauté
des lavoirs.
Charmantes les demoiselles d'honneur de la
reine des reines : Mlle Anaïs Delabarre, sa
sœur, et Mlles Petit et Félicie Pierr-e.
Après quelques instants passés au Petit
Journal, la reine des reines est montée sur
son char pour: aller prendre part à la forma
tion du grand cortège au Cours-la-Reine.
Avant qu'elle prît possession de son trôn®
royal, notre ami Jean sans Terre, aux ap
plaudissements des assistants, a embrassé la
reine, comme il l'avait promis.
Le grand cortège
Le rassemblement des chars et des caval
cades a commencé à une heure sur le Cours-
la-Reine, où a eu lieu la formation du cortège:
Une foule innombrable s'était , dès le
matin, portée sur toutes les voies par
où devaient passer le. char de la reine
des reines et les chars des lavoirs de
Paris. Aussi à partir de midi la circula
tion était-elle- devenue presque impossible
sur l'avenue des Champs Elysées, la place de
la Concorde, la rue Royale, la place de la
Madeleine et sur les grands boulevards, dont
les deux trottoirs et la chaussée étaient litté
ralement bondés sur tout le parcours de la
Madeleine à la place de là République.
A deux heures, le cortège composé de nom
breux chars, de voitures enrubannées, attelées
à la Daumont, de cavaliers aux riches costu
mes, et de fanfares, s'est mis en marche au
son des trompes de chasse, des trompettes et
des musiques et précédé d'un peloton de
garde républicaine à cheval.
En tête du cortège marchaient les voitures
des lavoirs : Sainte-Marguerite, Saint-Bernard,
des Couronnes, Saint-Charles, les lavoirs du
square et,de la rue Jeanne-d'Arc, et enfin la
grande attraction, le char merveilleusement
décoré et, doré de la reine des reines, immé
diatement suivi des autres voitures et d'une
brillante escorte de musiciens et decavaliers.
Sur la place de la Concorde où le cortège,
■malgré la garde républicaine, avait peine à
avancer, une bataille de confetti s?est enga
gée entre les personnages de la fête et la
foule; il neigeait littéralement des millions
de petits papiers, et c'était partout .des éclats
de rire et~des cris de joie.
En quittant la place dé la Concorde, le cor
tège s'est-engagé dans l'avenue des Champs-
Elysées, puis il a pris l'avenue Marigny, où
un défilé a eu lieu devant la demeure du pré
sident de la République.
A ce moment, les musiques qui accompa
gnaient l'escorte ont joué la Marseillaise et
l'Hymne russe çt la reine des reines a été sa
luée et acclamée par la foule. Le président de
la République et Mme Carnot, placés sur la
terrasse des jardins do l'Elysée, avenue Ma
rigny, ont assisté au défilé. Des cris de : Vive
Carnot ! ont été poussés par la foule.
Poursuivant leur route, les chars ont gagné
la rua Royale ,par le faubourg îSaint r Ho-
noré,et:sont arrivés placo de la Madeleine. Là
encore, la bataille de confetti a recommencée
Après une halte forcée, le cortège a reprisla
Hgne des grands boulevards et s'est dirigé
vers la place 4e la République, au milieu des
acclamations de la foule dont les flots deve
naient .de plus en plus pressés.
Sur la place, noire de monde, les curieux
patientaient en couvrant de confetti les mas
ques qui s'efforçaient de se frayer un pas
sage. Toutes les fenêtres ,de la caserne du
Château-d'Éau étaient garnies de troupiers.
Les arbres pliaient sous le poids des gamins
audacieux qui s'y étaient installés pour mieux
voir. Les rares voitures de placo qui ten
taient de passer étaient secouées d'importance;
Avec tout cela le temps passait et la caval
cade n'arrivait pas. Enfin, à cinq heures, on
a aperçu les casques de la garde républicaine.
Les chars ont fait le tour de la place et de
nouvelles batailles de confetti et de fleurs se
s6nt engagées. -
Le cortège s'est ensuite reformé et a gagné
la place de l'Hôtel-de-Ville par les rues du
Temple, Turbiga, le boulevard Sébastopol et
l'avenue Victoria.
Une estrade pavoisée de drapeaux avait été
dressée face à l'Hôtel de Ville, du côté du
quai. Les membres du jury s'y tenaient ainsi,
qu'un certain nombre d'invités. Au palais
municipal,, pas une fenêtre inoccupée ; il y
avait des> spectateurs jusque sur les toits.
Le défilé a été assez laborieux sur la place
que la. foule avait depuis longtemps envahie.
Après une aubade au conseil municipal, le
cortège s'est disloqué sur les quais. Il était
alors six heures et demie.
Da accident qui aurait pu avoir de graves
conséquences s'est produit à cinq heures et
demie, avenue Victoria, en face de l'Opéra-
Comique. Le cheval d'un porte-fanion précé
dant le char de la reine des reines, ayant pris
peur, se cabra; cheval et cavalier roulèrent
sur le pavé. La foule était très compacte en cet-
endroit; il s'ensuivit unebousculade terrible
où hommes, femmes et enfants tombèrent les
uns sur les autres. Fort heureusement, on n'a
eu à déplorer aucun accident de personnes.
Les bals d'entants
Impossible.de rêver plus joli coup d'oeil que
celui qu'offrait hier le grand foyer de l'Opéra
où tout un petit' monde costumé dansait ayee
un entrain qui faisait plaisir à voir.-Sous la
direction de commissaires très empressés et
très paternels, les quadrilles, les lanciers, les
farandoles, se sont succédé de deux heures à
cinq heures , pour la plus grande joie des pe
tits danseurs et de leurs parents.
Tous les enfants étaient très élégamment
oostumés. A citer une odalisque de dix-ans
tout à fait charmante, un petit prince indien,
un pâtissier âgé de deux ans qui a fait le
bonheur des.assistants par sa gravité, un dé
licieux procureur et plusieurs habits rouges
d'une - remarquable correction.
A quatre heures et demie, on a commencé
le tirage de la tombola, mais la danse qui,
plus que tout, attirait ce petit monde
n'a-pas été interrompue, et les excellents or
chestres, qui se trouvaient dans le foyer et
lfavant-foyer, ont dû continuer sans répit
jusqu'à la fin da^bali' Au moment où nous
quittions la salle, nous avons aperçu un to
réador, âgé de quatre ou cinq printemps, qui
s'asseyait gravement avec une laitière devant
une table du buffet. -
— Que faut-il vous servir? demanda le
garçon.
— Deux sucres d'orge ! répondit gravement
le toréador, et il ajouta : Des rouges, -si vous
en avez !
Au Casino 4e Paris, il y a eu également un
bal d'enfants et non moins réussi qu'à
l'Opéra. La bataille de confetti y s été parti
culièrement animée.
Enfin bal d'enfants aussi aux Folies-Bergère
où on s'est amusé ferme jusqu'à près de six
heures.
Dans la Banlieue
Mort d'ane reine
Dans la banlieue, comme à Paris, la Mi-
Carême a été brillamment fêtée. A Puteaux,
à Courbevoie, à Pantin, à.Charenton, à Saint-
Maurice, à Saint-Mandé, à Bicêtre, à peu
près partout enfin, de joyeux cortèges ont sil
lonné le3 rues encombrées de promeneurs.
Toutefois, un accident particulièrement péni
ble a attristé la fête d'Asnières
Blanchisseuses, et laveuses du lavoir du
Pont de Clichy étaienC réunies méreredi soir
pour élire une reine. Elles avaient choisi pour
reine Mme Millard, un vrai boute-en-train,
réputée par sa gaieté intarissable.
Suivant la coutume, on arrosa l'élection ; on
l'arrosa même trop. La pauvre reine, en effet,
qui avait absorbé de l'absinthe pure,s'affaissa,
en sortant, foudroyéepar une congestion. Les
soins énergiques qu'on lui a prodigués n'ont
pu la rappeler à la. vie.
NOS Y I SIT EU
La plupart des lavoirs n'ont pas voulu
manquer à l'habitude qu'ils ont prise depuis
plusieurs années de nous apporter, à l'occa
sion de la Mi-Carême, l'expression de leurs
sympathies. Beaucoup d'entre eux sont ve
nus au Petit Journal avant de se rendre au
Cours -la-Reine, pour le rassemblement du
grand cortège ; les autres ont quitté ce cor
tège pour ne pas manquer à leur tradition
nelle visite.
- On aurait-pu croira, à voir la foule qui
s'étouffait aux Champs-Elysées, sur la place
de la Concorde et sur tou'te la ligne des bou
levards, que le nombre des curieux serait assez
restreint devant le Petit Journal. Il n'en a
rien été et les Parisiens qui ont passé la
journée'à regarder le défilé des chars, des ca
valcades et des cortèges fantaisistes devant
notre hôtel étaient tout aussi nombreux que
les années précédente».
La porte principale et le vestibule du
Petit Journal avaient été décorés de plantes
Vertes et de camélias par la maison Storme,
rue Milton. Mais c'est surtout dans la compo
sition des bouquets et déâ corbeilles fleuries
que M. Storme nous avait fait venir de Nice
pour nos visiteuses que l'habile horticulteur
s'était surpassé. '
Unê agréable surprise attendait les reines,
les rois et leurs cortèges à leur entrée dans le
hall de réception. Un orchestre original, les
Coquelicots, leur faisait entendre les meilleurs
morceaux d'un riche répertoire. Organisé par
Mme Loisel, 42, rue de Sablonville, à Neuilly,
l'orchestre des. Coquelicots comprend, comme
principaux artistes, Mlles Louise et Berthe
Loisel, deux ravissantes mandolinistes, Mlle
Jeanne Marchese, premier violon, lauréate
du Conservatoire de Paris,'Mlle Cristina, qui
manie le tambour de basque' avec une verve
incroyable. Un pianiste, deux violons et un
violoncelle complètent l'ensemble.
La première visite que nous ayons reçue,
même avant celle de la reine des reines, est
la visite de nos .amis ida lavoir Saint-Bernard,
qui, comme tous les ans, ont voulu nous ap
porter leurs compliments; mais quand ils
ont appris que Sa Majesté Henriette n'était
pas encore arrivée^ ils se sont contentés de
serrer la main à quelques-uns d'entre nous,
sans vouloir entrer avant la reine dans la.
salle de réception.
Après le départ de Mlle Delabarre et de son
cortège, plusieurs lavoirs sont venus rue La-
fayette, avant de se rendre au Cours-la-Reine.
Le premier a été le lavoir Parmentier, dont
la reine, Mlle Clémentine, et le roi, M. De-
marcq, nous ont remis 10 francs pour notre
Caisse du secours immédiat. Ensuite est'venu
le lavoir BacheIet,avecMme Bonesme comme
reine et M. Dertin comme roi.
Le lavoir dés Montagnes, rue Bisson, avait
organisé une jolie cavalcade composée d'un
landau, d'un char fantaisiste et d'un autre
char, portant des musiciens.
On est généreux pour la Caisse du secours
immédiat an lavoir des Montagnes; le roi, M.
Henry Poncet, la reine, Mlle Marie Giros, ver
sent chacun 5 £r. ; le roi et la reine de l'an
dernier, M. Alfred Petiot et Mlle Mariette
César, ensemble 5 fr. ; M. Eugène, 1 fr. ; Mlle
Clèmefntine Petiot, 1 fr. ; M. Charles Giros,
1 fr. ; Mme Petiot mère^ 1 fr. ; M. et Mme Er
nest Giros, 3 fr. ; M. Mitseh, le patron du
lavoir, 5 fr.; Mlle Alice Sébullon, 50 c.; M.
Maurice Mariotte,50 c, ; Mme Darochat,l fr. ;
enfin Mlle Vattier donne 2 fr. pour les écoles
du vingtième arrondissement.
Un groupe assez nombreux de seigneurs en
costumes François I« r et Louis XIII escorte
Mme Savary et M. Chrétien, le roi et la reine
du lavoir-Saint-Paul; le roi donne 5 francs et
la reine 2 francs pour notre Caisse du secours
immédiat.
Mlle Berthe Peltier et M. Lépine, qui nous
versent; toujours pour nos pauvres, la pre
mière 2 fr., le second 3 fr., sont les monar
ques du lavoir de l'Avenir. Leur char est
suivi de vélocipédistes déguisés.
Au lavoir de l'Atlas, ce sont Mlle Maria
Crévissier et M. Guillaume qui. ont été nom
més roi et reine pour succéder à Mme Bour
don et à M. A. Lefèvre. Dans leur visite,
ils nous remettent 5 fr. pour les pauvres du
dix-nenviéme arrondissement.
Des jeunes gens, déguisés de très heureuse
façon, —principalement une Sapho et unclown,
— arrivent dans le char, du lavoir des Cinq-
Moulins. Mme Fayet, la reine, et M. Sorin, le
roi, nous remettent chacun 5 francs pour no-
re Caisse du secours immédiat.
10 francs nous. sont, déposés pour la
même œuvre par M. Guinard, propriétaire
du lavoir du,Progrès, passage Ramey. Ilnous
présente la reine et le roi de cette année,
Mlle Schmidt et M. Columeau, qui sont sui
vis d'une , demoiselle d'honneur, Mlle Margue
rite Sergent." Le landau quiles amène est très
remarquable par ses ornements et ses haT-
nais rehaussés, de Heurs naturelles.
La cavalcade du lavoir du Rhin se com
pose de trois voitures, un landau, un char
die musiciens et un autre de déguisés. Le
roi, M. Françonnais, nous donne 2 francs
pour notre Caisse du secours immédiat; son
exemple est suivi par Mme Ragonetpardeux
cLemoiselles d'honneur, très gentiment habil
lées en étoiles, Mlles Duval. et Ragon, qui
versent chacune 1 franc.
A ce moment, le cortège du Moulin-Rouge,
semblable à celui, du mardi-gras, s'arrêta de
vant notre .hôtel; la musique nous donne
une aubade, danseurs et danseuses esquissent
quelques pas. Puis tout le monde se remet en
marche, au milieu de vrais nuages de confetti
que jette le public par les fenêtres des mai
sons voisines.
Sur le char du lavoir des Chaufourniers
trois personnes forment un tableau vivant :
c'est la République ayant à ses côtés l'Alsace
et la Lorraine. Mme Hohen, la reine, et M.
Fourreau, le roi, nous donnent chacun 5 fr.
pour la Caisse du secours immédiat, et leurs
W
tou«
sujets font une collecte qui produit pour la
même caisse 2 If. ®5.
Un groupe de jeunes gens, qui ont pris
titre a «Armée duxhahut», nous apporte, t(
jours î>our nos pauvres, 2 fr. 10.
Le lavoir de l'Ile-de-France, rue de la Réu
nion, est représenté, par M. Delormel et Mme
Bonnans, roi et reine, et par Mlle Jeanne
Delormel, très gentiment costumée en petite
Espagnole.
Entre temps, des masques Individuels vien
nent nous apporter leur offrande. Mlle Jeanne»
Julien, en arlequine, verse 50 cent, pour les
Eauvres du dixième arrondissement ; Mil»
léonie Métin et Mlle Jeanne Antoine; fin dia
blesse et en bouquetière, 1 franc chacune pour»
notre Caisse du secours immédiat.
M. Emile-Attenelle et Mme Prieur qui nous
remettent chacun 5 francs pour nos pauvres
sont les majestés du lavoir des Buttes-Chau-
mont et de la Villotte ; le garçon d'honneur,
M. René Théyenon, etlademoiselle d'honneur,
Mlle Blanche Chesneau, versent également
5 fr. chacun pour la Caisse du secours im
médiat ; Mme Jacquet donne 2 francs.
Les enfants sont très nombreux cette an-
Aée; presque tous sont gracieux et bien ha
billés. Une petite oantinière de zouaves, Mlle
Hélène Rojet, apporte 1 fr. 50 pour nos pau
vres; Mile Marguerite Lefort, en danseuse
espagnole,, dépose 5 fr. pour les pauvres du
onzième;, enfin, un petit chat, absolument
délicieux, Mlle Marguerite Girard," verse son
offrande, 5 fr., pour la Caisse du secours im
médiat.
Puis ce sont le lavoir de l'impasse Delau-
nay et le lavoir Saint-Léon. Dansle premier la
reine et le roi, Mlle Deh)hinie Barrot et M. Pied,
ont fait une collecte qui -a produit 4 fr. 50 ;
dans le second la reine. Mlle Hélène Delfour,
le roi., M. Alexandre Camper, et le patron, M.
Scherlen. donnent 6 fr. Ces deux sommes
sont pour nos pauvres.
Voici la cavalcade organisée par la cham
bre syndicale des marchands, marchandes et
employés du Temple : douze landaus, super
bement attelés «t occupés par des personna
ges aux riches costumes,,sont précédés d'une
troupe de sonneurs de trompe à cheval qui
font entendre leurs plus joyeuses fanfares.
Le roi, c'est M. Victor Vigneron^ la reine,
très jolie, Mlle Creen.
Le président de la chambre syndicale, qui
nous adresse un petit, discours fort bien
tourné, dépose 20 f r. pour la Caisse du secours
immédiat.
Offrande de 5 fr. pour la même œuvre, ver
gée par M. Troley, qui a organisé une petite
cavalcade.
Mlle Marcelle Eglesia est bien jeune, —■ elle
n'a pas cinq ans, — c'est cependant une
vieille connaissance. L'an dernier, costumée
en. bacchante, elle nous apportait 1 fr. pour
les nécessiteux que nous secourons chaque
jour; cette année elle renouvelle sa petite
générosité, mais cette'lois-ci elle est.en
Diane chasseresse. ,
Le lavoir de la Tourelle, qui est venu ex
près de Saint-Mandé pour fêter la Mi-Carême,
a pour reine Mme Léonidas Dalley et pour
roi M. Godier. La cavalcade comprend trois
chars et un landau; les personnes qui la
composent se sont cotisées et nous remettent
14 fr. 50 pour la Caisse dusecours immédiat;
M. Deschamps, le roi de l'an dernier, nous
remet-2.fr. pour le même but, eKM. Croizier,
5 fr.; ce dernier verse en. plus 20 fr. pour le
bureau, de bienfaisance de Saint-Mandé.
MmeCarpentier et M. Flick sont les mo
narques,pour 1892, du Lavoir-Modèle de là rue
des Ardennes ; ils versent pour nos pauvres,
la première 5 fr., le second 2 francs.
Mlle Thérèse Che vigny, en incroyable fin
de siècle et "haute comme une botte, fait son
entrée dans, notre çalon ; elle verse 2 fr. pour
les pauvres du Petit Journal. Derrière elle vien
nent deux jeunes Anglais formant escorte à
une mignonne miss; ils désirent garder l'a
nonyme et donnent 5 fr. pour, la Caisse des
écoles du cinquième arrondissement.
Mlle Félicie Devaux est costumée en jeune
fille russe; son costume, qui est très riche, a
die plus le mérite,d'être vrai; elle porte;une
véritable lance de cosaque, à la flamme aux
couleurs russes, pendant, qu'un petit garçon
qui l'accompagne, costumé en soldat russe,
est armé d'un fusil surmonté du guidon aux
. couleurs françaises. : Ils n'oublient pas nos
pauvres et nous, remettent '5 francs.
Deux lavoirs presque en même temps : celui
de la Porte-Dorée, avec Mme Bouraiche,comme
reine et M. Louis Moreau comme roi. La reine
offre 5 fr. et le roi 2 fr. pour la Caisse du se
cours immédiat. Pour la même destination,
l'ancien roi et l'ancienne reine, M. Gengem-
bre et Mme Bonnet déposent chacun 5 fr. Puis
le lavoir Sainte-Marie, dont la reine-mère,
Mme Diérix, est très originalement travestie
en zouave; le roi actuel, c'est M. DésiréMilet,
la jeune reinej Mlle Diérix. Ils nous donnent
5 fr. pour le Secours immédiat.
M. Daunay, un curieux paysan normand,
r vient comme,il :1e fait depuis sept ans, nous
dire bonjour. Il précède de quelques secondes
; le cortège du lavoir du boulevard de la Vil-
lette, qui est accompagné par une société mu
sicale en formation, la Jeunesse républicaine
du XI e (chef M. Halbout). Nos pauvres reçoi
vent 2 fr. du roi, M. Mestrenoël, 2 fr. de la
reine, Mme Monange, 1 fr. de l'ancien roi, M.
Simon, et 1 fr. de l'ancienne reine, Mlle Anna
Louis.
Note originale. Un grand diable de piqueur
^enté... -nous n'aurions pas les ennuis que
gon crime va nous causèr.
— Quels ennuis ?... Je rembourserai les
cinquante mille francs s'il le faut. Personne
jae perdra rien... et on n'aura rien à me dire.
C 'est moi qui aurai été le dindon de la farce.
— On n'en aura pas moins vu notre cais
sier principal, l'homme de confiance de la
maison Chàteauroux, Cervier et Cie, sur jes
bancs de la cour d'assises.
,— Vous laisserez faire le procès ?
— Comment voulez-vous l'empêcher main
tenant ?... Et tout le monde daubera sur
notre manque de clairvoyance, notre défaut
fle surveillance, notre bêtise, s'il faut dire le
mot... car cela va faire un tapage énorme.
D 'autant plus qu'il y a dans l'affaire un côté
- mystérieux.
M, Chàteauroux regarda son associé. _
— Quel côté mystérieux ? demanda-t-il.
— Je ne puis pas m'enlever de l'idée que
*et homme n'est pas le vrai coupable.
— Anselme î
— Oui. Je suis persuadé qu'il a été poussé
& ce crime.
— Par qui donc ?
— Ce n'est pas à moi à le dire...
Chàteauroux était devenu livide. *~
Ah! parlez, fit-il, je vous somme de
parler !
» — Je n'ai aucune preuve, un doute seule
ment.
— Sur qui?...
v .«— Avez-vous vu votre fils?
Sans doute.
Quel air avait-il ?
*—Je n'ai pas remarque.
«<- JEh bien i interrogez-le... faites-le. «.
Le père avait pâli davantage encore.
Son regard s'effarait.
Tout son corps tremblait. .
— Hé quoi, fit-il, vous osez penser que mon
fils?...
— Je ne dis rien, je n'avance rien.... Une
idée seulement.
—Et Anselme se laisserait arrêter, condam
ner pour lui?... Et mon fils laisserait se
commettre cette infamie?...
— Dame... .
— Si cela était, déclara M. Chàteauroux,
savez-vous ce que je ferais ?
— Non. .
— Je prendrais un revolver et je le force
rais à se brûler la cervelle à mes pieds. Mon
fils faussaire... mon fils voleur 1. .. Vous ne
savez pas ce que vous dites !...
Et cette scène se passant chez M. Chàteau
roux, celui-ci appela un domestique et lui
dit :
—k Allez me chercher Maximilien. J'ai be
soin de lui parler tout de suite.
— Eh ! quoi, vous allez lui dire ?
— Tout.
— Devant moi? .. ; .
— Devant vous... Jé veux qu'il se justifie
ou qu'il avoue, et s'il avoue, je sais ce qu'il
me restera à faire.
— Rappelez-vous que je ne l'ai pas accusé,
que j'ai exprimé une crainte seulement.
— C'est trop déjà, dit le père, qu'un soup
çon ait effleuré votre esprit.
Maximilien venait de paraître.
Il vit son père, M, Cervier, devina de quoi
il allait être question et prit une contenance.
Le jeune homme avait accepté le sacrifice
d'Anselme,
Depuis qu'il avait vu son père, qu'il avait
entendu de quelle façon il jugeait l'acte com
mis, il ne s'était pas senti la force de détrom
per le pauvre homme, de dire que c'était lui.
Il comprenait, comme Anselme, que ce serait
"le frapper à mort que de lui avouer sa cul
pabilité. Et il essayait de se persuader à lui-
même que c'était surtout pour son père qu'il
gardait le "silence et laissait condamner un
innocent à sa place. Il récompenserait le dé
vouement du caissier en faisant le bonheur
de sa fille. René Vaudrec lui avait persuadé
que ce serait une compensation suffisante et
qu'Anselme lui devrait encore du retour.
Il n'en croyait rien, mais il était trop fai
ble pour prendre une résolution énergique,
pour déclarer la vérité, prendre sur lui le far
deau du crime comtois. 11 y était d'autant
moins disposé que ses ' autres epnuis étaient
terminés. René Vaudrec lui avait trouvé L'ar
gent qu'il lui fallait pour payer ses dettes de
jeu. Il lui avait fait avancer par un usurier
die ses amis cinquante mille francs sur un
billet de quatre-vingt mille francs, renouve
lable tous les trois mois, moyennant un es
compte de cinq pour cent, — ce qui faisait
quatre mille francs d'intérêt tous les trois,
mois, soit seize mille francs par an... mais
au moins,l'affichageavait été évité; aux yeux
du monde l'honneur était sauf.
Malgré l'impassibilité'que Maximilien avait
essayé d'imposer à sa physionomie, il ne
pouvait, en présence de son père et de, M.
Cervier, se défendre d'un certain frémisse
ment qui faisait grincer ses nerfs et qui gla
çait son sang. Il restait un peu à l'écart, n 'o
sant pas avancer, intimidée,
gon père lui dit; ,
— Approche et viens te défendre.
— Et de quoi, mon père ? .
— Des soupçons qui pèsent sur toi.
Il prit un air fort étonné; et répondit :
—Quels soupçons?
—On te soupçonne, toi,, mon fils, d'avoir
trempé dans le crime d'Anselme, sinon de l'a
voir conseillé et de l'avoir fait faire.
Maximilien réprima un tremblement, sou
tint le regard de son père et dit :
— Et qui me soupçonne ?
Chàteauroux montra son associé.
— Monsieur.
Le jeune homme sô tou'ma vers CerViôt.
—• Vous, monsieur f ,
— Oui, déclara l'homme nettement, et ja
mais on ne m'ôtera, de l'esprit...
— Et sur quoi, monsieur, vous basez-vous ?
—Sur rien de précis.
— Alors?....
— Le matin où le faux à été déêôuvertvôus
avez été vu au bureau.
— En. effet.
— Vous avez parlé à Anselme.
— Je lui ai demandé, s'il avait reçu une
lettre de mon père.
—Et c'est tout ?
— C'est tout, oui, monsieur.
—Vous ne lui avez pas demandé d'argent ?
•— Non... . Je n'aurais pas profité de votre
absence à tous les deux.
— Pourtant, ce, matin-làj, vous en aviez
besoin.
— D'argent?
— Oui. Et d'une forte somjae; il paraît que
vous, aviez, perdu pendant/la: nuit.
Chàteauroux regarda son fils.
— C'est vrai? dit-il. •
— En effet, bégaya Maximilien, je n'avais
pas été heureux, mais cela n'a rien à voir...
— Si, au contraire, fit le père, car où tu as
perdu il a fallu payer.
— J'ai payé, en effet.
— Avec quel argent ?"
— De l'argent que j'ai emprunté.
— Tu as les preuves ? -w
Maximilien sortit de:sa poche son porte
feuille.
— Les voici, dit-il.
Le père examina rapidement les papiers.
— Quatre-vingt mille francs, fit-il, et à
quelles conditions.'... Tu veux donc me rui
ner ? Et quel est ce juif ? „
— Le père Absalon...
— Je le connais. J'irai le payer moi-même.
— Vous voyez que je n'avais pas besoin d»
faire faire un faux à votre caissier.
M. Cervier ne répondit pas.
JULES DE GASTYNE.
[La suite à demain.)
Dans le Supplément illustré ea
couleurs de cette semaine :
UN JEUNE BRAVE
reproduction du sauvetage héroïque
accompli par un enfant de douze ansf
et demi.
Un mariage albanais
scène curieusement tragique qui vient
de se passer sur la frontière dut
Monténégro.
Le numéro se vend 5 centimes.
nomie.
Tantôt, en effet, il sortait en veston fit
chapeau mou, tantôt en redingote et chapeau
haut de forme. Un jour il portait la batfbe,
un autre jour la moustache seulement, le .len
demain les favoris ; enfin mardi, au moment
de son départ, il était complètement rasé.
Si Ravachol, comme on Je croit, n'a pas
quitté les environs de Paris, sa retraite ne
peut tarder beaucoup à être découverte.
Quant à sa capture, il se peut qu'elle soit très
mouvementée, car cet individu est, à juste
titre, considéré comme uohomme décidé à tout.
AUTRES PISTES
La police a des soupçons sur un autre in
dividu désigné comme l'auteur de l'attentat
de la caserne Lobau. Ce n'est pas, en effet,
le même « travail » que boulevard Saint-
Qermain.
Cet individu est activement recherché.
M. Clément a reçu hier matin des mandats
à l'effet de perquisitionner aux domiciles de
plusieurs individus. Deux arrestations^ ont
été opérées par lui, celles des anarchistes
Simon etBastard.
Ajoutons qu'il y a actuellement sous les
verrous, tant pour l'affaire des attentats à la
dynamite que pour le vol de- Soisy-sous-
Etiolles, dix-sept inculpés. — ,
PU SUICIDE MILITAIRE AU TOBÔK
lia question soulevée-par M. Chiché ausu-
|et d'un ordre du jour du colonel Laurent re
latif au suicide d'un jeune soldat au Tonkin
a provoqué quelque émotion' à" la Chamhre.
On a fait remarquer avec raison qu'il n'y a
pas ep. ce moment de colonelLaurent au Ton-
Irinet que le seul-colonel-de ce nom apparte
nant à l'infanterie de marine est mort.à Bor
deaux fl y a plusieurs années.
Un de nos lecteurs nous donne l'explication
de ce fait en apparence inexplicable.
lie rapport dont il s'agit et qui vient d'être
si inopinément porté à la publicité a bien été
lait, mais ce n'est pas au Tonkin et ce n'est
pas d'hier.
C'est à Saigon, en juillet i'881, que le fait
s'estpïoduit.
Le suicide a eu lieu à la caserne n® 3 à
Saigon et les termes du rapport lu à la tri
bune et qui ont été transcrits sur le livre
d'ordm de la compagnie à laquelle apparte
nait-le suicidé sont exacts.
Le fait ne date donc pas d'hier; lés obser
vations de ftf. Dérouléde qui ont justifié le
colonel Laurent, qui était d'ailleurs un offi
cier remarquable, n'en gardent pas moins
leur parfaite justesse.. H est de toute néces-
■ sité, en effet, surtout dans un pays où l'action
du climat peut énerver et affaiblir momenta
nément la résistance morale, de résister par
tous les moyens à la contagion du suicide.
INFORMATIONS POLITIQUES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier en conseil,
au ministère.de-l'intérieur, sous la présidence
fle M. Loubet.
La séance a été consacrée à l'expédition des
affaires courantes. ,
les «retraites proportionnelles
M- de Freycinet, ministre de la guerre, a
entretenu le conseil des ministres du projet
de loi relatif aux retraitas proportionnelles
des officiers de l'armée de terra..
LCiministre .de la guerre est aujourd'hui
d'accord avec la commission da l'armée, et
voilà-quelle est,,-dans.sesgrandes lignes,l'éco
nomie du projet.
i La rctraite proportionnelle serait acquise à
•^ingt ans de service; Toutefois, en vue de
ménageries intérêts de l'Etat, et pour s©ren
dre compte du fonctionnement du système, 4e
nombre des officiers appelés à bénéficier delà
législation nouvelle sera, au début, limité à
deux cents par année. Quand l'expérience
aura prononcé, on pourra élever ce nombre.
Les retraites seraient -accordées pour les
deux cents demandes <à l'ancienneté de la
demande. ;
Les officiers retraités dans ces conditions
resteraient à la disposition du ministre de la
guerre jusqu'à trente ans de service. .
Les étudiants et le service, militaire
• M,de Freycinet a également entretenu hier
le conseil des ministres do la lettre que le
président et le secrétaire de la commission de
l'armée lui ont adressée au sujet de Tinter-'
{»rétation à donner aux articles 23 et 59 de la
oi de 1889 sur le recrutement,
i Nous avons publié la lettre et exposé la
question.
i ; Il s'agit de savoir-si les articles 23 et 59
gui visent la catégorie des jeunes gens se
Sestinant aux écoles spéciales peuvent être
Interprétés dans un sens plus large.
Le ministre a fait connaître que le conseil
{l'Etat, dans un avis formulé en 1889, a dé
claré que les termes de l'article 59 ne lui per-
giettaient pas de donner l'interprétation sol-
citée par la commission.
M. de Freycinet fera savoir à la commis-
pion de l'armée qu'il se croit lié par cet avis.
Dans ces conditions, les articles visés de
la loi de 1889 ne peuvent plus être modifiés
que par une loi nouvelle. Le gouvernement
be prenant pas l'initiative d'un projet de loi,
la modification sera sans doute proposée par
l 'initiative parlementaire..
MiaMMammaa Lq Petit JOUTHS] g™"
A l'Elysée
Le président de la République a reçu hier
matin en audience de congé M. Whitelayr-
Reidj ancien ministre des Etats-Unis à Paris.
LA POLITIQUE A L'ETRANGER
IDe nos correspondants et des agencet)
Aiïemogno
*» Berlin, 24 mars, soir.
Le Reichsanzeiger, journal officiel, confir
me les nominations que nous avons déjà an
noncées. M. de Caprivi reste chancelier de
l'empire et ministre des affaires étrangères
de Prusse. Le comte d'Eulenbourg reçoit la
présidence du ministère prussien et le secré
taire d'Etat Bosse devient ministre des cul
tes en remplacement de M. de Zedlitz.
LA. 3MT-CARÊMÈ
à Paris
■Avant toute chose, il faut constater le
temps merveilleux dont a été favorisée la
journée de la Mi-Carême à Paris, c'était le
plus précieux des collaborateurs pour cette
fête populaire. Le soleil n'a pas marchandé
hier son concours; et grâce à lui chars, caval
cades, spectateurs ont po se promener gaie
ment.
Cette année, la Mi-Carême avait perdu
en grande partis son caraetôre spécial de fête
des lavoirs et des blanchisseuses; c'était une
journée de réjouissance générale, une occa
sion de s'amuser à peu de frais; les Pari
siens n'ont.eu garde ae laisser échapper cette
-aubaine.
Dans la soirée . surtout, la ville avait pris
un aspect remarquablement joyeux et animé,
ta reine des reines
Comme le comportait le programme, Mlle
Henriette Delabarre, là reine des reines, a
commencé la série de ses visites officielles par
le Petit Journal.
Elle est arrivée à midi et demi, escortée ■ de
deux pages, un bleu, un rose, qui portaient
les pans de son long manteau de cour en ve
lours bleu semé de fleurs de lys. Sur sa toi
lette blanche Mlle Delabarre portait le grand
cordon bleu du Saint-Esprit, excusez- du
peu; un diadème d'impératrice en perles et
or ; un collier et une parure de grenats com
plétaient l'ajustement de la reine des reines.
L'heureux roi qui accompagnait Mlle Dela
barre était M. Borrini, le maître du lavoir
Moderne, auquel appartient la reine des reines.
M. Borrini était vêtu d'un costume régence
coupé par le grand-cordon ronge de la royauté
des lavoirs.
Charmantes les demoiselles d'honneur de la
reine des reines : Mlle Anaïs Delabarre, sa
sœur, et Mlles Petit et Félicie Pierr-e.
Après quelques instants passés au Petit
Journal, la reine des reines est montée sur
son char pour: aller prendre part à la forma
tion du grand cortège au Cours-la-Reine.
Avant qu'elle prît possession de son trôn®
royal, notre ami Jean sans Terre, aux ap
plaudissements des assistants, a embrassé la
reine, comme il l'avait promis.
Le grand cortège
Le rassemblement des chars et des caval
cades a commencé à une heure sur le Cours-
la-Reine, où a eu lieu la formation du cortège:
Une foule innombrable s'était , dès le
matin, portée sur toutes les voies par
où devaient passer le. char de la reine
des reines et les chars des lavoirs de
Paris. Aussi à partir de midi la circula
tion était-elle- devenue presque impossible
sur l'avenue des Champs Elysées, la place de
la Concorde, la rue Royale, la place de la
Madeleine et sur les grands boulevards, dont
les deux trottoirs et la chaussée étaient litté
ralement bondés sur tout le parcours de la
Madeleine à la place de là République.
A deux heures, le cortège composé de nom
breux chars, de voitures enrubannées, attelées
à la Daumont, de cavaliers aux riches costu
mes, et de fanfares, s'est mis en marche au
son des trompes de chasse, des trompettes et
des musiques et précédé d'un peloton de
garde républicaine à cheval.
En tête du cortège marchaient les voitures
des lavoirs : Sainte-Marguerite, Saint-Bernard,
des Couronnes, Saint-Charles, les lavoirs du
square et,de la rue Jeanne-d'Arc, et enfin la
grande attraction, le char merveilleusement
décoré et, doré de la reine des reines, immé
diatement suivi des autres voitures et d'une
brillante escorte de musiciens et decavaliers.
Sur la place de la Concorde où le cortège,
■malgré la garde républicaine, avait peine à
avancer, une bataille de confetti s?est enga
gée entre les personnages de la fête et la
foule; il neigeait littéralement des millions
de petits papiers, et c'était partout .des éclats
de rire et~des cris de joie.
En quittant la place dé la Concorde, le cor
tège s'est-engagé dans l'avenue des Champs-
Elysées, puis il a pris l'avenue Marigny, où
un défilé a eu lieu devant la demeure du pré
sident de la République.
A ce moment, les musiques qui accompa
gnaient l'escorte ont joué la Marseillaise et
l'Hymne russe çt la reine des reines a été sa
luée et acclamée par la foule. Le président de
la République et Mme Carnot, placés sur la
terrasse des jardins do l'Elysée, avenue Ma
rigny, ont assisté au défilé. Des cris de : Vive
Carnot ! ont été poussés par la foule.
Poursuivant leur route, les chars ont gagné
la rua Royale ,par le faubourg îSaint r Ho-
noré,et:sont arrivés placo de la Madeleine. Là
encore, la bataille de confetti a recommencée
Après une halte forcée, le cortège a reprisla
Hgne des grands boulevards et s'est dirigé
vers la place 4e la République, au milieu des
acclamations de la foule dont les flots deve
naient .de plus en plus pressés.
Sur la place, noire de monde, les curieux
patientaient en couvrant de confetti les mas
ques qui s'efforçaient de se frayer un pas
sage. Toutes les fenêtres ,de la caserne du
Château-d'Éau étaient garnies de troupiers.
Les arbres pliaient sous le poids des gamins
audacieux qui s'y étaient installés pour mieux
voir. Les rares voitures de placo qui ten
taient de passer étaient secouées d'importance;
Avec tout cela le temps passait et la caval
cade n'arrivait pas. Enfin, à cinq heures, on
a aperçu les casques de la garde républicaine.
Les chars ont fait le tour de la place et de
nouvelles batailles de confetti et de fleurs se
s6nt engagées. -
Le cortège s'est ensuite reformé et a gagné
la place de l'Hôtel-de-Ville par les rues du
Temple, Turbiga, le boulevard Sébastopol et
l'avenue Victoria.
Une estrade pavoisée de drapeaux avait été
dressée face à l'Hôtel de Ville, du côté du
quai. Les membres du jury s'y tenaient ainsi,
qu'un certain nombre d'invités. Au palais
municipal,, pas une fenêtre inoccupée ; il y
avait des> spectateurs jusque sur les toits.
Le défilé a été assez laborieux sur la place
que la. foule avait depuis longtemps envahie.
