Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-04
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 janvier 1923 04 janvier 1923
Description : 1923/01/04 (Numéro 16746). 1923/01/04 (Numéro 16746).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE:
REGION FAJUSIENNE
Refroidissement de la tem-
pératnre. Temps nuageux, i
éclaircies et à averses. Vent
modéré du nord-ouest.
suit Jour
EN FRANCE
Bar la moitié Nord, môme
temps que sur la région pu-
risienne. Sur la moitié Sud,
temps généralement très nua-
geux ou couvert, avec quel-
ques chutes de pluie. vent
prenant un peu de force de
nord-ouest sur la Méditer-
ranée. Rafraîchissement.
SOLEIL lST.7b.4t; coucn.«h.5
LUNE dern. qu. 10 nouv. i7
ANNEE.. N'
JEUDI
4
JANVIER
Saint Rigobart
ÀBONXEMENTS 3n!t Inb lu
Seine et S.-0.
France et Col. D
Etranger. M. ̃ 43.»
18. RUE D'ENGHIEN, PARIS
La deuxième journée de la Conférence
n'a pas fait faire un pas à l'âccord
M. POINCARE a magistralement démontré que
le projet britannique était inadmissible.
M. THEUNIS, au nom des Belges, a soutenu
la thèse française.
M. BONAR LAW répondra aujourd'hui et les
concessions de détail qu'il a fait entrevoir
laissent subsister les divergences profondes
entre le programme franco-belge et le plan
britannique.
La journée d'hier a rapproché encore
la France de la Belgique. Elle n'a, mal-
heureusement, pas réduit la distance
qui sépare actuellement leur. point de
vue, dans la question des réparations,
de celui que révèle le projet britannique
Deux faits dominent, en effet, ce pre-
mier débat.
Parlant après M. Poincaré, qui avait
fait du plan anglais une critique ma-
gistrale et définitive, M. Theunis ne
s'est pas borné à épouser entièrement
sa thèse. Il a terminé son exposé en
proposant que le plan français fût pris
pour base de la discussion. C'est là le
premier point à retenir.
Il prouve, en effet, que, si la déléga-
tion belge ne renonce pas au droit
d'obtenir certaines modifications du
plan français notamment en ce qui
concerne les versements qui seraient
exigés de l'Allemagne pendant la durée
du moratorium elle considère néan-
moins que ce plan, dans l'ensemble, lui
donne pleine satisfaction. M. Theunis a,
d'ailleurs, fait observer, avec son bon
sens et sa mesure habituels, que les
alliés ayant peu de chance de se mettre
dès maintenant d'accord sur le définitif
règlement général de la dette allemande
et des dettes interalliées, le plus sage
serait de ne s'occuper, pour l'instant,
que du. moratorium et des prises de
gages, ainsi que le précise le plan pré-
senté par M. Poincaré.
Si la Belgique donne ainsi son adhé-
sion au point de vue français, et si l'on
peut faire momentanément abstraction
de l'attitude italienne, qui demeure ré-
servée, il est apparu, toutefois, que M.
Bonar Law demeurait fort éloigné de la
Belgique et de la France. C'est là le
second fait important, et qui pourrait
LA JOTT^LISTÊSE! D'HIER
Conférence au quai d'Or,say entre le pré-
sident du Conseil, les ministres des Finan-
ces. des Régions libérées et des Travaux
publics et dl. Barthou, président de la
C. D. H. visite dit roi des Belges au Prési-
dent de la République conseil des minis-
tres à l'Elysée, et, enfin, seconde séance,
au quai d'Orsay, de la conférence inter-
alliée, tels sont les événements qui ont
marqué la très importante journée d'hier.
On s'attendait à ce qu'elle fût décisive
boit que Les délégués anglais acceptassent
de prendre le plan français comme base de
discusaion, soit qu en maintenant entière-
ment leur point de vue, ils rendissent inu-
tile toute continuation des pourparlers. Il
n'en a pas été ainsi. M. Bonar Law a ré-
iervé ]V&£u'ù, cet a^ès-midi sa réponse
sorte gue ce n'est que ce
soir qu'on saura d'une façon précise si un
accord est ou non possible.
La conférence ministérielle du Quai d'Orsay
Mais reprenons les faits dans leur ordre
bhronologiqne C'est par une conférence
des ministres spécialement intéressés à la
question des réparations qu'a débuté la
journée au Quai d'Orsay.
Tandis que les experts poursuivaient,
en effet, 1 examen des projets qui leur
avaient été remis lundi soir, et plus
.particulièrement du plan britannique,
M. Poincaré recevait dans son cabinet MM.
de Lasteyrie, ministre des Finances; Rei-
bel, ministre des Régions libérées; Le
Trocquer, ministre des Travaux publics, et
Barthou, président de la commission des
réparations. Bien que rien n'ait transpiré
de la conversation qui s'engagea entre eux
dans le cabinet du président du Conseil,
nous croyons savoir que, de l'avis una-
nime, toute discussion sur la base du plan
britannique fut reconnue impossible.
Seule l'adoption des principes sur lesquels
esi établi te programme français, à savoir;
pas de moratorium sans prise de gages
tmmédiats, fut considérée comme swseep-
tibte de permettre la continuation de la
conférence interalliée.
Le Conseil des ministres
C'est à la même conclusion que devait
arriver, quelques instants plus tard, lo
conseil des ministres.
A heures, en effet, tous les membres
ou gouvernement se rencontraient à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Millerand,
qui, ainsi que nous le signalons d'autre
part, venait, une demi-heure auparavant.
de recevoir la visite du roi des Belges. A
l'issue de la réunion, la note suivante était
communiquée à la presse
Le président du Conseil a donné connais-
'lance au Conseil du plan britannique pour
le règlement générat des réparations et des
dettes interalliées. Le Conseil, aprés l'avoir
examiné, a été unanime à constater qu'il
comportait une réductian considérable de
la créance française avec de nouveaux dé-
lais et sans aucun gage et constituait un
abandon définitif des clauses essentielles
du traité de Versailles.
Une haute personnalité que nous avons
su interroger, a bien voulu nous indiquer
alors quel était exactement le point de vue
pffleiel irançais
IL est incontestable, nous a-t-'ette dit,
entraîner des conséquences décisives
pour la durée de la conférence.
Sans doute, le Premier anglais s'est
ôéfendu- Versailles. Il a promis quelques con-
cessions sur la priorité beige et sur la
composition de l'organisme financier
appelé à contrôler l'Allemagne. Il a
exposé des idées intéressantes sur la
question des emprunts internationaux.
Sur l'essentiel de la thès britannique,
c'est-à-dire tant sur l'évaluation de la
dette allemande que sur son partage
entre alliés, il a toutefois donné l'im-
pression de ne pas vouloir faire un seul
pas sérieux dans la direction des alliés
1 continentaux.
Il est encore possible que la réponse
détaillée qu'il fera demain aux criti-
ques de M. Poincaré et de M. Theunis
apporte des éléments nouveaux au
débat. Dans l'état actuel des choses, on
peut craindre qu'aucun accord ne soit
conclu et que la conférence doiTO se
séparer sans avoir rien fait.
La suite de ce résultat négatif serait,
toutefois, que la France et la Belgique
ne pourraient sans doute éviter de pro-
céder ensemble aux occupations mili-
taires que le projet français était pré-
cisément destiné à prévenir. Pour que
cette perspective fût écartée, il faudrait
que les représentants de% l'Angleterre,
se rendant à l'argumentation tranquille
et irréfutable de M. Poincaré, eussent
le courage de renier le plan compliqué,
mal conçu, maladroit et en somme ini-
que que le Trésor britannique, croyant
bien faire, a mis entre leurs mains. Il
n'est pas absolument interdit de l'atten-
dre d'un effort 5e réflexion de l'allié
fidèle, loyal et résolu que fut toujours
M. Bonar Law.
Philippe MILLET.
qu'en ce qui concerne la France, le projet
britan,nique est absolument inadmissible.
