3i2 Des Recherches de la Erance,
ï)e laseUe des Iefuites* A
CHAPITRE XLII.
Y AN T dédié ce liure aux libertez de TEglise Gallicane, ie
ne pense faire chose efloignee de mon intention de discou-
rir de la secte des Ieíuites, laquelle a propositions toutes
contraires aux nostres , à la fubuersion de nostre Estât. A-
pres que les Iuíiiites eurent recueilly le grand legs, qui leur
auoit esté fait par Messire Guillaume du Prat, Eueíque de
Clairmont, ils achepterent Thostel de Langres, rue íàinct
Iacques,en la ville de Paris, où ils establirent à leur guise
vne forme deCoilege,6cde Monastère, ious diuers domiciles : ôc s estans don-
né liberté de lire ôc enseigner la ieunesse fans áuthorité du Recteur, ils solicitè-
rent plusieurs fois TVniuersité, pour estre incorporez auecques elle. A quoy
n'ayans peu paruenir , ils présentèrent en Tan 1564. leur requeste à la Cour de ^
Parlement aux mesines fins. L*Vniuersité me fit cet honneur de me choisir en.
plaine congrégation pour son Aduocat. Quand ie me preparay de la cause( ar-
mé du sainct Décret que la Faculté de Théologie auoit prononcé encontr'eux
en Tan 1554. où auoient assisté ces deux grands arboutans de nostre Religion
Catholique , nostre Maistre Picarc , ôc nostre Maistre Maillart ) ie peníày
que ie ponuois auecques toute seureté de ma conscience combatre en
Camp clos, ce Monstre, qui pour n'estre ny Séculier, ny Régulier , estoit tous
les deux ensemble, ôc partant introduisoit dedans nostre Eglise, vn ordre Her-
maphrodite.Nous plaidasmes par deux matinees,Maistre Pierre Versoris,6c moy:
Luy pour les Iesoites, moy pour TVniuersité , à la veuë d'vne infinité de per-
sonnes, qui attendoient quel seroit Teuenement. Maistre Baptiste du Menil Ad-
uocat du Roy, duquel on ne sçauroit assez honorer la mémoire, fut pour moy.
Par mon Plaidoyé ie remonstray la profession anomale qui se trouuoit en eux,
le iugement que la Faculté de Sorbonne en auoit fait dix ans auparauant, Top-
position destors formée par Monsieur le Procureur gênerai Brulard , à leur re- C
ception , que leur voeu contreuenoit du toutau nostre , que les nourriflans au
milieu de nous, c'estoit y introduire vn schisme, ôc encores autant d'efpies Es-
pagnoles , 6c ennemis iurez de la France , dont nous sentirions les estects au
premier remuement que le malheur du temps nous pourroit apporter. Ce non-
obstant pour la conséquence nous fusines appointez au Conseil: chacun perdit
ÔC gagna fa cause.Car ils ne furent agrégez au corps de TVniuersité, mais aussi
ne leur fut-il défendu de continuer leurs lectures publiques. Quand Dieu veut
affliger vn Estât il en plante de longue main les racines. Ces nouueaux hostes
gagnent le coeurdu peuple, par chimagrees, ôc belles promesses. Car mesmes,
comme s'ils eussent eu le don des langues que le íàinct Esprit eípandit dessus
les Apostres , ils se vantoient d'aller prescher TEuangile au milieu des Sauuages:
eux qui à peine íçauoient parler leur langage maternel. Sous ces beaux appas,
chacun se laissoit prendre par eux, à la pipee. Mais comme ils auoient introduit
vne Religion bigarrée, de Régulier, ÔC Séculier, troublans par ce moyen tout-
Tordre Hiérarchique de nostre Eglise, auísi s'cstudierent-ils de là en auant de
vouloir à bonnes enseignes troubler tous les Estats Politics de la Chrestienté:
D'autant que par vne nouueUe règle, ils commencèrent de mefler TEstat auec
leur Religion, ôc comme il est fort aiíë de glisser d'vne liberté en vne licence es
frenee,auffi plantèrent-ils sor ceste irrégularité vne hérésie la plus détestable que
Ton sçauroit dire.Soustenantqu'ilestoit permis de tuer vn Prince qui ne se con-
formoit à leurs principes. Mettant sous pieds ôc la reprimende que nostre Sei-
gneur fit à S.Pierre,quand il tira songlaiue pour le defendre,6c Tarticle du grand
Concil de Constance qui anathematisoit tous ceux qui mettoient cette proposi-
tion en auant. Lors que ie plaiday la cause , ie ne fis estât de ces deux proposi-
tions encontr'eux. Car combien qu'ils les couuassent dary leurs âmes, si ne ^
auoienr*
ï)e laseUe des Iefuites* A
CHAPITRE XLII.