Après une aubade au conseil municipal, le
cortège s'est disloqué sur les quais. Il était
alors six heures et demie.
Da accident qui aurait pu avoir de graves
conséquences s'est produit à cinq heures et
demie, avenue Victoria, en face de l'Opéra-
Comique. Le cheval d'un porte-fanion précé
dant le char de la reine des reines, ayant pris
peur, se cabra; cheval et cavalier roulèrent
sur le pavé. La foule était très compacte en cet-
endroit; il s'ensuivit unebousculade terrible
où hommes, femmes et enfants tombèrent les
uns sur les autres. Fort heureusement, on n'a
eu à déplorer aucun accident de personnes.
Les bals d'entants
Impossible.de rêver plus joli coup d'oeil que
celui qu'offrait hier le grand foyer de l'Opéra
où tout un petit' monde costumé dansait ayee
un entrain qui faisait plaisir à voir.-Sous la
direction de commissaires très empressés et
très paternels, les quadrilles, les lanciers, les
farandoles, se sont succédé de deux heures à
cinq heures , pour la plus grande joie des pe
tits danseurs et de leurs parents.
Tous les enfants étaient très élégamment
oostumés. A citer une odalisque de dix-ans
tout à fait charmante, un petit prince indien,
un pâtissier âgé de deux ans qui a fait le
bonheur des.assistants par sa gravité, un dé
licieux procureur et plusieurs habits rouges
d'une - remarquable correction.
A quatre heures et demie, on a commencé
le tirage de la tombola, mais la danse qui,
plus que tout, attirait ce petit monde
n'a-pas été interrompue, et les excellents or
chestres, qui se trouvaient dans le foyer et
lfavant-foyer, ont dû continuer sans répit
jusqu'à la fin da^bali' Au moment où nous
quittions la salle, nous avons aperçu un to
réador, âgé de quatre ou cinq printemps, qui
s'asseyait gravement avec une laitière devant
une table du buffet. -
— Que faut-il vous servir? demanda le
garçon.
— Deux sucres d'orge ! répondit gravement
le toréador, et il ajouta : Des rouges, -si vous
en avez !
Au Casino 4e Paris, il y a eu également un
bal d'enfants et non moins réussi qu'à
l'Opéra. La bataille de confetti y s été parti
culièrement animée.
Enfin bal d'enfants aussi aux Folies-Bergère
où on s'est amusé ferme jusqu'à près de six
heures.
Dans la Banlieue
Mort d'ane reine
Dans la banlieue, comme à Paris, la Mi-
Carême a été brillamment fêtée. A Puteaux,
à Courbevoie, à Pantin, à.Charenton, à Saint-
Maurice, à Saint-Mandé, à Bicêtre, à peu
près partout enfin, de joyeux cortèges ont sil
lonné le3 rues encombrées de promeneurs.
Toutefois, un accident particulièrement péni
ble a attristé la fête d'Asnières
Blanchisseuses, et laveuses du lavoir du
Pont de Clichy étaienC réunies méreredi soir
pour élire une reine. Elles avaient choisi pour
reine Mme Millard, un vrai boute-en-train,
réputée par sa gaieté intarissable.
Suivant la coutume, on arrosa l'élection ; on
l'arrosa même trop. La pauvre reine, en effet,
qui avait absorbé de l'absinthe pure,s'affaissa,
en sortant, foudroyéepar une congestion. Les
soins énergiques qu'on lui a prodigués n'ont
pu la rappeler à la. vie.
NOS Y I SIT EU
La plupart des lavoirs n'ont pas voulu
manquer à l'habitude qu'ils ont prise depuis
plusieurs années de nous apporter, à l'occa
sion de la Mi-Carême, l'expression de leurs
sympathies. Beaucoup d'entre eux sont ve
nus au Petit Journal avant de se rendre au
Cours -la-Reine, pour le rassemblement du
grand cortège ; les autres ont quitté ce cor
tège pour ne pas manquer à leur tradition
nelle visite.
- On aurait-pu croira, à voir la foule qui
s'étouffait aux Champs-Elysées, sur la place
de la Concorde et sur tou'te la ligne des bou
levards, que le nombre des curieux serait assez
restreint devant le Petit Journal. Il n'en a
rien été et les Parisiens qui ont passé la
journée'à regarder le défilé des chars, des ca
valcades et des cortèges fantaisistes devant
notre hôtel étaient tout aussi nombreux que
les années précédente».
La porte principale et le vestibule du
Petit Journal avaient été décorés de plantes
Vertes et de camélias par la maison Storme,
rue Milton. Mais c'est surtout dans la compo
sition des bouquets et déâ corbeilles fleuries
que M. Storme nous avait fait venir de Nice
pour nos visiteuses que l'habile horticulteur
s'était surpassé. '
Unê agréable surprise attendait les reines,
les rois et leurs cortèges à leur entrée dans le
hall de réception. Un orchestre original, les
Coquelicots, leur faisait entendre les meilleurs
morceaux d'un riche répertoire. Organisé par
Mme Loisel, 42, rue de Sablonville, à Neuilly,
l'orchestre des. Coquelicots comprend, comme
principaux artistes, Mlles Louise et Berthe
Loisel, deux ravissantes mandolinistes, Mlle
Jeanne Marchese, premier violon, lauréate
du Conservatoire de Paris,'Mlle Cristina, qui
manie le tambour de basque' avec une verve
incroyable. Un pianiste, deux violons et un
violoncelle complètent l'ensemble.
La première visite que nous ayons reçue,
même avant celle de la reine des reines, est
la visite de nos .amis ida lavoir Saint-Bernard,
qui, comme tous les ans, ont voulu nous ap
porter leurs compliments; mais quand ils
ont appris que Sa Majesté Henriette n'était
pas encore arrivée^ ils se sont contentés de
serrer la main à quelques-uns d'entre nous,
sans vouloir entrer avant la reine dans la.
salle de réception.
Après le départ de Mlle Delabarre et de son
cortège, plusieurs lavoirs sont venus rue La-
fayette, avant de se rendre au Cours-la-Reine.
Le premier a été le lavoir Parmentier, dont
la reine, Mlle Clémentine, et le roi, M. De-
marcq, nous ont remis 10 francs pour notre
Caisse du secours immédiat. Ensuite est'venu
le lavoir BacheIet,avecMme Bonesme comme
reine et M. Dertin comme roi.
Le lavoir dés Montagnes, rue Bisson, avait
organisé une jolie cavalcade composée d'un
landau, d'un char fantaisiste et d'un autre
char, portant des musiciens.
On est généreux pour la Caisse du secours
immédiat an lavoir des Montagnes; le roi, M.
Henry Poncet, la reine, Mlle Marie Giros, ver
sent chacun 5 £r. ; le roi et la reine de l'an
dernier, M. Alfred Petiot et Mlle Mariette
César, ensemble 5 fr. ; M. Eugène, 1 fr. ; Mlle
Clèmefntine Petiot, 1 fr. ; M. Charles Giros,
1 fr. ; Mme Petiot mère^ 1 fr. ; M. et Mme Er
nest Giros, 3 fr. ; M. Mitseh, le patron du
lavoir, 5 fr.; Mlle Alice Sébullon, 50 c.; M.
Maurice Mariotte,50 c, ; Mme Darochat,l fr. ;
enfin Mlle Vattier donne 2 fr. pour les écoles
du vingtième arrondissement.
Un groupe assez nombreux de seigneurs en
costumes François I« r et Louis XIII escorte
Mme Savary et M. Chrétien, le roi et la reine
du lavoir-Saint-Paul; le roi donne 5 francs et
la reine 2 francs pour notre Caisse du secours
immédiat.
Mlle Berthe Peltier et M. Lépine, qui nous
versent; toujours pour nos pauvres, la pre
mière 2 fr., le second 3 fr., sont les monar
ques du lavoir de l'Avenir. Leur char est
suivi de vélocipédistes déguisés.
