Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-08
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1923 08 janvier 1923
Description : 1923/01/08 (Numéro 16750). 1923/01/08 (Numéro 16750).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION PARISIENNE
Pluie nocturne suivie d'é-
claircies et averses ou gi-
boulées locales. Tenta assez
forts des régions ouest à
ne'd-ouest. Température re-
lativement douce.
Nuit +4". Jour +T«.
EN FRANCE
Dans le Nord-0 u e a t et t
l'Ouest, mêmes conditions
que région parisienne. Au
Nord-Est et à l'Est, pluie ou
neige. Ailleurs assez beau,
très nuageux.
SOLEIL: lev.7h.«; couch.4 h.10
LUNE dern. qu. 10 nouv. 17
f 48«ANN£E.-N°16.7BO
LUNDI
8
JANVIER
Saint Lucien
ABONNEMENTS 3 KM lotit 1 Kl
Seine et S.-O. 48.»
France et Col.
Etranger » M.» 8J.»
18. RUE ITENGHtEW, PABI8
Si lourdes pies soient,
payons nos dettes
Puisque nous inaugurons une nouvelle
méthode pour nous faire payer de l'Alle-
magne, le moment ne serait-il pas venu de
considérer aussi sous un nouvel aspect la
question de nos dettes à l'égard de nos
Quel Français n'a pas éprouvé un sen-
timent pénible, au cours de la dernière
conférence de Paris, et même depuis, plu-
sieurs années que l'on discute la question
des dettes interalliées, en voyant la France
dans la situation peu reluisante d'un dé-
biteur qui essaie d'obtenir de ses créan-
ciers la remise de ses dettes
On a beau dire que toutes les charges
de la guerre auraient dû être mises en
commun, et que l'Angleterre notamment
est entrée dans la lutte pour sa propre
cause, afin d'empêcher l'Allemagne de
s'établir à Anvers et à Calais, il n'en reste
pas moins qu'aucune convention ne lie
l'Angleterre ni l'Amérique, et que nous
devons bel et bien 11 milliards de marks
or à l'une, 14 milliards à l'autre, en tout
25 milliards qui, au cours du jour, repré-
sentent en chiffres ronds 75 milliards de
nos francs papier actuels.
Si énorme que soit cette dette extérieure,
si difficile qu'il nous paraisse de com-
mencer la payer, surtout après avoir
avancé 100 milliards de nos francs papier
pour le compte de l'Allemagne à nos si-
nistrés du Nord et à nos pensionnés de
guerre, il faut pourtant y faire face, coûte
que coûte, si nous voulons retrouver notre
crédit et voir remonter notre franc; cette
libération de nos charges une fois accom-
piie, notre horizon financier sera éclairci,
la confiance en notre crédit sera plus
grande que jamais, notre devise n'aura
l;.us à craindre les manœuvres des agio-
teurs, et la reprise économique qui résul-
tera de cette situation nouvelle sera un
bienfait pour tous.
Dans uns interview à la presse, M. Bonar
Law observait l'autre jour que personne
n'aime payer ses dettes. Il se trompe. En
France, l'ouvrier, le paysan, le commer-
çant, la ménagère aiment payer leurs
dettes, ne vivent pas tant qu'ils ont des
dettes. Le gouvernement qui osera dé-
clarer que nous entendons, comme l'An-
gleterre, payer nos dettes extérieures, qui
lancera en France un emprunt spécial
pour l'amortissement de cette dette, ou
qui demandera au pays n'importe quel
impôt nouveau, en vue de cet amortisse-
ment, ne fera pas en vain appel à la fierté
nationale. ̃
Car il n'est pas un Français qui ne
sente qu'une grande nation comme la
France qui ergoterait sur le paiement de
ses dettes extérieures et ne se saignerait
pas pour les payer, non seulement porte-
rait une atteinte grave à son crédit et à
son prestige, mais encore, ce qui est plus
triste, aliénierait quelque chose de sa li-
berté et de son indépendance.
Immeubles. en Espagne
Comme il n'est pas précisément très agréable,
à cette heure, de coucher sous les ponts, les fa-
milles qui sont sans abri ont suivi avec un inté-
rét particulier les débats engagés au conseil
municipal au sujet de la construction d'immeu-
bles à bon marché.
Elles ont appris avec plaisir, il y a quinze
jours, qu'on allait édifier dare-dare des mai-
sons à confort réduit pour les intellectuels et
«les maison à confort ron réduit pour les heu-
r-ux locatiMtc non intellectuels.
C'était un premier résultat appréciable.
Les familles sans logement ont appris en
même temps qu'il y aurait même, dans les loge-
ments ouvriers, un escalier de service.
En vérité, c'était magnifique Le conseil
municipal avait donc prévu que, lorsque ces
belles maisons seraient debout, les plus petites
gens de Paris pourraient avoir des domestiques
qui passeraient par l'escalier de service.
Les gens sans logement, tout bouleversés par
l'annonce de ces mirifiques nouvelles, ont appris
ensuite quels seraient les prix des loyers dans
ces palais enchantés. En multipliant le nom-
bre des mètres cubes de maçonnerie par le
nombre de briques employées, on obtenait le
prix du confort réduit réservé aux intellectuels.
En divisant le nombre des briques par le nom-
bre des cheminées, on obtenait le prix du loge-
ment ouvrier avec escalier de service.
Tout cela était encore très beau.
Et puis les gens sans logement ont appris
qu'il y avait une première petite erreur dans
le calcul des prix. Il fallait multiplier je ne
sais quoi par je ne sais quoi et tenir compte
de l'âge de la grand'mère de l'architecte. Et
puis les gens sans abri ont appris qu'il y avait
une deuxième petite erreur qui bouleversait
tous les plans.
Après quoi, il fut annoncé que le « confort
réduit a serait réduit et que l'escalier de ser-
vice ne serait sans doute pas mis en service.
Hier, enfin, les familles qui cherchent vaine-
ment un toit ont appris qu'il n'y avait plus rien
de fait.
Il n'y a plus de logements pour les intellec-
tuels. Il n'y a plus de confort réduit. Il n'y a
plus d'escalier de service.
Tout est démoli. Le projet est par terre
le somptueux et splendide projet
Il n'y a plus de projet. Mais il y a un pro-
jet de nouveau projet que l'administration
est invitée à étudier sans retard. Il y a de
nouveaux immeubles dans les limbes du fu-
tur bâtis en pierres de lune.
Et finalement tout ce que les gens sans abri
ont appris, c'est qu'ils allaient continuer à se
trouver sans abri en attendant. Maurict
Prax.
Madame la pythonisse d qui j'al-
lai demander les prt'vtnons pour
I9SS, au sujet de !et vie chère, me
dit Je voir une grande amélio-
ration.^
Je vous vois faisant vous-
même votre marché.Von?
achetez une botte de na-
vets pour trois sous.
La vie mouvementée
de M. Louis Andrieux
Doyen d'âge de la Chambre
M. Louis Andrieux présidera mardi,
comme doyen d'âge, la première séance de
la session ordinaire de 1923, à la Chambre
des députés. Et il la présidera à «6a
façon », sans tenir compte des précédants.
Il rompra !ia tradition.
Les usages veulent, que le doyen d'âge
prononce une allocution et que cette allo-
cution aît été écrite préalablement. M. An-
drieux n'a rien écrit et n'écrira rien. Il ne
veut pas lire, il veut parler. Aussi pronon-
cera-t-il un discours non préparé, un
discours improvisé où il dira ce qu'il
pense des événements et des réformes
projetées. Et puis, considérant le fau-
teuil présidentiel comme une tribune, si
quelqu'un l'interrompt, il répondra. Il a
la ferme volonté de ne pas laisser passer
une seule interruption sans répondre il
celui de ses collègues qui l'aura lancée.
