Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-14
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1923 14 janvier 1923
Description : 1923/01/14 (Numéro 16756). 1923/01/14 (Numéro 16756).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE:
REGION PARISIENNE
Temps brumeux et nua-
geux, se couvrant dans la
journée chutes de pluie ou
de ne!ge en fin de journée
ou dans la nuit. Vent d'ouest
faible à modéré. Radoucisse-
ment prochain.
Nuit Jour +
EN FRANCE
Même temps sur la moitié
Nord que sur la région pari-
sienne.
Sur la raolbié Sud, temps
nuageux avec éclaircies, et
un peu frais.
SOLEIL: \er.l h.tt; couch.*h.l7
LUNE nouï. i7 pr. qu. 25
ANNÉE. H' ia.786
DIMANCHE
14
JANVIER 1923
Saint Hilaire
ABONOTMEHTS !̃* iKh
Seine et S.-O. *B.»
France et CoL
Etranger.
RUE DiatOHIEM, PABI3
Berlin proclame la résistance
CEPENDANT LES INDUSTRIELS DE LA RUHR
ACCEPTENT LE CONTROLE INTERALLIÉ
Le gouvernement allemand, plus in-
transigeant que les industriels de la
Ruhr. dont on trouvera plus loin les
dernières décisions, paraît avoir décidé
de répondre à l'occupation du bassin
houiller par la résistance passive sur
toute la.ligne.
Non seulement il annonce qu'il re-
fuse dorénavant tout paiement pour les
livraisons de charbon faites aux alliés,
mais il vient de faire arrêter toutes les
restitutions en nature, qu'il s'agisse de
bétail, de chevaux ou de matériel rou-
lant. En sous-main, il fait, d'ailleurs,
dire au gouvernement anglais et au
gouvernement américain que les mesu-
res prises par la France ne parvien-
dront, en aucun cas, à le faire céder.
Ce plan est clair. Il consiste à prouver,
par une sorte d'évanouissement volon-
taire, que l'occupation d'Essen était une
entreprise à la fois inefficace et péril-
leuse pour l'économie de l'Europe.
Les conséquences ,de cette tactique
pourraient, toutefois, être assez diffé-
rentes de celles que paraissent escomp-
ter en Allemagne les partisans de la
résistance à outrance.
Dès hier, à la suite des premiers
conciliabules qui avaint eu lieu entre
M. Coste et les industriels de la Ruhr,
on envisageait, du côté allié, les moyens
de payer les producteurs de charbon
allemands pour les livraisons qu'ils
auraient à faire. Le plus simple, auquel
on paraît avoir immédiatement songé,
serait d'affecter au paiement de ces
livraisons la taxe sur le charbon (koh-
Jenstener) dans la Ruhr même. Cette
taxe est de 40 0/0, alors que les livrai-
sons aux alliés ^excèdent pas 20 0/0
de la production. Les paiements n'ab-
sorberaient donc que la moitié de
l'impôt,
Une seconde conséquence, peut-être
plus prochaine encore, serait d'entraî-
ner une extension de l'occupation mili-
taire, sinon à la totalité du bassin de la
Rirtir, du moins à la région de Bociium,
celle de Dortmund demeurant exclue.
La raison en apparaît aisément.
D'.àprès les chiffres oommuniqués hier
pàr les services du ministère des Tra-
vaux publics," la région- de la RQhr
actuellement occupée ne produit que
26 millions de tonnes. Comme les livrai-
sons aux alliés absorbent 19 millions de
tonnes, on conçoit que la région occupée
peut difficilement y suffire à elle seule.-
Mais, dès lors, il devient indispensable
et suffisant d'occuper également la zone
de Bochum, qui produit à elle seule
70 millions de tonnes. La production
contrôlée par les alliés serait assez
abondante pour assurer les besoins des
livraisons faites aux alliés, sans comp-
ter ceux des régions occupées, c'est-à-
dire de la rive gauche du Rhin et de la
.Ruhr elle-même.
Le résultat de l'obstination allemande
risque, par suite, d'être double. Nous
serons amenés, en premier lieu, à occu-
per la majeure parfit; de la Ruhr, et., en
second lieu, à y créer une organisation
industrielle assez autonome, fût-ce au
point de vue budgétaire, pour pouvoir
se passer éventuellement de Berlin.
Il va sans dire que cette sorte de cou-
pure^entre les régions occupées et le
eu Reich serait préjudiciable à
l'ensemble de l'Allemagne. Mieux vau-
drait. a;urément, que l'Allemagne re-
noncât à bouder et imitât ces industriels
de la Ruhr, qui se déclarent disposés
collaborer avec la mission économique
alliée dirigée par M. Coste. Mais c'est
aux Allemands eux-mêmes qu'il appar-
tient de choisir entre les deux systèmes.
Si le pire des deux est appelé à préva-
loir, c'est qu'ils l'auront voulu.
Philippe MILLET.
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis en conseil, hier matin, au
ministère des Affaires étrangères, sous la
présidence de M. Poincaré. Le président
du conseil, les ministres de la Guerre et
des Travaux publics ont communiqué à
leurs collègues les renseignements très
satisfaisants qui leur ont été fournis, au
sujet de l'installation de la mission d'in-
génieurs dans la Ruhr et des premières
eohversations engagées avec les industriels
de la région.
A la fin de l'après-midi d'hier, le pré-
%!dent du Conseil a réuni dans son cabinet
AfM, Maginot, de Lasteyrie, Reibel. Le Troc-
quer et le contrôleur général Fillet, et il a
conféré avec eux au sujet des mesures e.n
cours d'exécution.
DEVANT LE KQHUSNSYffDIKAT
Les industriels d'Essen coloreront
avec la mission technique
franco-itaio-belge
Les livraisons de charbon au titre des
réparations seront assurées
Dusseklorf, 13 janvier (de not. env. spéc.)
La grande nouvelle du jour, dwf que les
représentants des ùulustriols allemands ont
accepté définitivement de collaborer ai)?c
la mission Ils ont
annoncé que les usines continueraient à.
travailler et que les mines poursuivraient
l'extraction du charbon. Dans les réunions
qu'ils ont euis ce matin avec M. Coste, les
délégués allemands ont déclaré, officielle-
vient que les livraisons de, charbon au titre
des réparations seraient poursuivies comme
par le\ passé et dans les mêmes conditions
qu'elles étaient faites par l'Allemagne.
Même ils ont laissé percer l'espoir que les
expéditions pourraient pmt-être s'amélio-
rer en activant le rendement des mines.
Telle est la granda nouvelle. On en com-
prend assez tottte l'importance et c'est pour
M. Coste un premier grand succès.
Les ouvriers acceptent librement
de travailler plus de huit heures
Les ouvriers du district d'Essen avaient
avec les grands industriels allemands un
contrat de travait renouvelable tous les
trois mois .et leur assurant la journéè de
8 heures. Mais, malgré ce contrat, les on-
SOLDATS FRANÇAIS Ef POLICE VERTE
\Tiers mineurs et méfcaiiurgistes, d'accord
avec les propriétaires des mines et des
usines, travaillaient 10 heures durant.
Ils y consentaient parce qu'on Leur lais-
sait comprendre qu'ils accomplissaient
un devoir patriotique, que plus vite ils
travaillaient, plus vite l'Allemagne se.rait
libelle maintenant que les industriels allemands
de la Ruhr excitent leurs ouvriers à refu-
ser de travailler plus de 8 heures et de
s'opposer à tous travaux supplémentai-
res. les ouvriers édifiés ont, répondu
« Ce n'était donc pas pour libérer l'Allie-
magne que nous travaillions au delà de
8 heure, c'était pour les capitalistes.
Vous le savons maintenant. »
Ils comprennent qur aujourd'hui ils-
travaillent pour la libération de leur pays
et ils ont accepté librement de dépasser
la journée de 8 heures. Jean Rogier.
UN DRAPEAU FRANÇAIS
ARRACHE A STEELE (?)
Bochum, 13 janvier (dép. Havas.)