Il a d'ailleurs le tort de mécontenter éga-
lement les Belges et les Italiens les pre-
miers parce qu'il méconnaît la priorité de
la Belgique; Les seconds parce qu'il leur
enlèverait^ comme à nous, la propriété de
l'or qu'ils ont déposé à la Banque d'Angle-
terre, en garantie des avances que leur a,
peiulant la guerre, consenties la Grande-
Bretagne, dépôt qui s'élève à 500 millions
de lire.
Il nous est impossible, dans ces condi-
tions, d'admettre, qu'à la séance qu'elle
doit tenir cet après-midi, la conférence
puisse engager le moindre débat en pre-
nant comme base le plan déposé mardi par
M. Bonar Law.
La seule base de discussion acceptable
pour nous est celle que fournit le projet
français. Et alors nous nous trouvons en
face de cette alternative:
Ou bien la conférence fera siens les
principes qui ont inspiré ce projet, à sa-
voir qu'en présence de la volonté bien
arrêtée de l'Allemagne de ne pas réparer
on ne saurait lui accorder de délai qu'a-
près avoir pris des gages, ou bien elle
devra constater le désaccord.
Il n'y a pas d'autre parti possible. Nos
alliés belges et italiens reconnaissent eux-
mëmes que le gouvernement français a
fait preuve du plus gravul esprit de conci-
liation. Qwant à nous, nows estimons être
allés à la limite des concessions pour évi-
ter de froisser les sentiments britanniques.
Nous ne pouvons pas aller au deih, car ce
que nous avons proposé constitue un mi-
nimum irréductible.
LA SEANCE DE LA CONFÉRENCE
C'est par l'exposé de cettc thèse que
M. Poincaré a ouvert, hier après-midi, à
quinze heures, la seconde séance de la
conférence interalliée.
Elle avait lieu, comme la précédente,
dans le salon de la Rotonde, au Quai
d'Orsay, et réunissait les mêmes délé-
gués que la veille. Le seul détail à signa-
ler, c'est que les personnalités qui y pre-
naient part avaient, à leur arrivée au
ministère des Affaires étrangères, un
'visage assez soucieux. M. Bonar Law et
ses collègues britanniques, en particulier,
qui avaient passé leur matinée à l'hôtel
Crillon, à dépouiller les journaux et
discuter avec leurs experts, paraissaient
assez inquiets de l'issue de la séance.
Chacun, en effet, avait alors le sentiment
que le sort de la conférence allait s'y dé-
cider.
M. POINCARE FAIT LA CRITIQUE
DU PLAN ANGLAIS
Le discours prononcé par le président du
Conseil fut fort long. M. Poincaré tint à
reprendre en détail chacun des points du
plan britannique et à montrer qu'il est non
seulement une novation du traité de paix,
mais qu'il contient un certain nombre de
clauses qui détruisent entièrement Les clau-
ses correspondantes du traité de Versailles.
Il fit remarquer d'abord que ce projet
apporte une modification complète au plan
A LA SORTIE DU CONSEIL DES jniJISTBJBS, M. POINCARE RENSEIGNE LES JOURNALISTES.
de paiements remis le 5 mai 1921 au gou-
vernement ailbemaïwi par la commission des
réparations, conformément aux stipula-
tions de l'art 233 du traité de Versailles, et
qui a été considéré conjme formant le total
des obligations de l'Allemagne au titre dea
réparations. Il fit vaioir non seulement
que la dette allemande ainsi réduite de-
vient hors de toute proportion avec les
dommages subis, mais que les modiflca-
tions apportées au mode de paiement sont
inadmissibles.
Le gouvernement allemand, expliqua-t-
H, avait demandé que le total de la dette
allemande fut fixé d'une manière défini-
tive, c'est-à-dire que fut supprimé l'aléa
provenant de la date incertaine à laquelle
seraient émis les bons C.
C'était, on le sait, la CJD.R. qui, aux ter-
mes du traité, était chargée de fixer cette
date. Or, la nouvelle proposition anglaise
ne donne pas satisfaction à la demande
allemande, puisque la dette comporte tou-
jours deux parties une fixe, et urie autre
aléatoire, pouvant commencer après une
période de dix années. Mais, ce qui est
plus grave, c'est que cette seconde partie
de la dette peut être entièrement suppri-
mée suivant la décision d'un tribunal ar-
bitral nommé à la demande du gouverne-
ment allemand et comprenant un membre
de la commission des réparations, un
membre du gouverneraent allemand et un
tiers nommé par les deux premiers ou, à
défaut d'accord entre eux, par le président
des Etats-Unis d'Amérique. Ce ne sont
donc plus les alliés qui, conformément aux
stipulations du traité de Versailles, déci-
dent de la question de savair si la dette
allemande peut subir des réductions con-
formément aux stipulations extrêmement
précises du traité de paix.
La C. D. R. supprimée
Un autre point sur lequel le président
du Conseil a particulièrement insisté est
le sort fait par le plan anglais à la C.D.R,
qui est à la fois déchue de ses droits et
menacée dans son existence même.
Si elle doit subsister, alle n'est plus
qu'un simple tribunal, et ce n'est plus elle
qui, soit directement, soit par l'entremise
du comité des garanties, a les pouvoirs et
exercera toutes les attributions qui lui
étaient conférées par le traité. Elle n'a
plus les pouvoirs de contrôle et d'exécu-
tion très étendus qu'il lui reconnaissait.
La surveillance de la finance allemande
devient l'apanage d'un « conseil étranger
des finances » siégeant à Berlin, composé
de représentants de l'Angleterre, de-, la
France, de la Belgique et de l'Italie, et de
d>yux autres membres de nationalité amé-
ricaine ou neutre d'Europe, soit six mem-
bres, le président étattt ex-officio le mi-
iaistre allemand des Finances,, qui a voix
prépondérante en cas de partage des voix;
ce conseil doit être indépendant de la
commission des réparations, tout au plus
est-il décidé que le ministre allemand des
Finances ne siégera pas lorsque le conseil
exercera les pouvoirs exécutifs attuelle^
mertt possédés par la commission des ré-
parations et par le comité des garantie,
Il est à peine besoin de remarquer que,
dans un tel conseil, la France, la Belgique
et l'Italie, auxquelles seint dns de
la dette allemande, peuvent être mises en
minorité grâce à In voix prépondérante dit
ministm allemand des Finances..
Poursuivant sa critique du projet anglais,
M. Poincaré signala qu'il- ne faisait plus
la distinction entre les paiements des répa-
rations et les autres obligations de l'Alle-
magne, notamment en ce qui concerne le
coût des armées d'occupation et les soldes
pemisuels des Offtces de compensation, et
il montra que, de ce fait, la part répara-
tions à toucher par les puissances eréan-
cières se trouve réduite dans une propor-
tion de 20 0/0.
De même, le plan de M. Bonar Law ne
fait aucune allusion à l'obligation, pour
l'Allemagne, de fournir par priorité, sur
toute livraison, le charbon destiné au rem-
placement du charbon des mines détruites,
et il va même jusqu'à déclarer que les pres-
tations en nature faites pendant les quatre
prochaines années, c'est-à-dire probable-
ment les seules pendant lesquelles nous en
aurons besoin, seront payées conformément
au taux d'escompte indiqué, c'est-à-dire à
des prix qui peuvent monter au double de
leur valeur.
Toutes ces clciuses du plan britannique
sont donc nettement contraires au traité de
paix, a déclaré il[. Poincaré. Or, le traité de
Versailles constitue un de ces documents
appelés traités perpétuels par le droit
international et qui ne peuvent être modi-
fiés. Il a été solennellement enregistré par
toutes les chancelteries des pays signatai-
res il a été approuvé par le Parlement
français il a donc reçu la consécration
d'un acte international solennel avec toute
la valeur attachée à ce terme il est de-
venu, pour la France, une loi intérieure de
l'Etat. Aucune modification ne peut y être
apportée que dans les mêmes formes, c'est-
à-dire par la signature enregistrée et ra-
tifiée par les Parlements de tous les Etats
signataires. Ce n'est pas une conférence
qui peut accepter de modifier une ligne
quelconque d'un pareil instrument.-
Abordant la question du moratorium, le
président du Conseil a déclaré
Le moratorium accordé par le gouvernement
britannique à ¿'Allemagne est de quatre ans,
pendant lesquels seules seront dues certaines
prestations en nature qui seront décomptées
des paiements futurs. Ce moratorium est
accordé sans gage ni garantie d'aucune sorte.