C'est une véritable « révolution- que va
tenter M. Louis Andrieux. Les défenseurs
de la tradition parlementaire, à la tête
desquels se trouve M. Eugène Pierre, sont
inquiets. Ils ont essayé de faire revenir le
doven d'âge sur sa détermination. Rien à
faire. M. Louis Andrieux a répondu
Je veux bien vous faire une conces-
sion je passerai entre les deux files régle-
mentaires de fantassins pour me rendre de
palais de la présidence la sallfi des séan-
ces et je revêtirai l'habit, mais ne mc
demandez rien de plus.
Et M. Eugène Pierre et ses collabora-
teurs se sont inclinés. M. Louis Andrieux
ne leur avait-il pas déclaré qu'il viendrait
en veston et qu'il gagnerait le fauteuil pré-
sidentiel après avoir pénétré dans la salle
des séances comme un « simple député ».
Mais j'ai de sérieuses raisons de croire
que le doyen d'âge avait fait cette
menace. pour rire.
C'est que M. Louis Andrieux est un
homme terrible. Il aime la plaisanterie,
mais la bonne plaisanterie, car il a de
l'esprit, beaucoup d'esprit. Et les mots
jetés par lui au milieu d'une discussion
âpre, passionnée, violente, ont un effet
immédiat sur l'Assemblée. Ils la déten-
dent, font rire les uns, calment les
autres.
Pas un député ne suit plus attentive-
ment les débats que M. Louis Andrieux.
Toujours calme, les' bras croisés, son
attitude favorite, il est assis, à son banc
le quarante-deuxième un banc au
centre gauche où iL siège entre M. Lau-
raine et M. Gaston Thomson. Son voisin de
droite était, il y a quelques mois encore,
M. Jules Siegfried, décédé, à qui M. An-
drieux a, précisément, succédé comme
doyen.
M. Louis Andrieux, la tête légèrement
inclinée à gauche, dodelinante, les yeux
clignotants, de grands yeux bleus, vifs,
surmontés de longs sourcils, qu'un plis-
dement accentué du front rapproche des
cils supérieurs, le visage barré par une
forte moustache, ia tête ornée de cheveux
restés drus »t d'une blancheur de neige,
M. Louis Andrie-ux, à son banc, paraît
sommeiller. Erreur le doyen di'âge
écoute, et, le moment toujours bien
choisi, lance d'une voix forte la bonne in-
terruption.
H connaît toutes les ficelles du métier.
Il est entré, il est vrai, dans la politique
active vers IL a été le compagnon de
lutte, le défenseur 'comme avocat des répu-
blicains poursuivis par les ministres de
Napoléon nI, il a été l'ami dévoué, ile colla-
borateur de tous ceux qui ont travaillé à la
fondation de la troisième République. Il est
resté l'ami de ceux qui, comme lui, ont eu
la bonne fortune d'assister à la victoire en
1918, après avoir connu la défaite en 1870.
Il paTle toujours avec émotion de son ami
M. de Freycioet, de son ami M. Clemenceau.
Il a eu, au cours de sa longue carrière
quelques déceptions. Il n'en a gardé aucune
amertume. Il a été journaliste, avocat, ma-
gistrat, préfet de police, ambassadeur, con-
seiller municipal, conseiller générai, dé-
puté, sénateur et l'on se demande pourquoi
il n'a jamais été ministre. Peut-être est-ce
parce que, rapporteur de la fameuse com-
mission des 33, il fut le « tombeur » du
« grand ministère ». Les amis de Gambetta
lui en voulurent, en effet, longtemps d'avoir
renversé, après deux mois et demi d'exis-
tence, île cabinet qu'avec peihe leur « pa-
tron » avait réussi à mettre sur pied. 1
Quand on rappelle à M. Louis Andrieux
la fameuse séance de janvier 1882 où la
Chambre repoussa lie principe du scrutin
de liste proposé par Gambetta au moyen
d'une revision de la Constitution, il se
contente de dire en souriant
Je vois encore Gambetta, furieux,
quitter la saLle des séances en jetant ces
mots « On ne saura jamais tout ce qu'il
v avait dans ce portefeuille. » Gambetta
faisait ainsi allusion aux réformes qu'il
avait préparées.
Et M. Andrieux d'ajouter, toujours en
riant
La chute de Gambetta, ce fut le
commencement de mes malheurs. Il est
vrai que j'avais réussi à faire écarter le
scrutin de liste.
Le vieil arrondi.ssementier se retrouve.
Pour lui, seul, un scrutin uninominal
peut donner une majorité et, partant,
un gouvernement stable. Et c'est pour-
quoi il est opposé aujourd'hui à la R.P.,
contestant aux minorités ce que les par-
tisans de ce mode électoral appellent
« leur dû ».
La vie de M. Louis Andrieux a été mou-
vementée. Et je crois pouvoir afflrmer que
pas un de ses collègues à la Chambre n en
a vécu une comparable.
J'ai vu M. Andrieux hier. Il m'a reçu en
son charmant petit hôtel qu'il a fait cons-
truire il y a vingt-sept ans à deux pas
de l'avenue Henri-Martin, tout près de
.la viande a balisé égale-
ment, un peu plus iSin je
vois un boucher affichant
dix-huit sous la livre de
bifteck, m qualité.U
M. LOUIS ANDRIEUX
l'ancien chalet de Lamartine, aujourd'hui
disparu. J'ai pénétré dans le cabinet de
travail du doyen de la Chambre le cabi-
net du juriste, du parlementaire et du
journaliste. Il y a là le Dalloz, les
annales de la Chambre et du Sénat et
les collections de journaux fondés par
M. Andrieux et celles des journaux aux-
quels il collabora pendant de longues
années puis, les discours des grands ora-
teurs et l'œuvre de Voltaire. Une toile uni-
que orne la belle boiserie de ce cabinet.
M. Louis Andrieux à sa table de travail,
par Edouard Andrieux Le père peint par
le flls.
Le doyen d'âge m'a dit
Je suis heureux de vous recevoir
vous, Petit Parisien, car c'est moi qui
vous ai créé. "J
C'était peu après le Seize mai je créai
le Petit Parisien dont je confiai la partie
littéraire à Henry Fouquier et la partie
politique à Jules Roche. Je passai bientôt
la main. Je leregrette aujourd'hui quand ja
vois la place prise par le Petit Parisien,
mais je me console en me disant qu'avec
moi il ne serait probablement pas ce
qu'il est.
Et M. Andrieux de me conter, pendant
près de deux heures, les souvenirs de sa
vie mouvementée. Originaire de Trévoux,
où il est né, en 1840, il fait ses études à
Lyon, où il prend sa licence ès lettres. Il
vient à Paris faire son droit et le voilà
mêlé à la vie politique. Il collabore à
plusieurs publications contre l'Empire,
avec Clemenceau, avec liéline, avec Ger-
main Casse, avec Vermorel. Avocat, il plaide
pour les camarades et pour lui-même, le
Jour où il est poursuivi pour avoir critiqué
l'empereur. Condamné à trois mois de
prison, il est libéré au 4 septembre. Le
voici conseiller de la Croix-Rousse, mem-
bre, par acclamation, du Comité de salut
public de Lyon; nommé procureur de la
République, sa popularité décroît; cepen-
dant il fait évader, en leur portant lui-
même des déguisements, des condamnés
de l'Empire, des magistrats, des prêtres.
Peu après, à la GuiUotière, ;1I est arrêté et
va être fusillé. Valentin. le préfet, le sauve.
En 1876, il entre à la Chambre, il devient
bientôt préfet de police. Il a, avec le
conseil municipal, de nombreux démêlés
A la chute de Gambetta, M. de Freycinet le
nomme ambassadeur à Madrid. Il y reste
sept mois. Il entretint là-bas d'excellentes
relations avec Alphonse XII.