On mande de Steele (à l'est d'Essen)
qu'un incident s'est produit dans cette loca-
lité. Des individus auraient arraché le dra-
peau français sur l'hôtel de ville et l'au-
raient mis en morceaux. Le bourgmestre se
serait excusé auprès du commandant fran-
çais qui aurait fait afficher une ordonnance
invitant la population à ne pas montrer de
nervosité contre l'occupat.ion.
LA DECISION DE LA C. D. R.
AU SUJET DE L'ECHEANCE
Au cours de sa séance d'hier matin, la
commission des réparations a décidé
d'adresser la lettre suivante à la Kriegs-
lastenkommission
La commission des réparations a l'honneur
de vous a'.ixcr qu'elle vous fera parvenir dans
quelques jours sa décision sur les lettres que
r·ous lui avez adressées les et 27 novembre
au nom du gouvernement ailemant.
Elle décide, à titre de mesure provisoire, que
l'échéance fixée par l'état des paiements du
5 mai 1921 au 15 janvier 1923 est prorogée au
31 Janvier 1923.
Ajoutons que sir John Bradbury assis-
tait à la séance d'hier, qui fut très brève,
n'ayant duré que trois quarts d'heure. Le
délégué britannique s'est abstenu de for-
muler son opinion au sujet de la proroga-
tion de l'échéance du 1.5 au 31 janvier.
UN discoursIFm. MAC neill
sous-secrétaire d'état AU foreign OFfiCE
Londres, 13 janv. (dép. Petit Parisien.)
Dans un discours qu'il a prononcé
aujourd'hui à la réuniom annuelle de
l'Association des conservateurs de Can-
terbury, M. Mac Neill, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, a fait des
déclarations intéressantes sur l'attitude
du gouvernement anglais vrs-à-vis de
l'occupation de la Ruhr
Ce fut unr grande déception pouf1 le gou-
vernement, a-t-it dit, de se sentir contraint,
au lendemain même de son arrivée au pou-
voir, de désapprouver les propositions formu-
lées par nos alliés français relativement aux
meilleurs moyens d'obliger l'Allemagne à rem-
plir ses obligations; mais, en ce qui concerne
le but à atteindre, il n'y a entre les deux pays
aucun désaccord. Nous sommes tous résolus
à faire payer l'Allemagne le plus tôt possible
et jusqu'à l'extrême limite de, sa capacité.
Précisant alors les divers'en'ces de vues
qui existent entre la France et la Grande-
Bret,agne, M. Mac Neil1 relate la fable de
la. poule aux œufg d'or. « Les Français, dé-
ciare-t-il, veulent affamer la poule et
même lui couper la gorge. Nous voulions,
au contraire, la nourrir suffisamment pour
lui permettre de pondre. Yous n'avons au-
cune sympathie pour l'oiseau; ce que .nous
voulons, c'est .recueillir ses oeufs. »
L'orateur s'efforça ensuite de démontrer
que le gouvernement britannique n'est ;pas,
cpposé à une saisie des gages, si cela est
possible sans ruiner le crédit de l'Aille-
magne.
le suis sûr, affirma-t-il, que M. Bonar Law
n'est pas plus disposé que M. Poincaré se
contenter de simples promesses de ta part de
l'Allemagne ou à favoriser nos anciens enne-
mis aux dépens de nos amis et de nous-mêmes.
Quant aux protestations allemandes con-
tre la. prétendue injustice, la violence et
la brutalité de la procédure française,
M. Mac Neill en souligna l'inutilité et l'im-
pudence.
Les Atiemanda sont le dernier peuple au
monde qui puisse se permettre de parler d'tn.
justice et de brutalité, eux qui ont pttilé, dévasté
et ruiné, de gaieté de coeur, le Nord de la
France ils feront bien de se rappeler la façon
dont il.' ont exigé eux-mêmes le paiement des
inii-emnités de guerre de 1871. S'il était possible
maintenant, pour là France, de recouvrer, par
les mémes procédés, un dizième de ce que
l'.lllemagne lui doit, elle serait absotument jus-
tifiée à les employer. Ce n'est pas parce que
nous la croyons erronée en elle-même que nous
n'avons pas approuvé la politique française,
c'est parce que nous sommes convaincus qu'elle
va Il l'encontre du but pour.suivi mais il ne
faudrait pas supposer que nous serions heureux
de voir notre conception corroborée par les évé-
nementa, Si, par une ehance extraordinaire, con-
traire aux prévisions des meilleurs juges en la
matière, en Europe, et en Amérique, l'occupa-
tion de la Ruhr réussissait procurer des ré-
peraUons véritables et sans entraîner autre cho-
se que la compensation de maux d'ordre éco-
nomise, personne ne s'en réjouirait plus que
nous.
T H É^S. F.
J'ai pris hier, dans la fin de l'après-midi
et dans un café de la rive gauche une tasse
de thé S. F.
Le thé était bon. Le concert sans fil était
aussi fort agréable et fort bien composé. Il y
avait une violoniste remarquable, quoique invi.
sible, et une cantatrice que l'on entendait ce
qui constituait déjà un phénomène anormal.
L'assistance, émue, amusée et attachée, ap-
plaudissait à tout rompre les artistes mysté-
rieux. Le fve o'clock tea S. F, faisait salle
comble.
Nous devenons vite blasés sur toutes choses.
Tout de même, tout de même, la téléphonie
sans fil est vraiment une invention énorme, pro-
digieuse. Et c'est une invention qui finira, cer-
tainement, par bouleverser les conditions de
notre vie.
Je lisais, l'autre jour, dans un grand journal
d'Amérique, les doléances des pasteurs des pe-
tites villes de là-bas. Ils prêchent maintenant
dans le désert et leurs temples, à l'heure du
sermon, sont vides. Les Américains seraient-
ils donc devenus soudain irréligieux? Sur le pays
des grandes vagues vagues de froid, vagues
de chaleur, vagues de hausse, vagues de baisse
une vague d'impiété aurait-elle donc passé ?
Non Non. Mais les fidèles des petites
villes d'Amérique dédaignent aujourd'hui les
humbles sermons de leurs pasteurs. La T. S. F.,
en effet, leur transmet chez eux les prêches
sensationnels des prédicateurs fameux.
Alors ils restent au coin de leur feu et font
leurs dévotions « at home dans de bons fau-
teuils. Ils peuvent même rester au lit, tandis
que le pasteur illustre parle par sans fil
à ses ouailles inconnues et dispersées.
La parole est maintenant livrée à domicile
comme le charbon et l'épicerie.
.Nous serons peut-être plus lents que les
Américains à nous familiariser avec la T. S. F.
Mais nous y viendrons tous, pourtant, fatale-
ment, comme nous sommes venus au chemin de
fer, à l'électricité, au téléphone. Et quand nos
habitudes de T. S. F. seront prises, la face de
notre petit monde sera bien changée.
Chaque jour plusieurs fois par jour
une voix invisible viendra bavarder avec nous
et a nous fera la parole », comme autre-
fois on faisait la lecture à nos grands-parents.
Nous suivrons à domicile les débats du Par-
lement, les grandes conférences et jusqu'aux
conférences internationales.
Parents, amis, d'un bout du monde à l'autre,
feront affectueusement la causette et pourront
presque se donner l'illusion de diner ensemble,
quand des milliers de kilomètres les sépareront.
Et quelle vie, en temps d'élection, quand tous
les candidats nous feront parvenir chez nous,
comme sous enveloppe. leurs discours les
plus enflammés, leurs promesses les plus miri-
fiques.
Çà c'est le danger de la T. S. F. J'y songe
LA; DOULOUREUSE
Le ministre des Financer vient d'aviser
le Parlement qu'il renonce à son projet
de boucler le déficit de 1923, qui était de
plus de trois milliards de francs, à l'aide
d'un nouvel emprunt c'est à l'impôt
qu'il va demander les trois milliards qui
lui manquent. Son intention, si les Cham-
bres l'acceptent, c'est-à-dire si la nation
l'accepte par la voix de ses représentants,
est d'augmenter tous les impôts directs ou
indirects d'un cinquième, en n'exceptant
de l'augmentation que l'impôt sur les
traitements et salaires.
