Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-06
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 janvier 1923 06 janvier 1923
Description : 1923/01/06 (Numéro 16748). 1923/01/06 (Numéro 16748).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION PARISIENNE
'temps couvert et pluvleux.
devenant rapidement nuageuz
ou très nuageux avec éclalr-
cles, averses et grains, Ra-
fralchissement prochain.
Unit Jour
EN FRANCE
Eclalrctes et averses sur la
moitié Onest. Pluies sur la
moitié Est suivies d'éclair-
oies et d'averses. Vent assez
tort de nord-ouest, tort sur
les côtes. Rafralchissement
commençant par l'Ouest, et
s'étendant sur toute la France.
SOLEIL lev.7h.45: couch.4h.7
LUlfE dem. qn. nonv. 17
18. ANNÉE.. ̃ K« 16.748
SAMEDI
JANVIER
Epiphanie
ABONNEMENT;; 3 «eh liais I»
Seine et S.-u. iî. 50 a.»
France et Col. 13. s 28.» «S.»
Etranger. 2:. n H.»
i8, RUE DTNGHTEN, PARIS
M. POINCARE SE PRÉPARE A PASSER AUX ACTES
Il a conféré, hier, avec
MM. Theunis, Jaspar
et della Torretta
La conférence de Paris a été suivie,
hier, d'un épilogue. Ce sont les conver-
sations officieuses que M. Poin&aré a
eues tour à tour avec les chefs des diver-
ses délégations, et notamment avec
MM. Theunis et Jaspar. Elles semblent
avoir permis au président du Conseil de
préciser, à point nommé, certaines des
intentions du gouvernement français
Que fera la France de la liberté d'ac-
tion qu'elle est amenée à reprendre
dans la question du moratorium alle-
mand ? A cet égard, deux tactiques
semblaient possibles.
La première eût consisté à inaugurer,
en occupant la Ruhr, une manière toute
(différente de celle que suggérait ces
jours-ci le plan français. On sait, que,
par égard pour l'opinion britannique,
M. Poincaré avait, par exemple, renoncé
à établir un cordon douanier soit le long
du Rhin, soit autour de la Ruhr. L'An-
gleterre s'étant mise à l'écart, on pou-
vait être tenté de revenir immédiate-
ment à ces mesures, ou même à d'autres
plus énergiques.
C'est une autre Lactique qui semble,
toutefois, avoir la préférence du gou-
vernement français. Tout en ayani
recours aux moyens militaires tels
que l'occupation d'Essen et de Bochutn
devenus désormais indispensables,
sa .préoccupation dominante est de ne
rien faire qui menace les intérêts des
alliés présents ou absents.
Tout d'abord, il faut noter que la
France, dans cette entreprise, ne solli-
cite le concours de personne, pas même
de la Belgique. MM. Theunis et Jaspar
paraissent avoir été très sensibles à la
manière discrète dont 1i. Poincaré les
a entretenus de cette question. Libre de
ne point agir, il est d'ailleurs plus que
probable que la Belgique n'en décidera
que plus volontiers de s'associer aux
mouvements militaires envisagés.
Mais. d'autre part, la France, quand
elle agira, se comportera dans les mesu-
res qui pourront être prises exactement
comme si les alliés étaient tous à ses
côtés. Quand un convive est en retard,
on n'ôte pas tout de suite son couvert.
La place de l'Angleterre restera mar-
quée dans toutes les organisations qui
pourront être créées soit pour percevoir
J'imfpôt sur Je charbon, soit pour recueil-
Jir les devises, soit pour toute autre
prise de gage économique faite à l'abri
du réseau des troupes franco-belges. Si
l'Angleterre devait bientôt se raviser,
LES -MANQUEMENTS- DE L'ALLEMAGNE
La commission des réparations a commencé la procédure
de notification elle se réunira à nouveau aujourd'hui
La commission des réparations, qui a
déjà constaté un manquement volontaire
de l'Allemagne pour les livraisons de bois.
va être appelle à délibérer aujourd'hui
même sur la non-exécution par le Reich
des livraisons de charbon prescrites pour
M. Poincaré, on le sait, avait déclaré au
Sénat qu'il demanderait à la commission
des réparations de constater le caractère
volontaire de ce manquement. Cependant
ainsi que nous lavons dit, Ni. Barthou
n'avait pas encore été chargé de demander
l'inscription de cette question à l'ordre
du jour des travaux de la commission.
Au cours de la première séance de la
conférence interalliée, M. Bonar Law
avait, en effet, prié le président du
Conseil de bien vouloir ajourner quelque
pau cette discussion. M. Poincaré avait
consenti à ne pas insister pour l'instant,
mais il avait nettement laissé entendre
qu'elle devrait, selon lui, intervenir à
bref délai.
La conférence ayant échoué, et la délé-
gation britannique s''étant séparée des
autres délégations alliées, il n'y avait plus
aucune raison de retarder la constatation
d'un manquement dont l'importance et le
caractère volontaire sautent aux yeux.
Hier matin donc, M. Barthou, président
de la commission des réparations, fut
convoqué par M. Poincaré au ministère
'des Affaire* étrangères, et reçut du prési-
dent du Conseil la mission de demander
à ses collègues de délibérer au plus tôt
sur cette question.
M. Barthou, qui était arrivé à 9 h. 30
au Quai d'Orsay, en partit à 10 heures
et se rendit à l'Astoria, où la commis-
sion des réparations s'était réunie en
séance, officielle pour examiner les affai-
res courantes. En l'absence de sir John
Bradbury, qui était allé à l'hôtel Crillon
recevoir les dernières instructions du
premier ministre britannique et prendre
congé de lji avant son départ pour Lon-
dres, M. ïgemtoall Cook, délégué adjoint,
représentait l'Angleterre.
Sur la proposition de M. Bnrthon, la
commissiort décida ù L'unanimité de se
réunir, ce matin, en séance officielle, pour
commencer l'examen de la question des
livraisons de charbon.
Disons tout de suite que, contrairement
à ce qui a été déclaré par plusieurs jour-
naux anglais, l'Angleterre ne s'abstiendra
pas dant ce débat. Sir Jobn Bradbury, qui,
croyons-nous, avait d'abord manifesté cette
intention, assistera très vraisemblablement
la discuasiun qui commencera à 10 heures
et portrrait se prolonger durant une partie
de la journée.
Aussitôt que la commission des répara-
tions eut pris sa décision. M. Barthou re-
tourna au Quai d'Orsay où il ne resta que
dix minutes, pour en informer M. Poincaré,
Celui-ci, à son tour, s'étant rendu à
l'Elyspe, flt part de la nouvelle à M. Mii-
ierand-
La C. D. R. entendra les Allemands
Selon toute vraisemblance ^l'attitude du
^présentant britannique, au courte de la
elle n aurait qu'à s'asseoir auprès de
nous.
Si l'on comprend bien la pensée du
gouvernement français, il ne s'a.git,
d'ailleurs, pas là d'un expédient local,
mais de toute une orientation politi-
que. Résolue à passer désormais à
certains actes, malgré l'abstention bri-
tannique, la France.n'en est pas moins,
prête à maintenir le contact et la
coopération avec les alliés sur tous les
autres points.. On se tromperait, par
exemple, en s'imaginant que, cédant à
un mouvement d'humeur, M. Poincaré
fut sur le point de modifier les instruc-
tions de la délégation française. à Lau-
sanne. Qu'il s'agisse de l'Orient ou
même de l'Allemagne, les divergences
entre la politique française et l'anglaise
seront, pour l'instant tout au moins,
réduites au minimum.
L'opinion anglaise commettrait ce-
pendant une méprise, si elle attribuait
ce souci de loyauté à quelque hésitation.
Dans une huitaine de jours, quand les
fai-ceaux seront formés près des puits
de la Ruhr, les faits -suffiront- sans doute
à lVdifier à cet égard. Elle comprendra
peut-Htre alors que si la France se met
aujourd'hui en mouvement, ce n:est lia?
pour obéir on ne sait quelle excitation
nerveuse, ni pour satisfaire un impéria-
lisme inexistant, mais par l'edet d'une
froide détermination qu'il serait impo-
litique de traiter à la légère.. La réflexion
aidant, le jour viendra où Taccorfl. qui
n'a pu se réaliser ces jours derniers.
s'étahlira, pour ainsi dire de lui-mème,
sur des bases plus équitables pour les
Philippe MILLET.
séance exceptionnelle que tiendra ce matin
la C. D. R., serait iclentique (L celle- qu'il a
observée lors rIe la constatation dn man-
quement volontaire de l'Allemagne pour
les livraisons de bois. On se trouvera donc
en présence d'une situation analogue la
France, l'ltalie et la Belqique votant pour,
et la Grande-Bretagne s'abstenant.
