Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-10
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 janvier 1923 10 janvier 1923
Description : 1923/01/10 (Numéro 16752). 1923/01/10 (Numéro 16752).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION PARISIENNE
Temps couvert avec pluie§,
devenant nuageux ou très
nuageux avec éclaircies et
quelques ondées, Vent de
sud-ouest à ouest modéré
ou assez fort température
assez douce.
Nuit Jour an.
EN FRANCE
Sur la moitié Nord, temps
doux, couvert, humide et un
peu pluvieux. Sur la moitié
Sud, temps assez doux et
nuageux avec quelques
pluies locales vent modéré
d'onest.
SOLEIL: Iev.7h.«;couch.«h.l2
LUNE nouv. 17 pr. qu. 25
48-ANNÉE.-N» 16.752
MERCREDI
10
JANVIER 1923
Saint Paul, ermite
ABONNEMENTS 3 Mil 1 a
Seine et S.-O.
France et CoL 13. u
Etranger.
18, RUE D'ENGHIEN, PARIB
La C. D. R. a officiellement constaté
le nouveau manquement de F Allemagne
COMMENT VONT SE DÉROULER LES SANCTIONS PRÉVUES PAR LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS
Après le manquement volontaire de
l'Allemagne relatif aux livraisons de
bois, la commission des réparations a
constaté, hier, par 3 voix contre 1, un
autre manquement relatif aux livrai-
sons de coke et de charbon.
D'autre part, la commission des répa-
rations paraît devoir aborder, dès ven-
dredi prochain, la question du mbrato-
rium et des prises de gages que ce
moratorium pourra comporter.
En attendant que soit ainsi traité,
dans toute son ampleur, le problème
actuel des réparations, une question se
pose immédiatement quand et com-
ment agira le gouvernement français ?
La première démarche, qui sera pro-
bablement accomplie dans le courant
de la présente journée, consistera il.
faire connaître au gouvernement alle-
mand, ainsi qu'en fut averti dès hier
soir le- gouvernement britannique, les
mesures que la France se juge autori-
sée à prendre.
Ces mesures, dont les seules immé-
diates sont celles qui permettront Je
surveiller la livraison du charbon et du
bois, auraient pu toutes être prises sans
le moindre déplacement de troupes, si
tous les alliés s'y étaient associés. Le
gouvernement français soulignera que
c'est à son corps défendant qu'il ezt
obligé de prendre des précautions d'or-
dre militaire. Il exprimera, d'ailleurs,
l'espoir que les ordres donnés par le
gouvernement allemand aux autorités
des régions visées rendront inutile tout
recours à la force.
L'Allemagne étant ainsi prévenue en
temps utile, les mesures annoncées
seront appliquées dès le lendemain
matin.
C'est donc demain jeudi que seront
sans doute occupés, par les troupes
franco-belges, quelqnes points impor-
tants de la Ruhr. Ce n'est plus un mys-
tère pour personne que le principal
objet de ce mouvement est d'assurer la
surveillance de l'agglomération d'Essen.
Il va sans dire, néanmoins, qu'il n'est
pas question de répandre les troupes
alliées à travers ce dédale d'usines et
de mines. Si quelqu'un voulait dominer
Paris, il lui suffirait d'occuper solide-
ment le mont Valérien. Telle est, pré-
cisément, la méthode qui sera appliquée
dans la Ruhr, et.qui dispensera d'immo-
biliser à cet effet de gros effectifs.
Dans le même temps, les ingénieurs
français, belges et italiens se rendront
sur les points où se fait l'expédition du
charbon, non point pour prendre la
direction du travail, mais pour organi-
ser une surveillance.
En d'autres termes, les alliés se bor-
neront à pénétrer, sans bruit inutile
comme sans surprise, dans les charbon-
nages et à dire « Nous eommes-là
Mais les conséquences ultérieures de
cette occupation pourraient être plus
précises.
Il est probable, en «ffet, que des gages
plus importants seront jugés néces-
saires quand la commission des répa-
rations décidera, avant le 15, d'accorder
un moratorium à l'Allemagne. Geliez
que recommandera le gouvernement
français seront, sans doute, assez voi-
sines de celles qu'il avait définies à la
conférence de Paris saisie des douanes
en Rhénanie et dans la Ruhr, prélève-
ment d'un certain pourcentage de devi-
ses sur les exportations, saisie de l'im-
pôt sur le charbon. Mais aucun de ces
gages, si considérable soit-il, n'oblige-
rait éventuellement la France et la.
Belgique iL étendre le rayon de l'occu-
pation qui aura déjà été réalisée.
On saisit, dans ces conditions, l'éco-
nomie de l'opération que vont entre-
prendre certains des alliés. L'étape
d'une vingtaine de kilomètres que fran-
chiront, demain matin, les troupes
franco-belges, parties des ports du
Rhin. suffira à permettre de poser un
certain nombre d'écrous qu'il ne res-
tera plus ensuite qu'à serrer pour tenir
des gages. C'est maximum de résul-
tat, pour un minimum de déploiement
militaire.
Ce serait seulement au cas improba-
ble où l'Allemagne ferait une résis-
tance ouverte ou détournée qu'il pour-
rait devenir nécessaire de pénétrer plus
avant dans la Ruhr et de faire appel à
des contingents plus importants.
Philippe MILLET.
LA SORTIE DES EXPERTS AJLLEMAMDS. De çauebe à droite MM. Frohwela, Hnppel, Ittbien KiefcUr.
Bornlkowskj, Walmlic&rtth
COMMENT FUT PRISE
LA DÉCISION
Par trois voix contre une, cette der-
nière étant celle du délégué britannique,
la commission des réparations a constaté,
hier matin, qu'il y avait manquement
« volontaire » de l'Allemagne dans les li-
vraisons de charbon faites à la France en
1922.
Le communiqué officiel distribué à
l'issue de cette dernière séance dit en
effet
Yar 3 uola aotttre 1, le délégué britannique
votant contre, !a commission a déctdé qu'il y a
dans les livraisons de charbon faites à la France
en un manquement de l'Allemagne au
sens du paragraphe 17 de l'annexe Il partie 8
du traité de Vers(tilles.
Or, on sait que la commission des ré-
parations, usant du droit d'interprétation
que lui confère le i raité de Versailles,
avait, antérieurement à sa décison cons-«
tatant le trfîraqaempht au sujet' des li-
vraisons de bois, décidé à l'unanimité que
le mot manquement employé au paragra-
phe 17 de l'annexe II ava.it le même sens
que les mots « manquements volontai-
res » employés au paragraphe 18 de la
même annexe, dont les termes essentiels
sont rappelés plus haut.
La décision prise a été immédiatement
notifiée par les différents délégués à leurs
gouvernements respectifs, qui sont, les
uns et les autres, des à présent, en posses-
sion de ce droit nouveau de prendre « les
mesures qu'ils estiment nécessitées par
les circonstances ».
Ainsi, que nous l'avons déjà dit, la déci-
sion de la commission des réparations ne
pouvait faire de doute. lfalgré que la
question eût été, depuis longtemps, dé-
battue et, l'on peut dire jugée, tant en
séances de la commission que dans les
réunions d'experts, la commission des ré-
parations avait voulu permettre aux
représentants du Reich d'user jusqu'à
l'extrême limite de l'équitable faculté de
se faire entendre ».
Durant près de trois heures, lundi, elle
avait écouté l'argumentation des représen-
tants officiels du Reich. MM. Fischer et
Walmischratt. Durant toute une partie de
la nuit qui suivit, les experts charbonniers
alliés et allemands avaient procédé à la vé-
rification des chiffres qu'ils avaient fournis,
et. ces derniers avaient dû reconnaître sur
plusieurs points qu'ils s'étaient trompés et
que la non-exécution, qu'ils reconnaissaient
d'ailleurs, était plus considérable qu'ils ne
1 voulaient bien le dire.