Tous les contribuables, riches et pau-
vres, vont faire la grimace. On la ferait à
moins.
Seulement, il ne faudra pas que leur
mauvaise humeur se trompe d'adresse, et
qu'elle s'égare ni sur le malheureux mi-
nistre des Finances qui nous présente cette
« douloureuse », ni sur les malheureux
parlementaires qui vont être obligés de la
voter, même s'ils trouvent un autre moyen
d'extraire de la main des contribuables
les trois milliards indispensables.
Ces impôts supplémentaires, ni le mi-
nistre des Finances n'aurait à nous les de-
mander, ni le Parlement à les voter, si
nous n'avions pas dû payer, depuis 1918,
pour le compte de l'Allemagne, la baga-
telle de cent milliards de francs, de nos
francs-papier, à nos pensionnés de guerre
smisiïés du Nord. Ces cent mil-
liards, l'Etat ne les avait pas il a dû les
emprunter à tous les Français qui avaient
des économies rien que les intérêts de
ces emprunts dépassent, chaque année,
quatre milliards de francs, qu'il faut bien
trouver, comme il faut trouver les dix
milliards d'intérêts que coûtent les em-
prunts que nous avons dû faire au cours
de la guerre pour pouvoir résister à
l'agression. Nous paierions bien d'autres
impôts si l'opération de la Ruhr ne ren-
dait pas, et si nous nous trouvions dans
l'impossibilité de contraindre les Alle-
mands à nous payer ce qu'ils nous doi-
Tent
Quand il a grêlé sur ses champs, le
paysan de France ne perd pas son temps
à maudire le ciel il se remet au travail
dès qu'il le peut, pour réparer ses ruines.
Il a grêlé sur la France entière, pendant
quatre ans et demi, sans interruption. Il
ne s'agit pas de se lamenter, mais de ré-
parer les dégâts.
Consolons-nous en nous disant que c'eût
été bien pis, si nous avions été vaincus
Tous papas, fotates mamans
Londres, 13 janvier (dép. Radio.)
.Le, Daily Express publie une information
d'après laquelle les doctcurs Evans et Bis-
chop, de l'Université de Californie, esti-
ment, après des expériences jugées par eux
à peu près concluantes, pouvoir affirmer
qu'ils ont découvert une vitamine leur per-
mettant d'assurer des enfants aux ménages
jusqu'à présent les plus stériles.
Les deux médecins californiens se sont
livrés à des expériences sur des rats et ont
constat/' que la vitamine qu'ils avaient dé-
couverte avait manifesté ses effets en don-
vant aux rats des facultés de reproduction
extraordinaires.
On fonde là-dessus de grands espoirs.
Le prince George en route pour Beaalieu
Londres. 13 janvier (dép. Petit Parisien.)
Le prince George, le plus jeune flis du
roi d-Anglet.erre, est parti ce matin pour
Beaulieu, où il séjournera chez son grand-
oncle. le duc de Connaught.
La Conférence des Ambassadeurs
décide l'envoi
de navires de guerre à Même!
UN COLONEL FRANÇAIS PRENDRA
LE COMMANDEMENT DES TROUPES A TERRE
La conférence des ambassadeurs s'est
réunie hier matin. Le maréchal Foch et
le général Desticker assistaient à la
séance.
A l'issue de la réunion, le commmniqué
suivant a été rédigé
La conférence des ambassadeurs s'est
occupée ce matin de la question de Memel.
Une démarche nouvelle va être faite à
Kovno, pour obtenir que le gouvernement
lithuanien agisse sur les auteurs du mou-
vement prolithuanien, qui constitue unc
tentative de pression sur les puissances
aMiés et une atteinte à la souveraineté1
qu'elles possèdent actuellement sur le ter-
ritoire, d'après le traité de Yersailles.
La conférences a décidé l'envoi d'un colo-
nel français, pour prendre le commande-
ment des forces alliées à terre après l'ar-
rivée des navires de guerre français et an-
glais actuellement en route.
Les faits qui motivent cette interven-
tion des forces alliées sont d'autant plus
regrettables, qrte la conférence vient préei-
sément d'inviter le comité d'étude à dépo-
ser, dans le plus bref délai, son rapport sur
la question de Memel.
Dès hier soir, les gouvernements alliés
ont transmis à Kovno les représentations
annoncées par le communiqué ci-dessus.
ris invitent le gouvernement lithuanien à
agir sur les insurgés opérant devant Mçmel
Le gouvernement lithuanien. d'autre
part, déclare qu'il s'oppose aux infiltrations
des bandes à travers sa frontière. Il fait,
toutefois, observer que si les événements
prenaient un cours défavorable aux reven-
dications lithuaniennes, il se verrait pro-
bablément débordé et qu'il lui deviendrait
impossible de maintenir la fermeture de
sa frontière.
Deux torpilleurs français appareillent
pour Même!
Le ministre de la Marine a donné l'ordre i
aux deux torpilleurs Sénégalais et Algé- 1
rien, du port de Brest, de se rendre à (
Même!. Ils ont immédiatement appareillé
pour la Baltique. D'autres bâtiments légers
les suivront si la situation l'exige. t
Le colonel Trousson est désigné
colonel Trousson, qui çe trouve ac-
tuellement à Varsovie, a été désigné pour
partir pour hfemèl, à la suite de la décision
prise le matin par la conférence des am- 1
LA TRAVERSÉE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
Mn envoyé spécial raconte en détail
a dernière étape de la mission Haardt
ît sa triomphale arrivée à Tombouctou
UN _PALACE_ DANS LA REGION DE TOMBOUCTOU
Nous avons reçu hier, 13 janvier, la
dépêche suivante de notre envoyé spé-
cial L.-C. Royer, déposée le¡ 9 à Tom-
bouctou, et dans laquelle il raconte ce
que fut la dernière étape de l'immense
voyage accompli par la mission Haardt-'
Audouin-Dubreuil.
Tombouctou, 9 janvier.
Dix heures du matin, le, 7 janvier la
P.-I. « Régresse », de M. G.-M. Haardt.
mécanicien Maurice Billy la R-2.,
de M. Audouin Dubreui'L, méoanicien
Penaud la R.-3., pilotée par le Parigot
pur sang Prudhomme, et où ont pris place
M. Paul Casfelnau, géographe, et le lieute-
nant Estienne; enfin, deux voitures de ravi-
taiBememt, conduites par les mécaniciens
Fernand Billy et Rabaud, gravissent la
dernière dune avant Tombouctou.
La dernière dune. Depuis plus de trois
miiile kilomètres, tous ces hommes sauf
moi, passager de la dernière heure
attendent passionnément cette minute de-
puis vingt et un jours. Pour la voir arriver
plus tôt, ils lui ont sacrifié leur faim et
leur sommeil. Je ne connais de la dure vie
qu'ils ont menée;-que les quarante derniè-
res heures, NI. Haardt et ses compa-
gnons, par un scrupule que je comprends,
n'ont rien voulu me .ronfler de leurs aven-
tures avant d'avoir atteint le but, mais,
avant de 'les connaitre, je veux vous con-
ter ce que fut .la dernière étape et vous
jugerez.
Nous quittons Bourem vingt et une
heures, par ,nuit d'encre. La lune n'est pas
encore levée. Les phares fouillent 'la
brousse, où nous allons nous engager.
M. Haardt part le .premier. Le moteur ron-
fle la chenille démarre lentement, mais
avec une facilité qui rassure. Sur l'auto
blanchie, Flossie, la chienne écossaise,
dresse sa tête ébouriffée, La mitrailleuse
luit. La vitesse augmente. Ploseie dispa^
raît. La chenille s'enfonce dans la nuit.
-Nous suivons.
Je connais, pour l'avoir vu de mon cha-
land, l'a'ller, ce paysage désertique
dunes de saWe roux, plateaux de latérite
brunâtre, arbustes épineux, rabougris
herbes courtes et sèches, qui font, sous
nos roues, un froissement de soie.
Les premières heures de route sont déli-
cieuses. Il fait doux. L'auto glisse plutôt
qu'ettilo ne roule. Nous jouons aux monta-
gnes russes avec une miraculeuse douceur
et je ne regrette pas les fondrières des
boulevards. Minuit. La lune coule, entre
deux nuages blancs, une lumière jaune
bougie à bon marché. Le A'iger nous appa-
raît, de temps en temps, derrière les arbres
et mon chauffeur, qui a fait trois mille
kilomètres sans voir d'eau ailleurs que
dans son bidon, le salue chaque fois d'une
exclamation étonnée.
Deux heures du matin. Quatre heures.
Six heures. Le jour se lève. Un vent frais
nous gifie, avec du sabie. On fait le plein
d'essence. Pause de dix minutes, pendant
lesquelles nous partageons un poulet et
du pain plus dur que du biscuit de troupe,
du vin, bu à la régalade.
Huit heures. Nous laissons Bamba à
deux lieues à notre gauche et, sans nous
arrêter, nous poursuivons notre route.
Dix heures. Le soleil commence à taper.
Midi. La chaleur solaire s'augmente de
celle du moteur, que le vent brûlant me
rabat sur la figure. Deux heures. J'ai
un peu envie de dormir. Le lieutenant
Estienne vient remplacer, au volant, le
mécanicien. Celui-ci dort maintenant, assis
sur les cent soixante centimètres carrés
de son siège de cuir.
Quatre heures. Pause d'un quart
d'heure pour l'essence. Poulet, biscuits.
Je vais vers M. Haardt:
Où s'arrète-t-on ?
A Tombouctou.
Encore cent trente kilomètres à faire.
Bigre Six heures. Dire qu'il y a des gens
qui prennent l'apéritif sur les boulevards.
Muit heures. La nuit. Nous voici devant
un marigot. On oblique vers le nord et on
passe en écrasant quelques arbustes épi-
neux comme s'ils étaient de simples piétons.
Dix heures. Un invincible sommeil me
gagne. Je tombe le nez sur le volant.
Quelle heure est-il ? Minuit. Nous pour-
suivons notre course infernale. Estienne,
aviateur, manie l'auto'comme son « zinc »
et nous lance sur les petits dunes à tom-
beau ouvert sans se préoccuper de ce qu'il
y a derrière. Gela m'est, d'ailleurs, parfai-
tement égal. Je vis dans un demi-rêve.
Tiens, le moteur s'est arrêté. Que se
passe-t-il ? Il paraît que l'on fait halte.
Nous sommes aux portes de Tombouctou et
lés chefs de la mission rm veulent pas y
pénétrer la nuit, comme*des contreban-
diers, mais en plein jour, en vainqueurs.
Nous camperons donc ici.
Il est une heure du matin. Il y a vingt-
sept heures que nous marchons.
A la belle étoile
J'ai vu, sur des catalogues, des tentes
avec tout le confort moderne. Les jeunes
gens aventureux, qui. ont déjeuné avec
hors-d'oeuvres, entrées, rôti et desserts
variés et couchent dans un lit bordé par
les mains maternelles, feuillettent ces cata-
logues avec des mains frémissantes C'est
là que je voudrais vivre »
II y a des tentes sur toutes les chenilles,
mais la plupart d'entre nous, trop pressés
de dormir pour monter leur « bazar », ont,
tout bonnement, creusé le sable pour s'en
faire un lit. Je m'allonge sur de l'herbe,
mais j'attrape des milliers de ces minus-
cules chardons qu'on appelle ici des
« kramkram », qui vous entrent dans la
peau et s'y accrochent comme des
hameçons.
Je fais le tour du bivouac. Nos voitures
ont formé le carré. Nous couchons au
centre. Tout le monde dort, sauf M. Haardt,
infatigable, qui arrache, un à un, les
« kramkram » que Flossie a ramassés
dans la brousse.
A six heures, réveil. Toilette. Les chefs
de mission rédigent leur journal de routa.
Prudhomme casse des arbres pour faire le
thé et revient, anthousiasmé
Chic patelin pour les cuistots. Il y
pousse du bois mort I
Parbleu, chante Tu le reverras
Paname
Et le lieutenant Estienne fredonne un
air anglais, où j'imagine gue « Tipperary »
est remplacé par TomBouctou Mais
non, la ville de sable n'est plus loin, Noqs
allons y être. Nous y sommes. Un tour de
manivelle et on repart.
Au but
Nous n'avons pas fait un kilomètre que
cent cavaliers arrivent sur nous, au galop.
Est-ce ce fameux rezzou qu'on nous avait
signalé et-qui n'a pas voulu se frotter aux
mitrailleuses? C'est le colonel Mangeot, A
la tête de ses officiers et de deux cents
Touareg. Le colonel paraît ému. Il a aidé
la mission de toutes ses forces et voilà un
an qu'il attend avec confiance cet heureux
jour.
Présentations, félicitations. Nous repar-
tons, encadrés par cette cavalerie en-
thousiaste. A chaque dune, notre cortège
s'accroît. Les indigènes font la haie et,
sitôt passés, nous suivent au pas gymnas-
tique.
D'autres chefs touareg arrivent sur
leurs chameaux. Nous sommes cinq cents,
maintenant. Une demi-heure plus tard,
nous sommes cinq mille.
Spectacle fantastique. L'immense plaine
de sable grouille d'une foule bigarrée. Elle
s'ouvre respectueusement devant l'auto do
M. Haardt, mais s'accroche à la troisième
chenille, où trône Baba. Baba est un boy
de Tombouctou que M. Deceris, chef du
ravitaillement, avait emmené avec lui à
Tin-Zaouaten. C'est lui le triomphateur de
la journée/Il s'est installé sur la bâche de
la R.-3 et distribue des saluts, des sourires
et des poignées de mains. C'est sur lui que
les noirs en délire passent leur frénétique
besoin de toucher un des vainqueurs du
raid comme un miraculeux fétiche.
Mille négrillans tout nus ils ont
retiré leur « boubou » pour s'en faire un
oriflamme s'accrochent aux voitures et
les malheureuses chenilles peinent plus
qu'à travers le Sahara.
Le premier courrier transsaharien
A onze heures, nous sommes devant la
résidence du colonel Mangeot. Le premier
souci de NI. Haardt est de remettre au
receveur des poste, le; courrier transsaha-
rien. Il le fait en ces termes
a Une invention française, l'automobile
à chenilles Kégresse, vient de prouver
qu'il n'était plus d'obstacles à la locomo-
tion automobile. Un grand industriel fran-
çais, M. André Citroën, a voulu que la
preuve soit faite par l'essai de jonction
de deux grandes colonies françaises, l'Algé-
rie et l'Afrique occidentale.
En traversant ces 3.500 kilomètres
d'immensité désertique, nous avons eu la
joie et la fierté de réussir cette jonction
tant souhaitée. Modestes précurseurs de
cette 'grande liaison, nous espérons voir
revivre, maintenant, les anciennes voies des
'caravanes, les routes comimercia'es qui,
déjà, sous Charlemagne, reliaient l'Algé-
rie et le Djerid tunisien avec le Niger ».
Après avoir remercié tous ceux qui ont
apporté leur concours à cette oeuvre
patriotique, M. Haardt ajoute
« Le sous-secrétaire aEtat des Postes et
Télégraphes, désireux de consacrer offi-
cieWememt cette première traversée rapide
du Sahara en automobile, a voulu qu'elle
coïncide avec l'inauguration d'un service
postal par la voic que noua venons de
suivre.
'NI-on colonel, j'ai l'honneur de remettre
entre vos mains et entre celles de M. -le
receveur des postes, le premier courrier
postal. transsaharieh-automobile, gage pré-
cieux de la confiance des pouvoirs publics
en notre mission, qu'en quinze étapes nous
avons porté de Touggourt à Tombouctou.»
Applaudissements et vivats dans tous les
dialectes du Soudan. A coup sûr, les indi-
gènes n'ont rien compris de ce palabre.
mais ils savent que cc'ui qui vient de par-
ler a traversé le .Sahara en 'trois semaines,
et ça, ils savent, mieux que quiconque, ce
que c'est!
Maintenant Tombouctou est en liesse. Le
ftet blanc et bleu des boubous » coule
REGION PARISIENNE
Temps brumeux et nua-
geux, se couvrant dans la
journée chutes de pluie ou
de ne!ge en fin de journée
ou dans la nuit. Vent d'ouest
faible à modéré. Radoucisse-
ment prochain.
Nuit Jour +
EN FRANCE
Même temps sur la moitié
Nord que sur la région pari-
sienne.
Sur la raolbié Sud, temps
nuageux avec éclaircies, et
un peu frais.
SOLEIL: \er.l h.tt; couch.*h.l7
LUNE nouï. i7 pr. qu. 25
ANNÉE. H' ia.786
DIMANCHE
14
JANVIER 1923
Saint Hilaire
ABONOTMEHTS !̃* iKh
Seine et S.-O. *B.»
France et CoL
Etranger.
RUE DiatOHIEM, PABI3
Berlin proclame la résistance
CEPENDANT LES INDUSTRIELS DE LA RUHR
ACCEPTENT LE CONTROLE INTERALLIÉ
Le gouvernement allemand, plus in-
transigeant que les industriels de la
Ruhr. dont on trouvera plus loin les
dernières décisions, paraît avoir décidé
de répondre à l'occupation du bassin
houiller par la résistance passive sur
toute la.ligne.
Non seulement il annonce qu'il re-
fuse dorénavant tout paiement pour les
livraisons de charbon faites aux alliés,
mais il vient de faire arrêter toutes les
restitutions en nature, qu'il s'agisse de
bétail, de chevaux ou de matériel rou-
lant. En sous-main, il fait, d'ailleurs,
dire au gouvernement anglais et au
gouvernement américain que les mesu-
res prises par la France ne parvien-
dront, en aucun cas, à le faire céder.
Ce plan est clair. Il consiste à prouver,
par une sorte d'évanouissement volon-
taire, que l'occupation d'Essen était une
entreprise à la fois inefficace et péril-
leuse pour l'économie de l'Europe.
Les conséquences ,de cette tactique
pourraient, toutefois, être assez diffé-
rentes de celles que paraissent escomp-
ter en Allemagne les partisans de la
résistance à outrance.
Dès hier, à la suite des premiers
conciliabules qui avaint eu lieu entre
M. Coste et les industriels de la Ruhr,
on envisageait, du côté allié, les moyens
de payer les producteurs de charbon
allemands pour les livraisons qu'ils
auraient à faire. Le plus simple, auquel
on paraît avoir immédiatement songé,
serait d'affecter au paiement de ces
livraisons la taxe sur le charbon (koh-
Jenstener) dans la Ruhr même. Cette
taxe est de 40 0/0, alors que les livrai-
sons aux alliés ^excèdent pas 20 0/0
de la production. Les paiements n'ab-
sorberaient donc que la moitié de
l'impôt,
Une seconde conséquence, peut-être
plus prochaine encore, serait d'entraî-
ner une extension de l'occupation mili-
taire, sinon à la totalité du bassin de la
Rirtir, du moins à la région de Bociium,
celle de Dortmund demeurant exclue.
La raison en apparaît aisément.
D'.àprès les chiffres oommuniqués hier
pàr les services du ministère des Tra-
vaux publics," la région- de la RQhr
actuellement occupée ne produit que
26 millions de tonnes. Comme les livrai-
sons aux alliés absorbent 19 millions de
tonnes, on conçoit que la région occupée
peut difficilement y suffire à elle seule.-
Mais, dès lors, il devient indispensable
et suffisant d'occuper également la zone
de Bochum, qui produit à elle seule
70 millions de tonnes. La production
contrôlée par les alliés serait assez
abondante pour assurer les besoins des
livraisons faites aux alliés, sans comp-
ter ceux des régions occupées, c'est-à-
dire de la rive gauche du Rhin et de la
.Ruhr elle-même.
Le résultat de l'obstination allemande
risque, par suite, d'être double. Nous
serons amenés, en premier lieu, à occu-
per la majeure parfit; de la Ruhr, et., en
second lieu, à y créer une organisation
industrielle assez autonome, fût-ce au
point de vue budgétaire, pour pouvoir
se passer éventuellement de Berlin.
Il va sans dire que cette sorte de cou-
pure^entre les régions occupées et le
eu Reich serait préjudiciable à
l'ensemble de l'Allemagne. Mieux vau-
drait. a;urément, que l'Allemagne re-
noncât à bouder et imitât ces industriels
de la Ruhr, qui se déclarent disposés
collaborer avec la mission économique
alliée dirigée par M. Coste. Mais c'est
aux Allemands eux-mêmes qu'il appar-
tient de choisir entre les deux systèmes.
Si le pire des deux est appelé à préva-
loir, c'est qu'ils l'auront voulu.
Philippe MILLET.
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis en conseil, hier matin, au
ministère des Affaires étrangères, sous la
présidence de M. Poincaré. Le président
du conseil, les ministres de la Guerre et
des Travaux publics ont communiqué à
leurs collègues les renseignements très
satisfaisants qui leur ont été fournis, au
sujet de l'installation de la mission d'in-
génieurs dans la Ruhr et des premières
eohversations engagées avec les industriels
de la région.
A la fin de l'après-midi d'hier, le pré-
%!dent du Conseil a réuni dans son cabinet
AfM, Maginot, de Lasteyrie, Reibel. Le Troc-
quer et le contrôleur général Fillet, et il a
conféré avec eux au sujet des mesures e.n
cours d'exécution.
DEVANT LE KQHUSNSYffDIKAT
Les industriels d'Essen coloreront
avec la mission technique
franco-itaio-belge
Les livraisons de charbon au titre des
réparations seront assurées
Dusseklorf, 13 janvier (de not. env. spéc.)
La grande nouvelle du jour, dwf que les
représentants des ùulustriols allemands ont
accepté définitivement de collaborer ai)?c
la mission Ils ont
annoncé que les usines continueraient à.
travailler et que les mines poursuivraient
l'extraction du charbon. Dans les réunions
qu'ils ont euis ce matin avec M. Coste, les
délégués allemands ont déclaré, officielle-
vient que les livraisons de, charbon au titre
des réparations seraient poursuivies comme
par le\ passé et dans les mêmes conditions
qu'elles étaient faites par l'Allemagne.
Même ils ont laissé percer l'espoir que les
expéditions pourraient pmt-être s'amélio-
rer en activant le rendement des mines.
Telle est la granda nouvelle. On en com-
prend assez tottte l'importance et c'est pour
M. Coste un premier grand succès.
Les ouvriers acceptent librement
de travailler plus de huit heures
Les ouvriers du district d'Essen avaient
avec les grands industriels allemands un
contrat de travait renouvelable tous les
trois mois .et leur assurant la journéè de
8 heures. Mais, malgré ce contrat, les on-
SOLDATS FRANÇAIS Ef POLICE VERTE
\Tiers mineurs et méfcaiiurgistes, d'accord
avec les propriétaires des mines et des
usines, travaillaient 10 heures durant.
Ils y consentaient parce qu'on Leur lais-
sait comprendre qu'ils accomplissaient
un devoir patriotique, que plus vite ils
travaillaient, plus vite l'Allemagne se.rait
libelle
de la Ruhr excitent leurs ouvriers à refu-
ser de travailler plus de 8 heures et de
s'opposer à tous travaux supplémentai-
res. les ouvriers édifiés ont, répondu
« Ce n'était donc pas pour libérer l'Allie-
magne que nous travaillions au delà de
8 heure, c'était pour les capitalistes.
Vous le savons maintenant. »
Ils comprennent qur aujourd'hui ils-
travaillent pour la libération de leur pays
et ils ont accepté librement de dépasser
la journée de 8 heures. Jean Rogier.
UN DRAPEAU FRANÇAIS
ARRACHE A STEELE (?)
Bochum, 13 janvier (dép. Havas.)
On mande de Steele (à l'est d'Essen)
qu'un incident s'est produit dans cette loca-
lité. Des individus auraient arraché le dra-
peau français sur l'hôtel de ville et l'au-
raient mis en morceaux. Le bourgmestre se
serait excusé auprès du commandant fran-
çais qui aurait fait afficher une ordonnance
invitant la population à ne pas montrer de
nervosité contre l'occupat.ion.
LA DECISION DE LA C. D. R.
AU SUJET DE L'ECHEANCE
Au cours de sa séance d'hier matin, la
commission des réparations a décidé
d'adresser la lettre suivante à la Kriegs-
lastenkommission
La commission des réparations a l'honneur
de vous a'.ixcr qu'elle vous fera parvenir dans
quelques jours sa décision sur les lettres que
r·ous lui avez adressées les et 27 novembre
au nom du gouvernement ailemant.
Elle décide, à titre de mesure provisoire, que
l'échéance fixée par l'état des paiements du
5 mai 1921 au 15 janvier 1923 est prorogée au
31 Janvier 1923.
Ajoutons que sir John Bradbury assis-
tait à la séance d'hier, qui fut très brève,
n'ayant duré que trois quarts d'heure. Le
délégué britannique s'est abstenu de for-
muler son opinion au sujet de la proroga-
tion de l'échéance du 1.5 au 31 janvier.
UN discoursIFm. MAC neill
sous-secrétaire d'état AU foreign OFfiCE
Londres, 13 janv. (dép. Petit Parisien.)
Dans un discours qu'il a prononcé
aujourd'hui à la réuniom annuelle de
l'Association des conservateurs de Can-
terbury, M. Mac Neill, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, a fait des
déclarations intéressantes sur l'attitude
du gouvernement anglais vrs-à-vis de
l'occupation de la Ruhr
Ce fut unr grande déception pouf1 le gou-
vernement, a-t-it dit, de se sentir contraint,
au lendemain même de son arrivée au pou-
voir, de désapprouver les propositions formu-
lées par nos alliés français relativement aux
meilleurs moyens d'obliger l'Allemagne à rem-
plir ses obligations; mais, en ce qui concerne
le but à atteindre, il n'y a entre les deux pays
aucun désaccord. Nous sommes tous résolus
à faire payer l'Allemagne le plus tôt possible
et jusqu'à l'extrême limite de, sa capacité.
Précisant alors les divers'en'ces de vues
qui existent entre la France et la Grande-
Bret,agne, M. Mac Neil1 relate la fable de
la. poule aux œufg d'or. « Les Français, dé-
ciare-t-il, veulent affamer la poule et
même lui couper la gorge. Nous voulions,
au contraire, la nourrir suffisamment pour
lui permettre de pondre. Yous n'avons au-
cune sympathie pour l'oiseau; ce que .nous
voulons, c'est .recueillir ses oeufs. »
L'orateur s'efforça ensuite de démontrer
que le gouvernement britannique n'est ;pas,
cpposé à une saisie des gages, si cela est
possible sans ruiner le crédit de l'Aille-
magne.
le suis sûr, affirma-t-il, que M. Bonar Law
n'est pas plus disposé que M. Poincaré se
contenter de simples promesses de ta part de
l'Allemagne ou à favoriser nos anciens enne-
mis aux dépens de nos amis et de nous-mêmes.
Quant aux protestations allemandes con-
tre la. prétendue injustice, la violence et
la brutalité de la procédure française,
M. Mac Neill en souligna l'inutilité et l'im-
pudence.
Les Atiemanda sont le dernier peuple au
monde qui puisse se permettre de parler d'tn.
justice et de brutalité, eux qui ont pttilé, dévasté
et ruiné, de gaieté de coeur, le Nord de la
France ils feront bien de se rappeler la façon
dont il.' ont exigé eux-mêmes le paiement des
inii-emnités de guerre de 1871. S'il était possible
maintenant, pour là France, de recouvrer, par
les mémes procédés, un dizième de ce que
l'.lllemagne lui doit, elle serait absotument jus-
tifiée à les employer. Ce n'est pas parce que
nous la croyons erronée en elle-même que nous
n'avons pas approuvé la politique française,
c'est parce que nous sommes convaincus qu'elle
va Il l'encontre du but pour.suivi mais il ne
faudrait pas supposer que nous serions heureux
de voir notre conception corroborée par les évé-
nementa, Si, par une ehance extraordinaire, con-
traire aux prévisions des meilleurs juges en la
matière, en Europe, et en Amérique, l'occupa-
tion de la Ruhr réussissait procurer des ré-
peraUons véritables et sans entraîner autre cho-
se que la compensation de maux d'ordre éco-
nomise, personne ne s'en réjouirait plus que
nous.
T H É^S. F.
J'ai pris hier, dans la fin de l'après-midi
et dans un café de la rive gauche une tasse
de thé S. F.
Le thé était bon. Le concert sans fil était
aussi fort agréable et fort bien composé. Il y
avait une violoniste remarquable, quoique invi.
sible, et une cantatrice que l'on entendait ce
qui constituait déjà un phénomène anormal.
L'assistance, émue, amusée et attachée, ap-
plaudissait à tout rompre les artistes mysté-
rieux. Le fve o'clock tea S. F, faisait salle
comble.
Nous devenons vite blasés sur toutes choses.
Tout de même, tout de même, la téléphonie
sans fil est vraiment une invention énorme, pro-
digieuse. Et c'est une invention qui finira, cer-
tainement, par bouleverser les conditions de
notre vie.
Je lisais, l'autre jour, dans un grand journal
d'Amérique, les doléances des pasteurs des pe-
tites villes de là-bas. Ils prêchent maintenant
dans le désert et leurs temples, à l'heure du
sermon, sont vides. Les Américains seraient-
ils donc devenus soudain irréligieux? Sur le pays
des grandes vagues vagues de froid, vagues
de chaleur, vagues de hausse, vagues de baisse
une vague d'impiété aurait-elle donc passé ?
Non Non. Mais les fidèles des petites
villes d'Amérique dédaignent aujourd'hui les
humbles sermons de leurs pasteurs. La T. S. F.,
en effet, leur transmet chez eux les prêches
sensationnels des prédicateurs fameux.
Alors ils restent au coin de leur feu et font
leurs dévotions « at home dans de bons fau-
teuils. Ils peuvent même rester au lit, tandis
que le pasteur illustre parle par sans fil
à ses ouailles inconnues et dispersées.
La parole est maintenant livrée à domicile
comme le charbon et l'épicerie.
.Nous serons peut-être plus lents que les
Américains à nous familiariser avec la T. S. F.
Mais nous y viendrons tous, pourtant, fatale-
ment, comme nous sommes venus au chemin de
fer, à l'électricité, au téléphone. Et quand nos
habitudes de T. S. F. seront prises, la face de
notre petit monde sera bien changée.
Chaque jour plusieurs fois par jour
une voix invisible viendra bavarder avec nous
et a nous fera la parole », comme autre-
fois on faisait la lecture à nos grands-parents.
Nous suivrons à domicile les débats du Par-
lement, les grandes conférences et jusqu'aux
conférences internationales.
Parents, amis, d'un bout du monde à l'autre,
feront affectueusement la causette et pourront
presque se donner l'illusion de diner ensemble,
quand des milliers de kilomètres les sépareront.
Et quelle vie, en temps d'élection, quand tous
les candidats nous feront parvenir chez nous,
comme sous enveloppe. leurs discours les
plus enflammés, leurs promesses les plus miri-
fiques.
Çà c'est le danger de la T. S. F. J'y songe
LA; DOULOUREUSE
Le ministre des Financer vient d'aviser
le Parlement qu'il renonce à son projet
de boucler le déficit de 1923, qui était de
plus de trois milliards de francs, à l'aide
d'un nouvel emprunt c'est à l'impôt
qu'il va demander les trois milliards qui
lui manquent. Son intention, si les Cham-
bres l'acceptent, c'est-à-dire si la nation
l'accepte par la voix de ses représentants,
est d'augmenter tous les impôts directs ou
indirects d'un cinquième, en n'exceptant
de l'augmentation que l'impôt sur les
traitements et salaires.
Tous les contribuables, riches et pau-
vres, vont faire la grimace. On la ferait à
moins.
