Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-03
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 03 janvier 1923 03 janvier 1923
Description : 1923/01/03 (Numéro 16745). 1923/01/03 (Numéro 16745).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k605252p
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
1 TEMPS PROBABLE:
REGION PARISIENNE
Le mauvais temps. Après
pluie nocturne, ciel très nua-
geux, brumeux avec quel-
ques éelaircles et averses lo-
cales. Vent de sud-ouest à.
ouest modéré. Température
stationnaire.
Nuit Jour 0°.
EN FRANCE
Dans la moitié Ouest, mêmes
conditions qu'à région pari-
sienne. Dans la moitié Est,
plns doux, ciel se couvrant,
chutes de neige, sauf an
Sud-Est où Il fera beau, très
nuageux.
SOLEIL
LUNE dern. qu. i0 nont t7
15 cent. f; LE PLUS FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER ;)* 6 pages
At' ANNÉE. N 16.745
MERCREDI
3
JANVIER
sainte Geneviève
ABONNEMENTS Inà (Mb lai
Seine et S.-O. Il M.»
France et Col. oU..
Etranger. M. Il SI.»
ie, RUE P'ENQHCIM. PARIS
PREMIÈRE SÉANCE CE LA CONFÉRENCE
Après avoir pris connaissance des projets français, anglais et italien
les délégués se sont ajournés, pour les discuter, à cet après-midi
Cette première séance avait été précédée par des conversations privées
entre M. Poincaré, M. Bonar Law et lord Curzon et par un conseil
des ministres au cours duquel le président du Conseil avait
fait approuver le plan français
Comme entrée de jeu, la conférence
de Paris a décidé de publier les trois
projets en présence ceux de la France,
de la Grande-Bretagne et de l'Italie.
On en trouvera plus loin des résumés,
complétant ce qui a déjà paru, sur ce
sujet, dans le Petit Parisien.
Ce qu'il est nécessaire de marquer,
dès maintenant, c'est la déception cau-
sée par le projet britannique, décep-
tion qu'on faisait prévoir ici même dès
hier matin, en laissant espérer que le
gouvernement anglais ne le déposerait
même pas.
Bien des gens avaient cru que, si la
France se prêtait à l'annulation paral-
lèle d'une, partie de la dette allemande
et des dettes interalliées, l'Angleterre
abandonnerait de bonne grâce sa part
des réparations et consentirait à aiîec-
ter la quasi-totalité de la dette alle-
mande à la reconstruction des régions
libérées.
C'est tout le contraire qui est envisagé
par le projet britannique. Réduisant la
dette allemande à deux séries l'une
de 40 milliards, l'autre de 10, il main-,
tient, pour la première, les pourcentages
de Spa, mais propose, pour la seconde,
un mode de partage qui doublerait à
peu près la part de l'Angleterre et ré-
duirait d'autant la part de la France..
Ce n'esi pas tout. Pour se dédomma-
ger de l'annulation des créances alliées,
l'Angleterre propose que la France lui
abandonne les bons allemands de la
première série, destinés à la rembourser
de la dette de guerre de la Belgique, et
qui jouissent d'une priorité sur le reste
de la dette allemande.
Enfin, l'Angleterre demande à garder
l'or déposé en garantie des dettes inter-
alliées, ce qui représente la cession'
d'environ un milliard de francs.
Le résultat serait
que l'Angleterre recevrait ëe t'AUema-
gne et de ses alliés environ 17 milliards
de marks or, pendant que la Fravce ne
recevrait que 19 mitdiards et demi. Cette
insuffisance de la part française ne
serait pas compensée par le fait que
l'Angleterre se déclare prête à aban-
donner à la France, jusqu'en 1927,
50 0/0 des emprunts allemands prélevés
sur le marché anglais.
Il est inutile d'aller plus loin pour
montrer que le projet anglais ne saurait
être retenu du point de vue français.
Il en est, d'ailleurs autant du point de
vue de la Belgique et de l'Italie.
On peut se borner, à cet égard, à citer
deux faits. Le projet anglais propose
que la Belgique renonce à obtenir le
paiement des trois cinquièmes des trai-
tes que l'Allemagne lui a signées pour
les versements de 1922. Quant à l'Italie,
on lui demande d'abandonner un mil-
liard et demi de la dette allemande.
M. Bonar Law, qui a manifesté, dans
son discours, d'une intention généreuse
que personne ne saurait mettre en
doute, a, certes, justement rappelé
que l'Angleterre, ayant à rembourser
l'Amérique, ne saurait renoncer à ses
propres créances sans certaines com-
pensfttioas. Il ne» paraît paé, cependant,
s'être rendu compte de l'effet que le
projet préparé par ses experts du Tré-
sor britannique ne pourrait manquer de
produire sur le public allié. Sous cou-
leur de tout arranger, l'Angleterre s'est
donné l'apparence de vouloir tirer la
couverture à soi.
Dans ces conditions, il est probable
que la conférence hésitera à prendre le
projet britannique pour base de la dis-
cussion.
Avant de discuter la difficile question
de la répartition nouvelle de la dette
allemande; mieux vaudrait, d'ailleurs,
traiter la question plus urgente de la
prise des gages économiques et des me-
sures à prendre pour ^rétablir l'mordre
financier en Allemagne. A cet égard,
l'avis de la majorité des alliés est'que
les propositions formulées par M. Poin-
caré fourniraient à la conférence le
point de départ qu'elle cherche.
Philippe MILLET.
L'APRES-MIDI AU QUAI D'ORSAY
La conférence interalliée des répara-
tions s'est ouverte hier après-midi, à deux
heures, au ministère des Affaires étran-
gères. Elle avait été précédée, dans la ma-
tinée, à la fois par des conversations pri-
vées entre le président du Conseil et.le
Premier ministre britannique et par un
conseil des ministres français.
Les réceptions officielles du Jour de l'An
n'ayant pas permis à M. Poincaré de se
rencontrer lundi avec M. Bonar Law, très
occupé lui-même à conférer avec son mi-
nistre des Affaires étrangères, lord Curzon,
absent de Londres depuis oinq semaines et
venu spécialement de Lausanne à Paris, Je
président du Conseil s'est empressé, hier
matin, d'aller à l'hôtel Crillon rendre
visite à son collègue anglais. Il a trouvé
auprès de lui lord Curzon, arrivé quel-
ques instants auparavant de l'hôtel Ritz,
où il était descendu et, pendant près d'une
heure, les trois hommes d'Etat se sont
entretenus, de la façon la plus cordiale,
des différentes questions à l'ordre du jour.
Il va de soi que la conversation a prin-
cipalement porté sur la question des ré-
parations qu'allait aborder un peu plus
tard la conférence interalliée, mais en rai-
son de la présence de lord Curzon qui
devait, à 11 h. 30, reprendre le train pour
la Suisse- l'a situation à Lausanne a été éga-
lement examinée et discutée.
Le conseil des ministres
En sortant de l'hôtel Crillon, M. Poin-
caré s'est rendu à l'Elyséë où, l'attendaient
ses collègues du cabinet et où il a mis lie
Président de la République et les membres
du gouvernement au courant, non seule-
ment des entretiens qu'il venait d'avoir
avec le Premier anglais et lord Curzon,
mais des détails du plan français et de la
procédure qu'il comptait adopter au courus
de la conférence de l'après-midi.'
Le conseil des ministres a unanimement
approuvé ce plan.