Invité à la Granja, résidence estivale du
roi d'Espagne, comparable à' Versailles, it
s'y rend à cheval.
En arrivant, le souverain lui reproche
son équipée.
Vous auriez pu être arrêté par les
brigands
M. Andrieux répond
Vous calomniiez votre pays. Je n'ai
fait aucune mauvaise rencontre..La route
de Madrid à Ségovie est plus sûre que les
rues de Paris la nuit.
Revenu à la Chambre à la chute du
cabinet de Freycinet, il intervient à
maintes reprises.
Accusé plus tard, par Henry Maret,
d'être « boulangiste », il lui envoie des'
témoins. Une rencontre a lieu. C'est
le troisième duel de M. Andrieux. Deux
balles sont échangées sans résultat.
M. Andrieux a quitté le Rhône pour les
Basses-Alpes. Candidat en 1889, à Paris,
il est battu par M. Berger, il retourne
plus tard dam les Basses-Alpes, dépar-
tement qu'il représente encore aujour-
d'hui.
A Passy, M. Andrieux vit avec sa
femme, ses enfants, ses petits-enfants.
Mme Andrieux est Alsacienne. Elle est
la fille de Kœohlin, l'un des députés du
Bas-Rhin à l'Assemblée nationale en 1871.
M. Andrieux me parle des siens avec une
tendresse infinie
En me reconduisant, il me dit encore
Monsieur, je suis heureux. Il y a
vingt-sept ans, à l'époque où je faisais
construire cet hôtel, j achetai au cimetière
de Passy une place pour notre famille. Il
y a vingt-sept ans la place est toujours
Charles MORICE.
le vous vois à la terrasse
d'un café, attablé devant
M bock. qui ne coùte que
trente centimes
.On trouve beaucoup plU8 d'qp-
partements et leur prix a considé-
rablement diminué.
A LA VEILLE.
La Commis» des réparations
se relit aujourOui
pour entendre les Aimais
MAIS SERONT-ILS AU RENDEZ-VOUS?
Nous avons annoncé, hier, la décision
prise à l'unanimité, par la commission des
réparations, au cours de sa* séance de
samedi matin, de se réunir à nouveau cet
après-midi, à 15 heures, afin de permettre
aux Allemandes de présenter leur défense en
ce qui concerne le déficit constaté dans les
livraisons de charbon et de coke.
La commission a estimé que les experts
du Reich, MM. Walmischratt et Lubsen,
dont les dossiers sont certainement prêts,
pourraient, en quittant Berlin dimanche,
être à Paris aujourd'hui à midi, c'est-à-
dire suffisamment tôt pour assister à la
séance.
En sera-t-il ainsi ? Il nous revient que,
dans la soirée de samedi, M. Meyer de la
Kriegslastenkommission, a fait une dé-
marche officielle auprès de M. Barthou,
président de la C. D. R., pour le prévenir
que ces deux experts ne pourraient pas
être en temps utile à Paris en raison de
l'impossibilité où ils se trouvaient d'entrer
en communication directe, un samedi, avec
les services compétents de Berlin.
ÊjJK» Barthou lui répondit qu'il ne pou-
vait accepter un pareil argument., que 'la
C. D. R. n'était, en fait, nuJlem'ent hanue
d'entendre les experts allemande, dont
l'audition n'a aucun caractère obligatoire
et que, s'ils n'étaient pas exacts au ren-
dez-vous, elle passerait outre et n'en
prendrait pas moins sa décision.
La tentative pour gagner du temps
n'ayant pas réussi, il est probable que
l'Airemagne aura dépêché immédiatement
ses experts. Nous ne tarderons pas à être
fixée sur ce point. De toutes façons, le
manquement volontaire sera, au plus tard,
conataté demain et il y a tout lieu de pen-
ser que la mise à exdcution des sanctions
prévues suivra de très près cette consta-
tation.
Rappelons, en terminant, qu'un conseil
de cabinet doit avoir lieu ce matin sous la
présidence de M. Poincaré. A. J.
'♦
Premières mesures d'application
du plan arrêté
par le gouvernement français
(L'agence Radio a communiqué, hier, dens
la soirée, la note suivante
« Quarante ingénieurs des mines ou de la
marine sont partis à 21 h. 55 de la gare
du Nord pour se rendre à Essen.
«A Essen, ces ingénieurs seront dirigées
sur les principales mines de la Ruhr, dont
ils auront, sans doute, sur un ordre à venir
de Paris, à prendre la direction.
«Ce départ a été effectué dans le pius
grand secret. Les membres de cette d6lé-
gation ignoraient le lieu où ils se ren-
daient. Ils avaient reçu un ordre leur en-
joignant de se trouver à 21 h. 30 à la gare
du Nord, prêts à effectuer un voyage.
«Dans 1 après-midi, les chefs de détache-
ment avaient eu une longue conversation.
au ministère des Travaux publics, avec
M. Le Trocquer et avec M. Coste, inspec-
teur général des mines.
«Ajoutons qu'il est probable qu'un nou-
veau contingent d'ingénieurs quittera de-
main matin Paris pour Essen,.»
A cette note, nous sommes en mesure
d'ajouter les renseignements suivants
Les ingénieurs qui ont quitté Paris hier
soir ne se rendront pas directement à Essen.
Ils s'arrêteront à Dusseldorf où le gouver-
nement leur fera parvenir de nouvelles ins-
trnetions lorsque le plan arrêté par le con-
seü des ministres sera mis à exécution.
Rappelons, à ce propos, que le président
du Conseil a décidé de parler jeudi à la
Chambre, Ce jour-là, il sera, sans do(ute,
à même de fournir aux députés des ren-
seignements sur les mesures qui auront
déjà été réalisées.
D'autre part, nos correspondants nous
signalent des mouvements de troupes. C'est
ainsi que le 1490 d'infanterie et le d'ar.
tillerie de campagne, en garnison à Epinal,
seront très prochainement embarqués. Ils
doivent se trouver sur Les bords du Rhin
mercredi.
DEUX NOUVEAUX SÉNATEURS
M. ELBY SUCCÈDE A M. BOUDENOOT
ET H. LAURAINE A H. LANDRODIE
Deux élections sénatoriales ont eu lieu
hier. La première, dans le département de
la Charente-Inférieure, où il s'agissait de
remplacer M. Landrodie, décédé, la secon-
de, dans le Pas-de-Calais, où un siège
était vacant par suite de la mort de M.
Boudenoot, vice-président du Sénat.
En voici les résultats
CHARENTE-INFÉRIEURE
Premier tour de scrutin
Inscrites 1.001. Votants
M. Lawaine, dôputié, g. rêp. dàm. 895 voix Elu
[M. Lando-odle, décédé, avait été réélu le 9
janvier 1921, le premier de la /liste radicale eo-
clallste, par 666 voix sur 908 votants.]
PAS-DE-CALAIS
Premier tour de scrutin
Inscrits 1.965. Votants 1.964
MM. Eiby, rép. de gauche. 1.033 voix ELU
Baeiy, député socialiste. 536
Luth, radical 316
Marty, communiste.
[M. Boudenoot, décédé, avait été réélu le troi-
slème de la liste -républicaine de gauche par
68i voix swr 1.240 votants.]
Oui, c'est H franc* Vannée
mtris que voulez-vous, la vie a tel-
lement augmenté
lA TRAVERSÉE ou EN AUTOMOBILE
La mission Haardt-Andouin-Dnbrenil a atteint le Niger
A Bourem, notre envoyé spécial Royer prend contact avec les
vainqueurs du Sahara il accomplit avec eux
la dernière étape
Il est quatre heures de l'après-midi. Un indigène accourt, essoufflé. II a entendu un
ronflement sourd et croit que ce sont les « monstres qu'il a déjà vus il y a quelques
semaines, lors de la préparation du ravitaillement de Tombouctou à Kidal.