Pendant ce temps, il est vrai, le conseil des
finances étrangères qui siégera à Berlin devra
procéder à la stabilisation du mark, dans un
délai de six mois, et au rétablissement de
t'équilibre des finances de l'Ailemagne, dans
un délai de deux ans mais aucun gage, au-
cune garantie ne permet de penser que l'Alle-
magne paiera une fois le moratorium terminé.
Les pouvoirs du corzseil expirent à la fin de
1928 et ne peuvent être renouvelés que par
une décision unanime des gouvernements
alliés ce n'est également que sur la décision
unanirne des gouvernements alliés et s'ils sont
saisis d'une demande spéciale par ledit conseil
que ces gouvernements pourraient agir et pro-
céder l'application de sanctions. En fait,
l'Allemagne, restaurée, nayant rien payé pen-
daas la période du moratorium que des répa-
rations en nature qui lui seront payées au dou-
ble de teur valeur, pourra recouvrer son en-
tière liberté sans qu'aucune mesure soit prise
pour l'en empêcher. C'est donc une abdication
complète de tous les droits que les gouverne-
ments alliés tiennent du txaité de paix pour
obliger l Allemagne à exécuter ses obligations
C'est ainsi que le programme britannique
apparaît comme complètement illusoire il
apparaît encore plus comme dangereux si d'on
examine les facilités qu'il accorde à ^Allema-
gne pour se libérer très rapidement d'une dette
légère.
Les avantages que recueille l'Allemagne
Actuellement, l'Allemagne ne possède pas de
dette extérieure grâce iL sa faillite du mark,
elle a supprimé sa dette intérieure dans des
proportions telles que'4telle-ci ne dépasse plus
quelques milliards de marks or, et qu'elle sera
réduite à zéro la prochaine chute de la devise
allemande. Lorsque l'Allemagne se trouvera
donc en face d'une dette unique qui sera sa
dette de réparations, si celle-ci, par le jeu du
système d'escompte proposé par le plan bri-
tannique, se trouve réduite une vingtaine de
milliards, dette qui peut être amortie dans une
quinzaine d'années et qui se trouve inférieure
au tiers de la dette française, l'Allemagne se
trouvera être, dans quelques annrçes, le seul
pays d'Europe qui ne possédera aucune charge
ertérieure avec sa population croissante, son
industrie fntacie et qui n'aura cessé de profi-
ter d'une situation exceptionnelle avec les res-
sources épargnées de son sol, en charbon, en
bois, en potasse, el.te se trotatera la maîtresse
de l'Europe, devant une France dont la popu-
lation sera moitié moindre et qui continuera à
supporter le poids écrasant de la reconstruc-
tion de ses régions dévastées.
L'hégémonie allemande sur l'Europe que la
guerre devait détruire, aura été rétablie et
consolidée par les alliés.
La dette allemande
Passant ensuite au chapitre de la dette
alUemande, M. Poincaré a dit
Le plan anglais prévoit une nouvelle fixation
de la dette allemande et une réduction considé-
rablé du chiffre fixé précédemment par la com-
mission des réparation» et par l'état de paie-
ment.
Cette réduction est obtenue par un double
procédé en premier lieu, les obligations C
(82 milliards) 'sont purement et simplement an-
nulées deuxièmement les anciennes obligations
A et B subsistent en apparence sous forme
d'obfigations de la première série », mais c'est
en apparence seulement.
Dans ces condilions, la dette nouvelle de l'Al-
lemagne, calculée sur les bases stipulées par
l'éfat de paiement, atteindrait le montant sui-
Pour la seule partie fixée et due définitive-
ment, soit les obligations de la, première série,
37 milliards, au lieu des 50 milliards qui repré-
sentaient les obligations A et B, les seules éga-
lement dont l'émission était prévue pour 1921
dans l'état de paiement
Pour les obligations de la deuxième série, dont
l'émission est beaucoup plus incertaine que celle
des séries C de l'état de paiement, 10 milliards,
en admettant, sous réserve de ce qui vient
d'être dit, qu'elles soient émises pour la tota-
lité le 1" avril 1933.
Ce chiffre extrnordinnirement rMuit consti-
tuant le point de départ, l'escompte élevé que
propose le plan britannique, pour inciter l'AUe-
magne h se libérer par anticipation au moyen
demprunts, ramènera fatalement à un chiffre
dérisoire les versements qu'elle aura à effec-
tuer.
Ce qu'il resterait des réparations
Quatre-vingts pour cent seulement des obli-
galions de la première série devront être répar-
tis enre les puissances ayant droit aux répara-
tions, il s'ensuit que, toujours dons l'hypothèse
o l'Allemagne se libérerait dès 1923, les sommes
affectées aux réparations atteindraient les mon-
tants suivants en müliarda de marks or
France 10,4
Grande- Bretagne 4,4
Iîalie 2 »
Belgique 1,6
Divers
»
Ainsi, les 20 milliards répartis comme
ci-desus représenteraient la totalité des
payements affectés aux réparations pour
tous les alliés sur les obligations de la pre-
mière série, ce qui mettrait la part de la
France à environ 11 milliards.
Quant aux obligations de la 2e série, à sup-
poser qu'elles dussent jamais être émises, les
dispositions prévues dons le plan anglaise limi-
teraient la part de la France 0/0 au lieu
de 52 0/0, mais élèveraient par contre celle de
la Grande-Bretagne de 22 0/0 47 0/0.
(Voir la suite la Dernière Heure.)
Quand le vent souffle.
On dîne au restaurant.
Un peu de poisson ?
Volontiers.
Ces filets de sole sont excellents.
Et cette barbue 1
Moi je me régale de ce démocratique
merlan.
Après diner, on rentre chez soi. On allume
de douces lumières. Les tapis épais habillent
l'appartement douillet, qui a bien chaud. Des
fleurs jolies ornent de vieux vases chinois.
Comme on est bien tout de même chez soi
Oui. On est bien chez soi. On s'y trouve
d'autant mieux que, soudain, la tempête se dé-
chaine. Un vent furieux siffle et gronde. Un
vent dément fouette les vitres. On dirait qu'il
essaie de déraciner les maisons tous ces ar-
bres de la grande forêt de pierres.
Machinalement, on écarte un peu un rideau
pour regarder par la fenêtre. Et l'on ne. voit
rien qu'une nuit opaque, funèbre, trouée de pe-
tites lumières timides.
Comme on est bien chez soi 1.
Et puis, instinctivement, on murmure
Mon Dieu. Dire qu'il y a des pauvres
gens qui sont en mer par ce terrible temps
Eh oui. C'est vrai. Pour que les gens des
villes puissent savourer de délicieux filets de
sole et des turbots à la sauce hollandaise, il
y a des pécheurs qui risquent leur vie nuit et
jour, qui luttent, seuls, loin de tout secours,
contre l'ouragan, contre l'océan contre la
mort.
Pensons-nous assez souvent aux braves gens
de la mer ?.
Nous rendons de fréquents et justes homma-
ges au labeur tenace et magnifique de nos pay-
sans. M. Chéron vient d'avoir ainsi l'idée ex-
cellente de récompenser les plus vieilles familles
de paysans de France. Et c'est très bien. Et
c'est très bien Oui. Ces vieux laboureurs de
notre vieille terre qui, de génération en géné-
ration, sont depuis des siècles à la peine, peu-
vent bien être aujourd'hui un peu à l'honneur.
(Et ils ont, en vérité, d'autres titres de noblesse
que certains petits nobles de fantaisie.).
Mais nos marins ne devraient pas être ou-
bliés, eux qui labourent la mer traîtresse, la
mer hostile, la mer meurtrière.