Quoi qu'il en soit, la question rae sera
Pas définitivement réglée aujourd'hui, la
commi.ssion des réparations tenant, avant
de statuer, à entendre les représentants
du Reich. Cette audition aura probable-
ment lieu lundi ou mardi. Ce n'est donc
pas avant le début de la semaine prochain
que la décision finale interviendra.
Ajoutons que vers la fin de la. matinée,
MM. Iheums etJaspar, se sont entretenus
à hôtel Claridge avec les déiégués de la
Belgique, à la commission des réparations
MM. Delacroix et Bemelmans.
M. Poincaré chez le marquis della Torretta
En sortant de l'Elyséc, M. Poincaré e«t
allé a 1 hôtel Meurice, oiu il a conféré; du-
rant une vingtaine de minutes, avec le mar-
quis della Torretta, premier délégué ita-
lien.
Cet entretien terminé, le président du
Conseil s'est fait conduire à la,gare du
Nord, où il voulait saluer M. Bonar Law à
son départ.
MM. Barthou, de Lasteyrie et Maginot
chez M. Poincaré
Dans le courant de NI. Poin-
caré a reçu à nouveau M. Barthou ainsi
que MM. de Lasteyrie, ministre des Fi-
nances, et Maginot, ministre de la Guerre.
MM. Theunis et Jaspar au Quai d'Orsay
Hier après-midi, à 3 heures, MM. Theuni:
et Jaspar se sont rendus au Quai d'Orsay,
Ils ont été conduits, aussitôt auprès du
président du Conseil, qui attardait leur
visite, et avec lequel ils ont en un Ion.
entretien. Bien que rien n'ait transpire
de cette conversation, il va de .soi qu elle
a porté sur la nouvelle situation créée par
le désaccord constaté à la conférence, et
sur les mesures qu'il convient de prendre
en commun pour y faire face.
MM. Theunis et Jaspar quitteront'Paris
ce matin, à 8 heures. Nous croyons savoir
que, malgré ce départ matinal, le prési-
dent du Conseil aura un nouvel entretien
.avec les ministres belges.
LE DEPART DE M. DELLA TORRETTA
Le marquis della Torretta a quitté Paris
hier soir, à. 22 heures, pour Rome par le
rapide de Modane. Il a été saiué à la gare
de Lyon .par, M. de Fouquières. directeur
du protocole, accompagné d'un haut fonc-
Uonnaire du ministère des Affaires étran-
gères.
^ambassadeur d'Italie ne fera qu'un
court séjour Home. Dès qu'il aura rendu
compte de sa mission au chef du gouver-
nement, il retournera à Londres, accom-
pagné de la marquise della Torretta.
II repassera par Paris vers le il ou 12
janvier.
LE DÉPART
DE M. BONAR LAW
M. Bonar Law, qu'accompagnait la délé-
gation britannique, a quitté, Paris, hier, à
midi par le rapide de Valais.
A 11 h. 30, le premier, 1t. Poincaré, pré-
sident du Conseil. qu'entouraient MM. de
Lasteyrie, ministre des Finances; Peretti
de la Roixsu: directeur des Affaires polili-
ques au Quai d'Orsay, et. de Fouquières,
directeur du protocole, fit son apparition.
sur le quai, suivi, à quelques minutes, du
Premier anglais qu'avisaient M. Phi-
lippe Gréa m, ministre du Commerce, et
quelques secrétaires,
MM. Bonar Law et Poincaré s'entretin-
rent longuement et cette conversation fut
empreinte de la plus franche cordialité.
En terminant, le Premier britannique
serra chaleureusement la main du prési-
dent du Conseil et, faisant allusion à la
future politique de la France dans la ques-
tion des réparations* il lui dit
Je vous souhaite très sincèrement de
réussir enr si' vous ne réussissiez pas,
l'opinion française nous en tiendrait certai-
nement rigueur.' Elle croirait que les cho-
ses se seraient passées autrement, si nous
étions- venus avec vous, ce qui ne pourrait
que porter atteinte à l'amitié des denx
pays.» alors qvé jtoiis désirons, l'un et l'au-
tre, qu'elle reste entière.
A midi. M. Bonar Law prenait place dans
son wagon-! if. et le train démarrait aus-
sitôt. Eu quittant la gare, dans son auto-
mobile. M. Poincaré fut l'objet d'une
chaude manifestation de sympathie.
AU M!N!STÈRÊ1Ë LA GUERRE
Sur le -caractère des mesures militaires
qui pourront être prises à l'endroit de l'Al-
lemagne pour l'obliger à remplir -en tin ses
engagement?. le ministère de la Guerre, ne
veut absolument rien dire.
C'est au président du Conseil qu'il ap-
partient de prendre te Mes mesures qu'il
jugera opportunes, nous déclare-t-on rue
isaint-f ominiqùe, et. Jusqu'ici, aucuns dé-
cision ne nous -a été notifiée.
En rené faut, toute la., journée d'hier, cette
réponse il leurs nombreux visiteurs, les
membres du cabinet militaires du ministère
de la Guerre ne marquaient pas la moindre
émotion. L'état-major général de i'armée
ifait preuve également du,plus grand calme.,
L'événement, bien que considérable, était
quelque peu prévu. Du reste, il était dans
le devoir des bureaux de l'état-major gé-
nérail de prévoir, et cela non pas depuis
quelques mois, mais dès ']1' lendemain de la
signalure du traité, les incidents qui pour-
raient survenir. Toutes les éventualités, les
plus fâcheuses pour nous comme les autres,
avaient donc été env,sagées par >Fëtat-ma-jo?
du -maréchal Foeh, par fe conseil supérieur
ide. la guerre, et par les officiers qualifiés de
l'état-major général, et pour faire face à
chacune d'elles un plan avait été dressé.
Il avait été prévu que nous pourrions rester
seuls en face des Allemands. Il avait été
prévu également que les. Beiges et les Ita-
liens pourraient être avec nous. Un dispo-
sitif correspondant. à cette occurrence est
établi. Sera-t-il mis en action ? Il dépend
du président du Conseil d'en décider. Et le
ministère de la Guerre sc borne à attendre
des ordres qui, s'iils sorti donnés, seront exé-
aussitôt.
PREMIÈRES INTERPELLATIONS
Bllea émanent de MM. Aubriot, Girod
et Albert Favre
M. Paul Aubriot, député d' la Seine,
vient de déposer une aemande d'interpel-
lation au président du Conseil Il sur les
conséquences du désaccord franco-anglais
et sur la politique que le gouvernement
entend suivre pour défendre Ies juste--
droits de la'France ».
De son côté, M. Girod, député du Doubs,
a déposé une demande d'interpellation
sur l'échec de la conférenee de Paris
et ses conséquences et sur les desseins
du gouvernement au regard du problème
des. réparations ».
Interrogé sur ses intentions. M. Girod a
déclaré qu'eus n'étaient aucunement hos-
1 Lilas au gouvernement, au contraire il
estime seulement que dans les circonstan-
ces actuelles, des explications sont indis-
pensables pour le- ptys mais si le prési-
dent du Conseil est disposé à faire spoa-
tané,ment une déclaration aux Chambres, il
n'hésitera pas, pour sa part, à retirer son
A ce propos, i>l convient de faire remar-
quer que M. Poincaré ne pourra pas pren-
dre la parole a.vant jeudi, au plus tôt. Son
intervention dépendra, d'aiWeurs, des évé-
nements qui, s'ils se précipitaient, permet-
traient au chef du gouvernement de. s'ex-
pliquer complètement ie 1i janvier.
D'autre part, M. Albert Favre, député de
la Charente-Inférieure, avait pris la pré-
caution, tout à la'fiu de la session extra-
ordinaire et ayant même .l'ouverture de la
conférence de Paris, de déposer une de-
mande d'interpellation la visant il aéra
donc, s'i4 la maintiemi. le premier inter-
venant. ]
LES MINES
DE LA RUHR
La clef de l'Allemagne, c'est la Ruhr. »
On a rjit cela. On l'a répété cent fois, et
cent fois toujours sur le mfme ton.
Or, depuis près d'un an, nous occupons
Dusseldorf, Duisbourg et Ruhrort depuis
près d'un an, nous sommes au scuil de la
Ruhr depuis près d'un an, nous attendons
devant l'huis, toujours formé. La clef est
là. sur la serrure, à portée de notre main.