Elle a été tenue, ainsi que nous rindt-
quions hier, dans .le salon de la Rotonde,
dont les larges baies vitrées donnent sur
les jardins du ministère des Affaires
étrangères. Une table carrée, recouverte
d'un lapis de velours rouge, fut placée au
milieu du salon et, derrière elle, quelques
tables plus petites furent installées pour
les secrétaires et l'interprète officiel, M.
Cammerlvnck.
Commë il est naturel, M. Poincaré arriva
le premier au Quai d'Orsay. Il portait sous
le bras un volumineux dossier.
Quelques minutes plus tard, ce fut le
nouvel ambassadeur de Grande-Bretagne,
le marquis de Crewe, sanglé dans une
impeccable jaquette et coiffé d'un huit-
reflets puis M. de Lasteyrie, et le baron
Romano Avezzana, ambassadeur d'Italie à
Paris et second délégué italien. qui firent
leur entrée dans le grand hatl du Quai
d'Orsay.
Ils y furent bientbt suivis par M. Bonar
Law, entouré de sir Philip Lloyd Greame,
ministre du Commerce, et de sir Eyre
Crowe, tous les trois coiffés du haut de
forme, et par le marquis de la Torretta, le
premicr délégué italien, qu'accompagnait
M. d'Amelio.
Ce furent les délégués belges, MM. Theu-
nis et Jaspar, qui arrivèrent les derniers,
quelques minutes avant deux heure.
Les congratulations et les souhaits de
Nouvel An échangés, les délégués prirent
place aux fauteuils qui leur avaient été
réservés les délégués français au centre
de la table, le dos aux fenêtres donnant
sur le jardin avec en face d'eux les deux
ministres belges à droite, M. Bonar Law
et ses collègues anglais à gauche enfin,
les deux délégués italiens.
Suivant l'usage, ce fut M. Poincaré qui
prit la présidence de la conférence.
Les manquements
Le président du Conseil commença par
exposer, sur le ton d'ailleurs le plus ami-
cal, le point de vue du gouvernement
français dans la question des manque-
ments relatifs aux livraisons de bois et de
charbon.
On trouvera plus loin un. résumé de
cette question. M. Poincaré insista surtout
sur deux points. Il prouva, dates en main,
que la délégation française à la commis-
sion des réparations, et en particulier
son président M. Barthou, ne s'était pas
écarfée, dans la question des manque-
ments pour le bois, de la correction la
plue stricte. Il insista, en second lieu, sur
la nécessité de laisser la commission des
L'arrivée de M. Poincaré portant sous le bras
un volumineux dossier
réparations uotifier le manquement pour
le charbon, sans attendre da fin de da con-
férence.
Sur ce dernier point, M. Bonar Law
répondit aussitôt à M. Poincaré qu'à son
avis, cette question relevait moins de la
justice (right) que de la sagesse (wisdom),
..U demanda à ..M. Boinearé de coasentir à
te que le manquement sur le charbon ne
fût examiné par la commission des répa-
rations qu'un peu plus tard.
M. Poincaré consentit à ne pas insister
pour l'instant, mais laissa entendre que
cette notification devrait intervenir, selon
lui, à bref délai.
Le plan français
Passant alors au plan d'ensemble présenté
par la France, M. Poincaré en fit ressortir
avant tout l'extrême modération.
Il fit observer qu'à la suite des échanges
de vues qu'il avait eus lui-même avec plu-
sieurs membres du gouvernement anglais,
et pour tenir compte du sentiment de
l'opinion publique anglaise, i;l avait intro-
duit. dans le programme français d'impor-
tantes modifications. C'est ainsi qu'il n'est
plus question de cordon douanier à l'est
du Rhin et autour de la Ruhr, ni même
d'une occupation militaire de la Ruhr.
M. Poincaré rappela à cet égard que les
gages économiques recommandés par la
France n'entraîneraient aucune action mi-
litaire, dans le cas où les alliés seraient
d'aecord pour les prendre ensemble. Au cas,
toutefois, où la Fraatce serait amenée à
agir seule, une occupation militaire pour-
rait, dit-il, devenir inévitable.
Le président du Conseil termina son ex-
posé en exprimant la confiance que les al-
liés parviendraient à se mettre d'accord
pour imposer leur volonté à l'Allemagne.
Le plan italien et le plan anglais
Le reste de la séance fut consacré à l'ex-
posé du plan italien et du plan anglais,
faits respectivement par M. della Torretta
et M. Bonar Law.
Celui-ci msista partiçulièrement sur les
charges qui pèsent sur les épaules de la
Grande-Bretagne et l'empêchent de con-
sentir à une annulation de toutes ses créan-
ces, alors qu'elle doit rembourser î'Améfi-
que. Résumant le plan anglais, il fit égale-
ment ressortir qu'i,l ne prévoit pas le rem-
boursement intégral des 20 milliards de
marks or que l'Angleterre a entrepris de
verser aux Etats-Unis.
M. Bonar Law protesta en termes parti-
culièrement énergiques contre la légende
qui représente l'Angleterre comme s'effor-
çant de rétablir l'Allemagne dans son an-
cienne prospérité. Rappelant que l'Allema-
gne est pour l'Angleterre un concurrent,
il ajouta plaisamment que si un tremble-
ment de terre venait à détruire l'Allema-
gne. l'Angleterre n'en retirerait aucun
désavantage.
Parlant du moratorium, M. Bonar Law
insista sur la nécessité de le rendre aussi
complet que possible.
Le Premier anglais parla avec beaucoup
de chialeur de sa volonté de resserrer la
coopération alliée et de sa sympathie per-
sonne'llepour la cause de la France.
La conférence décida alors de s'ajourner
jusqu'au lendemain 3 heures. Entre temps.
il fut également décidé que les trois plans
en présence seraient communiqués à la
presse.
M. Poincaré A l'Elysée
Après que les délégués alliés eurent
quitté le Quai d'Orsay, M. Poincaré tint
avec M. de Lasteyrie et M. de Peretti, une
brève conférence. Le président du Conseil
et le ministre des Finances se rendirent
ensuite à l'Elysée pour mettre AL Mille-
rand au courant de l'état des pourparlers.
Le président du Conseil est ensuite ren-
tré au Quai d'Orsay, où il offrait un diner
aux léga-tions alliées.
Ce matin, conseil des ministres
Bu raison de la situation nouvelle créée
,par le dépôt des trois plans alliés un con-
seil des ministres se, réunira ce matin, à
1< heures, à l'Elysée, sous la présidence
de M. MWIerand. ̃ A. Jullien.
Nous pnblions, à la deuxlème page, le
détails des plans anglais, Italien et français
UNE MANŒUVRE
ALLEMANDE
M. Poincaré expose aux alliés une
proposition de non-agression
qu'aurait faite l'Allemagne par
l'intermédiaire des Etats. Unis
Au cours de la séance d'hier, au
Quai d'Orsay, M. Poincaré a fourni à
la conférence des alliées tes renseigne-
ments suivants sur la prétettdue pro-
position de non-agression qui ataratt
été f aite par l'Allemagne
Dans le discours qu'il a prononcé le 31
décembre à Hambourg, le chancelier Cuno
a. d'après les agences, fait la déclaration
suivante
Pour prouver à la France que nous n'avons
pas d'idées belliqueuses et qu'elle pourrait
évacuer sans orainte la rive gauche du Rhin,
nous avons fait savoir au gouvernement fran-
çais, par l'intermédiaire d'une tierce puis-
sance, que l'Allemagne était prête à mettre en
commun, avec la France et les autres puis-
sances ayant des intérêts sur le Rhin, entre les
mains dune grande puissance n'ayant pas
d'intérêt sur le Rhin, un engagement solennel
par lequel ces Etats s'engageraient, pendant
une génération, à ne pas se faire la guerre sans
y être engagés par lin plébiscite. La France
a repoussé cette offre.
