Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1891-03-07
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 mars 1891 07 mars 1891
Description : 1891/03/07 (Numéro 10298). 1891/03/07 (Numéro 10298).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k610793v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/09/2008
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TBOIS MOTS.. S FB.
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UN NUM ERO: 5 C ENTIMES
Tous les vendredis
LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES
ASORNEKENTS- DEPARIcWENTS
TROIS MOIS. € FR.
BIX MOIS; 12 FR.
VHfiN....... 24 FR.
SAMEDI 7 MARS 1891
299 S T THOMAS D'AfiUIN 66
Numéro 10238
VÏNGT-NEUVIËME ANNÉE
DSRXÏËRE ÉSHTIOrc
Oommaot on M dés Mire
Nous n'en sommes plus à relever les fantai
sies de nos confrères étrangers en fait d'appré
ciations sur la France. Mais le Times, de
Philadelphie, a servi, il y a quelque temps, à
ses lecteurs un morceau en ce genre qui sort
de l'ordinaire, et qu'il serait dommage de
laisser passer inaperçu. C'est une esquisse
de la vie parisienne, -d'autant plus curieuse
qu'elle affecté la prétention d'être un chapitre
d'impressions de voyage. Voici la traduction
fidèle de cette page étonnante, qui a pour ti
tre : L'Espionnage en France.
« La troisième République n'est pas plus
exempte que les régimes qui l'ont précédée
de cette tache originelle que les Français ap
pellent le « mouchardisme ». Jamais aupara
vant, à aucune autre époque, le règne de l'es
pionnage n'a été aussi général, aussi absolu
qu'il l'est actuellement à Paris. La. presse a
beaucoup discuté, £ans ces. derniers temps, le
degré de raffinement auquel l'espionnage of
ficiel est poussé en Russie.
»0n a donné, à ce sujet, force détails inté
ressants. Je suis, aujourd'hui, en position
d'affirmer qu'à Paris — je ne dirai pas par
toute la France — les. mailles du filet de sur
veillance secrète enveloppent la population
entière encore plus étroitement qu'à Saint-
Pétersbourg,. On en trouverait facilement les
preuves dans l'histoire secrète de la conspira
tion boulangiste. Du premier jour au dernier,
chaque détail de cette affaire a été connu de
la préfecture de police, plus des trois quarts
parmi les boulangistes eux-mêmes étant des
révélateurs.
» Dès l'instant où vous arrivez dans une
gare de Paris, vous êtes au milieu d'espions.
Vous vous faites conduire à l'hôtel par une
voiture; moins d'une demi-heure après, le co
cher donne à la police tout ce qu'il a pu sa
voir de votre position, de votre destination,
de vos affaires, etc. Arrivé à l'hôtel, vous de
venez l'objet d'une surveillance aussi étroite
qu'elle est secrète, de la part d'une multipli
cité d'individus, attachés k la maison en qua
lité de directeur, de caissier, ou même de por
teur et de cireur de bottes, mais qui sont, en
réalité, enrôlés dans la grande armée dès dé
tectives. .
» Et ici, je dois faire remarque'!' que le trait
caractéristique du système d'espionnage fran
çais est la faculté de recruter des adhérents
dans toutes les classes de la société. Les es
pions français ne sont pas, pour la plupart,
que de simples espions; ils ont un commerce
Ou une occupation à laquelle ils semblent se
consacrer exclusivement et uniquement, tan
dis qu'en sousr-main, ils poursuivent assidû
ment leur espionnage...... ' " . .
*** . '
» L'étranger à Paris, qui ne soupçonne
*ien, dîne à son hôtel, servi par un garçon
' qui, bien entendu, est à la solde de la police
. et va bien vite rapporter les conversations
qu'il a pu entendre pendant le repas.
» Lesté'd'un verre ou deux de line Cham
pagne, le voyageur sort èn quête d'une soirée
d'amusement à la vraie mode parisienne.
Il commence par. entrer dans un des élé
gants théâtres du. . boulevard. A quelques
stalles de lui est assis un monsieur'd'aspect
distingué, à l'œil observateur, qui regarde de
temps à. autre du côté de notre ami, de telle
sorte que celui-ci finit par se demander s'il n'a
fias déjà rencontré, cet inconnu quelque part.
1 ne l'a jamais vu'; mais il no lui vient pas
un seul moment à l'idée de soupçonner ce
qu'est, réellement l'individu, — un espion de
la police.
» La pièce finie, il reste juste une demi-heure
pour aller flâner sous les marronniers du
Jardin de Paris. Là, les, neuf dixièmes des
promeneurs, sont des espions ou des filous, à
moins qu'ils ne soient l'un et l'autre; car les
fonctionnaires de la police française n'y re
gardent pas de trop près dans* le choix de
■ leurs instruments et paraissent même avoir
une préférence pour les gredins.
. » Ils ont pour théorie que plus un homme
est coquin, meilleur espion il fait. De plus,
le meilleur moyen de tenir un individu en
surveillance çstd'en faire un espion, attendu
que les espions ont l'œil ouvert l'un sur
l'autre, ajuant que sur le commun des mor
tels.
**#
» Notre étranger, pour finir sa soirée, entre
souper au Café Américain. Là, il a pour voi
sine une séduisante jeune femme avec laquelle
il entre en conversation. Elle a un doux sou
rire qui fait voir deux rangées de dents
éblouissantes, et pose à son interlocuteur force
questions sur la France et les Français. Na
turellement notre visiteur 1 s'imagine que tout
cela est un effet de cette aimable et facile po
litesse gauloise qu'il admire si fort. Comment
soupçonnerait-il que chaque parole dite par
lui sera rapportée à la police pas plus tard que
le lendemain. . .
» Si notre ami aime le sport, il ne tardera
pas à fréquenter les champs de courses qui
avoisinent Paris et les clubs de baccara dont
Paris abonde. Là, il sera en contact perma
nent avec les espions de la police, en plus
grand nombre qu'il n'y a d'amateurs sur le
turf ou <îe cartes dans un jeu. Et ainsi vont
les choses dans toutes les sphères de la vie et
delà société parisiennes. »
La supposition la plus charitable, — et la
plus logique, — à faire,' c'est que l'auteur de
cette page hallucinée était, quand il l'a écrite,
en proie au délire de la persécution.
■ ■ Thomas Grimm.
Le numéro du Petit Journal
qui paraîtra demain dimanche aura
HUIT PAGES
et ne coûtera, bien entendu, que
5 centimes
Eolxos de r>a,rto"u.-t
Hier matin, à onze, heures, ont été célé
brées à l'église de la Madeleine, au milieu
d'une nombreuse assistance, les obsèques de
M. Armand Béhic, ancien ministre, président
des conseils d'administration de la Compa
gnie des Messageries maritimes et de la So
ciété des Forges et Chantiers de la Méditerra
née. Le deuil était conduit par le gendre du
défunt. ■ -
Dès neuf heures, le cercueil, qui avait été
exposé sous le ves'tibule de la maison mor
tuaire, rue Yolney, disparaissait sous les cou
ronnes. Parmi ces dernières, on remarquait
celles de l'inspection générale des finances;
des Messageries maritimes ; de la direction
des ateliers de la Ciotat ; des Forges et Chan
tiers de la Méditerranée ; des Messageries
maritimes du Havre ; la couronne de la So
ciété centrale de sauvetage des naufragés ; et
enfin celle du syndicat des capitainès au long
cours de Marseille. Chacune de ces Sociétés
avait envoyé une députation aux obsèques ou
était représentée par son conseil d'adminis
tration. ■ :
. L'impératrice Eugénie s'était fait représen
ter par le colonel Bonaparte. Le marquis de
Las Marismas représentait le prince Victor
Napoléon.
