Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-09
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 janvier 1923 09 janvier 1923
Description : 1923/01/09 (Numéro 16751). 1923/01/09 (Numéro 16751).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION PARISIENNE
Temps couvert, avec un
peu de pluie ou de bruine,
devenant rapidement nuageux
avec éclaircies; ciel se re-
couvrant le soir avec nouvel-
les pluies prochaines. Vent
d'ouest modéré; tempéra-
tare douce.
Nuit Jour
EN FRANCE
Sur la moitié Nord, même
temps que sur la région pa-
risienne. Sur la moitié Sud,
temps couvert on très nua-
geux avec quelques pluies.
Radoucissement.
SOLEIL: lev.7b.45; coucb.41i.il
LUNE dern. qu. iD; nouv. i7
m-
ANNÉE.. W 16.751
MARDI
9
JANVIER 1923
Saint Marcemn
ABONNEMENTS 3 Mis G «il m
Seine et S.-O. 24.» 46.»
France et Col. 13. » 25.»
Etranger. M.
18, RUE D-ENGHCEN, PARIS
La C. D. R. a entendu les Allemands
les entendra de nouveau aujourd'hui
après quoi, constatation. et sanctions
La journée qui s'ouvre est peut-être
la plus sérieuse que l'on ait connue
depuis l'occupation de Francfort, en
avril 1920. Il est probable, en effet, que
la commission des réparations signa-
lera aujourd'hui même les manque-
ments de l'Allemagne, relatifs aux li-
vraisons de coke et de charbon. Armée
de cette nouvelle décision, qui s'ajoute
à celle du 26 décembre dernier pour le
bois, la France se jugera sans doute
pleinement autorisée à agir contre le
débiteur récalcitrant.
La résolution du gouvernement fran-
çais, qui n'a pas été prise à la légère,
se fonde sur des arguments juridiques,
d'une part, sur la situation morale de
l'Allemagne, de l'autre.
Les arguments juridiques, on les
trouve tout entiers dans le fameux para-
graphe 18 (Annexe II de la Partie VIII)
du traité de Versailles, qui autorise
implicitement l'action isolée en cas de
manquement volontaire de l'Allemagne.
En cas de manquement volontaire, il
prévoit, en effet, « telles autres mesures
que les gouvernernents RESPECÎIFS po2cr-
ront estirner nécessitées par les cir-
constances n.
Ici, deux chicanes sont à craindre,
que la commission des réparations ne
manquera sans doute pas d'écarter.
Le 21 mars dernier, la commission
des réparations, dans sa lettre au gou-
vernement allemand, prévoyait, en cas
d'insuffisances dans les livraisons en
nature en 1922, des paiements supplé-
mentaires en espèces. A propos du
manquement relatif au bois, certains
en tiraient déjà la conclusion que les
seules pénalités légitimes étaient, dans
l'occurrence, ces paiements en espèces.
La réponse aura, toutefois, été excel-
lemment donnée par M. Delacroix, pre-
mier délégué de la Belgique. Les
pénalités en espèces prévues par la
commission aes réparations ne pou-
vaient, en aucun cas, priver les gouver-
nements du droit qu'ils tiennent du
paragraphe 18 de prendre « telles me-
sures jugées opportunes. En d'autres
termes, même si la commission ordon-
nait à l'Allemagne de verser un certain
nombre de millions .pour compenser les
insuffisantes livraisons ,en question, les
gouvernements intéressés, c'est-à-dire
au premier chef, la France, demeure-
raient libres de prendre telle ou telle
mesure de contrainte pour obliger l'Al-
lemagne à opérer ces versements.
Une seconde chicane, que l'on espère
ne pas revoir à la séance de ce matin,
consiste à soutenir que la commission
des réparations a seule qualité pour
interpréter le sens du paragraphe 18.
Ceci pemettrait de faire revivre
l'interprétation britannique, d'après la-
quelle les mots « gouvernements res-
pectifs ne devraient pas être pris dans
le sens de « gouvernem:ents isolés».
Comme la commission des réparations
ne peut, en pareil cas, statuer qu'à
l'unanimité, on devine le résultat pro-
bable de pareille discussion.
La thèse que M. Barthou défendra
ce propos, s'il le faut, au nom de la
délégation française, est toutefois que
le paragraphe 18 concerne non point
l'action de la commission des répara-
tions, mais bien celle des gouverne-
ments eux-mêmes. Or, loin d'être supé-
rieure aux gouvernements, la commis-
sion des réparations n'en est qu'une
émanation et ne saurait, par suite,
entreprendre de leur faire la loi.
Telles sont les principales raisons que
l'on fait valoir, du côté français, pour
montrer que le traité de- Versailles auto-
rise désormais la France, la preuve du
manquement étant faite, à passer aux
actes. La majorité de l'opinion alliée
n'est, d'ailleurs, pas loin de lui donner
raison dans ce débat d'ordre juridique.
Mais les textes les plus clairs seraient
un piètre argument à invoquer, si des
motifs autrement profonds n'expli-
quaient la détermination française. Ce
qui fait que la France juge le moment
venu de recourir à la contrainte, c'est
que, depuis trois ans, exception faite
des premiers mois du gouvernement
Wirth, l'Allemagne a démontré qu'elle
ne voulait pas payer.
Ceux-là mêmes qui souhaitaient, l'an
dernier, qu'on laissât le gouvernement
républicain allemand courir sa chance,
et qui, pour cette raison, déconseillaient
à l'époque l'occupation immédiate de
la Ruhr, reconnaissent, aujourd'hui,
que la patience doit avoir des limites.
Celle qu'a témoignée la France, depuis
la signature de la paix, devrait suffire,
du moins, à établir aux yeux des hom-
mes impartiaux son entière bonne foi.
Les vrais responsables de la situation
actuelle et des actes qu'elle entraîne, on
les trouve de l'autre côté du Rhin ce
sont les grands industriels allemands.
Philippe MILLET.
LA SÉANCE DE LA C. D. R.
La commission des réparations s'est
réunie, hier après-midi, à 15 heures, ainsi
que nous l'avions annoncé, pour entendre
les explications des représentants du
Reich, au sujet du « manquement » re-
proché à l'Allemagne, en ce qui concerne
les livraisons de charbon et de coke.
Le langage énergique tenu par M. Bar-
,hou, qui avait répondu que, s'ils étaient
ibsents, la G.D.R. passerail, outre et n'en
^rendrait pas moins sa décision a été si
)ien compris et les communications avee,
3erlin sVn sont trouvées si rapidement fa-
;ititée.. que M. Waïmischrath et ses colle-
rues du Reichtohlen-kommissariat (com-
nissariat du charbon du Reich) qui ne
xmvaient être à Paris suffisamment tôt » 1
pour assister à la séance d'hier, sont effec-
tivement arrivés dès dimanche soir à la
gare du Nord, c'est-à-dire près de dix-huit
heures avant la réunion de l'hôtel Astoria.
A cette séance, que présidait M. Louis
Barthou, assistaient tous les délégués et
délégués adjoints tr la G. D. R., et notam-
ment sir John Bradbury et iM. Kemball-
Cook, pour lia Grande-Bretagne, et les ob-
servateurs américains.
Les représentants du Reich ne furent
pas d'une exactitude ponctuelle. Ils arrivè-
rent avec dix minutes de retard, et, comme
un groupe imposant de photographes les
attendait devant la porte principale de
l'Astoria. ils rebroussèrent chemin et pé-
nétrèrent dans l'immeuble par l'entrée de
la rue Vernet. Ils comprenaient, en dehors
de MM. Fisher, président, et Meyer, secré-
taire de 'la Kriegfilastenko'm'mission ), en
résidence à Paris, M.Litter, qui appartient,
lui aussi, à la commission des dommages
de guerre MM. Wa'lmischrath, Borni-
kowsky et Haserken, représentants le
Reichkohlen-koramissariat; M. Rüppe., re-
présentant le ministère allemand de la Re-
construction M. Frohwein, représentant
le* ministère allemand des Affaires étran-
gères, et iRichter, jurisconsulte.
Dès qu'ils eurent gagné leurs places,
M. Bartthou leur demanda d'expliquer le
déficit constaté, l'an dernier, dans les li-
vraisons de charbon.
Les arguments allemands
Les arguments présentés par M. Wal-
mischrath et M. Fisher, qui seuls ont pris
la parole, n'ont été que la répétition de
ceux que la commission des réparations
avait déjà entendus lors de son séjour à
Berlin.
Le Reieb, ont-ils déclaré d'abord, n'a pas ef-
fcctué les livraisons qui lui avaient été pres-
crites, mais cette inexécution ne dépasse pas
les Limites admissibles
Les représentants du Reich ont égale-
ment invoqué comme cause du déficit, les
journées de grève de février 1922 et con-
testé les évaluations produites par la C.
D. R. concernant la production de charbon
de l'Allemagne au cours des six derniers
mois de 1922.
sur ce point, a importantes aniérences
se sont révélées, en effet, entre leurs chif-
fres et ceux établis par le bureau des char-
bons de la C. D. R. En conséquence, il a
été décidé que les experts allemands et al-
liés se réuniraient aussitôt après la séance
de la commission pour procéder à une vé-
rification de leurs calculs.
Les représentants allemands ont en-
suite invoqué les besoins de l'industrie
allemande et l'obligation où l'Allemagne
se trouve, disent-ils, d'acheter du char-
bon à l'Angleterre.
Malgré cel'a, ont-ils ajouté, nous avons voulu
faire tout le po*s4!>l'e et nous avons donné des
ordres en conséquence aux industriels du
charbon au Kohlensyndikat Ce n'est pas
notre faute si le Kohlensyndikat ne s'est
pas conformé à ces ordre
L'audition de M. Lübsen
Justement le représentant de cet orga-
nisme, M. Liibsen, n'était pas là. Il ne
doit arriver, en effet, que ce matin, à
7 h. 20. La commission consentit à l'en-
tendre avant de prendre sa décision.
Elle résolut en conséquence de lever sa
séance à 17 h. 50 et de la reprendre ce ma-
tin à 9 h. 30, par l'audition de M. Lùbsen.
Les explications des représentants de
l'Allemagne officielle sont terminées. Celles
que fournira ce matin le représentant de
l'Allemagne industrielle seront sans doute
brèves. Au reste, il ne semble pas qu'elles
soient, plus que les autres, de nature à mo-
difier quoi que ce soit à l'opinion des dé-
légués alliés. Les chiffres établis par les
experts alliés sont trop sûrs, le manque-
ment est trop évident pour qu'il puisse
y avoir entre dél6gués discussion bien lon-
gue, ou que le résultat, c'est-à-dire la cons-
tatation du manquement, soit douteux.
On pense qu'il sera connu avant la fin
de la matinée.
La réunion des experts
La réunion des experts alliés et alle-
mands, nour leur permettre de comparer
leurs chiffres, s'est tenue, de 18 heures à
22 h. 30, à l'annexe de la commission des
réparations, 18, rue de Tïkitt, où siège le
bureau des charbons. Y assistaient, du
côté allié M. Mosca, chef du bureau des
charbons M. Green, son adjoint M. Le-
moine, représentant de la France à ce bu-
reau, et M. Lenormand, directeur de l'Of-
fice des houillères sinistrées, et da côté
allemand MM. Fisher, Walmischrath et
Bornikowsky.
Ils feront connaître ce matin les résul-
tats de leurs travaux à la commission des
réparations qui entendra également le ju-
risconsulte allemand Richter. Ce dernier es-
sayera d'étayer la thèse du Reich en faisant
appel à quelques arguments de droit, mais
son intervention ne saurait, en aucune fa-
çon, modifier la décision finale. A. Jul-
lien.
L'APPLICATION DU PLAN FRANÇAIS
L'application des premières mesures du
plan arrété par le gouvernement français a
fait l'objet, hier, dans tous les milieux,
de nombreux commentaires. Les uns et les
autres, se disant renseignés, affirmaient
ou infirmaient telle ou telle information
lancée généralement à la légère, et les
conversations rebondissaient sans cesse.
En ce qui concerne l'envoi d'ingénieurs
des mines et de la marine, répétons-le, la
ville de destination est Dusseldorf et ne
saurait être, en l'état actuel des choses,
une ville de la Ruhr puisque, à part les
missions de contrôle alliées, nous n'y
avons aucune troupe. Nous croyons, à ce
sujet, pouvoir affirmer que des ingénieurs
belges et des ingénieurs italiens rejoin-
dront bientôt ceux de nos, ingénieurs partis
dimanche soir pour Dusseldorf.
En ce qui touche les mouvements de
troupes qui sont signalés, il ne s'agit, évi-
demment, que d'unités prélevées cà et là
pour aller remplacer celles des troupes
mises sous le commandement du général
Dégoutte et qui, depuis un certain temps,
s'étalaient sur un territoire dont ;es li-
mites extrêmes étaient par trop éloignées
du Rhin. Et quoi qu'il en soit, nous tenons
à reproduire ici la déclaration fait" hier
par le président du Conseil et qu'ont rap-
portée les agences
Pas un homme ne sera rappelé, pas un
cheminot ne sera mobiliaé, ?
LA RENTRÉE
du Parlement
L'ORDRE DU JOUR DES CHAMBRES
Décisions gouvernementales
Les ministres ont tenu hier matin un
conseil de cabinet qui a été exclusivement
consacré à l'examen de l'ordre du jour de
la Chambre et du Sénat.
Le conseil a décidé qu'aussitôt après
l'élection et l'installation du bureau de la
Chambre, o'est-à-dire au début de la
séance de jeudi, le président du Conseil
ferait une courte déclaration sur la poli-
tique extérieure de la France.
Cette lecture faite, M. Poincaré décla-
rera qu'il ne peut rien ajouter à sa com-
munication dont les termes auront été soi-
gneusement pesés. En conséquence, il
demandera aux interpellateurs de vouloir
bien ajourner à quelques semaines les
demandes de renseignements complémen-
taires qui pourraient lui être adressées sur
les événements actuels.
M. Poincaré se rendra ensuite au Sénat
pour lire la même déclaration qu'à la
Chambre.
En ce qui concerne l'ordre du jour séna-
torial, le président du Conseil demandera à
la Haute Assemblée de reprendre dès mer-
credi la discussion du projet relatif au
renflouement de la Banque industrielle de
Chine.
Le bureau
La journée d'hier n'a apporté aucune
modification au programme de la séance
d'aujourd'hui à la Chambre, tel que nous
l'avons fait prévoir.
A noter cependant qu'il se précise qu'en
ce qui concerne le renouvellement des bu-
reaux, il y aura lutte pour les quatre siè-
ges de vice-présidents.
Nous avons dit que les sortants, MM.
François Arago, André Lefèvre, Chassai-
gne-Goyon et Puech auraient, pour compé-
titeurs, MM. Lefebvre du Prey, Louis Marin
et d'Aubigny. Deux autres candidat* sont
encore à siff'naler MM. Landry, de l'action
républicaine et sociale, et Archimbaud. ra-
dical-socialiste.
Au Sénat, la séance d'ouverture de la
session ordinaire sera présidée par le
doyen d'âge, M. Gustave Denis; sénateur
de la Mayenne, âgé de quatre-vingt-dix
ans. Il sera assisté des six plus jennes
sénateurs présents à la séance. D'après la
date de leur naissance, les six secrétaires
l'âge seraient MM. le comte de Blois,
Donon, René Besnard, Duroux, Paul Dupuy
et Labrousse. <
Après l'allocution du doyen d'Age, le
Sénat procédera à l'élection de son bureau
définitif pour l'année 1923. Les scrutins
auxquels cette opération donnera lieu du-
reront une bonne partie de l'après-midi,
puis il sera procédé, séance tenante, à
l'installation du bureau définitif.
Comme nous l'avons fait prévoir, M.
Léon Bourgeois est bien décidé à ne pas
solliciter le renouvellement'de ses fonc-
tions présidentielles, mais le Sénat voudra
lui marquer une fois de plus sa sympathie
en le nommant encore président, en atten-
dant la retraite définitive du sénateur de
la Marne.
M. Léon Bourgeois, dont l'état de santé
nécessite de grands ménagements, ne pren-
dra pas possession aujourd'hui du fau-
teuil présidentiel. Dans ces conditions,
c'est le premier des quatre vice-présidents
élus qui adressera, au lieu et place du
président, les remerciements de M. Léon
Bourgeois à l'assemblée.
Le Sénat réglera ensuite son ordre du
jour en se conformant aux indications du
gouvernement.
Venant de Strasbourg.
Je reçois une enveloppe timbrée de Strasbourg,
une sorte de petit factum en tête duquel figure
le nom de M. Oscar de Ferenzy, rédacteur en
chef du Courrier de Strasbourg, engagé volon-
taire, « prix Montyon de l'Académie fran-
çaise ».
Ce confrère, qui me cite aimablement dans
son tract, semble rechercher quelque publi-
cité.
Je réponds à son désir.
M. Oscar de Ferenzy, prix Montyon de l'Aca-
démie française, consacre donc présentement
tous ses soins à l'expédition, franco de port et
d'emballage, de quatre petites pages couvertes
de caractères d'imprimerie.
J'ose dire que le caractère de ces caractères
me trouble un peu.
Après l'échec de la conférence de Paris, à
l'heure difficile que nous vivonS^ M. Oscar de
Ferenzy éprouve le besoin de se livrer à une
bizarre petite manifestation imprimée.
Cet excellent prix Montyon manifeste, en
effet, purement et simplement, en faveur de
l'Allemagne, dont il nous dépeint, en termes
attendris, la lamentable misère.
Ce n'est pas nous qui sommes à plaindre,
nous qui avons eu huit départements envahis
et ravagés, nous qui attendons depuis quatre
années les réparations qui nous sont dues, nous
qui sommes accablés d'impôts, de charges et
de soucis nous qui sommes tous encore en
deuil. Non. C'est la pauvre chère Allemagne
qu'il faut plaindre
Le prix Montyon veut bien nous reconnaitre
le droit de frapper les grosses entreprises alle-
mandes qui versent à leurs actionnaires des
dividendes de 60 et 80 o/o (- alors ?. -) mais
il ne cache pas qu'il a entendu de vives récri-
minations « contre les charges écrasantes qu'en.
traine l'armée d'occupation ».
Nous pourrions peut-être abandonner la der-
nière garantie qui nous reste sur le Rhin ?.
M. Oscar de Ferenzy s'étend, ensuite, com-
plaisamment, « à titre purement documentaire »,
sur les sentiments. vraiment tendres que le
bon peuple allemand nourrit à notre endroit.
Je cite ce court passage Si nous venions à
acquérir la certitude que la France ne serait
soutenue par aucun de ses alliés, nous snurions,
nous, trouver des alliés pour engager une lutte
désespérée ef sans merci contre les Français.
Ce sont de bons Allemands qui parlent
.Je remercie M. de Ferenzy de l'envoi de
son singulier factum. Mais il a sollicité mon
opinion en me l'envoyant. Je vais donc lui
dire, très franchement, ma pensée.
Je pense, très sincèrement, que M. de Fe-
rcnzy, qui semble vouloir s'attacher à des œuvres
philanthropiques, pourrait employer beaucoup
mieux son temps et son argent qu'à la défense
de la pauvre Allemagne. Recevoir, et de Stras-
bourg, et d'un prix Montyon de l'Académie
française, un tel prospectus, c'est affligeant
pour ne pas dire plus.
Puisque M. de Ferenzy a des loisirs et des
fonds, je lui conseille vivement de publier un
nouveau petit opuscule consacré, celui-là, à la
pauvre France patiente, dévastée et mutilée. «
Et je lui demande de bien vouloir expédier,
toujours à ses frais, ce petit bulletin français
aux bons messieurs et aux bonnes dames de
Germanie.
Ainsi soit-3 .1 Matrice Prax, 6 6
'lA-TRAVERSEE ou SIH EN AUTOMOBILE
L'ARRIVÉE AU BUT
DANS LES DUNES DU COTE DE MICHELFU1G-, AU NORD DE TOMBOUCTOU
Cette photographie a été prise le 16 octobre A bord de 1a Cltrodu la colonel Hanneot. 1
M. 'de Cérts et le lieutenant Séfoutau
Le sans-fil qui doit nous annoncer l'ar-
rivée à Tombouctou des chenilles de la
mission Haardt-Audouin-Dubreuil n'est
pas encore parvenu à Paris; mais il n'est
pas douteux que les vainqueurs du Sahara
se reposent actuellement tlans la cité nigé-
rienne, avec la satisfaction du grand effort
accompli.
En effet, le dernier télégramme que nous
ayons reçu via Dakar indiquait que les
autos-chenilles, arrivées à Bourem le 4, à
quatre heures après-midi, en étaient repar-
tics dans la nuit du 5 au 6 le, 6, à sept heu-
res trente du matin, elles passaient à
Bamba (100 kilo de Bourem). EUep ont dû
entrer et Tombouctou dans la nuit du 6 au 7,
ou au plus tard le 7 ait matin: car de Bamba
à Tombouctou il n'y a que deux cents kilo-
mètres d'une piste sur laquelle les autos-
chcnilleis peuvent aller à une allure assez
vive.
On peut donc dire aujourd'hui le Sahara
est vaincu par l'auto-chenille. C'est une
prouesse qui fait honneur non seulement
a MM. Citroën, Régresse et Hinsti?i qui ont
mis au point l'admirable et scientifique
appareil capable de franchir sans ennuis de
pareilles distances, mais encore au person-
nel dei direction et d'exécution d'une telle
entreprise.
flous avons demande au commandant Bet-
tembourg- de retracer aux lecteurs du
Petit Parisien les étapes (la la conquête de
Tombouctou, la ville mystérieuse.
Les conquérants pacifiques
Tombouctou, dont Félix Dubois, dans son
livre admirable, a chanté le charme et le
mystère, a eu les destinées les plus étran-
ges. Elle a subi tour à tour la conquête
rlcs Sonhrays, des Peulhs, des Marocains et
des Touareg, chacune de ces races lui im-
primant avec intensité ses traits particu-
liers et les marques essentielles de sa civi-
lisation propre. Courbée sous tous les jougs,
elle n'en garda pas moins une personnalité
caractérisée surtout par un renom de
science, qui ne pouvait manquer d'attirer
sur elle l'attention des peuples européens.
Parmi les conquérants pacifiques venus
d'Europe et que leur foi patriotique lan-
çait à travers le terrible inconnu de ces
régions jusqu'alors impénétrables, l'histoire
doit rendre un tout particulier hommage
au major anglais Gordon Luing. Parti de
Rhadamès, il atteignit le premier Tombouc-
tou en 1826 et périt assassiné par les Mau-
res Berabichs entre Tombouctou et Araouan
qu'il essayait d'atteindre. M. Bonnel de
Mézières a retrouvé à Tagant-Keina, au
cours de la guerre, les restes du vaillant
explorateur, qui repose à l'heure actuelle
dans le calme cimetière de Tombouctou.
En 1827-1828, René Caililé faisait à son
tour son entrée dans Tombouctou. Notre
cœur de Français n'admirera jamais assez
c« vaillant et rude compatriote, simple
mousse rêvant de conquérir pacifiquement
à son pays le plus splend'ide des domaines
et qui, réduit à ses seules ressourcés,
armé d'une mndeste boussole, sans moyens
autres que sa foi ardente, a réussi la plus
admirable des explorations de Tombouc-
tou au Maroc.
Beaucoup plus tard, en 1853, Barth
TRENTE GAMINS HOLLANDAIS LIVRENT BATAILLE
A QUATRE POLICIERS OUI EN TUENT TROIS
Bruyelles, 8 janvier (dép. Havas.)
La Libre Belaique publie une information
de l'flaescyck annonçant qu'à Borkeen, près
de Winterswyck, une bataille a eu lieu
entre quatre agents de police et une tren-
taine de gamins. Les agents ont dû faire
usage de leurs armes trois gamins ont été
tués et six autres blessés.
LES INQUIÉTUDES DE M. BOCHE
Aïe voilà mon rein qui me tracasse il, crois
que nous allons avoir un changement de temps t
iniiiiinniiiiiniiHiiHimunmiiiMiironiininiiiiuuHiiiinuiiiiiiiiiMi
A LA DEUXIEME PAGE
EN MARGE DU FANTASTIQUE HÉRITAGE
Comment M. Delboit fut berné par les
époux Léotardi.
abordait à son tour, au oours d'un scien-
tiffque voyage, la ville mystérieuse.
Tombouctou conserve encore le souve-
nir du passage des trois premiers explora-
leurs qui l'ont visitée. La pieuse admira-
tion de l'administration française a fait
apposer sur chacune des maisons qu'ils
ont occupées une planquette où se lisent les
noms de ces vaillants et la date de leur
passage.
Les conquérants guerriers
C'est le 16 décembre 1893 que le lieute-
nant de vaisseau Boiteux faisait son en-
trée à Tombouctou., où il était venu sur
un chaland armé d'un canon de marine. Il
y prenait contact avec les autorités indi-
gènes locales, toutes surprises de sa ve-
nue, et indécises quant à la condnite à
tenir envers les Français leur parlant de
se soumettre. Plus résolus à la résistance
étaient .les Touareg, qui ne voyaient pas
sans crainte arriver des étranger-! dans
la ville mystérieuse. Cet événement devait
marquer pour eux la fin de la domination
sur les rives du fleuve aussi, le 28 dé-
cembre, ils massacraient l'enseigne de
vaisseau Aube et sa troupe de laptots, entre
Kabara et Tombouctou. A l'endroit où
tomba le vaillant officier de marine et qui
s'appelle « Ouroumeïra » « l'endroit où
l'on n'entend pas » en langage sonhray
s'élève une, stèle où sont gravés tes noms
de ceux qui moururent pour faire la France
toujours plus grande. Cette surprise devait
ftre suivie, peu de temps après, du massa-
cre de la troupe du colonel Bonnier, sur-
venu a Tacoubao le 16 janvier 1894 et
où tombèrent à côté de leur chef venu de
Tombouctou, plusieurs officiers et plus
d'une centaine de tirailleurs sénégalais.
Joffre, alors commandant du génie, devait
le 24 janvier, à Niafounké, prendre sur les
Touareg Tingueriguifs, auteurs de cette"
tragique surprise, une sévère revanche.
En 1895, enfin, le capitaine Gouraud bat-
tait à son tour, aux environs de Tombouc-
tou, les Touareg Kel Antessars, qui vou-
laient contester notre conquête. Il est cu-
rieux de voir deux des plus grands vain-
queurs de la guerre prendre leurs pre-
miers quartiers de noblesse sur les bords
du (lointain Niger.
Les conquérants scientifiques
L'ère de la conquête scientifique de Tom-
bouctou est désormais ouverte seuls, jus-
qu'à maintenant, y ont apparu l'avion et
les autos-chenilles.
En mars 1920, l'avion du commandant
Vuillemin, dans un vol glorieux. traçait
dans le ciel de Tombouctou la date d'une
admirable victoire et venait se poser sur
le terrain d'Hariboro, à quelques cen-
taines de mètres à peine du monument
élevé à la mémoire de l'enseigne de vais-
seau Aube et de ses compagnons.
Le 7 janvier Tombouctou aura vu
l'arrivée glorieuse de la caravane scienti-
fique conduite par Haardt et Audouin-
Dubreuil les cris enthousiastes des indi-
gènes, l'admiration des Européens leur au-
ront sans doute dit qu'ils venaient de rem-
porter une de ces victoires qui valent à la
France plus de profit que bien des bruyan-
tes batailles.
Commandant BETTEMBOURG.
Un avion à conduite télémécanique
est expérimenté aux Etats-Unis
Ce sera un terrible engin de guerre
Londres, 8 janvier (dép. Petit Parisien.)
Des messages d'Amérique indiquaient
récemment, que l'on procédait, aux Etats-
Unis, à des expériences avec un appareil
de petites dimensions, sans pilote Jt bord,
et qui. dirigé par télémécanique, parcourut-
150 kilomètres au cours des essais.
Le correspondant aéronautique de l'Eve-
ning Standard précise, aujourd'hui, que cet
appareil est destiné à devenir un nouvel
engin de guerre d'.une très grande puis-
sance. Il constitue, en effet, une espèce de
torpille volante contenant une grande
quantité d'explosif ou de gaz asphyxiants,
et pouvant être dirigée d'un poste télémé-
canique souterrain vers un objectif déter-
miné. Grâce à un mécanisme ingénieux,
l'appareil envoie lui-même, automatique-
ment, des signaux qui permettent de le si-
tuer exactement à tout instant de sa course.
A un moment donné, lorsque cette torpille
aérienne est parvenue au-dessus du dépôt
de munitions que l'on veut atteindre ou
de la zone que l'on désire rendre inhabi-
table, on peut, des postes de contrôle, pro-
voquer sa chute.
LES RELATIONS FRANCO -ESPAGNOLES
M. André Fribourg, député de l'Ain, rap-
porteur à la commission de l'enseignement
du projet de loi sur la création de la « Mai-
son de France » en Espagne,'partira ce soir
pour Madrid.
Il sera reçu en audience par les princi-
pales personnalités politiques, et diverses
questions actuellement pendantes entre la
France et l'Espagne seront vraisemblable-
ment abordées dans ces entretiens, iiotam-
ment celle de l'organisation des relations
intellectuelles franco-espagnoles.
De Madrid, M. Andrc Fribourg se rendra
ensuite à Algésiras et à Tanger.
T Thompson et Byewaters
expieront leur crime
ce matin à 9 heures
Le ministre de l'Intérieur a rejeté
la dernière requête présentée
par l'avocat de la condamnée
Londres, 8 janvier {dép. Petit Parisien.)
C'est demain matin, à 9 heures, que se
déroulera le dernier acte du drame d'Ilford.
Les échafauds sont déjà drossés à Olloxay
pour Mme Thompson et à Pentonville pour
Byewaters, et les bourreaux Ellis et Willis
sont sur les lieux pour procéder à l'exécu-
tion. Mais, jusqu'au dernier momant, l'opi-
nion publique anglaise, qui, nous l'avons
noté, sollicita avec insistance la cléimence
de la Couronne, n'aura pas perdu l'espoir
| do voir les condamnés échapper au supplice.
Un effort, de la dernière heure a encore été
t'-nto pour arracher Mme Thompson à la
En efi>t, hier, en pleine nuit.. M. Stern,
avocat de Mme Thompson, quitta secrate-
ment la capitale avec son secrétaire. Tl se
rendit, par voie ferrée, à Leigh Manor, rési-
dence du ministre de l'Intérieur, suite pres-
que perdu à huit cents mètres d'altitude,
dans les montagnes du Middtand. Les voya-
j geurs arrivèrent à destination sur le coup
de minuit. Ils.trouvèrent la résidence noyée
dans l'obscurité et, tous ses hntes plonges
dans In sommeil. C'est à grand'peine qu'ils
réussirent à réveiller Tes domestiques.
M. Stern sallicifa la permission de s'entre-
tenir avec le ministre. On lui répondit que
M. Bridgeman était couché. M. Stern plaida
l'urgence de sa visite et obtint finalement
que M. Bridgeman se levât pour lui donner
audience au salon.
M. Stern exposa alors las arguments du
suprême recours qu'il venait formuler en
faveur de la condamnée. Il se fonda sur les
aveux in extremis que Byewaters fit hier
aux gardiens de la prison. Celui-ci leur
dit:
de ne puis croire que Mme Thompson sera
mise à mort. Elle est innocente, abselument inno-
cente. Elle n'a eu aucune part au meurtre. C'est
moi, et moi seul, qui ai commis le crime.
M. Bridgeman ayant répondu que Ces
aveux ne différaient en rien des déclara-
tions faites par le meurtrier avant l'heure
du verdict, l'avocat argua que les nou-
veaux aveux faits par un homme quelques
heures avant son exécution étaient désin-
téressés et sincères et» devaient être admie
comme vrais.
M. Brirlgoiman, sans s'engager d'une ma-
nière ferme et précise, promit toutefois
d'examiner il nouveau le cas de Mine
Thnmpson, et :'il. Stern prit congé du mi-
nistre avec la satisfaction d'avoir pu ss
faire écouter. C'est, en 'effet, da première
fois, paraît-il, qu'un ministre de 4'îr.té-
rieur accorde une audience en pareMe
circonstance.
Mais ceux qui avaient formé l'espoir
que cette supplique iv extremis réussirait
ont été déçus ce soir. iLe ministre de rTn-
térieur vient, en effet, de publier le com-
muniqué suivant
Le nainistre de l'Intérieur fait savoir qu'apris
avnir examiné, il fond toutes les requêtes qui tul
ont été présentées, i! regrette de ne trouver
aucune raison pour se départir de la rf(*p»«fo>»
qu'il a prise relativement an ras de Frédérlc
Byewaters et d'Edith Thompson..
lils expieront donc demain, à la neu-
vième heure du neuvième jour de janvier.
L'ATTENTAT DU 14 JUILLET
GUSTAVE BOUVET
qui tira sur le cortège
du Président de la République
est condamné
à cinq ans de travaux forcés
Gustave Bouvet, l'auteur de l'attentat
dirigé, le 14 juillet, contre le cortège du
Honvet dit « Juvenis
Président de la République, a aujoud'hui
vingt-quatre ans, étant né à Angers, en
C'est un long et maigre jeune homme,
au visage blême, au nez fortement accusé,
au front proéminent, à la chevelure héris-
sée en touffes au sommet du crâne.
Trois fois déjà il a été condamné pour
provocation de militaires à la désobéis-
sance et provocation au meurtre dans un
but de propagande anarchiste.
Des condamnations politiques qui ne tou-
ohent pas à la morallté, a-t-il souligné, au
moment où le président les lui rappelait.
Il eut une enfance maladive; à quatre
ans, une diphtérie grave. A l'école il se
montra bon élève, quoique souvent dans
les nuages, ont dit ses maîtres. Il témoi-
gnait d'une vive exaltation religieuse. Il
voulait entrer dans les ordres et, à cette
intention, partit pour la Belgique, pour
entrer dans un noviciat de capucins.
Sa mauvaise santé l'en détourna, et il se
fit dessinateur. Dans les divers ateliers
qu'il fréquenta, il passait pour un bon
petit jeune himine, sombre, parlant peu et
de constitution délicate. 1
Influence de ces milieux, ou reflet des
opinions paternelles ce qu'il nie on
le retrouve anarchiste, secrétaire du
REGION PARISIENNE
Temps couvert, avec un
peu de pluie ou de bruine,
devenant rapidement nuageux
avec éclaircies; ciel se re-
couvrant le soir avec nouvel-
les pluies prochaines. Vent
d'ouest modéré; tempéra-
tare douce.
Nuit Jour
EN FRANCE
Sur la moitié Nord, même
temps que sur la région pa-
risienne. Sur la moitié Sud,
temps couvert on très nua-
geux avec quelques pluies.
Radoucissement.
SOLEIL: lev.7b.45; coucb.41i.il
LUNE dern. qu. iD; nouv. i7
m-
ANNÉE.. W 16.751
MARDI
9
JANVIER 1923
Saint Marcemn
ABONNEMENTS 3 Mis G «il m
Seine et S.-O. 24.» 46.»
France et Col. 13. » 25.»
Etranger. M.
18, RUE D-ENGHCEN, PARIS
La C. D. R. a entendu les Allemands
les entendra de nouveau aujourd'hui
après quoi, constatation. et sanctions
La journée qui s'ouvre est peut-être
la plus sérieuse que l'on ait connue
depuis l'occupation de Francfort, en
avril 1920. Il est probable, en effet, que
la commission des réparations signa-
lera aujourd'hui même les manque-
ments de l'Allemagne, relatifs aux li-
vraisons de coke et de charbon. Armée
de cette nouvelle décision, qui s'ajoute
à celle du 26 décembre dernier pour le
bois, la France se jugera sans doute
pleinement autorisée à agir contre le
débiteur récalcitrant.
La résolution du gouvernement fran-
çais, qui n'a pas été prise à la légère,
se fonde sur des arguments juridiques,
d'une part, sur la situation morale de
l'Allemagne, de l'autre.
Les arguments juridiques, on les
trouve tout entiers dans le fameux para-
graphe 18 (Annexe II de la Partie VIII)
du traité de Versailles, qui autorise
implicitement l'action isolée en cas de
manquement volontaire de l'Allemagne.
En cas de manquement volontaire, il
prévoit, en effet, « telles autres mesures
que les gouvernernents RESPECÎIFS po2cr-
ront estirner nécessitées par les cir-
constances n.
Ici, deux chicanes sont à craindre,
que la commission des réparations ne
manquera sans doute pas d'écarter.
Le 21 mars dernier, la commission
des réparations, dans sa lettre au gou-
vernement allemand, prévoyait, en cas
d'insuffisances dans les livraisons en
nature en 1922, des paiements supplé-
mentaires en espèces. A propos du
manquement relatif au bois, certains
en tiraient déjà la conclusion que les
seules pénalités légitimes étaient, dans
l'occurrence, ces paiements en espèces.
La réponse aura, toutefois, été excel-
lemment donnée par M. Delacroix, pre-
mier délégué de la Belgique. Les
pénalités en espèces prévues par la
commission aes réparations ne pou-
vaient, en aucun cas, priver les gouver-
nements du droit qu'ils tiennent du
paragraphe 18 de prendre « telles me-
sures jugées opportunes. En d'autres
termes, même si la commission ordon-
nait à l'Allemagne de verser un certain
nombre de millions .pour compenser les
insuffisantes livraisons ,en question, les
gouvernements intéressés, c'est-à-dire
au premier chef, la France, demeure-
raient libres de prendre telle ou telle
mesure de contrainte pour obliger l'Al-
lemagne à opérer ces versements.
Une seconde chicane, que l'on espère
ne pas revoir à la séance de ce matin,
consiste à soutenir que la commission
des réparations a seule qualité pour
interpréter le sens du paragraphe 18.
Ceci pemettrait de faire revivre
l'interprétation britannique, d'après la-
quelle les mots « gouvernements res-
pectifs ne devraient pas être pris dans
le sens de « gouvernem:ents isolés».
Comme la commission des réparations
ne peut, en pareil cas, statuer qu'à
l'unanimité, on devine le résultat pro-
bable de pareille discussion.
La thèse que M. Barthou défendra
ce propos, s'il le faut, au nom de la
délégation française, est toutefois que
le paragraphe 18 concerne non point
l'action de la commission des répara-
tions, mais bien celle des gouverne-
ments eux-mêmes. Or, loin d'être supé-
rieure aux gouvernements, la commis-
sion des réparations n'en est qu'une
émanation et ne saurait, par suite,
entreprendre de leur faire la loi.
Telles sont les principales raisons que
l'on fait valoir, du côté français, pour
montrer que le traité de- Versailles auto-
rise désormais la France, la preuve du
manquement étant faite, à passer aux
actes. La majorité de l'opinion alliée
n'est, d'ailleurs, pas loin de lui donner
raison dans ce débat d'ordre juridique.
Mais les textes les plus clairs seraient
un piètre argument à invoquer, si des
motifs autrement profonds n'expli-
quaient la détermination française. Ce
qui fait que la France juge le moment
venu de recourir à la contrainte, c'est
que, depuis trois ans, exception faite
des premiers mois du gouvernement
Wirth, l'Allemagne a démontré qu'elle
ne voulait pas payer.
Ceux-là mêmes qui souhaitaient, l'an
dernier, qu'on laissât le gouvernement
républicain allemand courir sa chance,
et qui, pour cette raison, déconseillaient
à l'époque l'occupation immédiate de
la Ruhr, reconnaissent, aujourd'hui,
que la patience doit avoir des limites.
Celle qu'a témoignée la France, depuis
la signature de la paix, devrait suffire,
du moins, à établir aux yeux des hom-
mes impartiaux son entière bonne foi.
Les vrais responsables de la situation
actuelle et des actes qu'elle entraîne, on
les trouve de l'autre côté du Rhin ce
sont les grands industriels allemands.
Philippe MILLET.
LA SÉANCE DE LA C. D. R.
La commission des réparations s'est
réunie, hier après-midi, à 15 heures, ainsi
que nous l'avions annoncé, pour entendre
les explications des représentants du
Reich, au sujet du « manquement » re-
proché à l'Allemagne, en ce qui concerne
les livraisons de charbon et de coke.
Le langage énergique tenu par M. Bar-
,hou, qui avait répondu que, s'ils étaient
ibsents, la G.D.R. passerail, outre et n'en
^rendrait pas moins sa décision a été si
)ien compris et les communications avee,
3erlin sVn sont trouvées si rapidement fa-
;ititée.. que M. Waïmischrath et ses colle-
rues du Reichtohlen-kommissariat (com-
nissariat du charbon du Reich) qui ne
xmvaient être à Paris suffisamment tôt » 1
pour assister à la séance d'hier, sont effec-
tivement arrivés dès dimanche soir à la
gare du Nord, c'est-à-dire près de dix-huit
heures avant la réunion de l'hôtel Astoria.
A cette séance, que présidait M. Louis
Barthou, assistaient tous les délégués et
délégués adjoints tr la G. D. R., et notam-
ment sir John Bradbury et iM. Kemball-
Cook, pour lia Grande-Bretagne, et les ob-
servateurs américains.
Les représentants du Reich ne furent
pas d'une exactitude ponctuelle. Ils arrivè-
rent avec dix minutes de retard, et, comme
un groupe imposant de photographes les
attendait devant la porte principale de
l'Astoria. ils rebroussèrent chemin et pé-
nétrèrent dans l'immeuble par l'entrée de
la rue Vernet. Ils comprenaient, en dehors
de MM. Fisher, président, et Meyer, secré-
taire de 'la Kriegfilastenko'm'mission ), en
résidence à Paris, M.Litter, qui appartient,
lui aussi, à la commission des dommages
de guerre MM. Wa'lmischrath, Borni-
kowsky et Haserken, représentants le
Reichkohlen-koramissariat; M. Rüppe., re-
présentant le ministère allemand de la Re-
construction M. Frohwein, représentant
le* ministère allemand des Affaires étran-
gères, et iRichter, jurisconsulte.
Dès qu'ils eurent gagné leurs places,
M. Bartthou leur demanda d'expliquer le
déficit constaté, l'an dernier, dans les li-
vraisons de charbon.
Les arguments allemands
Les arguments présentés par M. Wal-
mischrath et M. Fisher, qui seuls ont pris
la parole, n'ont été que la répétition de
ceux que la commission des réparations
avait déjà entendus lors de son séjour à
Berlin.
Le Reieb, ont-ils déclaré d'abord, n'a pas ef-
fcctué les livraisons qui lui avaient été pres-
crites, mais cette inexécution ne dépasse pas
les Limites admissibles
Les représentants du Reich ont égale-
ment invoqué comme cause du déficit, les
journées de grève de février 1922 et con-
testé les évaluations produites par la C.
D. R. concernant la production de charbon
de l'Allemagne au cours des six derniers
mois de 1922.
sur ce point, a importantes aniérences
se sont révélées, en effet, entre leurs chif-
fres et ceux établis par le bureau des char-
bons de la C. D. R. En conséquence, il a
été décidé que les experts allemands et al-
liés se réuniraient aussitôt après la séance
de la commission pour procéder à une vé-
rification de leurs calculs.
Les représentants allemands ont en-
suite invoqué les besoins de l'industrie
allemande et l'obligation où l'Allemagne
se trouve, disent-ils, d'acheter du char-
bon à l'Angleterre.
Malgré cel'a, ont-ils ajouté, nous avons voulu
faire tout le po*s4!>l'e et nous avons donné des
ordres en conséquence aux industriels du
charbon au Kohlensyndikat Ce n'est pas
notre faute si le Kohlensyndikat ne s'est
pas conformé à ces ordre
L'audition de M. Lübsen
Justement le représentant de cet orga-
nisme, M. Liibsen, n'était pas là. Il ne
doit arriver, en effet, que ce matin, à
7 h. 20. La commission consentit à l'en-
tendre avant de prendre sa décision.
Elle résolut en conséquence de lever sa
séance à 17 h. 50 et de la reprendre ce ma-
tin à 9 h. 30, par l'audition de M. Lùbsen.
Les explications des représentants de
l'Allemagne officielle sont terminées. Celles
que fournira ce matin le représentant de
l'Allemagne industrielle seront sans doute
brèves. Au reste, il ne semble pas qu'elles
soient, plus que les autres, de nature à mo-
difier quoi que ce soit à l'opinion des dé-
légués alliés. Les chiffres établis par les
experts alliés sont trop sûrs, le manque-
ment est trop évident pour qu'il puisse
y avoir entre dél6gués discussion bien lon-
gue, ou que le résultat, c'est-à-dire la cons-
tatation du manquement, soit douteux.
On pense qu'il sera connu avant la fin
de la matinée.
La réunion des experts
La réunion des experts alliés et alle-
mands, nour leur permettre de comparer
leurs chiffres, s'est tenue, de 18 heures à
22 h. 30, à l'annexe de la commission des
réparations, 18, rue de Tïkitt, où siège le
bureau des charbons. Y assistaient, du
côté allié M. Mosca, chef du bureau des
charbons M. Green, son adjoint M. Le-
moine, représentant de la France à ce bu-
reau, et M. Lenormand, directeur de l'Of-
fice des houillères sinistrées, et da côté
allemand MM. Fisher, Walmischrath et
Bornikowsky.
Ils feront connaître ce matin les résul-
tats de leurs travaux à la commission des
réparations qui entendra également le ju-
risconsulte allemand Richter. Ce dernier es-
sayera d'étayer la thèse du Reich en faisant
appel à quelques arguments de droit, mais
son intervention ne saurait, en aucune fa-
çon, modifier la décision finale. A. Jul-
lien.
L'APPLICATION DU PLAN FRANÇAIS
L'application des premières mesures du
plan arrété par le gouvernement français a
fait l'objet, hier, dans tous les milieux,
de nombreux commentaires. Les uns et les
autres, se disant renseignés, affirmaient
ou infirmaient telle ou telle information
lancée généralement à la légère, et les
conversations rebondissaient sans cesse.
En ce qui concerne l'envoi d'ingénieurs
des mines et de la marine, répétons-le, la
ville de destination est Dusseldorf et ne
saurait être, en l'état actuel des choses,
une ville de la Ruhr puisque, à part les
missions de contrôle alliées, nous n'y
avons aucune troupe. Nous croyons, à ce
sujet, pouvoir affirmer que des ingénieurs
belges et des ingénieurs italiens rejoin-
dront bientôt ceux de nos, ingénieurs partis
dimanche soir pour Dusseldorf.
En ce qui touche les mouvements de
troupes qui sont signalés, il ne s'agit, évi-
demment, que d'unités prélevées cà et là
pour aller remplacer celles des troupes
mises sous le commandement du général
Dégoutte et qui, depuis un certain temps,
s'étalaient sur un territoire dont ;es li-
mites extrêmes étaient par trop éloignées
du Rhin. Et quoi qu'il en soit, nous tenons
à reproduire ici la déclaration fait" hier
par le président du Conseil et qu'ont rap-
portée les agences
Pas un homme ne sera rappelé, pas un
cheminot ne sera mobiliaé, ?
LA RENTRÉE
du Parlement
L'ORDRE DU JOUR DES CHAMBRES
Décisions gouvernementales
Les ministres ont tenu hier matin un
conseil de cabinet qui a été exclusivement
consacré à l'examen de l'ordre du jour de
la Chambre et du Sénat.
Le conseil a décidé qu'aussitôt après
l'élection et l'installation du bureau de la
Chambre, o'est-à-dire au début de la
séance de jeudi, le président du Conseil
ferait une courte déclaration sur la poli-
tique extérieure de la France.
Cette lecture faite, M. Poincaré décla-
rera qu'il ne peut rien ajouter à sa com-
munication dont les termes auront été soi-
gneusement pesés. En conséquence, il
demandera aux interpellateurs de vouloir
bien ajourner à quelques semaines les
demandes de renseignements complémen-
taires qui pourraient lui être adressées sur
les événements actuels.
M. Poincaré se rendra ensuite au Sénat
pour lire la même déclaration qu'à la
Chambre.
En ce qui concerne l'ordre du jour séna-
torial, le président du Conseil demandera à
la Haute Assemblée de reprendre dès mer-
credi la discussion du projet relatif au
renflouement de la Banque industrielle de
Chine.
Le bureau
La journée d'hier n'a apporté aucune
modification au programme de la séance
d'aujourd'hui à la Chambre, tel que nous
l'avons fait prévoir.
A noter cependant qu'il se précise qu'en
ce qui concerne le renouvellement des bu-
reaux, il y aura lutte pour les quatre siè-
ges de vice-présidents.
Nous avons dit que les sortants, MM.
François Arago, André Lefèvre, Chassai-
gne-Goyon et Puech auraient, pour compé-
titeurs, MM. Lefebvre du Prey, Louis Marin
et d'Aubigny. Deux autres candidat* sont
encore à siff'naler MM. Landry, de l'action
républicaine et sociale, et Archimbaud. ra-
dical-socialiste.
Au Sénat, la séance d'ouverture de la
session ordinaire sera présidée par le
doyen d'âge, M. Gustave Denis; sénateur
de la Mayenne, âgé de quatre-vingt-dix
ans. Il sera assisté des six plus jennes
sénateurs présents à la séance. D'après la
date de leur naissance, les six secrétaires
l'âge seraient MM. le comte de Blois,
Donon, René Besnard, Duroux, Paul Dupuy
et Labrousse. <
Après l'allocution du doyen d'Age, le
Sénat procédera à l'élection de son bureau
définitif pour l'année 1923. Les scrutins
auxquels cette opération donnera lieu du-
reront une bonne partie de l'après-midi,
puis il sera procédé, séance tenante, à
l'installation du bureau définitif.
Comme nous l'avons fait prévoir, M.
Léon Bourgeois est bien décidé à ne pas
solliciter le renouvellement'de ses fonc-
tions présidentielles, mais le Sénat voudra
lui marquer une fois de plus sa sympathie
en le nommant encore président, en atten-
dant la retraite définitive du sénateur de
la Marne.
M. Léon Bourgeois, dont l'état de santé
nécessite de grands ménagements, ne pren-
dra pas possession aujourd'hui du fau-
teuil présidentiel. Dans ces conditions,
c'est le premier des quatre vice-présidents
élus qui adressera, au lieu et place du
président, les remerciements de M. Léon
Bourgeois à l'assemblée.
Le Sénat réglera ensuite son ordre du
jour en se conformant aux indications du
gouvernement.
Venant de Strasbourg.
Je reçois une enveloppe timbrée de Strasbourg,
une sorte de petit factum en tête duquel figure
le nom de M. Oscar de Ferenzy, rédacteur en
chef du Courrier de Strasbourg, engagé volon-
taire, « prix Montyon de l'Académie fran-
çaise ».
Ce confrère, qui me cite aimablement dans
son tract, semble rechercher quelque publi-
cité.
Je réponds à son désir.
M. Oscar de Ferenzy, prix Montyon de l'Aca-
démie française, consacre donc présentement
tous ses soins à l'expédition, franco de port et
d'emballage, de quatre petites pages couvertes
de caractères d'imprimerie.
J'ose dire que le caractère de ces caractères
me trouble un peu.
Après l'échec de la conférence de Paris, à
l'heure difficile que nous vivonS^ M. Oscar de
Ferenzy éprouve le besoin de se livrer à une
bizarre petite manifestation imprimée.
Cet excellent prix Montyon manifeste, en
effet, purement et simplement, en faveur de
l'Allemagne, dont il nous dépeint, en termes
attendris, la lamentable misère.
Ce n'est pas nous qui sommes à plaindre,
nous qui avons eu huit départements envahis
et ravagés, nous qui attendons depuis quatre
années les réparations qui nous sont dues, nous
qui sommes accablés d'impôts, de charges et
de soucis nous qui sommes tous encore en
deuil. Non. C'est la pauvre chère Allemagne
qu'il faut plaindre
Le prix Montyon veut bien nous reconnaitre
le droit de frapper les grosses entreprises alle-
mandes qui versent à leurs actionnaires des
dividendes de 60 et 80 o/o (- alors ?. -) mais
il ne cache pas qu'il a entendu de vives récri-
minations « contre les charges écrasantes qu'en.
traine l'armée d'occupation ».
Nous pourrions peut-être abandonner la der-
nière garantie qui nous reste sur le Rhin ?.
M. Oscar de Ferenzy s'étend, ensuite, com-
plaisamment, « à titre purement documentaire »,
sur les sentiments. vraiment tendres que le
bon peuple allemand nourrit à notre endroit.
Je cite ce court passage Si nous venions à
acquérir la certitude que la France ne serait
soutenue par aucun de ses alliés, nous snurions,
nous, trouver des alliés pour engager une lutte
désespérée ef sans merci contre les Français.
Ce sont de bons Allemands qui parlent
.Je remercie M. de Ferenzy de l'envoi de
son singulier factum. Mais il a sollicité mon
opinion en me l'envoyant. Je vais donc lui
dire, très franchement, ma pensée.
Je pense, très sincèrement, que M. de Fe-
rcnzy, qui semble vouloir s'attacher à des œuvres
philanthropiques, pourrait employer beaucoup
mieux son temps et son argent qu'à la défense
de la pauvre Allemagne. Recevoir, et de Stras-
bourg, et d'un prix Montyon de l'Académie
française, un tel prospectus, c'est affligeant
pour ne pas dire plus.
Puisque M. de Ferenzy a des loisirs et des
fonds, je lui conseille vivement de publier un
nouveau petit opuscule consacré, celui-là, à la
pauvre France patiente, dévastée et mutilée. «
Et je lui demande de bien vouloir expédier,
toujours à ses frais, ce petit bulletin français
aux bons messieurs et aux bonnes dames de
Germanie.
Ainsi soit-3 .1 Matrice Prax, 6 6
'lA-TRAVERSEE ou SIH EN AUTOMOBILE
L'ARRIVÉE AU BUT
DANS LES DUNES DU COTE DE MICHELFU1G-, AU NORD DE TOMBOUCTOU
Cette photographie a été prise le 16 octobre A bord de 1a Cltrodu la colonel Hanneot. 1
M. 'de Cérts et le lieutenant Séfoutau
Le sans-fil qui doit nous annoncer l'ar-
rivée à Tombouctou des chenilles de la
mission Haardt-Audouin-Dubreuil n'est
pas encore parvenu à Paris; mais il n'est
pas douteux que les vainqueurs du Sahara
se reposent actuellement tlans la cité nigé-
rienne, avec la satisfaction du grand effort
accompli.
En effet, le dernier télégramme que nous
ayons reçu via Dakar indiquait que les
autos-chenilles, arrivées à Bourem le 4, à
quatre heures après-midi, en étaient repar-
tics dans la nuit du 5 au 6 le, 6, à sept heu-
res trente du matin, elles passaient à
Bamba (100 kilo de Bourem). EUep ont dû
entrer et Tombouctou dans la nuit du 6 au 7,
ou au plus tard le 7 ait matin: car de Bamba
à Tombouctou il n'y a que deux cents kilo-
mètres d'une piste sur laquelle les autos-
chcnilleis peuvent aller à une allure assez
vive.
On peut donc dire aujourd'hui le Sahara
est vaincu par l'auto-chenille. C'est une
prouesse qui fait honneur non seulement
a MM. Citroën, Régresse et Hinsti?i qui ont
mis au point l'admirable et scientifique
appareil capable de franchir sans ennuis de
pareilles distances, mais encore au person-
nel dei direction et d'exécution d'une telle
entreprise.
flous avons demande au commandant Bet-
tembourg- de retracer aux lecteurs du
Petit Parisien les étapes (la la conquête de
Tombouctou, la ville mystérieuse.
Les conquérants pacifiques
Tombouctou, dont Félix Dubois, dans son
livre admirable, a chanté le charme et le
mystère, a eu les destinées les plus étran-
ges. Elle a subi tour à tour la conquête
rlcs Sonhrays, des Peulhs, des Marocains et
des Touareg, chacune de ces races lui im-
primant avec intensité ses traits particu-
liers et les marques essentielles de sa civi-
lisation propre. Courbée sous tous les jougs,
elle n'en garda pas moins une personnalité
caractérisée surtout par un renom de
science, qui ne pouvait manquer d'attirer
sur elle l'attention des peuples européens.
Parmi les conquérants pacifiques venus
d'Europe et que leur foi patriotique lan-
çait à travers le terrible inconnu de ces
régions jusqu'alors impénétrables, l'histoire
doit rendre un tout particulier hommage
au major anglais Gordon Luing. Parti de
Rhadamès, il atteignit le premier Tombouc-
tou en 1826 et périt assassiné par les Mau-
res Berabichs entre Tombouctou et Araouan
qu'il essayait d'atteindre. M. Bonnel de
Mézières a retrouvé à Tagant-Keina, au
cours de la guerre, les restes du vaillant
explorateur, qui repose à l'heure actuelle
dans le calme cimetière de Tombouctou.
En 1827-1828, René Caililé faisait à son
tour son entrée dans Tombouctou. Notre
cœur de Français n'admirera jamais assez
c« vaillant et rude compatriote, simple
mousse rêvant de conquérir pacifiquement
à son pays le plus splend'ide des domaines
et qui, réduit à ses seules ressourcés,
armé d'une mndeste boussole, sans moyens
autres que sa foi ardente, a réussi la plus
admirable des explorations de Tombouc-
tou au Maroc.
Beaucoup plus tard, en 1853, Barth
TRENTE GAMINS HOLLANDAIS LIVRENT BATAILLE
A QUATRE POLICIERS OUI EN TUENT TROIS
Bruyelles, 8 janvier (dép. Havas.)
La Libre Belaique publie une information
de l'flaescyck annonçant qu'à Borkeen, près
de Winterswyck, une bataille a eu lieu
entre quatre agents de police et une tren-
taine de gamins. Les agents ont dû faire
usage de leurs armes trois gamins ont été
tués et six autres blessés.
LES INQUIÉTUDES DE M. BOCHE
Aïe voilà mon rein qui me tracasse il, crois
que nous allons avoir un changement de temps t
iniiiiinniiiiiniiHiiHimunmiiiMiironiininiiiiuuHiiiinuiiiiiiiiiMi
A LA DEUXIEME PAGE
EN MARGE DU FANTASTIQUE HÉRITAGE
Comment M. Delboit fut berné par les
époux Léotardi.
abordait à son tour, au oours d'un scien-
tiffque voyage, la ville mystérieuse.
Tombouctou conserve encore le souve-
nir du passage des trois premiers explora-
leurs qui l'ont visitée. La pieuse admira-
tion de l'administration française a fait
apposer sur chacune des maisons qu'ils
ont occupées une planquette où se lisent les
noms de ces vaillants et la date de leur
passage.
Les conquérants guerriers
C'est le 16 décembre 1893 que le lieute-
nant de vaisseau Boiteux faisait son en-
trée à Tombouctou., où il était venu sur
un chaland armé d'un canon de marine. Il
y prenait contact avec les autorités indi-
gènes locales, toutes surprises de sa ve-
nue, et indécises quant à la condnite à
tenir envers les Français leur parlant de
se soumettre. Plus résolus à la résistance
étaient .les Touareg, qui ne voyaient pas
sans crainte arriver des étranger-! dans
la ville mystérieuse. Cet événement devait
marquer pour eux la fin de la domination
sur les rives du fleuve aussi, le 28 dé-
cembre, ils massacraient l'enseigne de
vaisseau Aube et sa troupe de laptots, entre
Kabara et Tombouctou. A l'endroit où
tomba le vaillant officier de marine et qui
s'appelle « Ouroumeïra » « l'endroit où
l'on n'entend pas » en langage sonhray
s'élève une, stèle où sont gravés tes noms
de ceux qui moururent pour faire la France
toujours plus grande. Cette surprise devait
ftre suivie, peu de temps après, du massa-
cre de la troupe du colonel Bonnier, sur-
venu a Tacoubao le 16 janvier 1894 et
où tombèrent à côté de leur chef venu de
Tombouctou, plusieurs officiers et plus
d'une centaine de tirailleurs sénégalais.
Joffre, alors commandant du génie, devait
le 24 janvier, à Niafounké, prendre sur les
Touareg Tingueriguifs, auteurs de cette"
tragique surprise, une sévère revanche.
En 1895, enfin, le capitaine Gouraud bat-
tait à son tour, aux environs de Tombouc-
tou, les Touareg Kel Antessars, qui vou-
laient contester notre conquête. Il est cu-
rieux de voir deux des plus grands vain-
queurs de la guerre prendre leurs pre-
miers quartiers de noblesse sur les bords
du (lointain Niger.
Les conquérants scientifiques
L'ère de la conquête scientifique de Tom-
bouctou est désormais ouverte seuls, jus-
qu'à maintenant, y ont apparu l'avion et
les autos-chenilles.
En mars 1920, l'avion du commandant
Vuillemin, dans un vol glorieux. traçait
dans le ciel de Tombouctou la date d'une
admirable victoire et venait se poser sur
le terrain d'Hariboro, à quelques cen-
taines de mètres à peine du monument
élevé à la mémoire de l'enseigne de vais-
seau Aube et de ses compagnons.
Le 7 janvier Tombouctou aura vu
l'arrivée glorieuse de la caravane scienti-
fique conduite par Haardt et Audouin-
Dubreuil les cris enthousiastes des indi-
gènes, l'admiration des Européens leur au-
ront sans doute dit qu'ils venaient de rem-
porter une de ces victoires qui valent à la
France plus de profit que bien des bruyan-
tes batailles.
Commandant BETTEMBOURG.
Un avion à conduite télémécanique
est expérimenté aux Etats-Unis
Ce sera un terrible engin de guerre
Londres, 8 janvier (dép. Petit Parisien.)
Des messages d'Amérique indiquaient
récemment, que l'on procédait, aux Etats-
Unis, à des expériences avec un appareil
de petites dimensions, sans pilote Jt bord,
et qui. dirigé par télémécanique, parcourut-
150 kilomètres au cours des essais.
Le correspondant aéronautique de l'Eve-
ning Standard précise, aujourd'hui, que cet
appareil est destiné à devenir un nouvel
engin de guerre d'.une très grande puis-
sance. Il constitue, en effet, une espèce de
torpille volante contenant une grande
quantité d'explosif ou de gaz asphyxiants,
et pouvant être dirigée d'un poste télémé-
canique souterrain vers un objectif déter-
miné. Grâce à un mécanisme ingénieux,
l'appareil envoie lui-même, automatique-
ment, des signaux qui permettent de le si-
tuer exactement à tout instant de sa course.
A un moment donné, lorsque cette torpille
aérienne est parvenue au-dessus du dépôt
de munitions que l'on veut atteindre ou
de la zone que l'on désire rendre inhabi-
table, on peut, des postes de contrôle, pro-
voquer sa chute.
LES RELATIONS FRANCO -ESPAGNOLES
M. André Fribourg, député de l'Ain, rap-
porteur à la commission de l'enseignement
du projet de loi sur la création de la « Mai-
son de France » en Espagne,'partira ce soir
pour Madrid.
Il sera reçu en audience par les princi-
pales personnalités politiques, et diverses
questions actuellement pendantes entre la
France et l'Espagne seront vraisemblable-
ment abordées dans ces entretiens, iiotam-
ment celle de l'organisation des relations
intellectuelles franco-espagnoles.
De Madrid, M. Andrc Fribourg se rendra
ensuite à Algésiras et à Tanger.
T Thompson et Byewaters
expieront leur crime
ce matin à 9 heures
Le ministre de l'Intérieur a rejeté
la dernière requête présentée
par l'avocat de la condamnée
Londres, 8 janvier {dép. Petit Parisien.)
C'est demain matin, à 9 heures, que se
déroulera le dernier acte du drame d'Ilford.
Les échafauds sont déjà drossés à Olloxay
pour Mme Thompson et à Pentonville pour
Byewaters, et les bourreaux Ellis et Willis
sont sur les lieux pour procéder à l'exécu-
tion. Mais, jusqu'au dernier momant, l'opi-
nion publique anglaise, qui, nous l'avons
noté, sollicita avec insistance la cléimence
de la Couronne, n'aura pas perdu l'espoir
| do voir les condamnés échapper au supplice.
Un effort, de la dernière heure a encore été
t'-nto pour arracher Mme Thompson à la
En efi>t, hier, en pleine nuit.. M. Stern,
avocat de Mme Thompson, quitta secrate-
ment la capitale avec son secrétaire. Tl se
rendit, par voie ferrée, à Leigh Manor, rési-
dence du ministre de l'Intérieur, suite pres-
que perdu à huit cents mètres d'altitude,
dans les montagnes du Middtand. Les voya-
j geurs arrivèrent à destination sur le coup
de minuit. Ils.trouvèrent la résidence noyée
dans l'obscurité et, tous ses hntes plonges
dans In sommeil. C'est à grand'peine qu'ils
réussirent à réveiller Tes domestiques.
M. Stern sallicifa la permission de s'entre-
tenir avec le ministre. On lui répondit que
M. Bridgeman était couché. M. Stern plaida
l'urgence de sa visite et obtint finalement
que M. Bridgeman se levât pour lui donner
audience au salon.
M. Stern exposa alors las arguments du
suprême recours qu'il venait formuler en
faveur de la condamnée. Il se fonda sur les
aveux in extremis que Byewaters fit hier
aux gardiens de la prison. Celui-ci leur
dit:
de ne puis croire que Mme Thompson sera
mise à mort. Elle est innocente, abselument inno-
cente. Elle n'a eu aucune part au meurtre. C'est
moi, et moi seul, qui ai commis le crime.
M. Bridgeman ayant répondu que Ces
aveux ne différaient en rien des déclara-
tions faites par le meurtrier avant l'heure
du verdict, l'avocat argua que les nou-
veaux aveux faits par un homme quelques
heures avant son exécution étaient désin-
téressés et sincères et» devaient être admie
comme vrais.
M. Brirlgoiman, sans s'engager d'une ma-
nière ferme et précise, promit toutefois
d'examiner il nouveau le cas de Mine
Thnmpson, et :'il. Stern prit congé du mi-
nistre avec la satisfaction d'avoir pu ss
faire écouter. C'est, en 'effet, da première
fois, paraît-il, qu'un ministre de 4'îr.té-
rieur accorde une audience en pareMe
circonstance.
Mais ceux qui avaient formé l'espoir
que cette supplique iv extremis réussirait
ont été déçus ce soir. iLe ministre de rTn-
térieur vient, en effet, de publier le com-
muniqué suivant
Le nainistre de l'Intérieur fait savoir qu'apris
avnir examiné, il fond toutes les requêtes qui tul
ont été présentées, i! regrette de ne trouver
aucune raison pour se départir de la rf(*p»«fo>»
qu'il a prise relativement an ras de Frédérlc
Byewaters et d'Edith Thompson..
lils expieront donc demain, à la neu-
vième heure du neuvième jour de janvier.
L'ATTENTAT DU 14 JUILLET
GUSTAVE BOUVET
qui tira sur le cortège
du Président de la République
est condamné
à cinq ans de travaux forcés
Gustave Bouvet, l'auteur de l'attentat
dirigé, le 14 juillet, contre le cortège du
Honvet dit « Juvenis
Président de la République, a aujoud'hui
vingt-quatre ans, étant né à Angers, en
C'est un long et maigre jeune homme,
au visage blême, au nez fortement accusé,
au front proéminent, à la chevelure héris-
sée en touffes au sommet du crâne.
Trois fois déjà il a été condamné pour
provocation de militaires à la désobéis-
sance et provocation au meurtre dans un
but de propagande anarchiste.
Des condamnations politiques qui ne tou-
ohent pas à la morallté, a-t-il souligné, au
moment où le président les lui rappelait.
Il eut une enfance maladive; à quatre
ans, une diphtérie grave. A l'école il se
montra bon élève, quoique souvent dans
les nuages, ont dit ses maîtres. Il témoi-
gnait d'une vive exaltation religieuse. Il
voulait entrer dans les ordres et, à cette
intention, partit pour la Belgique, pour
entrer dans un noviciat de capucins.
Sa mauvaise santé l'en détourna, et il se
fit dessinateur. Dans les divers ateliers
qu'il fréquenta, il passait pour un bon
petit jeune himine, sombre, parlant peu et
de constitution délicate. 1
Influence de ces milieux, ou reflet des
opinions paternelles ce qu'il nie on
le retrouve anarchiste, secrétaire du
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