Hier, tandis que le vent soufflait, j'ai feuil-
leté le dernier numéro des Annades du sauve-
toge maritime. Cent drames déchirants, héroi-
ques, affreux sont consignés dans ces quelques
pages sobrement tragiques, dépourvues de toute
recherche littéraire. Peut-on lire sans frémir,
sans avoir le coeur fendu, des « rapports
comme celui que fait, le 28 septembre 1922, le
président du comité de sauvetage du Conquet
(Finistère)
Hier, vers 8 h. 30 du matin, alors que la
tempête soufflait en furie, on vint nous pré-
venir qu'un bateau de Douarnenez, monté par
cinq hommes, venait de chavirer dans le
N.-N.-O. des « Moines » les hommes étaient
cramponnés sur la vergue de la voile. Aussi-
tôt le canot de sauvetage TAeutenant-Pierre-
Géruxez fut mis à la mer et prit la direction
signalée la mer était terrible à voir, le canot
de sauvetage ne put avancer qu'à l'aviron, les
vents étant droit debout. Du sémaphore de
Saint-Mathieu on suivait des yeux les pauvres
naufragés au bout de "cinquante 'mttffttes,
trois sur cinq disparaissaient, enlevés par les
vagues en furie le canot de sauvetage luttait
toujours, mais, en arrivant près des lieux, à
leur grand désespoir, les canotiers constatèrent
la disparition des cinq malheureux.
C'est tout. Mais le canot « a failli chavirer
deux fois ».
.C'est très bon, le turbot. Mais il ne faut
pas songer seulement au cuisinier qui a tourné
la sauce. Il faut songer un peu aussi aux
pêcheurs qui, trop souvent, pour gagner leur
pauvre vie, sont exposés à mourir. Mau-
rice Prux.
UNE RUE DE CHAMANT
portera le nom d'Eugène Odent
Le Président de la République vient
d'approuver une délibération prise par le
conseil municipal de Chamant, décidant
d'attribuer à une voie publique de cette
localité, à titre d'hommage public, le nom
de Eugène Odent.
M. Odent, on ne l'a pas oublié, est le
maire de Senlis qui, en septembre
fut arrêté par les Allemands à l'hôtel de
ville de Senlis et conduit dans la plaine
de Ohamant, où il fut fusillé sans aucune
forme de procès.
M. DANTES BELLEGARDE
commandeur de la Légion d'honneur
M- Dantes Beillegarde, ministre de la Ré-
publique d'Haïti à Paris, a été nommé
commandeur de la Légion d'honneur.
Cette haute distinction récompense les
services exceptionnels que M. Bellegwde a
rendus en développant, avec son grand
talent d'homme politique et d'orateur,
l'amitié qui unit son pays à la France.
Le roi Albert et cet fils, quittant l'Elysée,
(Voir il la deuxième page.
iiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiini
A LA QUATRIEME PAGE
LA TRAVERSEE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
DANS L'ADRAR DES IFORAS
.» p«r le commandant BettembourB
UN VOL DE SEPT HEURES
moteur arrêté
sur un avion de plus de kilo
L'aviation sans moteur a, à défaut d'au-
tres mérites, permis de constater que
l'homme peut tenir les airs sans force
autre que l'appui. du vent, ouvrant ainsi
de nouveaux horizons à l'aviation.
Le lieutenant Thoret, qui est parti pour
Bisfcra voici quelques jours, pour étudier,
aux confins du désert, le régime des vents
ot la possibilité d'y organiser un meeting de
vol à voile, vient d'en fournir une preuve
nouvelle.
En effet, pilotant un avion Hanriot. à. mo-
teur de 80 chevaux et pesant, tout équipé,
plus de 600 kilos, iJ est parvenu, après
avoir calé son hélice, à tcniir l'air pendant
plus de sept heures, 7 heures 3 minutes
exactement.
C'est sur ce terrain d'Etouatt, aux
abords da Biskra, dans cette région où
de forts vents du sud sévissent pendant des
journée, parfois des semai nés entières»
que le lieutenant Thoret a réussit son
exptoit.
Déjà, aamedi dernier, il avait volé mo-
teur arrêté pendant 1 heure 44 minutes.
Hier, il voulut faire mieux, beaucoup
'mieux, et, comme on Fa vu, il réussit au-
delà de toute imagination.
Après deux courts essais de et de
45 'minutes, il prit son vo1 à 9 h. 3. Rapi-
dement, il s'éleva à une cenbatoe de mè-
tres, puis il se laissa « balancer » dans
te vent jusqu'à la nuit.
Il reprit terre, en effet, à 4 h. 6 de
l'après-midi, ayant domc tenu l'air pendant
Le lieutenant Thoret et ton appareil
une durée totale de sept heures trais mi-
nutes..
Comment a été exactement accomplie la
prouesse du lieutenant Thoret Il eêt. dif-
ficile de le savoir avec précision, car aucun
contrôle officiel n'a été 'exercé. Seuls des
témoins parfaitement honorables du
reste ont certifié l'exactitude de la per-
formance. Il est possible, par exempte, que
des « reprisses » à l'aide de son moteur.
Mais, il ne faut pas s'y méprendre, si le
cas que nous signataia à titre de simplfl
hypothèse, répétons-le s'est produit, {!
accentue encore le mérite de Thoret, car il
prouve chez lui une maîtrise vraiment
exceptionnelle.
Ce résultat est intéressant encore à un
autre point de vue il prouve que, en
aviation, même en aviation sans moteur,
la recherche du « très léger est peut-
être une erreur. Jadis, on jugea que le
moteur de « un kilo au cheval.» étàit le
maximum de poids relatif admissible
aujourd'hui, on admet couramment des
chiffres triples. Qui sait si, un jour le
« vent-moteur » ne soulèvera pas des poids
susceptibles de nous effarer?
Signalons que M. Laurent Eynac, sous-
secrétaire d'Etat à l'Aéronautique, sous les
auspices duquel le lieutenant Thoret a en-
trepris ses expériences a, dès hier soit,
adressé ses félicitations à l'aviateur et a
M. Hanriot, constructeur de l'appareil.
M. Hanriot a construit l'appareil de Thoret
Il déclare que, en aviation, la sécurité est tout
et, à ce titre, le concours de la moto-
aviette l'intéresse
Nous avons rencontré hier M. Hanriot,
le constructeur de 'l'appareil que pilotait
le lieutenant Thoret.
M. Hanriot, qui fut « le plus jeune avia-
teur de France il avait une quinzaine
d'années quand il obtint son brevet de
pilote nous a déclaré toute sa isatis-
faction.
Je suis très heureux, nous a-t-41 dit,
du résultat obtenu par Thoret, qui est un
acharné travai'Menir et un audacieux erttre
tous, et qui trouve dans sa magnifique per-
formance la récompense de son labeur et de
sou courage.
Mais je suis heureux aussi d'avoir prou-
vé la grande maniabilité et la belle tenu* à
l'air de mon appareil. L'avion que condui-
sait Thoret est, en effet, mon appareil
d'école, lourd il pesait, en ordre de mar-
che et avec son pilote, plus de 600 kilos.
Je me suis appliqué à en faire un emgin
souple et docile, à très grand écart de
vitesse de 130 à 52 kilomètres à l'heure
lui donnant ainsi une très grande
sécuTité.
Car, ajoute M. Hanriot, pour moi, 'ta
qualité que j'estime primordiale en avia-
tion, est la sécurité. Et, à ce proposé, je
n'hésiite pas à dire que le Grand Prix de la
moto-aviette du Petit Parisien me semble
tout à fait intéressanf. L'appareil à faible
moteur, à la construction duquel pousse
votre grand concours, doit faire accomplir
un pas énorme au facteur sécurité et peut-
être, grâce à vous, verrons-nous un jour le
petit avion, l' « avionnette bondir, grâce
à son petit moteur, puis, sur l'aile. du
vent, voyager sans bruit et sans dattgex.
Pour ma part, je serai sans doute l'un des
concurrentes de votre Grand Prix. Je m'oc-
cupe, en effet, en co moment, d'établir un
appareil léger, d'après les données du règle-
ment de votre épreuve.