Suivant la volonté, du défunt, qui était
grand-croix de la Légion d'honneur, les hon
neurs militaires n'ont pas été rendus et aucun
discours n'a été prononcé sur sa tombe.
Après la cérémonie religieuse, l'abbé Gay-
rard, curé de Saint-Louis-d'Antin, chanoine
honoraire, ami de la famille, a donné l'ab
soute. L'inhumation a été faite au Père-La-
chaise. ' """ " .
La veuve et la fille du peintre Eugène Isabey
viennent d'offrir au musée du Louvre le portrait
par Horace Vernet de leur illustre parent le
miniaturiste Jean-Baptiste Isabey.
Le souvenir de ce peintre, qui obtint un. si
grand succès à la fin du siècle dernier et dans
la première partie de celui-ci, sera ainsi
heureusement rappelé dans la galerie des
portraits d'artistes du Louvre.
Isabey naquit à Nancy en 1767 et débuta
pauvrement à Paris en peignant des couvercles
de tabatière et des boutons d'habit. 11 s'adonna
ensuite au portrait et conquit daij.3 ce nouveau-
genre une vogue "qui ne se démentit pas
jusqu'à la fin de ses jours.
—84—
FEUILLETON DU 7 MARS 1891
(1)
trois millions de dot
f&SMlÈJUB PARTIS
LE CRIME DE JULIEN CLAUDE
LXX1I ÇSuile) -
'■ — Tout simplement , qu'il y a huit jours
j'avais peut-être une idée, et que je ne l'ai
plus aujourd'hui... — Je ne vous en remercie
pas moins, sinon pour le fait, du moins pour
l'intention... — A propos, est-ce qu'elle est
jolie la femme de ce M. de Lucenay?
— Très jolie, mais triste comme un enter
rement. — Je crois que le comte en aura bien
vite par -dessus la tête !
— Ce jeune ménage doit-il rester quelque
temps loin de Paris ? .
— Plusieurs mois...
— Un peu longue, la lune de miel ! — s'é
cria Gabri en riant.
— Raison de santé!... Mme de Lucenay a
besoin, paraît-il, du soleil d'Italie.
— Votre ami le viveur sera garde-malade.
Ça lui semblera sans doute médiocrement
drôle.
— II trouvera, soyez-en sûre, moyen de se
distraire...
— Je le crois comme vous,— fit Gabri avec
un nouvel éclat dé rire.
— Voulez-vous que nous dînions ensemble ?
— Impossible ! — Je dîne chez une dû mes
amies, et même je suis en retard...
— C'est une façon polie de me mettre à la
porte !
— Je ne vous renvoie pas, mais si vous
voua en aUez, franchement, j'en serai bien
aise... . . .. - • : -
■ Aaa revoir alors, ma belle amie...
*, — Au revoir, cher baron...
V - ' ■•' ' ' J ■ L
LXXIII
Gabri reconduisit son visiteur jusqu'à l'es
calier et, quandelle eut refermé la porte der
rière lui, sonna sa femme de chambre.
Celle-ci accourut.
— Tout est-il prêt?—lui demanda l'ex-
Oseillo.
— Oui, madame, —répondit-elle.
— Et, vous, êtes:vous prête aussi ?
— Je n'ai que mon chapeau à mettre...
Le lendemain matin, à sept heures et de
mie, un landau attelé de deux grands chevaux
anglo-normands, suivi d'un petit , omnibus
traîné par deux postières, amenait à la gare
du P.-L.-M. Philippe Dauray et sa femme, le
comte et la comtesse de Lucenay) Annette, la
femme.de chambre d'Henriette et Germain, le
vieux valet de chambre de l'ex-banquier.
Un "wagon-salon était retenu.
Les domestiques allèrent faire enregistrer
les bagages déposés la veille àla, consigne.
Une demi-heure plus tard le rapide de huit
heures emportait toute la famille vers Mar
seille.
Dans la prévision de la fatigue causée à
Henriette par le voyage, il avait été convenu
qu'on se reposerait quarante-huit heures
avant de prendre le paquebot faisait le ser
vice de Marseille à Naples. -
En descendant de wagon Jules offrit son
bras à sa femme et, suivi de M. et de Mme
Dauray, se dirigea vers la soçtie de la gare.
Soudain il tressaillit. •••.•«.-•£»> «->•
Il venait d'apercevoir en face de lui, de
bout, immobile et le visage toujours couvert
d'un voile épais, la jeune femme qui, la veille,
avait attiré si vivement son attention dajis
l'église de Chônnevières.
Impossible de s'y tromper quoiqiyj les traits
fussent cachés sous la deiitslie !—"C'était bien
la m$me toilette, la m^iûe tournure, la jftêmo
La Société des artistes indépendants vient
de prendre possession du pavillon de la Ville
de Paris pour y installer son exposition.
Le dépôt des œuvres qui a commencé hier
durera jusqu'à demain soir seulement.
On vient de publier, par voie rapport,
dans toutes les casernes du gouvernement
militaire de Paris, un ordre du général
Saussier prescrivant que les soldats qui dési
reraient accomplir leur devoir pascal pour
raient sortir du quartier dès le réveil "pour se
rendre aux églises voisines, les dimanches de
la Passion, des Rameaux et de Pâques. Par
ce même ordre, le gouverneur de Paris rap
pelle que, conformément à la loi, les diman
ches et jours de-fêtes légales doivent être
pour les hommes de troupe des jours de repos
absolu.
. M. Georges Berger a pris possession de la
présidence de l'Union centrale de Arts déco
ratifs dans la séance que le comité a tenue
hier. .
En quelques mots, le nouveau président a
fait l'éloge de son prédécesseur et rappelé le
but poursuivi par l'Union.
Il a ensuite entretenu ses collègues de l'em
placement du futur Musée des Arts déco
ratifs.
LA DÉCOUVERTE DE M. GREBAUT
à Tlxèbes
Nous avons annoncé sommairement l'im
portante découverte faite, le 5 février, dans la
Haute-Egypte, à Thébes, par M. Grêbaut, le
successeur de&tMariette et des Maspéro à la di
rection du musée de Boulaq, au Caire.
Il y avait deux ans déjà que le savant di
recteur du musée égyptologique désirait faire
les fouilles qui viennent de réussir si bril
lamment. Il avait été amené, dit-il dans une
lettre qu'il vient d'écrire à un; de ses amis, à
reconnaître, par l'inspection du terrain, que
nulle, fouille n'avait été pratiquée là depuis
l'antiquitéf mais que le sol avait dût cepen
dant être remué par les anciens Egyptiens ;
d'où, il concluait qu'il devait y faire des décou
vertes intéressantes.
Aussi avait-il ajourné le commencement
des fouilles jusqu'au moment où il pourrait
les diriger et les surveiller lui-même.
Bien lui en a pris. Que se serait-il passé si
des fouilles avaient amené l'ouverture des
souterrains sans qu'une autorité' supérieure
fût là pour, empêcher le pillage?