Seulement, il ne faudra pas que leur
mauvaise humeur se trompe d'adresse, et
qu'elle s'égare ni sur le malheureux mi-
nistre des Finances qui nous présente cette
« douloureuse », ni sur les malheureux
parlementaires qui vont être obligés de la
voter, même s'ils trouvent un autre moyen
d'extraire de la main des contribuables
les trois milliards indispensables.
Ces impôts supplémentaires, ni le mi-
nistre des Finances n'aurait à nous les de-
mander, ni le Parlement à les voter, si
nous n'avions pas dû payer, depuis 1918,
pour le compte de l'Allemagne, la baga-
telle de cent milliards de francs, de nos
francs-papier, à nos pensionnés de guerre
smisiïés du Nord. Ces cent mil-
liards, l'Etat ne les avait pas il a dû les
emprunter à tous les Français qui avaient
des économies rien que les intérêts de
ces emprunts dépassent, chaque année,
quatre milliards de francs, qu'il faut bien
trouver, comme il faut trouver les dix
milliards d'intérêts que coûtent les em-
prunts que nous avons dû faire au cours
de la guerre pour pouvoir résister à
l'agression. Nous paierions bien d'autres
impôts si l'opération de la Ruhr ne ren-
dait pas, et si nous nous trouvions dans
l'impossibilité de contraindre les Alle-
mands à nous payer ce qu'ils nous doi-
Tent
Quand il a grêlé sur ses champs, le
paysan de France ne perd pas son temps
à maudire le ciel il se remet au travail
dès qu'il le peut, pour réparer ses ruines.
Il a grêlé sur la France entière, pendant
quatre ans et demi, sans interruption. Il
ne s'agit pas de se lamenter, mais de ré-
parer les dégâts.
Consolons-nous en nous disant que c'eût
été bien pis, si nous avions été vaincus
Tous papas, fotates mamans
Londres, 13 janvier (dép. Radio.)
.Le, Daily Express publie une information
d'après laquelle les doctcurs Evans et Bis-
chop, de l'Université de Californie, esti-
ment, après des expériences jugées par eux
à peu près concluantes, pouvoir affirmer
qu'ils ont découvert une vitamine leur per-
mettant d'assurer des enfants aux ménages
jusqu'à présent les plus stériles.
Les deux médecins californiens se sont
livrés à des expériences sur des rats et ont
constat/' que la vitamine qu'ils avaient dé-
couverte avait manifesté ses effets en don-
vant aux rats des facultés de reproduction
extraordinaires.
On fonde là-dessus de grands espoirs.
Le prince George en route pour Beaalieu
Londres. 13 janvier (dép. Petit Parisien.)
Le prince George, le plus jeune flis du
roi d-Anglet.erre, est parti ce matin pour
Beaulieu, où il séjournera chez son grand-
oncle. le duc de Connaught.
La Conférence des Ambassadeurs
décide l'envoi
de navires de guerre à Même!
UN COLONEL FRANÇAIS PRENDRA
LE COMMANDEMENT DES TROUPES A TERRE
La conférence des ambassadeurs s'est
réunie hier matin. Le maréchal Foch et
le général Desticker assistaient à la
séance.
A l'issue de la réunion, le commmniqué
suivant a été rédigé
La conférence des ambassadeurs s'est
occupée ce matin de la question de Memel.
Une démarche nouvelle va être faite à
Kovno, pour obtenir que le gouvernement
lithuanien agisse sur les auteurs du mou-
vement prolithuanien, qui constitue unc
tentative de pression sur les puissances
aMiés et une atteinte à la souveraineté1
qu'elles possèdent actuellement sur le ter-
ritoire, d'après le traité de Yersailles.
La conférences a décidé l'envoi d'un colo-
nel français, pour prendre le commande-
ment des forces alliées à terre après l'ar-
rivée des navires de guerre français et an-
glais actuellement en route.
Les faits qui motivent cette interven-
tion des forces alliées sont d'autant plus
regrettables, qrte la conférence vient préei-
sément d'inviter le comité d'étude à dépo-
ser, dans le plus bref délai, son rapport sur
la question de Memel.
Dès hier soir, les gouvernements alliés
ont transmis à Kovno les représentations
annoncées par le communiqué ci-dessus.
ris invitent le gouvernement lithuanien à
agir sur les insurgés opérant devant Mçmel
Le gouvernement lithuanien. d'autre
part, déclare qu'il s'oppose aux infiltrations
des bandes à travers sa frontière. Il fait,
toutefois, observer que si les événements
prenaient un cours défavorable aux reven-
dications lithuaniennes, il se verrait pro-
bablément débordé et qu'il lui deviendrait
impossible de maintenir la fermeture de
sa frontière.
Deux torpilleurs français appareillent
pour Même!
Le ministre de la Marine a donné l'ordre i
aux deux torpilleurs Sénégalais et Algé- 1
rien, du port de Brest, de se rendre à (
Même!. Ils ont immédiatement appareillé
pour la Baltique. D'autres bâtiments légers
les suivront si la situation l'exige. t
Le colonel Trousson est désigné
colonel Trousson, qui çe trouve ac-
tuellement à Varsovie, a été désigné pour
partir pour hfemèl, à la suite de la décision
prise le matin par la conférence des am- 1
LA TRAVERSÉE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
Mn envoyé spécial raconte en détail
a dernière étape de la mission Haardt
ît sa triomphale arrivée à Tombouctou
UN _PALACE_ DANS LA REGION DE TOMBOUCTOU
Nous avons reçu hier, 13 janvier, la
dépêche suivante de notre envoyé spé-
cial L.-C. Royer, déposée le¡ 9 à Tom-
bouctou, et dans laquelle il raconte ce
que fut la dernière étape de l'immense
voyage accompli par la mission Haardt-'
Audouin-Dubreuil.
Tombouctou, 9 janvier.
Dix heures du matin, le, 7 janvier la
P.-I. « Régresse », de M. G.-M. Haardt.
mécanicien Maurice Billy la R-2.,
de M. Audouin Dubreui'L, méoanicien
Penaud la R.-3., pilotée par le Parigot
pur sang Prudhomme, et où ont pris place
M. Paul Casfelnau, géographe, et le lieute-
nant Estienne; enfin, deux voitures de ravi-
taiBememt, conduites par les mécaniciens
Fernand Billy et Rabaud, gravissent la
dernière dune avant Tombouctou.
La dernière dune. Depuis plus de trois
miiile kilomètres, tous ces hommes sauf
moi, passager de la dernière heure
attendent passionnément cette minute de-
puis vingt et un jours. Pour la voir arriver
plus tôt, ils lui ont sacrifié leur faim et
leur sommeil. Je ne connais de la dure vie
qu'ils ont menée;-que les quarante derniè-
res heures, NI. Haardt et ses compa-
gnons, par un scrupule que je comprends,
n'ont rien voulu me .ronfler de leurs aven-
tures avant d'avoir atteint le but, mais,
avant de 'les connaitre, je veux vous con-
ter ce que fut .la dernière étape et vous
jugerez.
Nous quittons Bourem vingt et une
heures, par ,nuit d'encre. La lune n'est pas
encore levée. Les phares fouillent 'la
brousse, où nous allons nous engager.
M. Haardt part le .premier. Le moteur ron-
fle la chenille démarre lentement, mais
avec une facilité qui rassure. Sur l'auto
blanchie, Flossie, la chienne écossaise,
dresse sa tête ébouriffée, La mitrailleuse
luit. La vitesse augmente. Ploseie dispa^
raît. La chenille s'enfonce dans la nuit.
-Nous suivons.
Je connais, pour l'avoir vu de mon cha-
land, l'a'ller, ce paysage désertique
dunes de saWe roux, plateaux de latérite
brunâtre, arbustes épineux, rabougris
herbes courtes et sèches, qui font, sous
nos roues, un froissement de soie.
Les premières heures de route sont déli-
cieuses. Il fait doux. L'auto glisse plutôt
qu'ettilo ne roule. Nous jouons aux monta-
gnes russes avec une miraculeuse douceur
et je ne regrette pas les fondrières des
boulevards. Minuit. La lune coule, entre
deux nuages blancs, une lumière jaune
bougie à bon marché. Le A'iger nous appa-
raît, de temps en temps, derrière les arbres
et mon chauffeur, qui a fait trois mille
kilomètres sans voir d'eau ailleurs que
dans son bidon, le salue chaque fois d'une
exclamation étonnée.
Deux heures du matin. Quatre heures.
Six heures. Le jour se lève. Un vent frais
nous gifie, avec du sabie. On fait le plein
d'essence. Pause de dix minutes, pendant
lesquelles nous partageons un poulet et
du pain plus dur que du biscuit de troupe,
du vin, bu à la régalade.
Huit heures. Nous laissons Bamba à
deux lieues à notre gauche et, sans nous
arrêter, nous poursuivons notre route.
Dix heures. Le soleil commence à taper.
Midi. La chaleur solaire s'augmente de
celle du moteur, que le vent brûlant me
rabat sur la figure. Deux heures. J'ai
un peu envie de dormir. Le lieutenant
Estienne vient remplacer, au volant, le
mécanicien. Celui-ci dort maintenant, assis
sur les cent soixante centimètres carrés
de son siège de cuir.
Quatre heures. Pause d'un quart
d'heure pour l'essence. Poulet, biscuits.
Je vais vers M. Haardt:
Où s'arrète-t-on ?
A Tombouctou.
Encore cent trente kilomètres à faire.
Bigre Six heures. Dire qu'il y a des gens
qui prennent l'apéritif sur les boulevards.
Muit heures. La nuit. Nous voici devant
un marigot. On oblique vers le nord et on
passe en écrasant quelques arbustes épi-
neux comme s'ils étaient de simples piétons.
Dix heures. Un invincible sommeil me
gagne. Je tombe le nez sur le volant.
Quelle heure est-il ? Minuit. Nous pour-
suivons notre course infernale. Estienne,
aviateur, manie l'auto'comme son « zinc »
et nous lance sur les petits dunes à tom-
beau ouvert sans se préoccuper de ce qu'il
y a derrière. Gela m'est, d'ailleurs, parfai-
tement égal. Je vis dans un demi-rêve.
Tiens, le moteur s'est arrêté. Que se
passe-t-il ? Il paraît que l'on fait halte.
Nous sommes aux portes de Tombouctou et
lés chefs de la mission rm veulent pas y
pénétrer la nuit, comme*des contreban-
diers, mais en plein jour, en vainqueurs.
Nous camperons donc ici.
Il est une heure du matin. Il y a vingt-
sept heures que nous marchons.
A la belle étoile
J'ai vu, sur des catalogues, des tentes
avec tout le confort moderne. Les jeunes
gens aventureux, qui. ont déjeuné avec
hors-d'oeuvres, entrées, rôti et desserts
variés et couchent dans un lit bordé par
les mains maternelles, feuillettent ces cata-
logues avec des mains frémissantes C'est
là que je voudrais vivre »
II y a des tentes sur toutes les chenilles,
mais la plupart d'entre nous, trop pressés
de dormir pour monter leur « bazar », ont,
tout bonnement, creusé le sable pour s'en
faire un lit. Je m'allonge sur de l'herbe,
mais j'attrape des milliers de ces minus-
cules chardons qu'on appelle ici des
« kramkram », qui vous entrent dans la
peau et s'y accrochent comme des
hameçons.
Je fais le tour du bivouac. Nos voitures
ont formé le carré. Nous couchons au
centre. Tout le monde dort, sauf M. Haardt,
infatigable, qui arrache, un à un, les
« kramkram » que Flossie a ramassés
dans la brousse.
A six heures, réveil. Toilette. Les chefs
de mission rédigent leur journal de routa.
Prudhomme casse des arbres pour faire le
thé et revient, anthousiasmé
Chic patelin pour les cuistots. Il y
pousse du bois mort I
Parbleu, chante Tu le reverras
Paname
Et le lieutenant Estienne fredonne un
air anglais, où j'imagine gue « Tipperary »
est remplacé par TomBouctou Mais
non, la ville de sable n'est plus loin, Noqs
allons y être. Nous y sommes. Un tour de
manivelle et on repart.
Au but
Nous n'avons pas fait un kilomètre que
cent cavaliers arrivent sur nous, au galop.
Est-ce ce fameux rezzou qu'on nous avait
signalé et-qui n'a pas voulu se frotter aux
mitrailleuses? C'est le colonel Mangeot, A
la tête de ses officiers et de deux cents
Touareg. Le colonel paraît ému. Il a aidé
la mission de toutes ses forces et voilà un
an qu'il attend avec confiance cet heureux
jour.
Présentations, félicitations. Nous repar-
tons, encadrés par cette cavalerie en-
thousiaste. A chaque dune, notre cortège
s'accroît. Les indigènes font la haie et,
sitôt passés, nous suivent au pas gymnas-
tique.
D'autres chefs touareg arrivent sur
leurs chameaux. Nous sommes cinq cents,
maintenant. Une demi-heure plus tard,
nous sommes cinq mille.
Spectacle fantastique. L'immense plaine
de sable grouille d'une foule bigarrée. Elle
s'ouvre respectueusement devant l'auto do
M. Haardt, mais s'accroche à la troisième
chenille, où trône Baba. Baba est un boy
de Tombouctou que M. Deceris, chef du
ravitaillement, avait emmené avec lui à
Tin-Zaouaten. C'est lui le triomphateur de
la journée/Il s'est installé sur la bâche de
la R.-3 et distribue des saluts, des sourires
et des poignées de mains. C'est sur lui que
les noirs en délire passent leur frénétique
besoin de toucher un des vainqueurs du
raid comme un miraculeux fétiche.
Mille négrillans tout nus ils ont
retiré leur « boubou » pour s'en faire un
oriflamme s'accrochent aux voitures et
les malheureuses chenilles peinent plus
qu'à travers le Sahara.
Le premier courrier transsaharien
A onze heures, nous sommes devant la
résidence du colonel Mangeot. Le premier
souci de NI. Haardt est de remettre au
receveur des poste, le; courrier transsaha-
rien. Il le fait en ces termes
a Une invention française, l'automobile
à chenilles Kégresse, vient de prouver
qu'il n'était plus d'obstacles à la locomo-
tion automobile. Un grand industriel fran-
çais, M. André Citroën, a voulu que la
preuve soit faite par l'essai de jonction
de deux grandes colonies françaises, l'Algé-
rie et l'Afrique occidentale.
En traversant ces 3.500 kilomètres
d'immensité désertique, nous avons eu la
joie et la fierté de réussir cette jonction
tant souhaitée. Modestes précurseurs de
cette 'grande liaison, nous espérons voir
revivre, maintenant, les anciennes voies des
'caravanes, les routes comimercia'es qui,
déjà, sous Charlemagne, reliaient l'Algé-
rie et le Djerid tunisien avec le Niger ».
Après avoir remercié tous ceux qui ont
apporté leur concours à cette oeuvre
patriotique, M. Haardt ajoute
« Le sous-secrétaire aEtat des Postes et
Télégraphes, désireux de consacrer offi-
cieWememt cette première traversée rapide
du Sahara en automobile, a voulu qu'elle
coïncide avec l'inauguration d'un service
postal par la voic que noua venons de
suivre.
'NI-on colonel, j'ai l'honneur de remettre
entre vos mains et entre celles de M. -le
receveur des postes, le premier courrier
postal. transsaharieh-automobile, gage pré-
cieux de la confiance des pouvoirs publics
en notre mission, qu'en quinze étapes nous
avons porté de Touggourt à Tombouctou.»
Applaudissements et vivats dans tous les
dialectes du Soudan. A coup sûr, les indi-
gènes n'ont rien compris de ce palabre.
mais ils savent que cc'ui qui vient de par-
ler a traversé le .Sahara en 'trois semaines,
et ça, ils savent, mieux que quiconque, ce
que c'est!
Maintenant Tombouctou est en liesse. Le
ftet blanc et bleu des boubous » coule
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