En remerciant M. Hanriot des intéres-
saints renseignements qu'il nous fournis-
sai!, nous lui avons souihai'té les succès que
mérite sa saine compréhension des grands
problèmes de l'aviation.
REGION FAJUSIENNE
Refroidissement de la tem-
pératnre. Temps nuageux, i
éclaircies et à averses. Vent
modéré du nord-ouest.
suit Jour
EN FRANCE
Bar la moitié Nord, môme
temps que sur la région pu-
risienne. Sur la moitié Sud,
temps généralement très nua-
geux ou couvert, avec quel-
ques chutes de pluie. vent
prenant un peu de force de
nord-ouest sur la Méditer-
ranée. Rafraîchissement.
SOLEIL lST.7b.4t; coucn.«h.5
LUNE dern. qu. 10 nouv. i7
ANNEE.. N'
JEUDI
4
JANVIER
Saint Rigobart
ÀBONXEMENTS 3n!t Inb lu
Seine et S.-0.
France et Col. D
Etranger. M. ̃ 43.»
18. RUE D'ENGHIEN, PARIS
La deuxième journée de la Conférence
n'a pas fait faire un pas à l'âccord
M. POINCARE a magistralement démontré que
le projet britannique était inadmissible.
M. THEUNIS, au nom des Belges, a soutenu
la thèse française.
M. BONAR LAW répondra aujourd'hui et les
concessions de détail qu'il a fait entrevoir
laissent subsister les divergences profondes
entre le programme franco-belge et le plan
britannique.
La journée d'hier a rapproché encore
la France de la Belgique. Elle n'a, mal-
heureusement, pas réduit la distance
qui sépare actuellement leur. point de
vue, dans la question des réparations,
de celui que révèle le projet britannique
Deux faits dominent, en effet, ce pre-
mier débat.
Parlant après M. Poincaré, qui avait
fait du plan anglais une critique ma-
gistrale et définitive, M. Theunis ne
s'est pas borné à épouser entièrement
sa thèse. Il a terminé son exposé en
proposant que le plan français fût pris
pour base de la discussion. C'est là le
premier point à retenir.
Il prouve, en effet, que, si la déléga-
tion belge ne renonce pas au droit
d'obtenir certaines modifications du
plan français notamment en ce qui
concerne les versements qui seraient
exigés de l'Allemagne pendant la durée
du moratorium elle considère néan-
moins que ce plan, dans l'ensemble, lui
donne pleine satisfaction. M. Theunis a,
d'ailleurs, fait observer, avec son bon
sens et sa mesure habituels, que les
alliés ayant peu de chance de se mettre
dès maintenant d'accord sur le définitif
règlement général de la dette allemande
et des dettes interalliées, le plus sage
serait de ne s'occuper, pour l'instant,
que du. moratorium et des prises de
gages, ainsi que le précise le plan pré-
senté par M. Poincaré.
Si la Belgique donne ainsi son adhé-
sion au point de vue français, et si l'on
peut faire momentanément abstraction
de l'attitude italienne, qui demeure ré-
servée, il est apparu, toutefois, que M.
Bonar Law demeurait fort éloigné de la
Belgique et de la France. C'est là le
second fait important, et qui pourrait
LA JOTT^LISTÊSE! D'HIER
Conférence au quai d'Or,say entre le pré-
sident du Conseil, les ministres des Finan-
ces. des Régions libérées et des Travaux
publics et dl. Barthou, président de la
C. D. H. visite dit roi des Belges au Prési-
dent de la République conseil des minis-
tres à l'Elysée, et, enfin, seconde séance,
au quai d'Orsay, de la conférence inter-
alliée, tels sont les événements qui ont
marqué la très importante journée d'hier.
On s'attendait à ce qu'elle fût décisive
boit que Les délégués anglais acceptassent
de prendre le plan français comme base de
discusaion, soit qu en maintenant entière-
ment leur point de vue, ils rendissent inu-
tile toute continuation des pourparlers. Il
n'en a pas été ainsi. M. Bonar Law a ré-
iervé ]V&£u'ù, cet a^ès-midi sa réponse
sorte gue ce n'est que ce
soir qu'on saura d'une façon précise si un
accord est ou non possible.
La conférence ministérielle du Quai d'Orsay
Mais reprenons les faits dans leur ordre
bhronologiqne C'est par une conférence
des ministres spécialement intéressés à la
question des réparations qu'a débuté la
journée au Quai d'Orsay.
Tandis que les experts poursuivaient,
en effet, 1 examen des projets qui leur
avaient été remis lundi soir, et plus
.particulièrement du plan britannique,
M. Poincaré recevait dans son cabinet MM.
de Lasteyrie, ministre des Finances; Rei-
bel, ministre des Régions libérées; Le
Trocquer, ministre des Travaux publics, et
Barthou, président de la commission des
réparations. Bien que rien n'ait transpiré
de la conversation qui s'engagea entre eux
dans le cabinet du président du Conseil,
nous croyons savoir que, de l'avis una-
nime, toute discussion sur la base du plan
britannique fut reconnue impossible.
Seule l'adoption des principes sur lesquels
esi établi te programme français, à savoir;
pas de moratorium sans prise de gages
tmmédiats, fut considérée comme swseep-
tibte de permettre la continuation de la
conférence interalliée.
Le Conseil des ministres
C'est à la même conclusion que devait
arriver, quelques instants plus tard, lo
conseil des ministres.
A heures, en effet, tous les membres
ou gouvernement se rencontraient à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Millerand,
qui, ainsi que nous le signalons d'autre
part, venait, une demi-heure auparavant.
de recevoir la visite du roi des Belges. A
l'issue de la réunion, la note suivante était
communiquée à la presse
Le président du Conseil a donné connais-
'lance au Conseil du plan britannique pour
le règlement générat des réparations et des
dettes interalliées. Le Conseil, aprés l'avoir
examiné, a été unanime à constater qu'il
comportait une réductian considérable de
la créance française avec de nouveaux dé-
lais et sans aucun gage et constituait un
abandon définitif des clauses essentielles
du traité de Versailles.
Une haute personnalité que nous avons
su interroger, a bien voulu nous indiquer
alors quel était exactement le point de vue
pffleiel irançais
IL est incontestable, nous a-t-'ette dit,
entraîner des conséquences décisives
pour la durée de la conférence.
Sans doute, le Premier anglais s'est
ôéfendu-
cessions sur la priorité beige et sur la
composition de l'organisme financier
appelé à contrôler l'Allemagne. Il a
exposé des idées intéressantes sur la
question des emprunts internationaux.
Sur l'essentiel de la thès britannique,
c'est-à-dire tant sur l'évaluation de la
dette allemande que sur son partage
entre alliés, il a toutefois donné l'im-
pression de ne pas vouloir faire un seul
pas sérieux dans la direction des alliés
1 continentaux.
Il est encore possible que la réponse
détaillée qu'il fera demain aux criti-
ques de M. Poincaré et de M. Theunis
apporte des éléments nouveaux au
débat. Dans l'état actuel des choses, on
peut craindre qu'aucun accord ne soit
conclu et que la conférence doiTO se
séparer sans avoir rien fait.
La suite de ce résultat négatif serait,
toutefois, que la France et la Belgique
ne pourraient sans doute éviter de pro-
céder ensemble aux occupations mili-
taires que le projet français était pré-
cisément destiné à prévenir. Pour que
cette perspective fût écartée, il faudrait
que les représentants de% l'Angleterre,
se rendant à l'argumentation tranquille
et irréfutable de M. Poincaré, eussent
le courage de renier le plan compliqué,
mal conçu, maladroit et en somme ini-
que que le Trésor britannique, croyant
bien faire, a mis entre leurs mains. Il
n'est pas absolument interdit de l'atten-
dre d'un effort 5e réflexion de l'allié
fidèle, loyal et résolu que fut toujours
M. Bonar Law.
Philippe MILLET.
qu'en ce qui concerne la France, le projet
britan,nique est absolument inadmissible.