Nous montons sur la terrasse du fort. Au loin, un animal noir semble ramper.
C'est bien une chenille. Une demi-heure plus tard, l'auto est là. C'est celle de
M. Castelnau avec son cinéma. Enthousiasme des noirs, félicitations, accolades.
Haardt est A quelques kilomètres avec les autres voitures. Celle qui est lA a l'air de
sortir de l'usine et son personnel est solide au poste.
Je pars avec la première chenille pour Tombouctou. L.-C. ROYER.
L'ÉTAPE BOUREM-TOMBOUCTOU
En haut Sous les murs de Bamba. En bas L'arrivée, à Tomboucîou, de I'Azalaou, caravane
annuelle qui Ta chercher à 700 kilomètres au Nord du sel en barres
Les autos-chenilles, qui ont atteint Bou-
rem le 4 janvier, sont sans aucun doute,
actuellement en vue de Tombouctou, où le
chef de bataillon Fauché, commandant du
cercle et uOministrateur de la viUe, doit
ifur préparer une réceptian grandiose. Le
eommanhant Bcttembourg va décrire aux
lecteurs du Petit Parisien la route qu'elles
suivent sur la rive Nord du Niger.
De Bourem à Tombouctou.- Les oueds
C'est à Bourem que les autos-chenilles
du raid Citroën ont abordé le Niger.
L'étoimement de ceux qui n'ayant jamais
vu le grand fleuve dont la puissance
et le débit se- décuplent aux hautes eaux
se trouvent soudain en présence de
cette masse liquide formidable, est tou-
jours sans limite. Mais ce sont surtout
ceux qui viennent, comme nos explora-
teurs, de franchir plus de 3.000 kilomè-
tres à travers des pays désertiques, qui
sont profondément frappés.
Les oueds rencontrés jusqu'alors n'é-
taient que des expressions géographi-
ques elles désignaient le lit, à sec, des
fleuves, indiqués seulement'par quelques
bouquets d'arbres et de loin en loin par
un puits. Ces oueds, où T'eau s'éooule
souterrainement à moins qu'elle ne se
rassemble en poches de distance en dis-
tance ont yi montagne, le plus sou-
vent, des berges profondément entaillées.
Pendant huit ou dix jours par an seule-
mont, ils sont tout à coup envahis par
une masse liquide considérable for-
mée par le ruissellement sur les rociies
imperméables, des pluies provoquées par
des tornades d'une violence inconnue en.,
Europe- Alors, avec un bruit que la mon-
tagne répercute et que connaissent
bien les Touareg l'oued coule en tor-
rent qui arrache tous les obstacles et
rotile confusément confondus des arbres,
des quartiers de rocs ou des cadavres
d'animaux surpris par les eaux furieuses.
Pendant deux jours, quelquefois trois
le torrent exhalera sa colère; puis brus-
quement il rentrera dans son lit. Le sable
boira les dernières gouttes. et le qua-
trième jour, l'inondation ne séra plus
qu'un souvenir de violence courte mais
intense, décelé par des débris de toute
espèce encombrant le lit de l'oued ou
accrochés à ses rives.
Le fleuve
Le Niger ne connaît pas les caprices des
oueds. C'est toujours un fleuve imposant
par la longueur près de 4.000 kilomètres
qui en fait le troisième du monde. Bien
que très éprouvé par la période de séche-
'l'esse, il n'en garde pas moins entière sa
dignité de grand fleuva Quand arrive l'épo-
que des tornades, ses débordements sont
sans limites et il rou'le, dans un lit large de
plusieurs kilomètres, un débit d'eau conai-
dératrie. On se plaît, parfois, à le comparer
au Ni-1 mieux que le Nil, puisque les bar-
rages qui règlent son débit sont naturels,
ffl étend par périodes successives sur les
campagnes voisines l'engrais btemfaisaat de
son limon. Bien que né dams les montagnes
du Fouta-Djallon, tout près de l'océan At-
lantique, qu'il pourrait atteindre après
quelques centaines de kilomètres de course,
il se laisse entraîner par les caprices de
son tempérament aventureux vers les pays
du grand soleil. à moins que sa nature
généreuse ne l'incline vers les sables du
désert, qui rappeltaït de leurs lèvres brû-
lantes et sèches. Mais, devinant que le dé-
sert le boira d'une seule haleine, H veut se
créer des réservoirs lui permettant de tenir
plus longtemps son r*le éminemment fé-
coitd. La nature l'a aidé dans cette inten-
tion généreuse les barrages de Sotubab,
à hauteur de Bamako ceux de Labezenga,
entre Ansongo et Niamey, divisent son
cours en trois tuefs. Elle a fait mieux en-
Bourem, janvier (de not. eav. spéc.)
core elle 'l'a doté, à hauteur de Mopti, d'un
lac, le Débo, de plus de trente kilomètres
de côté, retenant les eaux que le désert
appelle, et qui fait l'office d'un merveilleux
régulateur plus loin, enfin, tout près de
Bourem que viennent d'atteindre les
autos-cihenil.l'es la nature a obligé le
Niger à passer par un défilé étroit, celui
de Tosave, qui, dans le présent, retient 1e
plus longtemps possible les eaux impatien-
tes de continuer leur course, et qui, dam
un avenir à désirer très proche, complétera
ce 'bienfait par la possibilité d'offrir, vers
les régions du Mossi, riieihes en produite et
en hommes, un passage facide au chemins
de fer transsâharien, organe dont la dé-
dense nationale n'a jamais eu autant besoin
qu'à t'heure présente.
De Bourem à Bamba
C'est la rive nord du grand fleuve que
les autos-ohenilles du raid Citroën vent
longer pendant 300 kilomètres, de Bourem,
à Tombouctou, par Bamba. A leur départ
de Bourem, elles vont progresser, pendant
20 kilomètres, sur un pilateau de latérite
ferrugineuse coupé de ravines, qui forme
la culée. septentrionale du pont énorme,
mais étroit, que la nature a paru vouloir
construire entre Tosaye et Bourem, d'uns
rive à d'autre du Niger. A partir de To-
saye, laissé sur la rive droite, les autos
vont s'engager jusqu'à Tombouctou aur un
terrain argile-siliceux, couvert d'une vé-
gétation arbustive intense, coupé fréquem-
ment par les marigots du fleuve étendant
ses bienfaits jusqu'aux champs les plus
reculés de ses riverains. Ainsi les autos-
cheniMe^ auront, depuis leur départ, ren-
contré tour à tour trois séries d'obsta-
sles le cable au Sahara, le rocher au
Hoggar et dans l'Adrar des Iforas, les ar-
bres au bord du Niger. Pour passer rapi-
dement au milieu de cette zone boisée, les
autos suivront vraisemblabflement la ligne
télégraphique, défrichée sur quelques mè-
tres de large, pour empocher lea branches
d'arbres, à la poussée précoce et rapide,
de provoquer des prises de terre et des
pertes de courant. En plus d'un guide sûr,
les autos trouveront dans cet itinéraire la
voie la plus directe de Bourem à Tom-
bouctou. Elles traverseront une des ré-
gions les plus giboyeuses du Niger, avec
ses pintades vivant par bandes de 50 à 100
têtes, qui se seront réfugiées au passage
des autos sur les arbres des plus proches;
avec ses perdrix grises énormes, qui per-
chent le soir, pour dormir, sur les arbres
ou sur des termitières afin de se mettra
à l'abri du chacal avec ses genilotea ou
poulee de roohers avec ses gazelles de
diverses espèces gazelles ordinaires du
désert, gazelles de Roberts aux culottes
blanches, biches des marais à la fourrure
fauve, cobas aux bois énomnes avec ses
phacochères, espèce de sangliers il. tète
carrée et flanquée de deux iverrues affreu-
ses peuWfcre avec ses girafes, ses pan-
REGION PARISIENNE
Pluie nocturne suivie d'é-
claircies et averses ou gi-
boulées locales. Tenta assez
forts des régions ouest à
ne'd-ouest. Température re-
lativement douce.
