Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1920-02-29
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 février 1920 29 février 1920
Description : 1920/02/29 (Numéro 15707). 1920/02/29 (Numéro 15707).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/10/2008
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Le Petit .Parisien
Wio'ifi du 3 aofll 1S77 pour les autorités mili-
ta ifes.
Art. 5. L'emploi des moyens de transport et
des locaux prévus aux paragraphes !• 2, 3 et
4 de l'article 2 de la présente loi donnera lieu
une iiKtannitù do location réglée conformé-
menl itn t.irif, qui sera établi par un règlement
U'a-'iiniiiistratiou publique.
Ce règlement déterminera en outre les con-
ditions de l'évaluation et du. règlement des in-
demnités dues pour les fournitures prévues au
paragraphe 5 rtudit article.
Toutes les dépenses résultant de ces réquist-
tions ou de l'embauchage du personnel néces-
saire à l'utilisaton des moyens de transport se-
ront imputées sur un chapitre spécial du budget
\rt. C>. En cas de contestation sur le montant
unités, il sera statué par la juridiction
r">minun, conformément aux disposi-
:̃ i 'article 2G M la loi du 3 juillet.
Art. 7. Quiconpic auru, à l'sidi? de manœuvres
*̃̃•̃. "Hilé ou soustrait à la réqui-
n '1 matières qui y sont lëga-
;Çfndii >. va passible d'un emprisonne-
ment de trois mois à deux ans et d'une amenda
pouvant s'tilûver au duuMe de la valeur de ia.
prestation requise.
Uuk'onquc aura refusé de déférer des'
ordres do réquisition légalement donnés sera
I>a««itiile d'un emprisonnement de six jours à un
mo,is et d'uno amerrda de cinquante francs à.
mVAc francs (50 fr. à 1.000 1t.).
Art. 8. Tout fonctionnaire ou agent de l'au-
-fm-ité publique qui aura sciemment procédé à.
̃des réquisitions illégales sera passible des pei-
iv>* prévues à l'article 174 du Code pénsfl.
.Vrt. 9. L'article 463 du Code pénal et la, loi du
2i'« mars 1891 sont applicables à tous les cas
dans lesquels la présente loi édicté des
pénalitza.
Vt. 10. La présente loi est applicable aux dé-
partement* do 1a Moselle, du Haut-Rhin et du
Bas-Miin, ainsi qu'à l'Algérie.
Les travaux de la commission
supérieure des communications
Dès le 7 février dernier, le ministre des
Travaux publics, d'accord avec sou collè-
gue de la Guerre, avait institué la Commis-
sion supérieure des communications.
Depuis le début du conflit, celte commis-
sinon, qui est composée de tous les repré-
sentants des ministères intéressés, se réu-
nit quotidiennement, sous la présidence
de- M. MaJ1ieu, secrétaire général du minis-
tère des Travaux publics.
Au cours de leurs travaux, les membres
de la commission ont étudié non seulement
les movens d'assurer aux communications
toute l'extension et la rapidité possibles,
mais ils ont également arrêté lès grandes
lignes d'une répartition rationnelle, en
établissant une étroite liaison entre les
différentes services de l'aviation, dea auto-
mobiles militaires et de la T. S. F.
D'autre part, d'accord avec le représen-
tant du sous-secrétariat du Ravitaillement,
des mesures ont été prises pour accélérer
et distribuer les denrées au public.
DANS LES GARES PAÏENNES
Au P.-L.-M.
A la gare do Lyon, dans la matinée d'hier,
le service des trains a été absolument la
même que celui de la veille. Mômes départs
et zrtômes arrivées, celies-ci avec des
retards divers.
La rentrée des « mobilisés u s'est pour-
suivic en nombre restreint.- On s'attend à
de noiiïfrreuse-s rentrées pour demain.
Signalions ce petit fait: ios voyageurs,
britanniques d'un train venant de la Riviera
ront fait une. collecte à l'arrivée et remis
au mécanicien uno somme de .près de
2.000 francs à partager avec le chauffeur
et. 'les conducteurs du train.
Dans la $oiix:e, entre 6 h. et 9 h. 50. on
a pu faire partir dix trains, tant pour la
banlieue que pour Samt-Etienne. Lyon et
VmtiiniUe. C'est une légère- amélioration.
Il nVn iaudrait cependant pas déduire
qu'elle s'accentuera aujourd'hui, car il y
a lieu de tenir compte de ce fait,, qu'hier,
beaucoup de cheminots, surtout en pro-
vince, n'avaient pas encore été touchés par
l'ordre de ç-ève générale, Janeé par ia. fé-
dération.
A la gare des arrivages en grande vitesse
du P.-L.-M., on déclare qu'on est en me-
sure d'assurer le camionnage aux Halles
de toutes les denrées périssables, qui se
sont d'ailleurs raréfiées, un certain nombre
d'expéditeurs hésitant à faire des envois
en raison de la situation.
Aux gares de l'État
La gare Montparnasse avait le même
aspect que la veille. La situation y était la
même dans l'ensemble. Lis trains de gran-
des lignes sont arrivés et partis normale-
ment, mais avec quelque retard. Le service
de banlieue était réduit d'un tiers.
A la gare des Invalides, mëme service
que la veille, mais avec tendance à l'amé-
lioration. Les deux trains de grandes lignes
sont partis dans la matinée. Dans la dire¡:-
tion de Versailles, il y avait une moyenne
de deux trains par heure. Le soir, il y eut
très peu de voyageurs. Les trains de gran-
Des lignes partirent comme à l'ordinaire.
Un certain nombre de traius sont partis
(le la gare Saint-Lazare pour Cherbourg,
Dieppe, le* Havre, ainsi que pour la ban-
lieue. ̃
Le train de marne Fécamp-Dieppe
amena, dans la matinée, cinquante tonnes
do harengs. Quatre petits trains de Bre-
tagne sont également arrivés, chargé^ de
légumes, de beurre et d'œufs.
Dans la cour de la gare, des autos-cars
chargeaient des voyageurs pour Asnières
ie prix de la place était de 2 francs. D'au-
ires étaient à leur disposition pour les em-
mener jusqu'à llouen, moyennant 100 fr.
Au gares du P.-O.
La situation s'est considérablement ag-
gravée sur ce réseau, où la grève avait éts
décidée en principe avant que l'ordre en
fût donné. Aussi les ouvriers s'y confor-
mèrent-ils pour la plupart quand il leur
parvint. Toutes les classes d'activé ayant
tlé mobilisées, il y aura peut-être une
amélioration demain.
A la gare d'Orsay, les électriciens seuls
N* 91. -'Feuillet.on du Petit Parisien
L'ARRET DE MORT
ROMAN D'AVENTURES
DEUXIEME PARTIE
LESÉCUMEUES DE GUERRE
XI (suite)
Le commandant Simon Levaillauf
L'après-midi de ce dimanche était plu-
'vieux et maussade. Le travail ne cessait paa
chez Sturberg le dimanche. Toute la France
faisait, en ces jours de fièvre, un effort im-
mense dans sos ateliers, ses usines, ses fa-
Irriques et ses forges, afin de pourvoir aux
dépenses gigantesques de canons et de mu-
nitions que le front victorieux réclamait
sans cesse.
On sentait que la fin approchait, pleine
de gloire, et que c'était la délivrance, et la
malien était haletante, arc-boutée sur ses
peina et les muscles godflés pour un der-
nier assaut de la lutte monstrueuse.
Comme le jour était sombre, Isabelle
èvait relevé les rideaux sur les fenêtres
afin de Laisser pénétrer plus de lumière.
Et, ce jour-là, causé de l'humidité
froide, aucun malade n'avait eu la permis-
sion de sortir. On ne voyait, traversant la
cour et les jardins, que des directeurs au
quelque employé faisant, pour une commu-
Copyright by iaie* Mary. Tous drolts de tra-
Buctlon, reproduction, adaptation interdits.
ont fait défection à la relève du matin. Le
personnel est resté à son poste jusqu'au
soir. A partir d'une heure. cependant, les
trains no purent plus être aemarqués, mais
ce fut uniquement à cause du manque de
courant.
Dans la journée, !il arriva vingt trains, et
il en partit six. Les livraisons de marchan-
dises ont eu lieu.
A six heures du soir, la gare d'Orsay' a
envoyé à celle d'Austerlitz, d'où se font à
présent les départs, tout le personnel
disponible.
A la gare d'Austerlitz, les défections ont
également été très nombreuses dans tous
lea services, notamment après la relève de
13 heures. Le traflc n'a pourtant pas été
arrêté, le personnel restant s'étant mis a la
besogne avec les hauts fonctionnaires de la
gare, On put ainsi assuror 90 0/0 du trafic
jusqu'à midi, et 30 0/0 à partir de cette
heure. Douze trains ont été mis à la dis-
position des voyageurs. Toutes les mar-
chandises ont été livrées sept trains de
,lait et de denrées diverses ont circulé, et
'la compagnie a fait le nécessaire pour ren-
voyer aux pays producteurs ceux qui em-
portent les pots vides, afin de permettre
leur retour aujourd'hui. Un train spécial a
môme été organisé à cet effet.
A la gare de l'Est
Six trains de grandes lignes et cinq de
banlieue sont partis de Paris daqf la ma-
tinée. D'autre part, les express de pro-
vince et d'Alsace-Lorraine sont arrivés
ainsi que deux trains de banlieue. La com-
pagnie compte organiser le trafic en se
passant du concours des grévistes d'ici de-
main. Les départs s'effectuent pour Châ-
Ions, Epernay, Meaux mais le service est
très réduit
A la gare du Nord
Les départs se sont effectués avec régu-
larité. La défection d'un certain nombre
de mécaniciens a obligé la compagnie à
supprime quelques 'trains de banlieue.
Les ateliers de la Chapelie sont déserts.
Vincennes et Ceinture
Les défections pami le personnel des dé-
pôts de la Varenne et de Nogent-Vincennes
étaient légèrement supérieures à celles de
la veille. Toutefois, en raison des mèsures
prises, le nombre des trains en circulation
a pu être augmenté.
Il s'est produit un assez grand nombre
de défections sur la Ceintura toutefois
pitosieiurs trains ont pu être mis en mar-
che.