Le succès, du reste, a dépassé l'attente de
M. Grébaut. La découverte de notre compa
triote a une valeur inestimable et bien au
delà de ce qu'il osait espérer. -
Nous empruntons divers passages àla lettre
écrite par M. Grébaut; son destinataire a bien
voulu nous la communiquer :
« .. .La découverte est très importante. line
s'agit pas seulement du nombre de sarcopha
ges, de là quantité d'antiquités, mais du parti
que la science égyptologique va en tirer. Le
tout forme un ensemble dont l'étude sera
cent fois plus profitable que celle des docu
ments trouvés épars.
» Au point de vue historique, nous saurons
beaucoup de choses nouvelles sur les classes
importantes qui se vouaient au sacerdoce. Il
est presque certain que nous avonsdesparents
des momies de la première cachette de Deïr-
el-Bahari.
> » L'ouverture des caisses nous réserve
peut-être des surprises, car à Deïr-el-Bahari,
il y a eu des rois dans des caisses de simples
particuliers. Or, tous les rois n'étaient pas à
Deïr-ekBahari ; et la cachette que. nous ve
nons de découvrir est de la-même époque.
» Il s'agit, en effet, non d'un tombeau mais
d'une cachette, le désordre, l'entassement des
sarcophages le prouvent surabondamment.
Plusieurs sarcophages sont mutilés, ce sont
ceux qui avaient été dorés. L'or a été gratté
par des voleurs dans les temps pharaoniques,
et ce sont ces mutilations qui ont décidé les
prêtres, dans une époque de troubles et de
faiblesse, à tirer les momies de leurs tom
attitude et, à travers le voile, les mêmes pru
nelles étincelantes.
.. Jules se demanda s'il était le jouet d'une
illusion, d'un mirage, et passa la main sur
ses yeux.
La vision ne disparut point. L'inconflue né
fit pas un mouvement.
Jules s'était arrêté sans en avoir cons
cience. .
— Qu'avèz-vous, mon ami?— lui demanda
Henriette, qui sentit trembler son bras.
— Rien... — répondit-il, — un étourdisse-
ment léger-,.. C'est passé déjà.
Il se remit en marche et sortit de la gare,
mais non sans jeter un dernier regard sur la
femme voilée qui se perdait dans la foule.
Pour la seconde fois cette fetfime évoquait
irrésistiblement en lui la pensée, le souvenir
de Madeleine; —il lui trouvait la taille et la
tournure de la malheureuse enfant si lâche
ment, bî odieusement traitée par lui; il lui
semblait la revoir, telle qu'elle était jadis,
avec, en plus, l'élégance résultant de la toi
lette. i.
C'était impossible, cependant.,^
Madeleine avait cessé de vivre, il le savait
bien, il en était- sûr!.., -- Madeleine était
morte... morte étouffée par lui !...
— Allons, je suis fou, — se disait-il en
s'efforçant do chasser son angoisse, — ce ne
peut être Madeleine... — Si cependant elle
vivait... — ajoutait-il avec angoisse, — si je
ne l'avais pas tuée... — J'aurais dû m'assu-
rer de sa mort ! — Cette femme qui pendant
mon mariage était à l'église de Chenaeviéres,
cette femme qui m'ayant devancé se trouve
aujourd'hui sur ma rouie comme une appari
tion menaçante, si'ce n'est Madeleine, qui
est-ce ? — Gomment Madeleine vivante m'au
rai t-elle découvert, comment aurait-elle appris
que je partais ?... — Tout cela est bien
étrange !... — AJtf le M coAseilIej si c'est
beaux pour les cacher dans les souterrains, où
la garde en était plus facile.
» Pour vous donner idée de la découverte,
il faut rappeler que les sarcophages anté
rieurs aux Ptolémées sont fort rares. En
rapprochant tout ce qui a été apporté au
musée à des époques diverses, on n'en a en
core qu'une petite quantité. D ? un seul coup le
musée recevra plus en ce genre que tout ce
qu'avaient produit les fouilles depuis trente
ans...»
On apprendra avec une légitime fierté en
France ce nouveau succès de la science fran
çaise sur la terre des Pharaons, en dépit des
convoitises de l'Angleterre, qui voudrait met
tre aussi un Anglais, paraît-il, à la tête du
musée de Boulaq.
Ce serait du propre !
LE CONGRÈS DE C OMMENTRY
(Dépêche de notre correspondant)
Commentry, 6 mars.
La première séance publique du congrès
national des mineurs a été tenue hier soir à
l'hôtel de ville do Commentry au milieu d'une
affluence considérable. Trente.et un syndicats
miniers sont représentés. Le bureau qui avait
été nommé en réunion privée a été maintenu
dans ses fonctions ; c'est un délégué de Saint-
Etienne qui est président.
M. Thivrier, député de Montluçon, qui suit
les travaux du congrès, a souhaité la bienve
nue aux délégués qui assistent, dit-il, au
premier congrès national des mineurs fran
çais. Il les a engagés à écarter de leurs préoc
cupations la politique, qui n'est qu'un leurre,
et à n'avoir comme objectif que la question
économique.
Les débats se sont ensuite ouverts sur la que s-
tion du groupement des divers bassins. En
raison du résultat négatif et même malheu
reux qu'ont donné les grèves partielles, il est
décidé que tous les syndicats miniers de
France seront réunis en une fédération natio
nale qui deviendra la tête du mouvement
socialiste.
- En effet, a-t-on déclaré, le mineur étant la
cheville ouvrière du mécanisme social, le jour
où il sera en grève tous les corps de métiers
seront, par force, obligés de l'imiter, car le
stock de charbon approvisionné est nul. Ce
sera alors l'avènement de la révolution so
ciale ; la fédération nationale aura donc pour
mission de décréter la grève générale des mi
neurs, après s'être mise d'accord avec les fédé
rations anglaise, belge, allemande et améri
c aine. . i ç >
NOUVELLES MILITAIRES
tin pont mUltc&li'C
Le président de la République, accompagné
du colonel Toulza, a assisté hier au lance
ment d'un pont militaire du commandant
Marcille.
' Cette opération a eu lieu dans l'après-midi,
entre la station du pont dfe Flandre et la sta
tion de Belleville-Villette sur le. canal de
l'Ourcq. ' >.
Les grandes manœuvres
Le programme des grandes manœuvres est
arrêté dans ses grandes lignes. Voici lë thème
des principales manœuvres :
Manœuvres de corps d'armée et d'armées.
— Les 5«, G e , 7® et 8 e corps d'armée, les lr?
et 5» divisions de cavalerie exécuteront des
manœuvres d'ensemble d'une durée de seize
jours, non compris le temps nécessaire à la
concentration et à la dislocation. Tout ou
partie des régiments d'infanterie dont le nu
méro est supérieur à 144, et qui sont station
nés sur le territoire des 6« et 7 e régions de
corps d'armée, ne prendront pas part aux ma
nœuvres de corps d'armée.
Les 5 e et 6° corps, auxquels se joindra la lté
division de cavalerie, formeront l'armée du
Nord, sous' le commandement de M. le géné
ral de Galliiïet, membre du conseil supérieur
de la guerre. Cette armée se concentrera
vraisemblablement sur la ligne Bar-le-Duc-
Châlons.
Les 7° et 8° corps, avec la 5e division de
cavalerie, formeront l'armée du Sud, sous
le commandement de M. le général Davout,
duc d'Auerstaëdt, membre du conseil supé
rieur de la guerre. Cette armée se rassemblera
elle, de ne rien tenter contre moi f Cette fois,
je ne la manquerais pas !