M. Cuno fait allusion à une conversation
qui a eu lieu en effet entre l'ambassade
d'Allemagne Washington et le secrétaire
d'Etat des Etats-Unis.
Lx> 18 décembre, M. Hughes a fait savoir
à l'ambassadeur de France que l'ambassa-
deur d'Allemagne lui avait dit être en me-
sure de proposer la conclusion d'un accord
aux termes duquel l'Allemagne, la France,
l'Angleterre et l'Itatie s'interdiraient, pen-
dant une génération, soit t,rente ans.
de se faire la guerre à moins que la chose
ne soit décidée par un vote populaire.
M. Hughes avait ajouté que si M. Jusse-
rand, après avoir transmis cette indication
à M. Poincaré, recevait de Paris une ré-
ponse encourageante, il demanderait à M.
WiedfeLt de mettre son projet par écrit.
M. Poincaré, à qui cette suggestion fut
immédiatement communiquée, télégraphia
à M. Jusserand que le pacte proposé était
sans doute une manœuvre du gouverne-
ment allemand à la veille de la conférence
de Paris.
Il ajoutait ,que, si le gouvernement alle-
mand voulait supprimer toutes chances de
guerre, on pouvait se demander pourquoi
il limitait à une simple durée de trente
ans la promesse de paix. Cette protnesse
réduite serait, d'ailleurs, tout à fait illu-
soire. En moins de trente ans, la propa-
gande de l'Allemagne pouvait malheureu-
sement y développer de tels désirs de
revanche qu'une consultation populaire
fût, le jour venu, favorable à une agres-
sion contre la France. D'autre part, la
Constitution française conférait à la re-
présentation nationale le droit de paf» ou
de guerre et il n'était pas possible de le lui
retirer sans une revision constitutionnelle.
Le Parlement français, du reste, ne pren-
drait jamais l'initiative d'une guerre quel-
conque. Pour que la promesse allemande
eût quelque valeur, il faudrait, enfin,
qu'elle fût garantie par les engagements
positifs de l'Angleterre et des Etats-Unis,
engagements appuyés sur des accords
assurant à la France, dans un délai déter-
miné. une collaboration militaire défensive
déterminée.
Jusque-la, il n'y avait donc eu ni pro-
position en forme de la part de l'Allema-
gne, ni refus de la part de la France.
Le 21 décembre, au cours d'une nouvelle
conversation, M. Tusserand ayant exposé
à M. Hughes les objections de M. Poincaré,
le. secréaire d'Etat donna lecture à l'am-
bassadeur de France d'un texte en une
seule phrase que, pour préciser les idées,
l'ambassadeur d'Allemagne venait de lui
remettre.
Ce texte, que télégraphia aussitôt M. Jus-
serand, était à peu près celui-ci
Les gouvernements allemand, anglais, fran-
çais et italien s'engagent solennellement les
uns vis-à-vis des autres et promettent à oelui
des Etats-Unis de ne pas faire la guerre pen-
dant une génération, soit trente ans, à moins
que la chose ne soit décidée par un vote popu-
laire, ee qui rendrait la guerre virtuellement
impossible.
M. Poincaré répondit à M. Jusserand que
cette proposition, formulée à la veille du
jour où les alliés allaient prendre parti
dans la question des réparations, appa-
raissait comme une manœuvre grossière.
Le traité de Versailles, précisa M. Poin-
caré, contient déjà, dans son article 10, un
engagement formel de non-agression qui
lie la Francc et, dès que l'Allemagne sera
admise dans la Société des nations, elle
aura le bénéfice et la charge de cette
clause. Le pacte proposé serait donc super-
flu et il aurait même l'inconvénient de pa-
raître diminuer les engagements de l'arti-
cle 10, qui ne sont pas limités à trente ans
et qu'aucune consultation populaire ne
saurait détruire.
En ce moment, l'Allemagne veut de toute
évidence pouvoir équivoquer sur les sanc-
tions que les alliés pourraient tôt ou tard
être appelés à prendre, si elle violait ses
engagements et qui sont prévues par plu-
sieurs dispositions du traité, notamment
par le paragraphe 18 de l'Annexe II de la
partie VIIL La France ne peut tomber daM
ce piège.
Au surplus, M. Hughes n'a pas laissé
entrevoir la possibilité d'une garantie
anglo-américaine. Or, même un pacte de
garantie anglo-américain, dûment ratidé
par le Sénat fédéral, et assurant à la
France, dans un délai déterminé, une
cojlprtxiraticvn militaire défensive détermi-
née, ne suffirait pas à tirer tout à fait la
France d'inquiétude.
En conclusion, M. Poincaré a prié M.
Jusserand de faire comprendre à M. Hu-
ghes la dangereuse hypocrisie de la pro-
position verbale faite par l'ambassadeur
d'Allemagne à Washington.
UNE NOTE DE M. HUGHES
Washington, 2 janvier (dép. Radio.)
M. Hughes, secrétaire du département
d'Etat, annonce officiellement l'échec dé-
fini-tif de la dernière proposition aile-
anonde, suggérant un engagement solen-
nel par lequel la France et les autres puis-
sances ayant des intérêts sur ie Rhin s'en-
gageraient, pendant une génération, à ne
pas^se faire la guerre sans y être autori-
sées par un plébiscite ».
La note de M. Hughps ajoute que la sug-
gestion allemande a été présentée officieu-
sement à la France par le gouvernement
américain mais le gouvernement français
a fait savoir « que la Constitution fran-'
çaise ne permettait pas de faire un plébia-
LA TRAVERSÉE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
Voici la Kcyiv?- lu Petit équipée la route, ."SùU-e envoyé spécial, M. Henri Tlié.ar.
auprès du mécanicien. On remarquera que les passagers sont en":a>lloufiés connue pondent
l'hiver en France La température descend Il zéro la nuit et monte à 35 dofrres pendant la
journée, Il est donc nécessaire d'être habillé en conséquence et de pouvoir mettre ou .«enlever
dns vêtements suivant les ctrcoiistanees. C'est la raison pour laquelle les Arabes sont toujours
pourvus de trois ou quatre burnous, pendant Ieurc déplacement?. Le réservoir d'essence sur
lequel l'adjudant est juché contient 400 litres d'essence, c'est-à-dire de quoi couvrir de t300
kilomètres, distance qui en vaut bien le triple, comme on en peut juger par la photo
graphie du bas hendant de très longs parcours, le sol est, cmmne on le volt sur cette pnom-
graphie, parsemé de racines, d'herbes desséchées, sur lesquelles il est Imprudent de passer il
vive allure. Je mécanisme pouvant souffrir des chocs brutaux. Les conducteurs sont donc
obligés d'éviter ces obstacles, tout en conduisant aussi vite que possible, ce qui constitue
une gymkana fatigante 4 la longue.
DIMANCHES ET FÊTES
Chaque lendemain de fête on peut ouvrir les
journaux il y a trois, quatre, six colonnes
d'événements sportifs. Matches de football à'
Paris. Football encore en Languedoc. Combats
|k boxe. Courses de bicyclettes. Circuits auto-
mobïfeir 'courses à pied, grandes épreuves de
natation.
Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il grêle, le sport
ne chôme plus jamais. Les rigueurs de l'hiver
n'empêchent pas nos jeunes gens de s'ébrouer
en plein air. Par dix degrés au-dessous de zéro,
ils combattent sur lès stades, à 'peine vêtus de
courtes culottes et de légers maillets. Et ils
transpirent et ils sont enflammés Sous la
pluie battante, ils courent, à bicyclette ou à
pied, par les routes défoncées. Ils sont barbouil-
lés de bpue. Ils ruissellent I Bah S'ils sont
trempés jusqu'aux os, ils peuvent dire que leurs
âmes de sportifs sont mieux trempées encore
Dès esprits sévères et chagrins déplo-
rent ce formidable engouement de toute notre
jeunesse pour les sports et je viens de lire jus-
tement, dans une revue importante, un véritable
réquisitoire dressé contre le football, le rugby,
la boxe et la bicyclette.
Nos jeunes gens ne se passionnent plus que
pour des exploits physiques gémit notre cen-
seur. Ils délaisscnt les beaux-arts, les lettres,
les poètes. Musset ne les intéresse pas. C'est
Siki qui est leur héros. Nous allons avoir une
génération brutale, illettrée, fermée, super-
ficielle.
Eh bien 1 les esprits sévères et chagrins qui
condamnent ainsi notre époque si vigoureuse-
ment sportive nous prouvent qu'its retardent et
qu'ils ne savent pas, ce que c'est qu'un sport
quel qu'il soit s'il est pratiqué de façon
sportive.
Le sport, c'est, avant tout, l'effort. Apprendre
à la jeunesse à s'efforcer », au lieu de rester
inactive, c'est déjà faire œuvre utile et na-
tionale.
Le sport, tout sport, est une discipline. Le
sport donne ainsi aux jeunes gens le goût de
l'ordre et de la méthode. Il les entraîne à obéir,
à obéir intelligemment et consciemment. Il les
éloigne de toutes les rêveries anarchiques.
Le sport, tout sport, exige un régime qui est
le simple régime de la raison. Pas de saoule-
ries basses, pas de noces imbéciles Les sports
apprennent aux adolescents ce que les intellec-
tuels et les homme! qui ne font pas de sport
n'apprennent qu'à l'âge des rhumatismes, des
dyspepsies, des gravelles et du diabète c'est
que les excès sont meurtriers.
Le sport oblige les sportifs à être propres.
Il n'est pas possible d'être sale quand on ne
porte quim maillot. Ça se verrait Le sport
oblige à la douche, au savon, à l'eau claire. Et
le sport ne serait pas un bienfait
Le sport, enfin, en fortifiant les bras, les jam-
bes, les poumons, fortifie aussi fatalement la
tête. La tête, forcément, participe à l'entrai-
nement. La tête aussi prend du biceps. Il' ne
nous faut pas de têtes faibles
Que les censeurs apaisent donc leur cour-
roux Les sports font courir nos jeunes gens
et ne font pas courir la nation à sa perte.
Le football n'exclut pas la littérature. On
peut aimer la boxe et Verlaine. On peut lire
la rubrique des sports et Horace. Et ja-
mais les éditeurs n'ont vendu tant de livres que
par ces temps de rugby, d'automobile et a d'uper-
cuts ».
Et comme la bonne santé corporelle fait la
bonne santé de l'esprit, les poètes, les roman-
ciers n'osent plus offrir à leurs lecteurs qu'ils
savent sains de jambes et de tête des petites
histoires morbides, des petites choses maladives,
obscures et fumeuses. Et notre littérature elle-
même devient musclée et vigoureuse.
Vivent les sports Maurice Prax.
Une session extraordinaire
du conseil municipal
L'assemblée discutera demain et après-
demain les projets sur les habitations
à loyers moyens et à bon marché
Le préfet de la Seine vient, par arrêté,
de convoquer le canseil municipal, en ses-
sinon extraordinaire les jeudi 4 et vendredi.
5 janvier. if
Celle réunion sera uniquement consacrée
à la discussion du projet sur la construc-
tion d'habitations à loyers moyens et du
nouveau programme de construction d'ba-
fciUUons à bon marché.
DÉRACINÉS
Ils sont des milliers parmi nous. qui»
promenant silencieusement le souvenir
nostalgique de ce qu'ils furent et de ce qui
n'est plus, portent dans leur âme lo fan-
tôme aux yeux bleus de la Vieille-Russie,
du grand Empire semi-oriental qui, com-
me Byzance jadis (et comme elle, sans trop
le savoir) fut le rempart vivant de l'Eu-
rope, contre la barbarie asiatique.
Il,s sont des milliers qui traînent, dans
nos rues, une âpre et douloureuse misère,
d'autant plus pénible qu'elle est plus ca-
chée. Ils sont .des milliers qui ont us4
toute espérance, toute lassitude même, et
que la vie ballotte comme des épaves,
avant de les jeter, dans son caprice, ou
vers le havre sauveur ou sur la côte ofl
l'on meurt, sans bouger, dans d'immen-
ses efforts ».
Ils ne croyaient pas à la révolution. Ils
ne croyaient même pas qu'elle fût possi-
ble. La leçon de 1906 n'avait servi de rieni
en quoi que ce fût, à leurs dirigeants. Et
puis, un jour, la masse des « gens en tou-
loupe .H s'est levée avec le « topor », 4
hache russc, au poing, â la suite, des ou-
vriers- en « roubachka et, sous leur.
coups, le vieil édifice des tsars, tout pou-
dreux, tout rongé de vermicules, tout pour-
ri à la base, mais encore de loin im.
posant par son faite doré, majpifique, s'est
écroulé, dans un immense craquement.
« Ni,tchevo ont-ils dit. Laissons passer
l'orage » Ils sont venus, en Occident.
presque souriants. La révolution? Etait-
elle capable de s'organiser, seulement
Qu'un général un peu rude parût, ta-bas,
â la tête d'une division de cosaques, et les
paysans, au seul nom du tsar, tomberaient
à genoux. Il fallait attendre. trois mois,
six mois, un an. peut-être. Et gaiement,
prenant leur parti de ces « vacances for-
cées », ils ont peuplé les palaces, les grands
hôtels, les villas d'hivernage, les restau-
rants. Charmants, riches, généreux, pa.
risianisés, indolents, ils ont attendu leur
heure, buvant du champagne. et en dila-
pidant, sans compter, leurs ressources der-
nières
« Le temps travaille pour nous i » di-
saient-ils.
Oui. Comme il travaille pour nous tous.
à raboter et à clouer les six planches du
cercueil. Et peu à peu, moins riches,
moins gais, puis pénétrés d'horreur et de
sombre épouvante, ils ont vu se lever
parmi eux les faces hagardes des sœurs
du Destin la Misère et la Mort. Rendons-
leur cette justice. Ils les ont regardées,
sans flancher pour la plupart, avec la bra-
voïire résignée du fatalisme slave. Les
uns, incapables de réagir, ont pris, un
matin, ou leur revolver ou une dose de
cyanure. D'autres, plus musclés, s? son
colletés avec leur destinée un eolom .tl
devenu chauffeur de taxi une grandel
dame de la cour, sous un pseudonyme.
fabriqua des poupées fétiches un naut
i
REGION PARISIENNE
Le mauvais temps. Après
pluie nocturne, ciel très nua-
geux, brumeux avec quel-
ques éelaircles et averses lo-
cales. Vent de sud-ouest à.
ouest modéré. Température
stationnaire.
Nuit Jour 0°.
EN FRANCE
Dans la moitié Ouest, mêmes
conditions qu'à région pari-
sienne. Dans la moitié Est,
plns doux, ciel se couvrant,
chutes de neige, sauf an
Sud-Est où Il fera beau, très
nuageux.