EN PROVINCE
(L'ordre de grève générale n'a pas été obéi
partout par les cheminots 'par contre, il a pro-
voqué par endroits la mise en grève de certaines
corporations désireuses de manquer leur solda-
rité'. C'est le, cas du personnel du canal du
Rhane. D'autre pa.rt, les ouvriers des construu-
tions navales des chantiers de Provance, les mé-
tallurgistes et les ouvriers des raffineries de
sucre de la >&>dHe>tran<ée pcomettent leur appui
aux
Un peu partout, par les soins des compagnies,
les mâ-rcha-Bd-ises périss'aiyies qui se trouvaient
en panne dans les gares ou sur les quais ont
été mises en vente.
La répercussion de la grève
en Angleterre
Londres, 28 fév. (dép. Petit Parisien.)
Les premières répercussions de la grève
des cheminots français se sont fait sentir
ici aujourd'hui.
La compagnie du London-Brighton-Rail-
way il. dû. en effet, suspendre, ce matin, le
service iS'-ewhaven-Dieppe, en raison de
l'internuption des communications entre eo
port et Paris.
La compagnie du South-Eastern a main-
tenu aujourd'hui encore son service sur
Calais et Boutonne, mais elle craint d'avoir
à le cesser, si la grève s'étend encore en
France.
De même, la Soutli-W estera annonce que
le paquebot de Southampton partira ce soir
pour le Havre, mais ne prend aucun enga-
gement pour demain.
En revanche, les services aériens de Lon-
dres à Paris ont été doublés. Six avions ont
quitté Houasiow et Cricklewood pour le
Bourget, avec plein chargement de voya-
geurs, de colis et de sacs de dépêches et de
journaux. Le poids toutal -des marchandises
emportées aujourd'hui par la voie des airs
a dépassé 1.300 livres.
L'essence réservée
aux services du ravitaillement
En raison de la grève, les raffineurs de
pétrole ont été invités à réserver la pres-
que totalité de leurs stocks aux services du
Deux instructions sont ouvertes
contre le « libertaire
Le première vise le délit de provocation au vol
et au pillage, à propos de la grève des che-
minots la seconde, un appel à la désobéis-
sauce des conscrits de la classe 1S20.
A la requêle du parquet de lu Seine, une
double enquête vient 'd'être ouverte contre le
Libertaire. Le dernier numéro de cette feuille
contenait, à. propos de la grève des cheminots;
un article non signé, nu le parquet relève les
rlélits de provocation au vol et au pillage, et
celui du 15 février, arî-îcle signé Louis Lareal,
provoquant à la désobéissance les conscrits de
la classe 20.
L'affaire viendra devant la juridiction correc-
tionnelle, en application de l'article de la
loi du 29 juillet sur aa liberté de la presse
et l'article de la loi du 28 juillet 1894 sur
la répression des menées anarchistes.
M. Jousseiin, juge d'instruction, est chargé
de suivre l'enquête.
Perquisition rne Saint-Sauveur
A ty suite de ces diverses inculpations, M.
Fiiralioq, commissaire de la pohce judiciaire,
s'est rendu, hier matin,. l'imprimerie la Pro-
Ktirotric» installée dans la cour du 51 de la
rue Saint-Sauveur, et dirigéa par M, Landrin.
'Le magistrat a longuement perquisitionné
dans l'atelier et les bureaux et saisi de nom-
breux tracts révolutionnaires, notamment des
exemplaires d'un « Appel aux conscrits ».
nication pressante, la navette entre le châ-
teau et la fabrique.
Quand une femme vint annoncer Isa-
belle que Simon Levaillant désirait lui par-
ler, elle fut troublée infiniment, bien qu'elle
s'y attendit.
Et en s'avançant vers lui, les mains of-
fertes, son sourire tremblait.
Sans autre préambule, le cour chaleu-
reux Simon lui disait
Je vous ai remerciée chaque jour, ma-
demoiselle, de tout le dévouement dont vous
nous donniez tant de preuves, mais je tiens
à ce que vous sachiez que je me rends très
bien compte que je vous dois, à vous en
particulier, de.vivre, et mon retour à' la
santé. Je ne vous oublierai jamais.
Elle secoua la tête.
Si, vous m'oublierez.»
Non, mademoiselle, ni vos soins si at-
tentifs ni le charme de votre beauté dont
l'approche était pour to les douloureux
qui frissonnaient dans leur lit, un soula-
gement et une espérance de vie meilleure.
-J'ai soigné tous mes blessés et tous mes
malades, sauf un seul, avec une égale ten-
dresse comme s'ils avaient été des frères
pour moi ou des membres de ma famille.
sauf un seul pour lequel ma pitié était plus
grande que pour les autres, auprès duquel
j'étais plus heureuse que partout ailleurs.
La gratitude de ceux qui taient là me tou-
chait profondément et ils avaient une si
gentille façon do l'exprimer Mais n'eus-
sent-ils rien dit que j'aurais été entière-
ment récompensée par le sourira d'un seul.
J'ai honte de vou ? laisser voir ainsi le fond
de ma pensée, mai; voici l'heure inévitable
de notre séparation. Nous ne nous reverrons
jamais, sans doute. Et je n'ai pas le cou-
rage de vous laisser partir sans que vous
Une manifestation des hôtelierS
ILS SE RENDENT EN CORTÈGE AU MINISTÈRE DE LA JUSTICE
La chambre syndicale des hôteli'ers avait
convoqué hier tous les hôteliers de Paris
à une grande réunion ayant pour but de
protester contre les poursuites pour hausse
illicite des loyers. L'assistance était très
nombreuse.
L'ordre du jour suivant fut adopté
Las hôteliers de Paras protestent contre ]AS
poursuites injustifiées dirigées contre d'honnê-
hôteliers qui n'ont augmenté le prix de lo-
cation des chambres que dans la mesure de
l'augmentation des fournitures d'hôtel et de
l'augmentation du prix de la vie. Ils réclament
la justice de la justice.
Après la réunion,.les hôteliers se sont
dirigés en cortège, par !es boulevards, vers
le ministère de la Justice, afin d'y déposer
le texte de ce vœu.
Le cortège parvint sans incident jusqu'à
la place de l'Opéra. Là. les manifestants
· furent un instant arrêtés par un barrage
d'agents. Mais le barrage s'ouvrit ensuite,
après qu'explications eurent été données à
la police sur la nature de la manifestation.
Faute d'avoir prévenu le ministère de la
Justice; par téléphone ou par quelque au-
tre moyen, pour demander audience, l'ar-
rivée du cortège provoqua place Vendôme
un malentendu. On crut. qu'il' s'agissait des
cheminots. Les portes du ministère de la
Justice avaient été fermées en hâte. Un
huissier, par la porte entre-bâillée, parle-
monta avec la délégation. Finalement celle-
ci, ayant à sa tête M. Rougier, président de
la chambre syndicale, fut admise auprès
du ministre/
Après avoir soumis à NI. Lhopiteau l'or-
dre du jour voté à la réunion, -NI. Rougier,
au nom de ses collègues, fit de nouveau
l'exposé de la question et des doléances de
l'industrie hôtelière. Le ministre donna aux
délégués l'assurance que les faits et les
mesures faisant l'objet de leur démarche
seraient examinés a nouveau, avec le souci
de concilier tous les intérêts légitimes, et
que la suggestion particulière émise sur
l'utilité de consulter la chambre syndicale,
avant toutes sanctions surt les faits du
mème ordre à venir, serait très sérieuse-
ment envisagée.
Pendant ce temps, les agents, amenés sur
les lieux en assez grand nombre, sur la
fausse information. sans doute, qu'il s'agis-
sait d'une manifestation des cheminots,
priaient les hôteliers, manifestants bien
paisibles, de dégager 'la place Vendôme, ce
qui fut fait dans le plus grand calme.
LES REPRÉSENTANTS* DES
REÇUS PAR M. iSMC
Les présidents de l'Alliance syndicale du
commerce et de l'industrie, de l'Association
générale des tissus et matières textiles, du
la .Fédération des commerçants-détaillants
et'd'autres groupements corporatifs, repré-
sentant au total plus de deux cents c-hain-
bres syndicales de commerçants se sont
rendus, hier, au ministère du Commerce,
où ils ont été reçois par M. Isaac.
Les représentantes de ces associations ont
attiré l'attention du ministre sur de récen-
tes décisions de justice, concernant l'appli-
cation des lois sur la .spéculation illieit<\
prises l'égard de commerçants établis et
contraires au texte et à l'esprit de ce.s loi*.
Les associations souhaiteraient que le
bénéfice commercial ne fût pas apprécié
sur une opération isolée et qu'avant toute
décision de justice, les chambres syndicales
intéressées pussent porter à la connaissanr-o
des. juges les usages commerciaux de la
corporation.
enfin, les représentantes des associations
ont demandé in-stammcnt au ministre que
les commençantes honnêtes, qui ne font qu-i
suivre les usages traditionnels de leur cor-
poration* ne soient pas journellement expo-
sés à des perquisitions, à des poursnites et
k>dps cM'dafena'tions, qui pussent les ,fa,ira
confondre par le publie avec les merc-air-
tis, dont ils sont les premiers à réptouvei*
les actes n.
ÂTl'hqteljde VILLE
Les nouvelles taxes. M. Lslou, rapporteur géaé-
ral du budget, a déposé son rapport sur les res-
sources à créer en vue d',équilibrer le budget de la
tlllie de Paris. M. Lalou approuve l'ensemble des
froiurca proposées p*r le préfet, en vne de la res-
ta".r3f!on par étapes des nnamrfR de la Vt'V.
Lo dégagement des Halles. Daais une note qu'il
il /•o-umiunUjitée au conseil municipal, M. Jeaa Morin
s'élève contre l'enconibrifiient de-, -Halles et ré-
clame la prompte applicatIon d'un ensemble do
mesure;! propres à remédier à la situation. Il de-
mande notaatme.nt de reporter le niarcliô aux (leurs
place c!e la Cité, la. suppression dn commerce de
détail et de» commerces accessoires d'aimanta-
tion aux terrasses des débits de boisson ou au-
deyant de certaln; magasins dans les rues étroite
avolslnant le grand marché parlsieu.
L'assistance aux Jemmes rn couches et uuz famil-
les nombreuses. Le conseil général va être appelé
Il se prononcer sur divers vœux déposés par M. A.