Il a d'ailleurs le tort de mécontenter éga-
lement les Belges et les Italiens les pre-
miers parce qu'il méconnaît la priorité de
la Belgique; Les seconds parce qu'il leur
enlèverait^ comme à nous, la propriété de
l'or qu'ils ont déposé à la Banque d'Angle-
terre, en garantie des avances que leur a,
peiulant la guerre, consenties la Grande-
Bretagne, dépôt qui s'élève à 500 millions
de lire.
Il nous est impossible, dans ces condi-
tions, d'admettre, qu'à la séance qu'elle
doit tenir cet après-midi, la conférence
puisse engager le moindre débat en pre-
nant comme base le plan déposé mardi par
M. Bonar Law.
La seule base de discussion acceptable
pour nous est celle que fournit le projet
français. Et alors nous nous trouvons en
face de cette alternative:
Ou bien la conférence fera siens les
principes qui ont inspiré ce projet, à sa-
voir qu'en présence de la volonté bien
arrêtée de l'Allemagne de ne pas réparer
on ne saurait lui accorder de délai qu'a-
près avoir pris des gages, ou bien elle
devra constater le désaccord.
Il n'y a pas d'autre parti possible. Nos
alliés belges et italiens reconnaissent eux-
mëmes que le gouvernement français a
fait preuve du plus gravul esprit de conci-
liation. Qwant à nous, nows estimons être
allés à la limite des concessions pour évi-
ter de froisser les sentiments britanniques.
Nous ne pouvons pas aller au deih, car ce
que nous avons proposé constitue un mi-
nimum irréductible.
LA SEANCE DE LA CONFÉRENCE
C'est par l'exposé de cettc thèse que
M. Poincaré a ouvert, hier après-midi, à
quinze heures, la seconde séance de la
conférence interalliée.
Elle avait lieu, comme la précédente,
dans le salon de la Rotonde, au Quai
d'Orsay, et réunissait les mêmes délé-
gués que la veille. Le seul détail à signa-
ler, c'est que les personnalités qui y pre-
naient part avaient, à leur arrivée au
ministère des Affaires étrangères, un
'visage assez soucieux. M. Bonar Law et
ses collègues britanniques, en particulier,
qui avaient passé leur matinée à l'hôtel
Crillon, à dépouiller les journaux et
discuter avec leurs experts, paraissaient
assez inquiets de l'issue de la séance.
Chacun, en effet, avait alors le sentiment
que le sort de la conférence allait s'y dé-
cider.
M. POINCARE FAIT LA CRITIQUE
DU PLAN ANGLAIS
Le discours prononcé par le président du
Conseil fut fort long. M. Poincaré tint à
reprendre en détail chacun des points du
plan britannique et à montrer qu'il est non
seulement une novation du traité de paix,
mais qu'il contient un certain nombre de
clauses qui détruisent entièrement Les clau-
ses correspondantes du traité de Versailles.
Il fit remarquer d'abord que ce projet
apporte une modification complète au plan
A LA SORTIE DU CONSEIL DES jniJISTBJBS, M. POINCARE RENSEIGNE LES JOURNALISTES.
de paiements remis le 5 mai 1921 au gou-
vernement ailbemaïwi par la commission des
réparations, conformément aux stipula-
tions de l'art 233 du traité de Versailles, et
qui a été considéré conjme formant le total
des obligations de l'Allemagne au titre dea
réparations. Il fit vaioir non seulement
que la dette allemande ainsi réduite de-
vient hors de toute proportion avec les
dommages subis, mais que les modiflca-
tions apportées au mode de paiement sont
inadmissibles.
Le gouvernement allemand, expliqua-t-
H, avait demandé que le total de la dette
allemande fut fixé d'une manière défini-
tive, c'est-à-dire que fut supprimé l'aléa
provenant de la date incertaine à laquelle
seraient émis les bons C.
C'était, on le sait, la CJD.R. qui, aux ter-
mes du traité, était chargée de fixer cette
date. Or, la nouvelle proposition anglaise
ne donne pas satisfaction à la demande
allemande, puisque la dette comporte tou-
jours deux parties une fixe, et urie autre
aléatoire, pouvant commencer après une
période de dix années. Mais, ce qui est
plus grave, c'est que cette seconde partie
de la dette peut être entièrement suppri-
mée suivant la décision d'un tribunal ar-
bitral nommé à la demande du gouverne-
ment allemand et comprenant un membre
de la commission des réparations, un
membre du gouverneraent allemand et un
tiers nommé par les deux premiers ou, à
défaut d'accord entre eux, par le président
des Etats-Unis d'Amérique. Ce ne sont
donc plus les alliés qui, conformément aux
stipulations du traité de Versailles, déci-
dent de la question de savair si la dette
allemande peut subir des réductions con-
formément aux stipulations extrêmement
précises du traité de paix.
La C. D. R. supprimée
Un autre point sur lequel le président
du Conseil a particulièrement insisté est
le sort fait par le plan anglais à la C.D.R,
qui est à la fois déchue de ses droits et
menacée dans son existence même.
Si elle doit subsister, alle n'est plus
qu'un simple tribunal, et ce n'est plus elle
qui, soit directement, soit par l'entremise
du comité des garanties, a les pouvoirs et
exercera toutes les attributions qui lui
étaient conférées par le traité. Elle n'a
plus les pouvoirs de contrôle et d'exécu-
tion très étendus qu'il lui reconnaissait.
La surveillance de la finance allemande
devient l'apanage d'un « conseil étranger
des finances » siégeant à Berlin, composé
de représentants de l'Angleterre, de-, la
France, de la Belgique et de l'Italie, et de
d>yux autres membres de nationalité amé-
ricaine ou neutre d'Europe, soit six mem-
bres, le président étattt ex-officio le mi-
iaistre allemand des Finances,, qui a voix
prépondérante en cas de partage des voix;
ce conseil doit être indépendant de la
commission des réparations, tout au plus
est-il décidé que le ministre allemand des
Finances ne siégera pas lorsque le conseil
exercera les pouvoirs exécutifs attuelle^
mertt possédés par la commission des ré-
parations et par le comité des garantie,
Il est à peine besoin de remarquer que,
dans un tel conseil, la France, la Belgique
et l'Italie, auxquelles seint dns de
la dette allemande, peuvent être mises en
minorité grâce à In voix prépondérante dit
ministm allemand des Finances..
Poursuivant sa critique du projet anglais,
M. Poincaré signala qu'il- ne faisait plus
la distinction entre les paiements des répa-
rations et les autres obligations de l'Alle-
magne, notamment en ce qui concerne le
coût des armées d'occupation et les soldes
pemisuels des Offtces de compensation, et
il montra que, de ce fait, la part répara-
tions à toucher par les puissances eréan-
cières se trouve réduite dans une propor-
tion de 20 0/0.
De même, le plan de M. Bonar Law ne
fait aucune allusion à l'obligation, pour
l'Allemagne, de fournir par priorité, sur
toute livraison, le charbon destiné au rem-
placement du charbon des mines détruites,
et il va même jusqu'à déclarer que les pres-
tations en nature faites pendant les quatre
prochaines années, c'est-à-dire probable-
ment les seules pendant lesquelles nous en
aurons besoin, seront payées conformément
au taux d'escompte indiqué, c'est-à-dire à
des prix qui peuvent monter au double de
leur valeur.
Toutes ces clciuses du plan britannique
sont donc nettement contraires au traité de
paix, a déclaré il[. Poincaré. Or, le traité de
Versailles constitue un de ces documents
appelés traités perpétuels par le droit
international et qui ne peuvent être modi-
fiés. Il a été solennellement enregistré par
toutes les chancelteries des pays signatai-
res il a été approuvé par le Parlement
français il a donc reçu la consécration
d'un acte international solennel avec toute
la valeur attachée à ce terme il est de-
venu, pour la France, une loi intérieure de
l'Etat. Aucune modification ne peut y être
apportée que dans les mêmes formes, c'est-
à-dire par la signature enregistrée et ra-
tifiée par les Parlements de tous les Etats
signataires. Ce n'est pas une conférence
qui peut accepter de modifier une ligne
quelconque d'un pareil instrument.-
Abordant la question du moratorium, le
président du Conseil a déclaré
Le moratorium accordé par le gouvernement
britannique à ¿'Allemagne est de quatre ans,
pendant lesquels seules seront dues certaines
prestations en nature qui seront décomptées
des paiements futurs. Ce moratorium est
accordé sans gage ni garantie d'aucune sorte.
Pendant ce temps, il est vrai, le conseil des
finances étrangères qui siégera à Berlin devra
procéder à la stabilisation du mark, dans un
délai de six mois, et au rétablissement de
t'équilibre des finances de l'Ailemagne, dans
un délai de deux ans mais aucun gage, au-
cune garantie ne permet de penser que l'Alle-
magne paiera une fois le moratorium terminé.
Les pouvoirs du corzseil expirent à la fin de
1928 et ne peuvent être renouvelés que par
une décision unanime des gouvernements
alliés ce n'est également que sur la décision
unanirne des gouvernements alliés et s'ils sont
saisis d'une demande spéciale par ledit conseil
que ces gouvernements pourraient agir et pro-
céder l'application de sanctions. En fait,
l'Allemagne, restaurée, nayant rien payé pen-
daas la période du moratorium que des répa-
rations en nature qui lui seront payées au dou-
ble de teur valeur, pourra recouvrer son en-
tière liberté sans qu'aucune mesure soit prise
pour l'en empêcher. C'est donc une abdication
complète de tous les droits que les gouverne-
ments alliés tiennent du txaité de paix pour
obliger l Allemagne à exécuter ses obligations
C'est ainsi que le programme britannique
apparaît comme complètement illusoire il
apparaît encore plus comme dangereux si d'on
examine les facilités qu'il accorde à ^Allema-
gne pour se libérer très rapidement d'une dette
légère.
Les avantages que recueille l'Allemagne
Actuellement, l'Allemagne ne possède pas de
dette extérieure grâce iL sa faillite du mark,
elle a supprimé sa dette intérieure dans des
proportions telles que'4telle-ci ne dépasse plus
quelques milliards de marks or, et qu'elle sera
réduite à zéro la prochaine chute de la devise
allemande. Lorsque l'Allemagne se trouvera
donc en face d'une dette unique qui sera sa
dette de réparations, si celle-ci, par le jeu du
système d'escompte proposé par le plan bri-
tannique, se trouve réduite une vingtaine de
milliards, dette qui peut être amortie dans une
quinzaine d'années et qui se trouve inférieure
au tiers de la dette française, l'Allemagne se
trouvera être, dans quelques annrçes, le seul
pays d'Europe qui ne possédera aucune charge
ertérieure avec sa population croissante, son
industrie fntacie et qui n'aura cessé de profi-
ter d'une situation exceptionnelle avec les res-
sources épargnées de son sol, en charbon, en
bois, en potasse, el.te se trotatera la maîtresse
de l'Europe, devant une France dont la popu-
lation sera moitié moindre et qui continuera à
supporter le poids écrasant de la reconstruc-
tion de ses régions dévastées.
L'hégémonie allemande sur l'Europe que la
guerre devait détruire, aura été rétablie et
consolidée par les alliés.
La dette allemande
Passant ensuite au chapitre de la dette
alUemande, M. Poincaré a dit
Le plan anglais prévoit une nouvelle fixation
de la dette allemande et une réduction considé-
rablé du chiffre fixé précédemment par la com-
mission des réparation» et par l'état de paie-
ment.
Cette réduction est obtenue par un double
procédé en premier lieu, les obligations C
(82 milliards) 'sont purement et simplement an-
nulées deuxièmement les anciennes obligations
A et B subsistent en apparence sous forme
d'obfigations de la première série », mais c'est
en apparence seulement.
Dans ces condilions, la dette nouvelle de l'Al-
lemagne, calculée sur les bases stipulées par
l'éfat de paiement, atteindrait le montant sui-
Pour la seule partie fixée et due définitive-
ment, soit les obligations de la, première série,
37 milliards, au lieu des 50 milliards qui repré-
sentaient les obligations A et B, les seules éga-
lement dont l'émission était prévue pour 1921
dans l'état de paiement
Pour les obligations de la deuxième série, dont
l'émission est beaucoup plus incertaine que celle
des séries C de l'état de paiement, 10 milliards,
en admettant, sous réserve de ce qui vient
d'être dit, qu'elles soient émises pour la tota-
lité le 1" avril 1933.
Ce chiffre extrnordinnirement rMuit consti-
tuant le point de départ, l'escompte élevé que
propose le plan britannique, pour inciter l'AUe-
magne h se libérer par anticipation au moyen
demprunts, ramènera fatalement à un chiffre
dérisoire les versements qu'elle aura à effec-
tuer.
Ce qu'il resterait des réparations
Quatre-vingts pour cent seulement des obli-
galions de la première série devront être répar-
tis enre les puissances ayant droit aux répara-
tions, il s'ensuit que, toujours dons l'hypothèse
o l'Allemagne se libérerait dès 1923, les sommes
affectées aux réparations atteindraient les mon-
tants suivants en müliarda de marks or
France 10,4
Grande- Bretagne 4,4
Iîalie 2 »
Belgique 1,6
Divers
»
Ainsi, les 20 milliards répartis comme
ci-desus représenteraient la totalité des
payements affectés aux réparations pour
tous les alliés sur les obligations de la pre-
mière série, ce qui mettrait la part de la
France à environ 11 milliards.
Quant aux obligations de la 2e série, à sup-
poser qu'elles dussent jamais être émises, les
dispositions prévues dons le plan anglaise limi-
teraient la part de la France 0/0 au lieu
de 52 0/0, mais élèveraient par contre celle de
la Grande-Bretagne de 22 0/0 47 0/0.
(Voir la suite la Dernière Heure.)
Quand le vent souffle.
On dîne au restaurant.
Un peu de poisson ?
Volontiers.
Ces filets de sole sont excellents.
Et cette barbue 1
Moi je me régale de ce démocratique
merlan.
Après diner, on rentre chez soi. On allume
de douces lumières. Les tapis épais habillent
l'appartement douillet, qui a bien chaud. Des
fleurs jolies ornent de vieux vases chinois.
Comme on est bien tout de même chez soi
Oui. On est bien chez soi. On s'y trouve
d'autant mieux que, soudain, la tempête se dé-
chaine. Un vent furieux siffle et gronde. Un
vent dément fouette les vitres. On dirait qu'il
essaie de déraciner les maisons tous ces ar-
bres de la grande forêt de pierres.
Machinalement, on écarte un peu un rideau
pour regarder par la fenêtre. Et l'on ne. voit
rien qu'une nuit opaque, funèbre, trouée de pe-
tites lumières timides.
Comme on est bien chez soi 1.
Et puis, instinctivement, on murmure
Mon Dieu. Dire qu'il y a des pauvres
gens qui sont en mer par ce terrible temps
Eh oui. C'est vrai. Pour que les gens des
villes puissent savourer de délicieux filets de
sole et des turbots à la sauce hollandaise, il
y a des pécheurs qui risquent leur vie nuit et
jour, qui luttent, seuls, loin de tout secours,
contre l'ouragan, contre l'océan contre la
mort.
Pensons-nous assez souvent aux braves gens
de la mer ?.
Nous rendons de fréquents et justes homma-
ges au labeur tenace et magnifique de nos pay-
sans. M. Chéron vient d'avoir ainsi l'idée ex-
cellente de récompenser les plus vieilles familles
de paysans de France. Et c'est très bien. Et
c'est très bien Oui. Ces vieux laboureurs de
notre vieille terre qui, de génération en géné-
ration, sont depuis des siècles à la peine, peu-
vent bien être aujourd'hui un peu à l'honneur.
(Et ils ont, en vérité, d'autres titres de noblesse
que certains petits nobles de fantaisie.).
Mais nos marins ne devraient pas être ou-
bliés, eux qui labourent la mer traîtresse, la
mer hostile, la mer meurtrière.
Hier, tandis que le vent soufflait, j'ai feuil-
leté le dernier numéro des Annades du sauve-
toge maritime. Cent drames déchirants, héroi-
ques, affreux sont consignés dans ces quelques
pages sobrement tragiques, dépourvues de toute
recherche littéraire. Peut-on lire sans frémir,
sans avoir le coeur fendu, des « rapports
comme celui que fait, le 28 septembre 1922, le
président du comité de sauvetage du Conquet
(Finistère)
Hier, vers 8 h. 30 du matin, alors que la
tempête soufflait en furie, on vint nous pré-
venir qu'un bateau de Douarnenez, monté par
cinq hommes, venait de chavirer dans le
N.-N.-O. des « Moines » les hommes étaient
cramponnés sur la vergue de la voile. Aussi-
tôt le canot de sauvetage TAeutenant-Pierre-
Géruxez fut mis à la mer et prit la direction
signalée la mer était terrible à voir, le canot
de sauvetage ne put avancer qu'à l'aviron, les
vents étant droit debout. Du sémaphore de
Saint-Mathieu on suivait des yeux les pauvres
naufragés au bout de "cinquante 'mttffttes,
trois sur cinq disparaissaient, enlevés par les
vagues en furie le canot de sauvetage luttait
toujours, mais, en arrivant près des lieux, à
leur grand désespoir, les canotiers constatèrent
la disparition des cinq malheureux.
C'est tout. Mais le canot « a failli chavirer
deux fois ».
.C'est très bon, le turbot. Mais il ne faut
pas songer seulement au cuisinier qui a tourné
la sauce. Il faut songer un peu aussi aux
pêcheurs qui, trop souvent, pour gagner leur
pauvre vie, sont exposés à mourir. Mau-
rice Prux.
UNE RUE DE CHAMANT
portera le nom d'Eugène Odent
Le Président de la République vient
d'approuver une délibération prise par le
conseil municipal de Chamant, décidant
d'attribuer à une voie publique de cette
localité, à titre d'hommage public, le nom
de Eugène Odent.
M. Odent, on ne l'a pas oublié, est le
maire de Senlis qui, en septembre
fut arrêté par les Allemands à l'hôtel de
ville de Senlis et conduit dans la plaine
de Ohamant, où il fut fusillé sans aucune
forme de procès.
M. DANTES BELLEGARDE
commandeur de la Légion d'honneur
M- Dantes Beillegarde, ministre de la Ré-
publique d'Haïti à Paris, a été nommé
commandeur de la Légion d'honneur.
Cette haute distinction récompense les
services exceptionnels que M. Bellegwde a
rendus en développant, avec son grand
talent d'homme politique et d'orateur,
l'amitié qui unit son pays à la France.
Le roi Albert et cet fils, quittant l'Elysée,
(Voir il la deuxième page.
iiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiini
A LA QUATRIEME PAGE
LA TRAVERSEE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
DANS L'ADRAR DES IFORAS
.» p«r le commandant BettembourB
UN VOL DE SEPT HEURES
moteur arrêté
sur un avion de plus de kilo
L'aviation sans moteur a, à défaut d'au-
tres mérites, permis de constater que
l'homme peut tenir les airs sans force
autre que l'appui. du vent, ouvrant ainsi
de nouveaux horizons à l'aviation.
Le lieutenant Thoret, qui est parti pour
Bisfcra voici quelques jours, pour étudier,
aux confins du désert, le régime des vents
ot la possibilité d'y organiser un meeting de
vol à voile, vient d'en fournir une preuve
nouvelle.
En effet, pilotant un avion Hanriot. à. mo-
teur de 80 chevaux et pesant, tout équipé,
plus de 600 kilos, iJ est parvenu, après
avoir calé son hélice, à tcniir l'air pendant
plus de sept heures, 7 heures 3 minutes
exactement.
C'est sur ce terrain d'Etouatt, aux
abords da Biskra, dans cette région où
de forts vents du sud sévissent pendant des
journée, parfois des semai nés entières»
que le lieutenant Thoret a réussit son
exptoit.
Déjà, aamedi dernier, il avait volé mo-
teur arrêté pendant 1 heure 44 minutes.
Hier, il voulut faire mieux, beaucoup
'mieux, et, comme on Fa vu, il réussit au-
delà de toute imagination.
Après deux courts essais de et de
45 'minutes, il prit son vo1 à 9 h. 3. Rapi-
dement, il s'éleva à une cenbatoe de mè-
tres, puis il se laissa « balancer » dans
te vent jusqu'à la nuit.
Il reprit terre, en effet, à 4 h. 6 de
l'après-midi, ayant domc tenu l'air pendant
Le lieutenant Thoret et ton appareil
une durée totale de sept heures trais mi-
nutes..
Comment a été exactement accomplie la
prouesse du lieutenant Thoret Il eêt. dif-
ficile de le savoir avec précision, car aucun
contrôle officiel n'a été 'exercé. Seuls des
témoins parfaitement honorables du
reste ont certifié l'exactitude de la per-
formance. Il est possible, par exempte, que
Mais, il ne faut pas s'y méprendre, si le
cas que nous signataia à titre de simplfl
hypothèse, répétons-le s'est produit, {!
accentue encore le mérite de Thoret, car il
prouve chez lui une maîtrise vraiment
exceptionnelle.
Ce résultat est intéressant encore à un
autre point de vue il prouve que, en
aviation, même en aviation sans moteur,
la recherche du « très léger est peut-
être une erreur. Jadis, on jugea que le
moteur de « un kilo au cheval.» étàit le
maximum de poids relatif admissible
aujourd'hui, on admet couramment des
chiffres triples. Qui sait si, un jour le
« vent-moteur » ne soulèvera pas des poids
susceptibles de nous effarer?
Signalons que M. Laurent Eynac, sous-
secrétaire d'Etat à l'Aéronautique, sous les
auspices duquel le lieutenant Thoret a en-
trepris ses expériences a, dès hier soit,
adressé ses félicitations à l'aviateur et a
M. Hanriot, constructeur de l'appareil.
M. Hanriot a construit l'appareil de Thoret
Il déclare que, en aviation, la sécurité est tout
et, à ce titre, le concours de la moto-
aviette l'intéresse
Nous avons rencontré hier M. Hanriot,
le constructeur de 'l'appareil que pilotait
le lieutenant Thoret.
M. Hanriot, qui fut « le plus jeune avia-
teur de France il avait une quinzaine
d'années quand il obtint son brevet de
pilote nous a déclaré toute sa isatis-
faction.
Je suis très heureux, nous a-t-41 dit,
du résultat obtenu par Thoret, qui est un
acharné travai'Menir et un audacieux erttre
tous, et qui trouve dans sa magnifique per-
formance la récompense de son labeur et de
sou courage.
Mais je suis heureux aussi d'avoir prou-
vé la grande maniabilité et la belle tenu* à
l'air de mon appareil. L'avion que condui-
sait Thoret est, en effet, mon appareil
d'école, lourd il pesait, en ordre de mar-
che et avec son pilote, plus de 600 kilos.
Je me suis appliqué à en faire un emgin
souple et docile, à très grand écart de
vitesse de 130 à 52 kilomètres à l'heure
lui donnant ainsi une très grande
sécuTité.
Car, ajoute M. Hanriot, pour moi, 'ta
qualité que j'estime primordiale en avia-
tion, est la sécurité. Et, à ce proposé, je
n'hésiite pas à dire que le Grand Prix de la
moto-aviette du Petit Parisien me semble
tout à fait intéressanf. L'appareil à faible
moteur, à la construction duquel pousse
votre grand concours, doit faire accomplir
un pas énorme au facteur sécurité et peut-
être, grâce à vous, verrons-nous un jour le
petit avion, l' « avionnette bondir, grâce
à son petit moteur, puis, sur l'aile. du
vent, voyager sans bruit et sans dattgex.
Pour ma part, je serai sans doute l'un des
concurrentes de votre Grand Prix. Je m'oc-
cupe, en effet, en co moment, d'établir un
appareil léger, d'après les données du règle-
ment de votre épreuve.
En remerciant M. Hanriot des intéres-
saints renseignements qu'il nous fournis-
sai!, nous lui avons souihai'té les succès que
mérite sa saine compréhension des grands
problèmes de l'aviation.
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