Allons-nous, enfin, la tourner, cette clef
qui doit nous ouvrir les portes de l'Alle-
magne ? Nous le saurons bientôt.
Mais il est bien vrai qu'aujourd'hui plus
qu'hier la Silésie et la Sarre étant per-
dues pour elle la richesse de l'Allema-
gne économique, le coeur de l'Allemagne
industrielle, la vie de l'Allemagne tout
entière est dans la Ruhr,
La fortune de l'Allemagne est basée,
mainteiuïht, sur le fer et le charbon, leur
transformation et leurs dérivés, et toute
cette production eA pratiquement con-
centrée dans le bassin de la Ruhr, dont
l'étendue, 'pourtant, n'égale pas celle d'Un
petit département français.
C'est cqftte puissance industrielle qui
a fait dans' le passé et fait encore la ri-
Dans la:préfacé qu'il a écrite en tète de
l'étude très documentée et très savante
que vient de publier M. L. Coupayé, sur
La Ruhr et l'Allemagne, M. Adrien ï>ariae,
président de la commission des finances de
is Chambre, esquisse excellemment en
quelques traits vigoureux le tableau de
cette richesse industrielle allemande.
Avant la guerre, dit-il, l'.tllemagne distillait
de 50 à 55 millinns rle tonnes de honille, dont
10 millions étaient destinées à la production du
gaz d'éclairage, et 45 millions environ à la pro-
(iuution de 32 millions de tonnes de coke métal-
Les sous-produits de la distillation, précieu-
sement recueillis, donnaient lieu à près de
500.000 tonnes de sulfate d'ammonioque, dont
1.200.000 tonnes de goudron,, dont 1 million de
la Ruhr, etc. Ces goudrons, distillés et reitis-
tiflés à leur tour, produisaient les benzols, les
phénols et toute la muititude de sous-produits
qui alimentaient les fabriques monstres de ma-
tières colorantes, les fabriques de produits phar-
mai-eutiqurt* dont les Allemands inondaient le
aronde les fabriques de parfums synthéti-
ques, qu'ils mêlaient à des produits français de
provenance naturelle, etc.
Parfums, médicaments, matières colorantes,
goudron et dérivés du goudron, sulfate d'am-
moniaque, père nourricier de l'agriculture
a'ionrmde coke métal lurgnqu1? indispensable à
ses hauts fourneaux et aux hauts fourneaux
frauçats, tout cela ne s'obtient que par le char-
bon, sans parler des scories de dé phosphora-
tion et do tous les autres produits moins
importants.
Et toute cette ticiresse et toute cette pros-
périté et toute cette activité est entre les mains
de quelffUBs-ui»?. d'une douzaine de grands in-
dustriels d'outre-ïttvtn, 'qui 'sont, ceux-là, les
vrais maîtres de rAlk-magnc. Ue sont les Stiu-
nes, les Thyssmi, les Krupp, les Haniel, les
Klrc«iner,. les iHuunn, les Ricetillng, les Man-
neôinann et trois ou qualre autres.
Ils dirigent, continue M. Dariac, la totalité
des grands consortiums Jndustriels et règlent,
directement ou indirectement, mais d'une façon
absolue, les destinées économiques de l'Alle-
magne, ce qui n'exclut pas chez eux l'activité
politique.
Au point de vue des réparations. ils ont offert
déjà de se substituer à l'Etat allemand pour
le paiement des créances alliées, tout au moins
des premières, mais à des conditions qui ont
été jugées inacceptables.
EL, en effet, eux seuls sont capables, par leurs
cxpifiiialions toujours grandissantes, par le
crédit que l'étranger ne manquerait pas de leur
faire, de procurer à l'Etat allemand l'or, les
valeurs, les devises étrangères que lui-même
ne saurait jamais obtenir à l'aide d'un mark
de plus en plus déprécié.
Actufllrment; l'El.at allemand ne peut pas
nous payer avec ses ressources normales: le
gaspillage systématique auquel il s'est livré
depuis un an, l'inflation fldociniiv qui altcinl
à lin septembre 315 milliards, sont des
faits matériels auxquels personne ne chantera
charbon, de la fonte, de. l'acier, des matières
colorantes, etc. Si une Allemagne nous paie.
ce sera celle des grands syndicats, véritables
détenteurs du capital allemand.
Payer, ils le peuvent. En soixante ans, la
progression de 'l'industrie houillère, dans la
bassin de la Ruhr., a passé de 2.066.000 à
110.765.000 tonnes et le nombre des ouvriers
employés à l'extraction du charbon, qui
était au début de 15.878, est maintenant
de
Il est vrai que la production, a baissé
légèrement depuis l'armistice. Il faut l'at-
tribuer à différentes causes diminution
des heures de travail, travaux d'entretien
négligés pendant la guerre, exploitation de
veines moins riches, usure du matériel, qui
ne peut être remplacé que progressivement,
application moins grande de l'ouvrier.
Mais pourtant, aujourd'hui, la production
tend vers une marche ascendante.
Le bassin de la Ruhr est divisé admi-
nistrativement en deux parties le dis-
trict minier de Dortmund, qui comprend
lui-méme vingt circonscript,ions avec cent
trente-neuf sociétés, et le district de Bonn,
qui n'a qu'une circonscription et quatre
sociétés.
Et parmi ces grosses sociétés, énumère
M. Coupayé, émergent les noms des
Gelsenkirchener Bergwerks A. G.. Harpe-
ner Bergbau, mines fiscales et Hibernia,
Deutsch-Luxemburgische Bergwerks und
Hùtten A. G., Phoenix, mines de Stinnes,
Thyssen, Haniel, Funkc, Hoesch, etc., avec
des productions annuelles normales s'éta-
geant de 2 à 10 millions de tonnes de
houille et de 1 à 2 millions de tonnes de
coke. Et parmi les hommes d'affaires pro-
priétaires ou fortement intéressés dans ces
puissantes exploitations minièrea on re.
trouve fréquemment les noms bien connus,
en particulier, dans le bassin rhéno-west-
phalien, sinon ailleurs, des Carp, Falk,
Funke, von Gahlen, Gehres, Grimberg,
Haniel, Henschcl, Hoesch, Jacob, Kirdof,
Klœckner, Korte, Krupp, Stinnes. etc.les
seuls maîtres de l'Allemagne d'aujourd'hui.
A la Dernière Heure AGITATION SANS LA
RUHR POUR UNE QUESTION DE SALAIRE.
POLITIQUE NATIONALE!
C'est une grande satisfaetion, pour
tout le monde en France, où l'on se sou-
vient avec reconnaissance de l'héroïsme
de l'armée et de la flotte britanniques pen-
dant la guerre, et où les bonnes manières
de M. Bonar Law avaient conquis tous
les cœurs, de constater qu'on s'est séparé
avec des paroles cordiales, et que le grave
désaccord nouveau laisse intactes l'estime
et l'amitié entre nos deux nations. C'en
est une autre de sentir que nous ne res-
tons pas isolés, puisque la Belgique et
l'Italie, à quelques détails près, sont aussi
partisans que nous d'une prise de gages.
Mais ce qui est le plus réconfortant dans
cette crise, c'est de voir avec quel en-
semble notre opinion publique a approuvé,
dès la première heure, l'attitude de notre
gouvernement, aussitôt connu le plan bri-
tannique.
Au fond, voilà près de deux ans qu'en
France tout le monde est convaincu que
les Allemands ne nous paieront que con-
traints et forcés. C'est uniquement pour
ménager les susceptibilités britanniques,
pour maintenir coûte que coûte l'entente
entre les alliés, que tous les gouverne-
ments qui se sont succédé en France ont
consenti à l'Allemagne délais sur délais,
concessions sur concessions.
Mais le jour où on a vu que l'Angleterre
nous demandait une réduction énorme de
notre créance sur l'Allemagne, le jour où
on a compris qu'elle nous proposait un
moratorium de quatre années, et qu'elle
s'opposait de la façon la plus catégorique
à toute prise de gages, alors, comme un
seul homme, sans même attendre la ré-
ponse de son gouvernement, la France en-
tière a répondu « Impossible »
C'est une grande force pour notre gou-
vernement d'avoir si bien traduit le sen-
timent national, et de sentir, dans les cir-
constauces difficiles actuelles, qu'il a avec
lui l'unanimité du pays.
Les fiançailles (?) du prince de Galles
Londres, 5 janvier
Petit Parisien.)
Décidément, on
tient absolument à
ce que le prince de
Gallev soit fiance.