SOLEIL
LUNE dern. qu. i0 nont t7
15 cent. f; LE PLUS FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER ;)* 6 pages
At' ANNÉE. N 16.745
MERCREDI
3
JANVIER
sainte Geneviève
ABONNEMENTS Inà (Mb lai
Seine et S.-O. Il M.»
France et Col. oU..
Etranger. M. Il SI.»
ie, RUE P'ENQHCIM. PARIS
PREMIÈRE SÉANCE CE LA CONFÉRENCE
Après avoir pris connaissance des projets français, anglais et italien
les délégués se sont ajournés, pour les discuter, à cet après-midi
Cette première séance avait été précédée par des conversations privées
entre M. Poincaré, M. Bonar Law et lord Curzon et par un conseil
des ministres au cours duquel le président du Conseil avait
fait approuver le plan français
Comme entrée de jeu, la conférence
de Paris a décidé de publier les trois
projets en présence ceux de la France,
de la Grande-Bretagne et de l'Italie.
On en trouvera plus loin des résumés,
complétant ce qui a déjà paru, sur ce
sujet, dans le Petit Parisien.
Ce qu'il est nécessaire de marquer,
dès maintenant, c'est la déception cau-
sée par le projet britannique, décep-
tion qu'on faisait prévoir ici même dès
hier matin, en laissant espérer que le
gouvernement anglais ne le déposerait
même pas.
Bien des gens avaient cru que, si la
France se prêtait à l'annulation paral-
lèle d'une, partie de la dette allemande
et des dettes interalliées, l'Angleterre
abandonnerait de bonne grâce sa part
des réparations et consentirait à aiîec-
ter la quasi-totalité de la dette alle-
mande à la reconstruction des régions
libérées.
C'est tout le contraire qui est envisagé
par le projet britannique. Réduisant la
dette allemande à deux séries l'une
de 40 milliards, l'autre de 10, il main-,
tient, pour la première, les pourcentages
de Spa, mais propose, pour la seconde,
un mode de partage qui doublerait à
peu près la part de l'Angleterre et ré-
duirait d'autant la part de la France..
Ce n'esi pas tout. Pour se dédomma-
ger de l'annulation des créances alliées,
l'Angleterre propose que la France lui
abandonne les bons allemands de la
première série, destinés à la rembourser
de la dette de guerre de la Belgique, et
qui jouissent d'une priorité sur le reste
de la dette allemande.
Enfin, l'Angleterre demande à garder
l'or déposé en garantie des dettes inter-
alliées, ce qui représente la cession'
d'environ un milliard de francs.
Le résultat serait
que l'Angleterre recevrait ëe t'AUema-
gne et de ses alliés environ 17 milliards
de marks or, pendant que la Fravce ne
recevrait que 19 mitdiards et demi. Cette
insuffisance de la part française ne
serait pas compensée par le fait que
l'Angleterre se déclare prête à aban-
donner à la France, jusqu'en 1927,
50 0/0 des emprunts allemands prélevés
sur le marché anglais.
Il est inutile d'aller plus loin pour
montrer que le projet anglais ne saurait
être retenu du point de vue français.
Il en est, d'ailleurs autant du point de
vue de la Belgique et de l'Italie.
On peut se borner, à cet égard, à citer
deux faits. Le projet anglais propose
que la Belgique renonce à obtenir le
paiement des trois cinquièmes des trai-
tes que l'Allemagne lui a signées pour
les versements de 1922. Quant à l'Italie,
on lui demande d'abandonner un mil-
liard et demi de la dette allemande.
M. Bonar Law, qui a manifesté, dans
son discours, d'une intention généreuse
que personne ne saurait mettre en
doute, a, certes, justement rappelé
que l'Angleterre, ayant à rembourser
l'Amérique, ne saurait renoncer à ses
propres créances sans certaines com-
pensfttioas. Il ne» paraît paé, cependant,
s'être rendu compte de l'effet que le
projet préparé par ses experts du Tré-
sor britannique ne pourrait manquer de
produire sur le public allié. Sous cou-
leur de tout arranger, l'Angleterre s'est
donné l'apparence de vouloir tirer la
couverture à soi.
Dans ces conditions, il est probable
que la conférence hésitera à prendre le
projet britannique pour base de la dis-
cussion.
Avant de discuter la difficile question
de la répartition nouvelle de la dette
allemande; mieux vaudrait, d'ailleurs,
traiter la question plus urgente de la
prise des gages économiques et des me-
sures à prendre pour ^rétablir l'mordre
financier en Allemagne. A cet égard,
l'avis de la majorité des alliés est'que
les propositions formulées par M. Poin-
caré fourniraient à la conférence le
point de départ qu'elle cherche.
Philippe MILLET.
L'APRES-MIDI AU QUAI D'ORSAY
La conférence interalliée des répara-
tions s'est ouverte hier après-midi, à deux
heures, au ministère des Affaires étran-
gères. Elle avait été précédée, dans la ma-
tinée, à la fois par des conversations pri-
vées entre le président du Conseil et.le
Premier ministre britannique et par un
conseil des ministres français.
Les réceptions officielles du Jour de l'An
n'ayant pas permis à M. Poincaré de se
rencontrer lundi avec M. Bonar Law, très
occupé lui-même à conférer avec son mi-
nistre des Affaires étrangères, lord Curzon,
absent de Londres depuis oinq semaines et
venu spécialement de Lausanne à Paris, Je
président du Conseil s'est empressé, hier
matin, d'aller à l'hôtel Crillon rendre
visite à son collègue anglais. Il a trouvé
auprès de lui lord Curzon, arrivé quel-
ques instants auparavant de l'hôtel Ritz,
où il était descendu et, pendant près d'une
heure, les trois hommes d'Etat se sont
entretenus, de la façon la plus cordiale,
des différentes questions à l'ordre du jour.
Il va de soi que la conversation a prin-
cipalement porté sur la question des ré-
parations qu'allait aborder un peu plus
tard la conférence interalliée, mais en rai-
son de la présence de lord Curzon qui
devait, à 11 h. 30, reprendre le train pour
la Suisse- l'a situation à Lausanne a été éga-
lement examinée et discutée.
Le conseil des ministres
En sortant de l'hôtel Crillon, M. Poin-
caré s'est rendu à l'Elyséë où, l'attendaient
ses collègues du cabinet et où il a mis lie
Président de la République et les membres
du gouvernement au courant, non seule-
ment des entretiens qu'il venait d'avoir
avec le Premier anglais et lord Curzon,
mais des détails du plan français et de la
procédure qu'il comptait adopter au courus
de la conférence de l'après-midi.'
Le conseil des ministres a unanimement
approuvé ce plan.
Elle a été tenue, ainsi que nous rindt-
quions hier, dans .le salon de la Rotonde,
dont les larges baies vitrées donnent sur
les jardins du ministère des Affaires
étrangères. Une table carrée, recouverte
d'un lapis de velours rouge, fut placée au
milieu du salon et, derrière elle, quelques
tables plus petites furent installées pour
les secrétaires et l'interprète officiel, M.
Cammerlvnck.
Commë il est naturel, M. Poincaré arriva
le premier au Quai d'Orsay. Il portait sous
le bras un volumineux dossier.
Quelques minutes plus tard, ce fut le
nouvel ambassadeur de Grande-Bretagne,
le marquis de Crewe, sanglé dans une
impeccable jaquette et coiffé d'un huit-
reflets puis M. de Lasteyrie, et le baron
Romano Avezzana, ambassadeur d'Italie à
Paris et second délégué italien. qui firent
leur entrée dans le grand hatl du Quai
d'Orsay.