Hier matin, enfin, à 9 h. 30; ce fut
.NI. Lubsen, représentant du « Reinisch-
Westphalische Kohlen-Syndikat », c'est-
à-dire des charbonniers de la Ruhr, ar-
rivé deux heures avant de Berlin, qui
vint expliquer pourquoi le Kohlen-Syn-
dikat » n'avait pas exécuté les ordres
que le gouvernement du Reich disait lui
avoir passés, ordres derrière lesquels, la
veille, MM. Walmischratt et F'sher
avaient paru vouloir s'abriter.
Il incrimina les besoins de l'industrie
allemande, les grèves, le mauvais temps,
hutes excuses d'ailleurs que MM. Wal-
mischratt et Fisher avaient déjà plai-
dérs,' sans grand espoir, d'ailleurs. Au
reste, il le comprit, car il fut bref.
La traduction de sa harangue donna lieu
à un léger incident
Ce que nous reprochons au gouver-
nement français. dit à un moment donné
l'interprète Michaeli, interprétant les pa-
roles de M. Lubsen.
Vous n'avez rien à reprocher. répli-
qua brusquement M. Barthou en se tour-
nant vers le représentant des charbonniers
de la Rhur.
M. Michaeli n'insista pas.
Après lui, M. Richter, jurisconsulte de
la Wilhelmstrasse, prit la parole et ex-
posa l'aspect juridique de la question. Il
rappela que, le 21 mars dernier, la com-
mission des réparations, dans sa lettre
au gouvernement allemand, prévoyait, en
cas d'insuffisance dans les livraisons en
nature en 1922, dCï paiements supplé-
mentaires en espèces. En notifiant aux
gouvernements sa décision au sujet du
manquement pour les livraisons de bois,
la commission avait rappelé la lettre du
21 mars. NI. Richter en concluait que ce
rappel avait la valeur d'une suggestion
aux gouvernements qui interdisait à ces
derniers l'emploi d'autres pénalités que
des paiements supplémentaires en espè-
ces et qu'il valait aussi pour les livrai-
sons en charbon.
Quand M. Richter eut fini de parler,
M. Fisher déclara que les représentants
allemands n'avaient rien à ajouter et
il se retira ainsi que ses collègues. Il
était 10 h. 35.
La commission se mit aussitôt à déli-
hérer. M, Barthou releva brièvement l'in-
suffisance du « plaidoyer » allemand et
demanda à ses collègues de constater le
manquement volontaire.
Il ajouta qu'en rappelant la note du
21 rrars, la commission n'avait entendu
faire aucune proposition et, qu'en tout
cas, le droit des gouvernements restait
entier.
Puis sir John Bradbury déclara qu'il
comprenait parfaitement l'attitude de la
délégatiod française et l'intérêt que la
llrance ravagée portait à toutes les ques-
tions des réparations. Il reconnaissait bien,
comme tous ses collègues, que les livraisons
de charbon prescrites n'avaient pas été
effectuées, Mais les conséquences qu'entraî-
nait la constatation du manquement volon-
taire l'empêchaient de voter la proposition
de son collègue français. F.n ce qui concer-
nait la Ihèse qu'avait soutenue M. Richter,
M, Fisher quittant l'hôtel Astoria
sir John Bradbury s'efforça à son tour de la
défendre.
La discussion se prolongea autour de
cette dernière question. L'observateur amé-
ricain, M. Boyden, qui d'ordinaire reste
muet, plaida les circonstances atténuante
en faveur de l'Allemagne.
Par contre, les délégués italiens et bel-
ges soutinrent avec chaleur le point de
vue français.
On vota. Au sujet du manquement, le
vote fut ce qu'on sait. Sur te point de -sa-
voir s'il y avait. lien de rappeler dans la
résolution adoptée la note du 21 mars, sir
John Bradbury se prononça par l'affirma-
tive, mais il le fit de façon si enveloppée
qu'il s'attira cette question de ta part de
M. Barthou
Est-ce une proposition dans ce sens
que vous faites ?
Le délégué britannique fut un peu inter-
loqué par ce coup droit et, se rendant
compte que s'il insistait il serait encore
mis en minorité, battit en retraite non
sans quelque embarras. Finalement, pour
qu'il ne puisse y avoir aucun doute cette
fois, on décida purement et simplement
de ne pvs rappeler cette note.
A midi trente enfin la commission se
sépara. Jacques de Coye.
L'OCCUPATION D'ESSEN
SERA UNE OPÉRATION
RAPIDEMENT MENÉE
Bien que le ministère de la Guerre con-
tinue à opposer le mutisme le plus com-
plet à toutes les questions qui sont posées
au sujet des opérations militaires que
vont nécessiter lés manquements de l'Alle-
magne, il est permis, dès maintenant,
d'émettre quelques prévisions sur la façon
dont les opérations seront conduites, et
même sur leurs objectifs. Ces prévisions
sont autorisées en raison, d'une part, de la
déclaration faite, avant-hièr, par le pré-
sident du Conseil, savoir que pas un
hommes tae sera rappeté et pas trn cheminnt
ne sera mobilisé, et en raison, d'autre part,
des informations publiées sur les déplace-
ments de troupes. On peut donc dire que,
seule, l'armée du Rhin effectuera cette
opération.
L'armée du Rhin, qui est aux ordres da
général Dégoutte, comprend, comme on le
sait, les 30', et corps d'armée, ayant
respectivement leurs sièges à Wiesbaden,
Veustadt et Bonn. Ces trois corps d'armée
s'étalent ordinairement de Dusseldorf jus-
qu'à l'Alsace. Les mouvements de troupes
qui se font depuis quelques jours, et dont
nous sommes directement informés, ont
pour objet de pratiquer un resserrement
autour du premier objectif Essen.
Le grand centre industriel et métallur-
gique allemand est directement visé. Il
tombera d'un seul coup dans nos mains à
l'heure qui a été fixée. La manœuvre doit
être menée extrêmement vite, et toutes
les dispositions ont été prises pour qu'il
en soit ainsi.
Des détachements de troupes qui quit-
tent leurs garnisons de l'Est, se dirigeant
vers la Ruhr, ont été également signalés
Il ne semble pas que ces troupes doivent
participer aux opérations dont la prépara-
,ion est déjà, commencée. Elles constitue-
ront plutôt des réserves dont disposera le
général Dégoutte si le plan initial devait
recevoir un développement plus grand ou
qui interviendraient si des obstacles impré-
vus se révélaient.
Selon toute vraisemblance, nous borne-
rons notre action à Essen. Bochum restera
sous la menace directe de nos troupes et
son occupation ne se ferait que plus tard
si on estimait insuffisant le gage Essen. li
en irait de même pour Dortmund.
Les ingénieurs français qui sont à Dus-
seldorf se rendront à Essen dès que les
troupes françaises auront occapé ce centre
Ils seront rejoints aussitôt par des ingé-
nieurs italiens et belges..
DES TELEGRAPHISTES
ET DES TELEPHONISTES SONT PARTIS
HIER SOIR
Des téléphonistes et télégraphistes sont
parüs hier soir par la gare de l'Est, pour
'Alsace, Ils. vont remplacer certains de leurs
collègues alsaciens désignés pour 1» Ruhr.
LES DEUX CHAMBRES
ONT CONSTITUÉ HIER
LEUR BUREAU POUR 1923
Les deux Chambres, après avoir entendu
les discours de leur doyen d'âge, dont
on lira les textes plus loin, ont procédé
à (le 'leur bureau.
Au Sénat, M. Léon Bourgeois a été réélu
président par 217 voix sur 227 votants.