Hier, un journal
londonien laissait
entendre qus l'on
sungeait à donner
comme épouse à
l'héritier du trône,
une prinepsso ita-
lipnnp celle infor-
mation était d'ail-
leurs officiellement,
démentie le soir me-
nin
journal a donné la
nauvelle, pareillement démentie, des .pro-
chaines Hançaiii'ies du jeune prince avec
lady E. Bowes-Lyon, troisième fllle de lard
Str-athmore.. dont la pairie remonte au
quinzième siècip.
M, Millerand grand-oif cier de Saint-Charles de Monaco
Le prince de Monaco reçoit le grand cordon
et la princesse la croix de la Légion
d'honneur
Le Président de la Republique et Mme
Millerand ont rendu hier soir, au prince
et à la princesse de Monaco, la visite que
cpux-ei leur avait faite dans la journée
et au cours de laquelle le Président de la
République avait remis au prince le
grand-cordon de la Légion d'honneur et à
la princesse la croix de chevalier de la
Légion d'honneur pour les services dévoués
qu'elle a rendus pendant la guerre à nos
soldats blessés.
Le Président de la République a reçu le
grand cordon de l'ordre de Saint-Charles
de Monaco.
RUPTURE (?)
Dix fois, vingt fois, on a failli se séparer.
Cette fois, tout est fini. Laissez-moi. Je
rentre chez ma mère.
C'est entendu. Tout est fini Tout est
bien fini Séparons-nous.
Tout de même, nous prenons là un parti
bien brutal.
Bien cruel.
Bien imprudent.
Bien pénible.
Que vont dire nos parents ?
Et les voisins ?.
Nous pourrions peut-être essayer, en nous
séparant.
De ne pas nous séparer.
Et en partant.
De dire que nous ne partons pas.
C'est cela. Partons sans partir. Sépa-
rons-nous sans nous séparer.
Nous allons dire que nous reviendrons.
C'est cela. Nous reviendrons.
Pour repartir.
Pour nous séparer.
Nous sommes donc d'accord ?
Sur notre désaccord.
La prochaine fois, nous
La prochaine fois. C'est entendu.
Alors, à bientôt
A bientôt I. Bon voyage I.
Je vous écrirai.
Nous nous écrirons.
On s'écrivait. On se retrouvait. Et l'on repar-
tait, en se séparant, sans, toutefois, se séparer.
Aujourd'hui, on s'est séparé. Aujourd'hui,
on a dit que c'était fini. Et après avoir dit que
c'était fini, on a fait comme si c'était, en cff.-t
fini.
Adieu I
Adieu 1
Le train siffle. Adieu
Adieu.
On ne s'est pas promis de s'écrire. On ne
s'est pas juré de se retrouver dans huit jours
pour se mettre en désaccord à nouveau.
On n'a rien dit. On s'est séparé.
Alors ?
Mais alors c'est très grave ?.- Mais alors tout
est fini, cette fois, puisqu'on a dit que tout était
fini ?.
Cette fois, c'est la rupture ?.
La rupture?.
Je parierais bien vingt marks qu'on se retrou-
vera. Je parierais bien cent livres qu'on
s'écrira. Je parierais bien mille francs qu'on
s'apercevra, un de ces jours, qu'on n'a. pas
rompu en rompant.
Une courte séparation ne fera, peut-être, que
préparer un plus sûr rapprochement.
Si j'étais voyante extra-lueide, je dirais
Je vois. Je vois, là-bas, une petite pro,
çhaine conférence, •– îlayrice Prax,
LA TRAVERSÉE
DU SAHARA
EN AUTOMOBILE
Les chenilles Citroën ont quitté Kidal
dès le 3 janvier avec l'intention
d'arriver demain à Tombouctou
MM. Haardt et Audoin-Dubreuil télé-
graphient de Kidal, janvier, 7 heures:
Après avoir franchi le Tanszrouft, le
grand désert de la soif, oit tout écart
d'orientation est un danger de mort, nous
avons atteint l'Afrique occidentale fran-
!:aise le soir du :il décembre 1922, ait puits
de Tin Zaouaten.
La traversée du Tanrsrouft a été rendue
particulièrement pénible par une grande
tempête de sable, la première que, nous,
ayons eu ci subir d"pvis Touqgourt.
surchargée de sable, ren-
dait la visibilité impossible et nous éprou-
vions de lit difficulté jour ne pas nous per-
dre les tins les autres dans ce brouillard
jaunâtre et- irrespirable.
L'immense Taneirouft, jusqu'ici wi-
violé pur l'automobile, semblait vouloir
sr venger contre nos petites Citroën à
A'cîw avons parcouru plus de cinq cents
kilomètres sur, le sable mou dit Reg, coupé
de dépressions 'et de tenrnint rotaîllftux.
Puis, te jântrii :r i923. nous nommes
f.-nlréx dnns h- prti/s o-h les embûches de
la nature cessent et oit augmentent celles
2 janvier, nous sommes
ai rivés im fort de Kidal.
Demain. 3 janvier, nous quitterons Ki-
fini et. par les steppes herbucs dit Sou-
d(,n, nous atteindrons Bourem, sur le
du Niger, et enfin Tombovctou.
VERS LE NIGER
\o\it- avons demandé an cnnujiandanf
du Prlil parisien, les de
qu'il 1 il y a un an à peinp.
De Kidal au Niger
Les autos-chenilles du raid Citroën vien-
nent d'entreprendre la partie la plus facile
de la-longue route qui doit les conduire de
lit Méditerranée aux rives du Niger à tra-
vers le Sahara, exécutant ainsi. à l'aide de
la technique moderne, une jonction seu-
lement réalisée jusqu'ici par l'avion du
commandent Vu i Hem m on par les détache-
ments des méharistes algériens ou souda-
nais. C'est le 3 janvier que les autos ont
• ulrepris l'étape qui a d0 les conduire le
janvier à Bourrem, le 5 à Bamba d'où
elles atteindront le 6 ou le 7 Tombouctou,
la. ville mystérieuse, qui verra,la fin de
leurs efforts et leur fera connaître, dans
une réception enthousiaste, un avant-goût
de la gloire que leur méritent leur énergie-
et leur vaillance.
De Kidal à Bourrem, premier poste
français situé sur le Niger, occupé par un
sous-officier et vingt hommes, la rouie me-
sure 250 kilomètres à peine. Pendant.30 ki-
lomètres, elle serpente dans les contreforts
méridionaux de l'Adrar des Iforas, passant
de vallée, en vallée par des cols relati-
vement faciles. Ce sont les dernières con-
vulsions de l'Adrar. qui vient finir sur la
grande plaine faiblement ondulée qui le
répare du Niger. C'est à Gounhan, où l'oued
s'épaye d'une végétation abondante, qu»
finit l'Adrar des Haras, Sur les masses
arrondies de granit qui surplombent le
lieuve desséché, des inscriptions rupestre*.
silhouettes d'hommes ou d animaux (gazel-
les, chameaux, autruches. et caractères
litinar, disent les pensées ou les désirs des
ancêtres qui venaient abreuver leurs'trou-
peaux à la place où tout à l'heure passe-
ront les chenilles dans le vromhissement
cadencé des moteurs en pleine course.
Quand les génies, propices aux Touareg
Iforas, qui peuplent les montagnes dont ils
défendaient J'accès aux nomades Kountas
venus des bords du fleuve, verront passer
les autos-chenilles descendues du nord,
nul doute qu'ils ne fassent retentir le mas-
sif de l'Adrar d'une longue plainte pro-
clamant à tous les échos leur déflnitive dé-
chéance, le Sahara d'abord, l'Adrar en-
(n'aprf's «n dessin du lieutenant Vin He-vlii-.
Chebboun, amenokal des Tinguerignits, la plus guer-
rière des tribus touareg du Sahara Tombouctlen
C'est ce chef qui massacra, par surprise, en J8SM.
à Tacoubao, à quarante kilomètres au sud-
ouest de Tombouctou, le colonel Bonifier et
sa vaillante troupe, qui venaient de conquérir
la ville glorieuse. C'est contre lui que Joffre,
alors chef de bataillon du génie, dirigea une
colonne de répression victorieuse, coirimen'
çant d'affirmer ainsi, sur les 6orda du Siger,
une réputation militaire qui devnit atteindre
son apogée sur les bords de la Marne.
suite, venant d'être vaincus sur la face où
ils étaient réputés infranchissables aux
moyens autres que les mehara.
Le Tlemsi
Depuis Gounhan jusqu'à Tabankort, les
iiuto<-i'hpnille* vont d'abord ?'élancer
dans le lit de l'Iguerrer, plat et large, où
̃leur marche ne sera retardée par aucun
obstacle. ,abainkort, centre important
REGION PARISIENNE
'temps couvert et pluvleux.
devenant rapidement nuageuz
ou très nuageux avec éclalr-
cles, averses et grains, Ra-
fralchissement prochain.
Unit Jour
EN FRANCE
Eclalrctes et averses sur la
moitié Onest. Pluies sur la
moitié Est suivies d'éclair-
oies et d'averses. Vent assez
tort de nord-ouest, tort sur
les côtes. Rafralchissement
commençant par l'Ouest, et
s'étendant sur toute la France.
SOLEIL lev.7h.45: couch.4h.7
LUlfE dem. qn. nonv. 17
18. ANNÉE.. ̃ K« 16.748
SAMEDI
JANVIER
Epiphanie
ABONNEMENT;; 3 «eh liais I»
Seine et S.-u. iî. 50 a.»
France et Col. 13. s 28.» «S.»
Etranger. 2:. n H.»
i8, RUE DTNGHTEN, PARIS
M. POINCARE SE PRÉPARE A PASSER AUX ACTES
Il a conféré, hier, avec
MM. Theunis, Jaspar
et della Torretta
La conférence de Paris a été suivie,
hier, d'un épilogue. Ce sont les conver-
sations officieuses que M. Poin&aré a
eues tour à tour avec les chefs des diver-
ses délégations, et notamment avec
MM. Theunis et Jaspar. Elles semblent
avoir permis au président du Conseil de
préciser, à point nommé, certaines des
intentions du gouvernement français
Que fera la France de la liberté d'ac-
tion qu'elle est amenée à reprendre
dans la question du moratorium alle-
mand ? A cet égard, deux tactiques
semblaient possibles.
La première eût consisté à inaugurer,
en occupant la Ruhr, une manière toute
(différente de celle que suggérait ces
jours-ci le plan français. On sait, que,
par égard pour l'opinion britannique,
M. Poincaré avait, par exemple, renoncé
à établir un cordon douanier soit le long
du Rhin, soit autour de la Ruhr. L'An-
gleterre s'étant mise à l'écart, on pou-
vait être tenté de revenir immédiate-
ment à ces mesures, ou même à d'autres
plus énergiques.
C'est une autre Lactique qui semble,
toutefois, avoir la préférence du gou-
vernement français. Tout en ayani
recours aux moyens militaires tels
que l'occupation d'Essen et de Bochutn
devenus désormais indispensables,
sa .préoccupation dominante est de ne
rien faire qui menace les intérêts des
alliés présents ou absents.
Tout d'abord, il faut noter que la
France, dans cette entreprise, ne solli-
cite le concours de personne, pas même
de la Belgique. MM. Theunis et Jaspar
paraissent avoir été très sensibles à la
manière discrète dont 1i. Poincaré les
a entretenus de cette question. Libre de
ne point agir, il est d'ailleurs plus que
probable que la Belgique n'en décidera
que plus volontiers de s'associer aux
mouvements militaires envisagés.
Mais. d'autre part, la France, quand
elle agira, se comportera dans les mesu-
res qui pourront être prises exactement
comme si les alliés étaient tous à ses
côtés. Quand un convive est en retard,
on n'ôte pas tout de suite son couvert.
La place de l'Angleterre restera mar-
quée dans toutes les organisations qui
pourront être créées soit pour percevoir
J'imfpôt sur Je charbon, soit pour recueil-
Jir les devises, soit pour toute autre
prise de gage économique faite à l'abri
du réseau des troupes franco-belges. Si
l'Angleterre devait bientôt se raviser,
LES -MANQUEMENTS- DE L'ALLEMAGNE
La commission des réparations a commencé la procédure
de notification elle se réunira à nouveau aujourd'hui
La commission des réparations, qui a
déjà constaté un manquement volontaire
de l'Allemagne pour les livraisons de bois.
va être appelle à délibérer aujourd'hui
même sur la non-exécution par le Reich
des livraisons de charbon prescrites pour
M. Poincaré, on le sait, avait déclaré au
Sénat qu'il demanderait à la commission
des réparations de constater le caractère
volontaire de ce manquement. Cependant
ainsi que nous lavons dit, Ni. Barthou
n'avait pas encore été chargé de demander
l'inscription de cette question à l'ordre
du jour des travaux de la commission.
Au cours de la première séance de la
conférence interalliée, M. Bonar Law
avait, en effet, prié le président du
Conseil de bien vouloir ajourner quelque
pau cette discussion. M. Poincaré avait
consenti à ne pas insister pour l'instant,
mais il avait nettement laissé entendre
qu'elle devrait, selon lui, intervenir à
bref délai.
La conférence ayant échoué, et la délé-
gation britannique s''étant séparée des
autres délégations alliées, il n'y avait plus
aucune raison de retarder la constatation
d'un manquement dont l'importance et le
caractère volontaire sautent aux yeux.
Hier matin donc, M. Barthou, président
de la commission des réparations, fut
convoqué par M. Poincaré au ministère
'des Affaire* étrangères, et reçut du prési-
dent du Conseil la mission de demander
à ses collègues de délibérer au plus tôt
sur cette question.
M. Barthou, qui était arrivé à 9 h. 30
au Quai d'Orsay, en partit à 10 heures
et se rendit à l'Astoria, où la commis-
sion des réparations s'était réunie en
séance, officielle pour examiner les affai-
res courantes. En l'absence de sir John
Bradbury, qui était allé à l'hôtel Crillon
recevoir les dernières instructions du
premier ministre britannique et prendre
congé de lji avant son départ pour Lon-
dres, M. ïgemtoall Cook, délégué adjoint,
représentait l'Angleterre.
Sur la proposition de M. Bnrthon, la
commissiort décida ù L'unanimité de se
réunir, ce matin, en séance officielle, pour
commencer l'examen de la question des
livraisons de charbon.
Disons tout de suite que, contrairement
à ce qui a été déclaré par plusieurs jour-
naux anglais, l'Angleterre ne s'abstiendra
pas dant ce débat. Sir Jobn Bradbury, qui,
croyons-nous, avait d'abord manifesté cette
intention, assistera très vraisemblablement
la discuasiun qui commencera à 10 heures
et portrrait se prolonger durant une partie
de la journée.
Aussitôt que la commission des répara-
tions eut pris sa décision. M. Barthou re-
tourna au Quai d'Orsay où il ne resta que
dix minutes, pour en informer M. Poincaré,
Celui-ci, à son tour, s'étant rendu à
l'Elyspe, flt part de la nouvelle à M. Mii-
ierand-
La C. D. R. entendra les Allemands
Selon toute vraisemblance ^l'attitude du
^présentant britannique, au courte de la
elle n aurait qu'à s'asseoir auprès de
nous.
Si l'on comprend bien la pensée du
gouvernement français, il ne s'a.git,
d'ailleurs, pas là d'un expédient local,
mais de toute une orientation politi-
que. Résolue à passer désormais à
certains actes, malgré l'abstention bri-
tannique, la France.n'en est pas moins,
prête à maintenir le contact et la
coopération avec les alliés sur tous les
autres points.. On se tromperait, par
exemple, en s'imaginant que, cédant à
un mouvement d'humeur, M. Poincaré
fut sur le point de modifier les instruc-
tions de la délégation française. à Lau-
sanne. Qu'il s'agisse de l'Orient ou
même de l'Allemagne, les divergences
entre la politique française et l'anglaise
seront, pour l'instant tout au moins,
réduites au minimum.
L'opinion anglaise commettrait ce-
pendant une méprise, si elle attribuait
ce souci de loyauté à quelque hésitation.
Dans une huitaine de jours, quand les
fai-ceaux seront formés près des puits
de la Ruhr, les faits -suffiront- sans doute
à lVdifier à cet égard. Elle comprendra
peut-Htre alors que si la France se met
aujourd'hui en mouvement, ce n:est lia?
pour obéir on ne sait quelle excitation
nerveuse, ni pour satisfaire un impéria-
lisme inexistant, mais par l'edet d'une
froide détermination qu'il serait impo-
litique de traiter à la légère.. La réflexion
aidant, le jour viendra où Taccorfl. qui
n'a pu se réaliser ces jours derniers.
s'étahlira, pour ainsi dire de lui-mème,
sur des bases plus équitables pour les
Philippe MILLET.
séance exceptionnelle que tiendra ce matin
la C. D. R., serait iclentique (L celle- qu'il a
observée lors rIe la constatation dn man-
quement volontaire de l'Allemagne pour
les livraisons de bois. On se trouvera donc
en présence d'une situation analogue la
France, l'ltalie et la Belqique votant pour,
et la Grande-Bretagne s'abstenant.
Quoi qu'il en soit, la question rae sera
Pas définitivement réglée aujourd'hui, la
commi.ssion des réparations tenant, avant
de statuer, à entendre les représentants
du Reich. Cette audition aura probable-
ment lieu lundi ou mardi. Ce n'est donc
pas avant le début de la semaine prochain
que la décision finale interviendra.
Ajoutons que vers la fin de la. matinée,
MM. Iheums etJaspar, se sont entretenus
à hôtel Claridge avec les déiégués de la
Belgique, à la commission des réparations
MM. Delacroix et Bemelmans.
M. Poincaré chez le marquis della Torretta
En sortant de l'Elyséc, M. Poincaré e«t
allé a 1 hôtel Meurice, oiu il a conféré; du-
rant une vingtaine de minutes, avec le mar-
quis della Torretta, premier délégué ita-
lien.
Cet entretien terminé, le président du
Conseil s'est fait conduire à la,gare du
Nord, où il voulait saluer M. Bonar Law à
son départ.
MM. Barthou, de Lasteyrie et Maginot
chez M. Poincaré
Dans le courant de NI. Poin-
caré a reçu à nouveau M. Barthou ainsi
que MM. de Lasteyrie, ministre des Fi-
nances, et Maginot, ministre de la Guerre.
MM. Theunis et Jaspar au Quai d'Orsay
Hier après-midi, à 3 heures, MM. Theuni:
et Jaspar se sont rendus au Quai d'Orsay,
Ils ont été conduits, aussitôt auprès du
président du Conseil, qui attardait leur
visite, et avec lequel ils ont en un Ion.
entretien. Bien que rien n'ait transpire
de cette conversation, il va de .soi qu elle
a porté sur la nouvelle situation créée par
le désaccord constaté à la conférence, et
sur les mesures qu'il convient de prendre
en commun pour y faire face.
MM. Theunis et Jaspar quitteront'Paris
ce matin, à 8 heures. Nous croyons savoir
que, malgré ce départ matinal, le prési-
dent du Conseil aura un nouvel entretien
.avec les ministres belges.
LE DEPART DE M. DELLA TORRETTA
Le marquis della Torretta a quitté Paris
hier soir, à. 22 heures, pour Rome par le
rapide de Modane. Il a été saiué à la gare
de Lyon .par, M. de Fouquières. directeur
du protocole, accompagné d'un haut fonc-
Uonnaire du ministère des Affaires étran-
gères.
^ambassadeur d'Italie ne fera qu'un
court séjour Home. Dès qu'il aura rendu
compte de sa mission au chef du gouver-
nement, il retournera à Londres, accom-
pagné de la marquise della Torretta.
II repassera par Paris vers le il ou 12
janvier.
LE DÉPART
DE M. BONAR LAW
M. Bonar Law, qu'accompagnait la délé-
gation britannique, a quitté, Paris, hier, à
midi par le rapide de Valais.
A 11 h. 30, le premier, 1t. Poincaré, pré-
sident du Conseil. qu'entouraient MM. de
Lasteyrie, ministre des Finances; Peretti
de la Roixsu: directeur des Affaires polili-
ques au Quai d'Orsay, et. de Fouquières,
directeur du protocole, fit son apparition.
sur le quai, suivi, à quelques minutes, du
Premier anglais qu'avisaient M. Phi-
lippe Gréa m, ministre du Commerce, et
quelques secrétaires,
MM. Bonar Law et Poincaré s'entretin-
rent longuement et cette conversation fut
empreinte de la plus franche cordialité.
En terminant, le Premier britannique
serra chaleureusement la main du prési-
dent du Conseil et, faisant allusion à la
future politique de la France dans la ques-
tion des réparations* il lui dit
Je vous souhaite très sincèrement de
réussir enr si' vous ne réussissiez pas,
l'opinion française nous en tiendrait certai-
nement rigueur.' Elle croirait que les cho-
ses se seraient passées autrement, si nous
étions- venus avec vous, ce qui ne pourrait
que porter atteinte à l'amitié des denx
pays.» alors qvé jtoiis désirons, l'un et l'au-
tre, qu'elle reste entière.
A midi. M. Bonar Law prenait place dans
son wagon-! if. et le train démarrait aus-
sitôt. Eu quittant la gare, dans son auto-
mobile. M. Poincaré fut l'objet d'une
chaude manifestation de sympathie.
AU M!N!STÈRÊ1Ë LA GUERRE
Sur le -caractère des mesures militaires
qui pourront être prises à l'endroit de l'Al-
lemagne pour l'obliger à remplir -en tin ses
engagement?. le ministère de la Guerre, ne
veut absolument rien dire.
C'est au président du Conseil qu'il ap-
partient de prendre te Mes mesures qu'il
jugera opportunes, nous déclare-t-on rue
isaint-f ominiqùe, et. Jusqu'ici, aucuns dé-
cision ne nous -a été notifiée.
En rené faut, toute la., journée d'hier, cette
réponse il leurs nombreux visiteurs, les
membres du cabinet militaires du ministère
de la Guerre ne marquaient pas la moindre
émotion. L'état-major général de i'armée
ifait preuve également du,plus grand calme.,
L'événement, bien que considérable, était
quelque peu prévu. Du reste, il était dans
le devoir des bureaux de l'état-major gé-
nérail de prévoir, et cela non pas depuis
quelques mois, mais dès ']1' lendemain de la
signalure du traité, les incidents qui pour-
raient survenir. Toutes les éventualités, les
plus fâcheuses pour nous comme les autres,
avaient donc été env,sagées par >Fëtat-ma-jo?
du -maréchal Foeh, par fe conseil supérieur
ide. la guerre, et par les officiers qualifiés de
l'état-major général, et pour faire face à
chacune d'elles un plan avait été dressé.
Il avait été prévu que nous pourrions rester
seuls en face des Allemands. Il avait été
prévu également que les. Beiges et les Ita-
liens pourraient être avec nous. Un dispo-
sitif correspondant. à cette occurrence est
établi. Sera-t-il mis en action ? Il dépend
du président du Conseil d'en décider. Et le
ministère de la Guerre sc borne à attendre
des ordres qui, s'iils sorti donnés, seront exé-
aussitôt.
PREMIÈRES INTERPELLATIONS
Bllea émanent de MM. Aubriot, Girod
et Albert Favre
M. Paul Aubriot, député d' la Seine,
vient de déposer une aemande d'interpel-
lation au président du Conseil Il sur les
conséquences du désaccord franco-anglais
et sur la politique que le gouvernement
entend suivre pour défendre Ies juste--
droits de la'France ».
De son côté, M. Girod, député du Doubs,
a déposé une demande d'interpellation
sur l'échec de la conférenee de Paris
et ses conséquences et sur les desseins
du gouvernement au regard du problème
des. réparations ».
Interrogé sur ses intentions. M. Girod a
déclaré qu'eus n'étaient aucunement hos-
1 Lilas au gouvernement, au contraire il
estime seulement que dans les circonstan-
ces actuelles, des explications sont indis-
pensables pour le- ptys mais si le prési-
dent du Conseil est disposé à faire spoa-
tané,ment une déclaration aux Chambres, il
n'hésitera pas, pour sa part, à retirer son
A ce propos, i>l convient de faire remar-
quer que M. Poincaré ne pourra pas pren-
dre la parole a.vant jeudi, au plus tôt. Son
intervention dépendra, d'aiWeurs, des évé-
nements qui, s'ils se précipitaient, permet-
traient au chef du gouvernement de. s'ex-
pliquer complètement ie 1i janvier.
D'autre part, M. Albert Favre, député de
la Charente-Inférieure, avait pris la pré-
caution, tout à la'fiu de la session extra-
ordinaire et ayant même .l'ouverture de la
conférence de Paris, de déposer une de-
mande d'interpellation la visant il aéra
donc, s'i4 la maintiemi. le premier inter-
venant. ]
LES MINES
DE LA RUHR
La clef de l'Allemagne, c'est la Ruhr. »
On a rjit cela. On l'a répété cent fois, et
cent fois toujours sur le mfme ton.
Or, depuis près d'un an, nous occupons
Dusseldorf, Duisbourg et Ruhrort depuis
près d'un an, nous sommes au scuil de la
Ruhr depuis près d'un an, nous attendons
devant l'huis, toujours formé. La clef est
là. sur la serrure, à portée de notre main.
Allons-nous, enfin, la tourner, cette clef
qui doit nous ouvrir les portes de l'Alle-
magne ? Nous le saurons bientôt.
Mais il est bien vrai qu'aujourd'hui plus
qu'hier la Silésie et la Sarre étant per-
dues pour elle la richesse de l'Allema-
gne économique, le coeur de l'Allemagne
industrielle, la vie de l'Allemagne tout
entière est dans la Ruhr,
La fortune de l'Allemagne est basée,
mainteiuïht, sur le fer et le charbon, leur
transformation et leurs dérivés, et toute
cette production eA pratiquement con-
centrée dans le bassin de la Ruhr, dont
l'étendue, 'pourtant, n'égale pas celle d'Un
petit département français.
C'est cqftte puissance industrielle qui
a fait dans' le passé et fait encore la ri-
Dans la:préfacé qu'il a écrite en tète de
l'étude très documentée et très savante
que vient de publier M. L. Coupayé, sur
La Ruhr et l'Allemagne, M. Adrien ï>ariae,
président de la commission des finances de
is Chambre, esquisse excellemment en
quelques traits vigoureux le tableau de
cette richesse industrielle allemande.
Avant la guerre, dit-il, l'.tllemagne distillait
de 50 à 55 millinns rle tonnes de honille, dont
10 millions étaient destinées à la production du
gaz d'éclairage, et 45 millions environ à la pro-
(iuution de 32 millions de tonnes de coke métal-
Les sous-produits de la distillation, précieu-
sement recueillis, donnaient lieu à près de
500.000 tonnes de sulfate d'ammonioque, dont
1.200.000 tonnes de goudron,, dont 1 million de
la Ruhr, etc. Ces goudrons, distillés et reitis-
tiflés à leur tour, produisaient les benzols, les
phénols et toute la muititude de sous-produits
qui alimentaient les fabriques monstres de ma-
tières colorantes, les fabriques de produits phar-
mai-eutiqurt* dont les Allemands inondaient le
aronde les fabriques de parfums synthéti-
ques, qu'ils mêlaient à des produits français de
provenance naturelle, etc.
Parfums, médicaments, matières colorantes,
goudron et dérivés du goudron, sulfate d'am-
moniaque, père nourricier de l'agriculture
a'ionrmde coke métal lurgnqu1? indispensable à
ses hauts fourneaux et aux hauts fourneaux
frauçats, tout cela ne s'obtient que par le char-
bon, sans parler des scories de dé phosphora-
tion et do tous les autres produits moins
importants.
Et toute cette ticiresse et toute cette pros-
périté et toute cette activité est entre les mains
de quelffUBs-ui»?. d'une douzaine de grands in-
dustriels d'outre-ïttvtn, 'qui 'sont, ceux-là, les
vrais maîtres de rAlk-magnc. Ue sont les Stiu-
nes, les Thyssmi, les Krupp, les Haniel, les
Klrc«iner,. les iHuunn, les Ricetillng, les Man-
neôinann et trois ou qualre autres.
Ils dirigent, continue M. Dariac, la totalité
des grands consortiums Jndustriels et règlent,
directement ou indirectement, mais d'une façon
absolue, les destinées économiques de l'Alle-
magne, ce qui n'exclut pas chez eux l'activité
politique.
Au point de vue des réparations. ils ont offert
déjà de se substituer à l'Etat allemand pour
le paiement des créances alliées, tout au moins
des premières, mais à des conditions qui ont
été jugées inacceptables.
EL, en effet, eux seuls sont capables, par leurs
cxpifiiialions toujours grandissantes, par le
crédit que l'étranger ne manquerait pas de leur
faire, de procurer à l'Etat allemand l'or, les
valeurs, les devises étrangères que lui-même
ne saurait jamais obtenir à l'aide d'un mark
de plus en plus déprécié.
Actufllrment; l'El.at allemand ne peut pas
nous payer avec ses ressources normales: le
gaspillage systématique auquel il s'est livré
depuis un an, l'inflation fldociniiv qui altcinl
à lin septembre 315 milliards, sont des
faits matériels auxquels personne ne chantera
charbon, de la fonte, de. l'acier, des matières
colorantes, etc. Si une Allemagne nous paie.
ce sera celle des grands syndicats, véritables
détenteurs du capital allemand.
Payer, ils le peuvent. En soixante ans, la
progression de 'l'industrie houillère, dans la
bassin de la Ruhr., a passé de 2.066.000 à
110.765.000 tonnes et le nombre des ouvriers
employés à l'extraction du charbon, qui
était au début de 15.878, est maintenant
de
Il est vrai que la production, a baissé
légèrement depuis l'armistice. Il faut l'at-
tribuer à différentes causes diminution
des heures de travail, travaux d'entretien
négligés pendant la guerre, exploitation de
veines moins riches, usure du matériel, qui
ne peut être remplacé que progressivement,
application moins grande de l'ouvrier.
Mais pourtant, aujourd'hui, la production
tend vers une marche ascendante.
Le bassin de la Ruhr est divisé admi-
nistrativement en deux parties le dis-
trict minier de Dortmund, qui comprend
lui-méme vingt circonscript,ions avec cent
trente-neuf sociétés, et le district de Bonn,
qui n'a qu'une circonscription et quatre
sociétés.
Et parmi ces grosses sociétés, énumère
M. Coupayé, émergent les noms des
Gelsenkirchener Bergwerks A. G.. Harpe-
ner Bergbau, mines fiscales et Hibernia,
Deutsch-Luxemburgische Bergwerks und
Hùtten A. G., Phoenix, mines de Stinnes,
Thyssen, Haniel, Funkc, Hoesch, etc., avec
des productions annuelles normales s'éta-
geant de 2 à 10 millions de tonnes de
houille et de 1 à 2 millions de tonnes de
coke. Et parmi les hommes d'affaires pro-
priétaires ou fortement intéressés dans ces
puissantes exploitations minièrea on re.
trouve fréquemment les noms bien connus,
en particulier, dans le bassin rhéno-west-
phalien, sinon ailleurs, des Carp, Falk,
Funke, von Gahlen, Gehres, Grimberg,
Haniel, Henschcl, Hoesch, Jacob, Kirdof,
Klœckner, Korte, Krupp, Stinnes. etc.les
seuls maîtres de l'Allemagne d'aujourd'hui.
A la Dernière Heure AGITATION SANS LA
RUHR POUR UNE QUESTION DE SALAIRE.
POLITIQUE NATIONALE!
C'est une grande satisfaetion, pour
tout le monde en France, où l'on se sou-
vient avec reconnaissance de l'héroïsme
de l'armée et de la flotte britanniques pen-
dant la guerre, et où les bonnes manières
de M. Bonar Law avaient conquis tous
les cœurs, de constater qu'on s'est séparé
avec des paroles cordiales, et que le grave
désaccord nouveau laisse intactes l'estime
et l'amitié entre nos deux nations. C'en
est une autre de sentir que nous ne res-
tons pas isolés, puisque la Belgique et
l'Italie, à quelques détails près, sont aussi
partisans que nous d'une prise de gages.
Mais ce qui est le plus réconfortant dans
cette crise, c'est de voir avec quel en-
semble notre opinion publique a approuvé,
dès la première heure, l'attitude de notre
gouvernement, aussitôt connu le plan bri-
tannique.
Au fond, voilà près de deux ans qu'en
France tout le monde est convaincu que
les Allemands ne nous paieront que con-
traints et forcés. C'est uniquement pour
ménager les susceptibilités britanniques,
pour maintenir coûte que coûte l'entente
entre les alliés, que tous les gouverne-
ments qui se sont succédé en France ont
consenti à l'Allemagne délais sur délais,
concessions sur concessions.
Mais le jour où on a vu que l'Angleterre
nous demandait une réduction énorme de
notre créance sur l'Allemagne, le jour où
on a compris qu'elle nous proposait un
moratorium de quatre années, et qu'elle
s'opposait de la façon la plus catégorique
à toute prise de gages, alors, comme un
seul homme, sans même attendre la ré-
ponse de son gouvernement, la France en-
tière a répondu « Impossible »
C'est une grande force pour notre gou-
vernement d'avoir si bien traduit le sen-
timent national, et de sentir, dans les cir-
constauces difficiles actuelles, qu'il a avec
lui l'unanimité du pays.
Les fiançailles (?) du prince de Galles
Londres, 5 janvier
Petit Parisien.)
Décidément, on
tient absolument à
ce que le prince de
Gallev soit fiance.
Hier, un journal
londonien laissait
entendre qus l'on
sungeait à donner
comme épouse à
l'héritier du trône,
une prinepsso ita-
lipnnp celle infor-
mation était d'ail-
leurs officiellement,
démentie le soir me-
nin
journal a donné la
nauvelle, pareillement démentie, des .pro-
chaines Hançaiii'ies du jeune prince avec
lady E. Bowes-Lyon, troisième fllle de lard
Str-athmore.. dont la pairie remonte au
quinzième siècip.
M, Millerand grand-oif cier de Saint-Charles de Monaco
Le prince de Monaco reçoit le grand cordon
et la princesse la croix de la Légion
d'honneur
Le Président de la Republique et Mme
Millerand ont rendu hier soir, au prince
et à la princesse de Monaco, la visite que
cpux-ei leur avait faite dans la journée
et au cours de laquelle le Président de la
République avait remis au prince le
grand-cordon de la Légion d'honneur et à
la princesse la croix de chevalier de la
Légion d'honneur pour les services dévoués
qu'elle a rendus pendant la guerre à nos
soldats blessés.
Le Président de la République a reçu le
grand cordon de l'ordre de Saint-Charles
de Monaco.
RUPTURE (?)
Dix fois, vingt fois, on a failli se séparer.
Cette fois, tout est fini. Laissez-moi. Je
rentre chez ma mère.
C'est entendu. Tout est fini Tout est
bien fini Séparons-nous.
Tout de même, nous prenons là un parti
bien brutal.
Bien cruel.
Bien imprudent.
Bien pénible.
Que vont dire nos parents ?
Et les voisins ?.
Nous pourrions peut-être essayer, en nous
séparant.
De ne pas nous séparer.
Et en partant.
De dire que nous ne partons pas.
C'est cela. Partons sans partir. Sépa-
rons-nous sans nous séparer.
Nous allons dire que nous reviendrons.
C'est cela. Nous reviendrons.
Pour repartir.
Pour nous séparer.
Nous sommes donc d'accord ?
Sur notre désaccord.
La prochaine fois, nous
La prochaine fois. C'est entendu.
Alors, à bientôt
A bientôt I. Bon voyage I.
Je vous écrirai.
Nous nous écrirons.
On s'écrivait. On se retrouvait. Et l'on repar-
tait, en se séparant, sans, toutefois, se séparer.
Aujourd'hui, on s'est séparé. Aujourd'hui,
on a dit que c'était fini. Et après avoir dit que
c'était fini, on a fait comme si c'était, en cff.-t
fini.
Adieu I
Adieu 1
Le train siffle. Adieu
Adieu.
On ne s'est pas promis de s'écrire. On ne
s'est pas juré de se retrouver dans huit jours
pour se mettre en désaccord à nouveau.
On n'a rien dit. On s'est séparé.
Alors ?
Mais alors c'est très grave ?.- Mais alors tout
est fini, cette fois, puisqu'on a dit que tout était
fini ?.
Cette fois, c'est la rupture ?.
La rupture?.
Je parierais bien vingt marks qu'on se retrou-
vera. Je parierais bien cent livres qu'on
s'écrira. Je parierais bien mille francs qu'on
s'apercevra, un de ces jours, qu'on n'a. pas
rompu en rompant.
Une courte séparation ne fera, peut-être, que
préparer un plus sûr rapprochement.
Si j'étais voyante extra-lueide, je dirais
Je vois. Je vois, là-bas, une petite pro,
çhaine conférence, •– îlayrice Prax,
LA TRAVERSÉE
DU SAHARA
EN AUTOMOBILE
Les chenilles Citroën ont quitté Kidal
dès le 3 janvier avec l'intention
d'arriver demain à Tombouctou
MM. Haardt et Audoin-Dubreuil télé-
graphient de Kidal, janvier, 7 heures:
Après avoir franchi le Tanszrouft, le
grand désert de la soif, oit tout écart
d'orientation est un danger de mort, nous
avons atteint l'Afrique occidentale fran-
!:aise le soir du :il décembre 1922, ait puits
de Tin Zaouaten.
La traversée du Tanrsrouft a été rendue
particulièrement pénible par une grande
tempête de sable, la première que, nous,
ayons eu ci subir d"pvis Touqgourt.
surchargée de sable, ren-
dait la visibilité impossible et nous éprou-
vions de lit difficulté jour ne pas nous per-
dre les tins les autres dans ce brouillard
jaunâtre et- irrespirable.
L'immense Taneirouft, jusqu'ici wi-
violé pur l'automobile, semblait vouloir
sr venger contre nos petites Citroën à
A'cîw avons parcouru plus de cinq cents
kilomètres sur, le sable mou dit Reg, coupé
de dépressions 'et de tenrnint rotaîllftux.
Puis, te jântrii :r i923. nous nommes
f.-nlréx dnns h- prti/s o-h les embûches de
la nature cessent et oit augmentent celles
2 janvier, nous sommes
ai rivés im fort de Kidal.
Demain. 3 janvier, nous quitterons Ki-
fini et. par les steppes herbucs dit Sou-
d(,n, nous atteindrons Bourem, sur le
du Niger, et enfin Tombovctou.
VERS LE NIGER
\o\it- avons demandé an cnnujiandanf
du Prlil parisien, les de
qu'il 1 il y a un an à peinp.
De Kidal au Niger
Les autos-chenilles du raid Citroën vien-
nent d'entreprendre la partie la plus facile
de la-longue route qui doit les conduire de
lit Méditerranée aux rives du Niger à tra-
vers le Sahara, exécutant ainsi. à l'aide de
la technique moderne, une jonction seu-
lement réalisée jusqu'ici par l'avion du
commandent Vu i Hem m on par les détache-
ments des méharistes algériens ou souda-
nais. C'est le 3 janvier que les autos ont
• ulrepris l'étape qui a d0 les conduire le
janvier à Bourrem, le 5 à Bamba d'où
elles atteindront le 6 ou le 7 Tombouctou,
la. ville mystérieuse, qui verra,la fin de
leurs efforts et leur fera connaître, dans
une réception enthousiaste, un avant-goût
de la gloire que leur méritent leur énergie-
et leur vaillance.
De Kidal à Bourrem, premier poste
français situé sur le Niger, occupé par un
sous-officier et vingt hommes, la rouie me-
sure 250 kilomètres à peine. Pendant.30 ki-
lomètres, elle serpente dans les contreforts
méridionaux de l'Adrar des Iforas, passant
de vallée, en vallée par des cols relati-
vement faciles. Ce sont les dernières con-
vulsions de l'Adrar. qui vient finir sur la
grande plaine faiblement ondulée qui le
répare du Niger. C'est à Gounhan, où l'oued
s'épaye d'une végétation abondante, qu»
finit l'Adrar des Haras, Sur les masses
arrondies de granit qui surplombent le
lieuve desséché, des inscriptions rupestre*.
silhouettes d'hommes ou d animaux (gazel-
les, chameaux, autruches. et caractères
litinar, disent les pensées ou les désirs des
ancêtres qui venaient abreuver leurs'trou-
peaux à la place où tout à l'heure passe-
ront les chenilles dans le vromhissement
cadencé des moteurs en pleine course.
Quand les génies, propices aux Touareg
Iforas, qui peuplent les montagnes dont ils
défendaient J'accès aux nomades Kountas
venus des bords du fleuve, verront passer
les autos-chenilles descendues du nord,
nul doute qu'ils ne fassent retentir le mas-
sif de l'Adrar d'une longue plainte pro-
clamant à tous les échos leur déflnitive dé-
chéance, le Sahara d'abord, l'Adrar en-
(n'aprf's «n dessin du lieutenant Vin He-vlii-.
Chebboun, amenokal des Tinguerignits, la plus guer-
rière des tribus touareg du Sahara Tombouctlen
C'est ce chef qui massacra, par surprise, en J8SM.
à Tacoubao, à quarante kilomètres au sud-
ouest de Tombouctou, le colonel Bonifier et
sa vaillante troupe, qui venaient de conquérir
la ville glorieuse. C'est contre lui que Joffre,
alors chef de bataillon du génie, dirigea une
colonne de répression victorieuse, coirimen'
çant d'affirmer ainsi, sur les 6orda du Siger,
une réputation militaire qui devnit atteindre
son apogée sur les bords de la Marne.
suite, venant d'être vaincus sur la face où
ils étaient réputés infranchissables aux
moyens autres que les mehara.
Le Tlemsi
Depuis Gounhan jusqu'à Tabankort, les
iiuto<-i'hpnille* vont d'abord ?'élancer
dans le lit de l'Iguerrer, plat et large, où
̃leur marche ne sera retardée par aucun
obstacle. ,abainkort, centre important
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