Ils y furent bientbt suivis par M. Bonar
Law, entouré de sir Philip Lloyd Greame,
ministre du Commerce, et de sir Eyre
Crowe, tous les trois coiffés du haut de
forme, et par le marquis de la Torretta, le
premicr délégué italien, qu'accompagnait
M. d'Amelio.
Ce furent les délégués belges, MM. Theu-
nis et Jaspar, qui arrivèrent les derniers,
quelques minutes avant deux heure.
Les congratulations et les souhaits de
Nouvel An échangés, les délégués prirent
place aux fauteuils qui leur avaient été
réservés les délégués français au centre
de la table, le dos aux fenêtres donnant
sur le jardin avec en face d'eux les deux
ministres belges à droite, M. Bonar Law
et ses collègues anglais à gauche enfin,
les deux délégués italiens.
Suivant l'usage, ce fut M. Poincaré qui
prit la présidence de la conférence.
Les manquements
Le président du Conseil commença par
exposer, sur le ton d'ailleurs le plus ami-
cal, le point de vue du gouvernement
français dans la question des manque-
ments relatifs aux livraisons de bois et de
charbon.
On trouvera plus loin un. résumé de
cette question. M. Poincaré insista surtout
sur deux points. Il prouva, dates en main,
que la délégation française à la commis-
sion des réparations, et en particulier
son président M. Barthou, ne s'était pas
écarfée, dans la question des manque-
ments pour le bois, de la correction la
plue stricte. Il insista, en second lieu, sur
la nécessité de laisser la commission des
L'arrivée de M. Poincaré portant sous le bras
un volumineux dossier
réparations uotifier le manquement pour
le charbon, sans attendre da fin de da con-
férence.
Sur ce dernier point, M. Bonar Law
répondit aussitôt à M. Poincaré qu'à son
avis, cette question relevait moins de la
justice (right) que de la sagesse (wisdom),
..U demanda à ..M. Boinearé de coasentir à
te que le manquement sur le charbon ne
fût examiné par la commission des répa-
rations qu'un peu plus tard.
M. Poincaré consentit à ne pas insister
pour l'instant, mais laissa entendre que
cette notification devrait intervenir, selon
lui, à bref délai.
Le plan français
Passant alors au plan d'ensemble présenté
par la France, M. Poincaré en fit ressortir
avant tout l'extrême modération.
Il fit observer qu'à la suite des échanges
de vues qu'il avait eus lui-même avec plu-
sieurs membres du gouvernement anglais,
et pour tenir compte du sentiment de
l'opinion publique anglaise, i;l avait intro-
duit. dans le programme français d'impor-
tantes modifications. C'est ainsi qu'il n'est
plus question de cordon douanier à l'est
du Rhin et autour de la Ruhr, ni même
d'une occupation militaire de la Ruhr.
M. Poincaré rappela à cet égard que les
gages économiques recommandés par la
France n'entraîneraient aucune action mi-
litaire, dans le cas où les alliés seraient
d'aecord pour les prendre ensemble. Au cas,
toutefois, où la Fraatce serait amenée à
agir seule, une occupation militaire pour-
rait, dit-il, devenir inévitable.
Le président du Conseil termina son ex-
posé en exprimant la confiance que les al-
liés parviendraient à se mettre d'accord
pour imposer leur volonté à l'Allemagne.
Le plan italien et le plan anglais
Le reste de la séance fut consacré à l'ex-
posé du plan italien et du plan anglais,
faits respectivement par M. della Torretta
et M. Bonar Law.
Celui-ci msista partiçulièrement sur les
charges qui pèsent sur les épaules de la
Grande-Bretagne et l'empêchent de con-
sentir à une annulation de toutes ses créan-
ces, alors qu'elle doit rembourser î'Améfi-
que. Résumant le plan anglais, il fit égale-
ment ressortir qu'i,l ne prévoit pas le rem-
boursement intégral des 20 milliards de
marks or que l'Angleterre a entrepris de
verser aux Etats-Unis.
M. Bonar Law protesta en termes parti-
culièrement énergiques contre la légende
qui représente l'Angleterre comme s'effor-
çant de rétablir l'Allemagne dans son an-
cienne prospérité. Rappelant que l'Allema-
gne est pour l'Angleterre un concurrent,
il ajouta plaisamment que si un tremble-
ment de terre venait à détruire l'Allema-
gne. l'Angleterre n'en retirerait aucun
désavantage.
Parlant du moratorium, M. Bonar Law
insista sur la nécessité de le rendre aussi
complet que possible.
Le Premier anglais parla avec beaucoup
de chialeur de sa volonté de resserrer la
coopération alliée et de sa sympathie per-
sonne'llepour la cause de la France.
La conférence décida alors de s'ajourner
jusqu'au lendemain 3 heures. Entre temps.
il fut également décidé que les trois plans
en présence seraient communiqués à la
presse.
M. Poincaré A l'Elysée
Après que les délégués alliés eurent
quitté le Quai d'Orsay, M. Poincaré tint
avec M. de Lasteyrie et M. de Peretti, une
brève conférence. Le président du Conseil
et le ministre des Finances se rendirent
ensuite à l'Elysée pour mettre AL Mille-
rand au courant de l'état des pourparlers.
Le président du Conseil est ensuite ren-
tré au Quai d'Orsay, où il offrait un diner
aux léga-tions alliées.
Ce matin, conseil des ministres
Bu raison de la situation nouvelle créée
,par le dépôt des trois plans alliés un con-
seil des ministres se, réunira ce matin, à
1< heures, à l'Elysée, sous la présidence
de M. MWIerand. ̃ A. Jullien.
Nous pnblions, à la deuxlème page, le
détails des plans anglais, Italien et français
UNE MANŒUVRE
ALLEMANDE
M. Poincaré expose aux alliés une
proposition de non-agression
qu'aurait faite l'Allemagne par
l'intermédiaire des Etats. Unis
Au cours de la séance d'hier, au
Quai d'Orsay, M. Poincaré a fourni à
la conférence des alliées tes renseigne-
ments suivants sur la prétettdue pro-
position de non-agression qui ataratt
été f aite par l'Allemagne
Dans le discours qu'il a prononcé le 31
décembre à Hambourg, le chancelier Cuno
a. d'après les agences, fait la déclaration
suivante
Pour prouver à la France que nous n'avons
pas d'idées belliqueuses et qu'elle pourrait
évacuer sans orainte la rive gauche du Rhin,
nous avons fait savoir au gouvernement fran-
çais, par l'intermédiaire d'une tierce puis-
sance, que l'Allemagne était prête à mettre en
commun, avec la France et les autres puis-
sances ayant des intérêts sur le Rhin, entre les
mains dune grande puissance n'ayant pas
d'intérêt sur le Rhin, un engagement solennel
par lequel ces Etats s'engageraient, pendant
une génération, à ne pas se faire la guerre sans
y être engagés par lin plébiscite. La France
a repoussé cette offre.
M. Cuno fait allusion à une conversation
qui a eu lieu en effet entre l'ambassade
d'Allemagne Washington et le secrétaire
d'Etat des Etats-Unis.
Lx> 18 décembre, M. Hughes a fait savoir
à l'ambassadeur de France que l'ambassa-
deur d'Allemagne lui avait dit être en me-
sure de proposer la conclusion d'un accord
aux termes duquel l'Allemagne, la France,
l'Angleterre et l'Itatie s'interdiraient, pen-
dant une génération, soit t,rente ans.
de se faire la guerre à moins que la chose
ne soit décidée par un vote populaire.