Ont été élus
Vice-présidents: MM. Antony Ratier, 213 voix;
Bienvenu-Martin, 209; Alexandre Bérard, 200;
Jenouvrier, 180.
Sécréta irps MM. Laneien, 189 voix; Pelisse,
188 Fenoux, Paul Dupuy, Morand,
183; Milan, 182; Blaignan, 181; François Saint-
Muur,
Questeurs MM. Poirson, 197 voix; Vieu, 194;
Ranson, 193-
Une lettre de M. Léor. Bourgeois
Aussitôt l'élection du bureau définitif ter-
minée, M. Anlony Ratier, premier vice-pré-
sident, a pr is place au fauteuil et donné le(,
ture de la lettre suivante de M. Léon Bour-
geois à ses collègues.
.lfes bien chers collègues,
Je ne sais comment vous exprimer mes re-
merciements pour ta marque exceptionnelle de
confiance et de sympathie dont vous venez de
m'honorer. Vous savez que l'état de ma santé
ne me pxrmet pas de rempdir les devoirs de
ma charge et de présider- aux travaux de votre
assemblée. Cependant vous vous êtes refusés
à rompre dès aujourd'hui les liens que votre
\%pastmte bienyeille,i%ce s'est plu depuis trois
ans maintenir et renforcer. Il faut me ren-
dre pour l'instant votre affectueuse contrainte.
Mais je ne dois pas vous dissimuler et vous-
même le comprendrez que ce ne puisse être
pour un temps courte durée.
Je n'aurais certes jamais songé, à l'heure
où ttous sommes, à me dérober à votre appel
et pour des raisons de convenances personnel-
les, à repousser une responsabilité qu'il aurait
été de mon devoir d'assumer. Mais l'accident
d'automobile dont j'ai été victime a des consé-
quences pltts importantes que je ne l'avais
supposé et me met pour une assez longue
période dans d'impossibilité physique de rem-
plir pleinement la tâche qui incombe votre
président.
Or, nous sommes à la veille d'événements et
de résolutions graves, où le rôle de cette
.1ssemblée peut être particulièrement actif, et
j'ai trop le sentianent de ce que je vous dois
et de ce que commande l'intérêt de notre pays
pour ne pas vous demander de me permettre
d'abandonner la tâche que vous venez, encore
une fois, et si affectteusement, de me confier,
des que faurai la certitude que ie puis le faire
sans dommage pour les intérêts mêmes du
Bénat, que fat le devoir de servir jusqu'au
bout.
Il m'appartient donc aujourd'hui encore,
dans les circonstances que la France traverse,
d'exprimer votre sentiment et de proclamer que
le pays et ses élus ne peuvent qu'approuver
sans réserve l'attitude prise par le gouverne-
ment de la République pour maintenir le droit
de la France.
C'e droit est affirmé par un traité solennel,
ce traité est la loi des parties, il est du devoir
de la France de le servir et de le défendre.
Deux politiques sont -en présence. Des inté-
rêts matériels et immédiats que repréaevate une
coalition de finances internationales et celle
des idées qui fut de tous temps notre politique.
La première, profitant de la crise économique
qui sévit sur l'Europe entière, des difficultés
financières presque insurmontables dans les-
quelles se débattent un grande tsombre d'Etats
pèse sur l'opinion universelle, obscurcit les
les esprits, s'impose à plusieurs gouvernements,
trouble les consciences. Pourtant, sous la pres-
sion même de ces intérêts matériels, la France
en sa claire itttelligence, ?tans son sentiment si
puissant de justice se refuse à suivre une poli-
tique qui consacrerait en tait le triomphe de l'in-
justice et constituerait le pfus redoutable
effondrement de la cause morale pour laquelle,
au prix des plus sanglants sacrifices, elle a
combatfu et vaincu. Elle se refuse, pour l'ave-
nir à préparer de nouveaux conflits.
l France ne nie pas la valeur des intérêts
matériels, mais elle les subordonne à une force
qui doit, aux yeux de la conscience leur être
éternellement supérieure, celle du droit. Elle
les place sous le contrôle des vérités momies
q2ti ont été ses inspiratrices traditionnelles et
qui peuvent seules conduire l'humanité vera la
véritable paix.
A cet effort potar trouver la solution des
grandes questions qui nous pressent sur leur
véritable terrain politique et moral, je vous
adjure, mes chers collègues, de collaborer de
toutes vos forces. Il est des idées qui recèlent
en elles l'avenir en préparant leur triomphe
le Sénat, ttne jois de pltas, aura bien mérité de
ta patrie.
Croyez bien, mes chers collègues, à mes sen-
timents d'infinie gratitude et d'inaltérable dé-
voilement.
Léo» Bourgeois.
A la Chambre
A la Chambre, le bureau définitif est sorti
ainsi constitué de l'élection
Président M. Raoul Péret, par 378 voix.
Vire-présidents MM. Louis Marin, par 305
voix; André Lefèvre, 292; Landry, 280, et Fran-
çois ACago, 270.
Secrétaires MM. Manaut, 298 voix; Tappon-
nier, 292; About, 289; Miellet, 289: Frouin, 287 •
Jade, 286; Vallat, 285, Defos flu Rau, 271.
Questeurs MM. Saumande 327 voix Du-
claux-Monteil, 290 Lenail,
La Chambre a longuement applaudi son
bureau, puis elle a acclamé son doyen. Un
député, au moment où M. Andrieux quit-
tait te fauteuil, hzi a adressé le vœu
« A l'année prochaine Le doyen répon-
dit « Merci 1 »
Prochaine séance jeudi, pour l'installa-
tion du bureau définitif.
LE GOUVERNEMENT PROPOSE D'AUGMENTER
DE 20 0 0 LES IMPOTS DIRECTS
M. de Lasteyrie, ministre des Finances,
a annoncé à M. Dariac, président de la
commission des finances de la Chambre,
son intention de déposer très prochaine-
ment un projet de deux décimes addition-
nels, c'est-à-dire tendant à augmenter de
20 0/0 tous les impôts directs actuelle-
ment existants, il l'exception toutefoi,s de
l'impôt sur les traitements et salaires.
Cette décision aurait été prise au conseil
des ministres d'hier matin.
Les personaes citées à Cordre de la nation
porteront le ruban de la Reconnaissance f rançaise
Un décret autorise les personnes citées à
l'ordre de la nation par la voie du Journal
officiel, à porter le ruban de la médaille de
2" classe de la Reconnaissance française.
Une interpellation de M. Erlich
sur la présence de M. Cachin à Essen
M. Erlich, qui avait déposé vendredi une
demande d'interpellation sur certains pro-
pos de communistes, a annoncé hier, dane
les couloirs, qu'i'l. entendait faire allusion
dans son interpellation, à la présence de M.
Marcel Cachin dans la Ruhr et même, dès
jeudi, sans doute, dans le débat sur la fixa-
tion de la date de la discussion des iuter-
pellât ions.
LA TËIEBSEE OU Ex AUTOMOBILE
La mission Haardt-Audouin-Dubreuil a Tombouctou
3.220 KILOMÈTRES DE DÉSERT EN 22 JOURS
LES ÉTAPES DU VOYAGE
Taug-gxmi-l-uuarsla (iOO Kilom.), 17 clécmUbre. TK-Tin-Zaonteu tu. 2s-:)i (irermbr
1 1-n-S.Uaih--Tlt (S00 Jrll.l, •?« rtérp.m*rc Bonrem- Tombouctou /300 kl! iî-7 janvier.
Au totaL, les :s,i«! kilomètres qui séparent Touggourt de Tombouctou ont été franchis en 22 jours.
La nouveLLe de l'heureuse arrivée, à
Tombouctnu, de la mission Haardt-Au-
douin-Dubrexiil est parvenue, à Paris, dans
la nuit de lundi à mardi, par le moyen d'un
sans-fil de notre envoyé spéciat'Rayer, que
nous avons publié dans nos dernières édi-
tions. Et c'est le Petit Parisien qui a eu le
plaisir d'annoncer à M. Citroën le succès
de son audacieuse tentative.
Trnis mille deux cents kilomètres de trr-
rains, répétés jusqu'ici infranchissables
par des machines, ont été couverts en
vingt-deux jours des régions, redouta-
bles par les difficultés naturelles, qui se
dressent devant le voyageur, ont été aisé-
ment traversées sans qu'à aucun moment,
d'autre parut, la sécurité des membres de
la missiort ait été compromise. Ainsi est
démontrée l'utilité de l'effort pqcifcateur
accompli par la France dans ces étendues
qui étaient, jadis, le territoire de chasse
des hordes de pillards.
La joie des indigènes au passage des
« monstres » prouve que déjà le génie de,
notre pays a pénétré les peupla4es du
Sahara et dû, Niger. Avec le nouvel élé-
ment de pénétration que représentent les
chenilles, avec la possibilité d'établir; en-
tre l'Afrique du Nord et l'Afrique occi-
dentale, urte série de relais que fréquen-
teront le.s autns-chenilles et les avions,
c'est un champ immense qui à à no-
tre activité et à notre œuvre civilisatrice.
La force d'inertie sournoise que représen-
tait le Sahara doit céder désornaais à la
force intelligente qui l'a vatncue. Il von-
vieut de se féliciter que ce, succès soit dû.
à l'énergie française.
CHEZ M. CITROEN
Dès que l'heure nous permet de nous
présenter à M. Citroën car la nouvelle
est arrivée en pleine nuit nous nous j
hâtons vers le quai de Javel, vers la ruche,
active que dirige l'organisateur du grand
voyage.
On sent, en pénétrant dans les usines,
de l'allégresse, de la fierté, et le ôrand in-
dustriel éprouve si visiblement ces senti-
1 ments légilimes que je lui demande immé-
diatement quelles sont ses impressions,
après l'avoir félicité en toute sincérité.
Le bonheur de la victoire
Elles sont nombreuses, me dit-il,
mais ce qui les domine, c'est l'immense
satisfaction de voir nos efforts à tous ré-
compensés par un si beau succès. Ma pen-
sée va d'abord aux hommes vaillants qui,
à des milliers de lieues d'ici, représentent
notre pays, notre industrie, et qui viennent
de nous aider à montrer ce que peuvent
l'effort méthodique et la préparation scien-
tilique dans la vie industrielle. A leur re-
lour en France, MM. G.-M. Haardt et Au-
douin-Dubreuil, les chefs de la mission,
nous diront les détails de leur voyage
mais, ce que je puis déjà vous faire con-
naître, ce sont les préparatifs qui l'ont
précédé.
Depuis un an continue M. Citroën
nous avons établi le plan et étudié la réali-
sation du raid saharien. Ni les pronostics
fâcheux ni les critiques sceptiques ne nous
ont été épargnés mais nous avons auasi
rencontré des encouragements enthousias-
tes et trouvé des concours précieux, no-
tamment auprès des pouvoirs publics, de^
autorités militaires et coloniales, et je leur
en exprime toute ma gratitude.
Mais c'est ici que tous les détails du pro-
blème à résoudre ont été concentrés, méti-
culeusement examinés et résolus un à un
Tous mes collaborateurs y ont pris part
l'usine entière était galvanisée par ce but
commun, par i'cspoir d'un succès difficile,
et. grâce h l'émulation de tous, aux .efforts
tenaces, à l'étude scientifique de l'entre-
prise conçue, nous avons réussi.
Il serait trop lonp de vous dire com-
ment nous avons entraîné le personnel,
mis au point les voitures, préparé l'ou-
tillage et l'équipement. Nous avons en-
voyé suT place des missions préparatoi-
l'es de ravitaillement; bref, rien n'a été
laissé au hasard, et. d'ici, nous pouvions
jour par jour, et presque heure par heure,
nous représenter ce que faisaient, tech-
nquement, nos explorateurs.
Assurément, dis-je, les profanes sont
loin .de se douter de la minutie de tels
prépa'ratifs. Le problème saharien étpit
entièrement nouveau pour vous, sans
doute
Entièrement. eVsi exact. Pourtant,
il se présentait à moi comme un exercice
d'application d'une méthode scientifique
d'organisation industrielle dont j'ai fait
maintes fois l'épreuve et qui m'a toujours
réussi.
Donc, les cinq voilure. montées par la
mission Haardt-Audouin-Dubreuil sont
arrivées il Tomhouctou, à la date prévue.
sans incidents mais non sans périls, après
3.170 kilomètres de .parcours.
Voilà le fuit en peu de mots.
Pour moi, c'est la récompense d'avoir
usé l'entreprise et de ravoir préparée de
façon telle que toutes mes prévisions se
trouvent réalisées. Point n'est besoin
d'être un explorateur professionnel pour
comprendre qu'on ne va pas traverser le
Sahara comme on traverse la France. Le
problème à résoudre pour nos voitures
était, il la fois neuf et hérissé de diffi-
cultes.
Il fallait, en quelque sorte, faire l'in-
ventaire d<> tops les risques, de tous les
obstacles du désert.. et. pour chaque ques-
tion, trouver la solution pratique et
sûre qu'elle comportait. C'est à quoi je
me suis occupé pendant un an, prévoyant
tous tes i.lOl.uils de l'expédition, et sur-
veillant. la préparation .du matériel né-
cessaire à son accomplissement. 11 fallait,
longtemps h l'avance, entraîner pour leur
̃ gigantesque effort, les futurs membres
de la mission cela s'est fait méthodi-
quement l'entraînement sport.if, les
épreuves d'endurance physique ont mar-
ché de pair «v-?c l'enseignement des con-
naissances utiles pour le voyage et la vie
au il<:>ei'l. avec la préparation morale à
la ténacité, la discipline nécessaires
pour réussir le raid. Mais la fierté de
participer à cette œuvre audacieuse,
t'amour-propre éveillé à l'idée de faire
brille! les couleurs du pays et la réputa-
tion de la maison, tous ces sentiments
facilitaient la impréparation de l'équipe.
Aussi. l'événement d'aujourd'hui ne me
procure-t-il pas seulement une satisfac-
tion pour moi -"Mil; c'est pour tout mon
personnel que je la ressens. Depuis un
an, la traversée du était l'objectif
ooirunuSkde toute l'usine, le grand projet
auquel tous travaillaient, et qui mettait
facilement. onin» tous mes collaborateurs
et moi-nn'-nip. rc.O union étroit,' que
erée un mr-me espoir partagé et la repré-
sentation il' un mène luit. Tnus, du plus
élevé de mes ingénieurs an plus modeste
manœuvre, ont suivi la construction des
autos-chenilles, leurs essais, leur mise en
route; chacun. pour sa part, a fourni son
effort, et l'usine entière a été comme gal-
vanisée par le pruili.zioux miraçv dn dé-
sert, aujourd'hui transformé en réalité.
Pour le prestige de la France
Notre satisfaction est donc profonde.
Mais si elte s'exprime publiquement, c'est
qu'elle n'a rien d'égoïste le meilleur
d'elle-même vient de notre joie d'avoir
travaillé pour la France. Notre pay-s, qui
a gagné la première place dans les appli-
cations les plus difficiles de la science, qui
a montré la voie dans la navigation sous-
marine, qui bat les records dans l'aviation,
qui a créé la télégraphie sans fil, notre
pays aujourd'hui .peut s'enorgueillir d'une
conquête nouvelle sur la nature. Avec un
matériel inventé et construit en France,
une entreprise conçue et exécutée par' des
Français vient d'être réussie sur une terre
où elle consacre encore Sa domination
française
Il n'est pas exagéré de penser que notre
REGION PARISIENNE
Temps couvert avec pluie§,
devenant nuageux ou très
nuageux avec éclaircies et
quelques ondées, Vent de
sud-ouest à ouest modéré
ou assez fort température
assez douce.
Nuit Jour an.
EN FRANCE
Sur la moitié Nord, temps
doux, couvert, humide et un
peu pluvieux. Sur la moitié
Sud, temps assez doux et
nuageux avec quelques
pluies locales vent modéré
d'onest.
SOLEIL: Iev.7h.«;couch.«h.l2
LUNE nouv. 17 pr. qu. 25
48-ANNÉE.-N» 16.752
MERCREDI
10
JANVIER 1923
Saint Paul, ermite
ABONNEMENTS 3 Mil 1 a
Seine et S.-O.
France et CoL 13. u
Etranger.
18, RUE D'ENGHIEN, PARIB
La C. D. R. a officiellement constaté
le nouveau manquement de F Allemagne
COMMENT VONT SE DÉROULER LES SANCTIONS PRÉVUES PAR LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS
Après le manquement volontaire de
l'Allemagne relatif aux livraisons de
bois, la commission des réparations a
constaté, hier, par 3 voix contre 1, un
autre manquement relatif aux livrai-
sons de coke et de charbon.
D'autre part, la commission des répa-
rations paraît devoir aborder, dès ven-
dredi prochain, la question du mbrato-
rium et des prises de gages que ce
moratorium pourra comporter.
En attendant que soit ainsi traité,
dans toute son ampleur, le problème
actuel des réparations, une question se
pose immédiatement quand et com-
ment agira le gouvernement français ?
La première démarche, qui sera pro-
bablement accomplie dans le courant
de la présente journée, consistera il.
faire connaître au gouvernement alle-
mand, ainsi qu'en fut averti dès hier
soir le- gouvernement britannique, les
mesures que la France se juge autori-
sée à prendre.
Ces mesures, dont les seules immé-
diates sont celles qui permettront Je
surveiller la livraison du charbon et du
bois, auraient pu toutes être prises sans
le moindre déplacement de troupes, si
tous les alliés s'y étaient associés. Le
gouvernement français soulignera que
c'est à son corps défendant qu'il ezt
obligé de prendre des précautions d'or-
dre militaire. Il exprimera, d'ailleurs,
l'espoir que les ordres donnés par le
gouvernement allemand aux autorités
des régions visées rendront inutile tout
recours à la force.
L'Allemagne étant ainsi prévenue en
temps utile, les mesures annoncées
seront appliquées dès le lendemain
matin.
C'est donc demain jeudi que seront
sans doute occupés, par les troupes
franco-belges, quelqnes points impor-
tants de la Ruhr. Ce n'est plus un mys-
tère pour personne que le principal
objet de ce mouvement est d'assurer la
surveillance de l'agglomération d'Essen.
Il va sans dire, néanmoins, qu'il n'est
pas question de répandre les troupes
alliées à travers ce dédale d'usines et
de mines. Si quelqu'un voulait dominer
Paris, il lui suffirait d'occuper solide-
ment le mont Valérien. Telle est, pré-
cisément, la méthode qui sera appliquée
dans la Ruhr, et.qui dispensera d'immo-
biliser à cet effet de gros effectifs.
Dans le même temps, les ingénieurs
français, belges et italiens se rendront
sur les points où se fait l'expédition du
charbon, non point pour prendre la
direction du travail, mais pour organi-
ser une surveillance.
En d'autres termes, les alliés se bor-
neront à pénétrer, sans bruit inutile
comme sans surprise, dans les charbon-
nages et à dire « Nous eommes-là
Mais les conséquences ultérieures de
cette occupation pourraient être plus
précises.
Il est probable, en «ffet, que des gages
plus importants seront jugés néces-
saires quand la commission des répa-
rations décidera, avant le 15, d'accorder
un moratorium à l'Allemagne. Geliez
que recommandera le gouvernement
français seront, sans doute, assez voi-
sines de celles qu'il avait définies à la
conférence de Paris saisie des douanes
en Rhénanie et dans la Ruhr, prélève-
ment d'un certain pourcentage de devi-
ses sur les exportations, saisie de l'im-
pôt sur le charbon. Mais aucun de ces
gages, si considérable soit-il, n'oblige-
rait éventuellement la France et la.
Belgique iL étendre le rayon de l'occu-
pation qui aura déjà été réalisée.
On saisit, dans ces conditions, l'éco-
nomie de l'opération que vont entre-
prendre certains des alliés. L'étape
d'une vingtaine de kilomètres que fran-
chiront, demain matin, les troupes
franco-belges, parties des ports du
Rhin. suffira à permettre de poser un
certain nombre d'écrous qu'il ne res-
tera plus ensuite qu'à serrer pour tenir
des gages. C'est maximum de résul-
tat, pour un minimum de déploiement
militaire.
Ce serait seulement au cas improba-
ble où l'Allemagne ferait une résis-
tance ouverte ou détournée qu'il pour-
rait devenir nécessaire de pénétrer plus
avant dans la Ruhr et de faire appel à
des contingents plus importants.
Philippe MILLET.
LA SORTIE DES EXPERTS AJLLEMAMDS. De çauebe à droite MM. Frohwela, Hnppel, Ittbien KiefcUr.
Bornlkowskj, Walmlic&rtth
COMMENT FUT PRISE
LA DÉCISION
Par trois voix contre une, cette der-
nière étant celle du délégué britannique,
la commission des réparations a constaté,
hier matin, qu'il y avait manquement
« volontaire » de l'Allemagne dans les li-
vraisons de charbon faites à la France en
1922.
Le communiqué officiel distribué à
l'issue de cette dernière séance dit en
effet
Yar 3 uola aotttre 1, le délégué britannique
votant contre, !a commission a déctdé qu'il y a
dans les livraisons de charbon faites à la France
en un manquement de l'Allemagne au
sens du paragraphe 17 de l'annexe Il partie 8
du traité de Vers(tilles.
Or, on sait que la commission des ré-
parations, usant du droit d'interprétation
que lui confère le i raité de Versailles,
avait, antérieurement à sa décison cons-«
tatant le trfîraqaempht au sujet' des li-
vraisons de bois, décidé à l'unanimité que
le mot manquement employé au paragra-
phe 17 de l'annexe II ava.it le même sens
que les mots « manquements volontai-
res » employés au paragraphe 18 de la
même annexe, dont les termes essentiels
sont rappelés plus haut.
La décision prise a été immédiatement
notifiée par les différents délégués à leurs
gouvernements respectifs, qui sont, les
uns et les autres, des à présent, en posses-
sion de ce droit nouveau de prendre « les
mesures qu'ils estiment nécessitées par
les circonstances ».
Ainsi, que nous l'avons déjà dit, la déci-
sion de la commission des réparations ne
pouvait faire de doute. lfalgré que la
question eût été, depuis longtemps, dé-
battue et, l'on peut dire jugée, tant en
séances de la commission que dans les
réunions d'experts, la commission des ré-
parations avait voulu permettre aux
représentants du Reich d'user jusqu'à
l'extrême limite de l'équitable faculté de
se faire entendre ».
Durant près de trois heures, lundi, elle
avait écouté l'argumentation des représen-
tants officiels du Reich. MM. Fischer et
Walmischratt. Durant toute une partie de
la nuit qui suivit, les experts charbonniers
alliés et allemands avaient procédé à la vé-
rification des chiffres qu'ils avaient fournis,
et. ces derniers avaient dû reconnaître sur
plusieurs points qu'ils s'étaient trompés et
que la non-exécution, qu'ils reconnaissaient
d'ailleurs, était plus considérable qu'ils ne
1 voulaient bien le dire.
Hier matin, enfin, à 9 h. 30; ce fut
.NI. Lubsen, représentant du « Reinisch-
Westphalische Kohlen-Syndikat », c'est-
à-dire des charbonniers de la Ruhr, ar-
rivé deux heures avant de Berlin, qui
vint expliquer pourquoi le Kohlen-Syn-
dikat » n'avait pas exécuté les ordres
que le gouvernement du Reich disait lui
avoir passés, ordres derrière lesquels, la
veille, MM. Walmischratt et F'sher
avaient paru vouloir s'abriter.
Il incrimina les besoins de l'industrie
allemande, les grèves, le mauvais temps,
hutes excuses d'ailleurs que MM. Wal-
mischratt et Fisher avaient déjà plai-
dérs,' sans grand espoir, d'ailleurs. Au
reste, il le comprit, car il fut bref.
La traduction de sa harangue donna lieu
à un léger incident
Ce que nous reprochons au gouver-
nement français. dit à un moment donné
l'interprète Michaeli, interprétant les pa-
roles de M. Lubsen.
Vous n'avez rien à reprocher. répli-
qua brusquement M. Barthou en se tour-
nant vers le représentant des charbonniers
de la Rhur.
M. Michaeli n'insista pas.
Après lui, M. Richter, jurisconsulte de
la Wilhelmstrasse, prit la parole et ex-
posa l'aspect juridique de la question. Il
rappela que, le 21 mars dernier, la com-
mission des réparations, dans sa lettre
au gouvernement allemand, prévoyait, en
cas d'insuffisance dans les livraisons en
nature en 1922, dCï paiements supplé-
mentaires en espèces. En notifiant aux
gouvernements sa décision au sujet du
manquement pour les livraisons de bois,
la commission avait rappelé la lettre du
21 mars. NI. Richter en concluait que ce
rappel avait la valeur d'une suggestion
aux gouvernements qui interdisait à ces
derniers l'emploi d'autres pénalités que
des paiements supplémentaires en espè-
ces et qu'il valait aussi pour les livrai-
sons en charbon.
Quand M. Richter eut fini de parler,
M. Fisher déclara que les représentants
allemands n'avaient rien à ajouter et
il se retira ainsi que ses collègues. Il
était 10 h. 35.
La commission se mit aussitôt à déli-
hérer. M, Barthou releva brièvement l'in-
suffisance du « plaidoyer » allemand et
demanda à ses collègues de constater le
manquement volontaire.
Il ajouta qu'en rappelant la note du
21 rrars, la commission n'avait entendu
faire aucune proposition et, qu'en tout
cas, le droit des gouvernements restait
entier.
Puis sir John Bradbury déclara qu'il
comprenait parfaitement l'attitude de la
délégatiod française et l'intérêt que la
llrance ravagée portait à toutes les ques-
tions des réparations. Il reconnaissait bien,
comme tous ses collègues, que les livraisons
de charbon prescrites n'avaient pas été
effectuées, Mais les conséquences qu'entraî-
nait la constatation du manquement volon-
taire l'empêchaient de voter la proposition
de son collègue français. F.n ce qui concer-
nait la Ihèse qu'avait soutenue M. Richter,
M, Fisher quittant l'hôtel Astoria
sir John Bradbury s'efforça à son tour de la
défendre.
La discussion se prolongea autour de
cette dernière question. L'observateur amé-
ricain, M. Boyden, qui d'ordinaire reste
muet, plaida les circonstances atténuante
en faveur de l'Allemagne.
Par contre, les délégués italiens et bel-
ges soutinrent avec chaleur le point de
vue français.
On vota. Au sujet du manquement, le
vote fut ce qu'on sait. Sur te point de -sa-
voir s'il y avait. lien de rappeler dans la
résolution adoptée la note du 21 mars, sir
John Bradbury se prononça par l'affirma-
tive, mais il le fit de façon si enveloppée
qu'il s'attira cette question de ta part de
M. Barthou
Est-ce une proposition dans ce sens
que vous faites ?
Le délégué britannique fut un peu inter-
loqué par ce coup droit et, se rendant
compte que s'il insistait il serait encore
mis en minorité, battit en retraite non
sans quelque embarras. Finalement, pour
qu'il ne puisse y avoir aucun doute cette
fois, on décida purement et simplement
de ne pvs rappeler cette note.
A midi trente enfin la commission se
sépara. Jacques de Coye.
L'OCCUPATION D'ESSEN
SERA UNE OPÉRATION
RAPIDEMENT MENÉE
Bien que le ministère de la Guerre con-
tinue à opposer le mutisme le plus com-
plet à toutes les questions qui sont posées
au sujet des opérations militaires que
vont nécessiter lés manquements de l'Alle-
magne, il est permis, dès maintenant,
d'émettre quelques prévisions sur la façon
dont les opérations seront conduites, et
même sur leurs objectifs. Ces prévisions
sont autorisées en raison, d'une part, de la
déclaration faite, avant-hièr, par le pré-
sident du Conseil, savoir que pas un
hommes tae sera rappeté et pas trn cheminnt
ne sera mobilisé, et en raison, d'autre part,
des informations publiées sur les déplace-
ments de troupes. On peut donc dire que,
seule, l'armée du Rhin effectuera cette
opération.
L'armée du Rhin, qui est aux ordres da
général Dégoutte, comprend, comme on le
sait, les 30', et corps d'armée, ayant
respectivement leurs sièges à Wiesbaden,
Veustadt et Bonn. Ces trois corps d'armée
s'étalent ordinairement de Dusseldorf jus-
qu'à l'Alsace. Les mouvements de troupes
qui se font depuis quelques jours, et dont
nous sommes directement informés, ont
pour objet de pratiquer un resserrement
autour du premier objectif Essen.
Le grand centre industriel et métallur-
gique allemand est directement visé. Il
tombera d'un seul coup dans nos mains à
l'heure qui a été fixée. La manœuvre doit
être menée extrêmement vite, et toutes
les dispositions ont été prises pour qu'il
en soit ainsi.
Des détachements de troupes qui quit-
tent leurs garnisons de l'Est, se dirigeant
vers la Ruhr, ont été également signalés
Il ne semble pas que ces troupes doivent
participer aux opérations dont la prépara-
,ion est déjà, commencée. Elles constitue-
ront plutôt des réserves dont disposera le
général Dégoutte si le plan initial devait
recevoir un développement plus grand ou
qui interviendraient si des obstacles impré-
vus se révélaient.
Selon toute vraisemblance, nous borne-
rons notre action à Essen. Bochum restera
sous la menace directe de nos troupes et
son occupation ne se ferait que plus tard
si on estimait insuffisant le gage Essen. li
en irait de même pour Dortmund.
Les ingénieurs français qui sont à Dus-
seldorf se rendront à Essen dès que les
troupes françaises auront occapé ce centre
Ils seront rejoints aussitôt par des ingé-
nieurs italiens et belges..
DES TELEGRAPHISTES
ET DES TELEPHONISTES SONT PARTIS
HIER SOIR
Des téléphonistes et télégraphistes sont
parüs hier soir par la gare de l'Est, pour
'Alsace, Ils. vont remplacer certains de leurs
collègues alsaciens désignés pour 1» Ruhr.
LES DEUX CHAMBRES
ONT CONSTITUÉ HIER
LEUR BUREAU POUR 1923
Les deux Chambres, après avoir entendu
les discours de leur doyen d'âge, dont
on lira les textes plus loin, ont procédé
à (le 'leur bureau.
Au Sénat, M. Léon Bourgeois a été réélu
président par 217 voix sur 227 votants.
Ont été élus
Vice-présidents: MM. Antony Ratier, 213 voix;
Bienvenu-Martin, 209; Alexandre Bérard, 200;
Jenouvrier, 180.
