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- LIVRAISON DE FEVRIER 1897
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- LIVRAISON DE MAI 1897
- LIVRAISON DE JUIN 1897
UNE SÉRIE DE MONOGRAPHIES D'OUVRIERS ANGLAIS. 233
lutte avec ses deux bras contre leurs machines ingénieuses se
trouve dans la situation peu enviable d'une diligence en concur-
rence avec un chemin de fer. Il est obligé de subir des prix qui
assurent des bénéfices à ses concurrents et ne lui donnent à lui
qu'une faillie rénumération.
En plus, l'Union de cordonniers en chambre pour maintenir
leurs salaires serait à peu près impossible à établir, avons-nous
dit, lors même que l'existence des grandes fabriques ne coupe-
rait pas court à son action. D'abord, il est extrêmement difficile
à des ouvriers isolés de former une Union. Ils se connaissent peu,
n'ont pas d'occasions de se rencontrer, et ne voient, en somme, au-
cune représentation sensible du lien de solidarité qui les unit.
Voilà une première difficulté. Il en existé une seconde, et plus ra-
dicale : tout syndicat ouvrier professionnel vise à établir entre
ses membres et leurs patrons un marché collectif de travail,
c'est-à-dire à substituer un arrangement général aux marchan-
dages particuliers. C'est là le moyen le plus efficace qu'aient
trouvé les ouvriers de se procurer des conditions avantageuses de
travail. Mais la base essentielle sur laquelle repose le syndicat,
c'est l'engagement pris par tous ceux qui y adhèrent de ne pas
accepter individuellement, en contrebande pour ainsi dire, un
salaire inférieur à celui que le syndicat a obtenu ; sans cela, les
défections particulières détruiraient bientôt tout l'effet utile du
contrat passé pour l'ensemble. Il faut que l'employeur se trouve
renfermé dans ce dilemme : « Telle rémunération ou pas de tra-
vail. » On peut bien obtenir ce résultat avec des ouvriers grou-
pés et travaillant pour un salaire; on ne saurait l'atteindre quand
il s'agit de petits fabricants qui vont offrir un produit à un mar—
chand. Le marchand n'a jamais absolument besoin de la dou-
zaine de paires de chaussures que lui offre un pauvre diable ; il
peut reconduire sans inconvénient ; il le fait ou feint de le faire,
puis cède à ses sollicitations, mais en achetant bon marché.
Comparez sa situation à celle du grand industriel dont les ma-
chines chôment, dont le capital dort, et qui a en face de lui plu-
sieurs centaines d'ouvriers lui opposant une résistance en masse !
Cet industriel est obligé de tenir compte de la perte que lui in-
lutte avec ses deux bras contre leurs machines ingénieuses se
trouve dans la situation peu enviable d'une diligence en concur-
rence avec un chemin de fer. Il est obligé de subir des prix qui
assurent des bénéfices à ses concurrents et ne lui donnent à lui
qu'une faillie rénumération.
En plus, l'Union de cordonniers en chambre pour maintenir
leurs salaires serait à peu près impossible à établir, avons-nous
dit, lors même que l'existence des grandes fabriques ne coupe-
rait pas court à son action. D'abord, il est extrêmement difficile
à des ouvriers isolés de former une Union. Ils se connaissent peu,
n'ont pas d'occasions de se rencontrer, et ne voient, en somme, au-
cune représentation sensible du lien de solidarité qui les unit.
Voilà une première difficulté. Il en existé une seconde, et plus ra-
dicale : tout syndicat ouvrier professionnel vise à établir entre
ses membres et leurs patrons un marché collectif de travail,
c'est-à-dire à substituer un arrangement général aux marchan-
dages particuliers. C'est là le moyen le plus efficace qu'aient
trouvé les ouvriers de se procurer des conditions avantageuses de
travail. Mais la base essentielle sur laquelle repose le syndicat,
c'est l'engagement pris par tous ceux qui y adhèrent de ne pas
accepter individuellement, en contrebande pour ainsi dire, un
salaire inférieur à celui que le syndicat a obtenu ; sans cela, les
défections particulières détruiraient bientôt tout l'effet utile du
contrat passé pour l'ensemble. Il faut que l'employeur se trouve
renfermé dans ce dilemme : « Telle rémunération ou pas de tra-
vail. » On peut bien obtenir ce résultat avec des ouvriers grou-
pés et travaillant pour un salaire; on ne saurait l'atteindre quand
il s'agit de petits fabricants qui vont offrir un produit à un mar—
chand. Le marchand n'a jamais absolument besoin de la dou-
zaine de paires de chaussures que lui offre un pauvre diable ; il
peut reconduire sans inconvénient ; il le fait ou feint de le faire,
puis cède à ses sollicitations, mais en achetant bon marché.
Comparez sa situation à celle du grand industriel dont les ma-
chines chôment, dont le capital dort, et qui a en face de lui plu-
sieurs centaines d'ouvriers lui opposant une résistance en masse !
Cet industriel est obligé de tenir compte de la perte que lui in-
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