Mcuniè, il qui se sont joints nonibw de ses collè-
gues, d?,iii!r.rta-iu notamment accordée aux maximum
coûtées et la prime d'ellattenvnit soient doublés,
c'est^i-dire portés respectivement à 3 fr. et à 30 Lr.
que le taux maximum légal de 90 tr. pour les fa-
milles nombreuses soit porté Il 180 fr. par an et,
ennn, que l'allocation mensuelle accordée aux vieil-
lards, infirmes et Incurables soit augmentée.
La politique économique de la Ville. üi. F. La-
tour présentera, lors de la discussion sur, la poli-
t!que de la Ville, un projet de résolu-
tion auquel se sont associés nombre de ses cane-,
Dajspl, Hasseler, René Piquet, Kaîîjrnon et de Foule»
nay, tendant à ce que le nombre des baraques ne
soit pas augmenté et que leur vente reste limitée
aux besoins tliicentsires et ménagers que les
adiaîs en gros par la Ville soient continués, mais
nue le commerce libre et les coopêratiws partl'ci-
pent pour moitié à Ia vente, à des prix déterminés,
de ces mareharKiiïei.
La grève des imprimeries de labeur
Le syndicat p-atron-al des imprimer typograp'hes
nous commimlque une note qu'il adresse aux ou-
vriers de l'imprimerie.
Aprfrs avoir expliqué que la lui du 23 avril et
le règlement d'administration publique y sn-nexé
prévoient 216 heures environ de travatl sirpptenen-
taire que peut demander Knnuellemcnt le patron,
le. syndicat se dérlere prêt Il accepter l'arbitrage-
du ministre du Travail, afin qu'aucun maleutenuu
ne subsiste sur celle question.
aylz du moins deviné. quelle sorte. de
sentiments vous laissez ici.
Mademoiselle.
Il lui prit la main et la garda dans la
sienne.
Elle baissait les yeux. On eût dit qu'elle
était devant un juge.
J'ai peur de vous causer de la tristesse
et pourtant je ne puis pas vous laisser igno-
rer ce qui se passe en moi. Je vous jure,
mademoiselle, que .si mon cœur avait été
libre, et s'il n'était pas tout plein d'un grand
deuil, j'aurais été touché de votre atten-
tion. Si vous m'avez vu toujours silencieux,
renfermé, fuyant même les entretiens dans
lesquels vous tentiez de me distraire, ce
n'est pas seulement parce que je ne pouvais
chasser de moi un souvenir auquel se ratta-
che toute mon enfance, toute ma jeunesse,
c'est aussi parce que j'entrevoyais l'heure
détestée où je devrais m'expliqua avec
vous. Ma vie a été remplie par un grand
amour. dont je porte le deuil.. car je Le sais
depuis des années, ce jue ma fiancée est
devenue. et j'ai peur. j'ai peur qu'à force
de misères de privations et de mauvais trai-
tements elle ne soit rr.orte'en pays occupé.
Vous le voyez, mademoiselle, je suis
frappé trop cruellement pour qu'il me soit
possible de m'abandonner à la joie de vous
aimera.
Les yeux, d'abord baissés, s'étaient fer-
més complètement. Elle soulfrait, son cour
battait à grands coups précipités. Et elle
était pâle. pâle. Dans la main de l'offi-
cier ses doigts, qu'elle n'avait pas retirés,
se glaçaient.
Elle murmura, très bas
Quel beau rêve
Et c'est aloro seulement qu'elle retira
sa main.
Petit Parisien M Par Charles-Henry HIRSCH
M. Connétable avait eu l'infortune de
perdre sa femme sans savoir si elle était
morte. Un soir, il ne l'avait pas trouvée au
logis à son retour du bureau. Elle avait em-
porté la maHe conjugale, ses hardes, l'argen-
terie et les mouchoirs du ménage, la montre
du grand-père Connétable, don de Napo-
léon III à son « fidèle piqueur », la collec-
tion de timbres-poste du ponctuel employé
et l'habit' noir qu'il s'était commandé pour
ses noces, quelque cinq ans plus tôt. Il avait
eu, avec un peu de peine, beaucoup de honte,
à cause de l'opinion des locataires, de ses
collègues en écritures et de son concierge.
''Celui-ci, d'ailleurs, l'avait réconforté, lui
montrant un fin bon sens, dès le lende-
main
Vous n'êtes pas le premier. à qui ça
arrive. Vous ne serez pas le dernier. Alors ?
Faut laisser tomber la pluie, puisqu'on ne
peut l'empêcher 1
Le temps avait passé. M. Connétable était
devenu chef de bureau. Il avait -reconstitué
une collection de timbres-poste digne de
l'autre. Le ruban violet décorait d'une note
de mélancolie discrète sa redingote quasi
sacerdotale. Une petite bonne à tout faire,
pas longtemps la même, mais toujours
blonde avec des joues pommées et d'ai-
mables complaisances, mettait de la gaieté,
de l'ordre,. un passager désordre parfois,
dans l'intérieur du fonctionnaire. Cela lui
tenait lieu d'amour et il aimait la vie en
honnête homme certain que nulle femme
ne le troublera désormais.
Un samedi, consultant son agenda, il n'y
lut aucun engagement pour la semaine pro-
chaine, sauf cette indication secrète: r. b,,
que lui seal pouvait traduire eu clair à
vue d'ceil revuoyer la bonaae.
Il venait de bien diner et il attendait mieux
encore de Célesta. Elle- le servait donc depuis
cent jours ? C'était l'extrême délai que sa
prévoyance accordait à la meilleure servante
afin de lui garder un bon souvenir et d'assu-
rer sa-prdpre tranquillité.
Célesta l'avait compris à demi-mot chez la
placeuse. Elle avait devancé son désir, en
s'informant, d'un air trop candide pour
n'être pas une feinte:
Puis-je demander à monsieur s'il four-
nit le savon fin?
Elle avait tenu largement les promesses
de cette élégante indication. M. Connétable
referma son agenda et il ouvrit son exem-
plaire en'veau des Liaisons dangereuses dont
il aimait au moins une fois l'an la compagnie,
Il relisait de même Crébillon le fils, Parny,
et quelques autres -conteurs légers, dans les
éditions anciennes. C'était son luxe, outre
des cartons de gravures et d'eaux-fortes à
la louange de la femme. Il lui plaisait infini-
ment de le taire et de cacher son cœur sous
le noir mat de la redingote. Nul ne lui savait
ces goûts ni que, près de la trentaine, il
avait confié à l'album d'une jeune file que
son héros romanesque préféré était Valmont
et qu'il eût aimé d'être la Pompadour. Cette
inscription avait causé quelque scandale. li
lui dut les avances de celle qui lui fut unie
par les liens du mariage et s'y trouva si mal
qu'elle les coupa sans l'avertir. La pensée de
cette mésaventure lui était intolérable il
tfa*aif jamais.-çu.ï€stpliquer pourquoi la fu-
gitive lui avait emporté 'son frac. Les
couverts, le 4ijou de famille, la collection de
timbres, il en voyait l'emploi. L'habit à
qu*ue-de-pie ? Cela le tracassait encore, jus-
qu'à l'irritation, comme ce soir, quand il
éprouvait une contrariété domestique.
Il délaissa le livre où Mme de Merteuil
corrompt si méchamment Cécile de Volanges
et la vertueuse présidente de Tourvel, pour
songer à ce qu'il perdrait en congédiant Cé-
lest! Elle allait bientôt lui servir sa tasse
de café. Il verrait alors s'il changerait de
servante.
Lce cent jours de Célesta étaient donc ré-
volus, à quelques nuits près! Jamais favorite
et ménagère n'avait, autant que cette blonde
bonne fille, permis à M. Connétable de mesu-
rer la courte durée du second empire de
Napoléon I". Il ne songeait pas que le même
temps avait pu paraitre interminable à
Louis XVIII dans son nouvel exil. Il sonna,
sans savoir s'il désirait son café ou la pré-
sence de Célesta. Il eut les deux à la fois
mais la seconde le bouleversa d'un étonne-
ment sinistre.
Vous me servez, en chapeau, avec des
gants, un samedi, Célesta
La savante gradation qu'il réalisa Il ne
l'avait point cherchée.
Oui, monsieur, soupira la bonne à tout
faire.
Elle déposa le plateau devant son maitre.
Il nc sentit pas son café dont il était friand.
Elle fleurait à plein nez l'héliotrope.
Enfin, me donnerez-vous la significa-
tion de votre tenue?
M. Connétable visait à la dignité. Il la
dépassait, solennel, presque royal.
Je parlerai à monsieur quand je lui
aurai versé sa tasse et mis son sucre.
Et Célesta remplit ce double office, tandis
Je vous demande pardon. monsieur.
de 'vous avoir iaissé deviner. de n'avoir
pas su me taire. Une jeune fille française.
aurait eu plus de réserve, je le comprends.
mais cette séparation brusque la fièvre
des événements qui se passent. de ceux
qui sont attendus. et surtout la certitude
que demain vous serez loin de nous et que
ce sera fini. tout cela fait que.
Elle se tut.
On devinait que si.elle avait continué de
parler les larmes auraient coupe sa voix.
Simon, grave, la plaignait. si franche dans
son aveu, et surtout si prête à la souf-
france.
Ils s'étaient rapprochés de la fenêtre tout
en causant.
Un bruit de pas, en bas du château, sur
'les allées, attira l'attention du jeune hom-
me. une attention de curiosité machinale
et de pensée absente.
Une jeune flile, d'un pas alerte, un por-
tefeuille en cuir sous le bras, suivait les
contours des massifs sur lesquels s'abattait
do temps en temps, comme à regret, quel-
que feuille morte que l'automne détachait
des arbres.
Elle était enveloppée, à cause de l'humi-
dité du brouillard qui tombait en gouttes
de pluie chaque fois qu'un peu de vent
secouait les branches, d'un grand manteau
de caoutchouc dont le capuchon était rele-
vé sur sa tête nue.
Comme elle tournait le dos, Simon ne
pouvait voir ses traits.
Et, du reste, il n'arrêta pas sur elle son
regard et le détournait déjà lorsqu'un da-
tail, un geste, une attitude rapidement
surprise, éveilla soudain sa mémoire, et
lui fit reporter les yeux sur la silhouette
qui s'éloignait.
que le chef de bureau la humait en diversion
à de funestes pressentiments.
Je ne sais plus si c'est deux ou trois
morceaux que monsieur met ?
Quatre, Célesta
Elle lâcha la pince à sucre, parce que le
gant lui ôtait de l'adresse. M. Connétable
était singulièrement ému. Il tourna la cuiller
dans la tasse, d'une main molle, désabusée,
qui exprimait la vanité de vouloir contre
les décrets d'en-haut.
Et maintenant, m'expliquerez-vous?
dit-id.
Il regretta son impatience, à voir le désar-
roi de sa servante. Elle se taisait encore. Ce-
pendant, sa ferme poitrine était houleuse.
Célesta, si vous vouliez sortir, pourquoi
ne pas me l'avoir demandé ?
Il insista, tendre comme on ne l'est guère
avant la cinquantaine
Suis-je donc un si mauvais maître ?
Oh non, monsieur!
Alors?
Je ne demande pas à sortir. Je, quitte
monsieur.
Quoi ?
Je quitte monsieur.
Elle le vit se croiser les bras, gonfler ses
Joues à favoris poivre et sel, implorer des
yeux une assistance providentielle.
Je quitte monsieur par peur de m'atta-
cher à lui.
Le bonheur baigna M. Connétable. Il
écarta son fauteuil du bureau, pour sortir
d'entre les piliers à tiroirs ses jambes où il
éprouvait un fourmillement.
Peur ? Vous ?. Tu n'es donc pas
brave, Tata?
Le tutoiement paternel, le diminutif
allègre amollirent la résolution de Célesta.
Elle obéit à une instante pression de la main
patronale. Sans plus craindre le sort qu'elle
venait de prévoir, elle se trouva assise sur
un genou de M. Connétable.
Si l'homme avait été moins sensible à
l'héliotrope qui parfumait Célesta et à la
fermeté de son être, il aurait surpris la rase
dans les yeux et à la bouche qu'elle avait la
mine de lui cacher par 'pudeur. Il parla da
passé comme d'un bocage du paradis. Ses
doigts se divertissaient à flatter le présent.
Et il promit à la fausse peureuse un avenir
de délices.
N'es-tu donc pas heureuse ici? La
place n'est-elle pas bonne ?
Si, monsieur. C'est justement pour-
quoi.
Alors, parce que tu es heureuse, tu
veux me quitter ?. Et moi .?. Y as-tu pensé,
jolie vilaine égoïste ?
Que monsieur ne me gronde pas j'ai
trop de peine.
M. Connétable la dérangea un peu pour
faire sonner son chronomètre. Le carillon
gai annonça huit heures et quart.
D'abord, ne m'appelle plus monsieur 1
Il n'est pas encore la demie, pourtant.
Ça ne fa;t rien 1 Il n'y a plus de demie
qui tienne Appelle-moi Martial et dis-moi
Le lyrisme emporta M. Connétable. Il cul-
buta.ses habitudes. Il nia que prévoir fitt une
condition du bonheur. Il mêlait les familia-
rtés.à.la philosophie, dans .un mélange sa-
voureux. Il évoqua les guêtres en velours
de Louis XVIII à Gand et les bottes du
Tondu à Waterloo. Célesta n'était dupe de
cette science ni de cette verbeuse ardeur.
Elle laissait mûrir une idée en elle, aux
feux de la chaude improvisation. Quand
celle-ci lui parut à son ternie, elle dit, debout,
loin de toute atteinte à 'a. personne morale
qu'elle allait révéler
Martial, je sais que tu ne gardes jamais
tes bonnes plus de trois mois. Si tu faisais
une exception pour moi. Oh! ne nie pas je
sais. Ouvre ton agenda, Martial. Ouvre-
le Tu as écrit, à la date de mardi pro-
chain r. 1. b. Dois-je continuer ?.
M. Connétable n'en croyait ses oreilles.
Puisque j'ai fait mes cent jours, je
pars. Je t'aime encore, moi !'s'écria-t-elle.
Les larmes lui jaillirent. Les bras de
M. Connétable la rappelaient. elle se réfugia
contre lui, murmurant
Si tu me gardes, Martial, prends une
bonne. Moi, je ne peux plus voler sur ton
beurre, tes oeufs, ta boucherie. nour avoir
des robes et des dessous dignes de toi Car
je te volais. pour te plaire
Elle .chait son visage plein de honte, au
risque de chiffonner son chapeau. M. Con-
nétable jouissait de ces pleurs répandus pour
lui et qui étaient nouveaux à ses sens disci-
plinés.
Célesta. tu iras chercher une bonne
lundi. et je te garde 1
Tu vas voir, comme tu vas être heu-
reux promit-elle.
C'était l'heure et le jour que son maître,
ponctuellement, allait au cinéma. Pour inau-
gurer l'élévation de Célesta. il la convia à
l'accompagner, d'une toute petite phrase qui
n'avait l'air de rien et instaurait un règne.
Charles-Henry HIRSCH.
Cette silhouette, cette façon de tourner
la tête, ce geste qu'elle -enait de faire
pour ramener contre eue les pans flottants
du manteau, et la couleur des cheveux, un
instant entrevue, dans l'éclair de ce geste,
tout cela, brusquement, venai-t d'évoquer
une image lointaine ei chérie. celle de
Roland i
Et sans réfléchir à ce que sa question
avait d'étrange
Quelle est cette jeune fille ?
Une des secrétaires de mon père.
depuis très peu de temps chez nous.
Isabelle avait repris son calme. El!a
murmura avec un sourire triste
Je vous ai demandé pardon.
Et moi, mademoiselle, je voudrais vous
supplier de ne pas me retenir. Votre ami-
tié.
Je n'ai pas de jalousie, je n'ai pas de
rar.cune, mon cceur ne peut haïr. Vous
vivrez toujours ici fit-elle en appuyant
la main sur sa poitrine tel que vous y
avez vécu depuis le jour où je vous ai vu
pour la première fois.
C'est ainsi qu'ils se séparèrent.
Mais c'est à peine si l'officier entendit les
dernières paroles de la jeune fille.
Et une sorte d'inquiétude vague montait
en lui.
En bas, il hésita.
Irait-il vers cette silhouette entrevue et
qui disparaissait dans le lointain des
arbre»? Ou bien, en haussant les épaules,
allait-il s'éloigner ?
Et pendant qu'il se faisait ces réflexions,
il marchait. vers le fantôme dont certains
gestes avaient bouleversé son cœur.
Il ne put le rejoindre. Il le vit qui entrait
à la fabrique.
CHRONIOLÎËJUDÏCIAÏRE
LA BANDE OU TATOUE
au' cours rte l'année quc se ehjflr >̃»
do;n, mer devant la cour .>dre la bande de Lucien dit Lu.ica Lfl
ïatoj*. déjà rtix-neiif fols condamne.
Le Tatoue avait pour lieutenant Louis Hoerter,
dit lc Satyre Jules d'Hély, dit Doubou-le, et, poui
adjoiiire. -a nialtrnssc, Eugénie Bekeoian
Quand oi. vint l'arrêter. à la siiitp ti'ûu c:eurtr«
que. dan' la nuit du i" janvier Il Il avait com-
mis, avenue de la République, il iv,ut à coups de
revolver les agents, qui, en ripostant, le blessèrent»
Le principal- moyen de défense du Tatoué a été
^précisément son tatouage. Il parait, on effet que
ce tatouage s'étend sur tout son corps, il* la t#t»
aux pieds, et les médecins en ont coirelii qu'une
man'e poussée ce degré décelait une mentalité
anormale.
Après plaidoiries de Lionel Nastorg, Romand
du Carllaii'l. Fabien Albettln, ct Thaon. la Cour a
condamné Lucien Brlolat, dit le Tatoué, et Hoerter
aux travaux forcés à perpétuité Hély, à 8 ans de
travaux forcés et dix ans d'interdiotlnn de séjour 1
Eugénie Bekemzn, à 2 ans d;> prison
Les sept péchés capitaux
Le gourmand supprime un plat à cha-
que repas.
Le paresseux travaille une heure de-plug
chaque jour.
L'orgueiKeux renonce à une dépense
aompbuaire qu'il eût faiin pour éblouir
son voisin.
L'envieux songe aux veuves de la guer-*
re :il ne.- peut s'empêcher d'avouer qu'eu
comparaison il est dieureux il se trouva
riche.
Au lieu de se mettre en colère et de tout.
briser, celui-ci reste doux, ne casse rien et
évite de stupides dépenses.
Au lieu de satisfaire un vice qu'il n^
convient pag de nommer, cet autre deWl
vient'chaste et, par ces temps de vie chè-
re, fait de grosses économie.
Tous se corrigent de leur défaut ̃pourvu
pouvoir souscrire à l'Emprunt.
Mais il en est un, au contraire, qui sous..
crit l'Emprunt pour satisfaire son vice,
c'est l'Avaue. Il achète 100 francs un titra
qui lui sera remboursé à 150 franco et qui
lui rapportera par an 5 francs qu'il repla-
cera aussitôt il a fait le calcul dans
60 ans, prime de remboursement et iutb-
rets accumulé^! atteindront francs.
RHUMATiSMES'&tW
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MALAVAMT.'?. Bue de* Deax-Ponls,I>ARIS,B."och;ir!s tvtaco-
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sa IBOirTiESS do l.©0 M
portant le nom
1!
Mars eue reviendra et suivra ie memai
chemin.
Alors, il prit place sur un banc de pierrà
et attendit patiemment.
Quelques minutes seulement s'écoulèrent
et là-bas, sortant de. la cour où passaient et,
repassaient des ouvriers, reprenant le che-
min qui menait au château, une jeune fllle
se montrait.
Indécise encore, à cause de 1 éloigne-*
ment, mais plus visible, plus précise à cha-
que pas qu'elle faisait en se rapprochant
du banc de pierre.
Elle se hâtait et comme le brouillard tom^
bait toujours en fines arouttelettes, à tous
les passages du vent, elle avait gardé son
capuchon.
Elle s'en venait tète baissée, ne s'occu-
pant de rien autour {j'elle.
Elle n'avait pas aperçu Simon.
Au fur et il mesure qu'elle s'approchait,
Simon s'était levé.
Son cœur ne battait plus. Quelle 3inga^
lière vision Quelle étrange folie 1
Elle passa près de lui sans le regarder.
Mais alors, elle entendit un appel, un
murmure, un son de voix qui était un cri,
un sanglot, qui était peut-être aussi comme
le désespoir exhâlé d'un homme qui n'avait
plus confiance en lui-même et s'imaginait
en proie à une vision déconcertante. Et
son nom à elle, son nom de jeune fille,
son nom de Rolande, venait J'Otre pro-
noncé.
Elle levà la tête et regarda l'homme qui
avait laissé échapper un pareil cri.
Et, l'ayant regardé, elle recula, les mains
tendues. disant
Simon 1 Simon 1
(A suivre.) Jules Mary.
Le Petit .Parisien
Wio'ifi du 3 aofll 1S77 pour les autorités mili-
ta ifes.
Art. 5. L'emploi des moyens de transport et
des locaux prévus aux paragraphes !• 2, 3 et
4 de l'article 2 de la présente loi donnera lieu
une iiKtannitù do location réglée conformé-
menl itn t.irif, qui sera établi par un règlement
U'a-'iiniiiistratiou publique.
Ce règlement déterminera en outre les con-
ditions de l'évaluation et du. règlement des in-
demnités dues pour les fournitures prévues au
paragraphe 5 rtudit article.
Toutes les dépenses résultant de ces réquist-
tions ou de l'embauchage du personnel néces-
saire à l'utilisaton des moyens de transport se-
ront imputées sur un chapitre spécial du budget
\rt. C>. En cas de contestation sur le montant
unités, il sera statué par la juridiction
r">minun, conformément aux disposi-
:̃ i 'article 2G M la loi du 3 juillet.
Art. 7. Quiconpic auru, à l'sidi? de manœuvres
*̃̃•̃. "Hilé ou soustrait à la réqui-
n '1 matières qui y sont lëga-
;Çfndii >. va passible d'un emprisonne-
ment de trois mois à deux ans et d'une amenda
pouvant s'tilûver au duuMe de la valeur de ia.
prestation requise.
Uuk'onquc aura refusé de déférer des'
ordres do réquisition légalement donnés sera
I>a««itiile d'un emprisonnement de six jours à un
mo,is et d'uno amerrda de cinquante francs à.
mVAc francs (50 fr. à 1.000 1t.).
Art. 8. Tout fonctionnaire ou agent de l'au-
-fm-ité publique qui aura sciemment procédé à.
̃des réquisitions illégales sera passible des pei-
iv>* prévues à l'article 174 du Code pénsfl.
.Vrt. 9. L'article 463 du Code pénal et la, loi du
2i'« mars 1891 sont applicables à tous les cas
dans lesquels la présente loi édicté des
pénalitza.
Vt. 10. La présente loi est applicable aux dé-
partement* do 1a Moselle, du Haut-Rhin et du
Bas-Miin, ainsi qu'à l'Algérie.
Les travaux de la commission
supérieure des communications
Dès le 7 février dernier, le ministre des
Travaux publics, d'accord avec sou collè-
gue de la Guerre, avait institué la Commis-
sion supérieure des communications.
Depuis le début du conflit, celte commis-
sinon, qui est composée de tous les repré-
sentants des ministères intéressés, se réu-
nit quotidiennement, sous la présidence
de- M. MaJ1ieu, secrétaire général du minis-
tère des Travaux publics.
Au cours de leurs travaux, les membres
de la commission ont étudié non seulement
les movens d'assurer aux communications
toute l'extension et la rapidité possibles,
mais ils ont également arrêté lès grandes
lignes d'une répartition rationnelle, en
établissant une étroite liaison entre les
différentes services de l'aviation, dea auto-
mobiles militaires et de la T. S. F.
D'autre part, d'accord avec le représen-
tant du sous-secrétariat du Ravitaillement,
des mesures ont été prises pour accélérer
et distribuer les denrées au public.
DANS LES GARES PAÏENNES
Au P.-L.-M.
A la gare do Lyon, dans la matinée d'hier,
le service des trains a été absolument la
même que celui de la veille. Mômes départs
et zrtômes arrivées, celies-ci avec des
retards divers.
La rentrée des « mobilisés u s'est pour-
suivic en nombre restreint.- On s'attend à
de noiiïfrreuse-s rentrées pour demain.
Signalions ce petit fait: ios voyageurs,
britanniques d'un train venant de la Riviera
ront fait une. collecte à l'arrivée et remis
au mécanicien uno somme de .près de
2.000 francs à partager avec le chauffeur
et. 'les conducteurs du train.
Dans la $oiix:e, entre 6 h. et 9 h. 50. on
a pu faire partir dix trains, tant pour la
banlieue que pour Samt-Etienne. Lyon et
VmtiiniUe. C'est une légère- amélioration.
Il nVn iaudrait cependant pas déduire
qu'elle s'accentuera aujourd'hui, car il y
a lieu de tenir compte de ce fait,, qu'hier,
beaucoup de cheminots, surtout en pro-
vince, n'avaient pas encore été touchés par
l'ordre de ç-ève générale, Janeé par ia. fé-
dération.
A la gare des arrivages en grande vitesse
du P.-L.-M., on déclare qu'on est en me-
sure d'assurer le camionnage aux Halles
de toutes les denrées périssables, qui se
sont d'ailleurs raréfiées, un certain nombre
d'expéditeurs hésitant à faire des envois
en raison de la situation.
Aux gares de l'État
La gare Montparnasse avait le même
aspect que la veille. La situation y était la
même dans l'ensemble. Lis trains de gran-
des lignes sont arrivés et partis normale-
ment, mais avec quelque retard. Le service
de banlieue était réduit d'un tiers.
A la gare des Invalides, mëme service
que la veille, mais avec tendance à l'amé-
lioration. Les deux trains de grandes lignes
sont partis dans la matinée. Dans la dire¡:-
tion de Versailles, il y avait une moyenne
de deux trains par heure. Le soir, il y eut
très peu de voyageurs. Les trains de gran-
Des lignes partirent comme à l'ordinaire.
Un certain nombre de traius sont partis
(le la gare Saint-Lazare pour Cherbourg,
Dieppe, le* Havre, ainsi que pour la ban-
lieue. ̃
Le train de marne Fécamp-Dieppe
amena, dans la matinée, cinquante tonnes
do harengs. Quatre petits trains de Bre-
tagne sont également arrivés, chargé^ de
légumes, de beurre et d'œufs.
Dans la cour de la gare, des autos-cars
chargeaient des voyageurs pour Asnières
ie prix de la place était de 2 francs. D'au-
ires étaient à leur disposition pour les em-
mener jusqu'à llouen, moyennant 100 fr.
Au gares du P.-O.
La situation s'est considérablement ag-
gravée sur ce réseau, où la grève avait éts
décidée en principe avant que l'ordre en
fût donné. Aussi les ouvriers s'y confor-
mèrent-ils pour la plupart quand il leur
parvint. Toutes les classes d'activé ayant
tlé mobilisées, il y aura peut-être une
amélioration demain.
A la gare d'Orsay, les électriciens seuls
N* 91. -'Feuillet.on du Petit Parisien
L'ARRET DE MORT
ROMAN D'AVENTURES
DEUXIEME PARTIE
LESÉCUMEUES DE GUERRE
XI (suite)
Le commandant Simon Levaillauf
L'après-midi de ce dimanche était plu-
'vieux et maussade. Le travail ne cessait paa
chez Sturberg le dimanche. Toute la France
faisait, en ces jours de fièvre, un effort im-
mense dans sos ateliers, ses usines, ses fa-
Irriques et ses forges, afin de pourvoir aux
dépenses gigantesques de canons et de mu-
nitions que le front victorieux réclamait
sans cesse.
On sentait que la fin approchait, pleine
de gloire, et que c'était la délivrance, et la
malien était haletante, arc-boutée sur ses
peina et les muscles godflés pour un der-
nier assaut de la lutte monstrueuse.
Comme le jour était sombre, Isabelle
èvait relevé les rideaux sur les fenêtres
afin de Laisser pénétrer plus de lumière.
Et, ce jour-là, causé de l'humidité
froide, aucun malade n'avait eu la permis-
sion de sortir. On ne voyait, traversant la
cour et les jardins, que des directeurs au
quelque employé faisant, pour une commu-
Copyright by iaie* Mary. Tous drolts de tra-
Buctlon, reproduction, adaptation interdits.
ont fait défection à la relève du matin. Le
personnel est resté à son poste jusqu'au
soir. A partir d'une heure. cependant, les
trains no purent plus être aemarqués, mais
ce fut uniquement à cause du manque de
courant.
Dans la journée, !il arriva vingt trains, et
il en partit six. Les livraisons de marchan-
dises ont eu lieu.
A six heures du soir, la gare d'Orsay' a
envoyé à celle d'Austerlitz, d'où se font à
présent les départs, tout le personnel
disponible.
A la gare d'Austerlitz, les défections ont
également été très nombreuses dans tous
lea services, notamment après la relève de
13 heures. Le traflc n'a pourtant pas été
arrêté, le personnel restant s'étant mis a la
besogne avec les hauts fonctionnaires de la
gare, On put ainsi assuror 90 0/0 du trafic
jusqu'à midi, et 30 0/0 à partir de cette
heure. Douze trains ont été mis à la dis-
position des voyageurs. Toutes les mar-
chandises ont été livrées sept trains de
,lait et de denrées diverses ont circulé, et
'la compagnie a fait le nécessaire pour ren-
voyer aux pays producteurs ceux qui em-
portent les pots vides, afin de permettre
leur retour aujourd'hui. Un train spécial a
môme été organisé à cet effet.
A la gare de l'Est
Six trains de grandes lignes et cinq de
banlieue sont partis de Paris daqf la ma-
tinée. D'autre part, les express de pro-
vince et d'Alsace-Lorraine sont arrivés
ainsi que deux trains de banlieue. La com-
pagnie compte organiser le trafic en se
passant du concours des grévistes d'ici de-
main. Les départs s'effectuent pour Châ-
Ions, Epernay, Meaux mais le service est
très réduit
A la gare du Nord
Les départs se sont effectués avec régu-
larité. La défection d'un certain nombre
de mécaniciens a obligé la compagnie à
supprime quelques 'trains de banlieue.
Les ateliers de la Chapelie sont déserts.
Vincennes et Ceinture
Les défections pami le personnel des dé-
pôts de la Varenne et de Nogent-Vincennes
étaient légèrement supérieures à celles de
la veille. Toutefois, en raison des mèsures
prises, le nombre des trains en circulation
a pu être augmenté.
Il s'est produit un assez grand nombre
de défections sur la Ceintura toutefois
pitosieiurs trains ont pu être mis en mar-
che.
EN PROVINCE
(L'ordre de grève générale n'a pas été obéi
partout par les cheminots 'par contre, il a pro-
voqué par endroits la mise en grève de certaines
corporations désireuses de manquer leur solda-
rité'. C'est le, cas du personnel du canal du
Rhane. D'autre pa.rt, les ouvriers des construu-
tions navales des chantiers de Provance, les mé-
tallurgistes et les ouvriers des raffineries de
sucre de la >&>dHe>tran<ée pcomettent leur appui
aux
Un peu partout, par les soins des compagnies,
les mâ-rcha-Bd-ises périss'aiyies qui se trouvaient
en panne dans les gares ou sur les quais ont
été mises en vente.
La répercussion de la grève
en Angleterre
Londres, 28 fév. (dép. Petit Parisien.)
Les premières répercussions de la grève
des cheminots français se sont fait sentir
ici aujourd'hui.
La compagnie du London-Brighton-Rail-
way il. dû. en effet, suspendre, ce matin, le
service iS'-ewhaven-Dieppe, en raison de
l'internuption des communications entre eo
port et Paris.
La compagnie du South-Eastern a main-
tenu aujourd'hui encore son service sur
Calais et Boutonne, mais elle craint d'avoir
à le cesser, si la grève s'étend encore en
France.
De même, la Soutli-W estera annonce que
le paquebot de Southampton partira ce soir
pour le Havre, mais ne prend aucun enga-
gement pour demain.
En revanche, les services aériens de Lon-
dres à Paris ont été doublés. Six avions ont
quitté Houasiow et Cricklewood pour le
Bourget, avec plein chargement de voya-
geurs, de colis et de sacs de dépêches et de
journaux. Le poids toutal -des marchandises
emportées aujourd'hui par la voie des airs
a dépassé 1.300 livres.
L'essence réservée
aux services du ravitaillement
En raison de la grève, les raffineurs de
pétrole ont été invités à réserver la pres-
que totalité de leurs stocks aux services du
Deux instructions sont ouvertes
contre le « libertaire
Le première vise le délit de provocation au vol
et au pillage, à propos de la grève des che-
minots la seconde, un appel à la désobéis-
sauce des conscrits de la classe 1S20.
A la requêle du parquet de lu Seine, une
double enquête vient 'd'être ouverte contre le
Libertaire. Le dernier numéro de cette feuille
contenait, à. propos de la grève des cheminots;
un article non signé, nu le parquet relève les
rlélits de provocation au vol et au pillage, et
celui du 15 février, arî-îcle signé Louis Lareal,
provoquant à la désobéissance les conscrits de
la classe 20.
L'affaire viendra devant la juridiction correc-
tionnelle, en application de l'article de la
loi du 29 juillet sur aa liberté de la presse
et l'article de la loi du 28 juillet 1894 sur
la répression des menées anarchistes.
M. Jousseiin, juge d'instruction, est chargé
de suivre l'enquête.
Perquisition rne Saint-Sauveur
A ty suite de ces diverses inculpations, M.
Fiiralioq, commissaire de la pohce judiciaire,
s'est rendu, hier matin,. l'imprimerie la Pro-
Ktirotric» installée dans la cour du 51 de la
rue Saint-Sauveur, et dirigéa par M, Landrin.
'Le magistrat a longuement perquisitionné
dans l'atelier et les bureaux et saisi de nom-
breux tracts révolutionnaires, notamment des
exemplaires d'un « Appel aux conscrits ».
nication pressante, la navette entre le châ-
teau et la fabrique.
Quand une femme vint annoncer Isa-
belle que Simon Levaillant désirait lui par-
ler, elle fut troublée infiniment, bien qu'elle
s'y attendit.
Et en s'avançant vers lui, les mains of-
fertes, son sourire tremblait.
Sans autre préambule, le cour chaleu-
reux Simon lui disait
Je vous ai remerciée chaque jour, ma-
demoiselle, de tout le dévouement dont vous
nous donniez tant de preuves, mais je tiens
à ce que vous sachiez que je me rends très
bien compte que je vous dois, à vous en
particulier, de.vivre, et mon retour à' la
santé. Je ne vous oublierai jamais.
Elle secoua la tête.
Si, vous m'oublierez.»
Non, mademoiselle, ni vos soins si at-
tentifs ni le charme de votre beauté dont
l'approche était pour to les douloureux
qui frissonnaient dans leur lit, un soula-
gement et une espérance de vie meilleure.
-J'ai soigné tous mes blessés et tous mes
malades, sauf un seul, avec une égale ten-
dresse comme s'ils avaient été des frères
pour moi ou des membres de ma famille.
sauf un seul pour lequel ma pitié était plus
grande que pour les autres, auprès duquel
j'étais plus heureuse que partout ailleurs.
La gratitude de ceux qui taient là me tou-
chait profondément et ils avaient une si
gentille façon do l'exprimer Mais n'eus-
sent-ils rien dit que j'aurais été entière-
ment récompensée par le sourira d'un seul.
J'ai honte de vou ? laisser voir ainsi le fond
de ma pensée, mai; voici l'heure inévitable
de notre séparation. Nous ne nous reverrons
jamais, sans doute. Et je n'ai pas le cou-
rage de vous laisser partir sans que vous
Une manifestation des hôtelierS
ILS SE RENDENT EN CORTÈGE AU MINISTÈRE DE LA JUSTICE
La chambre syndicale des hôteli'ers avait
convoqué hier tous les hôteliers de Paris
à une grande réunion ayant pour but de
protester contre les poursuites pour hausse
illicite des loyers. L'assistance était très
nombreuse.
L'ordre du jour suivant fut adopté
Las hôteliers de Paras protestent contre ]AS
poursuites injustifiées dirigées contre d'honnê-
hôteliers qui n'ont augmenté le prix de lo-
cation des chambres que dans la mesure de
l'augmentation des fournitures d'hôtel et de
l'augmentation du prix de la vie. Ils réclament
la justice de la justice.
Après la réunion,.les hôteliers se sont
dirigés en cortège, par !es boulevards, vers
le ministère de la Justice, afin d'y déposer
le texte de ce vœu.
Le cortège parvint sans incident jusqu'à
la place de l'Opéra. Là. les manifestants
· furent un instant arrêtés par un barrage
d'agents. Mais le barrage s'ouvrit ensuite,
après qu'explications eurent été données à
la police sur la nature de la manifestation.
Faute d'avoir prévenu le ministère de la
Justice; par téléphone ou par quelque au-
tre moyen, pour demander audience, l'ar-
rivée du cortège provoqua place Vendôme
un malentendu. On crut. qu'il' s'agissait des
cheminots. Les portes du ministère de la
Justice avaient été fermées en hâte. Un
huissier, par la porte entre-bâillée, parle-
monta avec la délégation. Finalement celle-
ci, ayant à sa tête M. Rougier, président de
la chambre syndicale, fut admise auprès
du ministre/
Après avoir soumis à NI. Lhopiteau l'or-
dre du jour voté à la réunion, -NI. Rougier,
au nom de ses collègues, fit de nouveau
l'exposé de la question et des doléances de
l'industrie hôtelière. Le ministre donna aux
délégués l'assurance que les faits et les
mesures faisant l'objet de leur démarche
seraient examinés a nouveau, avec le souci
de concilier tous les intérêts légitimes, et
que la suggestion particulière émise sur
l'utilité de consulter la chambre syndicale,
avant toutes sanctions surt les faits du
mème ordre à venir, serait très sérieuse-
ment envisagée.
Pendant ce temps, les agents, amenés sur
les lieux en assez grand nombre, sur la
fausse information. sans doute, qu'il s'agis-
sait d'une manifestation des cheminots,
priaient les hôteliers, manifestants bien
paisibles, de dégager 'la place Vendôme, ce
qui fut fait dans le plus grand calme.
LES REPRÉSENTANTS* DES
REÇUS PAR M. iSMC
Les présidents de l'Alliance syndicale du
commerce et de l'industrie, de l'Association
générale des tissus et matières textiles, du
la .Fédération des commerçants-détaillants
et'd'autres groupements corporatifs, repré-
sentant au total plus de deux cents c-hain-
bres syndicales de commerçants se sont
rendus, hier, au ministère du Commerce,
où ils ont été reçois par M. Isaac.
Les représentantes de ces associations ont
attiré l'attention du ministre sur de récen-
tes décisions de justice, concernant l'appli-
cation des lois sur la .spéculation illieit<\
prises l'égard de commerçants établis et
contraires au texte et à l'esprit de ce.s loi*.
Les associations souhaiteraient que le
bénéfice commercial ne fût pas apprécié
sur une opération isolée et qu'avant toute
décision de justice, les chambres syndicales
intéressées pussent porter à la connaissanr-o
des. juges les usages commerciaux de la
corporation.
enfin, les représentantes des associations
ont demandé in-stammcnt au ministre que
les commençantes honnêtes, qui ne font qu-i
suivre les usages traditionnels de leur cor-
poration* ne soient pas journellement expo-
sés à des perquisitions, à des poursnites et
k>dps cM'dafena'tions, qui pussent les ,fa,ira
confondre par le publie avec les merc-air-
tis, dont ils sont les premiers à réptouvei*
les actes n.
ÂTl'hqteljde VILLE
Les nouvelles taxes. M. Lslou, rapporteur géaé-
ral du budget, a déposé son rapport sur les res-
sources à créer en vue d',équilibrer le budget de la
tlllie de Paris. M. Lalou approuve l'ensemble des
froiurca proposées p*r le préfet, en vne de la res-
ta".r3f!on par étapes des nnamrfR de la Vt'V.
Lo dégagement des Halles. Daais une note qu'il
il /•o-umiunUjitée au conseil municipal, M. Jeaa Morin
s'élève contre l'enconibrifiient de-, -Halles et ré-
clame la prompte applicatIon d'un ensemble do
mesure;! propres à remédier à la situation. Il de-
mande notaatme.nt de reporter le niarcliô aux (leurs
place c!e la Cité, la. suppression dn commerce de
détail et de» commerces accessoires d'aimanta-
tion aux terrasses des débits de boisson ou au-
deyant de certaln; magasins dans les rues étroite
avolslnant le grand marché parlsieu.
L'assistance aux Jemmes rn couches et uuz famil-
les nombreuses. Le conseil général va être appelé
Il se prononcer sur divers vœux déposés par M. A.
Mcuniè, il qui se sont joints nonibw de ses collè-
gues, d?,iii!r.rta-iu notamment accordée aux maximum
coûtées et la prime d'ellattenvnit soient doublés,
c'est^i-dire portés respectivement à 3 fr. et à 30 Lr.
que le taux maximum légal de 90 tr. pour les fa-
milles nombreuses soit porté Il 180 fr. par an et,
ennn, que l'allocation mensuelle accordée aux vieil-
lards, infirmes et Incurables soit augmentée.
La politique économique de la Ville. üi. F. La-
tour présentera, lors de la discussion sur, la poli-
t!que de la Ville, un projet de résolu-
tion auquel se sont associés nombre de ses cane-,
Dajspl, Hasseler, René Piquet, Kaîîjrnon et de Foule»
nay, tendant à ce que le nombre des baraques ne
soit pas augmenté et que leur vente reste limitée
aux besoins tliicentsires et ménagers que les
adiaîs en gros par la Ville soient continués, mais
nue le commerce libre et les coopêratiws partl'ci-
pent pour moitié à Ia vente, à des prix déterminés,
de ces mareharKiiïei.
La grève des imprimeries de labeur
Le syndicat p-atron-al des imprimer typograp'hes
nous commimlque une note qu'il adresse aux ou-
vriers de l'imprimerie.
Aprfrs avoir expliqué que la lui du 23 avril et
le règlement d'administration publique y sn-nexé
prévoient 216 heures environ de travatl sirpptenen-
taire que peut demander Knnuellemcnt le patron,
le. syndicat se dérlere prêt Il accepter l'arbitrage-
du ministre du Travail, afin qu'aucun maleutenuu
ne subsiste sur celle question.
aylz du moins deviné. quelle sorte. de
sentiments vous laissez ici.
Mademoiselle.
Il lui prit la main et la garda dans la
sienne.
Elle baissait les yeux. On eût dit qu'elle
était devant un juge.
J'ai peur de vous causer de la tristesse
et pourtant je ne puis pas vous laisser igno-
rer ce qui se passe en moi. Je vous jure,
mademoiselle, que .si mon cœur avait été
libre, et s'il n'était pas tout plein d'un grand
deuil, j'aurais été touché de votre atten-
tion. Si vous m'avez vu toujours silencieux,
renfermé, fuyant même les entretiens dans
lesquels vous tentiez de me distraire, ce
n'est pas seulement parce que je ne pouvais
chasser de moi un souvenir auquel se ratta-
che toute mon enfance, toute ma jeunesse,
c'est aussi parce que j'entrevoyais l'heure
détestée où je devrais m'expliqua avec
vous. Ma vie a été remplie par un grand
amour. dont je porte le deuil.. car je Le sais
depuis des années, ce jue ma fiancée est
devenue. et j'ai peur. j'ai peur qu'à force
de misères de privations et de mauvais trai-
tements elle ne soit rr.orte'en pays occupé.
Vous le voyez, mademoiselle, je suis
frappé trop cruellement pour qu'il me soit
possible de m'abandonner à la joie de vous
aimera.
Les yeux, d'abord baissés, s'étaient fer-
més complètement. Elle soulfrait, son cour
battait à grands coups précipités. Et elle
était pâle. pâle. Dans la main de l'offi-
cier ses doigts, qu'elle n'avait pas retirés,
se glaçaient.
Elle murmura, très bas
Quel beau rêve
Et c'est aloro seulement qu'elle retira
sa main.
Petit Parisien M Par Charles-Henry HIRSCH
M. Connétable avait eu l'infortune de
perdre sa femme sans savoir si elle était
morte. Un soir, il ne l'avait pas trouvée au
logis à son retour du bureau. Elle avait em-
porté la maHe conjugale, ses hardes, l'argen-
terie et les mouchoirs du ménage, la montre
du grand-père Connétable, don de Napo-
léon III à son « fidèle piqueur », la collec-
tion de timbres-poste du ponctuel employé
et l'habit' noir qu'il s'était commandé pour
ses noces, quelque cinq ans plus tôt. Il avait
eu, avec un peu de peine, beaucoup de honte,
à cause de l'opinion des locataires, de ses
collègues en écritures et de son concierge.
''Celui-ci, d'ailleurs, l'avait réconforté, lui
montrant un fin bon sens, dès le lende-
main
Vous n'êtes pas le premier. à qui ça
arrive. Vous ne serez pas le dernier. Alors ?
Faut laisser tomber la pluie, puisqu'on ne
peut l'empêcher 1
Le temps avait passé. M. Connétable était
devenu chef de bureau. Il avait -reconstitué
une collection de timbres-poste digne de
l'autre. Le ruban violet décorait d'une note
de mélancolie discrète sa redingote quasi
sacerdotale. Une petite bonne à tout faire,
pas longtemps la même, mais toujours
blonde avec des joues pommées et d'ai-
mables complaisances, mettait de la gaieté,
de l'ordre,. un passager désordre parfois,
dans l'intérieur du fonctionnaire. Cela lui
tenait lieu d'amour et il aimait la vie en
honnête homme certain que nulle femme
ne le troublera désormais.
Un samedi, consultant son agenda, il n'y
lut aucun engagement pour la semaine pro-
chaine, sauf cette indication secrète: r. b,,
que lui seal pouvait traduire eu clair à
vue d'ceil revuoyer la bonaae.
Il venait de bien diner et il attendait mieux
encore de Célesta. Elle- le servait donc depuis
cent jours ? C'était l'extrême délai que sa
prévoyance accordait à la meilleure servante
afin de lui garder un bon souvenir et d'assu-
rer sa-prdpre tranquillité.
Célesta l'avait compris à demi-mot chez la
placeuse. Elle avait devancé son désir, en
s'informant, d'un air trop candide pour
n'être pas une feinte:
Puis-je demander à monsieur s'il four-
nit le savon fin?
Elle avait tenu largement les promesses
de cette élégante indication. M. Connétable
referma son agenda et il ouvrit son exem-
plaire en'veau des Liaisons dangereuses dont
il aimait au moins une fois l'an la compagnie,
Il relisait de même Crébillon le fils, Parny,
et quelques autres -conteurs légers, dans les
éditions anciennes. C'était son luxe, outre
des cartons de gravures et d'eaux-fortes à
la louange de la femme. Il lui plaisait infini-
ment de le taire et de cacher son cœur sous
le noir mat de la redingote. Nul ne lui savait
ces goûts ni que, près de la trentaine, il
avait confié à l'album d'une jeune file que
son héros romanesque préféré était Valmont
et qu'il eût aimé d'être la Pompadour. Cette
inscription avait causé quelque scandale. li
lui dut les avances de celle qui lui fut unie
par les liens du mariage et s'y trouva si mal
qu'elle les coupa sans l'avertir. La pensée de
cette mésaventure lui était intolérable il
tfa*aif jamais.-çu.ï€stpliquer pourquoi la fu-
gitive lui avait emporté 'son frac. Les
couverts, le 4ijou de famille, la collection de
timbres, il en voyait l'emploi. L'habit à
qu*ue-de-pie ? Cela le tracassait encore, jus-
qu'à l'irritation, comme ce soir, quand il
éprouvait une contrariété domestique.
Il délaissa le livre où Mme de Merteuil
corrompt si méchamment Cécile de Volanges
et la vertueuse présidente de Tourvel, pour
songer à ce qu'il perdrait en congédiant Cé-
lest! Elle allait bientôt lui servir sa tasse
de café. Il verrait alors s'il changerait de
servante.
Lce cent jours de Célesta étaient donc ré-
volus, à quelques nuits près! Jamais favorite
et ménagère n'avait, autant que cette blonde
bonne fille, permis à M. Connétable de mesu-
rer la courte durée du second empire de
Napoléon I". Il ne songeait pas que le même
temps avait pu paraitre interminable à
Louis XVIII dans son nouvel exil. Il sonna,
sans savoir s'il désirait son café ou la pré-
sence de Célesta. Il eut les deux à la fois
mais la seconde le bouleversa d'un étonne-
ment sinistre.
Vous me servez, en chapeau, avec des
gants, un samedi, Célesta
La savante gradation qu'il réalisa Il ne
l'avait point cherchée.
Oui, monsieur, soupira la bonne à tout
faire.
Elle déposa le plateau devant son maitre.
Il nc sentit pas son café dont il était friand.
Elle fleurait à plein nez l'héliotrope.
Enfin, me donnerez-vous la significa-
tion de votre tenue?
M. Connétable visait à la dignité. Il la
dépassait, solennel, presque royal.
Je parlerai à monsieur quand je lui
aurai versé sa tasse et mis son sucre.
Et Célesta remplit ce double office, tandis
Je vous demande pardon. monsieur.
de 'vous avoir iaissé deviner. de n'avoir
pas su me taire. Une jeune fille française.
aurait eu plus de réserve, je le comprends.
mais cette séparation brusque la fièvre
des événements qui se passent. de ceux
qui sont attendus. et surtout la certitude
que demain vous serez loin de nous et que
ce sera fini. tout cela fait que.
Elle se tut.
On devinait que si.elle avait continué de
parler les larmes auraient coupe sa voix.
Simon, grave, la plaignait. si franche dans
son aveu, et surtout si prête à la souf-
france.
Ils s'étaient rapprochés de la fenêtre tout
en causant.
Un bruit de pas, en bas du château, sur
'les allées, attira l'attention du jeune hom-
me. une attention de curiosité machinale
et de pensée absente.
Une jeune flile, d'un pas alerte, un por-
tefeuille en cuir sous le bras, suivait les
contours des massifs sur lesquels s'abattait
do temps en temps, comme à regret, quel-
que feuille morte que l'automne détachait
des arbres.
Elle était enveloppée, à cause de l'humi-
dité du brouillard qui tombait en gouttes
de pluie chaque fois qu'un peu de vent
secouait les branches, d'un grand manteau
de caoutchouc dont le capuchon était rele-
vé sur sa tête nue.
Comme elle tournait le dos, Simon ne
pouvait voir ses traits.
Et, du reste, il n'arrêta pas sur elle son
regard et le détournait déjà lorsqu'un da-
tail, un geste, une attitude rapidement
surprise, éveilla soudain sa mémoire, et
lui fit reporter les yeux sur la silhouette
qui s'éloignait.
que le chef de bureau la humait en diversion
à de funestes pressentiments.
Je ne sais plus si c'est deux ou trois
morceaux que monsieur met ?
Quatre, Célesta
Elle lâcha la pince à sucre, parce que le
gant lui ôtait de l'adresse. M. Connétable
était singulièrement ému. Il tourna la cuiller
dans la tasse, d'une main molle, désabusée,
qui exprimait la vanité de vouloir contre
les décrets d'en-haut.
Et maintenant, m'expliquerez-vous?
dit-id.
Il regretta son impatience, à voir le désar-
roi de sa servante. Elle se taisait encore. Ce-
pendant, sa ferme poitrine était houleuse.
Célesta, si vous vouliez sortir, pourquoi
ne pas me l'avoir demandé ?
Il insista, tendre comme on ne l'est guère
avant la cinquantaine
Suis-je donc un si mauvais maître ?
Oh non, monsieur!
Alors?
Je ne demande pas à sortir. Je, quitte
monsieur.
Quoi ?
Je quitte monsieur.
Elle le vit se croiser les bras, gonfler ses
Joues à favoris poivre et sel, implorer des
yeux une assistance providentielle.
Je quitte monsieur par peur de m'atta-
cher à lui.
Le bonheur baigna M. Connétable. Il
écarta son fauteuil du bureau, pour sortir
d'entre les piliers à tiroirs ses jambes où il
éprouvait un fourmillement.
Peur ? Vous ?. Tu n'es donc pas
brave, Tata?
Le tutoiement paternel, le diminutif
allègre amollirent la résolution de Célesta.
Elle obéit à une instante pression de la main
patronale. Sans plus craindre le sort qu'elle
venait de prévoir, elle se trouva assise sur
un genou de M. Connétable.
Si l'homme avait été moins sensible à
l'héliotrope qui parfumait Célesta et à la
fermeté de son être, il aurait surpris la rase
dans les yeux et à la bouche qu'elle avait la
mine de lui cacher par 'pudeur. Il parla da
passé comme d'un bocage du paradis. Ses
doigts se divertissaient à flatter le présent.
Et il promit à la fausse peureuse un avenir
de délices.
N'es-tu donc pas heureuse ici? La
place n'est-elle pas bonne ?
Si, monsieur. C'est justement pour-
quoi.
Alors, parce que tu es heureuse, tu
veux me quitter ?. Et moi .?. Y as-tu pensé,
jolie vilaine égoïste ?
Que monsieur ne me gronde pas j'ai
trop de peine.
M. Connétable la dérangea un peu pour
faire sonner son chronomètre. Le carillon
gai annonça huit heures et quart.
D'abord, ne m'appelle plus monsieur 1
Il n'est pas encore la demie, pourtant.
Ça ne fa;t rien 1 Il n'y a plus de demie
qui tienne Appelle-moi Martial et dis-moi
Le lyrisme emporta M. Connétable. Il cul-
buta.ses habitudes. Il nia que prévoir fitt une
condition du bonheur. Il mêlait les familia-
rtés.à.la philosophie, dans .un mélange sa-
voureux. Il évoqua les guêtres en velours
de Louis XVIII à Gand et les bottes du
Tondu à Waterloo. Célesta n'était dupe de
cette science ni de cette verbeuse ardeur.
Elle laissait mûrir une idée en elle, aux
feux de la chaude improvisation. Quand
celle-ci lui parut à son ternie, elle dit, debout,
loin de toute atteinte à 'a. personne morale
qu'elle allait révéler
Martial, je sais que tu ne gardes jamais
tes bonnes plus de trois mois. Si tu faisais
une exception pour moi. Oh! ne nie pas je
sais. Ouvre ton agenda, Martial. Ouvre-
le Tu as écrit, à la date de mardi pro-
chain r. 1. b. Dois-je continuer ?.
M. Connétable n'en croyait ses oreilles.
Puisque j'ai fait mes cent jours, je
pars. Je t'aime encore, moi !'s'écria-t-elle.
Les larmes lui jaillirent. Les bras de
M. Connétable la rappelaient. elle se réfugia
contre lui, murmurant
Si tu me gardes, Martial, prends une
bonne. Moi, je ne peux plus voler sur ton
beurre, tes oeufs, ta boucherie. nour avoir
des robes et des dessous dignes de toi Car
je te volais. pour te plaire
Elle .chait son visage plein de honte, au
risque de chiffonner son chapeau. M. Con-
nétable jouissait de ces pleurs répandus pour
lui et qui étaient nouveaux à ses sens disci-
plinés.
Célesta. tu iras chercher une bonne
lundi. et je te garde 1
Tu vas voir, comme tu vas être heu-
reux promit-elle.
C'était l'heure et le jour que son maître,
ponctuellement, allait au cinéma. Pour inau-
gurer l'élévation de Célesta. il la convia à
l'accompagner, d'une toute petite phrase qui
n'avait l'air de rien et instaurait un règne.
Charles-Henry HIRSCH.
Cette silhouette, cette façon de tourner
la tête, ce geste qu'elle -enait de faire
pour ramener contre eue les pans flottants
du manteau, et la couleur des cheveux, un
instant entrevue, dans l'éclair de ce geste,
tout cela, brusquement, venai-t d'évoquer
une image lointaine ei chérie. celle de
Roland i
Et sans réfléchir à ce que sa question
avait d'étrange
Quelle est cette jeune fille ?
Une des secrétaires de mon père.
depuis très peu de temps chez nous.
Isabelle avait repris son calme. El!a
murmura avec un sourire triste
Je vous ai demandé pardon.
Et moi, mademoiselle, je voudrais vous
supplier de ne pas me retenir. Votre ami-
tié.
Je n'ai pas de jalousie, je n'ai pas de
rar.cune, mon cceur ne peut haïr. Vous
vivrez toujours ici fit-elle en appuyant
la main sur sa poitrine tel que vous y
avez vécu depuis le jour où je vous ai vu
pour la première fois.
C'est ainsi qu'ils se séparèrent.
Mais c'est à peine si l'officier entendit les
dernières paroles de la jeune fille.
Et une sorte d'inquiétude vague montait
en lui.
En bas, il hésita.
Irait-il vers cette silhouette entrevue et
qui disparaissait dans le lointain des
arbre»? Ou bien, en haussant les épaules,
allait-il s'éloigner ?
Et pendant qu'il se faisait ces réflexions,
il marchait. vers le fantôme dont certains
gestes avaient bouleversé son cœur.
Il ne put le rejoindre. Il le vit qui entrait
à la fabrique.
CHRONIOLÎËJUDÏCIAÏRE
LA BANDE OU TATOUE
au' cours rte l'année quc se ehjflr >̃»
do;n, mer devant la cour .>
ïatoj*. déjà rtix-neiif fols condamne.
Le Tatoue avait pour lieutenant Louis Hoerter,
dit lc Satyre Jules d'Hély, dit Doubou-le, et, poui
adjoiiire. -a nialtrnssc, Eugénie Bekeoian
Quand oi. vint l'arrêter. à la siiitp ti'ûu c:eurtr«
que. dan' la nuit du i" janvier Il Il avait com-
mis, avenue de la République, il iv,ut à coups de
revolver les agents, qui, en ripostant, le blessèrent»
Le principal- moyen de défense du Tatoué a été
^précisément son tatouage. Il parait, on effet que
ce tatouage s'étend sur tout son corps, il* la t#t»
aux pieds, et les médecins en ont coirelii qu'une
man'e poussée ce degré décelait une mentalité
anormale.
Après plaidoiries de Lionel Nastorg, Romand
du Carllaii'l. Fabien Albettln, ct Thaon. la Cour a
condamné Lucien Brlolat, dit le Tatoué, et Hoerter
aux travaux forcés à perpétuité Hély, à 8 ans de
travaux forcés et dix ans d'interdiotlnn de séjour 1
Eugénie Bekemzn, à 2 ans d;> prison
Les sept péchés capitaux
Le gourmand supprime un plat à cha-
que repas.
Le paresseux travaille une heure de-plug
chaque jour.
L'orgueiKeux renonce à une dépense
aompbuaire qu'il eût faiin pour éblouir
son voisin.
L'envieux songe aux veuves de la guer-*
re :il ne.- peut s'empêcher d'avouer qu'eu
comparaison il est dieureux il se trouva
riche.
Au lieu de se mettre en colère et de tout.
briser, celui-ci reste doux, ne casse rien et
évite de stupides dépenses.
Au lieu de satisfaire un vice qu'il n^
convient pag de nommer, cet autre deWl
vient'chaste et, par ces temps de vie chè-
re, fait de grosses économie.
Tous se corrigent de leur défaut ̃pourvu
pouvoir souscrire à l'Emprunt.
Mais il en est un, au contraire, qui sous..
crit l'Emprunt pour satisfaire son vice,
c'est l'Avaue. Il achète 100 francs un titra
qui lui sera remboursé à 150 franco et qui
lui rapportera par an 5 francs qu'il repla-
cera aussitôt il a fait le calcul dans
60 ans, prime de remboursement et iutb-
rets accumulé^! atteindront francs.
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VERITABLES M
vendues seulement
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portant le nom
1!
Mars eue reviendra et suivra ie memai
chemin.
Alors, il prit place sur un banc de pierrà
et attendit patiemment.
Quelques minutes seulement s'écoulèrent
et là-bas, sortant de. la cour où passaient et,
repassaient des ouvriers, reprenant le che-
min qui menait au château, une jeune fllle
se montrait.
Indécise encore, à cause de 1 éloigne-*
ment, mais plus visible, plus précise à cha-
que pas qu'elle faisait en se rapprochant
du banc de pierre.
Elle se hâtait et comme le brouillard tom^
bait toujours en fines arouttelettes, à tous
les passages du vent, elle avait gardé son
capuchon.
Elle s'en venait tète baissée, ne s'occu-
pant de rien autour {j'elle.
Elle n'avait pas aperçu Simon.
Au fur et il mesure qu'elle s'approchait,
Simon s'était levé.
Son cœur ne battait plus. Quelle 3inga^
lière vision Quelle étrange folie 1
Elle passa près de lui sans le regarder.
Mais alors, elle entendit un appel, un
murmure, un son de voix qui était un cri,
un sanglot, qui était peut-être aussi comme
le désespoir exhâlé d'un homme qui n'avait
plus confiance en lui-même et s'imaginait
en proie à une vision déconcertante. Et
son nom à elle, son nom de jeune fille,
son nom de Rolande, venait J'Otre pro-
noncé.
Elle levà la tête et regarda l'homme qui
avait laissé échapper un pareil cri.
Et, l'ayant regardé, elle recula, les mains
tendues. disant
Simon 1 Simon 1
(A suivre.) Jules Mary.
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