Sécréta irps MM. Laneien, 189 voix; Pelisse,
188 Fenoux, Paul Dupuy, Morand,
183; Milan, 182; Blaignan, 181; François Saint-
Muur,
Questeurs MM. Poirson, 197 voix; Vieu, 194;
Ranson, 193-
Une lettre de M. Léor. Bourgeois
Aussitôt l'élection du bureau définitif ter-
minée, M. Anlony Ratier, premier vice-pré-
sident, a pr is place au fauteuil et donné le(,
ture de la lettre suivante de M. Léon Bour-
geois à ses collègues.
.lfes bien chers collègues,
Je ne sais comment vous exprimer mes re-
merciements pour ta marque exceptionnelle de
confiance et de sympathie dont vous venez de
m'honorer. Vous savez que l'état de ma santé
ne me pxrmet pas de rempdir les devoirs de
ma charge et de présider- aux travaux de votre
assemblée. Cependant vous vous êtes refusés
à rompre dès aujourd'hui les liens que votre
\%pastmte bienyeille,i%ce s'est plu depuis trois
ans maintenir et renforcer. Il faut me ren-
dre pour l'instant votre affectueuse contrainte.
Mais je ne dois pas vous dissimuler et vous-
même le comprendrez que ce ne puisse être
pour un temps courte durée.
Je n'aurais certes jamais songé, à l'heure
où ttous sommes, à me dérober à votre appel
et pour des raisons de convenances personnel-
les, à repousser une responsabilité qu'il aurait
été de mon devoir d'assumer. Mais l'accident
d'automobile dont j'ai été victime a des consé-
quences pltts importantes que je ne l'avais
supposé et me met pour une assez longue
période dans d'impossibilité physique de rem-
plir pleinement la tâche qui incombe votre
président.
Or, nous sommes à la veille d'événements et
de résolutions graves, où le rôle de cette
.1ssemblée peut être particulièrement actif, et
j'ai trop le sentianent de ce que je vous dois
et de ce que commande l'intérêt de notre pays
pour ne pas vous demander de me permettre
d'abandonner la tâche que vous venez, encore
une fois, et si affectteusement, de me confier,
des que faurai la certitude que ie puis le faire
sans dommage pour les intérêts mêmes du
Bénat, que fat le devoir de servir jusqu'au
bout.
Il m'appartient donc aujourd'hui encore,
dans les circonstances que la France traverse,
d'exprimer votre sentiment et de proclamer que
le pays et ses élus ne peuvent qu'approuver
sans réserve l'attitude prise par le gouverne-
ment de la République pour maintenir le droit
de la France.
C'e droit est affirmé par un traité solennel,
ce traité est la loi des parties, il est du devoir
de la France de le servir et de le défendre.
Deux politiques sont -en présence. Des inté-
rêts matériels et immédiats que repréaevate une
coalition de finances internationales et celle
des idées qui fut de tous temps notre politique.
La première, profitant de la crise économique
qui sévit sur l'Europe entière, des difficultés
financières presque insurmontables dans les-
quelles se débattent un grande tsombre d'Etats
pèse sur l'opinion universelle, obscurcit les
les esprits, s'impose à plusieurs gouvernements,
trouble les consciences. Pourtant, sous la pres-
sion même de ces intérêts matériels, la France
en sa claire itttelligence, ?tans son sentiment si
puissant de justice se refuse à suivre une poli-
tique qui consacrerait en tait le triomphe de l'in-
justice et constituerait le pfus redoutable
effondrement de la cause morale pour laquelle,
au prix des plus sanglants sacrifices, elle a
combatfu et vaincu. Elle se refuse, pour l'ave-
nir à préparer de nouveaux conflits.
l France ne nie pas la valeur des intérêts
matériels, mais elle les subordonne à une force
qui doit, aux yeux de la conscience leur être
éternellement supérieure, celle du droit. Elle
les place sous le contrôle des vérités momies
q2ti ont été ses inspiratrices traditionnelles et
qui peuvent seules conduire l'humanité vera la
véritable paix.
A cet effort potar trouver la solution des
grandes questions qui nous pressent sur leur
véritable terrain politique et moral, je vous
adjure, mes chers collègues, de collaborer de
toutes vos forces. Il est des idées qui recèlent
en elles l'avenir en préparant leur triomphe
le Sénat, ttne jois de pltas, aura bien mérité de
ta patrie.
Croyez bien, mes chers collègues, à mes sen-
timents d'infinie gratitude et d'inaltérable dé-
voilement.
Léo» Bourgeois.
A la Chambre
A la Chambre, le bureau définitif est sorti
ainsi constitué de l'élection
Président M. Raoul Péret, par 378 voix.
Vire-présidents MM. Louis Marin, par 305
voix; André Lefèvre, 292; Landry, 280, et Fran-
çois ACago, 270.
Secrétaires MM. Manaut, 298 voix; Tappon-
nier, 292; About, 289; Miellet, 289: Frouin, 287 •
Jade, 286; Vallat, 285, Defos flu Rau, 271.
Questeurs MM. Saumande 327 voix Du-
claux-Monteil, 290 Lenail,
La Chambre a longuement applaudi son
bureau, puis elle a acclamé son doyen. Un
député, au moment où M. Andrieux quit-
tait te fauteuil, hzi a adressé le vœu
« A l'année prochaine Le doyen répon-
dit « Merci 1 »
Prochaine séance jeudi, pour l'installa-
tion du bureau définitif.
LE GOUVERNEMENT PROPOSE D'AUGMENTER
DE 20 0 0 LES IMPOTS DIRECTS
M. de Lasteyrie, ministre des Finances,
a annoncé à M. Dariac, président de la
commission des finances de la Chambre,
son intention de déposer très prochaine-
ment un projet de deux décimes addition-
nels, c'est-à-dire tendant à augmenter de
20 0/0 tous les impôts directs actuelle-
ment existants, il l'exception toutefoi,s de
l'impôt sur les traitements et salaires.
Cette décision aurait été prise au conseil
des ministres d'hier matin.
Les personaes citées à Cordre de la nation
porteront le ruban de la Reconnaissance f rançaise
Un décret autorise les personnes citées à
l'ordre de la nation par la voie du Journal
officiel, à porter le ruban de la médaille de
2" classe de la Reconnaissance française.
Une interpellation de M. Erlich
sur la présence de M. Cachin à Essen
M. Erlich, qui avait déposé vendredi une
demande d'interpellation sur certains pro-
pos de communistes, a annoncé hier, dane
les couloirs, qu'i'l. entendait faire allusion
dans son interpellation, à la présence de M.
Marcel Cachin dans la Ruhr et même, dès
jeudi, sans doute, dans le débat sur la fixa-
tion de la date de la discussion des iuter-
pellât ions.
LA TËIEBSEE OU Ex AUTOMOBILE
La mission Haardt-Audouin-Dubreuil a Tombouctou
3.220 KILOMÈTRES DE DÉSERT EN 22 JOURS
LES ÉTAPES DU VOYAGE
Taug-gxmi-l-uuarsla (iOO Kilom.), 17 clécmUbre. TK-Tin-Zaonteu tu. 2s-:)i (irermbr
1 1-n-S.Uaih--Tlt (S00 Jrll.l, •?« rtérp.m*rc Bonrem- Tombouctou /300 kl! iî-7 janvier.
Au totaL, les :s,i«! kilomètres qui séparent Touggourt de Tombouctou ont été franchis en 22 jours.
La nouveLLe de l'heureuse arrivée, à
Tombouctnu, de la mission Haardt-Au-
douin-Dubrexiil est parvenue, à Paris, dans
la nuit de lundi à mardi, par le moyen d'un
sans-fil de notre envoyé spéciat'Rayer, que
nous avons publié dans nos dernières édi-
tions. Et c'est le Petit Parisien qui a eu le
plaisir d'annoncer à M. Citroën le succès
de son audacieuse tentative.