Au lavoir de l'Atlas, ce sont Mlle Maria
Crévissier et M. Guillaume qui. ont été nom
més roi et reine pour succéder à Mme Bour
don et à M. A. Lefèvre. Dans leur visite,
ils nous remettent 5 fr. pour les pauvres du
dix-nenviéme arrondissement.
Des jeunes gens, déguisés de très heureuse
façon, —principalement une Sapho et unclown,
— arrivent dans le char, du lavoir des Cinq-
Moulins. Mme Fayet, la reine, et M. Sorin, le
roi, nous remettent chacun 5 francs pour no-
re Caisse du secours immédiat.
10 francs nous. sont, déposés pour la
même œuvre par M. Guinard, propriétaire
du lavoir du,Progrès, passage Ramey. Ilnous
présente la reine et le roi de cette année,
Mlle Schmidt et M. Columeau, qui sont sui
vis d'une , demoiselle d'honneur, Mlle Margue
rite Sergent." Le landau quiles amène est très
remarquable par ses ornements et ses haT-
nais rehaussés, de Heurs naturelles.
La cavalcade du lavoir du Rhin se com
pose de trois voitures, un landau, un char
die musiciens et un autre de déguisés. Le
roi, M. Françonnais, nous donne 2 francs
pour notre Caisse du secours immédiat; son
exemple est suivi par Mme Ragonetpardeux
cLemoiselles d'honneur, très gentiment habil
lées en étoiles, Mlles Duval. et Ragon, qui
versent chacune 1 franc.
A ce moment, le cortège du Moulin-Rouge,
semblable à celui, du mardi-gras, s'arrêta de
vant notre .hôtel; la musique nous donne
une aubade, danseurs et danseuses esquissent
quelques pas. Puis tout le monde se remet en
marche, au milieu de vrais nuages de confetti
que jette le public par les fenêtres des mai
sons voisines.
Sur le char du lavoir des Chaufourniers
trois personnes forment un tableau vivant :
c'est la République ayant à ses côtés l'Alsace
et la Lorraine. Mme Hohen, la reine, et M.
Fourreau, le roi, nous donnent chacun 5 fr.
pour la Caisse du secours immédiat, et leurs
W
tou«
sujets font une collecte qui produit pour la
même caisse 2 If. ®5.
Un groupe de jeunes gens, qui ont pris
titre a «Armée duxhahut», nous apporte, t(
jours î>our nos pauvres, 2 fr. 10.
Le lavoir de l'Ile-de-France, rue de la Réu
nion, est représenté, par M. Delormel et Mme
Bonnans, roi et reine, et par Mlle Jeanne
Delormel, très gentiment costumée en petite
Espagnole.
Entre temps, des masques Individuels vien
nent nous apporter leur offrande. Mlle Jeanne»
Julien, en arlequine, verse 50 cent, pour les
Eauvres du dixième arrondissement ; Mil»
léonie Métin et Mlle Jeanne Antoine; fin dia
blesse et en bouquetière, 1 franc chacune pour»
notre Caisse du secours immédiat.
M. Emile-Attenelle et Mme Prieur qui nous
remettent chacun 5 francs pour nos pauvres
sont les majestés du lavoir des Buttes-Chau-
mont et de la Villotte ; le garçon d'honneur,
M. René Théyenon, etlademoiselle d'honneur,
Mlle Blanche Chesneau, versent également
5 fr. chacun pour la Caisse du secours im
médiat ; Mme Jacquet donne 2 francs.
Les enfants sont très nombreux cette an-
Aée; presque tous sont gracieux et bien ha
billés. Une petite oantinière de zouaves, Mlle
Hélène Rojet, apporte 1 fr. 50 pour nos pau
vres; Mile Marguerite Lefort, en danseuse
espagnole,, dépose 5 fr. pour les pauvres du
onzième;, enfin, un petit chat, absolument
délicieux, Mlle Marguerite Girard," verse son
offrande, 5 fr., pour la Caisse du secours im
médiat.
Puis ce sont le lavoir de l'impasse Delau-
nay et le lavoir Saint-Léon. Dansle premier la
reine et le roi, Mlle Deh)hinie Barrot et M. Pied,
ont fait une collecte qui -a produit 4 fr. 50 ;
dans le second la reine. Mlle Hélène Delfour,
le roi., M. Alexandre Camper, et le patron, M.
Scherlen. donnent 6 fr. Ces deux sommes
sont pour nos pauvres.
Voici la cavalcade organisée par la cham
bre syndicale des marchands, marchandes et
employés du Temple : douze landaus, super
bement attelés «t occupés par des personna
ges aux riches costumes,,sont précédés d'une
troupe de sonneurs de trompe à cheval qui
font entendre leurs plus joyeuses fanfares.
Le roi, c'est M. Victor Vigneron^ la reine,
très jolie, Mlle Creen.
Le président de la chambre syndicale, qui
nous adresse un petit, discours fort bien
tourné, dépose 20 f r. pour la Caisse du secours
immédiat.
Offrande de 5 fr. pour la même œuvre, ver
gée par M. Troley, qui a organisé une petite
cavalcade.
Mlle Marcelle Eglesia est bien jeune, —■ elle
n'a pas cinq ans, — c'est cependant une
vieille connaissance. L'an dernier, costumée
en. bacchante, elle nous apportait 1 fr. pour
les nécessiteux que nous secourons chaque
jour; cette année elle renouvelle sa petite
générosité, mais cette'lois-ci elle est.en
Diane chasseresse. ,
Le lavoir de la Tourelle, qui est venu ex
près de Saint-Mandé pour fêter la Mi-Carême,
a pour reine Mme Léonidas Dalley et pour
roi M. Godier. La cavalcade comprend trois
chars et un landau; les personnes qui la
composent se sont cotisées et nous remettent
14 fr. 50 pour la Caisse dusecours immédiat;
M. Deschamps, le roi de l'an dernier, nous
remet-2.fr. pour le même but, eKM. Croizier,
5 fr.; ce dernier verse en. plus 20 fr. pour le
bureau, de bienfaisance de Saint-Mandé.
MmeCarpentier et M. Flick sont les mo
narques,pour 1892, du Lavoir-Modèle de là rue
des Ardennes ; ils versent pour nos pauvres,
la première 5 fr., le second 2 francs.
Mlle Thérèse Che vigny, en incroyable fin
de siècle et "haute comme une botte, fait son
entrée dans, notre çalon ; elle verse 2 fr. pour
les pauvres du Petit Journal. Derrière elle vien
nent deux jeunes Anglais formant escorte à
une mignonne miss; ils désirent garder l'a
nonyme et donnent 5 fr. pour, la Caisse des
écoles du cinquième arrondissement.
Mlle Félicie Devaux est costumée en jeune
fille russe; son costume, qui est très riche, a
die plus le mérite,d'être vrai; elle porte;une
véritable lance de cosaque, à la flamme aux
couleurs russes, pendant, qu'un petit garçon
qui l'accompagne, costumé en soldat russe,
est armé d'un fusil surmonté du guidon aux
. couleurs françaises. : Ils n'oublient pas nos
pauvres et nous, remettent '5 francs.
Deux lavoirs presque en même temps : celui
de la Porte-Dorée, avec Mme Bouraiche,comme
reine et M. Louis Moreau comme roi. La reine
offre 5 fr. et le roi 2 fr. pour la Caisse du se
cours immédiat. Pour la même destination,
l'ancien roi et l'ancienne reine, M. Gengem-
bre et Mme Bonnet déposent chacun 5 fr. Puis
le lavoir Sainte-Marie, dont la reine-mère,
Mme Diérix, est très originalement travestie
en zouave; le roi actuel, c'est M. DésiréMilet,
la jeune reinej Mlle Diérix. Ils nous donnent
5 fr. pour le Secours immédiat.
M. Daunay, un curieux paysan normand,
r vient comme,il :1e fait depuis sept ans, nous
dire bonjour. Il précède de quelques secondes
; le cortège du lavoir du boulevard de la Vil-
lette, qui est accompagné par une société mu
sicale en formation, la Jeunesse républicaine
du XI e (chef M. Halbout). Nos pauvres reçoi
vent 2 fr. du roi, M. Mestrenoël, 2 fr. de la
reine, Mme Monange, 1 fr. de l'ancien roi, M.