Y AN T dédié ce liure aux libertez de TEglise Gallicane, ie
ne pense faire chose efloignee de mon intention de discou-
rir de la secte des Ieíuites, laquelle a propositions toutes
contraires aux nostres , à la fubuersion de nostre Estât. A-
pres que les Iuíiiites eurent recueilly le grand legs, qui leur
auoit esté fait par Messire Guillaume du Prat, Eueíque de
Clairmont, ils achepterent Thostel de Langres, rue íàinct
Iacques,en la ville de Paris, où ils establirent à leur guise
vne forme deCoilege,6cde Monastère, ious diuers domiciles : ôc s estans don-
né liberté de lire ôc enseigner la ieunesse fans áuthorité du Recteur, ils solicitè-
rent plusieurs fois TVniuersité, pour estre incorporez auecques elle. A quoy
n'ayans peu paruenir , ils présentèrent en Tan 1564. leur requeste à la Cour de ^
Parlement aux mesines fins. L*Vniuersité me fit cet honneur de me choisir en.
plaine congrégation pour son Aduocat. Quand ie me preparay de la cause( ar-
mé du sainct Décret que la Faculté de Théologie auoit prononcé encontr'eux
en Tan 1554. où auoient assisté ces deux grands arboutans de nostre Religion
Catholique , nostre Maistre Picarc , ôc nostre Maistre Maillart ) ie peníày
que ie ponuois auecques toute seureté de ma conscience combatre en
Camp clos, ce Monstre, qui pour n'estre ny Séculier, ny Régulier , estoit tous
les deux ensemble, ôc partant introduisoit dedans nostre Eglise, vn ordre Her-
maphrodite.Nous plaidasmes par deux matinees,Maistre Pierre Versoris,6c moy:
Luy pour les Iesoites, moy pour TVniuersité , à la veuë d'vne infinité de per-
sonnes, qui attendoient quel seroit Teuenement. Maistre Baptiste du Menil Ad-
uocat du Roy, duquel on ne sçauroit assez honorer la mémoire, fut pour moy.
Par mon Plaidoyé ie remonstray la profession anomale qui se trouuoit en eux,
le iugement que la Faculté de Sorbonne en auoit fait dix ans auparauant, Top-
position destors formée par Monsieur le Procureur gênerai Brulard , à leur re- C
ception , que leur voeu contreuenoit du toutau nostre , que les nourriflans au
milieu de nous, c'estoit y introduire vn schisme, ôc encores autant d'efpies Es-
pagnoles , 6c ennemis iurez de la France , dont nous sentirions les estects au
premier remuement que le malheur du temps nous pourroit apporter. Ce non-
obstant pour la conséquence nous fusines appointez au Conseil: chacun perdit
ÔC gagna fa cause.Car ils ne furent agrégez au corps de TVniuersité, mais aussi
ne leur fut-il défendu de continuer leurs lectures publiques. Quand Dieu veut
affliger vn Estât il en plante de longue main les racines. Ces nouueaux hostes
gagnent le coeurdu peuple, par chimagrees, ôc belles promesses. Car mesmes,
comme s'ils eussent eu le don des langues que le íàinct Esprit eípandit dessus
les Apostres , ils se vantoient d'aller prescher TEuangile au milieu des Sauuages:
eux qui à peine íçauoient parler leur langage maternel. Sous ces beaux appas,
chacun se laissoit prendre par eux, à la pipee. Mais comme ils auoient introduit
vne Religion bigarrée, de Régulier, ÔC Séculier, troublans par ce moyen tout-
Tordre Hiérarchique de nostre Eglise, auísi s'cstudierent-ils de là en auant de
vouloir à bonnes enseignes troubler tous les Estats Politics de la Chrestienté:
D'autant que par vne nouueUe règle, ils commencèrent de mefler TEstat auec
leur Religion, ôc comme il est fort aiíë de glisser d'vne liberté en vne licence es
frenee,auffi plantèrent-ils sor ceste irrégularité vne hérésie la plus détestable que
Ton sçauroit dire.Soustenantqu'ilestoit permis de tuer vn Prince qui ne se con-
formoit à leurs principes. Mettant sous pieds ôc la reprimende que nostre Sei-
gneur fit à S.Pierre,quand il tira songlaiue pour le defendre,6c Tarticle du grand
Concil de Constance qui anathematisoit tous ceux qui mettoient cette proposi-
tion en auant. Lors que ie plaiday la cause , ie ne fis estât de ces deux proposi-
tions encontr'eux. Car combien qu'ils les couuassent dary leurs âmes, si ne ^
auoienr*
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.03%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.03%.
- Auteurs similaires Pasquier Étienne Pasquier Étienne /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pasquier Étienne" or dc.contributor adj "Pasquier Étienne")Opuscules de Plutarche Chéronée [Dialogue démonstrant que les bestes brutes ont usage de raison ; Du Moyen de prendre utilité de ses ennemis], traduictz par maistre Estienne Pasquier,... [Précédé d'un Dizain de Jean Parradin de Louhans au lecteur.] /ark:/12148/bpt6k8706117s.highres Des recherches de la France , livre premier et second, plus Un pourparler du prince et quelques dialogues, le tout par Estienne Pasquier,... /ark:/12148/bpt6k8705759w.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 339/1136
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6109174w/f339.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6109174w/f339.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6109174w/f339.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6109174w/f339.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6109174w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6109174w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6109174w/f339.image × Aide