Ces pensées confuses se heurtaient cOlns l'es
prit troublé du comte de Lucenay, tandis qu'il
montait avec sa nouvelle famille dans la voi
ture envoyée par l'hôtel où des appartements
étaient commandés.
. On passa deux jours pleins à Marseille, vi
sitant la ville et lès environs.
Pendant ces deux jours la dame voilée ne
se montra point.
— C'est un hasard sans doute qui par deux
fois a mis cette femme sur mon passage...
Ce ne peut être Madeleine... — se dit Jules.
Et de cette conviction résulta une sorte d'al
légement.
Le jeune comte témoignait à Henriette une
tendresse affectueuse et discrète, pleine de
respect et de dévouement.
La pauvre enfant s'efforçait d'oublier le
passé et de se persuader qu'elle'pourrait peut-
être éprouver plus tard un bonheur relatif.
L'embarquement sur le paquebot s'effectua
sans incidents.
Il était deux heures de l'après-midi quand,
par une journée splendide, on entra dans le
port de Naples.
Celte fofs, l'inconnue n'apparut point à
M. de Lucenay.
Elle l'avait devancé cependant, à Naplcs
comme à Marseille et, cachée sous un cos
tume qui ne permettait point de reconnaître
sa tournure, elle se trouvait sur le ment où les passagers mettaient piéd à terre.
Des appartements étaient retenus par dé
pêche dans le premier hôtel dè la ville.
L'inconnue suivit la voiture qui conduisait
à cet hôtel l'ex-banquier, sa femme et le jeune
ménage puis, sachant ce qu'elle voulait savoir,
elle regagna le logement qu'elle. occupait
depuis la veillé dans une autrô Ïiôtelleï ift du
même quartier.
sans doute entre Tonnerre et Châtillon-sur-
Seine.
Le directeur des manoeuvres sera M. le gé
néral Saussier, gouverneur de Paris. Le direc
teur sera assisté de M. le général de Miribel,
chef , d'état-major général de l'armée. -
Les opérations auront lieu sur le terrain ôù
se sont déroulés les principaux épisodes de la
campagne de 1814.
La jeurnée de demain à Àuteuil
Que se passera-t-il demain dimanche à Au
teuil, où les agents de la'force publique vont,
par orjlre, s'opposer au jeu sur les chevaux de
course, quelque forme que ce je u puisse revê
tir : cote, liste ou pari mutuel ?
On se le demande.
Les plus grandes précautions seront prises,
paraît-il, pour empêcher le public de jouer.
Comme la Société des steeple-chases a reçu
défense d'ouvrir le pari mutuel, il n'y a guère,
semble-t-il, que l'industrie des bookmakers
qui pourrait donner, si elle s'obstinait à re
paraître, du « coton » à la police.
Mais, d'autre part, avec ce beau . temps, il
faut supposer qu'une grande foule se'rendra
à Auteuil, tout le monde voulant voir ce
qu'il y-aura, comme toujours, et s'il y aura
quelque chose.
Ce qwe les commissaires des courses crai
gnent, c'est une manifestation bruyante des
parieurs contre le vote de la Chambre. Tout
peut arriver; les jockeys peuvent être empê
chés d'entrer sur la piste ; le public peut s'obs
tiner à ne pas l'évacuer pour empêcher lui-
même toute espèce de courses, et les chevaux
peuvent recevoir des horions, tout comme les
hommes.
Enfin on ne sait pas où peut commencer
l'explosion de la fureur des parieurs contrariés
ni où elle peut finir. Los pessimistes voient
déjà des régiments de cavalerie alignés à
Bagatelle, et prêts à mettre le turf d'Auteuii
en état de siège. Alors ce serait la revue qui
remplacerait les courses.
Nous n'avons quun conseil à donner au
public. Qu'il laisse faire patiemment la police.
Qu'il assiste pour la derniére^ois aux coursos,
en silence, comme à un enterrement. Dès que
les hippodromes seront désertés il faudra bien
que la légalisation du pari mutuel vienne à la
Chambre, car elle s'impose. Le "bruit ne ser
virait à rien.
C'est parla désertion en masse des hippo
dromes que les Parisiens montreront à .partir
d.o lundi aux législateurs du -Palais-Bourbon
combien l'inofTensif pari-mutuel; est : --entoL
dans nos mœurs. ; ■
Laisser détruire par la loi de 1836 l'ancien
état de choses et attendre patiemment d'une
loi de 1891 un état de choses nouveau, basé
sur la modification de nos mœurs, voilà ce
que nous conseillons au public qui, démain se
transportera sur la pelouse et aux tribunes
d'Auteuii.
A ce propos, un rédacteur du Pains ayant
interrogé M. de Kergorlay, le président de la
Société d'encouragement qui fait courir au
Bois de Boulogne, eri a reçu la déclaration
suivante t
« La question, pour nous, est bien simple,
nous dit le président de la Société d'encoura
gement. N'étant pas lésés, en tant que So
ciété, nous n'avons ni à" protester contre les
mesures qui vont.être prises en vertu du ré
cent vote de la Chambre ni à prendre aucune
décision.
» Nous sommes, nous, uniquement des in
termédiaires entre-le-public et l'élevage^Noùs
ne profitons des courses an aucune façon. Si
depuis cinquante ans nous nous en occupons,
c'est que l'industrie chevaline nous paraît tou
cher directement aux intérêts nationaux.
» Pour encourager l'élevage, nous avons
donné des primes aux éleveurs. Pendant long
temps les allocations ont été relativement
faibles ; depuis quelques années que le public
affluait aux coui'ses et ope les recettes sur nos
hippodromes augmentaient, nous avions aug
menté proportionnellement le chiffre de ces
allocations. Or, on peut constater, en même
temps, une progression correspondante de.
l'élevage, qui a fait presque subitement un
bond énorme en avant. ,
» Ce .goût du publio pour les courses, cet
On devait, nous l'avons dit, passer quelques
jours à Naples.
Jules semblait n'avoir qu'unepréoccupation,
celle deprodiguer à sa femme des distractions
de toute nature, et de lui faire ainsi trouver
les journées courtes.
Des excursions en voiture dans les environs
occupaient les après-midi.
Le soir on se promenait dans une grande
barque pavoisée sur les eaux calmes, du golfe
de Naples, sous le ciel d'un bleu sombre criblé
de paillettes d'or.
Le quatrième jour M. de Lucenay apprit
qu'oh allait donner au théâtre la première re
présentation d'un grand opéra inédit : Masa-
niello.
Il alla lui-même au bureau de location afin
de retenir une loge et ne s'aperçut pas qu'il
était suivi.
Un peu avant l'heure indiquée pour le lever
du rideau, nos quatre personnages s'instal
laient dans la grande avant-scène du premier
étage, placée à la droite des artistes.
La salle regorgeait de monde.
Une seule loge restait vide.
C'était l'avant-scène située juste en face d«
celle louée par le comte de Lucenay.
Les trois coups furent frappés.
On joua l'ouverture, vigoureusement ap
plaudie, puis la pièce commença, suivit _son
cours, et le premier acte s'acheva au milieu
des bravos.
La loge de gauche restait toujoui's vide.
A coup sûr cependant elle était louée, car
bon nombre de curieux erraient dans les cou
loirs . comme des âmes en peine, no pouvant
trouver à se placer nulle part. -
XAVIER DE MONTÉPIN.