Simon, et 1 fr. de l'ancienne reine, Mlle Anna
Louis.
Note originale. Un grand diable de piqueur
^enté... -nous n'aurions pas les ennuis que
gon crime va nous causèr.
— Quels ennuis ?... Je rembourserai les
cinquante mille francs s'il le faut. Personne
jae perdra rien... et on n'aura rien à me dire.
C 'est moi qui aurai été le dindon de la farce.
— On n'en aura pas moins vu notre cais
sier principal, l'homme de confiance de la
maison Chàteauroux, Cervier et Cie, sur jes
bancs de la cour d'assises.
,— Vous laisserez faire le procès ?
— Comment voulez-vous l'empêcher main
tenant ?... Et tout le monde daubera sur
notre manque de clairvoyance, notre défaut
fle surveillance, notre bêtise, s'il faut dire le
mot... car cela va faire un tapage énorme.
D 'autant plus qu'il y a dans l'affaire un côté
- mystérieux.
M, Chàteauroux regarda son associé. _
— Quel côté mystérieux ? demanda-t-il.
— Je ne puis pas m'enlever de l'idée que
*et homme n'est pas le vrai coupable.
— Anselme î
— Oui. Je suis persuadé qu'il a été poussé
& ce crime.
— Par qui donc ?
— Ce n'est pas à moi à le dire...
Chàteauroux était devenu livide. *~
Ah! parlez, fit-il, je vous somme de
parler !
» — Je n'ai aucune preuve, un doute seule
ment.
— Sur qui?...
v .«— Avez-vous vu votre fils?
Sans doute.
Quel air avait-il ?
*—Je n'ai pas remarque.
«<- JEh bien i interrogez-le... faites-le. «.
Le père avait pâli davantage encore.
Son regard s'effarait.
Tout son corps tremblait. .
— Hé quoi, fit-il, vous osez penser que mon
fils?...
— Je ne dis rien, je n'avance rien.... Une
idée seulement.
—Et Anselme se laisserait arrêter, condam
ner pour lui?... Et mon fils laisserait se
commettre cette infamie?...
— Dame... .
— Si cela était, déclara M. Chàteauroux,
savez-vous ce que je ferais ?
— Non. .
— Je prendrais un revolver et je le force
rais à se brûler la cervelle à mes pieds. Mon
fils faussaire... mon fils voleur 1. .. Vous ne
savez pas ce que vous dites !...
Et cette scène se passant chez M. Chàteau
roux, celui-ci appela un domestique et lui
dit :
—k Allez me chercher Maximilien. J'ai be
soin de lui parler tout de suite.
— Eh ! quoi, vous allez lui dire ?
— Tout.
— Devant moi? .. ; .
— Devant vous... Jé veux qu'il se justifie
ou qu'il avoue, et s'il avoue, je sais ce qu'il
me restera à faire.
— Rappelez-vous que je ne l'ai pas accusé,
que j'ai exprimé une crainte seulement.
— C'est trop déjà, dit le père, qu'un soup
çon ait effleuré votre esprit.
Maximilien venait de paraître.
Il vit son père, M, Cervier, devina de quoi
il allait être question et prit une contenance.
Le jeune homme avait accepté le sacrifice
d'Anselme,
Depuis qu'il avait vu son père, qu'il avait
entendu de quelle façon il jugeait l'acte com
mis, il ne s'était pas senti la force de détrom
per le pauvre homme, de dire que c'était lui.
Il comprenait, comme Anselme, que ce serait
"le frapper à mort que de lui avouer sa cul
pabilité. Et il essayait de se persuader à lui-
même que c'était surtout pour son père qu'il
gardait le "silence et laissait condamner un
innocent à sa place. Il récompenserait le dé
vouement du caissier en faisant le bonheur
de sa fille. René Vaudrec lui avait persuadé
que ce serait une compensation suffisante et
qu'Anselme lui devrait encore du retour.
Il n'en croyait rien, mais il était trop fai
ble pour prendre une résolution énergique,
pour déclarer la vérité, prendre sur lui le far
deau du crime comtois. 11 y était d'autant
moins disposé que ses ' autres epnuis étaient
terminés. René Vaudrec lui avait trouvé L'ar
gent qu'il lui fallait pour payer ses dettes de
jeu. Il lui avait fait avancer par un usurier
die ses amis cinquante mille francs sur un
billet de quatre-vingt mille francs, renouve
lable tous les trois mois, moyennant un es
compte de cinq pour cent, — ce qui faisait
quatre mille francs d'intérêt tous les trois,
mois, soit seize mille francs par an... mais
au moins,l'affichageavait été évité; aux yeux
du monde l'honneur était sauf.
Malgré l'impassibilité'que Maximilien avait
essayé d'imposer à sa physionomie, il ne
pouvait, en présence de son père et de, M.
Cervier, se défendre d'un certain frémisse
ment qui faisait grincer ses nerfs et qui gla
çait son sang. Il restait un peu à l'écart, n 'o
sant pas avancer, intimidée,
gon père lui dit; ,
— Approche et viens te défendre.
— Et de quoi, mon père ? .
— Des soupçons qui pèsent sur toi.
Il prit un air fort étonné; et répondit :
—Quels soupçons?
—On te soupçonne, toi,, mon fils, d'avoir
trempé dans le crime d'Anselme, sinon de l'a
voir conseillé et de l'avoir fait faire.
Maximilien réprima un tremblement, sou
tint le regard de son père et dit :
— Et qui me soupçonne ?
Chàteauroux montra son associé.
— Monsieur.
Le jeune homme sô tou'ma vers CerViôt.
—• Vous, monsieur f ,
— Oui, déclara l'homme nettement, et ja
mais on ne m'ôtera, de l'esprit...
— Et sur quoi, monsieur, vous basez-vous ?
—Sur rien de précis.
— Alors?....
— Le matin où le faux à été déêôuvertvôus
avez été vu au bureau.
— En. effet.
— Vous avez parlé à Anselme.
— Je lui ai demandé, s'il avait reçu une
lettre de mon père.
—Et c'est tout ?
— C'est tout, oui, monsieur.
—Vous ne lui avez pas demandé d'argent ?
•— Non... . Je n'aurais pas profité de votre
absence à tous les deux.
— Pourtant, ce, matin-làj, vous en aviez
besoin.
— D'argent?
— Oui. Et d'une forte somjae; il paraît que
vous, aviez, perdu pendant/la: nuit.
Chàteauroux regarda son fils.
— C'est vrai? dit-il. •
— En effet, bégaya Maximilien, je n'avais
pas été heureux, mais cela n'a rien à voir...
— Si, au contraire, fit le père, car où tu as
perdu il a fallu payer.
— J'ai payé, en effet.
— Avec quel argent ?"
— De l'argent que j'ai emprunté.
— Tu as les preuves ? -w
Maximilien sortit de:sa poche son porte
feuille.
— Les voici, dit-il.
Le père examina rapidement les papiers.
— Quatre-vingt mille francs, fit-il, et à
quelles conditions.'... Tu veux donc me rui
ner ? Et quel est ce juif ? „
— Le père Absalon...
— Je le connais. J'irai le payer moi-même.
— Vous voyez que je n'avais pas besoin d»
faire faire un faux à votre caissier.
M. Cervier ne répondit pas.
JULES DE GASTYNE.
[La suite à demain.)
Dans le Supplément illustré ea
couleurs de cette semaine :
UN JEUNE BRAVE
reproduction du sauvetage héroïque
accompli par un enfant de douze ansf
et demi.
Un mariage albanais
scène curieusement tragique qui vient
de se passer sur la frontière dut
Monténégro.
Le numéro se vend 5 centimes.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.04%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.04%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Champagne-Ardenne Fonds régional : Champagne-Ardenne /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "ChArdenn1"
- Auteurs similaires Fonds régional : Champagne-Ardenne Fonds régional : Champagne-Ardenne /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "ChArdenn1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6111773/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6111773/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6111773/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6111773/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6111773
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6111773
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6111773/f2.image × Aide