Trnis mille deux cents kilomètres de trr-
rains, répétés jusqu'ici infranchissables
par des machines, ont été couverts en
vingt-deux jours des régions, redouta-
bles par les difficultés naturelles, qui se
dressent devant le voyageur, ont été aisé-
ment traversées sans qu'à aucun moment,
d'autre parut, la sécurité des membres de
la missiort ait été compromise. Ainsi est
démontrée l'utilité de l'effort pqcifcateur
accompli par la France dans ces étendues
qui étaient, jadis, le territoire de chasse
des hordes de pillards.
La joie des indigènes au passage des
« monstres » prouve que déjà le génie de,
notre pays a pénétré les peupla4es du
Sahara et dû, Niger. Avec le nouvel élé-
ment de pénétration que représentent les
chenilles, avec la possibilité d'établir; en-
tre l'Afrique du Nord et l'Afrique occi-
dentale, urte série de relais que fréquen-
teront le.s autns-chenilles et les avions,
c'est un champ immense qui à à no-
tre activité et à notre œuvre civilisatrice.
La force d'inertie sournoise que représen-
tait le Sahara doit céder désornaais à la
force intelligente qui l'a vatncue. Il von-
vieut de se féliciter que ce, succès soit dû.
à l'énergie française.
CHEZ M. CITROEN
Dès que l'heure nous permet de nous
présenter à M. Citroën car la nouvelle
est arrivée en pleine nuit nous nous j
hâtons vers le quai de Javel, vers la ruche,
active que dirige l'organisateur du grand
voyage.
On sent, en pénétrant dans les usines,
de l'allégresse, de la fierté, et le ôrand in-
dustriel éprouve si visiblement ces senti-
1 ments légilimes que je lui demande immé-
diatement quelles sont ses impressions,
après l'avoir félicité en toute sincérité.
Le bonheur de la victoire
Elles sont nombreuses, me dit-il,
mais ce qui les domine, c'est l'immense
satisfaction de voir nos efforts à tous ré-
compensés par un si beau succès. Ma pen-
sée va d'abord aux hommes vaillants qui,
à des milliers de lieues d'ici, représentent
notre pays, notre industrie, et qui viennent
de nous aider à montrer ce que peuvent
l'effort méthodique et la préparation scien-
tilique dans la vie industrielle. A leur re-
lour en France, MM. G.-M. Haardt et Au-
douin-Dubreuil, les chefs de la mission,
nous diront les détails de leur voyage
mais, ce que je puis déjà vous faire con-
naître, ce sont les préparatifs qui l'ont
précédé.
Depuis un an continue M. Citroën
nous avons établi le plan et étudié la réali-
sation du raid saharien. Ni les pronostics
fâcheux ni les critiques sceptiques ne nous
ont été épargnés mais nous avons auasi
rencontré des encouragements enthousias-
tes et trouvé des concours précieux, no-
tamment auprès des pouvoirs publics, de^
autorités militaires et coloniales, et je leur
en exprime toute ma gratitude.
Mais c'est ici que tous les détails du pro-
blème à résoudre ont été concentrés, méti-
culeusement examinés et résolus un à un
Tous mes collaborateurs y ont pris part
l'usine entière était galvanisée par ce but
commun, par i'cspoir d'un succès difficile,
et. grâce h l'émulation de tous, aux .efforts
tenaces, à l'étude scientifique de l'entre-
prise conçue, nous avons réussi.
Il serait trop lonp de vous dire com-
ment nous avons entraîné le personnel,
mis au point les voitures, préparé l'ou-
tillage et l'équipement. Nous avons en-
voyé suT place des missions préparatoi-
l'es de ravitaillement; bref, rien n'a été
laissé au hasard, et. d'ici, nous pouvions
jour par jour, et presque heure par heure,
nous représenter ce que faisaient, tech-
nquement, nos explorateurs.
Assurément, dis-je, les profanes sont
loin .de se douter de la minutie de tels
prépa'ratifs. Le problème saharien étpit
entièrement nouveau pour vous, sans
doute
Entièrement. eVsi exact. Pourtant,
il se présentait à moi comme un exercice
d'application d'une méthode scientifique
d'organisation industrielle dont j'ai fait
maintes fois l'épreuve et qui m'a toujours
réussi.
Donc, les cinq voilure. montées par la
mission Haardt-Audouin-Dubreuil sont
arrivées il Tomhouctou, à la date prévue.
sans incidents mais non sans périls, après
3.170 kilomètres de .parcours.
Voilà le fuit en peu de mots.
Pour moi, c'est la récompense d'avoir
usé l'entreprise et de ravoir préparée de
façon telle que toutes mes prévisions se
trouvent réalisées. Point n'est besoin
d'être un explorateur professionnel pour
comprendre qu'on ne va pas traverser le
Sahara comme on traverse la France. Le
problème à résoudre pour nos voitures
était, il la fois neuf et hérissé de diffi-
cultes.
Il fallait, en quelque sorte, faire l'in-
ventaire d<> tops les risques, de tous les
obstacles du désert.. et. pour chaque ques-
tion, trouver la solution pratique et
sûre qu'elle comportait. C'est à quoi je
me suis occupé pendant un an, prévoyant
tous tes i.lOl.uils de l'expédition, et sur-
veillant. la préparation .du matériel né-
cessaire à son accomplissement. 11 fallait,
longtemps h l'avance, entraîner pour leur
̃ gigantesque effort, les futurs membres
de la mission cela s'est fait méthodi-
quement l'entraînement sport.if, les
épreuves d'endurance physique ont mar-
ché de pair «v-?c l'enseignement des con-
naissances utiles pour le voyage et la vie
au il<:>ei'l. avec la préparation morale à
la ténacité, la discipline nécessaires
pour réussir le raid. Mais la fierté de
participer à cette œuvre audacieuse,
t'amour-propre éveillé à l'idée de faire
brille! les couleurs du pays et la réputa-
tion de la maison, tous ces sentiments
facilitaient la impréparation de l'équipe.
Aussi. l'événement d'aujourd'hui ne me
procure-t-il pas seulement une satisfac-
tion pour moi -"Mil; c'est pour tout mon
personnel que je la ressens. Depuis un
an, la traversée du était l'objectif
ooirunuSkde toute l'usine, le grand projet
auquel tous travaillaient, et qui mettait
facilement. onin» tous mes collaborateurs
et moi-nn'-nip. rc.O union étroit,' que
erée un mr-me espoir partagé et la repré-
sentation il' un mène luit. Tnus, du plus
élevé de mes ingénieurs an plus modeste
manœuvre, ont suivi la construction des
autos-chenilles, leurs essais, leur mise en
route; chacun. pour sa part, a fourni son
effort, et l'usine entière a été comme gal-
vanisée par le pruili.zioux miraçv dn dé-
sert, aujourd'hui transformé en réalité.
Pour le prestige de la France
Notre satisfaction est donc profonde.
Mais si elte s'exprime publiquement, c'est
qu'elle n'a rien d'égoïste le meilleur
d'elle-même vient de notre joie d'avoir
travaillé pour la France. Notre pay-s, qui
a gagné la première place dans les appli-
cations les plus difficiles de la science, qui
a montré la voie dans la navigation sous-
marine, qui bat les records dans l'aviation,
qui a créé la télégraphie sans fil, notre
pays aujourd'hui .peut s'enorgueillir d'une
conquête nouvelle sur la nature. Avec un
matériel inventé et construit en France,
une entreprise conçue et exécutée par' des
Français vient d'être réussie sur une terre
où elle consacre encore Sa domination
française
Il n'est pas exagéré de penser que notre
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