{La suite à demain).
61, ïue Lafayette, 61
A PARIS
O& retœt^jBssi les Annonces rue Graine-Batelière, 45
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LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES
ASORNEKENTS- DEPARIcWENTS
TROIS MOIS. € FR.
BIX MOIS; 12 FR.
VHfiN....... 24 FR.
SAMEDI 7 MARS 1891
299 S T THOMAS D'AfiUIN 66
Numéro 10238
VÏNGT-NEUVIËME ANNÉE
DSRXÏËRE ÉSHTIOrc
Oommaot on M dés Mire
Nous n'en sommes plus à relever les fantai
sies de nos confrères étrangers en fait d'appré
ciations sur la France. Mais le Times, de
Philadelphie, a servi, il y a quelque temps, à
ses lecteurs un morceau en ce genre qui sort
de l'ordinaire, et qu'il serait dommage de
laisser passer inaperçu. C'est une esquisse
de la vie parisienne, -d'autant plus curieuse
qu'elle affecté la prétention d'être un chapitre
d'impressions de voyage. Voici la traduction
fidèle de cette page étonnante, qui a pour ti
tre : L'Espionnage en France.
« La troisième République n'est pas plus
exempte que les régimes qui l'ont précédée
de cette tache originelle que les Français ap
pellent le « mouchardisme ». Jamais aupara
vant, à aucune autre époque, le règne de l'es
pionnage n'a été aussi général, aussi absolu
qu'il l'est actuellement à Paris. La. presse a
beaucoup discuté, £ans ces. derniers temps, le
degré de raffinement auquel l'espionnage of
ficiel est poussé en Russie.
»0n a donné, à ce sujet, force détails inté
ressants. Je suis, aujourd'hui, en position
d'affirmer qu'à Paris — je ne dirai pas par
toute la France — les. mailles du filet de sur
veillance secrète enveloppent la population
entière encore plus étroitement qu'à Saint-
Pétersbourg,. On en trouverait facilement les
preuves dans l'histoire secrète de la conspira
tion boulangiste. Du premier jour au dernier,
chaque détail de cette affaire a été connu de
la préfecture de police, plus des trois quarts
parmi les boulangistes eux-mêmes étant des
révélateurs.
» Dès l'instant où vous arrivez dans une
gare de Paris, vous êtes au milieu d'espions.
Vous vous faites conduire à l'hôtel par une
voiture; moins d'une demi-heure après, le co
cher donne à la police tout ce qu'il a pu sa
voir de votre position, de votre destination,
de vos affaires, etc. Arrivé à l'hôtel, vous de
venez l'objet d'une surveillance aussi étroite
qu'elle est secrète, de la part d'une multipli
cité d'individus, attachés k la maison en qua
lité de directeur, de caissier, ou même de por
teur et de cireur de bottes, mais qui sont, en
réalité, enrôlés dans la grande armée dès dé
tectives. .
» Et ici, je dois faire remarque'!' que le trait
caractéristique du système d'espionnage fran
çais est la faculté de recruter des adhérents
dans toutes les classes de la société. Les es
pions français ne sont pas, pour la plupart,
que de simples espions; ils ont un commerce
Ou une occupation à laquelle ils semblent se
consacrer exclusivement et uniquement, tan
dis qu'en sousr-main, ils poursuivent assidû
ment leur espionnage...... ' " . .
*** . '
» L'étranger à Paris, qui ne soupçonne
*ien, dîne à son hôtel, servi par un garçon
' qui, bien entendu, est à la solde de la police
. et va bien vite rapporter les conversations
qu'il a pu entendre pendant le repas.
» Lesté'd'un verre ou deux de line Cham
pagne, le voyageur sort èn quête d'une soirée
d'amusement à la vraie mode parisienne.
Il commence par. entrer dans un des élé
gants théâtres du. . boulevard. A quelques
stalles de lui est assis un monsieur'd'aspect
distingué, à l'œil observateur, qui regarde de
temps à. autre du côté de notre ami, de telle
sorte que celui-ci finit par se demander s'il n'a
fias déjà rencontré, cet inconnu quelque part.
1 ne l'a jamais vu'; mais il no lui vient pas
un seul moment à l'idée de soupçonner ce
qu'est, réellement l'individu, — un espion de
la police.
» La pièce finie, il reste juste une demi-heure
pour aller flâner sous les marronniers du
Jardin de Paris. Là, les, neuf dixièmes des
promeneurs, sont des espions ou des filous, à
moins qu'ils ne soient l'un et l'autre; car les
fonctionnaires de la police française n'y re
gardent pas de trop près dans* le choix de
■ leurs instruments et paraissent même avoir
une préférence pour les gredins.
. » Ils ont pour théorie que plus un homme
est coquin, meilleur espion il fait. De plus,
le meilleur moyen de tenir un individu en
surveillance çstd'en faire un espion, attendu
que les espions ont l'œil ouvert l'un sur
l'autre, ajuant que sur le commun des mor
tels.
**#
» Notre étranger, pour finir sa soirée, entre
souper au Café Américain. Là, il a pour voi
sine une séduisante jeune femme avec laquelle
il entre en conversation. Elle a un doux sou
rire qui fait voir deux rangées de dents
éblouissantes, et pose à son interlocuteur force
questions sur la France et les Français. Na
turellement notre visiteur 1 s'imagine que tout
cela est un effet de cette aimable et facile po
litesse gauloise qu'il admire si fort. Comment
soupçonnerait-il que chaque parole dite par
lui sera rapportée à la police pas plus tard que
le lendemain. . .
» Si notre ami aime le sport, il ne tardera
pas à fréquenter les champs de courses qui
avoisinent Paris et les clubs de baccara dont
Paris abonde. Là, il sera en contact perma
nent avec les espions de la police, en plus
grand nombre qu'il n'y a d'amateurs sur le
turf ou <îe cartes dans un jeu. Et ainsi vont
les choses dans toutes les sphères de la vie et
delà société parisiennes. »
La supposition la plus charitable, — et la
plus logique, — à faire,' c'est que l'auteur de
cette page hallucinée était, quand il l'a écrite,
en proie au délire de la persécution.
■ ■ Thomas Grimm.
Le numéro du Petit Journal
qui paraîtra demain dimanche aura
HUIT PAGES
et ne coûtera, bien entendu, que
5 centimes
Eolxos de r>a,rto"u.-t
Hier matin, à onze, heures, ont été célé
brées à l'église de la Madeleine, au milieu
d'une nombreuse assistance, les obsèques de
M. Armand Béhic, ancien ministre, président
des conseils d'administration de la Compa
gnie des Messageries maritimes et de la So
ciété des Forges et Chantiers de la Méditerra
née. Le deuil était conduit par le gendre du
défunt. ■ -
Dès neuf heures, le cercueil, qui avait été
exposé sous le ves'tibule de la maison mor
tuaire, rue Yolney, disparaissait sous les cou
ronnes. Parmi ces dernières, on remarquait
celles de l'inspection générale des finances;
des Messageries maritimes ; de la direction
des ateliers de la Ciotat ; des Forges et Chan
tiers de la Méditerranée ; des Messageries
maritimes du Havre ; la couronne de la So
ciété centrale de sauvetage des naufragés ; et
enfin celle du syndicat des capitainès au long
cours de Marseille. Chacune de ces Sociétés
avait envoyé une députation aux obsèques ou
était représentée par son conseil d'adminis
tration. ■ :
. L'impératrice Eugénie s'était fait représen
ter par le colonel Bonaparte. Le marquis de
Las Marismas représentait le prince Victor
Napoléon.