M. Hughes avait ajouté que si M. Jusse-
rand, après avoir transmis cette indication
à M. Poincaré, recevait de Paris une ré-
ponse encourageante, il demanderait à M.
WiedfeLt de mettre son projet par écrit.
M. Poincaré, à qui cette suggestion fut
immédiatement communiquée, télégraphia
à M. Jusserand que le pacte proposé était
sans doute une manœuvre du gouverne-
ment allemand à la veille de la conférence
de Paris.
Il ajoutait ,que, si le gouvernement alle-
mand voulait supprimer toutes chances de
guerre, on pouvait se demander pourquoi
il limitait à une simple durée de trente
ans la promesse de paix. Cette protnesse
réduite serait, d'ailleurs, tout à fait illu-
soire. En moins de trente ans, la propa-
gande de l'Allemagne pouvait malheureu-
sement y développer de tels désirs de
revanche qu'une consultation populaire
fût, le jour venu, favorable à une agres-
sion contre la France. D'autre part, la
Constitution française conférait à la re-
présentation nationale le droit de paf» ou
de guerre et il n'était pas possible de le lui
retirer sans une revision constitutionnelle.
Le Parlement français, du reste, ne pren-
drait jamais l'initiative d'une guerre quel-
conque. Pour que la promesse allemande
eût quelque valeur, il faudrait, enfin,
qu'elle fût garantie par les engagements
positifs de l'Angleterre et des Etats-Unis,
engagements appuyés sur des accords
assurant à la France, dans un délai déter-
miné. une collaboration militaire défensive
déterminée.
Jusque-la, il n'y avait donc eu ni pro-
position en forme de la part de l'Allema-
gne, ni refus de la part de la France.
Le 21 décembre, au cours d'une nouvelle
conversation, M. Tusserand ayant exposé
à M. Hughes les objections de M. Poincaré,
le. secréaire d'Etat donna lecture à l'am-
bassadeur de France d'un texte en une
seule phrase que, pour préciser les idées,
l'ambassadeur d'Allemagne venait de lui
remettre.
Ce texte, que télégraphia aussitôt M. Jus-
serand, était à peu près celui-ci
Les gouvernements allemand, anglais, fran-
çais et italien s'engagent solennellement les
uns vis-à-vis des autres et promettent à oelui
des Etats-Unis de ne pas faire la guerre pen-
dant une génération, soit trente ans, à moins
que la chose ne soit décidée par un vote popu-
laire, ee qui rendrait la guerre virtuellement
impossible.
M. Poincaré répondit à M. Jusserand que
cette proposition, formulée à la veille du
jour où les alliés allaient prendre parti
dans la question des réparations, appa-
raissait comme une manœuvre grossière.
Le traité de Versailles, précisa M. Poin-
caré, contient déjà, dans son article 10, un
engagement formel de non-agression qui
lie la Francc et, dès que l'Allemagne sera
admise dans la Société des nations, elle
aura le bénéfice et la charge de cette
clause. Le pacte proposé serait donc super-
flu et il aurait même l'inconvénient de pa-
raître diminuer les engagements de l'arti-
cle 10, qui ne sont pas limités à trente ans
et qu'aucune consultation populaire ne
saurait détruire.
En ce moment, l'Allemagne veut de toute
évidence pouvoir équivoquer sur les sanc-
tions que les alliés pourraient tôt ou tard
être appelés à prendre, si elle violait ses
engagements et qui sont prévues par plu-
sieurs dispositions du traité, notamment
par le paragraphe 18 de l'Annexe II de la
partie VIIL La France ne peut tomber daM
ce piège.
Au surplus, M. Hughes n'a pas laissé
entrevoir la possibilité d'une garantie
anglo-américaine. Or, même un pacte de
garantie anglo-américain, dûment ratidé
par le Sénat fédéral, et assurant à la
France, dans un délai déterminé, une
cojlprtxiraticvn militaire défensive détermi-
née, ne suffirait pas à tirer tout à fait la
France d'inquiétude.
En conclusion, M. Poincaré a prié M.
Jusserand de faire comprendre à M. Hu-
ghes la dangereuse hypocrisie de la pro-
position verbale faite par l'ambassadeur
d'Allemagne à Washington.
UNE NOTE DE M. HUGHES
Washington, 2 janvier (dép. Radio.)
M. Hughes, secrétaire du département
d'Etat, annonce officiellement l'échec dé-
fini-tif de la dernière proposition aile-
anonde, suggérant un engagement solen-
nel par lequel la France et les autres puis-
sances ayant des intérêts sur ie Rhin s'en-
gageraient, pendant une génération, à ne
pas^se faire la guerre sans y être autori-
sées par un plébiscite ».
La note de M. Hughps ajoute que la sug-
gestion allemande a été présentée officieu-
sement à la France par le gouvernement
américain mais le gouvernement français
a fait savoir « que la Constitution fran-'
çaise ne permettait pas de faire un plébia-
LA TRAVERSÉE DU SAHARA EN AUTOMOBILE
Voici la Kcyiv?- lu Petit équipée la route, ."SùU-e envoyé spécial, M. Henri Tlié.ar.
auprès du mécanicien. On remarquera que les passagers sont en":a>lloufiés connue pondent
l'hiver en France La température descend Il zéro la nuit et monte à 35 dofrres pendant la
journée, Il est donc nécessaire d'être habillé en conséquence et de pouvoir mettre ou .«enlever
dns vêtements suivant les ctrcoiistanees. C'est la raison pour laquelle les Arabes sont toujours
pourvus de trois ou quatre burnous, pendant Ieurc déplacement?. Le réservoir d'essence sur
lequel l'adjudant est juché contient 400 litres d'essence, c'est-à-dire de quoi couvrir de t300
kilomètres, distance qui en vaut bien le triple, comme on en peut juger par la photo
graphie du bas hendant de très longs parcours, le sol est, cmmne on le volt sur cette pnom-
graphie, parsemé de racines, d'herbes desséchées, sur lesquelles il est Imprudent de passer il
vive allure. Je mécanisme pouvant souffrir des chocs brutaux. Les conducteurs sont donc
obligés d'éviter ces obstacles, tout en conduisant aussi vite que possible, ce qui constitue
une gymkana fatigante 4 la longue.
DIMANCHES ET FÊTES
Chaque lendemain de fête on peut ouvrir les
journaux il y a trois, quatre, six colonnes
d'événements sportifs. Matches de football à'
Paris. Football encore en Languedoc. Combats
|k boxe. Courses de bicyclettes. Circuits auto-
mobïfeir 'courses à pied, grandes épreuves de
natation.
Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il grêle, le sport
ne chôme plus jamais. Les rigueurs de l'hiver
n'empêchent pas nos jeunes gens de s'ébrouer
en plein air. Par dix degrés au-dessous de zéro,
ils combattent sur lès stades, à 'peine vêtus de
courtes culottes et de légers maillets. Et ils
transpirent et ils sont enflammés Sous la
pluie battante, ils courent, à bicyclette ou à
pied, par les routes défoncées. Ils sont barbouil-
lés de bpue. Ils ruissellent I Bah S'ils sont
trempés jusqu'aux os, ils peuvent dire que leurs
âmes de sportifs sont mieux trempées encore
Dès esprits sévères et chagrins déplo-
rent ce formidable engouement de toute notre
jeunesse pour les sports et je viens de lire jus-
tement, dans une revue importante, un véritable
réquisitoire dressé contre le football, le rugby,
la boxe et la bicyclette.
