LA LOI NATURELLE DU DEVELOPPEMENT DE L'INSTRUCTION POPULAIRE. 459
La ville d'Ottawa, sur le cours mitoyen de la rivière de ce
nom, rive ontarienne, et son prolongement, Hull, sur la rive
québecquoise, forment, pour ainsi dire, le noeud de toute cette
région, et le centre le plus important de l'industrie forestière au
Canada. À ce point, la rivière Ottawa fait une chute haute et
large, la Chaudière, et reçoit deux de ses affluents : sur le côté
Sud, le Rideau, lequel, à sa jonction avec l'Ottawa, forme égale-
ment une forte chute; et, sur le côté nord, le Gatineau, principal
tributaire, long de 300 milles. C'est ici que, dès 1806, Philemon
Wright, venu du Massachusetts, inaugurait le commerce d'ex-
portation du bois et les vastes opérations de déboisement et de
défrichements qui l'ont fait surnommer « le Roi du Gatineau ».
Encore aujourd'hui, c'est ici, ou dans le voisinage immédiat,
que sont fixés les quartiers généraux de beaucoup des « lumber
kings » et grandes « concerns ». Une estimation de l'année der-
nière portait à plus de 552 millions de pieds la coupe des prin-
cipales scieries situées dans la ville d'Ottawa, ou dans les comtés
circonvoisins (Argenteuil, Ottawa, Russell, Prescott, Carleton et
Renfrew). De cette quantité, un seul homme, J.-R. Booth, en
avait,' pour son compte, 115 millions de pieds; quatre ou cinq
autres maisons (W.-C. Edwards et C°, Buell, Hurdman et C°, Me
Laughlin Brothers, Bronson, Weston et, C°, Hawkesbury Lum-
ber C°), en avaient chacune plus de 50 millions.
Sous ce régime du grand atelier,' l'industrie forestière a pris
une grande extension ; elle est devenue l'industrie dominante du
bassin de l'Ottawa. Non seulement il s'est formé une classe nom-
breuse et distincte de gens de chantiers, de rivières et de scie-
ries, mais encore beaucoup des autres classes se sont recrutées
chez celle-ci, ou se sont pénétrées plus ou moins de son esprit.
Les établissements de culture et les défrichements jalonnent très
loin dans les profondeurs le Nord laurentien ; mais c'est, on peut
dire,, à la remorque des chantiers, et le rôle de ces établisse-
ments de culture est subordonné, quand on le compare à celui
des exploitations forestières avec leurs puissants moyens d'ac-
tion et les milliers de travailleurs embrigadés dont elles cou-
vrent le pays.