Nuit +4". Jour +T«.
EN FRANCE
Dans le Nord-0 u e a t et t
l'Ouest, mêmes conditions
que région parisienne. Au
Nord-Est et à l'Est, pluie ou
neige. Ailleurs assez beau,
très nuageux.
SOLEIL: lev.7h.«; couch.4 h.10
LUNE dern. qu. 10 nouv. 17
f 48«ANN£E.-N°16.7BO
LUNDI
8
JANVIER
Saint Lucien
ABONNEMENTS 3 KM lotit 1 Kl
Seine et S.-O. 48.»
France et Col.
Etranger » M.» 8J.»
18. RUE ITENGHtEW, PABI8
Si lourdes pies soient,
payons nos dettes
Puisque nous inaugurons une nouvelle
méthode pour nous faire payer de l'Alle-
magne, le moment ne serait-il pas venu de
considérer aussi sous un nouvel aspect la
question de nos dettes à l'égard de nos
Quel Français n'a pas éprouvé un sen-
timent pénible, au cours de la dernière
conférence de Paris, et même depuis, plu-
sieurs années que l'on discute la question
des dettes interalliées, en voyant la France
dans la situation peu reluisante d'un dé-
biteur qui essaie d'obtenir de ses créan-
ciers la remise de ses dettes
On a beau dire que toutes les charges
de la guerre auraient dû être mises en
commun, et que l'Angleterre notamment
est entrée dans la lutte pour sa propre
cause, afin d'empêcher l'Allemagne de
s'établir à Anvers et à Calais, il n'en reste
pas moins qu'aucune convention ne lie
l'Angleterre ni l'Amérique, et que nous
devons bel et bien 11 milliards de marks
or à l'une, 14 milliards à l'autre, en tout
25 milliards qui, au cours du jour, repré-
sentent en chiffres ronds 75 milliards de
nos francs papier actuels.
Si énorme que soit cette dette extérieure,
si difficile qu'il nous paraisse de com-
mencer la payer, surtout après avoir
avancé 100 milliards de nos francs papier
pour le compte de l'Allemagne à nos si-
nistrés du Nord et à nos pensionnés de
guerre, il faut pourtant y faire face, coûte
que coûte, si nous voulons retrouver notre
crédit et voir remonter notre franc; cette
libération de nos charges une fois accom-
piie, notre horizon financier sera éclairci,
la confiance en notre crédit sera plus
grande que jamais, notre devise n'aura
l;.us à craindre les manœuvres des agio-
teurs, et la reprise économique qui résul-
tera de cette situation nouvelle sera un
bienfait pour tous.
Dans uns interview à la presse, M. Bonar
Law observait l'autre jour que personne
n'aime payer ses dettes. Il se trompe. En
France, l'ouvrier, le paysan, le commer-
çant, la ménagère aiment payer leurs
dettes, ne vivent pas tant qu'ils ont des
dettes. Le gouvernement qui osera dé-
clarer que nous entendons, comme l'An-
gleterre, payer nos dettes extérieures, qui
lancera en France un emprunt spécial
pour l'amortissement de cette dette, ou
qui demandera au pays n'importe quel
impôt nouveau, en vue de cet amortisse-
ment, ne fera pas en vain appel à la fierté
nationale. ̃
Car il n'est pas un Français qui ne
sente qu'une grande nation comme la
France qui ergoterait sur le paiement de
ses dettes extérieures et ne se saignerait
pas pour les payer, non seulement porte-
rait une atteinte grave à son crédit et à
son prestige, mais encore, ce qui est plus
triste, aliénierait quelque chose de sa li-
berté et de son indépendance.
Immeubles. en Espagne
Comme il n'est pas précisément très agréable,
à cette heure, de coucher sous les ponts, les fa-
milles qui sont sans abri ont suivi avec un inté-
rét particulier les débats engagés au conseil
municipal au sujet de la construction d'immeu-
bles à bon marché.
Elles ont appris avec plaisir, il y a quinze
jours, qu'on allait édifier dare-dare des mai-
sons à confort réduit pour les intellectuels et
«les maison à confort ron réduit pour les heu-
r-ux locatiMtc non intellectuels.
C'était un premier résultat appréciable.
Les familles sans logement ont appris en
même temps qu'il y aurait même, dans les loge-
ments ouvriers, un escalier de service.
En vérité, c'était magnifique Le conseil
municipal avait donc prévu que, lorsque ces
belles maisons seraient debout, les plus petites
gens de Paris pourraient avoir des domestiques
qui passeraient par l'escalier de service.
Les gens sans logement, tout bouleversés par
l'annonce de ces mirifiques nouvelles, ont appris
ensuite quels seraient les prix des loyers dans
ces palais enchantés. En multipliant le nom-
bre des mètres cubes de maçonnerie par le
nombre de briques employées, on obtenait le
prix du confort réduit réservé aux intellectuels.
En divisant le nombre des briques par le nom-
bre des cheminées, on obtenait le prix du loge-
ment ouvrier avec escalier de service.
Tout cela était encore très beau.
Et puis les gens sans logement ont appris
qu'il y avait une première petite erreur dans
le calcul des prix. Il fallait multiplier je ne
sais quoi par je ne sais quoi et tenir compte
de l'âge de la grand'mère de l'architecte. Et
puis les gens sans abri ont appris qu'il y avait
une deuxième petite erreur qui bouleversait
tous les plans.
Après quoi, il fut annoncé que le « confort
réduit a serait réduit et que l'escalier de ser-
vice ne serait sans doute pas mis en service.
Hier, enfin, les familles qui cherchent vaine-
ment un toit ont appris qu'il n'y avait plus rien
de fait.
Il n'y a plus de logements pour les intellec-
tuels. Il n'y a plus de confort réduit. Il n'y a
plus d'escalier de service.
Tout est démoli. Le projet est par terre
le somptueux et splendide projet
Il n'y a plus de projet. Mais il y a un pro-
jet de nouveau projet que l'administration
est invitée à étudier sans retard. Il y a de
nouveaux immeubles dans les limbes du fu-
tur bâtis en pierres de lune.
Et finalement tout ce que les gens sans abri
ont appris, c'est qu'ils allaient continuer à se
trouver sans abri en attendant. Maurict
Prax.
Madame la pythonisse d qui j'al-
lai demander les prt'vtnons pour
I9SS, au sujet de !et vie chère, me
dit Je voir une grande amélio-
ration.^
Je vous vois faisant vous-
même votre marché.Von?
achetez une botte de na-
vets pour trois sous.
La vie mouvementée
de M. Louis Andrieux
Doyen d'âge de la Chambre
M. Louis Andrieux présidera mardi,
comme doyen d'âge, la première séance de
la session ordinaire de 1923, à la Chambre
des députés. Et il la présidera à «6a
façon », sans tenir compte des précédants.
Il rompra !ia tradition.
Les usages veulent, que le doyen d'âge
prononce une allocution et que cette allo-
cution aît été écrite préalablement. M. An-
drieux n'a rien écrit et n'écrira rien. Il ne
veut pas lire, il veut parler. Aussi pronon-
cera-t-il un discours non préparé, un
discours improvisé où il dira ce qu'il
pense des événements et des réformes
projetées. Et puis, considérant le fau-
teuil présidentiel comme une tribune, si
quelqu'un l'interrompt, il répondra. Il a
la ferme volonté de ne pas laisser passer
une seule interruption sans répondre il
celui de ses collègues qui l'aura lancée.
C'est une véritable « révolution- que va
tenter M. Louis Andrieux. Les défenseurs
de la tradition parlementaire, à la tête
desquels se trouve M. Eugène Pierre, sont
inquiets. Ils ont essayé de faire revenir le
doven d'âge sur sa détermination. Rien à
faire. M. Louis Andrieux a répondu
Je veux bien vous faire une conces-
sion je passerai entre les deux files régle-
mentaires de fantassins pour me rendre de
palais de la présidence la sallfi des séan-
ces et je revêtirai l'habit, mais ne mc
demandez rien de plus.
Et M. Eugène Pierre et ses collabora-
teurs se sont inclinés. M. Louis Andrieux
ne leur avait-il pas déclaré qu'il viendrait
en veston et qu'il gagnerait le fauteuil pré-
sidentiel après avoir pénétré dans la salle
des séances comme un « simple député ».
Mais j'ai de sérieuses raisons de croire
que le doyen d'âge avait fait cette
menace. pour rire.
C'est que M. Louis Andrieux est un
homme terrible. Il aime la plaisanterie,
mais la bonne plaisanterie, car il a de
l'esprit, beaucoup d'esprit. Et les mots
jetés par lui au milieu d'une discussion
âpre, passionnée, violente, ont un effet
immédiat sur l'Assemblée. Ils la déten-
dent, font rire les uns, calment les
autres.
Pas un député ne suit plus attentive-
ment les débats que M. Louis Andrieux.
Toujours calme, les' bras croisés, son
attitude favorite, il est assis, à son banc
le quarante-deuxième un banc au
centre gauche où iL siège entre M. Lau-
raine et M. Gaston Thomson. Son voisin de
droite était, il y a quelques mois encore,
M. Jules Siegfried, décédé, à qui M. An-
drieux a, précisément, succédé comme
doyen.
M. Louis Andrieux, la tête légèrement
inclinée à gauche, dodelinante, les yeux
clignotants, de grands yeux bleus, vifs,
surmontés de longs sourcils, qu'un plis-
dement accentué du front rapproche des
cils supérieurs, le visage barré par une
forte moustache, ia tête ornée de cheveux
restés drus »t d'une blancheur de neige,
M. Louis Andrie-ux, à son banc, paraît
sommeiller. Erreur le doyen di'âge
écoute, et, le moment toujours bien
choisi, lance d'une voix forte la bonne in-
terruption.
H connaît toutes les ficelles du métier.
Il est entré, il est vrai, dans la politique
active vers IL a été le compagnon de
lutte, le défenseur 'comme avocat des répu-
blicains poursuivis par les ministres de
Napoléon nI, il a été l'ami dévoué, ile colla-
borateur de tous ceux qui ont travaillé à la
fondation de la troisième République. Il est
resté l'ami de ceux qui, comme lui, ont eu
la bonne fortune d'assister à la victoire en
1918, après avoir connu la défaite en 1870.
Il paTle toujours avec émotion de son ami
M. de Freycioet, de son ami M. Clemenceau.
Il a eu, au cours de sa longue carrière
quelques déceptions. Il n'en a gardé aucune
amertume. Il a été journaliste, avocat, ma-
gistrat, préfet de police, ambassadeur, con-
seiller municipal, conseiller générai, dé-
puté, sénateur et l'on se demande pourquoi
il n'a jamais été ministre. Peut-être est-ce
parce que, rapporteur de la fameuse com-
mission des 33, il fut le « tombeur » du
« grand ministère ». Les amis de Gambetta
lui en voulurent, en effet, longtemps d'avoir
renversé, après deux mois et demi d'exis-
tence, île cabinet qu'avec peihe leur « pa-
tron » avait réussi à mettre sur pied. 1
Quand on rappelle à M. Louis Andrieux
la fameuse séance de janvier 1882 où la
Chambre repoussa lie principe du scrutin
de liste proposé par Gambetta au moyen
d'une revision de la Constitution, il se
contente de dire en souriant
Je vois encore Gambetta, furieux,
quitter la saLle des séances en jetant ces
mots « On ne saura jamais tout ce qu'il
v avait dans ce portefeuille. » Gambetta
faisait ainsi allusion aux réformes qu'il
avait préparées.
Et M. Andrieux d'ajouter, toujours en
riant
La chute de Gambetta, ce fut le
commencement de mes malheurs. Il est
vrai que j'avais réussi à faire écarter le
scrutin de liste.
Le vieil arrondi.ssementier se retrouve.
Pour lui, seul, un scrutin uninominal
peut donner une majorité et, partant,
un gouvernement stable. Et c'est pour-
quoi il est opposé aujourd'hui à la R.P.,
contestant aux minorités ce que les par-
tisans de ce mode électoral appellent
« leur dû ».
La vie de M. Louis Andrieux a été mou-
vementée. Et je crois pouvoir afflrmer que
pas un de ses collègues à la Chambre n en
a vécu une comparable.
J'ai vu M. Andrieux hier. Il m'a reçu en
son charmant petit hôtel qu'il a fait cons-
truire il y a vingt-sept ans à deux pas
de l'avenue Henri-Martin, tout près de
.la viande a balisé égale-
ment, un peu plus iSin je
vois un boucher affichant
dix-huit sous la livre de
bifteck, m qualité.U
M. LOUIS ANDRIEUX
l'ancien chalet de Lamartine, aujourd'hui
disparu. J'ai pénétré dans le cabinet de
travail du doyen de la Chambre le cabi-
net du juriste, du parlementaire et du
journaliste. Il y a là le Dalloz, les
annales de la Chambre et du Sénat et
les collections de journaux fondés par
M. Andrieux et celles des journaux aux-
quels il collabora pendant de longues
années puis, les discours des grands ora-
teurs et l'œuvre de Voltaire. Une toile uni-
que orne la belle boiserie de ce cabinet.
M. Louis Andrieux à sa table de travail,
par Edouard Andrieux Le père peint par
le flls.
Le doyen d'âge m'a dit
Je suis heureux de vous recevoir
vous, Petit Parisien, car c'est moi qui
vous ai créé. "J
C'était peu après le Seize mai je créai
le Petit Parisien dont je confiai la partie
littéraire à Henry Fouquier et la partie
politique à Jules Roche. Je passai bientôt
la main. Je leregrette aujourd'hui quand ja
vois la place prise par le Petit Parisien,
mais je me console en me disant qu'avec
moi il ne serait probablement pas ce
qu'il est.
Et M. Andrieux de me conter, pendant
près de deux heures, les souvenirs de sa
vie mouvementée. Originaire de Trévoux,
où il est né, en 1840, il fait ses études à
Lyon, où il prend sa licence ès lettres. Il
vient à Paris faire son droit et le voilà
mêlé à la vie politique. Il collabore à
plusieurs publications contre l'Empire,
avec Clemenceau, avec liéline, avec Ger-
main Casse, avec Vermorel. Avocat, il plaide
pour les camarades et pour lui-même, le
Jour où il est poursuivi pour avoir critiqué
l'empereur. Condamné à trois mois de
prison, il est libéré au 4 septembre. Le
voici conseiller de la Croix-Rousse, mem-
bre, par acclamation, du Comité de salut
public de Lyon; nommé procureur de la
République, sa popularité décroît; cepen-
dant il fait évader, en leur portant lui-
même des déguisements, des condamnés
de l'Empire, des magistrats, des prêtres.
Peu après, à la GuiUotière, ;1I est arrêté et
va être fusillé. Valentin. le préfet, le sauve.
En 1876, il entre à la Chambre, il devient
bientôt préfet de police. Il a, avec le
conseil municipal, de nombreux démêlés
A la chute de Gambetta, M. de Freycinet le
nomme ambassadeur à Madrid. Il y reste
sept mois. Il entretint là-bas d'excellentes
relations avec Alphonse XII.
Invité à la Granja, résidence estivale du
roi d'Espagne, comparable à' Versailles, it
s'y rend à cheval.
En arrivant, le souverain lui reproche
son équipée.
Vous auriez pu être arrêté par les
brigands
M. Andrieux répond
Vous calomniiez votre pays. Je n'ai
fait aucune mauvaise rencontre..La route
de Madrid à Ségovie est plus sûre que les
rues de Paris la nuit.
Revenu à la Chambre à la chute du
cabinet de Freycinet, il intervient à
maintes reprises.
Accusé plus tard, par Henry Maret,
d'être « boulangiste », il lui envoie des'
témoins. Une rencontre a lieu. C'est
le troisième duel de M. Andrieux. Deux
balles sont échangées sans résultat.
M. Andrieux a quitté le Rhône pour les
Basses-Alpes. Candidat en 1889, à Paris,
il est battu par M. Berger, il retourne
plus tard dam les Basses-Alpes, dépar-
tement qu'il représente encore aujour-
d'hui.
A Passy, M. Andrieux vit avec sa
femme, ses enfants, ses petits-enfants.
Mme Andrieux est Alsacienne. Elle est
la fille de Kœohlin, l'un des députés du
Bas-Rhin à l'Assemblée nationale en 1871.
M. Andrieux me parle des siens avec une
tendresse infinie
En me reconduisant, il me dit encore
Monsieur, je suis heureux. Il y a
vingt-sept ans, à l'époque où je faisais
construire cet hôtel, j achetai au cimetière
de Passy une place pour notre famille. Il
y a vingt-sept ans la place est toujours
Charles MORICE.
le vous vois à la terrasse
d'un café, attablé devant
M bock. qui ne coùte que
trente centimes
.On trouve beaucoup plU8 d'qp-
partements et leur prix a considé-
rablement diminué.
A LA VEILLE.
La Commis» des réparations
se relit aujourOui
pour entendre les Aimais
MAIS SERONT-ILS AU RENDEZ-VOUS?
Nous avons annoncé, hier, la décision
prise à l'unanimité, par la commission des
réparations, au cours de sa* séance de
samedi matin, de se réunir à nouveau cet
après-midi, à 15 heures, afin de permettre
aux Allemandes de présenter leur défense en
ce qui concerne le déficit constaté dans les
livraisons de charbon et de coke.
La commission a estimé que les experts
du Reich, MM. Walmischratt et Lubsen,
dont les dossiers sont certainement prêts,
pourraient, en quittant Berlin dimanche,
être à Paris aujourd'hui à midi, c'est-à-
dire suffisamment tôt pour assister à la
séance.
En sera-t-il ainsi ? Il nous revient que,
dans la soirée de samedi, M. Meyer de la
Kriegslastenkommission, a fait une dé-
marche officielle auprès de M. Barthou,
président de la C. D. R., pour le prévenir
que ces deux experts ne pourraient pas
être en temps utile à Paris en raison de
l'impossibilité où ils se trouvaient d'entrer
en communication directe, un samedi, avec
les services compétents de Berlin.
ÊjJK» Barthou lui répondit qu'il ne pou-
vait accepter un pareil argument., que 'la
C. D. R. n'était, en fait, nuJlem'ent hanue
d'entendre les experts allemande, dont
l'audition n'a aucun caractère obligatoire
et que, s'ils n'étaient pas exacts au ren-
dez-vous, elle passerait outre et n'en
prendrait pas moins sa décision.
La tentative pour gagner du temps
n'ayant pas réussi, il est probable que
l'Airemagne aura dépêché immédiatement
ses experts. Nous ne tarderons pas à être
fixée sur ce point. De toutes façons, le
manquement volontaire sera, au plus tard,
conataté demain et il y a tout lieu de pen-
ser que la mise à exdcution des sanctions
prévues suivra de très près cette consta-
tation.
Rappelons, en terminant, qu'un conseil
de cabinet doit avoir lieu ce matin sous la
présidence de M. Poincaré. A. J.
'♦
Premières mesures d'application
du plan arrêté
par le gouvernement français
(L'agence Radio a communiqué, hier, dens
la soirée, la note suivante
« Quarante ingénieurs des mines ou de la
marine sont partis à 21 h. 55 de la gare
du Nord pour se rendre à Essen.
«A Essen, ces ingénieurs seront dirigées
sur les principales mines de la Ruhr, dont
ils auront, sans doute, sur un ordre à venir
de Paris, à prendre la direction.
«Ce départ a été effectué dans le pius
grand secret. Les membres de cette d6lé-
gation ignoraient le lieu où ils se ren-
daient. Ils avaient reçu un ordre leur en-
joignant de se trouver à 21 h. 30 à la gare
du Nord, prêts à effectuer un voyage.
«Dans 1 après-midi, les chefs de détache-
ment avaient eu une longue conversation.
au ministère des Travaux publics, avec
M. Le Trocquer et avec M. Coste, inspec-
teur général des mines.
«Ajoutons qu'il est probable qu'un nou-
veau contingent d'ingénieurs quittera de-
main matin Paris pour Essen,.»
A cette note, nous sommes en mesure
d'ajouter les renseignements suivants
Les ingénieurs qui ont quitté Paris hier
soir ne se rendront pas directement à Essen.
Ils s'arrêteront à Dusseldorf où le gouver-
nement leur fera parvenir de nouvelles ins-
trnetions lorsque le plan arrêté par le con-
seü des ministres sera mis à exécution.
Rappelons, à ce propos, que le président
du Conseil a décidé de parler jeudi à la
Chambre, Ce jour-là, il sera, sans do(ute,
à même de fournir aux députés des ren-
seignements sur les mesures qui auront
déjà été réalisées.
D'autre part, nos correspondants nous
signalent des mouvements de troupes. C'est
ainsi que le 1490 d'infanterie et le d'ar.
tillerie de campagne, en garnison à Epinal,
seront très prochainement embarqués. Ils
doivent se trouver sur Les bords du Rhin
mercredi.
DEUX NOUVEAUX SÉNATEURS
M. ELBY SUCCÈDE A M. BOUDENOOT
ET H. LAURAINE A H. LANDRODIE
Deux élections sénatoriales ont eu lieu
hier. La première, dans le département de
la Charente-Inférieure, où il s'agissait de
remplacer M. Landrodie, décédé, la secon-
de, dans le Pas-de-Calais, où un siège
était vacant par suite de la mort de M.
Boudenoot, vice-président du Sénat.
En voici les résultats
CHARENTE-INFÉRIEURE
Premier tour de scrutin
Inscrites 1.001. Votants
M. Lawaine, dôputié, g. rêp. dàm. 895 voix Elu
[M. Lando-odle, décédé, avait été réélu le 9
janvier 1921, le premier de la /liste radicale eo-
clallste, par 666 voix sur 908 votants.]
PAS-DE-CALAIS
Premier tour de scrutin
Inscrits 1.965. Votants 1.964
MM. Eiby, rép. de gauche. 1.033 voix ELU
Baeiy, député socialiste. 536
Luth, radical 316
Marty, communiste.
[M. Boudenoot, décédé, avait été réélu le troi-
slème de la liste -républicaine de gauche par
68i voix swr 1.240 votants.]
Oui, c'est H franc* Vannée
mtris que voulez-vous, la vie a tel-
lement augmenté
lA TRAVERSÉE ou EN AUTOMOBILE
La mission Haardt-Andouin-Dnbrenil a atteint le Niger
A Bourem, notre envoyé spécial Royer prend contact avec les
vainqueurs du Sahara il accomplit avec eux
la dernière étape
Il est quatre heures de l'après-midi. Un indigène accourt, essoufflé. II a entendu un
ronflement sourd et croit que ce sont les « monstres qu'il a déjà vus il y a quelques
semaines, lors de la préparation du ravitaillement de Tombouctou à Kidal.
Nous montons sur la terrasse du fort. Au loin, un animal noir semble ramper.
C'est bien une chenille. Une demi-heure plus tard, l'auto est là. C'est celle de
M. Castelnau avec son cinéma. Enthousiasme des noirs, félicitations, accolades.
Haardt est A quelques kilomètres avec les autres voitures. Celle qui est lA a l'air de
sortir de l'usine et son personnel est solide au poste.
Je pars avec la première chenille pour Tombouctou. L.-C. ROYER.
L'ÉTAPE BOUREM-TOMBOUCTOU
En haut Sous les murs de Bamba. En bas L'arrivée, à Tomboucîou, de I'Azalaou, caravane
annuelle qui Ta chercher à 700 kilomètres au Nord du sel en barres
Les autos-chenilles, qui ont atteint Bou-
rem le 4 janvier, sont sans aucun doute,
actuellement en vue de Tombouctou, où le
chef de bataillon Fauché, commandant du
cercle et uOministrateur de la viUe, doit
ifur préparer une réceptian grandiose. Le
eommanhant Bcttembourg va décrire aux
lecteurs du Petit Parisien la route qu'elles
suivent sur la rive Nord du Niger.
De Bourem à Tombouctou.- Les oueds
C'est à Bourem que les autos-chenilles
du raid Citroën ont abordé le Niger.
L'étoimement de ceux qui n'ayant jamais
vu le grand fleuve dont la puissance
et le débit se- décuplent aux hautes eaux
se trouvent soudain en présence de
cette masse liquide formidable, est tou-
jours sans limite. Mais ce sont surtout
ceux qui viennent, comme nos explora-
teurs, de franchir plus de 3.000 kilomè-
tres à travers des pays désertiques, qui
sont profondément frappés.
Les oueds rencontrés jusqu'alors n'é-
taient que des expressions géographi-
ques elles désignaient le lit, à sec, des
fleuves, indiqués seulement'par quelques
bouquets d'arbres et de loin en loin par
un puits. Ces oueds, où T'eau s'éooule
souterrainement à moins qu'elle ne se
rassemble en poches de distance en dis-
tance ont yi montagne, le plus sou-
vent, des berges profondément entaillées.
Pendant huit ou dix jours par an seule-
mont, ils sont tout à coup envahis par
une masse liquide considérable for-
mée par le ruissellement sur les rociies
imperméables, des pluies provoquées par
des tornades d'une violence inconnue en.,
Europe- Alors, avec un bruit que la mon-
tagne répercute et que connaissent
bien les Touareg l'oued coule en tor-
rent qui arrache tous les obstacles et
rotile confusément confondus des arbres,
des quartiers de rocs ou des cadavres
d'animaux surpris par les eaux furieuses.
Pendant deux jours, quelquefois trois
le torrent exhalera sa colère; puis brus-
quement il rentrera dans son lit. Le sable
boira les dernières gouttes. et le qua-
trième jour, l'inondation ne séra plus
qu'un souvenir de violence courte mais
intense, décelé par des débris de toute
espèce encombrant le lit de l'oued ou
accrochés à ses rives.
Le fleuve
Le Niger ne connaît pas les caprices des
oueds. C'est toujours un fleuve imposant
par la longueur près de 4.000 kilomètres
qui en fait le troisième du monde. Bien
que très éprouvé par la période de séche-
'l'esse, il n'en garde pas moins entière sa
dignité de grand fleuva Quand arrive l'épo-
que des tornades, ses débordements sont
sans limites et il rou'le, dans un lit large de
plusieurs kilomètres, un débit d'eau conai-
dératrie. On se plaît, parfois, à le comparer
au Ni-1 mieux que le Nil, puisque les bar-
rages qui règlent son débit sont naturels,
ffl étend par périodes successives sur les
campagnes voisines l'engrais btemfaisaat de
son limon. Bien que né dams les montagnes
du Fouta-Djallon, tout près de l'océan At-
lantique, qu'il pourrait atteindre après
quelques centaines de kilomètres de course,
il se laisse entraîner par les caprices de
son tempérament aventureux vers les pays
du grand soleil. à moins que sa nature
généreuse ne l'incline vers les sables du
désert, qui rappeltaït de leurs lèvres brû-
lantes et sèches. Mais, devinant que le dé-
sert le boira d'une seule haleine, H veut se
créer des réservoirs lui permettant de tenir
plus longtemps son r*le éminemment fé-
coitd. La nature l'a aidé dans cette inten-
tion généreuse les barrages de Sotubab,
à hauteur de Bamako ceux de Labezenga,
entre Ansongo et Niamey, divisent son
cours en trois tuefs. Elle a fait mieux en-
Bourem, janvier (de not. eav. spéc.)
core elle 'l'a doté, à hauteur de Mopti, d'un
lac, le Débo, de plus de trente kilomètres
de côté, retenant les eaux que le désert
appelle, et qui fait l'office d'un merveilleux
régulateur plus loin, enfin, tout près de
Bourem que viennent d'atteindre les
autos-cihenil.l'es la nature a obligé le
Niger à passer par un défilé étroit, celui
de Tosave, qui, dans le présent, retient 1e
plus longtemps possible les eaux impatien-
tes de continuer leur course, et qui, dam
un avenir à désirer très proche, complétera
ce 'bienfait par la possibilité d'offrir, vers
les régions du Mossi, riieihes en produite et
en hommes, un passage facide au chemins
de fer transsâharien, organe dont la dé-
dense nationale n'a jamais eu autant besoin
qu'à t'heure présente.
De Bourem à Bamba
C'est la rive nord du grand fleuve que
les autos-ohenilles du raid Citroën vent
longer pendant 300 kilomètres, de Bourem,
à Tombouctou, par Bamba. A leur départ
de Bourem, elles vont progresser, pendant
20 kilomètres, sur un pilateau de latérite
ferrugineuse coupé de ravines, qui forme
la culée. septentrionale du pont énorme,
mais étroit, que la nature a paru vouloir
construire entre Tosaye et Bourem, d'uns
rive à d'autre du Niger. A partir de To-
saye, laissé sur la rive droite, les autos
vont s'engager jusqu'à Tombouctou aur un
terrain argile-siliceux, couvert d'une vé-
gétation arbustive intense, coupé fréquem-
ment par les marigots du fleuve étendant
ses bienfaits jusqu'aux champs les plus
reculés de ses riverains. Ainsi les autos-
cheniMe^ auront, depuis leur départ, ren-
contré tour à tour trois séries d'obsta-
sles le cable au Sahara, le rocher au
Hoggar et dans l'Adrar des Iforas, les ar-
bres au bord du Niger. Pour passer rapi-
dement au milieu de cette zone boisée, les
autos suivront vraisemblabflement la ligne
télégraphique, défrichée sur quelques mè-
tres de large, pour empocher lea branches
d'arbres, à la poussée précoce et rapide,
de provoquer des prises de terre et des
pertes de courant. En plus d'un guide sûr,
les autos trouveront dans cet itinéraire la
voie la plus directe de Bourem à Tom-
bouctou. Elles traverseront une des ré-
gions les plus giboyeuses du Niger, avec
ses pintades vivant par bandes de 50 à 100
têtes, qui se seront réfugiées au passage
des autos sur les arbres des plus proches;
avec ses perdrix grises énormes, qui per-
chent le soir, pour dormir, sur les arbres
ou sur des termitières afin de se mettra
à l'abri du chacal avec ses genilotea ou
poulee de roohers avec ses gazelles de
diverses espèces gazelles ordinaires du
désert, gazelles de Roberts aux culottes
blanches, biches des marais à la fourrure
fauve, cobas aux bois énomnes avec ses
phacochères, espèce de sangliers il. tète
carrée et flanquée de deux iverrues affreu-
ses peuWfcre avec ses girafes, ses pan-
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