Suivant la volonté, du défunt, qui était
grand-croix de la Légion d'honneur, les hon
neurs militaires n'ont pas été rendus et aucun
discours n'a été prononcé sur sa tombe.
Après la cérémonie religieuse, l'abbé Gay-
rard, curé de Saint-Louis-d'Antin, chanoine
honoraire, ami de la famille, a donné l'ab
soute. L'inhumation a été faite au Père-La-
chaise. ' """ " .
La veuve et la fille du peintre Eugène Isabey
viennent d'offrir au musée du Louvre le portrait
par Horace Vernet de leur illustre parent le
miniaturiste Jean-Baptiste Isabey.
Le souvenir de ce peintre, qui obtint un. si
grand succès à la fin du siècle dernier et dans
la première partie de celui-ci, sera ainsi
heureusement rappelé dans la galerie des
portraits d'artistes du Louvre.
Isabey naquit à Nancy en 1767 et débuta
pauvrement à Paris en peignant des couvercles
de tabatière et des boutons d'habit. 11 s'adonna
ensuite au portrait et conquit daij.3 ce nouveau-
genre une vogue "qui ne se démentit pas
jusqu'à la fin de ses jours.
—84—
FEUILLETON DU 7 MARS 1891
(1)
trois millions de dot
f&SMlÈJUB PARTIS
LE CRIME DE JULIEN CLAUDE
LXX1I ÇSuile) -
'■ — Tout simplement , qu'il y a huit jours
j'avais peut-être une idée, et que je ne l'ai
plus aujourd'hui... — Je ne vous en remercie
pas moins, sinon pour le fait, du moins pour
l'intention... — A propos, est-ce qu'elle est
jolie la femme de ce M. de Lucenay?
— Très jolie, mais triste comme un enter
rement. — Je crois que le comte en aura bien
vite par -dessus la tête !
— Ce jeune ménage doit-il rester quelque
temps loin de Paris ? .
— Plusieurs mois...
— Un peu longue, la lune de miel ! — s'é
cria Gabri en riant.
— Raison de santé!... Mme de Lucenay a
besoin, paraît-il, du soleil d'Italie.
— Votre ami le viveur sera garde-malade.
Ça lui semblera sans doute médiocrement
drôle.
— II trouvera, soyez-en sûre, moyen de se
distraire...
— Je le crois comme vous,— fit Gabri avec
un nouvel éclat dé rire.
— Voulez-vous que nous dînions ensemble ?
— Impossible ! — Je dîne chez une dû mes
amies, et même je suis en retard...
— C'est une façon polie de me mettre à la
porte !
— Je ne vous renvoie pas, mais si vous
voua en aUez, franchement, j'en serai bien
aise... . . .. - • : -
■ Aaa revoir alors, ma belle amie...
*, — Au revoir, cher baron...
V - ' ■•' ' ' J ■ L
LXXIII
Gabri reconduisit son visiteur jusqu'à l'es
calier et, quandelle eut refermé la porte der
rière lui, sonna sa femme de chambre.
Celle-ci accourut.
— Tout est-il prêt?—lui demanda l'ex-
Oseillo.
— Oui, madame, —répondit-elle.
— Et, vous, êtes:vous prête aussi ?
— Je n'ai que mon chapeau à mettre...
Le lendemain matin, à sept heures et de
mie, un landau attelé de deux grands chevaux
anglo-normands, suivi d'un petit , omnibus
traîné par deux postières, amenait à la gare
du P.-L.-M. Philippe Dauray et sa femme, le
comte et la comtesse de Lucenay) Annette, la
femme.de chambre d'Henriette et Germain, le
vieux valet de chambre de l'ex-banquier.
Un "wagon-salon était retenu.
Les domestiques allèrent faire enregistrer
les bagages déposés la veille àla, consigne.
Une demi-heure plus tard le rapide de huit
heures emportait toute la famille vers Mar
seille.
Dans la prévision de la fatigue causée à
Henriette par le voyage, il avait été convenu
qu'on se reposerait quarante-huit heures
avant de prendre le paquebot faisait le ser
vice de Marseille à Naples. -
En descendant de wagon Jules offrit son
bras à sa femme et, suivi de M. et de Mme
Dauray, se dirigea vers la soçtie de la gare.
Soudain il tressaillit. •••.•«.-•£»> «->•
Il venait d'apercevoir en face de lui, de
bout, immobile et le visage toujours couvert
d'un voile épais, la jeune femme qui, la veille,
avait attiré si vivement son attention dajis
l'église de Chônnevières.
Impossible de s'y tromper quoiqiyj les traits
fussent cachés sous la deiitslie !—"C'était bien
la m$me toilette, la m^iûe tournure, la jftêmo
La Société des artistes indépendants vient
de prendre possession du pavillon de la Ville
de Paris pour y installer son exposition.
Le dépôt des œuvres qui a commencé hier
durera jusqu'à demain soir seulement.
On vient de publier, par voie rapport,
dans toutes les casernes du gouvernement
militaire de Paris, un ordre du général
Saussier prescrivant que les soldats qui dési
reraient accomplir leur devoir pascal pour
raient sortir du quartier dès le réveil "pour se
rendre aux églises voisines, les dimanches de
la Passion, des Rameaux et de Pâques. Par
ce même ordre, le gouverneur de Paris rap
pelle que, conformément à la loi, les diman
ches et jours de-fêtes légales doivent être
pour les hommes de troupe des jours de repos
absolu.
. M. Georges Berger a pris possession de la
présidence de l'Union centrale de Arts déco
ratifs dans la séance que le comité a tenue
hier. .
En quelques mots, le nouveau président a
fait l'éloge de son prédécesseur et rappelé le
but poursuivi par l'Union.
Il a ensuite entretenu ses collègues de l'em
placement du futur Musée des Arts déco
ratifs.
LA DÉCOUVERTE DE M. GREBAUT
à Tlxèbes
Nous avons annoncé sommairement l'im
portante découverte faite, le 5 février, dans la
Haute-Egypte, à Thébes, par M. Grêbaut, le
successeur de&tMariette et des Maspéro à la di
rection du musée de Boulaq, au Caire.
Il y avait deux ans déjà que le savant di
recteur du musée égyptologique désirait faire
les fouilles qui viennent de réussir si bril
lamment. Il avait été amené, dit-il dans une
lettre qu'il vient d'écrire à un; de ses amis, à
reconnaître, par l'inspection du terrain, que
nulle, fouille n'avait été pratiquée là depuis
l'antiquitéf mais que le sol avait dût cepen
dant être remué par les anciens Egyptiens ;
d'où, il concluait qu'il devait y faire des décou
vertes intéressantes.
Aussi avait-il ajourné le commencement
des fouilles jusqu'au moment où il pourrait
les diriger et les surveiller lui-même.
Bien lui en a pris. Que se serait-il passé si
des fouilles avaient amené l'ouverture des
souterrains sans qu'une autorité' supérieure
fût là pour, empêcher le pillage?
Le succès, du reste, a dépassé l'attente de
M. Grébaut. La découverte de notre compa
triote a une valeur inestimable et bien au
delà de ce qu'il osait espérer. -
Nous empruntons divers passages àla lettre
écrite par M. Grébaut; son destinataire a bien
voulu nous la communiquer :
« .. .La découverte est très importante. line
s'agit pas seulement du nombre de sarcopha
ges, de là quantité d'antiquités, mais du parti
que la science égyptologique va en tirer. Le
tout forme un ensemble dont l'étude sera
cent fois plus profitable que celle des docu
ments trouvés épars.
» Au point de vue historique, nous saurons
beaucoup de choses nouvelles sur les classes
importantes qui se vouaient au sacerdoce. Il
est presque certain que nous avonsdesparents
des momies de la première cachette de Deïr-
el-Bahari.
> » L'ouverture des caisses nous réserve
peut-être des surprises, car à Deïr-el-Bahari,
il y a eu des rois dans des caisses de simples
particuliers. Or, tous les rois n'étaient pas à
Deïr-ekBahari ; et la cachette que. nous ve
nons de découvrir est de la-même époque.
» Il s'agit, en effet, non d'un tombeau mais
d'une cachette, le désordre, l'entassement des
sarcophages le prouvent surabondamment.
Plusieurs sarcophages sont mutilés, ce sont
ceux qui avaient été dorés. L'or a été gratté
par des voleurs dans les temps pharaoniques,
et ce sont ces mutilations qui ont décidé les
prêtres, dans une époque de troubles et de
faiblesse, à tirer les momies de leurs tom
attitude et, à travers le voile, les mêmes pru
nelles étincelantes.
.. Jules se demanda s'il était le jouet d'une
illusion, d'un mirage, et passa la main sur
ses yeux.
La vision ne disparut point. L'inconflue né
fit pas un mouvement.
Jules s'était arrêté sans en avoir cons
cience. .
— Qu'avèz-vous, mon ami?— lui demanda
Henriette, qui sentit trembler son bras.
— Rien... — répondit-il, — un étourdisse-
ment léger-,.. C'est passé déjà.
Il se remit en marche et sortit de la gare,
mais non sans jeter un dernier regard sur la
femme voilée qui se perdait dans la foule.
Pour la seconde fois cette fetfime évoquait
irrésistiblement en lui la pensée, le souvenir
de Madeleine; —il lui trouvait la taille et la
tournure de la malheureuse enfant si lâche
ment, bî odieusement traitée par lui; il lui
semblait la revoir, telle qu'elle était jadis,
avec, en plus, l'élégance résultant de la toi
lette. i.
C'était impossible, cependant.,^
Madeleine avait cessé de vivre, il le savait
bien, il en était- sûr!.., -- Madeleine était
morte... morte étouffée par lui !...
— Allons, je suis fou, — se disait-il en
s'efforçant do chasser son angoisse, — ce ne
peut être Madeleine... — Si cependant elle
vivait... — ajoutait-il avec angoisse, — si je
ne l'avais pas tuée... — J'aurais dû m'assu-
rer de sa mort ! — Cette femme qui pendant
mon mariage était à l'église de Chenaeviéres,
cette femme qui m'ayant devancé se trouve
aujourd'hui sur ma rouie comme une appari
tion menaçante, si'ce n'est Madeleine, qui
est-ce ? — Gomment Madeleine vivante m'au
rai t-elle découvert, comment aurait-elle appris
que je partais ?... — Tout cela est bien
étrange !... — AJtf le M coAseilIej si c'est
beaux pour les cacher dans les souterrains, où
la garde en était plus facile.
» Pour vous donner idée de la découverte,
il faut rappeler que les sarcophages anté
rieurs aux Ptolémées sont fort rares. En
rapprochant tout ce qui a été apporté au
musée à des époques diverses, on n'en a en
core qu'une petite quantité. D ? un seul coup le
musée recevra plus en ce genre que tout ce
qu'avaient produit les fouilles depuis trente
ans...»
On apprendra avec une légitime fierté en
France ce nouveau succès de la science fran
çaise sur la terre des Pharaons, en dépit des
convoitises de l'Angleterre, qui voudrait met
tre aussi un Anglais, paraît-il, à la tête du
musée de Boulaq.
Ce serait du propre !
LE CONGRÈS DE C OMMENTRY
(Dépêche de notre correspondant)
Commentry, 6 mars.
La première séance publique du congrès
national des mineurs a été tenue hier soir à
l'hôtel de ville do Commentry au milieu d'une
affluence considérable. Trente.et un syndicats
miniers sont représentés. Le bureau qui avait
été nommé en réunion privée a été maintenu
dans ses fonctions ; c'est un délégué de Saint-
Etienne qui est président.
M. Thivrier, député de Montluçon, qui suit
les travaux du congrès, a souhaité la bienve
nue aux délégués qui assistent, dit-il, au
premier congrès national des mineurs fran
çais. Il les a engagés à écarter de leurs préoc
cupations la politique, qui n'est qu'un leurre,
et à n'avoir comme objectif que la question
économique.
Les débats se sont ensuite ouverts sur la que s-
tion du groupement des divers bassins. En
raison du résultat négatif et même malheu
reux qu'ont donné les grèves partielles, il est
décidé que tous les syndicats miniers de
France seront réunis en une fédération natio
nale qui deviendra la tête du mouvement
socialiste.
- En effet, a-t-on déclaré, le mineur étant la
cheville ouvrière du mécanisme social, le jour
où il sera en grève tous les corps de métiers
seront, par force, obligés de l'imiter, car le
stock de charbon approvisionné est nul. Ce
sera alors l'avènement de la révolution so
ciale ; la fédération nationale aura donc pour
mission de décréter la grève générale des mi
neurs, après s'être mise d'accord avec les fédé
rations anglaise, belge, allemande et améri
c aine. . i ç >
NOUVELLES MILITAIRES
tin pont mUltc&li'C
Le président de la République, accompagné
du colonel Toulza, a assisté hier au lance
ment d'un pont militaire du commandant
Marcille.
' Cette opération a eu lieu dans l'après-midi,
entre la station du pont dfe Flandre et la sta
tion de Belleville-Villette sur le. canal de
l'Ourcq. ' >.
Les grandes manœuvres
Le programme des grandes manœuvres est
arrêté dans ses grandes lignes. Voici lë thème
des principales manœuvres :
Manœuvres de corps d'armée et d'armées.
— Les 5«, G e , 7® et 8 e corps d'armée, les lr?
et 5» divisions de cavalerie exécuteront des
manœuvres d'ensemble d'une durée de seize
jours, non compris le temps nécessaire à la
concentration et à la dislocation. Tout ou
partie des régiments d'infanterie dont le nu
méro est supérieur à 144, et qui sont station
nés sur le territoire des 6« et 7 e régions de
corps d'armée, ne prendront pas part aux ma
nœuvres de corps d'armée.
Les 5 e et 6° corps, auxquels se joindra la lté
division de cavalerie, formeront l'armée du
Nord, sous' le commandement de M. le géné
ral de Galliiïet, membre du conseil supérieur
de la guerre. Cette armée se concentrera
vraisemblablement sur la ligne Bar-le-Duc-
Châlons.
Les 7° et 8° corps, avec la 5e division de
cavalerie, formeront l'armée du Sud, sous
le commandement de M. le général Davout,
duc d'Auerstaëdt, membre du conseil supé
rieur de la guerre. Cette armée se rassemblera
elle, de ne rien tenter contre moi f Cette fois,
je ne la manquerais pas !
Ces pensées confuses se heurtaient cOlns l'es
prit troublé du comte de Lucenay, tandis qu'il
montait avec sa nouvelle famille dans la voi
ture envoyée par l'hôtel où des appartements
étaient commandés.
. On passa deux jours pleins à Marseille, vi
sitant la ville et lès environs.
Pendant ces deux jours la dame voilée ne
se montra point.
— C'est un hasard sans doute qui par deux
fois a mis cette femme sur mon passage...
Ce ne peut être Madeleine... — se dit Jules.
Et de cette conviction résulta une sorte d'al
légement.
Le jeune comte témoignait à Henriette une
tendresse affectueuse et discrète, pleine de
respect et de dévouement.
La pauvre enfant s'efforçait d'oublier le
passé et de se persuader qu'elle'pourrait peut-
être éprouver plus tard un bonheur relatif.
L'embarquement sur le paquebot s'effectua
sans incidents.
Il était deux heures de l'après-midi quand,
par une journée splendide, on entra dans le
port de Naples.
Celte fofs, l'inconnue n'apparut point à
M. de Lucenay.
Elle l'avait devancé cependant, à Naplcs
comme à Marseille et, cachée sous un cos
tume qui ne permettait point de reconnaître
sa tournure, elle se trouvait sur le
Des appartements étaient retenus par dé
pêche dans le premier hôtel dè la ville.
L'inconnue suivit la voiture qui conduisait
à cet hôtel l'ex-banquier, sa femme et le jeune
ménage puis, sachant ce qu'elle voulait savoir,
elle regagna le logement qu'elle. occupait
depuis la veillé dans une autrô Ïiôtelleï ift du
même quartier.
sans doute entre Tonnerre et Châtillon-sur-
Seine.
Le directeur des manoeuvres sera M. le gé
néral Saussier, gouverneur de Paris. Le direc
teur sera assisté de M. le général de Miribel,
chef , d'état-major général de l'armée. -
Les opérations auront lieu sur le terrain ôù
se sont déroulés les principaux épisodes de la
campagne de 1814.
La jeurnée de demain à Àuteuil
Que se passera-t-il demain dimanche à Au
teuil, où les agents de la'force publique vont,
par orjlre, s'opposer au jeu sur les chevaux de
course, quelque forme que ce je u puisse revê
tir : cote, liste ou pari mutuel ?
On se le demande.
Les plus grandes précautions seront prises,
paraît-il, pour empêcher le public de jouer.
Comme la Société des steeple-chases a reçu
défense d'ouvrir le pari mutuel, il n'y a guère,
semble-t-il, que l'industrie des bookmakers
qui pourrait donner, si elle s'obstinait à re
paraître, du « coton » à la police.
Mais, d'autre part, avec ce beau . temps, il
faut supposer qu'une grande foule se'rendra
à Auteuil, tout le monde voulant voir ce
qu'il y-aura, comme toujours, et s'il y aura
quelque chose.
Ce qwe les commissaires des courses crai
gnent, c'est une manifestation bruyante des
parieurs contre le vote de la Chambre. Tout
peut arriver; les jockeys peuvent être empê
chés d'entrer sur la piste ; le public peut s'obs
tiner à ne pas l'évacuer pour empêcher lui-
même toute espèce de courses, et les chevaux
peuvent recevoir des horions, tout comme les
hommes.
Enfin on ne sait pas où peut commencer
l'explosion de la fureur des parieurs contrariés
ni où elle peut finir. Los pessimistes voient
déjà des régiments de cavalerie alignés à
Bagatelle, et prêts à mettre le turf d'Auteuii
en état de siège. Alors ce serait la revue qui
remplacerait les courses.
Nous n'avons quun conseil à donner au
public. Qu'il laisse faire patiemment la police.
Qu'il assiste pour la derniére^ois aux coursos,
en silence, comme à un enterrement. Dès que
les hippodromes seront désertés il faudra bien
que la légalisation du pari mutuel vienne à la
Chambre, car elle s'impose. Le "bruit ne ser
virait à rien.
C'est parla désertion en masse des hippo
dromes que les Parisiens montreront à .partir
d.o lundi aux législateurs du -Palais-Bourbon
combien l'inofTensif pari-mutuel; est : --entoL
dans nos mœurs. ; ■
Laisser détruire par la loi de 1836 l'ancien
état de choses et attendre patiemment d'une
loi de 1891 un état de choses nouveau, basé
sur la modification de nos mœurs, voilà ce
que nous conseillons au public qui, démain se
transportera sur la pelouse et aux tribunes
d'Auteuii.
A ce propos, un rédacteur du Pains ayant
interrogé M. de Kergorlay, le président de la
Société d'encouragement qui fait courir au
Bois de Boulogne, eri a reçu la déclaration
suivante t
« La question, pour nous, est bien simple,
nous dit le président de la Société d'encoura
gement. N'étant pas lésés, en tant que So
ciété, nous n'avons ni à" protester contre les
mesures qui vont.être prises en vertu du ré
cent vote de la Chambre ni à prendre aucune
décision.
» Nous sommes, nous, uniquement des in
termédiaires entre-le-public et l'élevage^Noùs
ne profitons des courses an aucune façon. Si
depuis cinquante ans nous nous en occupons,
c'est que l'industrie chevaline nous paraît tou
cher directement aux intérêts nationaux.
» Pour encourager l'élevage, nous avons
donné des primes aux éleveurs. Pendant long
temps les allocations ont été relativement
faibles ; depuis quelques années que le public
affluait aux coui'ses et ope les recettes sur nos
hippodromes augmentaient, nous avions aug
menté proportionnellement le chiffre de ces
allocations. Or, on peut constater, en même
temps, une progression correspondante de.
l'élevage, qui a fait presque subitement un
bond énorme en avant. ,
» Ce .goût du publio pour les courses, cet
On devait, nous l'avons dit, passer quelques
jours à Naples.
Jules semblait n'avoir qu'unepréoccupation,
celle deprodiguer à sa femme des distractions
de toute nature, et de lui faire ainsi trouver
les journées courtes.
Des excursions en voiture dans les environs
occupaient les après-midi.
Le soir on se promenait dans une grande
barque pavoisée sur les eaux calmes, du golfe
de Naples, sous le ciel d'un bleu sombre criblé
de paillettes d'or.
Le quatrième jour M. de Lucenay apprit
qu'oh allait donner au théâtre la première re
présentation d'un grand opéra inédit : Masa-
niello.
Il alla lui-même au bureau de location afin
de retenir une loge et ne s'aperçut pas qu'il
était suivi.
Un peu avant l'heure indiquée pour le lever
du rideau, nos quatre personnages s'instal
laient dans la grande avant-scène du premier
étage, placée à la droite des artistes.
La salle regorgeait de monde.
Une seule loge restait vide.
C'était l'avant-scène située juste en face d«
celle louée par le comte de Lucenay.
Les trois coups furent frappés.
On joua l'ouverture, vigoureusement ap
plaudie, puis la pièce commença, suivit _son
cours, et le premier acte s'acheva au milieu
des bravos.
La loge de gauche restait toujoui's vide.
A coup sûr cependant elle était louée, car
bon nombre de curieux erraient dans les cou
loirs . comme des âmes en peine, no pouvant
trouver à se placer nulle part. -
XAVIER DE MONTÉPIN.
{La suite à demain).
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