Nos jeunes gens ne se passionnent plus que
pour des exploits physiques gémit notre cen-
seur. Ils délaisscnt les beaux-arts, les lettres,
les poètes. Musset ne les intéresse pas. C'est
Siki qui est leur héros. Nous allons avoir une
génération brutale, illettrée, fermée, super-
ficielle.
Eh bien 1 les esprits sévères et chagrins qui
condamnent ainsi notre époque si vigoureuse-
ment sportive nous prouvent qu'its retardent et
qu'ils ne savent pas, ce que c'est qu'un sport
quel qu'il soit s'il est pratiqué de façon
sportive.
Le sport, c'est, avant tout, l'effort. Apprendre
à la jeunesse à s'efforcer », au lieu de rester
inactive, c'est déjà faire œuvre utile et na-
tionale.
Le sport, tout sport, est une discipline. Le
sport donne ainsi aux jeunes gens le goût de
l'ordre et de la méthode. Il les entraîne à obéir,
à obéir intelligemment et consciemment. Il les
éloigne de toutes les rêveries anarchiques.
Le sport, tout sport, exige un régime qui est
le simple régime de la raison. Pas de saoule-
ries basses, pas de noces imbéciles Les sports
apprennent aux adolescents ce que les intellec-
tuels et les homme! qui ne font pas de sport
n'apprennent qu'à l'âge des rhumatismes, des
dyspepsies, des gravelles et du diabète c'est
que les excès sont meurtriers.
Le sport oblige les sportifs à être propres.
Il n'est pas possible d'être sale quand on ne
porte quim maillot. Ça se verrait Le sport
oblige à la douche, au savon, à l'eau claire. Et
le sport ne serait pas un bienfait
Le sport, enfin, en fortifiant les bras, les jam-
bes, les poumons, fortifie aussi fatalement la
tête. La tête, forcément, participe à l'entrai-
nement. La tête aussi prend du biceps. Il' ne
nous faut pas de têtes faibles
Que les censeurs apaisent donc leur cour-
roux Les sports font courir nos jeunes gens
et ne font pas courir la nation à sa perte.
Le football n'exclut pas la littérature. On
peut aimer la boxe et Verlaine. On peut lire
la rubrique des sports et Horace. Et ja-
mais les éditeurs n'ont vendu tant de livres que
par ces temps de rugby, d'automobile et a d'uper-
cuts ».
Et comme la bonne santé corporelle fait la
bonne santé de l'esprit, les poètes, les roman-
ciers n'osent plus offrir à leurs lecteurs qu'ils
savent sains de jambes et de tête des petites
histoires morbides, des petites choses maladives,
obscures et fumeuses. Et notre littérature elle-
même devient musclée et vigoureuse.
Vivent les sports Maurice Prax.
Une session extraordinaire
du conseil municipal
L'assemblée discutera demain et après-
demain les projets sur les habitations
à loyers moyens et à bon marché
Le préfet de la Seine vient, par arrêté,
de convoquer le canseil municipal, en ses-
sinon extraordinaire les jeudi 4 et vendredi.
5 janvier. if
Celle réunion sera uniquement consacrée
à la discussion du projet sur la construc-
tion d'habitations à loyers moyens et du
nouveau programme de construction d'ba-
fciUUons à bon marché.
DÉRACINÉS
Ils sont des milliers parmi nous. qui»
promenant silencieusement le souvenir
nostalgique de ce qu'ils furent et de ce qui
n'est plus, portent dans leur âme lo fan-
tôme aux yeux bleus de la Vieille-Russie,
du grand Empire semi-oriental qui, com-
me Byzance jadis (et comme elle, sans trop
le savoir) fut le rempart vivant de l'Eu-
rope, contre la barbarie asiatique.
Il,s sont des milliers qui traînent, dans
nos rues, une âpre et douloureuse misère,
d'autant plus pénible qu'elle est plus ca-
chée. Ils sont .des milliers qui ont us4
toute espérance, toute lassitude même, et
que la vie ballotte comme des épaves,
avant de les jeter, dans son caprice, ou
vers le havre sauveur ou sur la côte ofl
l'on meurt, sans bouger, dans d'immen-
ses efforts ».
Ils ne croyaient pas à la révolution. Ils
ne croyaient même pas qu'elle fût possi-
ble. La leçon de 1906 n'avait servi de rieni
en quoi que ce fût, à leurs dirigeants. Et
puis, un jour, la masse des « gens en tou-
loupe .H s'est levée avec le « topor », 4
hache russc, au poing, â la suite, des ou-
vriers- en « roubachka et, sous leur.
coups, le vieil édifice des tsars, tout pou-
dreux, tout rongé de vermicules, tout pour-
ri à la base, mais encore de loin im.
posant par son faite doré, majpifique, s'est
écroulé, dans un immense craquement.
« Ni,tchevo ont-ils dit. Laissons passer
l'orage » Ils sont venus, en Occident.
presque souriants. La révolution? Etait-
elle capable de s'organiser, seulement
Qu'un général un peu rude parût, ta-bas,
â la tête d'une division de cosaques, et les
paysans, au seul nom du tsar, tomberaient
à genoux. Il fallait attendre. trois mois,
six mois, un an. peut-être. Et gaiement,
prenant leur parti de ces « vacances for-
cées », ils ont peuplé les palaces, les grands
hôtels, les villas d'hivernage, les restau-
rants. Charmants, riches, généreux, pa.
risianisés, indolents, ils ont attendu leur
heure, buvant du champagne. et en dila-
pidant, sans compter, leurs ressources der-
nières
« Le temps travaille pour nous i » di-
saient-ils.
Oui. Comme il travaille pour nous tous.
à raboter et à clouer les six planches du
cercueil. Et peu à peu, moins riches,
moins gais, puis pénétrés d'horreur et de
sombre épouvante, ils ont vu se lever
parmi eux les faces hagardes des sœurs
du Destin la Misère et la Mort. Rendons-
leur cette justice. Ils les ont regardées,
sans flancher pour la plupart, avec la bra-
voïire résignée du fatalisme slave. Les
uns, incapables de réagir, ont pris, un
matin, ou leur revolver ou une dose de
cyanure. D'autres, plus musclés, s? son
colletés avec leur destinée un eolom .tl
devenu chauffeur de taxi une grandel
dame de la cour, sous un pseudonyme.
fabriqua des poupées fétiches un naut
i
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.56%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.56%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Ville de Paris Fonds régional : Ville de Paris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "VilledePa1"Déclaration... qui excepte la grande rue du fauxbourg S. Honoré et une partie du même fauxbourg de la disposition des articles VII et VIII de la déclaration du 18 juillet 1724, qui fixe les limites de la ville de Paris... [Enregistrée au Parlement le 13 août 1740.] /ark:/12148/bd6t54200453s.highres Description historique des tableaux de l'église de Paris /ark:/12148/bd6t54199653h.highresCommun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Fonds régional : Ville de Paris Fonds régional : Ville de Paris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "VilledePa1"Déclaration... qui excepte la grande rue du fauxbourg S. Honoré et une partie du même fauxbourg de la disposition des articles VII et VIII de la déclaration du 18 juillet 1724, qui fixe les limites de la ville de Paris... [Enregistrée au Parlement le 13 août 1740.] /ark:/12148/bd6t54200453s.highres Description historique des tableaux de l'église de Paris /ark:/12148/bd6t54199653h.highresCommun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k605252p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k605252p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k605252p/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k605252p/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k605252p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k605252p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k605252p/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest